Europe vs Austérité

Re: Europe vs Austérité

Messagede ivo » 21 Fév 2013, 11:57

Louis Maurin : « La crise épargne la plus grande partie des Français »
http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/02/ ... ais-239777
« C’est tout de même fatigant d’entendre et de lire à longueur de journée ce discours sur “la crise” qui en réalité épargne la plus grande partie des Français », peste le sociologue Louis Maurin.

Se présenter comme une victime de la crise, c’est refuser de participer à la solidarité, en vient à penser le directeur de l’Observatoire des inégalités. Sinon, comment expliquer le décalage entre un discours alarmiste généralisé et des données beaucoup plus mitigées ?

Louis Maurin s’est plongé dans les données statistiques européennes de l’organisme Eurostat, qui n’ont pas encore été publiées en France, pour faire parler les Français et leur porte-monnaie. Son constat : si certaines populations qui n’étaient pas touchées par les crises habituelles – comme les cadres – le sont aujourd’hui, cela reste très marginal. En première ligne demeurent les plus pauvres, massivement, martèle le consultant au Centre d’observation et de mesure des politiques sociales (Compas).

Rue89 : La pauvreté gagne-t-elle du terrain en France ?

Louis Maurin : Oui, le nombre de personnes pauvres a très nettement progressé. Il a augmenté de 400 000 au seuil de pauvreté le plus strict à près d’un million si l’on considère la définition la plus large. En proportion, c’est la grande pauvreté qui a le plus augmenté entre 2008 et 2011.

Qui est frappé principalement ?

La crise frappe bien davantage les ménages les plus pauvres que les autres. Entre 2008 et 2011, les plus pauvres ont vu leur revenu stagner. Concrètement, leur revenu a perdu 24 euros et 0,3%.

Cela signifie que le pouvoir d’achat des plus défavorisés a subi une baisse de l’ordre de 6%, compte tenu de la hausse des prix au cours de la période.

Qui fait partie de cette population la plus pauvre ?

Ce sont essentiellement des personnes peu qualifiées qui se retrouvent sans emploi ou qui n’arrivent pas à y accéder et qui voient leurs indemnités – quand elles en touchent – diminuer.


Depuis 2008, le chômage a quand même augmenté de 50%, toutes catégories confondues, et les trois quarts de ces nouveaux chômeurs viennent de milieux populaires.

Les jeunes non qualifiés sont particulièrement touchés. Les trois quarts des nouveaux demandeurs d’emploi de moins de 30 ans ont un niveau d’études inférieur au bac. Et ils cumulent avec les difficultés à se payer un logement.

Mais ils ne sont pas les seuls : les étudiants ont du mal aussi financièrement par exemple ?

Les jeunes sans diplôme sont plus en difficulté que les étudiants qui ont du mal à payer leur loyer mais qui, munis d’un diplôme, seront mieux placés pour trouver un emploi. C’est une question de hiérarchie des priorités.

Et les classes moyennes ?

Pour tous ceux qui ne font pas partie des personnes les plus pauvres, la crise, en terme de revenus, demeure surtout virtuelle.
Entre 2008 et 2011, les classes moyennes ont vu leur niveau de vie stagner si l’on tient compte de l’augmentation des prix, mais ils ont tout de même empoché 1 000 euros annuels supplémentaires.

Tout en haut de la hiérarchie, le revenu annuel des 1% les plus aisés a progressé de 7 900 euros, soit +9,7%. Son pouvoir d’achat a donc continué à augmenter – de 3% [compte tenu de l’inflation sur les trois années, ndlr], en dépit du ralentissement économique. Ces 7 900 euros supplémentaires représentent presque la totalité du revenu annuel des 5% les plus pauvres.

Toute la population n’est donc pas concernée par la crise économique actuelle. La majorité voit ses revenus continuer à augmenter, un peu moins vite qu’auparavant, c’est tout.

N’importe qui ne peut pas se retrouver SDF, ou au chômage ?

Si, mais c’est beaucoup plus probable pour certains que pour d’autres.


Nous assistons à la précarisation des plus précaires ?

Tout à fait.
Maintenant, il faut creuser un peu plus. Et, là, on s’aperçoit, à la marge, que certaines populations qui étaient jusque-là épargnées par les crises traditionnelles sont un peu plus touchées aujourd’hui.

Nous constatons depuis 2008 par exemple une très forte progression du chômage des hommes, qui atteint aujourd’hui le niveau de celui des femmes. Des territoires qui étaient habituellement épargnés sont aujourd’hui concernés. Enfin, la crise touche aussi les cadres.

Ce constat ne contredit-il pas ce que vous disiez plus haut : que tout le monde n’est pas concerné par la crise ?

Non, ce sont des progressions relatives qui ne sont pas négligeables mais qui concernent des populations peu touchées dans leur ensemble, donc cela reste marginal.

Par exemple, le taux de chômage des cadres est passé de 3% en 2008 à 3,8% en 2011. Soit une augmentation de 26% ! Ça paraît beaucoup, mais on part de très bas. Et 3,8%, c’est quasiment du plein emploi. Tandis que le chômage touche 18,8% des ouvriers non qualifiés... Néanmoins, au niveau des cadres, on a quand même une évolution.

De la même manière, nous constatons une augmentation relative des jeunes diplômés d’un bac +1 ou 2 parmi les demandeurs d’emploi de moins de 30 ans. Mais, au total, ils restent beaucoup moins nombreux que les jeunes sans le bac et sans emploi.

Dire « on peut tous se retrouver au chômage », c’est vrai à la marge, mais c’est peu probable pour beaucoup. Il y a en France une façon de s’approprier la crise, de dire « nous aussi, nous sommes touchés », qui ne correspond pas aux données. Mais chacun s’accapare la crise.

Pourquoi les Français voudraient-ils s’approprier la crise ?

Dire qu’on est tous victimes, potentiellement au moins, c’est chercher à se mettre à l’abri d’un effort national. En France, les riches, ce sont toujours ceux qui touchent plus que nous... C’est une nouvelle forme de démagogie, répandue à gauche.

Elle est bien sûr préférable à la démagogie précédente : sous Nicolas Sarkozy, on ciblait les pauvres, les « assistés ». Bien sûr qu’il faut prélever davantage sur les super-riches. Mais on ne règle en rien les problèmes : ni celui des finances publiques, ne de celui de la redistribution de la richesse, alors qu’il y a un effort global à effectuer. A chacun selon ses moyens.

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Re: Europe vs Austérité

Messagede ivo » 21 Fév 2013, 12:31

Dominique Baudis : «La crise exacerbe les conflits»
http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... nflits.php
INTERVIEW - Avec 90.000 saisines par an, le Défenseur des droits, Dominique Baudis, est le témoin direct de la détresse des citoyens qui se heurtent aux dysfonctionnements des administrations et des pouvoirs publics.

Après l'immolation de chômeurs devant un Pôle emploi et les actes désespérés de pères divorcés en grève de la faim ou retranchés au sommet de ponts et de grues pour faire entendre leurs droits parentaux, il analyse la multiplication de ces actes violents et spectaculaires qui prennent la société à témoin.

LE FIGARO - Quelle analyse faites-vous de ces recours extrêmes pour faire valoir des droits fondamentaux?

Dominique BAUDIS - La crise économique y est pour beaucoup. Elle tend les situations, crispe les relations, exacerbe les conflits et pousse ceux qui sont dans la précarité à des actes de révolte, de détresse. Mais le défaut de ressources n'est pas la seule cause. Il faut bien l'avouer, la vulnérabilité des citoyens rencontre aussi la brutalité de la société, la dureté des systèmes. L'application aveugle des règlements, le manque de dialogue, l'opacité et la complexité des administrations ou des organismes privés conduisent souvent à un sentiment, à tort ou à raison, d'indifférence, d'injustice.

Quelles sont les causes de cette «brutalité»?

La déshumanisation, notamment instaurée par l'informatisation. Il n'y a plus de contact, plus de guichet, parfois les services ne sont même pas accessibles par téléphone. Ce n'est pas en tapant dièse sur un serveur vocal que l'on peut expliquer ou démêler un problème. Sur de petits malentendus, avec un défaut de dialogue le plus souvent, on peut arriver à un enchaînement de circonstances et une ascension de tensions aux conséquences dramatiques.


Un exemple récent?

Je pense à ce qui est arrivé dernièrement à cette petite fille expulsée de la cantine de son école devant ses camarades pour défaut de paiement. Quand on regarde le dossier, la cause n'est pas un problème d'argent ou de précarité mais un conflit conjugal entre ses parents. Mais la conséquence aujourd'hui c'est que cette petite fille a été placée dans un foyer. Idem pour cette nonagénaire expulsée de sa maison de retraite parce que ses enfants n'avaient pas payé. Ils étaient parfaitement solvables, ce n'était pas le problème.

Après plusieurs suicides récents, d'une grande violence, les problèmes avec le Pôle emploi semblent se durcir et se multiplier…

Nous travaillons sur de nombreux dossiers. Quoique souvent épineux et très conflictuels, ils peuvent se résoudre. En 2012, nous avons été saisis par des centaines de salariés d'une association à La Réunion qui, licenciés depuis près de deux ans, ne parvenaient pas à toucher leurs indemnités chômage. Il y avait des grèves de la faim, c'était très tendu… Nous avons résolu ce problème, ils ont pu toucher leurs droits.

