Iran

Re: Iran

Messagede ivo » 24 Sep 2012, 09:26

Téhéran met en garde Israël et menace d'une «attaque préventive»
http://www.liberation.fr/monde/2012/09/ ... ive_848256
Le chef de l'armée de l'air iranienne assure qu'une frappe israélienne mènerait à une «troisième guerre mondiale».

Un commandant des Gardiens de la Révolution, l’armée d'élite du régime iranien, a assuré qu’une attaque d’Israël sur l’Iran déclencherait «une troisième guerre mondiale», mettant en garde contre une possible frappe «préventive» de Téhéran en cas de préparatifs israéliens.

Si Israël et l’Iran s’opposaient militairement, «cela deviendrait une troisième guerre mondiale», a déclaré le général Amir Ali Hajizadeh, chef de l’armée de l’air, à la chaîne iranienne en langue arabe Al-Alam.

Si une attaque israélienne semblait imminente, «il est possible que nous menions une attaque préventive. Mais nous ne voyons pas cela pour le moment», a déclaré M. Hajizadeh, qui est en chargé des forces missilières.

Des dirigeants israéliens menacent régulièrement de mener des frappes contre les installations nucléaires iraniennes pour empêcher le pays de se doter de l’arme atomique, même si Téhéran insiste sur le caractère civil de son programme controversé.

Israël, considéré comme l’unique détenteur de l’arme nucléaire dans la région, estime que le programme nucléaire iranien représente une menace pour son existence.

En cas d’attaque israélienne, que les Etats-Unis aient ou non donné leur feu vert, les Iraniens «attaqueront les bases américaines à Bahreïn, au Qatar et en Afghanistan»
, a ajouté M. Hajizadeh.

Israël «ne peut pas imaginer (la) réponse (iranienne) - et subira des dommages lourds», a-t-il ajouté, en évoquant un «prélude à sa disparition».

Samedi, le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des Gardiens de la révolution, avait estimé que la guerre d’Israël contre l’Iran «(finirait) par arriver» et que son pays était prêt à cette confrontation qui provoquerait la destruction de l’Etat hébreu.

C'était la première fois qu’un haut responsable iranien reconnaissait officiellement la possibilité d’un conflit armé avec Israël, ennemi juré de Téhéran, dont les dirigeants avaient jusqu'à présent qualifié de bluff les menaces israéliennes sur des frappes.

«La stratégie défensive (de l’Iran) est basée sur l’hypothèse que nous allons nous engager dans une guerre, une bataille massive contre une coalition mondiale menée par les Etats-Unis», a par ailleurs déclaré dimanche l’adjoint du général Jafari, le général Hossein Salami, à l’agence Fars.

Il a précisé que la République islamique avait mené des préparatifs pour «écraser l'ennemi», en frappant ses «bases dans la région, la sécurité du régime sioniste (Israël, ndlr) et le marché énergétique, de même que les vies des forces ennemies».

Néanmoins, il a souligné: «Nous ne commencerons pas une guerre. Mais si quelqu’un nous déclare la guerre, nous lancerons des offensives continues».

(AFP)


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Re: Iran

Messagede ivo » 25 Sep 2012, 10:30

Téhéran donne un coup d'accélérateur à son projet d'Internet "halal"
Ce cyber-réseau “halal” - purgé de tout contenu jugé dangereux ou offensant par le régime des mollahs - serait mis en place au printemps 2013, ont annoncé plusieurs médias iraniens cités par l’agence de presse américaine Reuters. “En fait, depuis samedi, il semblerait que les 42 000 départements de la fonction publique ont basculé sur cet immense intranet à l’échelle nationale et ont été coupés de l’Internet”, a constaté Reza Moini.

>>>
http://www.france24.com/fr/20120924-ira ... -debit-vpn
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Re: Iran

Messagede ivo » 03 Oct 2012, 10:13

L'Iran s'enfonce dans la crise
http://www.lesechos.fr/economie-politiq ... 367951.php
Déstabilisée par des sanctions occidentales qui pourraient d'ailleurs être encore alourdies bientôt, l'économie iranienne s'enfonce dans la crise. Le rial a perdu 17 % hier face au dollar, pour tomber à un plancher historique, à 34.500 rials pour un billet vert. Washington y voit le « succès » des sanctions internationales. La monnaie iranienne a perdu les deux tiers de sa valeur en dix mois. Suite aux pressions américaines et à l'embargo européen destinés à le faire renoncer à son programme nucléaire controversé, l'Iran a perdu ces derniers mois la plupart de ses débouchés à l'exportation de pétrole, qui fournit la grande majorité de ses recettes fiscales et en devises. Téhéran ne vend quasiment plus qu'à la Chine et à l'Inde. En outre, à la perspective de voir leur pays isolé et étranglé, les Iraniens essayent à tout prix d'échanger leurs rials contre des devises.
Cette chute du rial a fait dire dimanche au ministre israélien des Finances, Yuval Steinitz, que l'économie iranienne « est sur le point de s'effondrer, la perte des revenus pétroliers approche 40-50 milliards de dollars en année pleine ». Un commentaire loin d'être anodin, puisque Israël fait planer la menace de raids sur les sites nucléaires iraniens avant que l'Iran soit doté d'une bombe nucléaire, c'est-à-dire l'été prochain, selon Benyamin Netanyahu. Une crise économique et sociale renversant le régime des mollahs éliminerait la nécessité d'une intervention à très hauts risques militaires et géostratégiques, veulent espérer Occidentaux et Israéliens...

Un impact dramatique

Il n'est pas sûr pour autant qu'un régime post-mollahs renonce nécessairement à un programme nucléaire, mais il est d'ores et déjà clair que la chute du rial a un impact dramatique dans un pays important l'essentiel de ses produits alimentaires. La dérive des prix a atteint 24 % officiellement en août dernier, mais plus probablement 50 %, un niveau sans précédent en Iran depuis la guerre avec l'Irak, dans les années 1980, et sans équivalent aujourd'hui au Moyen-Orient. Le prix des produits de première nécessité (tomates, lentilles, lait, pain, poulet) augmente actuellement de 5 % par mois. Au point que les ménages ordinaires consacrent désormais la moitié de leurs revenus à l'alimentation. Chacun essaye de se prémunir contre l'inflation en spéculant sur des valeurs refuges, ce qui explique, paradoxalement, un marché très actif en appartements, voitures de luxe ou oeuvres d'art.

