Communiqué de la CGT fralibvira qui évoque la comparution de Gérard Cazorla devant le Tribunal Correctionnel de Marseille ainsi
que les "négociations" issues de la Table ronde d'hier à la préfecture de Marseille.
http://cgt.fralibvivra.over-blog.com/dont un entretien avec Olivier Leberquier, délégué syndical Fralib :
FRALIB : ELEPHANT SURVIVRA !
Voilà deux ans que les salariés de Fralib, dans les Bouches-du-Rhône,sont mobilisés pour sauver leur usine et leurs emplois. Une nouvelle table ronde sur l’avenir de Fralib a été organisée ce mercredi à la Préfecture de Marseille Un appel à un rassemblement a également été lancé par les syndicats.
A l’issue de la rencontre, l’espoir est de mise : les salariés des thés Eléphant ont annoncé la création d’un comité d’engagement dans les prochains jours. Une nouvelle étape qui permettra peut être de lancer des projets de reprise comme la création d’une société coopérative et participative (SCOP) souhaitée par les salariés.
Entretien avec Olivier Leberquier, délégué syndical Fralib
Quel avenir pour la marque de thé éléphant et les ouvriers de Fralib ? Le projet de Scop soutenu par les salariés est-il sur la bonne voie ? Entretien avec Olivier Leberquier, délégué syndical. Une interview réalisée par Claire Stephan pour Génération Solidarité.
Cela fait deux ans qu’avec plus d’une centaine de salariés vous êtes mobilisés face au géant Unilever, où en êtes-vous aujourd’hui ?
Olivier Leberquier, délégué syndical Fralib : Deux ans de lutte acharnée contre Unilever qui, le 28 septembre 2010, avait annoncé le projet de fermeture du site. Depuis le début, on milite pour le maintien de l’outil industriel et de nos emplois. Au départ, personne ne croyait beaucoup à la possibilité de faire reculer le groupe Unilever. Aujourd’hui, nous n’y sommes pas complètement parvenus mais un premier pas a été franchi. Le gouvernement a changé et des engagements ont été pris pendant la campagne électorale, les choses doivent être réglées pour les salariés de Fralib mobilisés contre Unilever. Nous avons démontré pendant ces deux ans que rien ne justifiait cette fermeture. Sur les deux dernières années, le groupe Unilever a réalisé 9,6 milliards d’euros de bénéfices nets. Personne ne peut comprendre comment un groupe qui fait autant de milliards de bénéfice peut se permettre de supprimer des emplois dans une période où justement tout le monde cherche à trouver des solutions pour, d’abord conserver les emplois et pour permettre aux nombreux chômeurs de travailler.
Vous venez de présenter un plan à Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif, pour la création d’une SCOP…
Dès le 3 janvier 2011, on a présenté un premier document intitulé « Pour une solution alternative à la fermeture du site ». Aujourd’hui, 78 salariés se sont positionnés favorablement pour intégrer la forme de SCOP et relancer l’activité. Depuis, ce document s’est construit, on a un rapport qui a été déposé, on a eu une première table ronde le 1er juin à l’initiative d’Arnaud Montebourg où on a pu présenter, avec l’Union régionale des SCOP, un projet ficelé. Et ce dernier, de la bouche des représentants du gouvernement et d’Arnaud Montebourg lui même, est sur le haut de la pile de la reprise de l’activité. Ça correspond pleinement à l’idée qu’il se fait de la reprise de l’activité, c’est-à-dire une production de thés parfumés et d’infusions sous la forme de SCOP. Aujourd’hui, un premier pas a donc été franchi d’autant plus que parallèlement, le 5 septembre, la communauté urbaine de Marseille est devenue officiellement propriétaire des bâtiments et des terrains de l’usine Fralib. Au départ, la Direction avait essayé de nous mettre dans une situation inéluctable de vente de l’entreprise à quelqu’un qui devait faire complètement autre chose que de l’activité de thé et d’infusion. Grâce à notre lutte, on a pu imposer qu’Unilever cède la totalité de l’outil industriel pour 1 euro symbolique. Aujourd’hui, si on avait eu l’intention de faire un musée de l’ex usine Fralib, on pourrait dire qu’on a gagné, mais ce n’est pas notre intention. Néanmoins, cette acquisition des bâtiments, des terrains et de l’outil industriel est un premier pas important dans la mise en place de notre solution alternative. Reste à franchir les deux dernières étapes, c’est-à-dire qu’Unilever remplisse pleinement ses obligations et notamment sociales envers les salariés, vu le carnage à l’emploi qu’ils ont créé et qui est injustifié. Puis nous devrons créer les conditions pour une réelle reprise de l’activité. Ça, c’est le plus important, notamment avec le maintien de volumes sur place et avec la marque Eléphant qui est une marque qui a été créée il y a plus de 120 ans à Marseille, qui est, de la bouche-même d’Arnaud Montebourg, en campagne électorale mais aussi de François Hollande, un patrimoine local et national. Personne ne comprendrait, ne tolérerait en France que le groupe Unilever aille fabriquer la marque Eléphant en Pologne ou en Belgique, et vienne la vendre aux consommateurs français puisqu’elle est vendue uniquement en France.
