Parti de Gauche - Front de gauche (2012)

Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 01 Aoû 2012, 01:00

Le Front de gauche : une nouvelle version des illusions électoralistes

À l’élection présidentielle de 2012, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a recueilli 11,1 % des voix. Ce résultat, supérieur aux résultats du PCF aux élections présidentielles de 2002 et 2007, n’était pas pour autant celui espéré par les militants du Front de gauche. Contrairement aux propos du candidat Mélenchon durant la campagne, il n’y a pas eu de radicalisation, même électorale, de poussée à gauche et encore moins de dynamique. Derrière tout le cinéma de la campagne du Front de gauche, sur la dynamique enclenchée vers on-ne-sait-quoi, Mélenchon, avec ses discours et son « insurrection civique », cherchait à faire croire qu’en pesant électoralement, on pouvait non seulement agir sur les choix du futur gouvernement de gauche, mais carrément changer la situation économique et sociale.
La campagne des législatives du Front de gauche (FdG) fut dans la même lignée. Il a appelé à envoyer le maximum de députés à l’Assemblée, mais dans le seul but de peser sur le rapport des forces au sein de la majorité de gauche, sur ses décisions, sur les lois. Le numéro d’équilibriste devenait plus compliqué, puisqu’il fallait faire croire d’un côté à l’importance du rôle des députés Front de gauche, tout en répétant de l’autre côté que le Front de gauche faisait partie de la majorité présidentielle et s’engageait donc par avance à ne rien faire qui puisse entraver la politique du nouveau président.
Le 17 juin, patatras, les résultats électoraux des élections législatives (6,94 % des voix) aboutirent non à un maximum de députés mais à un minimum, avec 10 députés, contre 19 auparavant. Ces élections sonnèrent le glas des rêves de grandeur électorale du Front de gauche. Et la dynamique entraperçue par ceux qui avaient envie d’y croire n’a finalement duré que... le temps d’une rose ! De ce fait, certains militants, qui s’attendaient à des résultats plus importants, ou qui avaient trop cru aux propos enflammés de leur candidat, se révélèrent déçus et parfois même assez démoralisés, car les résultats n’ont pas été ceux escomptés.
Pendant ces campagnes électorales qui se situent dans un contexte de crise du capitalisme aux conséquences dramatiques pour les classes populaires, le Front de gauche n’a eu à offrir que des perspectives qui s’inscrivent volontairement dans le cadre limité des institutions bourgeoises. Pas seulement parce qu’il s’agissait de campagnes électorales. Mais surtout parce que le Front de gauche ne se place pas sur le terrain de la classe ouvrière. Ni Mélenchon, ni le Front de gauche, ni le PCF ne cherchent à offrir une politique à la classe ouvrière face à la crise, face aux attaques des patrons. Ils refusent de se placer sur le terrain de la lutte de classe, sur le terrain qui peut mener à la contestation de l’ordre économique capitaliste existant. Ils se sont limités à faire croire que, par le vote, on pouvait changer le rapport de force au sein de la gauche et donc influencer la politique du futur gouvernement sous Hollande. Ces idées n’ont donc rien de commun avec les idées communistes, ni avec la perspective d’un changement par les luttes de la classe ouvrière. Mélenchon lui-même, lors de sa toute première émission télévisée de la campagne, commença par contester les propos des journalistes qui le situaient à l’extrême gauche.
La campagne du Front de gauche n’a ainsi été que l’énième expression du réformisme bourgeois, de l’électoralisme instillé dans le mouvement ouvrier depuis des décennies. Et la diffusion de quelques idées plus dangereuses encore, comme le protectionnisme et le nationalisme.

La naissance du Front de gauche, ou comment faire du neuf avec du vieux

Le Front de gauche est, à l’origine, une alliance électorale entre le PCF et le Parti de gauche (PG) en vue des élections européennes de 2009. Rien que cette naissance sur des fonts baptismaux électoraux en disait long sur ce que serait la suite.
Mais le parcours personnel de Mélenchon nous en dit plus encore. Mélenchon est avant tout un vieil habitué des couloirs de l’État français, c’est-à-dire de l’appareil politique de la bourgeoisie. Il a fait un bref passage par les rangs trotskystes, dans l’après-Mai 68, à un moment où tout le monde se revendiquait des idées révolutionnaires. Il a adhéré à l’Unef, le syndicat étudiant qui sert encore de vivier aux futurs cadres du PS. Et, en 1977, il a donc rejoint ce parti et démarré une carrière traditionnelle d’homme de l’appareil au sein du PS. En 1981, déjà reconnu comme mitterrandiste, il devint premier secrétaire de la fédération socialiste de l’Essonne avant d’être élu sénateur en 1986. Les années suivantes furent marquées par une série de bagarres d’appareil au sein du PS sur lesquelles il serait trop laborieux de revenir. Il est juste plaisant de noter qu’en 1992, Mélenchon approuva et vota le traité de Maastricht. Et surtout, il resta sénateur pendant vingt-deux ans, avec une interruption de deux ans durant lesquels il fut ministre de l’Enseignement professionnel.
En effet, au début de l’année 2000, sous le gouvernement Jospin, les enseignants se mirent en grève contre les projets d’Allègre d’annualiser le temps de travail et de réduire les heures d’enseignement général pour les élèves dans les lycées techniques. Lionel Jospin finit par renvoyer Claude Allègre en mars 2000 et nomma à sa place Jack Lang à l’Éducation nationale et Mélenchon ministre délégué à l’Enseignement professionnel. Dès leur arrivée, les nouveaux ministres promirent aux enseignants d’annuler les projets d’Allègre. Mais ils profitèrent des congés scolaires de Pâques, avec la connivence des syndicats, pour faire passer un projet en tout point semblable à celui d’Allègre. Ainsi, Mélenchon participa en tant que ministre à la dégradation générale des conditions d’enseignement pour les milieux les plus populaires.
Et, pas plus hier qu’aujourd’hui, Mélenchon ne critique la politique du gouvernement Jospin (1997-2002) auquel il a participé, et dont il faut rappeler qu’il privatisa plus que ceux de Balladur (1993-1995) et Juppé (1995-1997) réunis, et qu’il mit en place les lois sur les 35 heures aidant les patrons, à coup de milliards, à introduire la flexibilité du temps de travail. Le bilan de ce gouvernement fut d’ailleurs tellement scandaleux pour le monde du travail que Jospin et Hue, les candidats du PS et du PCF, perdirent quatre millions de voix entre 1995 et 2002. Mais ce n’est pas cela qui fit rompre Mélenchon avec le PS. D’ailleurs, il continue à proclamer que son modèle est… Mitterrand ! Au début de la campagne présidentielle, il s’est même déclaré « mitterrandolâtre ». C’est pourtant la politique de Mitterrand au pouvoir qui a profondément démoralisé les militants ouvriers et la classe ouvrière, dès le début des années 1980.
La seule question sur laquelle Mélenchon a pris ses distances avec le PS est celle du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005. En tant que ministre, il n’avait rien trouvé à redire à la politique de Jospin qui avait entamé la privatisation d’EDF-GDF, avant de signer l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence. Mais, en 2005, il choisit de mener campagne pour le « non » au traité européen. Il rejoignit alors tous ceux qui voulaient bien entériner l’idée que l’Europe est responsable des reculs que nous subissons, et pas les capitalistes français.
Malgré le désaccord avec la majorité du PS, il tenta de poursuivre sa carrière dans ce parti. En 2007, il soutint Ségolène Royal après avoir longuement hésité. Il avait notamment écrit en 2005 : « Il n’y a pas cinquante candidats pour l’élection présidentielle de 2007 au PS, au point où nous en sommes, il n’en reste que deux : Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Ce sont deux hommes intelligents, qui ont bonne mine, mais il faut bien les démarquer sur quelque chose, donc sur leurs idées et leurs engagements. »
La défaite du PS en 2007, mise en perspective avec ce qui lui semblait être une victoire du « non de gauche » au référendum sur le traité constitutionnel en 2005, dut finir de convaincre Mélenchon qu’il était possible d’occuper une place politique « à la gauche du PS », laissée vacante par le recul électoral régulier du PCF. Dans cette perspective, en 2008, il décida donc de quitter le PS pour fonder le Parti de gauche et tenter une alliance avec le PCF en vue des élections européennes.
Le but du Front de gauche était de se démarquer suffisamment du PS tout en utilisant l’écœurement des classes populaires contre la droite au pouvoir, pour remettre au goût du jour les illusions sur la possibilité de peser sur un gouvernement de gauche en s’imposant comme une force électorale. Cette idée d’une « gauche de la gauche » n’est ni une nouveauté ni une invention de Mélenchon. Depuis des décennies, des partis ou des forces politiques espèrent occuper cette place. Du PSU au NPA, en passant par Juquin ou les Alternatifs, beaucoup s’y sont essayés. Mais en France, le poids du PCF a longtemps représenté un obstacle réel pour la formation d’une telle force politique.
Alors, la nouveauté avec le Front de gauche, c’est justement l’alliance entre Mélenchon et le PCF. Pour Mélenchon, il s’agissait de mettre au service de son ambition politique la seule force militante qui compte réellement à gauche. Pour la direction du PCF, cette opération avait l’avantage de tenter d’enrayer sa chute électorale et les pertes de positions dans les institutions bourgeoises qui s’ensuivaient.
Si le PCF reste, aujourd’hui encore, une force militante, les dernières décennies ont vu son poids électoral s’effondrer. Tout en occupant une place à part dans la gauche réformiste, du fait de ses origines, de ses liens avec la bureaucratie stalinienne et de son implantation dans la classe ouvrière, il a perdu une grande partie de son poids politique depuis la signature du programme commun entre Marchais et Mitterrand en 1972. Cela a marqué le début de son érosion électorale. En 1981, l’élection présidentielle aboutit à la victoire de Mitterrand, mais aussi au plus faible score électoral depuis la guerre pour le PCF, avec… 15,35 % des voix pour Georges Marchais. Malgré ce faible score, Mitterrand proposa au PCF des postes de ministres car il voulait le ligoter en l’attachant au char du gouvernement socialiste, et ainsi réduire son influence politique. Quant à Marchais et au PCF, cela faisait déjà bien longtemps que leur seule perspective politique consistait à chercher à participer à un gouvernement de gauche. Entre juin 1981 et juillet 1984, il y eut quatre ministres communistes dans le gouvernement Mauroy, qui assumèrent et cautionnèrent ainsi les mesures antiouvrières du nouveau pouvoir. Dès 1982, le blocage des salaires était décidé. En 1983, c’est un ministre communiste, Jack Ralite, qui mettait en place le forfait hospitalier. À la fin de cette année-là, la grève à l’usine automobile Talbot de Poissy (Yvelines) montrait comment la CGT aidait le gouvernement à faire accepter les plans de licenciements et à désarmer la classe ouvrière. Enfin, en 1984, le plan acier imposait 21 000 suppressions d’emplois dans la sidérurgie en Lorraine, s’ajoutant à celles de la fin des années 1970.
Les premières années de la gauche au pouvoir entraînèrent une forte démoralisation de la classe ouvrière. Les licenciements par centaines de milliers, les déréglementations financières, les économies réalisées par le gouvernement sur le dos de la population, tout cela contribua à la dégradation marquée des conditions d’existence des classes populaires. Mais surtout, cela se faisait alors que les directions de la CGT et du PCF mettaient tout leur poids pour justifier les mesures antiouvrières de Mitterrand et qu’ainsi les militants du PCF et de la CGT se sentaient ligotés par leur soutien au gouvernement de gauche comportant des ministres communistes. Dans cette période, des dizaines de milliers de militants politiques et syndicaux abandonnèrent le combat. Mais ils ne perdirent pas que leurs illusions électorales, ils perdirent aussi les seules perspectives qu’on leur avait offertes durant des décennies et abandonnèrent bien souvent leur engagement politique, se réfugiant dans le syndicalisme, dans des associations largement apolitiques comme ATTAC et, plus souvent encore, en cessant toute activité militante.
Le 19 juillet 1984, les ministres communistes quittèrent le gouvernement car le PC estima que les reculs enregistrés – la perte de villes comme Reims ou Nîmes aux élections municipales de 1983, 11,2 % aux élections européennes de juin 1984 –, et la diminution de l’influence dans la classe ouvrière devenaient trop préoccupants. Cela ne changea pas radicalement la politique du PC. Certes, il n’était plus directement responsable des actes du gouvernement, mais il resta solidaire de celui-ci.