Autre signe de l'aggravation de la crise, indique-t-on de bonne source à Téhéran, les salaires de certaines unités des gardiens de la révolution, la garde prétorienne du régime, sont versés avec retard depuis quelques temps. Le gouvernement a dû renoncer cet été à démanteler le programme de subventions aux produits de première nécessité, très coûteux sur le plan budgétaire, mais qui permettait de limiter l'impact de la hausse des prix. Il a aussi essayé de stabiliser le marché des changes en ouvrant la semaine dernière un centre de change spécifique destiné à fournir des dollars à un taux préférentiel aux importateurs. Une initiative qui a au contraire alimenté la spéculation.
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Eclatement de la classe dirigeante iranienne ?

Messagede altersocial » 03 Oct 2012, 14:34

Première fissure dans le régime iranien : il semblerait que la bourgeoisie bazari, pilier du régime, se soit mise en grève et participe aux affrontements avec les forces de l'ordre.

Je vais tenter d'étoffer mon message par quelques sources tout au long de la journée.

Je pensais que la fissure au sein du régime allait venir d'une des nombreuses tendances de la machine militaire iranienne mais je me trompais lourdement : c'est au coeur du système économique iranien que vient la contestation. Et finalement ce n'est pas très étonnant ... L'économie de guerre et l'isolement accru ne favorise plus le développement (= baisse de la valeur du rial) de la bourgeoisie négociante en Iran ...

Iran : le bazar se met en grève

Une partie du bazar de Téhéran est en grève, ce mercredi 3 octobre, pour protester contre la flambée des prix, l'instabilité économique, la chute de valeur de la monnaie nationale, le rial, et l'incapacité du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad à réguler la crise économique qui frappe le pays. Le rial semblait se stabiliser mercredi à la mi-journée autour d'un taux de 34 000 rials pour 1 dollar, contre 36 000 mardi après-midi et 22 000 il y a huit jours.

Selon le site Internet proche de l'opposition Iran Green Voice, les commerçants du bazar qui ont refusé d'ouvrir leurs boutiques se sont rassemblés devant leur magasin. La page Facebook 25Bahman rapporte que certains commerçants marchent vers la place Toopkhaneh au centre de Téhéran. Voici la première vidéo de cette grève :



Le bazar n'est plus le centre de l'économie iranienne, et son poids politique n'est plus celui de l'époque révolutionnaire. Mais les autorités surveillent attentivement ses sautes d'humeur.

Le site d'opposition Kaleme rapporte que les forces de l'ordre ont été déployées en nombre sur l'avenue Ferdowsi et sur le carrefour Istanbul, au centre de Téhéran, et qu'elles ont procédé à l'arrestation des personnes sur place. La police aurait également fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.

Toujours selon la même source, les manifestants ont prononcé des slogans contre Mahmoud Ahmadinejad comme "Honte sur toi Mahmoud et lâche la politique !", "Ahmadinejad ! Sois vigilant ! Nous sommes le peuple, pas les voyous !"

Ahmad Karimi Esfahani, chef des syndicats du bazar de Téhéran a confirmé la tenue de cette grève. Il considère qu'elle a été initiée par "certains inconnus en dehors du bazar, qui cherchent à y créer du désordre".

Hier, à son retour de l'assemblée générale des Nations unies, à New York, Mahmoud Ahmadinejad avait rejeté la responsabilité de la chute du rial sur les sanctions internationales et sur ses ennemis politiques dans le pays.

Assal Reza



-Que les bazaris de Téhéran ne représentent plus, eux-mêmes, la force économique et politique du passé (cf la révolution de 79) est vrai. Mais leur force aujourd'hui est de représenter les intérêts de l'ensemble de la bourgeoisie commerçante iranienne.

-Qui sont ces "éléments extérieurs" fantasmés par certains ? :confus:

-Comment va évoluer la situation ? Les bazaris sont ultra-conservateurs et souhaite le maintien du régime islamique, ils espèrent renverser la tendance belliciste d'Ahmadinejad pour en favoriser une autre, plus "pacifiste".
Que se passera-t-il si les tendances bellicistes restent au pouvoir ? Les bazaris se joindront-ils aux secteurs de l'économie opposés au régime .... sous peine de perdre certains de leurs privilèges ? Une révolution est elle alors possible avec une alliance entre bourgeoisie plus libérale et certains militaires .... Un pouvoir conservateur mais sans une partie importante du courant historique islamiste ?? (pasdaran etc.).
Modifié en dernier par altersocial le 03 Oct 2012, 14:55, modifié 1 fois.
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Re: Iran

Messagede altersocial » 03 Oct 2012, 14:58

Quelques vidéos très intéressantes :

l'ampleur de la foule montre que la mobilisation dépasse largement les seuls bazaris ? :


Modifié en dernier par altersocial le 03 Oct 2012, 15:27, modifié 1 fois.
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Re: Iran

Messagede altersocial » 03 Oct 2012, 15:14

Sources contradictoires avec celles ci dessus :

le figaro a écrit:Crise du rial : échauffourées à Téhéran

L'intervention de la police anti-émeute ce matin dans le centre de Téhéran où se trouvent les principaux bureaux de change a provoqué des protestations et des échauffourées avec les forces de l'ordre, ont affirmé des témoins.

Des centaines de policiers anti-émeute se sont déployés dans le quartier de Ferdossi notamment pour y interpeller des revendeurs illégaux de devises. Ils ont ordonné la fermeture de tous les magasins du quartier.

Des pierres ont été lancées contre les forces de l'ordre, qui poursuivaient les protestataires, ont rapporté des témoins. Plusieurs personnes ont été arrêtées alors que des bennes à ordures étaient incendiées.


20 minutes a écrit:Iran: Heurts entre manifestants et forces de l'ordre à Téhéran


Des heurts ont éclaté mercredi à Téhéran entre la police anti-émeute et des manifestants qui dénonçaient la baisse de la valeur du rial, la monnaie nationale, rapportent des témoins.

Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour les disperser, précisent-ils, ajoutant que des agents de change se trouvaient parmi eux.

Le rial a perdu environ un tiers de sa valeur en l'espace d'une semaine, alors que le gouvernement a ouvert un «bureau de change» censé le stabiliser en fournissant des dollars aux importateurs de produits de première nécessité. Au lieu de stabiliser la devise, ce nouveau service a renforcé le lien entre le taux de change payé par les importateurs et celui, en chute libre, pratiqué sur le marché.


Reuters Dubaï a écrit:Heurts dans les rues de Téhéran après la chute du rial

Des heurts ont éclaté mercredi à Téhéran entre la police anti-émeute et des manifestants qui dénonçaient la baisse de la valeur du rial, la devise nationale, rapportent des témoins.

Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour les disperser, précisent-ils, en signalant la présence d'agents de change parmi eux.

Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au président Mahmoud Ahmadinejad, accusant sa politique d'avoir attisé la crise économique.

L'Iran souhaite supprimer le marché libre du rial, alors qu'il semble que les échanges sur la monnaie iranienne en dehors d'un bureau de change dûment patenté par l'Etat aillent en s'asséchant, a rapporté mercredi une agence de presse qui cite le ministre iranien de l'Economie.

Cette information a été publiée au lendemain d'une chute de la monnaie iranienne à un plus bas historique de 37.500 rials pour un dollar.

Le rial a perdu environ un tiers de sa valeur en l'espace d'une semaine, alors que le gouvernement a ouvert un "bureau de change" censé le stabiliser en fournissant des dollars aux importateurs de produits de première nécessité.

Au lieu de stabiliser la devise, ce nouveau service a renforcé le lien entre le taux de change payé par les importateurs et celui, en chute libre, pratiqué sur le marché.

Le rial se déprécie depuis plus d'un an et a perdu depuis juin 2011 les deux tiers de sa valeur. Les sanctions occidentales liées au programme nucléaire iranien ont sabré les revenus à l'exportation tirés du pétrole, d'où les difficultés de la banque centrale à soutenir le rial.

Les Iraniens, cédant à la panique, se sont également empressés d'acheter des devises fortes, poussant encore davantage le rial à la baisse.

Alors que le taux officiel de l'inflation atteint 25% environ, la faiblesse du rial a fait chuter le niveau de vie des Iraniens et menace d'aggraver la récente recrudescence des licenciements dans le secteur industriel.

Le grand bazar de Téhéran, l'une des zones commerciales les plus importantes de la ville, est resté fermé mercredi, selon des habitants.

Un "bazari" en articles ménagers a déclaré à Reuters que l'instabilité liée à la baisse du rial empêchait les commerçants d'indiquer les prix corrects.

Ahmad Karimi Esfahani, responsable du grand bazar, a déclaré à l'agence de presse iranienne Travail que le marché avait été fermé pour des raisons de sécurité, mais qu'il rouvrirait jeudi.
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Re: Iran

Messagede ivo » 11 Oct 2012, 09:29

"Les sanctions économiques contre l'Iran ressemblent à des saignées moyenageuses"
Pour Thierry Coville, spécialiste de l'Iran, c'est surtout la société civile qui va supporter le poids des sanctions. Et elles ne feront pas changer d'avis le gouvernement sur le nucléaire.

>>>
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/ ... 72822.html
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Re: Iran

Messagede altersocial » 12 Oct 2012, 20:15

ivo a écrit:"Les sanctions économiques contre l'Iran ressemblent à des saignées moyenageuses"
Pour Thierry Coville, spécialiste de l'Iran, c'est surtout la société civile qui va supporter le poids des sanctions. Et elles ne feront pas changer d'avis le gouvernement sur le nucléaire.

>>>
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/ ... 72822.html


Merci pour cet article.

L'auteur a une vision très géopolitique et oublie la dynamique interne des classes possédantes, et du prolétariat iranien.

"Et elles ne feront pas changer d'avis le gouvernement sur le nucléaire. " C'est vrai, mais elles feront peut être changer de gouvernement. Qui reprendra le nucléaire peut être ... après une accalmie.

Les ouvriers et la partie de la classe moyenne qui n'a pas assez de capital pour se protéger contre l'inflation (en achetant des dollars, de l'or ou des voitures, etc.) vont donc souffrir. Le secteur privé qui devra utiliser le marché noir pour ses besoins en devises sera également touché.


Et c'est une situation qui peut mener à l'insurrection ouvrière ... ou à l' "apathie cubaine".

Par contre, les Pasdarans qui contrôlent les réseaux de contrebande et tout le réseau des fondations qui a un accès privilégié aux réserves gouvernementales en devises seront moins affectés


Oui mais ces miliciens sont aussi des "salariés", aux situations diverses (hiérarchiques/géographiques).

Aucun mot sur les négociants iraniens, partie influente de la classe sociale bourgeoise en Iran.
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Re: Iran

Messagede ivo » 15 Oct 2012, 20:07

L'Europe durcit ses sanctions à l'égard de l'Iran
fr info
Devant l'impasse des négociations sur le programme nucléaire iranien, l'Union européenne durcit le ton face. Les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé lundi de s'attaquer aux transactions financières et aux secteurs des télécoms et de l'énergie.

C'est une première : les 27 ont décidé lundi de frapper le secteur des télécoms et décrété une interdiction de principe de toutes transactions financières entre les banques européennes et iraniennes. Et ce n'est qu'un début. Le chef de la diplomatie britannique William Hague a assuré que l'UE n'entendait pas en rester là dans les prochains mois.

Au fil des mois, la liste des secteurs frappés par ces sanctions européennes s'allonge :

Interdiction des assurances crédit à l'exportation de court terme (en plus de celles de moyen et long terme)
Interdiction des importations de gaz iranien (en plus du pétrole)
Interdiction d'exportation de matières pouvant servir aux programmes nucléaire et balistique iraniens tels que le graphite ou l'aluminium
Interdiction d'enregistrer des navires iraniens ou de fournir à l'Iran de nouveaux pétroliers pour transporter ses hydrocarbures
Gel des avoirs d'une trentaine de nouvelles sociétés
Après le rapport publié par l'Agence internationale de l'énergie atomique en août qui rendait compte d'un doublement de la capacité d'enrichissement d'uranium du site souterrain de Fordo, les Etats-Unis avaient déjà lancé un avertissement. "La fenêtre pour résoudre ce dossier reste ouverte (...) mais elle ne restera pas ouverte indéfiniment", avait déclaré Jay Carney, le porte-parole de Barack Obama.

"Nous voulons voir une solution négociée, mais nous allons en même temps continuer à maintenir la pression" pour faire revenir Téhéran à la table des négociations a pour sa part commenté la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
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Re: Iran

Messagede altersocial » 16 Oct 2012, 22:15

Iran : les paysans s’organisent contre la privatisation des semences

En Iran, il n’y a pas que des chercheurs en physique nucléaire ou des mollahs va-t-en guerre. Des paysans s’organisent pour résister à la privatisation des semences et préserver la biodiversité. Basta ! a interviewé le syndicaliste paysan iranien Abdol Reza Biglari, à l’occasion des rencontres internationales des maisons de semences, à Périgueux.

Plus de la moitié des paysans du monde produisent leurs semences. Parmi eux, le paysan iranien Abdol Reza Biglari. Issu d’une famille d’agriculteurs, il a mené en parallèle les métiers d’éleveur, d’arboriculteur et de professeur des écoles. Aujourd’hui retraité, il demeure engagé pour l’autonomie alimentaire et le souci d’une alimentation de qualité. Présent à Périgueux à l’occasion des rencontres internationales des maisons de semences, ce paysan livre à Basta ! les raisons de son engagement.