Unilever proposait une nouvelle délocalisation que certains salariés de Fralib ont déjà subie ?
Oui, puisque moi-même, je viens de l’usine du Havre qui a fermé en 1998 et 152 emplois avaient été supprimés au Havre. Unilever se targuait à l’époque de ne pas supprimer d’emplois puisqu’ils créaient 158 emplois à Gémenos et proposaient un poste à chaque salarié du Havre, sauf qu’ils avaient oublié qu’il y avait 1 000 km entre les deux. Même si on descend du nord vers le sud, on va dire que la météo c’est plus intéressant, mais nos racines, nos familles, ça ne se balaye pas d’un revers de main ! En ce qui me concerne, je n’allais pas attendre Unilever pour trouver le chemin du soleil quand j’avais besoin de partir en vacances. Par contre, nos familles et nos amis, c’est très compliqué.
Ça fait deux ans que vous tenez avec l’ensemble des Fralib ? J’imagine que pour vous, la signification du mot « solidarité » revêt un sens particulier ?
Ah oui, le mot solidarité, on le connaît mais on n’a pas attendu de se retrouver dans cette situation-là…On fait partie d’un département où malheureusement des situations similaires à la nôtre ont pu se produire par le passé et à chaque fois qu’il y a eu des besoins de solidarité avec nos camarades qui ont vécu la même chose que nous, les Fralib ont toujours répondu « présent ». Tout à fait naturellement, depuis le 28 septembre 2010, il y a une grosse solidarité qui se fait autour de nous et qui nous permet de tenir puisqu’en 2011, on a vécu la même situation qu’aujourd’hui – entre septembre 2011 et décembre 2011, une trentaine de salariés n’avaient plus aucun salaire. Il a fallu aller aux Prud’hommes pour faire valoir nos droits, on a gagné mais pendant cette période-là, on n’avait pas de salaire et ce qui nous a permis de tenir, c’est toute la solidarité financière autour de nous.
Concrètement, comment cette solidarité s’est exprimée ?
Il y a une caisse de solidarité, il y a eu un film qui a été tourné sur nous, les bénéfices du film nous reviennent, on vend des t-shirts et il y a des dons faits par des salariés. On a des trucs de fou qui nous arrivent ! J’ai en mémoire une personne, qui en novembre 2011, nous a dit : « J’suis au RSA mais je m’engage à vous donner 10 € par mois tant que vous n’avez pas de salaire ». Et elle l’a fait ! C’est des sommes parfois plus importantes que ça pour des gens qui ont plus de moyens ou des associations, des organismes mais aussi des particuliers. Il y a une grosse solidarité qui s’est faite autour de nous, qui nous a permis de passer le cap de 2011 « sans trop de difficultés », puisqu’après, nos salaires ont été régularisés. On a redonné l’argent aux copains, puisque nous n’avions pas l’intention d’en faire un bénéfice. Les gens ont redonné l’argent qu’ils avaient touché puisqu’ils venaient d’avoir la régularisation et aujourd’hui on se retrouve dans la même situation.
http://gensol.arte.tv/blog/2012/10/03/f ... -survivra/Concrètement, comment cette solidarité s’est exprimée ?
Il y a une caisse de solidarité, il y a eu un film qui a été tourné sur nous, les bénéfices du film nous reviennent, on vend des t-shirts et il y a des dons faits par des salariés. On a des trucs de fou qui nous arrivent ! J’ai en mémoire une personne, qui en novembre 2011, nous a dit : « J’suis au RSA mais je m’engage à vous donner 10 € par mois tant que vous n’avez pas de salaire ». Et elle l’a fait ! C’est des sommes parfois plus importantes que ça pour des gens qui ont plus de moyens ou des associations, des organismes mais aussi des particuliers. Il y a une grosse solidarité qui s’est faite autour de nous, qui nous a permis de passer le cap de 2011 « sans trop de difficultés », puisqu’après, nos salaires ont été régularisés. On a redonné l’argent aux copains, puisque nous n’avions pas l’intention d’en faire un bénéfice. Les gens ont redonné l’argent qu’ils avaient touché puisqu’ils venaient d’avoir la régularisation et aujourd’hui on se retrouve dans la même situation.
Ce commentaire en dit long sur le contenu de cette lutte (inédite de par sa durée !) portée par des salarié(e)s si dignes !
Mais surtout , celui-ci mériterait une réflexion plus approfondie de la part des libertaires dans leur ensemble eu égard à leur projet de société supplantant celle que nous vivons actuellement "capitaliste" mais aussi en supplantant tous les autres "modèles" antérieurs ...
Si la solidarité "citoyenne" s'exprimait ainsi de façon généralisée auprès de salarié(e)s mais aussi dans tous les autres secteurs de luttes sociales, alors là oui, le pouvoir étatique
commencerait à trembler de peur !
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel