de Pti'Mat » 19 Nov 2011, 22:34
Kuhing: "Je pense cependant que la base ne peut pas faire infléchir les directions traîtres des grandes centrales syndicales et qu'il vaut mieux regrouper parallèlement et en dehors."
Je pense l'inverse.
Si tu pense que la base ne peut pas faire infléchir les directions traitres c'est alors que premièrement tu n'es pas révolutionnaire (car être révolutionnaire s'est s'attaquer à ce qu'il y a de plus compliqué à détruire et infléchir) et deuxièmement que tu pense que le prolétarait ne peut être révolutionnaire donc que tu es avant-gardiste car ça voudrait dire que la base est incapable de faire quoi que ce soit seule, décidant de son propre chef, qu'il lui faudrait une force extérieure pour qu'elle prenne conscience et s'organise (c'est la base du léninisme). Ensuite ça pose un autre problème, la question du pouvoir et de la décision. Si la base est obligée de quitter une orga pour en dehors trouver mieux c'est qu'il y a justement un problème à la racine: manque d'organisation, de stratégie pour éviter d'en arriver à vouloir partir. L'autre problème étant la division organique.
Alors effectivement, pour l'instant, la base ne peut infléchir les directions, et que c'est pour celà que nous proposons à cette base via les CSR de s'organiser pour atteindre l'objectif du pouvoir par la base.
Ensuite il est normal que le Front Unique apparaisse chez les trotskiste, tout simplement parce que Trotski à la veille du premier conflit mondial était en contact avec les SR français et notamment Pierre Monatte (anarchiste et syndicaliste révolutionnaire). Trotski admirait les résultats du SR en terme d'organisation de masse et de perspective révolutionnaire notamment avec la stratégie du front Unique et c'est lui qui décida d'importer cette notion en Russie puis dans l'Internationale Communiste.
La stratégie du Front Unique est à l'origine une conception pensée par l'anarchisme ouvrier qui deviendra le Syndicalisme Révolutionnaire lors de sa fusion avec le blanquisme et l'allemanisme. Que les trotskistes l'ai repris n'a rien d'extraordinaire, les communistes dogmatiques ont tout simplement voulu combiner les différentes stratégies payantes, qui donnaient de bons résultats dans le mouvement ovurier et les fussionner autour du communisme de parti. C'est aussi ce qui explique que les Partis Communistes, pendant les 4-5 ans après leurs créations (c'est à dire avant la bolchévisation du Parti par Treint) étaient majoritairement composés d'anarchistes et de SR.
Schwarzlucks: "parce que les orgas politiques et les conseils ouvriers sont des trucs purement philosophiques ". A aucun moment nous avons dit que le conseil ouvrier était purement philosophique. Notre critique du conseil c'est que justement c'est une structure instable, corporatiste, qui n'a aucun passé inscrit en terme organique dans le conscient prolétarien (ce n'est pas une organisation permanente du prolétariat) et que justement cette faiblesse organique permattait à une organisation poltiique de le contrôler c'est l'exemple des soviet et du parti bolchévique. Le fait que els conseils n'ont pas de structure interpro, seule l'organisation politique affinitaire peut alors jouer ce rôle.
"Or, c'est aussi le cas pour les syndicats. J'ai eu cette discussion avec un camarade qui connaît le droit du travail sur le bout des doigts... eh bien il m'a certifié qu'un syndicat rassemble les salarié-e-s et qu'en théorie même les salarié-e-s les plus haut placés, jusqu'aux abords de la direction, peuvent adhérer. On fait mieux question autonomie ouvrière."
Oui c'est pour ça qu'il y a plusieures conceptions du syndicalisme. Je ne sais pas si tu as remarqué mais le syndicalisme d'aurjoud'hui n'est plus le syndicalisme de classe d'hier. Nous, nous tentons de revenir au syndicalisme de classe c'est à dire revenir réellement à l'autonomie ouvrière, c'est pour celà qu'on s'organise: pour changer la structure même du syndicalisme tel qu'il est devenu.
"Ensuite vouloir mettre anarcho-syndicalisme et syndicat inféodé au PC sur le même plan parce que "y a un but déjà fixé" c'est stupide à mon avis". Encore une fois les faits historiques parlent d'eux mêmes. Explique moi la coincidence pour que l'on retrouve des anciens militants sociaux-démocrates SFIO/SFIC et du PCF à la tête des scissions anarcho-syndicalistes en France. C'est pourtant le cas. Ensuite il y a une autre réalité d'époque, jusque dans les années 30, c'est que les syndicats n'étaient pas inféodés au PC, c'était l'inverse. Lénine lui-même dira que le PCF n'était qu'une organisation passive, obligée de regarder passer devant lui toute l'action menée par la confédération. La réalité d'époque c'est que ce n'est pas le parti qui dirige le syndicat, c'est le syndicat qui dirige le parti et qui influence son action.