Basta ! : Quelle est la situation de la biodiversité agricole en Iran ?

Abdol Reza Biglari : Le lancement de la révolution verte par les gouvernements dans les années 1950 a contribué à la perte d’une grande partie de la diversité biologique. De nombreuses variétés traditionnelles ont été mises à l’écart puis perdues, au profit des variétés à haut rendement, accompagnées de leurs pesticides. Mais les semences venant de la recherche génétique sont mal adaptées à nos besoins. Elles demandent beaucoup de pesticides, d’engrais chimiques et d’eau, ce qui coûte très cher et n’est pas durable. D’autant plus que nous avons un gros problème de sécheresse dans notre région, avec des températures très élevées et relativement peu d’eau à notre disposition.

Les semences hybrides importées ont aujourd’hui complètement envahi le marché des semences. Même s’il y a encore très peu d’OGM sur le territoire iranien, ils contribuent à l’érosion génétique. Celle-ci est accélérée par la privatisation du secteur des semences : des lois définissent les graines qui peuvent – ou non – être vendues ou échangées, voire même utilisées. Ces restrictions sont un grave problème. Le fait de limiter la conservation des semences par les agriculteurs contribue à nous rendre dépendants des variétés disponibles sur le marché. Nous avons besoin de lois oui, mais de lois qui défendent les droits des paysans.

Que peut faire Téhéran pour protéger cette biodiversité des semences ?

Tout a été mis en œuvre en Iran pour que l’on se spécialise dans l’élevage. Nous avons oublié notre rôle actif dans la sélection végétale. Les agriculteurs doivent avoir à nouveau accès à des semences et des races animales adaptées à leur environnement, à leur situation économique et culturelle. Avec le soutien de l’ONG Cenesta, un centre pour le développement durable, nous avons commencé il y a six ans un programme participatif de sélection végétale, afin de trouver des variétés locales adaptées.

Nous travaillons avec un chercheur d’Icarda, un centre de recherche international basé en Syrie [1], sur la sélection de variétés de blé et d’orge qui correspondraient à nos besoins. Nous espérons qu’un jour chaque région aura des semences adaptées.

Que permet ce travail entre chercheurs et paysans ?

Un espace avec 320 variétés de blés et d’orges anciens a été créé il y a un an. Nous avons obtenu un accès aux banques de gènes internationales, et fait revenir dans les champs des variétés anciennes d’Iran. Une « banque de gènes locale » a été mise en place. Après notre passage en France, nous allons la renommer « maison de semences » ! Une maison, c’est différent d’une banque... C’est un lieu pour tous, où chacun peut venir avec sa créativité. Il est situé à une centaine de kilomètres de Téhéran. Il appartient à une personne mais tous les paysans peuvent y avoir accès. Nous sommes une vingtaine à être actifs dans cette préservation et cette création de biodiversité. Une chose est sûre : pour atteindre la souveraineté alimentaire, faire un travail collectif est absolument nécessaire.

Le gouvernement iranien soutient-il ce type d’initiatives ?

Ce programme n’est malheureusement pas soutenu par le gouvernement ni par les autorités locales. Après des années de guerre, puis de graves problèmes économiques, le gouvernement n’a pas vraiment de programme de développement agricole. Les fonds sont attribués au coup par coup, juste ce qu’il faut pour que les gens ne souffrent pas de la faim, ou manifestent et s’engagent.

Nous n’avions pas de syndicat agricole, et le gouvernement en a créé un il y a deux ans. Il reste en partie sous le contrôle des autorités, mais nous en sommes devenus membres pour pouvoir un jour utiliser ce nouvel « outil ». Il n’existe pas de mouvement ou d’organisation de consommateurs. Mais il y a une inquiétude patente quant à la qualité de la nourriture : c’est une question qui est très présente, à cause du nombre de maladies, de cancers...

Qu’est-ce qui motive votre engagement ?

Donner à manger aux gens une nourriture saine ! Il est sans doute encore trop tôt en Iran pour aller vers du 100 % biologique. Mais on peut dès à présent utiliser moins de produits et d’engrais chimiques. La plupart de ce qui est produit en Iran y est consommé. En tant que paysan, c’est mon rôle d’offrir une nourriture aussi saine que possible. Échanger des idées et des expériences avec des paysans de tous les continents, par ces rencontres internationales, est aussi très important. Ces échanges sont aussi la base pour construire la paix dans le monde.

Recueillis par Sophie Chapelle


Notes

[1] Salvatore Ceccarelli, chercheur à l’ICARDA (centre de recherche international pour la recherche agricole en zone sèche), a démontré que les paysans avaient des compétences pour faire leur sélection dans les fermes : il montre que si l’on se contente de décentraliser la sélection, on peut passer à côté du développement de sélections utiles car on n’aura pas utilisé les connaissances très particulières que les paysans ont de leur champ et de leur milieu. La réunion dans un même champ des activités de production, sélection, conservation, pour renouveler la variabilité permettent un meilleur maintien de la biodiversité.
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Re: Iran

Messagede ivo » 19 Oct 2012, 10:31

Iran: ce que pensent vraiment les généraux américains d'une attaque israélienne
http://www.slate.fr/story/63265/iran-is ... etats-unis
Les militaires américains envisagent plusieurs scénarios d'attaque israélienne pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Une chose est sûre: les Etats-Unis n'«aideraient pas ni n’entraveraient» une opération de leur allié.


Au sein de l’administration Obama, nul ne peut dire avec certitude qu’Israël finira par attaquer l’Iran pour contrecarrer son programme nucléaire. Mais l’état-major américain envisage une multitude d’hypothèses quant à une action militaire israélienne, tout en cherchant à éviter que les Etats-Unis ne se retrouvent impliqués dans un conflit sanglant qui embraserait le Golfe persique.

«Jamais les échanges entre services secrets américains et israéliens sur l’Iran n’ont été aussi poussés», m’a avoué un war planner [planificateur de guerre] du Pentagone. «Mais, dès que la question d’une attaque contre l’Iran arrive sur le tapis, Israël devient mutique et ne laisse rien filtrer de ses projets. C’est le plus grand secret israélien à l’heure actuelle.»


Selon ce haut gradé américain, les Israéliens persistent à ne rien vouloir dire de leurs plans, et ce malgré plusieurs demandes émanant du secrétaire à la Défense, Leon Panetta.

