Tous ces courants ont comme point commun de chercher à savoir pourquoi les femmes occupent une position inférieure dans les rapports sociaux, et comment lutter contre.
Je vais tenter de présenter les principaux courants actuels du féminisme, de manière schématique, sachant que je ne pourrais être totalement objectif du fait de ma préférence pour le féminisme matérialiste.
1 - Le féminisme libéral
Le féminisme libéral s'inscrit dans le courant de pensée des Lumières, humaniste mais bourgeois. C'est le courant le plus ancien du féminisme. Les féministes libérales réclament l'égalité des droits entre hommes et femmes (égalité de salaire, droit de vote, égalité d'accès aux études et postes à responsabilité) mais sans remettre en cause les rapports sociaux au sein de la société.
On pourrait dire que le féminisme libéral ce serait "les femmes aussi doivent pouvoir commander, comme les hommes, devenir patronnes, comme les hommes etc."
Pour elles, ces changements peuvent se faire au sein de la société capitaliste, car ce sont des préjugés, des stéréotypes, des valeurs réactionnaires, groupée dans un système de valeur appelé sexisme, qui sont responsable de l'inégalité hommes-femmes. Par exemple, le préjugé sexiste selon lequel les femmes sont plus douces, plus gentilles, ...
Leurs moyens d'action sont donc de lutter contre ces préjugés et ces valeurs, par un travail d'éducation, des lois, des conférences...
C'est un courant modéré.
2 - Le féminisme marxiste ou socialiste.
Pour ces féministes, les inégalités proviennent en définitive du système capitaliste. L'oppression des femmes serait née avec la propriété privée.
C'est la nécessité de transmission d'héritage, du contrôle de la descendance, qui a instauré la monogamie et mis les femmes sous contrôle des hommes dans la sphère privée.
Ainsi, pour que cesse l'oppression des femmes, il suffit de renverser le capitalisme. Lorsque la propriété sera collective, la famille patriarcale éclatera : les enfants seront élevés en commun, le travail domestique sera pris en charge collectivement...
La lutte féministe ne peut être autonome sous peine de devenir "un individualisme bourgeois" et ne peut se réaliser qu'à travers la lutte des classe au sein du monde du travail.
Cependant, les féministes marxistes ont aussi des revendications immédiates et rejoignent sur ce terrain les féministes libérales (droit aux garderies, égalité d'accès à l'éducation, au marché du travail...). A la différence près que le but de ces revendications est de mettre à mal le capitalisme afin de le renverser.
3 - Le féminisme radical matérialiste
Pour ces féministes, le capitalisme seul ou le sexisme ne peuvent expliquer l'oppression des femmes. Il existe un système d'oppression spécifique, le patriarcat (le pouvoir des hommes).
Le système patriarcal est un système d'exploitation économique distinct du capitalisme : les hommes exploitent le travail des femmes au sein du capitalisme (l'aide des femmes d'artisans, de chefs d'entreprises à leurs maris), mais aussi en dehors, dans la sphère privée, avec le travail gratuit (éducation des enfants, ménage, cuisine, soins aux anciens...).
Il agit par le contrôle du corps, de la maternité, via les lois et les comportements masculins et féminins.
Il s'ajoute à l'oppression capitaliste et au sexisme, ces systèmes sont imbriqués les uns dans les autres.
Ainsi combattre seulement le capitalisme, ou seulement le sexisme ne conduira pas à l'abolition de l'oppression selon les féministes radicales. Il faut un combat féministe spécifique, lié aux luttes sociales anticapitalistes, et qui lutte contre le patriarcat.
Cela passe par des luttes pour la réappropriation de son corps, de sa sexualité, mais aussi la déconstruction du genre (identifier et combattre les comportements genrés), le partage des tâches domestiques etc.
4 - Le féminisme radical de la femellité
Pour ces féministes différentialistes, il existe bien une différence d'origine biologique entre les genres. Il existerait une culture féminine, une éthique spécifique féminine, une manière d'exercer le pouvoir typiquement féminine, qui seraient inaccessibles aux hommes.
Le but de ces féministes est d'arriver à la protection de ce territoire féminin, de ces caractéristiques féminines. Il ne faut plus que le patriarcat ou le capitalisme aient une emprise sur le genre féminin, même s'il existe en tant que tel : ces différences ne doivent pas être prétexte à une hiérarchie.
Cette thèse est surtout défendue par des milieux bourgeois (écrivains, cinéastes, philosophes...)
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Résumé de la brochure : Les courants de pensée féministe, à consulter pour plus de détails.