Ensuite, "Tout simplement parce que dans le premier cas ce sont les assemblées de travailleuses et travailleurs qui doivent décider des modalités et buts de leur lutte, pas les anarcho-syndicalistes". Faux, tu n'as pas d'expérience AS ça se voit. Je l'ai été pendant 6 ans, je sais ce que c'est. Premièrement non, dans l'anarcho-syndicalisme les travailleurs et travailleuses ne décident pas des modalités et buts de leur lutte, c'est l'idéologie AS qui influence le choix. Il n'y a de débat au niveau des modalités que dans le cadre de ce que l'AS permet et envisage, ce qui est assez restreint notamment pour assumer et assurer les actions de masses. C'est ce qui explique l'aspect groupusculaire de l'AS sans capacité à se développer massivement. Donc le coup du "léninisme anarchiste" et "avant-gardiste" tient malheureusement debout, sur ses deux jambres bien solides et déterminées.
"Alors même que les pratiques auto-gestionnaires et révolutionnaires sont intimement liées à l'anarchisme, qu'une société où l'autonomie des travailleuses et travailleurs est pleine et entière ne peut qu'être une société libertaire". Tout celà je le sais camarade, je suis moi-même anarchiste. Mais il y a une grande différence entre nous. C'est que nous (SR) n'avons pas besoin de mettre une étiquette "libertaire" pour arriver à l'autogestion et l'autonomie. Et c'est d'ailleurs historiquement tout le débat qui se déroula au congrès anarchiste d'Amsterdam en 1907 opposant Monatte à Malatesta, donc ce n'est pas nouveau qu'on s'oppose sur ces points, nénamoins le bilan à tirer c'est que force est de constater que toute organisation affirmant son étiquette "anarchiste" à échoué pour intégrer la masse (les organisations politiques anarchistes) et toutes les organisations ne mettant pas d'étiquettes mais mettant en pratique les idées anarchistes (le syndicalisme révolutionnaire) à réussi à imprégner la masse, et ça de tout temps et en tout lieu. Bref il n'y a pas à se revendiquer obligatoirement anarchiste pour réliser l'idéal anarchiste, il faut pratiquer. A vous maintenant de considérer qu'elle stratégie est selon vous payante. Mais si je ne m'abuse, le mouvement anarchiste ne fait que survivre depuis pas mal de temps. Il est donc temps de se poser des questions. Heureusement des camarades ne se laissent pas abattre, c'est le cas par exemple de Liberty and Solidarity, et peut-être bientôt l'Ogarnisation Socialiste Libertaire uruguayenne.
"pourquoi ne voulez-vous surtout pas afficher clairement que votre but, en tant que CSR, c'est le communisme libertaire ? ". C'est vrai notre objectif est l'instauration du communisme libertaire. Pourquoi ne pas l'afficher clairement ? Ca rejoint justement notre critique de l'anarcho-syndicalisme.
Tout simplement parce que le prolétariat est traversé par plusieurs échelons de conscience de classe, et parce qu'il est traversé par de nombreuses divisions. La principale action de la bourgeoisie dans la lutte des classes est d'ailleurs d'entretenir et d'augmenter ces divisions. Le constat est que la conscience de classe du prolétariat n'est pas homogène: il y a plusieurs niveaux de consciences et qui changent constamment. La lutte pour la révolution est un effort des travailleurs-euses pour dépasser leurs propres divisions en tentant de former une conscience de classe homogène.
Le syndicalisme repose sur l’unité des travailleurs-euses contre leur patron (Front Unique). C’est à dire qu’un-e travailleur-seuse adhère à un syndicat sur la base d’une appartenance de classe. Or, en affirmant son affiliation politique et idéologique « communiste libertaire », l’anarcho-syndicalisme ainsi qu'une partie de l'anarchisme engagent automatiquement un processus de division au sein de la classe ouvrière sur des points qui sont étrangers à cette même classe à ce moment donné.
Car comme je le dis plus haut, le prolétariat n'a pas une conscience de classe homogène, il y 'a plusieurs niveaux de conscience de classe et qui changent constamment. Arriver avec ses grands sabots, ses grandes conceptions idéologiques toutes faites n'aide pas le prolétariat à se conscientiser mais à le faire fuir, c'est d'ailleurs la réalité historique qui explique la dépolitisation massive d'aujourd'hui.
Le premier objectif n'est donc surtout pas d'arriver avec ses grands sabots étiquettés, ses grandes conceptions idéologiques et philosophique toutes faites car le prolétariat n'a même pas conscience à ce moment là de ce qu'elles sont. C'est extérieur donc ça le fait fuir. Se revendiquer anarchiste (comme anarcho-syndicaliste ou autre) et l'afficher c'est introduire la logique partisane avant même d'avoir réussi à construire une conscience de classe homogène, c'est faire passer la charrut avant les boeuf, c'est imposer au prolétariat le fait de prendre parti alors que son niveau de conscience ne lui permet même pas de comprendre qu'est-ce que ce parti pris. C'est pour celà que toutes les organsiations qu'elles soient marxistes ou libertaires, intervenant étiquettées sans construire le Front Unique en parallèle, n'ont eu aucune influence de masse et ne font que survivre entre les guerres de chapelles.