En 1997, de nouveaux ministres communistes participèrent au gouvernement de la gauche plurielle de Jospin. Et aux élections présidentielles de 2002 (3,37 % pour Robert Hue) et 2007 (1,93 % pour Marie-George Buffet), le PC réalisa les pires scores à ce type d’élections de toute son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Il avait perdu son crédit politique et écœuré une partie de son électorat. Mais il restait, de par la fidélité de ses militants ouvriers, la seule force militante importante à gauche et gardait une véritable implantation locale dont Mélenchon voulait se servir pour réussir son opération politique.
Entre 2009 et 2012, le Front de gauche fraîchement créé se présenta à différentes élections. Aux européennes de 2009, il réalisa 6,5 % des voix, contre 5,88 % pour le PCF en 2004. Aux élections régionales de 2010, le FdG fit 7,49 % pour 17 listes, contre 6,78 % pour le PCF en 1999. Ainsi les scores de cette nouvelle formation n’étaient que faiblement en progression par rapport aux scores antérieurs du PCF.
Mais ces campagnes et les résultats électoraux obtenus convainquirent quand même la direction du PC de se laisser entraîner dans cette alliance. Elle faisait le calcul que Mélenchon obtiendrait de meilleurs scores à la présidentielle qu’un candidat du PCF, mais que, fort de cet élan électoral, cela permettrait à celui-ci de gagner de nouveaux postes en particulier aux élections législatives, qui profiteraient cette fois au parti et non au PG. Dire que le raisonnement ne sortait pas du cadre électoraliste est un doux euphémisme !
Alors, finalement lors de l’élection présidentielle de 2012, le PCF abandonna sa propre étiquette et se rangea derrière Mélenchon. Si, dans un premier temps, certains militants PC étaient sceptiques devant ce ralliement à un cacique socialiste, les sondages et l’enthousiasme suscité par la campagne vinrent facilement à bout de leurs réticences.

la campagne du Front de gauche : des accents radicaux pour dissimuler une politique qui ne cherche pas à dépasser les institutions

La campagne du FdG a certes rencontré un écho dans la population car il a dénoncé la dégradation des conditions de vie, le pouvoir de la finance, et les inégalités de plus en plus criantes. Mélenchon a dû, pour attirer et satisfaire l’électorat de gauche méfiant vis-à-vis de Hollande, multiplier les phrases grandiloquentes, faussement radicales. Mais gare à ceux qui se laissent bercer par des paroles bien assénées !
Le 18 mars 2012, des dizaines de milliers de personnes enthousiastes se sont retrouvées place de la Bastille pour un défilé qui se voulait combatif. Le discours de Mélenchon à cette manifestation donne un bel aperçu de ces phrases politiquement creuses : « Nous allons faire de cette élection une insurrection civique. » ; « Commencer la révolution citoyenne pour changer la vie du peuple qui patine et ouvrir la brèche qu’attend toute l’Europe de son volcan français. » ; « Oui ça se voit, ça se sent, ça se sait... le printemps est pour dans trois jours. Et chaque matin qui se lève, la lumière étend son domaine dans la journée, la nuit se replie, vienne le temps des cerises et des jours heureux. Tel est notre premier message ! »
Et quand Mélenchon ne fait pas des phrases creuses, c’est pour se lancer dans des envolées nationalistes au nom du « peuple français ». Quand il promet « plus aucun abandon de souveraineté sans référendum », quand il parle de « l’abjecte oppression (…) de l’infâme troïka », il reprend sans vergogne des thèmes chers aux souverainistes, qui se situent la plupart du temps à l’extrême droite. Rejeter la faute de la crise, des licenciements et des plans d’austérité sur l’Europe aboutit à se placer sur le terrain dangereux du nationalisme. Ces idées sont des poisons, surtout quand elles sont distillées par des militants ouvriers. Car ce nationalisme pointe du doigt l’étranger, le travailleur chinois, l’Europe, au lieu de dénoncer clairement le patron français, le capitalisme sans frontières, la course au profit. Alors, même si cela s’accompagne de propos justes contre le racisme, contre la chasse aux travailleurs sans papiers, les discours pour le protectionnisme, contre l’Europe et aux relents nationalistes jugent sur quel terrain se place Mélenchon. Pour la défense des intérêts ouvriers, il est indispensable de rejeter ces préjugés, ces idées qui exonèrent les capitalistes et fourvoient les travailleurs.