La situation, avec ces actes emblématiques de désarroi, vous inquiète-t-elle?

On ne peut pas nier qu'il y a une crise de confiance, une certaine rupture du lien social, une tendance au repli sur soi, à la défiance généralisée. Pour autant il ne faut pas céder aux thèses catastrophistes. De tout temps et partout, il y a eu des injustices et des dysfonctionnements. Le reconnaître, en mettant en place l'institution du Défenseur des droits, est un progrès: si son existence est forcément le révélateur de difficultés, elle est aussi le signe d'un État sain et moderne qui se donne les moyens de lutter contre elles.

Les citoyens sont-ils de plus en plus nombreux à vous saisir?

Le nombre de nos dossiers reste plutôt stable, entre 80.000 et 90.000 par an. Tous sont traités mais cela ne signifie pas que toutes les demandes sont satisfaites. Certains estiment parfois qu'ils sont victimes d'un dysfonctionnement ou d'une erreur et ce n'est pas le cas. En tout état de cause notre mission est d'être une voie d'accès aux droits pour ceux qui ne parviennent pas à les faire entendre, et de réhumaniser les relations entre le citoyen et les pouvoirs publics. À la fois en traitant les réclamations de ceux qui nous saisissent et en faisant des propositions de réforme au Parlement ou au gouvernement, après avoir observé nous-mêmes des dysfonctionnements ou des pratiques discriminatoires.

Une proposition de réforme sur laquelle vous travaillez?

Un phénomène se multiplie: les procès-verbaux indus en raison des fausses plaques d'immatriculation. Nous sommes saisis de milliers de dossiers d'automobilistes qui reçoivent des PV d'infractions qu'ils n'ont pas commises. Et pour cause, des gens ont acheté des fausses plaques qui correspondent à la leur, véritable, pour rouler librement et éviter les PV. Aujourd'hui, on peut acheter des plaques sans justifier d'aucune carte grise, sur Internet ou même dans les enseignes de la grande distribution. Nous réfléchissons à changer cela. Comme nous l'avions fait avec ces amendes reçues par les propriétaires de voitures qu'ils avaient pourtant vendues. Nous avions 4000 à 5000 dossiers par an à ce sujet. Nous avons proposé une réforme qui a été adoptée par le Parlement début 2012.
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Re: Europe vs Austérité

Messagede altersocial » 21 Fév 2013, 20:09

30 à 40000 manifestants contre l’austérité en Belgique

:arrow: VIDEO

Les syndicats espéraient voir au moins 15000 personnes, ce jeudi, dans la rue, en Belgique, ils sont finalement plus du double à défiler à Bruxelles. 30 à 40 000 manifestants venus dénoncer la politique d’austérité.

Les ouvriers d’Arcelor Mittal – qui craignent pour la pérennité de leur site de Liège – ont alimenté le cortège, tout comme ceux de Ford.

“Si nous sommes là, aujourd’hui, c’est pour dire au gouvernement que assez, c’est assez.!”, expliquait un manifestant.

“Les gens qui sont ici aujourd’hui veulent travailler honnêtement mais ils veulent être payés à leur juste valeur pour le travail qu’ils fournissent”, estimait une autre personne.

Les manifestants redoutent également le gel des salaires. Ils plaident pour le maintien de leur indexation sur les prix à la consommation.

La Belgique et le Luxembourg sont les deux seuls pays au monde où cette indexation automatique est toujours en vigueur.
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Re: Europe vs Austérité

Messagede ivo » 22 Fév 2013, 12:22

Plus de 40 plans de rigueur en zone euro depuis 2010
infographie >>>
http://www.lemonde.fr/economie/visuel/2 ... _3234.html
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Re: Europe vs Austérité

Messagede ivo » 24 Fév 2013, 09:29

COUPABLES (PAS TOUS ?)
http://www.bakchich.info/france/2013/02 ... tous-62218
La croissance est par terre, c’est la faute à Voltaire. Peugeot est dans le seau, c’est la faute aux prolos ? Ras-le-bol de la dette, c’est la faute à Odette !


Résumons-nous : on ne peut pas dire que tout va plus mal, mais rien ne va mieux. Autrement dit, c’est moins mal que si c’était pire. Evidemment, on ne s’attendait pas à voir les beaux jours revenir miraculeusement le 6 mai. Mais on s’attendait à ce que pour tous ceux qui morflent, les choses aillent mieux. Parce que franchement, les ex-bénéficiaires du bouclier fiscal, la crise et tout le toutim, ils s’en tamponnent le coquillard avec une patte d’alligator (femelle). Si j’ai bien compris, sans même s’exiler chez Tintin ou chez Raspoutine, ils ont largement compensé leurs pertes fiscales par des rentrées de pognon rondouillardes. Je prends un exemple au hasard : L’Oréal. Eh bien, on sait depuis une semaine qu’en 2012, le résultat net du groupe a progressé de 17,6 % « après prise en compte des éléments non récurrents, c'est-à-dire en 2012 une charge nette d'impôts de 104 millions d'euros ». En d’autres termes, ils se paient notre fiole à longueur de chroniques, les petits finauds selon qui le « matraquage fiscal » a tout bousillé, les finances des boîtes, la consommation de masse ou de luxe (L’Oréal fait les deux), les holdings financiers (L’Oréal fait ça, aussi). Aussi bien, le dividende d’L’Oréal augmentera de 15% par rapport à l’exercice précédent, et la marge brute a, quant à elle, grossi de 9,5%. Les « petits actionnaires », s’ils existent, vont donc améliorer leurs revenus : sous un gouvernement socialiste, quel pied ! De quoi évidemment vous décourager d’entreprendre, d’investir, ou, pour reprendre le credo lyrique de MEDEF, de « produire de la richesse » en France. En attendant, fort d’une « trésorerie pléthorique », de l’aveu des spécialistes, le groupe roupille sur un matelas d’1,5 milliards d’euros de cash. Pas question de l’investir pour le moment, histoire de relancer des boites, de fabriquer des emplois, de développer des trucs innovants. L’emploi, nous disent les « fabricants de richesses », c’est l’affaire de l’Etat. Comme la compétitivité est l’affaire des salariés. Eux, leur affaire, c’est les bénéfices. Circulez, y a rien à voir.

Il est donc clair que puisque la possibilité de faire du pognon existe, ceux qui n’en font pas et pleurent sur leur sort sont des glands. Rectifions : comme toujours, la crise écrase les petits, malmène les moyens, et fout la paix aux gros. Rectifions encore : les gros profitent de la crise. Ils se « restructurent », façon Danone ou Sanofi, ils purgent leurs effectifs, ils laminent salaires et conditions de travail. Avec des arguments : par exemple, les bagnoles PSA et Renault se vendent mal, c’est évident, alors c’est qu’on n’est pas compétitifs. Autrement dit, l’ouvrier est trop goulu, les charges sociales sont trop fortes, vous connaissez la chanson. L’ennui, c’est que les bagnoles européennes se vendent mal partout, même Volkswagen, le cador de l’export, prend un coup de latte. J’en excepte (ce qui est symptomatiques) les grosses caisses chromées pour « matraqués fiscaux », qui carburent au top, mais ça, en France, on sait pas faire. On s’en est parfaitement rendu compte grâce à messieurs Ghosn et Varin, ces génies du management que le monde ne nous envie sûrement pas, puisque sous leur direction éclairée leurs boîtes ont salement piqué du nez. Avec des conséquences variables, pour leurs choix stratégiques nuls : pour des milliers de salariés, la galère ; pour l’Etat, des chômeurs en plus à gérer, des rentrées fiscales diminuées ; pour eux, quelques contorsions devant la télé, pas même une demi-contrition, l’un qui « gèle » ses primes jusqu’en 2016, soit 400 000 euros sur les 13 000 000 qu’il encaisse (il aurait pu les supprimer, vu ses résultats merdiques, c’est le moins, ça ne paie même pas ses chemises…), l’autre qui se fait re-bombarder capitaine du navire alors qu’il l’a balancé sur les rochers façon Concordia avec l’accord souriant de la famille Peugeot.

Une chose est claire : ces naufrageurs notoires ne se sentent pas coupables. Ils ne sont même pas virables. Et les micros de la presse se tendent avidement vers leurs oracles à peine embarrassés, sans que personne n’ait les burnes de leur demander : « Et en voyant votre échec, vous n’avez pas pensé à vous casser en bredouillant des excuses ? ». Non, le cynisme fait partie de la fonction, surtout en cas d’incompétence. Au point que Margerie, le boss de Total (12 milliards d’euros de bénéf, + 14%, c’est la crise…), a été le seul, côté patronat, à parler, pour cet insolent de Ghosn, d’une « erreur de casting »… Gros nul fossoyeur d’emplois, c’est une espèce protégée ? Pour le coup, nous ne sommes plus dans le ridicule économique, nous sommes dans le tragique ultra-libéral.

Les innocents, au cimetière !

