Les « gauchistes » du NPA ne veulent pas de l’accord NPA-PGEn signant avec le PG de Jean-Luc Mélenchon un préaccord pour des listes communes aux futures élections régionales, la Commission exécutive du NPA a déclenché une vague de protestations dans les rangs de SA majorité. Habituée aux discours gauchisants et triomphalistes de sa direction, une partie de cette majorité ne comprend plus que l’on s’accorde désormais avec un parti dont on avait repoussé quelques mois auparavant les propositions d’alliances. Il est vrai qu’entre temps, les résultats des européennes sont passés par là. Mais cette « gauche » [terme de pure convenance] du NPA ne rêve que de luttes, de grève générale et de « renversement du capitalisme ». Elle n’a cure des petits calculs électoraux d’une direction qui vient soudainement de changer son fusil d’épaule. Je publie, ci-dessous, plusieurs de ces réactions qui s’ajoutent à celle d’une dizaine de membres du CPN publiée récemment.
1/ Contribution au débat de camarades de la Haute-Garonne
Signataires : Laurent (Colomiers, conseiller municipal, CILT31), Pauline (Jeunes travailleurs, CPN), Patrick (Airbus, CILT31), François (Jeunes travailleurs, secrétariat fédéral 31), Côme (Mirail, secrétariat jeunes national), Fanny (Toulouse Centre, CILT31), Simon (Arsenal, SF 31), Céline (SNCF), Sylvain (Santé), Flora (Colomiers), Ianic (Colomiers), Sébastien (Toulouse Centre), Fanny (Arsenal), Nadia (Colomiers), Ian (Bonnefoy), Sylvain (Toulouse Nord, CILT31), Yann (Bonnefoy)
Nouveau « Mai 68 » ou Nouveau « Mai 81 » ? - Nous tenons à exprimer notre inquiétude quant aux récentes prises de position du comité exécutif, notamment l’élaboration de la déclaration commune avec le PG. La précipitation et les divergences politiques qu’occasionne cette déclaration nécessitent une réappropriation large du débat dans l’organisation.
Loin de s’atténuer, la crise s’accentue. Dans tous ces aspects (économiques, sociaux, politiques, écologiques) nous traversons plus qu’une classique crise conjoncturelle. L’idée de la bourgeoisie de réguler le système via des plans de relance s’est soldée par un échec. Dans les différents pays les gouvernements sont repassés à l’offensive (cf. la feuille de route donnée par Sarkozy à Versailles). Pour maintenir le système, les classes dominantes n’ont que deux solutions, accentuer la pression sur les travailleuses et les travailleurs (licenciements massifs, baisse des salaires, casse des services publics…) et mener des offensives impérialistes pour asseoir leur domination (Iran, Afghanistan,…).
Une priorité : l’unité dans les luttes ! Acculés par le patronat, les travailleuses et les travailleurs n’ont qu’une solution : se donner les moyens d’inverser le rapport de force. L’urgence est à construire partout, dans les quartiers, les entreprises, les services publics, des fronts de luttes et de dégager des revendications unifiantes. Pour cela, il faut rassembler dans des fronts de lutte, sans exclusive, toutes les composantes de la gauche politique et syndicale pour entraîner l’ensemble de notre camp social. Seul un mouvement d’ensemble, une grève générale, sera en capacité d’améliorer les conditions matérielles de notre classe et de dégager la perspective d’un renversement du capitalisme. La priorité exclusive du moment est d’obtenir une déclaration unitaire sur des objectifs précis avec un calendrier d’action ambitieux et non une déclaration sur la tactique électorale des forces de la « gauche de la gauche » aux régionales. Cela nécessite, pour nous, d’élaborer un véritable plan d’urgence pour la lutte que pourront s’approprier les militantes et militants de l’organisation (droit à l’emploi, interdiction des licenciements, augmentation des salaires, diminution du temps de travail, contrôle ouvrier…)