Alors que le débat public fait rage, aux Etats-Unis comme en Israël, autour de la possibilité d’une attaque militaire contre l’Iran, les huiles du Pentagone ont dû naviguer «à l’aveugle» et conjecturer sur les décisions de l’Etat hébreu et sur l’impact pour l’armée américaine. «C’est en quelque sorte de l’ingénierie inverse, a commenté mon contact. Nous examinons leurs moyens matériels et leurs capacités, nous essayons de nous mettre à leur place, d’imaginer ce que nous ferions en pareille situation. Du coup, même si cela reste de l’ordre des hypothèses, nous avons une assez bonne idée de ce qu’ils pourraient ou ne pourraient pas faire.»

Trois hypothèses

D’après plusieurs hauts responsables du renseignement américain, militaires ou civils, les stratèges du commandement central américain et du Pentagone ont retenu au moins trois hypothèses, dont l’une porte sur une série de raids particulièrement risqués visant le site nucléaire iranien de Fordow. Cette attaque est surnommée l’«Entebbe iranien», en référence à l’opération commando menée par Israël en 1976 en Ouganda pour libérer des ressortissants retenus en otage. Si ce scénario venait à se concrétiser, des commandos israéliens donneraient l’assaut au complexe qui renferme la plupart des centrifugeuses nucléaires du pays, et emporteraient autant d’uranium enrichi que possible, avant de truffer les lieux d’explosifs pour détruire le site après leur départ.

Le Centcom, qui supervise les moyens militaires américains au Moyen-Orient, s’est vu confier la mission d’étudier l’éventualité d’une frappe israélienne. D’après différentes sources, au cours de l’année écoulée, ses officiers se sont réunis plusieurs fois au siège de Tampa, en Floride, mais aussi à Doha, au Qatar, où ils ont rencontré des officiers de la cinquième flotte pour discuter de leurs conclusions.

L’analyse militaire des plans israéliens est intervenue en même temps que la controverse autour de l’insistance du Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui souhaite que les Etats-Unis imposent à l’Iran une «ligne rouge» en matière de nucléaire, dont le non-respect entraînerait une intervention militaire américaine. Cette polémique n’a toutefois eu aucune répercussion sur le processus. «C’est un problème politique, pas militaire, m’a expliqué mon contact au Pentagone. Ce n’est pas du tout notre champ d’action. Nous partons du principe qu’Israël peut attaquer à tout moment

Israël en a-t-il les moyens?

Pourtant, malgré sa solide réputation militaire, difficile de savoir si Tel-Aviv a les moyens de réussir une telle offensive: il est possible que Netannyahou ne cherche pas seulement l’appui politique des Etats-Unis, mais qu’il ait en réalité besoin qu’ils s’impliquent militairement.

Comme me l’a confié Bobby Ray Inman, amiral à la retraite:

«Toutes ces histoires de ligne rouge et d’ultimatum ne sont qu’un moyen pour les Israéliens de nous faire dire que nous attaquerons avec eux».

Et Sam Gardiner, ancien Colonel de l’Air Force, de renchérir:

«Au bout du compte, nous pouvons mener des actions que les Israéliens ne pourraient pas envisager, car nous disposons de moyens qu’ils n’ont pas».

«Pas question de se lancer dans un conflit pour faire plaisir aux Israéliens.»

Une chose est sûre: selon mes sources, l’état-major américain n’a pour l’heure aucun intérêt à mener une attaque préventive. «Le scénario d’une offensive conjointe avec Israël est très peu probable, vous pouvez oublier cette hypothèse dès à présent», m’a averti Joe Hoar, ancien commandant au Centcom. Nous ne combattrons pas non plus aux côtés des Israéliens si le conflit éclate, ajoute-t-il.

«On sait que certains dignitaires iraniens, notamment dans la Marine, rêvent d’en découdre avec les Etats-Unis, a déclaré un ancien officier du Centcom. Et, s’ils nous cherchent vraiment, ils finiront par nous trouver, mais il n’est pas question de se lancer dans un conflit simplement pour faire plaisir aux Israéliens.»

Résultat des courses, les militaires et le président Obama parlent, pour une fois, d’une seule voix. D’autres problématiques, notamment la situation en Afghanistan, auraient pu les opposer, mais s’agissant de l’Iran, c’est l’unanimité: il faut empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire; il faut éviter que les Israéliens saisissent ce prétexte pour déclarer la guerre; enfin, il est clair qu’une attaque israélienne ne déclencherait pas automatiquement une intervention américaine. Toutefois, pour éviter d’être utilisés par les Israéliens, mieux vaudrait savoir ce qu’ils ont au juste derrière la tête.

Selon trois sources sérieuses issues de l’état-major et du renseignement américain, le Centcom aurait identifié trois grands scénarios si Israël décidait de se lancer dans une action militaire préventive contre l’Iran:

Des bombardements intensifs

La première, et la plus évidente, serait celle d’une campagne de bombardements intensive menée par l’aviation israélienne et ciblant les sites nucléaires stratégiques de l’Iran. Selon un haut gradé américain, cette offensive serait appuyée par des missiles de croisière lancés depuis des sous-marins et par des missiles israéliens de type Jericho II (moyenne portée) et Jericho III (longue portée). Elle pourrait également être précédée ou accompagnée d’une guerre électronique coordonnée.

Cependant, les têtes pensantes du comité des chefs d’états-majors interarmées et du Centcom ont conclu que, du fait des moyens militaires limités d’Israël, une campagne aérienne de cette envergure ne pourrait pas durer très longtemps. «Ce serait une attaque ponctuelle, ils n’auraient pas les moyens de mener des frappes répétées», a affirmé mon contact au sein de l’armée américaine.

Si Israël possède 125 chasseurs bombardiers F-15I et F-16I très sophistiqués, seuls environ 25 F-15I peuvent transporter le missile anti-bunker à guidage précis GBU-28. Celui qui a le plus de chances de détruire les installations nucléaires de l’Iran – qui se trouvent sur des sites fortifiés. Et encore, chaque F-15I ne peut transporter qu’une munition à la fois.

La force aérienne d’Israël, bien que meurtrière, demeure limitée. Il faudrait certainement que l’aviation israélienne fasse une soigneuse sélection de ses cibles. Elle en choisirait très probablement quatre: l’usine de production d’eau lourde d’Arak, les centres d’enrichissement d’uranium de Fordow et Natanz et le site de conversion d’uranium d’Ispahan. Seraient exclus le site militaire de Parchin et le réacteur nucléaire de Bushehr, qui abritent des ingénieurs russes.

L’attaque israélienne impliquerait également des frappes de F-16I contre le réseau de défense aérienne de l’Iran. Ces appareils pourraient en outre larguer des munitions anti-bunker pour renforcer la sortie des F-15I. Quelques-uns de ces F-16I, mais pas tous, pourraient se réalimenter en kérosène auprès des avions ravitailleurs KC-707 (Israël en compte entre sept et dix).