Heureusement, nous ne manquons pas d’innocents. Eliminons d’abord, pour faire clair, tous ceux dont il est établi qu’ils ne sont jamais coupables : les financiers, ce qui est bien la moindre des choses dans une crise financière ; les spéculateurs immobiliers, ce qui va de soi dans une crise immobilière ; les fabricants de chiures de porcs nitratées, ce qui est se comprend en cas d’algues vertes ; les surproducteurs de pêches imbouffables et de tomates foireuses, victimes de la crise agricole ; les buralistes, qui ont pompé 2,6 milliards d’aides électorales sarkoziennes pendant que leur chiffre d’affaire augmentait de 44% entre 2002 et 2011 ; les artisans qui travaillent au noir parce que si vous voulez absolument une facture votre fuite d’eau vous la réparez vous-même, intouchables puisque les TPE sont des « mines d’emplois » à cajoler ; les spécialistes dépasseurs d’honoraires qui sont (mais c’est eux qui le disent) les garants de la liberté médicale, laquelle consiste à multiplier ses chances de crever librement d’un crabe virulent parce qu’on a attendu 6 mois un scanner sans supplément; les 10 000 céréaliers qui vont empocher 105 milliards d’aides prévues dans le budget européen « réduit » pour économiser du flouse entre 2014 et 2020, ce qui fait tourner la rentabilité nette à 400 000 euros l’hectare pour le blé vue la cherté du grain; les syndicats du Port de Marseille, qui n’ont pas laissé échapper une occasion de faire grève en 20 ans, au prix d’une vigilance exceptionnelle ; Bernadette Chirac, qui sait bien ce qu’il faut dire à la télé si elle veut qu’on parle encore d’elle.

Les coupables, au bûcher !

En face, il y a les coupables habituels. Je n’en ferai pas une liste exhaustive, vous en trouverez un catalogue haut en couleurs dans les avis éclairés des lecteurs du Figaro : les fonctionnaires, qui sont d’après eux environ 37 millions et prennent leur retraite à 48 ans tout en profitant de places réservées dans les crèches et les maisons de vieux ; les fonctionnaires, il vaut mieux le dire deux fois tant ils sont coupables de tout ; les fonctionnaires, pour ceux qui n’auraient pas entendu ; les enfants de pauvres, parce qu’ils nous forcent à engager des professeurs supplémentaires, donc des fonctionnaires ; les malades, parce qu’ils ne sentent pas bon et creusent le trou de la Sécu au lieu de creuser leur tombe ; les Arabes, parce qu’ils sont Arabes et plutôt musulmans, et n’ont jamais moins de 6 enfants ; les inspecteurs des impôts, parce qu’ils inspectent et font chier les fraudeurs ; les élus, parce qu’ils se gavent, il paraît qu’un député ose empocher jusqu’à trois fois moins que mon dentiste, et on ne peut pas les remplacer par des hauts fonctionnaires, vu qu’ils se gavent aussi ; les ministres, parce que Montebourg gagne tout de même 100 fois moins de sous par an que Carlos Ghosn, c’est dire s’il est naze avec son pull Popeye ; les locataires, parce qu’on ne peut plus les augmenter de 10% quand on change la sonnette de la porte ; les études, parce qu’elles apprennent l’orthographe, alors qu’on n’en a pas besoin quand on possède douze appartements en location, vingt-huit garages et un magasin de godasses avec trois vendeuses à mi-temps payées juste en dessus du SMIC, et qu’on dit « moi, je travaille ! » tandis que les ouvriers se la coulent douce dans leurs usines douillettes et sur leurs chantiers ensoleillés, sans parler des fonctionnaires qui passent leur vie en congés de maladie. Caricature contre caricature ? D’accord, mais ça suffit, les beaufs de bas de page courtisés par l’UMP tendance Copé – Peltier - Rioufol.

Triés sur le volet

Cela dit, nous avons mis à jour de nouvelles espèces de coupables. Par exemple, si vous trouvez que doubler le prix de ramassage de vos ordures pour un « tri sélectif » qui ne sert à rien n’est qu’une injonction morale digne d’un pasteur suisse ou d’un écologiste illuminé, vous êtes coupable de lèse-planète et on vous le fait savoir. Dans mon canton, une étude très sérieuse a montré que les allées et venues des bennes spécialisées triplaient la consommation de gas oil et augmentaient en proportion les diverses pollutions afférentes, alors même que les déchets « sélectivés » devaient repasser sous des trieuses (avec aimants et tout) parce que s’il reste du métal ça pète les machines à compost. De plus, que va-t-on faire des tonnes de compost qui s’accumulent depuis trois ans derrière le stade de foot et daubent salement (les besoins de la société en compost restent désespérément modestes, surtout en zone urbaine) ?

Le râleur pas foutu de « consommer responsable » sera donc coupable de l’épuisement de nos ours blancs et de nos ressources énergétiques. Quel salopard ! J’en connais pourtant qui, pour ne pas être coupable de gloutonnerie énergétique, ont investi trois mois de salaire, il y a deux ans, dans des panneaux solaires dont la production annuelle, depuis qu’ils fonctionnent, pourrait à peine alimenter un sex toy pendant deux jours pleins (à Maubeuge, faut pas espérer mieux). De toute façon, encore un an, et lesdits panneaux seront opaques ou fêlés par le gel, on n’est encore pas bien fixés sur la durabilité des appareils d’énergie durable. Mais on les vend, et on encourage les naïfs à les acheter à divers margoulins qui les fourguent à prix d’or, surtout aux vieux, aux idéalistes et aux « maires dynamiques » qui veulent avoir l’air dans le coup avant l’échéance de 2014.

Président normal,
écolos normatifs ?

En revanche, on n’a pas vu vraiment progresser l’idée de culpabiliser les fabricants d’emballage qui grossissent nos déchets tout en faisant prospérer la chirurgie de la main (surtout certains emballages estampillés « ouverture facile », qui résistent au cutter). Ni celle de culpabiliser un peu les loups, quand un éleveur de moutons égorgés se rend coupable d’en descendre un dans un instant de colère inexplicable.

Allons plus loin. Je lisais l’autre jour qu’à elles seules, les nouvelles normes renchérissaient la construction immobilière de 15%. Ce qui, évidemment, ne facilite pas l’accession à la propriété de tous les fauchés (il y en a dans les 8 millions en France, mais c’est sûrement de leur faute si les agences immobilières ferment). De plus, il paraît que, dans une crèche, il faut des interrupteurs haut placés pour la sécurité des enfants, mais bas placés pour les personnes en fauteuil roulant qui viendraient là déposer leurs enfants. Le mieux est donc de supprimer les crèches ou de distribuer des lampes de poches. Dans l’immobilier ancien, c’est pas mieux : si, pour avoir un prêt ou une aide, on doit bricoler tout aux nouvelles normes, il s’avère qu’on n’a plus les moyens d’acheter l’appartement ou la maison.

Mais comme c’est beau, comme c’est moderne de remplacer la culpabilité réelle par la culpabilité morale Voyez avec quelle délectation on dénonce l’irresponsabilité énergétique des consommateurs (le dernier crime en date, c’est d’avoir acheté une auto qui marche au diesel), alors même que des écologistes de pointe refusent énergiquement d’avoir une éolienne dans leur champ visuel… Par exemple, investir 20 000 euros d’isolation pour économiser 200 euros de fuel par an, c’est pénible, dira le mauvais citoyen. Alors que c’est amorti en 100 ans seulement !

Responsable, donc coupable ?

Pour le chômage, c’est pareil : il faut économiser, d’accord, mais il faut aussi créer des emplois, on attend que le gouvernement arrange le coup. Comme si c’était la faute de l’Etat. Il est responsable de la bonne marche de l’économie. Alors même qu’en libéralisme, la règle est que l’Etat n’a pas à se mêler d’économie. Ni la justice : pas un « bankster » n’a eu à encourir ses foudres, sauf en Islande. Or si les banques redémarrent, c’est grâce aux milliards avancés par l’Etat. Et on devrait féliciter les banquiers ? De même, si demain la croissance repart, ce sera une belle victoire de nos entrepreneurs. Mais si on verse dans la récession, ce sera la faute de l’Etat. C’est pas plus vrai sous Hollande que sous Sarkozy, mais ça n’empêche pas monsieur Lenglet de nous l’expliquer posément.


Et pourtant, lorsqu’une PME fait faillite, cela n’a que très très très rarement un rapport avec le montant des déficits publics (sauf si elle vend la totalité de sa production de crayons aux services publics de la République, et qu’on supprime le papier). Le manque de compétitivité ne repose pas seulement sur le coût du travail : l’incompétence des dirigeants, les mauvaises stratégies commerciales, la crise générale des marchés sont infiniment plus coupables, en cas des difficultés, et cela surtout dans les secteurs où la plus-value résulte surtout de la qualité technologique et de l’adéquation au marché. Pour une bagnole, le coût de la main d’œuvre n’est que de 7 à 8% du prix de revient : s’il baissait de 5%, cela ne pèserait au final que 0,4% du prix, pas assez pour faire la différence entre une Mégane loupée et une Toyota nickel, made in France de surcroît par des gars payés au tarif PSA ou Renault ! Alors, qu’on arrête de culpabiliser les ouvriers avec des chantages aux plans sociaux, et l’Etat avec des marchandages sur les charges sociales, d’autant plus qu’en productivité, on est plutôt meilleurs, n’en déplaise à monsieur Titan, celui qui rêve de l’esclavage comme modèle économique performant et provoque, à ce titre, des orgasmes chez les cons décomplexés.