La récente déclaration NPA-PG ne répond pas à cette priorité. La direction de l’organisation a fait le choix de la tactique électoraliste. A ce jeu là, les appareils du PC et du PG auront toujours un train d’avance. Par ailleurs, les anticapitalistes n’ont pas d’illusions sur la possibilité de changement par les urnes comme nous l’avons acté dans nos principes fondateurs. Nous nous présentons aux élections pour diffuser un programme. Si nous avons la chance d’avoir des élus, ils ne sont que les relais des mobilisations de masse et des sentinelles dans les institutions que nous voulons renverser. La récente déclaration PG-NPA pose de ce point de vue deux problèmes : elle sème des illusions sur la nature anticapitaliste du PG/PCF d’une part et elle donne du crédit à la stratégie de « révolution par les urnes » prônée par Mélenchon. Cette révolution par les urnes a déjà eu lieu en Mai 81 quand la gauche arrive aux affaires en prétendant pouvoir appliquer un programme de rupture avec le système dans le cadre des institutions. Sans remonter si loin, il y aurait beaucoup à dire sur le bilan des militants du PG dans les institutions qui n’ont jamais quitté les directions des exécutifs. De même, que sur le rôle des cadres syndicaux du FG au printemps qui ont cautionné la stratégie des directions syndicales. Il faut continuer à distinguer la nécessaire unité dans les luttes et la participation commune à des échéances électorales !
Renforcer le débat démocratique dans l’organisation. Le positionnement politique de la direction ne nous correspond pas. Le positionnement de nos listes au second tour des régionales en faveur de fusions « techniques » mériterait au moins une discussion dans le nouveau parti que nous construisons. Pour conclure, nous ne pouvons nous satisfaire d’une déclaration qui implique un changement d’orientation alors que les structures de base de l’organisation n’ont pas été consultées. Un large débat doit s’ouvrir jusqu’au CPN de la rentrée qui permette à l’ensemble des militantes et militants de s’approprier ces questions et de choisir en conséquence. Ce CPN devrait préparer une conférence nationale à l’automne pour trancher ces questions. Par ailleurs, il est urgent pour nous de préciser notre programme et notre stratégie pour renverser le capitalisme afin de renforcer la cohérence de notre organisation et son utilité dans les confrontations à venir.
2/ Mazdak (membre du CPN-département 38) - Ici comme dans d’autres départements, le ton et le contenu de la déclaration commune NPA / PG ont surpris voire choqué un grand nombre de camarades. Précisons qu’en ce qui nous concerne, le débat ne porte pas sur la décision du CPN de rencontrer les forces politiques à la gauche du PS. Cela est juste politiquement que ce soit sur la question des luttes sociales ou sur celle des campagnes électorales. En effet, le NPA n’a pas vocation par principe à camper seul sur des positions anticapitalistes. Nous devons explorer toutes les pistes nous permettant d’être toujours plus nombreux face à « ceux d’en face », cela s’appelle construire un rapport de forces. En effet, si «structurellement » le NPA est anticapitaliste, il doit porter l’exigence de l’unité de toutes les forces anticapitalistes.
Les axes défendus par le NPA et votés au CPN pour les rencontres bilatérales sont justes : un soutien actif au développement, à l’extension et à la coordination des luttes, un programme anticapitaliste avec des mesures phares d’urgence pour les régionales, un positionnement strictement indépendant des listes du PS et écologiste, aucun accord de solidarité de gestion. En cas d’accord politique avec d’éventuels partenaires, il ne pourrait s’agir pour nous que d’un accord national avec des listes communes dans toutes les régions. Ces axes permettent de mener une bataille pour l’unité tout cela en aidant à la clarification politique. Il nous semble que la déclaration commune PG / NPA devait s’en tenir, sur ces points-là, aux accords et désaccords constatés et à des propositions pour faire préciser ou évoluer les positionnements.