Nous considérons que la conscience de classe du prolétariat n'arrive pas par des discours, des idéologies, des étiquettes et des théories mais arrive dans les organisations permanentes du prolétariat: syndicats, coopératives, mutuelles, société de secours et d'entraide, organisations pilotes associatives, culturelles et de loisirs,... regroupant exclusivement des travailleurs-euses. C'est donc par la pratique, l'interprofesionnalisme, la mise en oeuvre de la gestion directe par les travailleurs-euses eux/elles mêmes à travers le temps et l'espace, que le prolétariat pourra être conquis naturellement à notre objectif commun, dans son intérêt: le communisme libertaire, l'autogestion, le fédéralisme. Ce n'est donc qu'une fois que la conscience de classe sera homogène, que le prolétariat aura suffisament d'expérience et d'outils pour s'émanciper lui-même. Et à ce moment là, plus besoin même d'étiquetter l'action prolétarienne, elle sera autonome et crédible.
Tout comme le terme communisme "libertaire". Mettre le qualificatif de « libertaire » derrière le mot « communisme » n'a pas plus de sens que de lui ajouter « autoritaire » ou « marxiste ». Le communisme définit une société dans laquelle les classes sociales et donc la division sociale ont disparu, point !
Voilà pourquoi on n'affiche pas clairement notre but, en tant que CSR, qu'est le communisme "libertaire", tout simplement parce qu'on s'en balance de ces étiquettes là qui ne veulent d'ailleurs rien dire autre qu'un pléonasme. Le prolétariat n'a pas besoin de prophétie étiquettée mais de pratique qui puisse l'intégrer à l'alternative, à la révolution, bref des pratiques qui le rendent acteur.
"Vous conchiez les bureaucrates mais d'un autre côté vous voulez l'unité à tous les échelons, ce qui intègre les Thibaut et compagnie au front unique de la classe".
Non, nous considérons que par le Front Unique les Thibault et consor ne seront non pas intégrés dedans mais seront poussés et contraints de céder devant la décision et l'action unie de la base, inversant ainsi la polarité du pouvoir décisionnaire.
"J'ai l'impression - et corrigez moi si je me trompe - que le-s syndicat-s, fétichisé-s, passe-nt avant l'auto-organisation dans votre théorie."
Le syndicat c'est la base de l'auto-roganisation. Mais je vois ce que tu veux dire alors je vais jouer le jeu pour m'expliquer.
Les soviet c'était de l'auto-organisation ouvrière et pourtant regarde ce qu'ils sont devenus: leur incapacité à la pratique interpro a eu comme conséquence que leur pouvoir décisionnaire légitime s'est fait bouffer par le parti.
Les comités unitaires de base en Italie c'était de l'auto-organisation ouvrière et pourtant regarde ce que c'est devenu: l'incapacité à la pratique interpro a poussé ses membres actifs à l'action armée clandestine sans préparer à côter les outils adequat pour que la classe prenne et détruise le pouvoir.
Pourquoi je prends ces deux exemples ? Parce qu'ils sont typiques des deux dérives irrémédiables portées par ces initiatives que sont les conseils et autres imaginations rocambolesques sorti tout droit du spontanéisme irrationnel que sont les "AG interpro", "comités de base" etc.... Parce que c'était obligé que ça finisse ainsi. Pourquoi ? Parce que pour que des initiatives comme celles-ci marchent, il faut deux outils indispensables: les structures interprofessionnelles et le syndicalisme d'industrie (c'est à dire le contrôle par branche). Or pour avoir ces deux outils, il suffit simplement de rester dans la confédération, de s'organiser comme c eque font les CSR, d'avoir une pratique adequate et ça va tout seul, pas besoin d'en sortir et de tenter l'aventure en dehors pour sa satisfaction personnelle sous l'excuse que les méchants bureaucrates ferment toute initiative de base car ça aussi ce n'est que du fantasme.
Pourquoi nous ne défendons pas ces initiatives comme aujourd'hui "ces fameuses AG interpro" ? Pour les mêmes raisons citées plus haut. Elles sont instables, sans aucune stratégie sérieuse de pouvoir et de contrôle. Ce sont des proies faciles à conquérir pour les avant-gardes car elle n'ont aucune structure organique permettant une quelconque fonction de substitution. Bref elles ne servent à rien autre qu'à être le théâtre des joutes entre tribuns avant-gardistes voulant acquérir les faveur des travailleurs-eues en lutte.
Tout ça pour dire que la révolution ne sera pas le fruit d'une génération spontannée.
Pour ce qui est du front unique en Espagne ça mériterait 3 pages d'explication, je vais donc poster d'abord ce commentaire. Ou alors plus facile, lis les brochures des CSR intitulées "Asturies 1934, une Révolution inconnue" et "Les CSR espagnoles, histoire de la tendance révolutionnaire de la CNT". Toutes les réponses à tes questions sont dedans.