La crise, c’est celle des décideurs

Il y a des années qu’on prétend qu’ « on vit au dessus de nos moyens », sans jamais préciser qui est « on ». L’Etat ? Admettons qu’il puisse raboter 10% de ses « moyens », et j’ai cru comprendre qu’il s’y emploie, même le G20 l’a remarqué. Mais les salariés ?
Ils sont infiniment moins à culpabiliser que les financiers, les dirigeants, les actionnaires qui exigent des rendements trop élevés.
Et le modèle social français ? De quoi est-il coupable, au juste ? Quant on voit le niveau d’endettement de l’Allemagne (le plus haut d’Europe, le troisième du monde en valeur absolue) ou du Royaume-Uni (supérieur au nôtre, avec un système social lamentable, qu’il s’agisse de la santé, de l’école ou des transports publics), on n’a sans doute pas à en rougir. Le plus insupportable, ce serait qu’au lieu d’accepter le faible pouvoir d’intervention qu’à un Etat en cas de crise économique, on fasse peser sur lui ou sur les salariés la responsabilité de la stagnation ou la faible visibilité des perspectives. Dans un système libéral, ce qui, sauf erreur, est notre cas, les coupables de la crise sont nécessairement les décideurs économiques réels. Ils se sont enrichis ? Fort bien ! Maintenant, qu’ils nous enrichissent - ou au moins, qu’ils aient la pudeur de faire le canard!
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Re: Europe vs Austérité

Messagede ivo » 28 Fév 2013, 11:02

Les Français se convertissent à la rigueur
fr info
Face à la crise, 55% des Français estiment qu'il faut "baisser les dépenses publiques" plutôt que d'augmenter les impôts. C'est le principal enseignement du baromètre Viavoice sur les projets des Français pour France Info, BPCE et Les Echos.

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Que faut-il faire pour renverser les faibles prévisions de croissance en France ? Si le gouvernement planche depuis des mois sur cette question, les Français ont leur idée : 55 % des personnes interrogées dans le baromètre Viavoice préconisent en priorité de "baisser les dépenses publiques" plutôt que d'assouplir "les objectifs de réduction des déficits publics".

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Plus de la moitié des Français préconisent une baisse des dépenses publiques © Viavoice pour France Info

Un moindre mal de la rigueur ?

Une solution d'autant plus plébiscitée qu'elle "incarne le visage le plus présentable de la rigueur, parce qu'en apparence plus indolore" qu'une augmentation de la fiscalité et des prélèvements sociaux, note François Miquet-Marty, directeur associé chez Viavoice. Reste à savoir "comment cette opinion évoluera après que les coupes budgétaires auront été concrètement détaillées ? Le passage du concept à la pratique risque d'être douloureux", analyse l'institut de sondage.

"Pour les Français, c'est une solution de moindre mal", analyse François Miquet-Marty, directeur associé chez Viavoice

Rigueur également au sein des ménages

Tout comme pour l'avenir des finances publiques, les personnes interrogées ne se font pas trop d'illusions sur l'épaisseur de leur portefeuille dans les mois à venir. Et elles semblent privilégier le même remède que pour l'Etat : 38 % envisagent de "dépenser moins d'argent que ces derniers mois dans l'alimentation et l'habillement" (voir notre infographie en pied d'article). Une tendance en hausse de 3 points par rapport à janvier et + 6 % sur quatre mois. Moins de dépenses donc mais aussi moins d'épargne. Près d'une personne sur trois compte mettre "moins d'argent de côté que ces derniers mois".

Les dangers d'une consommation en baisse

Pour Viavoice, au-delà de la conjoncture économique, cette austérité à la maison montre la volonté des ménages de rééquilibrer leur budget après les dépenses liées aux fêtes de fin d'année. Reste qu'une contraction des dépenses "pourrait peser sur l'activité du secteur privé, et donc sur l'emploi. Tel semble être le défi pour le gouvernement français : éviter que le temps de rigueur, notamment pour les ménages, ne se mue en spirale récessive ou en véritable austérité".

Image
Les Français comptent réduire leur budget alimentaire dans les trois prochains mois © Viavoice pour France Info

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et pour rire voir >>> viewtopic.php?f=66&t=3501&p=85273#p85273
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Re: Europe vs Austérité

Messagede ivo » 01 Mar 2013, 10:24

Euro, banques... Les leçons du président islandais
http://www.rue89.com/2013/02/28/le-pres ... lle-240109
« Le plus important, et je le dis à mes amis européens, ce ne sont pas les marchés financiers. » Entretien (sur un nuage) avec Ólafur Ragnar Grímsson, élu cinq fois à la tête du « laboratoire » islandais.

Björk n’était pas la seule star islandaise en tournée en France cette semaine. Le président du pays Ólafur Ragnar Grímsson, 69 ans, était en visite officielle, auréolé des succès islandais contre la crise, et du rôle qu’il a joué dans ce redressement spectaculaire, en décidant à deux reprises de consulter le peuple par référendum.

Il a rencontré mardi François Hollande pendant 35 minutes. Les deux hommes, raconte-t-il, ont parlé de trois sujets :

« La reprise économique en Islande et les leçons à en tirer, la coopération économique dans l’Arctique et l’expérience islandaise en matière de géothermie – qui assure 90% du chauffage des habitants –, et comment elle pourrait être développée en France. »

Le président islandais, qui en est à son cinquième mandat, est sur un petit nuage. Quatre ans après l’explosion des banques islandaises, son pays redémarre plus fort que la plupart des autres en Europe, et il vient de gagner une bataille devant la justice européenne. L’Etat islandais, a jugé la cour de l’Association européenne de libre-échange (AELE) fin janvier, était dans son droit quand il a refusé de rembourser les épargnants étrangers qui avaient placé leur argent dans ses banques privées.

Rue89 : Vous avez évoqué avec François Hollande les leçons à tirer du redressement Islandais. Quelles sont-elles ?

Ólafur Ragnar Grímsson : Si vous comparez avec ce qui s’est passé dans d’autres pays d’Europe, l’expérience réussie de l’Islande s’est avérée différente sur deux aspects fondamentaux.

Le premier, c’est que nous n’avons pas suivi les politiques orthodoxes qui se sont imposées depuis trente ans en Europe et dans le monde occidental. Nous avons laissé les banques faire faillite, nous ne les avons pas renflouées, nous les avons traitées comme d’autres entreprises. Nous avons instauré des contrôles des changes. Nous avons essayé de protéger l’Etat providence, refusant d’appliquer l’austérité de façon brutale.

Seconde grande différence : nous avons très vite pris conscience que cette crise n’était pas seulement économique et financière. C’était aussi une profonde crise politique, démocratique et même judiciaire. Nous avons donc engagé des réformes politiques, des réformes démocratiques, et même des réformes judiciaires [un procureur spécial, doté d’une équipe, a été chargé d’enquêter sur les responsabilités de la crise, ndlr]. Ce qui a permis à la nation d’affronter le défi, de façon plus large, plus globale que la simple exécution de politiques financières ou budgétaires.

L’Islande compte 320 000 habitants. Ces politiques sont-elles exportables dans des pays plus grands, comme la France ?

D’abord, j’hésite toujours à donner des recommandations concrètes à d’autres pays, parce que j’ai entendu tant de mauvaises recommandations prodiguées au mien !

Ce que je peux faire, c’est simplement décrire ce que l’Islande a fait, et chacun peut en tirer ses propres leçons. Mais il est clair que nombre des choix que nous avons faits pourraient l’être dans d’autres pays. Par exemple, se garder d’une austérité trop stricte.

Vous avez pourtant suivi une politique d’austérité assez rude...

Bien sûr. Mais l’un des axes des politiques orthodoxes est de couper de façon agressive dans les dépenses sociales. Ce n’est pas ce que nous avons fait. Nous avons protégé les ménages les plus modestes.


L’approche large de la crise – politique et judiciaire – peut aussi être suivie dans d’autres pays que l’Islande. La mesure qui est impossible à appliquer en France ou dans d’autres pays de la zone euro, c’est évidemment la dévaluation de la monnaie.

Pour ce qui est de ne pas avoir sauvé les banques, l’Islande avait-elle vraiment le choix ? Et serait-ce possible de laisser des grandes banques européennes sombrer ?

Nos banques étaient importantes. Elles pesaient dix fois la taille de notre économie. Je ne dis pas que la taille ne compte pas. Mais si vous voulez parler en terme de taille, posez-vous la question : est-ce que le Portugal est un grand ou un petit pays ? Est-ce que la Grèce est un grand pays ou un petit pays ?


Pouvions-nous faire autre chose que laisser nos banques faire faillite, c’est un débat ouvert. Mais de toute façon, cela correspondait à un choix. Ces banques étaient privées : pourquoi des entreprises dans le secteur bancaire serait-elles traitées différemment de compagnies privées dans d’autres secteurs comme les technologies de l’information, Internet, les compagnies aériennes ? Ces entreprises sont tout aussi indispensables à nos sociétés, mais on les laisse faire faillite. Même les compagnies aériennes. Pourquoi les banques sont-elles traitées comme des lieux saints ?

La réponse traditionnelle, c’est que leur faillite peut en entraîner d’autres et mettre le système financier à terre : il y a un risque « systémique ».

Ça c’est l’argument avancé. Mais regardez ce qui s’est passé en Islande avec l’affaire Icesave. Le gouvernement britannique et le gouvernement néerlandais, soutenus par l’Union européenne, voulaient que le contribuable islandais rembourse les dettes de cette banque privée, au lieu de laisser le syndic de liquidation être responsable de ces dettes.

J’ai alors fait face à un choix : fallait-il soumettre la question au référendum ? Une armée d’experts et d’autorités financières me disaient : si vous autorisez les gens à s’exprimer, vous isolerez financièrement l’Islande pour des décennies. Le scénario catastrophe serait sans fin... J’étais devant un choix fondamental entre les intérêts financiers d’un côté, et la volonté démocratique du peuple de l’autre. Et je me suis dit : la partie la plus importante dans nos sociétés – et je le dis aussi à mes amis européens –, ce ne sont pas les marchés financiers. C’est la démocratie, les droits de l’homme, l’Etat de droit.

Quand nous sommes face à une crise profonde, que ce soit la crise islandaise, ou la crise européenne, pourquoi ne laisserions-nous pas l’élément le plus important de nos sociétés guider la voie à suivre ? C’est ce que j’ai fait. Nous avons organisé deux référendums. Et dès le premier trimestre après le référendum, l’économie a redémarré. Et depuis, ce redressement se poursuit. Maintenant nous avons 3% de croissance, l’une des plus élevée d’Europe. Nous avons 5% de chômage, l’un des taux les plus bas. Tous les scénarios de l’époque, d’une faillite du système, se sont révélés faux.

L’épilogue a eu lieu le mois dernier : la cour de l’AELE nous a donné raison. Non seulement notre décision était juste, était démocratique, mais elle était aussi juridiquement fondée. Mes amis européens devraient réfléchir à tout cela avec un esprit ouvert : pourquoi étaient-ils autant dans l’erreur, politiquement, économiquement et juridiquement ? L’intérêt de se poser cette question est plus important pour eux que pour nous, car ils continuent, eux, à lutter contre la crise et car ils s’appliquent à eux-mêmes certains des principes et des arguments qu’ils utilisaient contre nous.

Le service que peut rendre l’Islande, c’est donc d’être une sorte de laboratoire, qui aide les pays à réévaluer les politiques orthodoxes qu’ils suivent. Je ne vais pas dire à la France, la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, faites-ci ou faites ça. Mais la leçon donnée par l’expérience de ces quatre dernières années en Islande, c’est que les scénarios alarmistes, assenés comme des certitudes absolues, étaient à côté de la plaque.

L’Islande est devenue un modèle, une source d’espoir pour toute une partie de l’opinion, spécialement chez la gauche anticapitaliste. Cela vous plaît-il ?

Ce serait une erreur que de voir notre expérience à travers cette vieille grille de lecture politique. En Islande, les partis de droite et de gauche ont été unanimes sur la nécessité de protéger le système social. Personne, à droite ou au centre, n’a défendu ce que vous appelleriez des « politiques de droite ».


C’est la voie nordique...

Oui, c’est la voie nordique. Et si vous regardez ce qui s’est passé dans les pays nordiques ces 25 dernières années, tous ont connu des crises bancaires : Norvège, Finlande, Suède, Danemark et enfin Islande, où nous avons toujours un temps de retard. Ce qui est intéressant, c’est que nos pays se sont tous redressés relativement vite.

Regrettez-vous d’avoir vous-même encouragé le développement de la banque dans les années 2000 ? A l’époque, vous compariez l’Islande à une nouvelle Venise ou Florence ?

Pendant la dernière décennie du XXe siècle et les premières années du XXIe siècle, des entreprises pharmaceutiques ou d’ingénierie, technologiques, bancaires se sont développées et ont procuré aux jeunes Islandais éduqués, pour la première fois de notre histoire, la possibilité de travailler sur une échelle globale, sans avoir besoin de quitter le pays.

Les banques faisaient partie de cette évolution. Elles se portaient bien. En 2006 et 2007, on a commencé à entendre des critiques. Je me suis demandé alors : que disent les agences de notation ? Elles dressaient pour les banques islandaises un très bon bulletin de santé. Les banques européennes et américaines faisaient toutes du business avec nos banques, et désiraient toutes en faire davantage !

Les agences de notation, les grandes banques, tout le monde avait tort. Et moi aussi. Ce fut une expérience coûteuse, que notre pays a payée très cher : nous avons connu une crise profonde, des émeutes... Nous nous en souviendrons longtemps.

Aujourd’hui, les gens continuent à écouter les agences de notation. Il faudrait leur demander : si vous vous étiez autant trompés sur les banques islandaises, pourquoi auriez-vous raison aujourd’hui sur le reste ?

Ce que vous appelez les « émeutes » ne fait-il pas partie de la nécessaire « approche politique » de la crise, que vous décriviez il y a un instant ?

Je ne dirais pas cela ainsi. L’Islande est une des démocraties les plus stables et sûres du monde, avec une cohésion sociale solide. Et pourtant, à la suite de la faillite financière, la police a dû défendre le Parlement jour et nuit, la Banque centrale, les bureaux du Premier ministre...

Si une crise financière peut, dans un laps de temps très court, plonger un tel pays dans une si profonde crise politique, sociale et démocratique, quelles peuvent être ses conséquences si elle survient dans des pays qui ont une expérience plus courte de stabilité démocratique ? Je peux vous dire que pendant les premières semaines de 2009, quand je me réveillais, ma crainte n’était pas de savoir si on retrouverait ou pas le chemin de la croissance. C’était de savoir si on ne vivait pas l’effondrement de notre communauté politique stable, solide et démocratique.

Mais nous avons eu la chance de pouvoir répondre à toutes les demandes des manifestants : le gouvernement est tombé, des élections ont été organisées, les directions de la Banque centrale et de l’autorité de surveillance des banques ont été remerciées, nous avons mis en place une commission spéciale pour enquêter sur les responsabilités, etc.

Cette idée, répandue dans les sociétés occidentales, que les marchés financiers doivent représenter la part souveraine de notre économie, et devraient être autorisés à grossir sans contrôle et dans la mauvaise direction, avec pour seule responsabilité de faire du profit et se développer... Cette vision est très dangereuse. Ce qu’a démontré l’Islande, c’est que lorsque ce système a un accident, cela a des conséquences politiques et démocratiques dramatiques.

Dans cette approche politique, un projet de nouvelle Constitution a été élaboré par une assemblée de citoyens élus. Il semble que le Parlement ne soit pas pressé de la voter avant les élections du 17 avril. Pensez-vous qu’elle restera mort-née ?

La Constitution actuelle a joué son rôle dans la crise : celui de tenir des élections, d’organiser des réferendums... Cela ne veut pas dire qu’elle est parfaite, elle peut être améliorée.

Avec la crise, le besoin de rénover notre système politique s’est exprimé. On a donc déclenché un processus de réforme constitutionnelle très innovant : une assemblée de citoyens a été élue, les citoyens ont été consultés par Internet... Mais selon moi, ils n’ont pas eu assez de temps : quatre mois seulement. Seuls des surhommes auraient pu faire un texte parfait en seulement quatre mois.


Ces derniers six mois, il y a eu au Parlement un débat, des propositions... Le Parlement va peut-être adopter certaines mesures, ou va peut-être s’entendre sur une façon de poursuivre le processus, ou va adopter une réforme plus complète. Nul ne le sait.

La dévaluation a aidé au redémarrage de l’Islande. L’idée de rejoindre un jour l’euro est-elle écartée à jamais ?

La couronne a été une partie du problème qui a conduit à la crise financière, mais elle a été aussi une partie de la solution : la dévaluation a rendu les secteurs exportateurs (pêche, énergie, technologies...) plus compétitifs, ainsi que le tourisme, bien sûr.

Il y a une chose dont on n’a pas encore bien pris conscience dans les pays d’Europe continentale. Les pays du nord de l’Europe – Groenland, Islande, Grande-Bretagne, Norvège, Danemark, Suède...– n’ont pas adopté l’euro, à part la Finlande. Aucun de ces pays n’a rejoint l’euro.


Et comparativement, ces pays s’en sont mieux tirés, économiquement, pendant ces années qui ont suivi la crise de 2008, que les pays de la zone euro, Allemagne exceptée.

Il est donc difficile d’arguer aujourd’hui que l’adhésion à l’euro est une condition indispensable à la réussite économique. Pour ma part, je ne vois pas d’argument nouveau qui justifierait l’adhésion de l’Islande à l’euro.