En réalité, le programme du FdG n’a rien de radical, encore moins de révolutionnaire. Même s’il comporte une série de revendications empruntées aux syndicats comme la retraite à 60 ans ou le smic à 1700 euros, c’est avec beaucoup de nuances. Quand Mélenchon s’adressait aux journalistes des Échos, à la veille du premier tour de l’élection présidentielle, il expliquait que les patrons n’avaient aucune raison de redouter une augmentation du smic car elle ne serait appliquée qu’en fin de mandature et pour les secteurs non soumis à la concurrence internationale. Autant dire qu’on était loin d’une revendication claire d’une augmentation générale des salaires.
Le programme du FdG évoque aussi la limitation des hauts salaires des PDG. Cela peut sembler une mesure utile, ou du moins juste. Mais c’est surtout une façon de ne pas s’attaquer réellement aux maîtres de l’économie, les grands capitalistes, ceux qui nomment les PDG et qui les rémunèrent : les Peugeot, Bettencourt, Dassault ou Mulliez. Dans le programme de Mélenchon, il n’y a rien pour expliquer comment s’attaquer à ces grandes fortunes, comment limiter leur pouvoir sur l’économie et la société.
Il en est de même pour l’interdiction des « licenciements boursiers », expression empruntée au PCF et qui ne signifie rien sur le fond. Pourquoi laisser entendre qu’il y aurait, comme pour le cholestérol, un bon capitalisme, celui de l’industrie, et un mauvais, celui de la finance, de la Bourse ? La famille Mulliez, par exemple, vient de décider la suppression de 1 600 emplois en France dans les magasins Auchan, mais Auchan n’est pas coté en Bourse. Alors, ces licenciements sont-ils condamnables ou pas ? L’expression de « licenciements boursiers » montre surtout sur quel terrain se situe Mélenchon.
Du point de vue des travailleurs, aucun licenciement ne se justifie, quelle que soit la raison du patron de le faire. Mais pour ceux qui tiennent à apparaître comme responsables aux yeux de la bourgeoisie, il est important de montrer qu’on raisonne en fonction des nécessités économiques, des enjeux de l’économie capitaliste. Alors pour Mélenchon, il y a une différence entre les licenciements qui se justifient par des difficultés économiques et les autres. De même qu’il existe aux yeux de ces gens-là des « patrons voyous » qu’on doit combattre... et les autres.
Quant à la lutte contre le pouvoir de la finance, Mélenchon n’a cessé de l’évoquer. Il fallait d’après lui « dompter et faire reculer la finance. » Diantre, quel programme ambitieux ! Mais concrètement, cela se résume à « une importante réforme de la fiscalité, des prélèvements obligatoires, mais aussi de la politique du crédit ». Il ne s’agit plus d’exproprier les banquiers, de reprendre leur pouvoir, mais de les taxer un peu plus. Enfin, sont envisagées « l’augmentation de l’impôt sur les fortunes et de celui sur les revenus du capital, la taxation des revenus financiers des entreprises, la mise en place d’un principe de modulation de l’impôt sur les sociétés et du taux des cotisations sociales patronales en fonction des objectifs d’emploi et de salaires des entreprises, la suppression des exonérations sociales patronales ayant montré leur inefficacité ».
Finalement, dans le même article Mélenchon a pu commencer par une envolée contre la finance pour finir par parler d’arrêter les exonérations inefficaces... ce que tout le monde peut traduire par poursuivre celles dont les patrons peuvent prouver l’efficacité !
Si les envolées contre la finance et les patrons voyous parlent à l’électorat ouvrier car elles semblent dénoncer ses ennemis et la dégradation de ses conditions de vie, elles ne représentent pas un programme réel pour les classes populaires. Toutes ces phrases, ces expressions ne sont pas floues par hasard. Si les discours de Mélenchon ont pu faire écho à la colère d’une partie des travailleurs, ils n’apportent aucun élément de compréhension des causes de l’exploitation, ni aucun élément de compréhension des luttes à mener. Car ce courant politique-là veut cantonner les combats à l’arène électorale. Et c’est particulièrement en cela que Mélenchon ne représente vraiment pas une perspective pour la classe ouvrière.