Or deux problèmes apparaissent : le ton très euphorique de la déclaration et la question du deuxième tour des régionales. Par sa tonalité le communiqué, donne l’impression qu’un accord est déjà bouclé ou qu’il est vraiment à portée de main. Il nous semble au contraire qu’il reste pas mal de chemin à parcourir et d’obstacles à franchir : le PG est-il d’accord pour s’engager à soutenir de toutes ses capacités les luttes, à aider à leur extension et à leur coordination ? Cela serait un changement de pratiques intéressant et utile dans les luttes : dans la dernière période, le PG a été soit absent soit a combattu par la voix des différents cadres syndicaux qui lui sont affiliés, toute unification et coordination des luttes !
Sur le plan électoral : Quelles mesures d’urgence serait-il prêt à défendre dans le cadre des régionales ? Rien n’est dit sur cette question essentielle (même si personne n’attend de programme complet à ce stade des discussions !). S’engage-t-il à refuser de rejoindre une majorité de gestion avec le PS ? Sur ce point, l’ambiguïté, c’est le moins que l’on puisse dire, plane ! Le communiqué ne permet aucune clarification à ce sujet. Seul point positif : l’accord des deux parties sur « un accord national » en cas de listes communes, chose qui mérite d’être vérifié tout de même.
Sur le deuxième tour, nous n’acceptons pas la position qui a été prise : d’abord parce que, à juste titre, la résolution du CPN stipulait qu’il ne fallait exclure aucun cas de figure au deuxième tour. Ce qui parait raisonnable : qu’en sera-t-il des luttes sociales, quel sera le rapport de forces ? Quelle aura été l’action des différents partis de la gauche du PS pendant tous ces mois qui nous séparent du scrutin ? Ensuite, le positionnement au deuxième tour est une question tactique et se décide après l’analyse des résultats du premier tour. Ou alors il ne s’agit plus de tactique mais de stratégie.
Nous sommes étonnés et en désaccord avec la décision de la CE qui, 10 mois avant le scrutin, délivre un positionnement pour le vote du second tour, c'est-à-dire qui clôt un débat qui n’a pas commencé dans le NPA alors que nous avons encore tout à faire pour informer et former l’ensemble des camarades sur l’enjeu des régionales. Nous former et nous informer pour que ces enjeux soient suffisamment clairs pour tous et toutes afin de décider ensemble de notre stratégie pour cette échéance et de notre tactique de deuxième tour. Enfin dans les conseils régionaux dans lesquels le Parti de gauche a aujourd’hui des élus, un bilan de leur positionnement lors des votes du budget ou de subventions doit être fait réellement.
Pour finir, nous voulons qu’un débat soit ouvert dans le NPA sur le bilan de toutes les réunions bilatérales dès maintenant afin que les comités puissent se saisir des questions, que l’Université soit aussi un moment d’échanges et de confrontations des différents points de vue sur la stratégie qui sera la nôtre aux élections régionales, dans le respect des premiers votes du CPN.
3/ Comité NPA Charente - Nous sommes désagréablement surpris d'apprendre par la presse et la radio qu'un préaccord en vue des élections régionales est sur les rails avec le PG, et que les modalités d'un accord "technique" avec le PS sont déjà posées et annoncées publiquement dans le communiqué commun PG – NPA !
Il nous semble que la primeur de l'information aurait pu être réservée aux militants du NPA, mais surtout qu'il aurait été nettement souhaitable que le débat sur les régionales ait eu lieu avant dans notre organisation. La résolution du dernier CPN précisait pourtant : « Il s’agit d’une orientation générale qui n’exclut pas l’ensemble des cas de figure qui peuvent se poser (fusion, maintien de nos listes, désistement, abstention…) » et qu’il aurait fallu aussi dire explicitement dans le communiqué avec le PG. Nous ne sommes pas opposés à des rencontres avec d'autres organisations mais les déclarations faites à l'issue de celles-ci et les engagements doivent respecter un préalable démocratique élémentaire : la consultation des militants. D’autant plus que notre comité a décidé que, dès la rentrée de septembre, nous mettons en route des formations sur les Régionales et la politique du NPA, et qu’un stage régional sur ce sujet est proposé pour les 10 et 11 octobre.