Adieu la banque : où les jeunes Islandais ayant fait des études supérieures vont-ils être employés ?

Les banques, que ce soit en Islande ou ailleurs, sont devenues des entreprises très technologiques, employant de nombreux ingénieurs, informaticiens, mathématiciens. Elles ont détourné les talents des secteurs innovants, comme les hautes technologies ou les technologies de l’information.

Après la chute des banques, ces talents se sont retrouvés sur le marché du travail. En six mois, ils avaient tous été embauchés... Et les entreprises technologiques ou de design se sont développées très rapidement depuis trois ans. Des centaines de nouvelles compagnies ont été créées. Je suis heureux de constater que les jeunes générations ont répondu à la crise de façon très créative.

Morale de l’histoire, si vous voulez que votre économie soit compétitive sur le secteur des technologies innovantes, le fait d’avoir un gros secteur bancaire est une mauvaise nouvelle, même s’il est performant.

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Re: Europe vs Austérité

Messagede ivo » 04 Mar 2013, 09:06

Et même les Suisses s’en prennent aux grands patrons !
http://www.marianne.net/Et-meme-les-Sui ... 27090.html
Il s’agissait, ce week-end en Suisse, d’un de ces fameux referendums dits d’initiative populaire. Il s’agissait de limiter les « rémunérations abusives » des patrons des sociétés cotées en bourse, notamment d’interdire les si décriés « parachutes dorés », de limiter à une année le mandat des administrateurs, et de faire voter les principaux salaires et autres avantages par les actionnaires. Une série de propositions quasiment révolutionnaires et gauchisantes pour — prenons cet exemple évidemment au hasard — les socialistes français au pouvoir. Problème, il a été initié, ce projet, par Thomas Minder, chef d’entreprise et surtout sénateur de l’UDC, le parti suisse de droite populiste.

67,9 % ! Les Suisses, ces extrémistes bien connus, ont approuvé à 67,9 % ! Voilà qui mérite qu’on y réfléchisse.

J’entends déjà le chœur des pleureuses de la bien-pensance : ils couinent que les « horribles populistes » ont à nouveau frappé, cette fois dans le coffre-fort du capitalisme financier, à l’épicentre d’un pays jusque-là modèle et que nos pleureuses estimaient à jamais protégé et ignifugé. Ils se sont gourés, une nouvelle fois. Car chaque jour, les pleureuses de la bien-pensance comprennent moins bien que la veille les psychologies des peuples d’Occident et leurs souffrances. Les Suisses viennent à leur tour de le signifier.

Ils vont, cela va de soi, nous expliquer qu’une déferlante « populiste » balaye l’Europe, que la démagogie politique et la facilité idéologique sont à l’œuvre. La preuve ? C’est un « populiste » suisse, à la limite de l’extrême droite qui est à la manœuvre dans la patrie des banques. Ce n’est pas faux, loin de là, le dénommé Minder étant par ailleurs xénophobe et lancé dans une détestable traque aux immigrés. Mais pourquoi les Suisses l’ont-ils approuvé ? Pourquoi les Italiens ont-ils relancé l’ignoble Berlusconi et propulsé Grillo le clown ? Pourquoi la droite populiste conquiert-elle désormais l’Europe du Nord ?

On peut s’en prendre, à l’exemple des parangons de la pensée unique, aux peuples eux même — c’est en effet le plus facile —, les accabler, railler leurs angoisses, moquer leurs inquiétudes. Mais les citoyens d’Europe n’ont plus que faire de ces jugements péremptoires, de cette pseudo-supériorité de classe. Ils ont attendu ; et rien ne s’est passé. Voilà donc le moment des punitions politiques.

Qu’ont-ils attendu, les peuples d’Europe ?

1. Que le système financiaro bancaire soit assaini, qu’il soit mis a la disposition de la relance économique. Ce n’est pas le cas, et moins que jamais.

2. Qu’il soit mis un terme aux folies salariales, à l’indécence des sommes versées aux « grands » managers. Les pouvoirs politiques, tous les pouvoirs politiques, de droite et de gauche, ont promis. Or, ils n’ont rien fait, à gauche comme à droite. Voilà ce que les Suisses ont voulu exprimer ce week-end.

3. Que la rigueur ne soit pas un objectif en soi, qu’elle soit au service de l’avenir, d’un dessein, d’une perspective. La politique, oui, mais pas celle des technocrates de Bruxelles qui ont détourné le sens, précisément, de la politique.

Les Suisses se doutaient-ils seulement qu’ils exprimaient aussi ces revendications-là ?

commentaires:
Je ne pense pas que l'on puisse parler d'une spécificité occidentale, comme vous le dites " les psychologies des peuples d’Occident", dès lors que l'on parle de justice économique, sociale ou politique. Car enfin, que demandent les chiites au Bahreïn, des sunnites non arabes en Arabie Saoudite, les sunnites en Syrie, les populations berbères au Mali, les populations africaines du Mali, les Tunisiens en Tunisie, les Français en France, etc... De la justice pour l'humain que nous sommes tous et chacun. Et cette justice ne naît pas du laissez -faire, du règne d'un clan, d'une oligarchie, ni avant-hier, ni hier, ni aujourd'hui.
Cette justice naît de l'égalité politique de droits et d'obligations, droits et obligations proportionnels aux capacités de chacun et de tous dans la pratique, forcément. Et à droits spécifiques, obligations spécifiques. Quand on s'est enrichi grâce à un système, on le reconnaît au moins et on contribue à ce système. Et si ce système a plus de conséquences négatives que positives pour la société dont on dépend TOUS et bien on agit en conséquence, en individu responsable. Sinon, il faudra bien admettre que le jour où les rancoeurs et les frustrations face aux injustices accumulées déborderont, et bien, il y a aura de la casse, comme toujours, et pour tout le monde.
L'échec de la gauche en Europe, c'est bien d 'avoir fait le jeu de ladroite et d'être perdante à tous les coups, quand, du fait de sa manière d'aborder les imbrications sociales, économiques et politiques, elle devrait être celle qui réoriente les choses et apporte des solutions.
A qui profite le crime?

Bravo, les Suisses. Encore un coup de pied dans la fourmilière de l'injustice sociale et du fric à tout prix. Après les Portugais, les Italiens.... les Suisses !
@ 1
Excellent commentaire, rien à ajouter... Ah si : qu'ils s'en aillent tous !
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L'EUROPE CONTRE LE CAPITALISME

Messagede DjurDjura » 02 Juin 2013, 07:28

La contestation s’élargit au Portugal contre l'austérité
La contestation s’élargit au Portugal contre l'austérité


Retraités, syndicalistes, partis de gauche, intellectuels se retrouvent au coude-à-coude contre l’austérité dans des manifestations prévues ce samedi dans dix-huit villes du pays.

Lisbonne, correspondance. Pour le 1er juin, le collectif organisateur de la manifestation Peuples unis contre la troïka a choisi de faire démarrer le cortège lisboète devant le siège du FMI. Il se terminera à Alameda, où finit traditionnellement la manifestation du 1er mai. Dix-huit villes ont déjà répondu à l’appel dans tout le pays. Les partis de gauche sont très mobilisés. Leur but : renverser la droite « troïkiste » actuellement au pouvoir aux prochaines élections de 2015 et, avant cela, marquer des points aux élections cantonales d’octobre prochain.

Démission du gouvernement

Le mot d’ordre de ce grand rassemblement anti-troïka reste la démission du gouvernement. Mais il semble que le respect des conditions posées par Angela Merkel ouvre droit à l’impunité en matière politique et sociale et plus globalement en ce qui concerne le respect et la dignité de la population.
•A lire: Les Portugais réclament la démission de leur gouvernement

Cela, les Portugais l’ont désormais bien compris. Et la rage qui monte un peu partout pousse à la création de nouveaux collectifs. Ainsi, en octobre 2012, est née une association de retraités, Apre ! (ça suffit !), bien décidée à ne pas laisser le gouvernement « tuer » ses vieux, les coupes dans les pensions et les petites retraites ayant des incidences létales avérées. Début 2013, comme répercussion du rejet du budget de l’État par le Tribunal constitutionnel, le gouvernement a décidé de taxer une nouvelle fois les retraites. « C’est du vol, tout simplement », explique Maria do Rosario Gama, la présidente d’Apre ! Vitor Ferreira, un des membres de l’association, paraît presque surpris : « Nous sommes déjà 5 000 membres et, en ce moment, nous avons près de 90 nouvelles adhésions par jour. » Concrètement le collectif réagit pied à pied, à chaque nouvelle mesure d’austérité concernant les retraités. « On ne va pas se laisser faire », conclut Vitor Ferreira.

"La démocratie a perdu la bataille"

Apre ! crée aussi actuellement un regroupement d’associations similaires dans toute l’Europe, avec des contacts déjà avancés en Grèce. Le mouvement social maintient la pression donc, avec, au-delà de cette manifestation du 1er juin, un programme d’actions pour tout le mois. Comme l’a écrit le grand sociologue Boaventura de Sousa Santos : « La démocratie a perdu la bataille. La seule façon qu’elle ait de ne pas perdre la guerre, c’est que les citoyens cessent d’avoir peur, se révoltent, à l’intérieur et hors des institutions, pour faire en sorte que le capital ait à nouveau peur du peuple, comme c’est arrivé il y a soixante ans. »


Francfort: des milliers d'opposants à l'austérité manifestent





Le mouvement Blockupy a mobilisé plusieurs milliers de manifestants contre la troika et sa politique d'austérité pour la seconde fois en deux jours à Francfort, capitale économique de l'Allemagne.