Retarder l'échéance

Même ainsi, et dans des conditions optimales (temps clair sans vent, ciblage précis, ravitaillement bien huilé, surprise quasi totale, tirs d’interdiction [tirs sur une zone pour empêcher l’ennemi de l’exploiter] de missiles air-air, nombre minime d’accidents et destruction effective des moyens de défense contre avions de l’Iran), les haut gradés américains estiment qu’Israël ne ferait que retarder d’un ou deux ans maximum la capacité nucléaire de l’Iran. L’aviation israélienne ne serait pas en mesure de l’anéantir.

C’est peut-être ce qui explique l’impatience de Benyamin Netanyahou vis-à-vis de l’administration Obama. Il attend de la Maison Blanche qu’elle lui fasse savoir si elle compte participer à des frappes et, si oui, à quel moment. Comme l’explique l’ancien commandant de Centcom, Joe Hoar, sans mâcher ses mots:

«Comparé aux Etats-Unis, Israël N’A PAS d’armée.»

La bombe Massive ordnance penetrator (GBU-57) a récemment fait son entrée dans l’arsenal américain. Elle peut s’enfoncer à 61 mètres dans du béton armé, avant que sa charge de 2.400 kg n’explose. Le bruit court que l’armée des Etats-Unis n’en détiendraient qu’une vingtaine.

Pas de B-2, pas de GBU-57
Quant aux Israéliens, ils n’en possèdent pas. Sam Gardiner explique:

«Il y a une bonne raison à cela: seul un bombardier B-2 peut transporter la GBU-57.»

Et de poursuivre, après une pause en guise d’effet de style:

«Or – vous le savez peut-être, mais ça vaut le coup de le rappeler –, Israël ne possède PAS de B-2».

Un Entebbe iranien

La vraisemblable inaptitude d’Israël à détruire d’un coup d’un seul la capacité nucléaire de l’Iran, même en imaginant le plus favorable des scénarios, a conduit les stratèges militaires américains à élaborer une deuxième option militaire «clé en main», mais extrêmement dangereuse: c’est ce qu’ils appellent un «Entebbe iranien».

Dans ce scénario, les Israéliens renonceraient à une attaque aérienne de grande envergure. Ils orchestreraient plutôt un raid commando à haut risque, mais extrêmement payant. Objectif: parachuter une unité d’élite de Sayeret Matkal à proximité du site d’enrichissement d’uranium de Fordow, près de Qom. Cette unité (ou d’autres unités spéciales du même type), forte de 400 hommes, s’emparerait de l’uranium enrichi et le transporterait jusqu’en Israël.

Le succès d’une telle opération dépendrait d’une série de paramètres, notamment la vitesse d’exécution, la discrétion, la simplicité, et la crédibilité du renseignement israélien.

Selon le war planner du Pentagone, l’accès d’Israël aux renseignements sur l’armée iranienne et ses politiques est sans précédent. De même que sa volonté de les partager avec les responsables du renseignement américain.

Le déroulement de l'opération éclair

Voici comment les officiers américains voient la chose. Les membres de l’unité d’élite israélienne seraient transportés dans trois ou, au maximum, six avions C-130 (d’une capacité de 70 hommes), protégés par un «essaim» de F16I lourdement armés.

Les C-130 atterriraient dans le désert proche de Fordow. Le commando israélien neutraliserait les gardes lourdement armés au niveau du complexe. Ensuite, il pénètrerait dans le site et effectuerait des tirs d’interdiction sur toutes les unités ennemies se trouvant à proximité, avant de prendre possession de l’uranium et de retourner en Israël avec. Avant son départ, le commando détruirait le complexe.

Ainsi, plus besoin de bombardements massifs. Des hauts gradés américains affirment avoir connaissance de rapports selon lesquels une partie de l’uranium de Fordow est stocké sous forme d’hexafluorure d’uranium, un composé chimique utilisé durant le processus d’enrichissement. Dans ce cas, le commando n’aurait pas besoin de s’en saisir avant de détruire le complexe.

«C’est faisable et ils doivent réfléchir dans ces termes», a souligné l’officier américain haut placé. Les forces spéciales de Tsahal sont le meilleur atout d’Israël.». Le stratège américain qui m’a indiqué l’éventualité de cette opération a tout de même ajouté:

«Selon les scénarios, les pertes israéliennes pourraient être très nombreuses en raison de la proximité des divisions des Gardiens de la révolution islamique. Cette opération risquerait d’être assez sanglante».

Sanglante ou pas, les dirigeants israéliens ne devraient pas écarter d’office la possibilité d’une telle opération car, lors d’opérations antérieures, Israël a déjà eu recours à ces unités. Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Ehoud Barak, sont d’anciens officiers de Sayeret Matkal.

Le risque d'escalade

En outre, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Benny Gantz (lui-même un ancien de l’unité Sayeret Matkal) a annoncé la formation d’un corps d’élite dédié aux opérations spéciales, qui sera chargé de pénétrer en plein cœur des terrains hostiles pour y mener des attaques. Reste ce douloureux souvenir: celui du colonel Jonathan, le frère de Netanyahou, le seul à être décédé au cours de l’opération Entebbe menée par Israël.

La difficulté d’une opération comme Entebbe, c’est qu’Israël serait contraint de préparer «une unité de soutien CSAR [recherche et sauvetage au combat] efficace», m’a expliqué un haut responsable des états-majors interarmées. Cela impliquerait de faire atterrir d’autres C-130 transportant des hélicoptères qui pourraient récupérer les commandos en danger ou extraire des équipes dont l’avion a été abattu.

Il faudrait que ces unités CSAR soient déployées dans des pays voisins «ou qu’elles atterrissent dans le désert irakien», explique ce gradé. La composante CSAR vient compliquer ce qui pourrait être une opération simple, parce qu’elle implique d’autres vulnérabilités: une «échelle» qu’Israël ne souhaite peut-être pas «escalader».

Le pour et le contre

Ce scénario laisse certains militaires sceptiques, à l’image de l’amiral Inman:

«Les Israéliens ont réussi à Entebbe, mais ils ne peuvent pas en faire autant en Iran. J’ai le sentiment que si les Israéliens se mettent à envisager – même théoriquement – cette opération, c’est qu’ils ont conscience que leur première option, les bombardements, échouera. Ils essaient désespérément de se raccrocher à une solution militaire tout en sachant qu’ils n’en ont pas.»