Nous avions déjà réagi -et protesté- lors des européennes quant à la "désignation" des têtes de liste qui avait été expliquée par des impératifs d'urgence. Mais là, point d'urgence. Ce type de pratiques doit être définitivement banni. Nous demandons la diffusion de notre message à tous les comités NPA.
4/ Allaoui, lycéen et membre du NPA. Le NPA va-t-il devenir un énième parti électoraliste ? Une chose est sûre, suite à la décision tout à fait scandaleuse du CE, qui n’a pas hésité à spolier toute forme de débat au sein du parti, une vague d’indignation a ébranlé les esprits de la majorité de mes camarades. Cette réaction, était prévisible. Nous, jeunes militants, en devenant membre du parti, pensions rejoindre la nouvelle gauche révolutionnaire, celle qui est consciente que le peuple ne triomphera pas grâce aux élections dites "démocratiques", étant donné que ces dernières sont contrôlées par la classe dirigeante bourgeoise, celle qui a vocation à rassembler toutes les mouvances d'"extrême" gauche pour construire un front commun et dynamique face au système capitaliste, celle qui milite dans la rue, auprès des salariés, des lycéens, des étudiants, des chômeurs et de toutes les autres personnes qui font face chaque jour à l’oppression impérialiste, et enfin, celle qui applique en son sein la démocratie, bafouée depuis toujours par nos bienveillants dirigeants.
Avec cette prise de décision, le CE change non seulement radicalement la ligne directrice du NPA après seulement 6 mois d’existence, mais offense également tous les militants et militantes qui avaient foi en l’idéal révolutionnaire qui animait ce jeune parti. Moi-même, jeune militant, je ne vous apprendrai rien en vous disant que de nos jours les partis sont perçus d’un mauvais œil auprès de la jeunesse, notamment, celle se réclamant de la gauche anticapitaliste et révolutionnaire. Et bien, au moment même ou nous commencions à défaire ce préjugé et à rallier ce qui devait devenir l’avant garde du parti, et plus globalement, la force vive de l’insurrection à venir, le CE par cette décision, que nous ressentons comme une véritable trahison, a réussi à conforter très largement cet état d’esprit, et par la même, sème le doute chez ceux pour qui il était évident que sans parti nous n’arriverions à rien.
Dans notre région, nous avions enfin réussi à poser, non sans difficultés, les bases d’un comité jeune, nous avions réussi en quelques semaines à rassembler plus d’une vingtaine de militants motivés par l’idéal que diffusait alors le NPA. De jeunes militants déçus par le PS et le PC, d’autres hostiles à l’idée même d’adhérer à un quelconque parti aussi révolutionnaire fut-il, et même des jeunes apolitiques, mais néanmoins révoltés par le système morbide dans lequel nous survivons, nous ont rejoints. Mes camarades et moi avions réussi à instaurer un climat de confiance et de sérénité dans notre petit comité fraîchement crée. C’est alors, qu’à la manière de la bureaucratie bourgeoise, le CE, diffusa une déclaration mettant en évidence notre future alliance avec un parti qui n’a, depuis bien longtemps, plus rien à voir avec la gauche révolutionnaire et anticapitaliste à laquelle nous appartenons tous. Nous n’étions aucunement au courant de ce qui se déroulait dans les coulisses de notre parti, et cette déclaration amorça le lent et douloureux processus de dislocation qui est actuellement en cours dans notre comité. A présent, tout est à refaire, mais ce n’est peut-être pas perdu.
Dans 10 longs mois les régionales auront lieu, pourtant la direction du NPA a déjà fondé une alliance avec un parti réformiste, incarnant à nos yeux une gauche moribonde et désuète, alors même que la crise systémique s’accentue de plus belle. Nous ressentons ce changement de bord comme irresponsable, décevant, et contre tous nos principes démocratiques. Néanmoins, il est encore temps de redéfinir le rôle du parti, de l’utiliser pour ce à quoi il a été créé à la base, à savoir, être une structure stable sur laquelle le peuple pourra compter, un agitateur de conscience, afin d’aider à élever celle des travailleurs et travailleuses, de la sublimer, pour que ceux-ci puissent par eux même créer la révolution par les luttes.