Après avoir fait le siège avec succès de la Banque centrale européenne, l'un des trois piliers de la troika avec l'Union européenne et le FMI en faveur de l'austérité budgétaire, le collectif anticapitaliste est parvenu à mobiliser près de 20.000 personnes (5.000 selon la police) lors de cette journée européenne "tous unis contre la troika", ce samedi D'autres manifestations anti-austérité étaient également prévues dans le sud de l'Europe comme à Paris, au Trocadéro.

Syndicats mobilisés

La manifestation francfortoise, lancée dans le centre de la ville, devait rejoindre les abords de la Banque centrale européenne (BCE) où un rassemblement était prévu aux alentours de 16 heures 30, afin de marquer le jour anniversaire de la fondation de l'institution monnétaire.

Syndicats et organisations de gauche (Verdi, IG Metall, le parti Die Linke, Attac, etc.) participaient à l'initiative qui fait suite à une autre manifestation organisée la veille et qui avait réuni près de 2.000 personnes contre l'austérité et la spéculation agricole.

"Nous voulons clairement dire que la politique de la banque centrale européenne et de la troïka, soumises à l'influence capitale du gouvernement fédéral, n'est pas la solution", a affirmé à l'AFP Roland Süss, porte-parole de Blockupy.

"Au nom de la gauche"

"Je suis contente de voir les gens ensemble pour exprimer leur solidarité", a expliqué à l'AFP Marica Frangakis, 62 ans, une manifestante grecque d'Attac, ajoutant: "Nous avons besoin de plus de solidarité, le capital est uni et fort mais beaucoup de voix s'expriment au nom de la gauche en Europe, ce qui rend les choses plus difficiles. C'est bien de voir que les gens (en Allemagne) se sentent aussi concernés par la crise".


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Re: Europe vs Austérité

Messagede bipbip » 21 Oct 2013, 01:00

Manifestations en Italie et au Portugal
Au Portugal et en Italie, la grogne monte contre l'austérité

Des dizaines de milliers de manifestants se sont mobilisés au Portugal et en Italie samedi afin de protester contre les nouvelles mesures d'austérité annoncées par leurs gouvernements afin de maîtriser les déficits publics.

En Italie, quelque 70.000 personnes selon les syndicats, 50.000 selon les autorités, ont protesté à Rome, où un important dispositif policier avait été déployé de crainte d'incidents.

"On proteste contre une austérité qui met le pays à genoux", a expliqué Piero Bernocchi, du syndicat autonome Cobas. Pour lui, elle "n'a pas atteint son but, qui était de réduire la dette, pendant que la classe politique continue avec ses privilèges".

Le Parlement italien a entamé l'examen du budget pour l'an prochain, qui comporte d'importantes coupes dans les prestations sociales.

Des heurts ont opposé une centaine de manifestants encagoulés à la police autour du ministère italien des Finances, tandis que la vitrine d'une agence de la banque Unicredit a été détruite à coups de pierres.

Quinze personnes ont au total été interpellées, tandis que deux policiers ont été blessés dans ces affrontements, a annoncé la police.

Au Portugal, les manifestants ont défilé sur les ponts des deux plus grandes villes, Lisbonne et Porto, à l'appel de la CGTP, la principale centrale syndicale de ce pays, proche du Parti communiste.

A Porto, des milliers de personnes ont traversé à pied le pont do Infante qui relie les deux rives du Douro, le fleuve qui arrose cette cité du nord, tandis que sur l'île de Madère des centaines de personnes ont également manifesté.

Dans la capitale portugaise, les protestataires ont franchi le célèbre pont du 25 Avril, du nom de la révolution qui a renversé la dictature salazariste en 1974, à bord de quelque 400 autocars. Les organisateurs n'ont pas communiqué d'estimations sur le nombre des participants.

"Menteurs !", "Dehors !", "Le peuple est en colère !", scandaient les protestataires, qui s'étaient rassemblés dans le quartier d'Alcantara à Lisbonne.

"Il est urgent de changer de politique" ou "Face aux injustices, la révolution est une obligation", proclamaient des banderoles en tête de cortège déployées par des retraités en colère.

Dans le même temps, une colonne d'autocars a traversé le pont au ralenti, au milieu d'un concert de klaxons. A leur arrivée, ils ont été accueillis par les applaudissements des manifestants.

"Je vais devoir émigrer"

"Mon fils, mon petit-fils et mon arrière-petit-fils sont au chômage. J'ai des raisons d'être inquiète !", s'exclame Olga Costa, une femme de 71 ans qui touche une retraite mensuelle d'à peine 371 euros.

"Je dois travailler dans sept endroits différents pour m'en sortir", confie, un peu plus loin, une femme de ménage qui a fait le déplacement depuis Aveiro (centre).

"Le budget du gouvernement pour l'année prochaine, cible encore les classes modestes et pauvres. C'est injuste", lâche Eugenia Leal, professeur dans une école lisboète.

"Je ne pense pas que les choses vont s'améliorer dans ce pays !", constate Marta Tavares, une étudiante en communication, âgée de 19 ans. "Je vais devoir émigrer!", dit-elle.

"C'est une journée historique", s'est félicité Arménio Carlos, secrétaire général de la CGTP, qui a annoncé une nouvelle manifestation pour le 1er novembre.

Au Portugal, il s'est agi de la première grande mobilisation après qu'une nouvelle cure d'austérité a été dévoilée mardi dans le projet de budget pour 2014 qui touchera de plein fouet le pouvoir d'achat des fonctionnaires et des retraités.

Parmi les mesures les plus contestées figurent des réductions des salaires des fonctionnaires allant de 2,5% à 12%, ainsi que les coupes de près de 10% dans les retraites des anciens salariés du secteur public.

L'organisation de cette journée de mobilisation avait été marquée par le bras de fer qui a opposé la CGTP et le gouvernement sur le parcours choisi pour cette manifestation à Lisbonne.

"Le gouvernement a tenté de nous empêcher, mais le pont ne lui appartient pas", a lancé le leader syndical.

AFP, 19 octobre 2013
http://fa86.noblogs.org/?p=10019 et http://actu.voila.fr/actualites/economi ... 65774.html
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Re: Europe vs Austérité

Messagede bipbip » 13 Nov 2013, 07:50

Synthèse des plans d’austérité en Europe : la nouvelle grande dépression.

Depuis l’année dernière et notre précédent panorama de l’austérité, les plans se sont succédé en Europe. La crise n’est pas prête de se terminer et des mesures toujours plus dures sont prises pour nous faire payer. On augmente par-ci par-là, on coupe là où ça dépasse, et on ponctionne là où on n’a pas encore piqué. Mais bien sûr il faut nous endormir un peu avant.

Il est presque impossible dans la presse bourgeoise de voir le détail de tous les plans d’austérité. On entend vaguement que nos revenus vont baisser, que nos aides vont être limitées… Les médias nous bassinent sur les quelques mesures symboliques prises pour taxer quelques riches afin de mieux nous faire avaler la pilule.

Flicage des chômeurs & mesures anti-pauvres.

Tandis que le taux de chômage explose (plus de 27% en Grèce pareil en Espagne où 57.6% des moins de 25 ans ne trouvent pas de job) dans la plupart des pays la tendance est à la criminalisation des chômeurs.

On a évité ça en France pour l’instant, mais en Hongrie, République Tchèque, Espagne, Allemagne, et aux Pays-Bas c’est déjà fait : les bénéficiaires des allocs sont forcés de faire du travail gratuit s’ils ne veulent pas être radiés. Les mesures anti-pauvres pleuvent, l’interdiction de squatter les espaces publics, de faire la manche ou de faire les poubelles, sont appliquées partout.

Le mécanisme est toujours le même. Pour pomper plus de thunes à ceux qui en ont peu mais qui sont nombreux, la méthode préconise la baisse des salaires directs (payes) et indirects (chômages, retraites…), l’invention et l’augmentation de taxes et impôts, ainsi que la privatisation et les licenciements dans les secteurs publics. Petit tour d’horizon :

Salaires directs : La constante c’est la diminution…

Baisse du salaire minimum


A Chypre le salaire réel est diminué continuellement depuis 2010. La baisse du pouvoir d’achat devrait atteindre environ 10% pour la période 2010-2013. En Grèce le salaire minimum baisse encore, réduit de 22% pour l’ensemble de la population et de 32% pour les moins de 25 ans ce qui les place en dessous du seuil de pauvreté.