Le colonel Gardiner, lui, est persuadé que cette opération Entebbe bis est tout à fait possible:

«C’est une option qui n’implique aucune escalade; elle est parfaitement viable et pas aussi dangereuse qu’elle en a l’air. Il faut comprendre le but recherché par Israël dans une attaque contre l’Iran. Tout l’objectif consiste à démontrer que Tel-Aviv peut exercer sa puissance n’importe où dans la région. Analysons les choses de ce point de vue. A côté de Fordow, il n’y a pas trois divisions, il n’y en a qu’une, et elle est retranchée. Les Iraniens ne mettraient pas trois heures à riposter, ils mettraient trois jours. Cela me rappelle Osirak [le réacteur nucléaire irakien qu’Israël a détruit par un raid aérien en 1981]. Les Irakiens étaient les derniers à bien vouloir reconnaître que cette attaque avait été menée par Israël. C’est ce qui se passera pour l’Iran. Les Iraniens seront embarrassés. Cette opération est intéressante et elle a du sens. Si elle est simple et si elle est menée avec efficacité et diligence, ça pourrait marcher.»

Un renversement du régime

Moins «exotique», la troisième option est peut-être la plus dangereuse de toute: la «décapitation» du régime. «Les Israéliens pourraient se contenter de déboulonner les dirigeants iraniens», a expliqué le war planner du Pentagone. Mais ils ne pourraient le faire que dans le cadre d’une attaque aérienne ou d’un raid de commando.»

L’inconvénient d’une frappe visant à anéantir le régime, c’est qu’elle ne mettrait pas fin au programme nucléaire de l’Iran. L’avantage, c’est qu’elle déclencherait probablement une réponse iranienne qui viserait des cibles militaires américaines de la région, puisque ce sont les Gardiens de la révolution iranienne qui hériteraient du pouvoir politique. Les officiers américains avec qui je me suis entretenu pensent que ce serait l’un des meilleurs moyens pour Israël de mêler les Etats-Unis à son offensive contre l’Iran – l’Amérique se retrouverait à intervenir dans un conflit qu’elle n’a pas provoqué.

Comment l’armée américaine riposterait-elle à une attaque de l’Iran? «Tout dépend, répond le war planner du Pentagone. Si les Iraniens nous harcèlent, on saura gérer. Mais s’ils s’en prennent à l’un de nos navires les plus stratégiques, impossible de dire comment tourneront les choses». Dans tous les cas, les Etats-Unis ne livreraient pas une guerre terrestre de grande envergure et coûteuse contre le régime de Téhéran, mais plutôt une campagne aérienne à base de tirs d’interdiction visant à épuiser les capacités militaires de l’Iran, y compris son programme nucléaire, poursuit le war planner.

En tout état de cause, une campagne de décapitation du régime creuserait le fossé entre l’administration Obama et le gouvernement de Netanyahou. Le discours belliqueux tenu à Tel-Aviv épuise déjà de nombreux hauts gradés aux Etats-Unis. Auparavant fortement solidaires d’Israël, ils en veulent aujourd’hui à Netanyahou, car celui-ci tente de faire pression sur les Etats-Unis pour les pousser vers une guerre dont ils ne veulent pas.

«Notre engagement vis-à-vis d’Israël est très fort. Il l’est d’ailleurs vis-à-vis de tous nos alliés. Beaucoup d’officiers sont fiers de ça, a affirmé le lieutenant-général retraité Robert Gard. Mais cet engagement est là pour lui permettre de se défendre. Pas pour qu’il déclenche la troisième Guerre mondiale!»

Les implications d’une intervention américaine forcée

Cela fait quelque temps que les Etats-Unis répugnent à l’idée d’être mêlés à une attaque israélienne contre l’Iran. En mars, le New York Times a publié un long article consacré à une simulation stratégique du Centcom, baptisée Internal Look, selon laquelle les Etats-Unis seraient «entraînés» dans un conflit au Moyen-Orient à la suite d’une offensive menée par Israël.

Ce qui en ressort est jugé «particulièrement inquiétant» par le général James Mattis, commandant du Centcom. Selon Internal Look, les représailles de l’Iran contre des cibles militaires étasuniennes pourraient provoquer des «centaines de victimes côté américain», notamment si des missiles iraniens touchaient un navire de la marine américaine. Cette simulation, ajoutée aux menaces de Téhéran de fermer le détroit d’Hormuz, a motivé la demande du général Mattis auprès de la Maison Blanche concernant le déploiement d’un troisième porte-avions dans le Golfe.

De l’avis de ses plus proches collaborateurs, le général Mattis, en plus d’être inquiet à propos des Iraniens, s’inquiète aussi de l’attitude d’Israël, dont les tentatives d’intimidation le mettent fortement mal à l’aise. L’analyse d’Internal Look indique non seulement que les conséquences d’une attaque israélienne seraient imprévisibles, mais elle implique aussi que moins les Etats-Unis en savent à propos d’une attaque israélienne, plus le nombre de victimes américaines serait important. C’est ce que m’a confié une source civile proche du Pentagone: «Moins nous sommes avertis, plus il y aura de morts!»

Obama s’est sérieusement penché sur la question

D’après un autre responsable haut placé au Pentagone, le président Obama et le général Martin Dempsey «ont discuté en détail» de la possibilité d’une attaque israélienne. Dès l’automne 2011, lorsque Martin Dempsey est passé chef d’état-major des armées, Barack Obama lui a fait savoir que les Etats-Unis n’«aideraient pas ni n’entraveraient» une action militaire israélienne contre l’Iran.

Si cette formule du président, soigneusement protégée, n’a pas filtré dans la presse américaine, les responsables politiques israéliens en ont eu connaissance. De fait, les propos d’Obama avaient été repris en juillet 2009, à peine six mois après son investiture, dans un éditorial très lu du quotidien pro-Netanyahou Israel Hayom.

L’auteur fait savoir qu’«Obama tentera de dialoguer avec l’Iran» tout en sachant que c’est probablement peine perdue. Le président américain «préférerait que les Israéliens n’attaquent pas [l’Iran] et il n’est pas prêt à assurer la sécurité d’Israël s’il échoue [par la voie diplomatique] et si les Etats-Unis empêchent Israël d’attaquer», ajoute l’article. «Dès lors, bien qu’Israël n’ait pas de feu vert pour attaquer l’Iran, il n’en a pas non plus l’interdiction. La décision revient à Israël. Les Etats-Unis n’aideront pas ni n’entraveront [une attaque israélienne].»

Seulement voilà, l’armée américaine craint que l’Iran ne pense que les Etats-Unis ont cautionné l’attaque de l’Etat hébreu, même si tel n’est pas le cas. C’est pourquoi Téhéran n’hésiterait pas à s’en prendre aux militaires américains présents dans le Golfe. C’est sans doute la raison pour laquelle le patron de l’état-major des armées a déclaré au mois d’août devant un parterre de journalistes londoniens qu’il ne souhaitait pas passer pour le «complice» d’Israël en cas d’attaque contre l’Iran.