L’autre mot d’ordre c’est la flexibilité du travail. Ce qui veut dire faciliter les conditions de licenciement généraliser les contrats précaires type CDD, de faire faire des heures supp non majorées… En France, c’est le principe de l’ANI, loi dite de « sécurisation de l’emploi » qui donne les moyens aux patrons de faire encore plus pression sur leurs employés, leur permettant d’augmenter le temps de travail sans augmenter les salaires voire de directement baisser les salaires, de les envoyer bosser à l’autre bout du monde, et sinon c’est la porte… Les procédures de licenciements collectifs sont simplifiées, les recours juridiques pour les salariés limités dans le temps, et encore bien d’autres mesures qui permettent de faciliter les licenciements et de faire pression sur les salaires.

C’est à peu près pareil partout : Au Portugal la semaine de travail passe de 35 à 40h et bien sûr sans réévaluation salariale, dans tous les pays les congés et jours fériés sont réduits et les primes supprimées; En République Tchèque l’indemnité maladie est diminuée de 60% ; En Roumanie les salaires sont immédiatement baissés de 25% ; En Hongrie, une réforme du statut des fonctionnaires permet désormais de virer n’importe qui après un préavis de deux mois sans aucun motif… etc.

Baisse des salaires dans la fonction publique

Dans certains pays ils sont gelés sur plusieurs années, dans d’autres la baisse est immédiate notamment en Grèce et toutes les primes sont sucrées. Au Portugal, une baisse de 27% des salaires des fonctionnaires avec la suppression des bonus et traitements de base. En République Tchèque, certains perdent jusqu’à 30% de leur salaire avec le basculement des primes d’ancienneté transformées en primes de productivité.

Salaires Indirects : (retraites, chômage et aides sociales)

Dans tous les pays l’âge de départ à la retraite passe à 66 ou 67 ans, les pensions sont gelées et parfois baissées. En Hongrie et au Portugal le 13e mois des retraités est supprimé. La privatisation du système des retraites est envisagée un peu partout, il sera mis en place partiellement en République Tchèque l’année prochaine.

Le nombre de chômeurs augmente toujours et ils sont de plus en plus jeunes et de longue durée. Les critères d’éligibilité sont durcis, les allocations baissées et leur durée réduite, en gros on fait passer les chômeurs pour des branleurs et on les fout à la porte pour faire baisser les chiffres. L’allocation de chômage baisse et devient dégressive, en Hongrie elle passe de 120% à 90% du salaire minimum le 1er mois puis à 80% et 70% les mois suivants, et limitée à 90 jours contre 270 auparavant.

La plupart des aides spéciales sont baissées ou simplement supprimées. Aides au logement, pensions d’invalidité, allocations familiales… pas de petites économies. Les étudiants voient leurs bourses baissées, ou n’y ont plus droit et sont forcés d’abandonner leurs études (en Espagne 20% des étudiants ont déjà perdu leur bourse), et ceux qui ont une formation financée sont redevables aux yeux de l’état comme en Hongrie. Les revenus d’insertion sont baissés et leurs critères durcis, au Portugal c’est près de 100 000 personnes qui ont perdu leurs droits durant les trois premiers mois de l’année. En Espagne, en plus d’être forcés à bosser pour garder leur RSA, il faut maintenant pour y prétendre avoir d’abord réussi à décrocher un premier contrat de travail !

Cette logique pousse à accepter n’importe quel job à n’importe quel prix, ce qui tend à peser sur le marché et à faire baisser encore le prix de la force de travail.

Coût de la vie

En plus des ponctions directes sur les revenus c’est aussi le coût de la vie qui augmente.

La TVA atteint des records, 27% pour la Hongrie (18% pour les produits de base !) au coude à coude avec la Roumanie à 24%, le Portugal et la Grèce à 23%.

De nouvelles taxes apparaissent quand d’autres augmentent. Mais comme les taxes font peur on leur donne une connotation positive, on voit donc poindre et augmenter les taxes « morales » sur les produits « nuisibles » : tabac, alcool, essence, transports, énergie… En Hongrie comme dans la plupart des pays, on trouve une « taxe hamburger » sur les produits trop gras, trop salés, les sodas, les jeux de hasard, les appels téléphoniques, une taxe qui sera bientôt élargie à la bière et au café, ça aussi c’est mal.

En Espagne c’est carton plein pour les bonnes taxes, le gouvernement augmente donc la TVA sur les évènements culturels, ils ne peuvent pas dire que ce soit mauvais pour la santé alors ils nous disent que c’est du luxe !

Les bonnes taxes sont aussi celles qui ont l’air de taxer les riches. Une taxe sur les entreprises à Chypre de + 2.5% mais qui sera forcément répercutée sur les salaires. En Hongrie, on stigmatise le capitalisme financier, la « taxe Tobin » s’applique à absolument toutes les transactions financières (virement, retrait…) et ce pour les riches comme pour les pauvres, c’est ça l’égalité pour tous ! D’ailleurs le taux d’imposition sur le revenu est fixé à 16% que ce soit pour les patrons de multinationale ou pour les smicars comme ça pas de jaloux…

Privatisation et fonction publique

La tendance reste aux liquidations des biens publics, et aux licenciements massifs.

Ce qui est le plus inquiétant dans la majorité des pays ce sont les mesures prises contre le secteur de la santé. Au Portugal, son budget est réduit drastiquement et le coût des consultations augmente au point d’impliquer une augmentation de la mortalité de 10% pour le mois de février comparé à l’année précédente.

C’est la même chose un peu partout, en Italie le budget de la santé est amputé de 5 à 8 milliards d’euros avec une suppression massive de lits d’hôpitaux voire de cliniques entières tout comme en Hongrie. En Espagne, Rajoy entend faire des coupes hallucinantes atteignant les 15 milliards d’euros, c’est 5 milliards de plus qu’annoncé précédemment.

Les grèves se multiplient dans tous les pays dans tous les secteurs, le chômage atteint des sommets, le prolétariat est assaillit de tous côtés, c’est la nouvelle grande dépression.


http://www.tantquil.net/2013/11/01/synt ... epression/
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Re: Europe vs Austérité

Messagede bipbip » 09 Mai 2014, 10:01

15 mai : encerclement du Palais d’Egmont et de l’European Business Summit

Le 15 mai, les plus grandes entreprises invitent nos décideurs (Karel de Gucht, Didier Reynders, Guy Verhofstadt, etc.) au Palais d’Egmont pour l’European Business Summit. Les organisateurs de cette grande messe du lobby annoncent leur objectif : influencer les leaders européens à quelques jours des élections. Le vent leur est favorable. Après l’adoption du TSCG qui garantit que les populations payeront le prix des dérives du secteur privé, un grand projet d’accord transatlantique, ou TTIP, est en cours de négociation.

Démocratie à vendre
Cet accord est négocié loin de tout débat public par la DG commerce dirigée par Karel de Gucht, qui refuse de rencontrer ceux qui s’y opposent. Et pour cause, il sait que son contenu ne plaira pas aux électeurs. Par exemple, le TTIP donnera aux entreprises des droits supérieurs à ceux des Etats. Elles pourront attaquer en dommages et intérêts les Etats lorsqu’elles estimeront que des représentants démocratiquement élus prennent des décisions nuisant à des profits escomptés. Et tant pis pour l’argent des contribuables…

Souveraineté alimentaire à vendre
Le Partenariat transatlantique permettra aux industriels de l’agroalimentaire d’augmenter leur poids sur la politique agricole et alimentaire en Europe et aux Etats-Unis. Les lobbys étasuniens sont enthousiastes : ils déclarent que ce traité sera pour eux l’occasion d’enfin d’exporter vers l’UE des poulets nettoyés au chlore, des OGM, des bœufs gonflés aux hormones ou d’autres aliments écartés de nos assiettes à cause des risques sanitaires qu’ils représentent. Les entreprises européennes y trouveront leur compte, heureuses de pouvoir adopter les recettes états-uniennes pour produire plus et moins cher… au détriment de la santé des peuples.

Soins de santé à vendre
Autre cible des appétits des investisseurs : les services publics. Il est ainsi prévu d’ouvrir à la concurrence le secteur des services, quels qu’ils soient. L’austérité, la libéralisation, le Partenariat transatlantique… tout concourt à cet objectif.
A titre d’exemple, les politiques d’austérité appliquées partout en Europe ont une conséquence directe : la commercialisation de la santé. Les besoins ne pouvant plus être couverts par les opérateurs publics ou à but non lucratif à cause d’un sous-financement chronique, ce sont les entreprises à but lucratif qui prennent le relais, sélectionnant les patients qui peuvent payer. Et tant pis pour les autres…

Solidarité sans frontières
L’Union Européenne, les gouvernements et les lobbies financiers et industriels ont déclaré la guerre aux travailleurs, aux agriculteurs, aux usagers... à la majorité de la population. Ils veulent tout privatiser, tout marchandiser, tout liquider...
Nous ne les laisserons pas faire ! Nous encerclerons le Palais d’Egmont le 15 mai prochain.

Face à la catastrophe sociale, écologique et alimentaire annoncée, la société civile se mobilise. L’encerclement du Palais d’Egmont sera le coup d’envoi de journées d’actions partout en Europe (http://mayofsolidarity.org/). Seront présentes à Bruxelles des délégations allemandes, françaises et italiennes pour montrer que c’est par-delà les frontières que la solidarité se construit.

http://www.d19-20.be/fr
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