Cette remarque a alimenté les spéculations sur un assouplissement de la position de Washington vis-à-vis de Téhéran. Ou sur la pression désormais exercée sur Israël pour qu’il s’abstienne de recourir à la force militaire. En réalité, rien n’avait changé. Le message explicite du général Martin Dempsey adressé à l’Iran était que les Etats-Unis ne cautionneraient pas ni ne contribueraient à une offensive israélienne.

Tel-Aviv et Washington ne sont pas sur la même longueur d’onde

A la suite de la déclaration du général Dempsey, aucune précision ou mise au point d’Obama espérée par Israël n’est arrivée. «Dempsey était parfaitement conscient de ce qu’il disait, m’a expliqué l’un des hauts gradés du Pentagone, et il n’aurait pas dit ça sans l’approbation de la Maison Blanche.» Il a ajouté, après une pause:

«Tout ce que l’armée déclare doit faire l’objet d’une autorisation. Absolument tout.»

Même en dehors du gouvernement américain, les experts géopolitiques vont dans le même sens. «Le message de l’administration Obama est remarquablement cohérent», affirme le spécialiste des relations Etats-Unis-Iran et auteur Trita Parsi.

«On nous dit toujours que l’Amérique considère la guerre comme le “dernier des recours”, mais en l’occurrence, le président Obama le pense vraiment.»

Robert Gard, le lieutenant-général à la retraite, est du même avis:

«Pour moi, c’est clair que le président Obama fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher l’Iran d’obtenir une bombe. Mais aucun président ne laissera un autre pays décider à la place de l’Amérique quand elle doit verser son sang. Pas même Israël.»

Israël pourrait être surpris par la réaction américaine

Avec sa réputation de militaire intellectuel, Robert Gard a dirigé plusieurs projets d’officiers à la retraite sur des questions de défense. Il semble qu’il soit un bon baromètre de l’opinion des militaires en service sur un certain nombre de controverses politiques.

«La plupart des militaires de notre armée n’aiment pas l’idée d’une guerre préventive. Or, c’est ce que voudraient faire les Israéliens en attaquant l’Iran.»

George Little, le porte-parole du Pentagone, précise pour sa part:

«Les Etats-Unis sont prêts à toute éventualité relative à des menaces de sécurité au Moyen-Orient. En revanche, il est parfaitement faux de dire que nous avons définitivement entériné ou écarté telle ou telle décision sur des scénarios qui ne se sont pas produits. Par ailleurs, les Etats-Unis et Israël sont totalement d’accord quant à la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire.»

Selon un officier à la retraite très respecté, qui travaille comme consultant pour le Pentagone (et qui s’entretient régulièrement avec des hauts gradés israéliens), si elle ordonnait une attaque préventive contre les sites nucléaires de l’Iran, l’élite politique israélienne risquerait d’être surprise par la réaction du président Obama et de l’armée américaine. Selon lui:

«Si Israël déclenche une guerre, la première réaction de l’Amérique sera d’y mettre fin. D’appeler à un cessez-le-feu. Du reste, ce sera aussi la deuxième et la troisième réaction. Nous ferons tout pour empêcher l’escalade. Nous aurons 72 heures pour le faire. Passé ce délai, impossible de dire ce qui se passera.»

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Re: Iran

Messagede digger » 19 Oct 2012, 12:07

Difficile de connaitre les intentions d'Obama à moyen terme.
Seule certitude : Il a freiné Israël parce qu'il ne veut pas se retrouver avec çà sur les bras avant les élections.
Après.....
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Re: Iran

Messagede ivo » 14 Déc 2012, 12:26

L’Occident doit reconnaitre la résistance iranienne pour un changement de régime en Iran
>>>
http://www.ncr-iran.org/fr/actualites/i ... me-en-iran
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Re: Iran

Messagede bipbip » 15 Déc 2012, 02:48

Un dossier sur l'Iran intéressant dans la revue N°8 de "Solidaires International" automne 2012 - Tunisie - Iran - Québec :
http://orta.pagesperso-orange.fr/solidi ... tm#tunisie
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Re: Iran

Messagede altersocial » 21 Déc 2012, 20:49

Fronde ouvrière en Iran sous l’effet de l’inflation

Des ouvriers iraniens ont envoyé, pour la troisième fois depuis le mois de juin, une pétition au ministre du travail : ils dénoncent leur appauvrissement croissant et des fermetures d'usines en série, dans une période d'inflation majeure en Iran. Les 10 000 signataires refusent un projet de réforme de la loi du travail proposé au Parlement, qui faciliterait les licenciements. Une telle réforme "mettrait [leur] vie en péril", écrivent-ils, selon l'agence officielle Ilna, le 18 décembre. Ils demandent également au ministre du travail, Abdolreza Sheikholeslami, de démissionner.

"Plus de 50 % des usines du pays ont été fermées ou sont sur le point de faire faillite", affirment ces ouvriers, à la suite de coupes dans les subventions d'Etat sur l’énergie et les produits de première nécessité mises en oeuvre par le président Ahmadinejad en 2010. Selon eux, "des centaines d'ouvriers ont été licenciés" et "le salaire de la plupart des ouvriers – qui est inférieur au seuil de pauvreté – est systématiquement payé avec quelques mois de retard".

Malgré la forte inflation qui a suivi ces baisses des subventions d'Etat, les signataires font également valoir que "le salaire moyen des ouvriers en 2011 et 2012 a diminué par rapport aux années d'avant cette politique".

"Des mesures urgentes"

Le projet de réforme du droit du travail iranien, soumis au Parlement par le ministère du travail, est par ailleurs qualifié d'"anti-ouvriers". Il prend "pour cible la sécurité et les conditions de travail des travailleurs", se désolent-ils.

Les signataires demandent à tous les responsables concernés "des mesures urgentes" pour mettre fin à leurs souffrances et exigent que le salaire minimum soit réévalué suivant "l'inflation réelle".

Le Bureau des statistiques de la banque centrale avait annoncé, en juillet, qu'il cesserait de publier les données de l'inflation. Le dernier chiffre avancé par cette institution date d'octobre dernier : 24,9 %. Pourtant, beaucoup d'économistes et d'analystes font valoir que la vraie valeur de l'inflation est bien supérieure. Gholamreza Tajgardoon, membre de la commission de l'économie du Parlement iranien, avait évoqué, le 9 décembre, le "chiffre effrayant de 58 %".

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