Sa grande idée durant sa campagne électorale, la « VIe République », est l’expression de cette acceptation des institutions bourgeoises comme seul cadre dans lequel agir. La solution miracle consistait à bâtir une nouvelle République qui deviendrait démocratique et sociale par la grâce des textes constitutionnels, rien de moins. Que n’y a-t-on pensé avant ! Pour rendre la société démocratique, pour faire en sorte que la population exerce le pouvoir, que les décisions prises aillent dans le sens des intérêts de la collectivité, point n’est besoin de toucher aux rapports de propriété, d’arracher le pouvoir économique des mains des capitalistes, des banques, des multinationales. Il suffirait pour cela de changer la Constitution et le tour serait joué !
Mais quelle Constitution permet aux capitalistes de s’enrichir sur notre dos ? Quel texte de loi leur permet de saccager la société, de licencier en masse, de fermer des entreprises et de spéculer contre les populations ? Aucun ! Leur force, leur pouvoir, les grandes banques, le grand patronat, la bourgeoisie ne les tirent pas d’un texte de loi ou d’une Constitution, mais du monopole qu’ils ont sur l’argent, sur les entreprises et sur toute l’économie. On ne combat pas ce pouvoir avec des mots, des mots seulement, on le combat sur le terrain bien réel des forces économiques et sociales. Ce sont les capitalistes qui dirigent dans la société et dans cette période de crise, encore plus qu’auparavant, ce sont eux qui imposent les choix politiques et économiques des gouvernements afin de préserver leurs profits. Les attaques contre les retraites, la baisse du nombre d’enseignants, d’infirmières, de conducteurs de trains et de bus, toutes ces mesures ont été prises par des gouvernements de gauche comme de droite parce que le patronat réclamait à l’État des milliards de subventions qu’il fallait bien prendre dans la poche des travailleurs. Et cela ne peut que continuer tant que les travailleurs n’arrêtent pas non seulement les gouvernements, mais surtout tant qu’ils ne se font pas craindre de la bourgeoisie.
Quand Mélenchon ou le FdG parlent des luttes sociales, c’est pour semer des illusions sur l’arrivée de la gauche au pouvoir, en faisant croire que la victoire électorale aura comme effet quasi automatique d’amplifier les luttes. Ainsi, le 20 avril, dans une interview à l’Humanité, Mélenchon expliquait : « Quelque chose bouge en profondeur dans le salariat de notre pays qui est en train de vaincre la peur. À l’heure où nous parlons, des luttes offensives pour l’augmentation du salaire, contre des cadences infernales, contre le travail du dimanche sont conduites. Ce sont des luttes de conquête. Le Front de gauche en est l’expression politique. Nous avons permis que ce mouvement prenne confiance en lui, non seulement syndicalement mais politiquement. Il va donc s’élargir. De plus, si nous battons Nicolas Sarkozy, ce sera un démultiplicateur d’énergie gigantesque. »
Semer de telles illusions est encore une façon de désarmer les travailleurs, car même dans ce cas de figure difficile à envisager sérieusement, celui d’une remontée des luttes due aux espoirs suscités par la victoire de la gauche, le FdG insiste sur la nécessité de la victoire électorale sans expliquer comment préparer les luttes. Même dans ce cas, sa politique consiste à présenter les luttes ouvrières comme annexes et non comme l’élément essentiel de notre avenir.

Mélenchon et le PCF sans autre perspective que la participation gouvernementale

Pour bien des électeurs ou des militants du PCF, le fait de voir affluer du monde dans les meetings et les manifestations a suffi à déclencher l’enthousiasme. Il s’agissait là pour eux d’une véritable dynamique qui allait tout balayer. Dans l’Humanité, au lendemain de la manifestation à la Bastille, Mélenchon affirmait avec sa modestie coutumière :
« Alors que tant de peuples n’ont pas l’outil politique efficace, comme le Front de gauche, pour résister à cette crise, nous l’avons fabriqué, patiemment, méthodiquement, sans a priori, en acceptant que le mouvement de la vie corrige les théories que l’on avait au début. Quel exploit ! Nous sommes devenus dépositaires d’un bien très précieux, unique en Europe. On nous regarde dans le reste du monde. Nous ouvrons une nouvelle histoire de la gauche et il faut en assumer toute la responsabilité. Car le patronat et Laurence Parisot ne s’y sont pas trompés qui ont vu en nous “la terreur”… pour les portefeuilles des patrons, en effet. Même l’instant d’une élection, ils ne veulent pas des rouges à 15 %. Ils s’interrogent : comment en est-on arrivé là en France, alors qu’ailleurs nous sommes arrivés à domestiquer les salariés ? À leurs yeux, nous avions déjà fichu la pagaille en 2005 en votant majoritairement contre le traité constitutionnel européen et l’on avait recommencé avec la mobilisation contre le projet de réforme des retraites en 2010. Pour eux, nous empêchons de se dérouler l’histoire du triomphe capitaliste libéral.
« Quelle que soit l’issue de la campagne, chacun en gardera la brûlure. On n’est plus le même qu’avant quand on a été confronté une fois dans sa vie à la Bastille remplie à l’appel d’organisations politiques, au Capitole archicomble et à la marée humaine de Marseille. Alors, on ne regarde plus la politique de la même manière ni l’action en politique. »
Où a-t-il vu le patronat trembler devant les scores du FdG ? Comment peut-on raconter que le référendum contre le traité constitutionnel a empêché le triomphe du capitalisme libéral ? Quant aux manifestations électorales qui brûlent et transforment la politique, qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Si ce discours n’était pas ridicule, il figurerait dans les annales les plus drôles des aveuglements de l’électoralisme. Et que dire de ce discours quand les ambitions électorales se sont dégonflées comme une baudruche. Même les 11 % de Mélenchon à l’élection présidentielle étaient loin des résultats électoraux du PCF dans le passé.
Non, il n’y avait pas de dynamique ni de contestation de la société, même électorale, autour du candidat Mélenchon. Au fond, ce qu’a fait Mélenchon avec cette campagne électorale et ses discours aux accents radicaux, c’est de ramasser des voix pour Hollande et pour le PS. Il a réussi à rallier en premier lieu l’électorat PCF. Il a aussi récupéré une partie des déçus de la gauche pour leur permettre un vote certes légèrement contestataire, mais un vote qui ne gêne pas Hollande, car il était assuré de récupérer ces voix dans n’importe quelles conditions au second tour. Et combien d’électeurs qui ont un temps envisagé de voter Mélenchon ont finalement voté Hollande directement car ils restaient fondamentalement sur cette perspective d’un « vote utile », d’un vote « pour un bon gouvernement de gauche » ? Et d’ailleurs, au soir du premier tour, Mélenchon a fait preuve d’un sens aigu des responsabilités vis-à-vis de son camp, la gauche gouvernementale. Il a appelé à voter Hollande, sans hésiter, mais surtout sans rien demander en échange car le calcul était très clair : il ne fallait pas gêner le candidat du PS dans sa pêche aux voix centristes, en lui réclamant des garanties.
Mélenchon et le PCF se sont tout de suite situés comme faisant partie de cette nouvelle majorité. Ils n’ont pas lésiné sur les tirades lyriques à propos de l’arrivée de la gauche au pouvoir. Dans l’Humanité du 7 mai, on pouvait lire sous la plume de Patrick Le Hyaric un article intitulé « En avant pour la réussite du changement à gauche » :
« Avec lui tout peut commencer. Nous souhaitons ardemment, dans l’intérêt de nos concitoyens, que la gauche réussisse, qu’elle s’attaque à la crise, qu’elle améliore la vie quotidienne de chacune et chacun (…) Une brèche vient de s’ouvrir qui libère des forces pour une République nouvelle, un pays apaisé, où chacune et chacun peut contribuer au changement. Ensemble, ce soir, partageons l’immense joie de la victoire. Ensemble, demain, partageons notre réussite commune. » Avec de tels écrits, le PC cautionne entièrement l’idée que le gouvernement PS représente un espoir pour les classes populaires.
De son côté, Mélenchon a refusé dès le début jusqu’à l’idée de participer au gouvernement avec Hollande. Ce n’est pas le signe d’une nouvelle radicalité, mais un calcul pour sa carrière politique. Tout le monde a en tête ce qui se passe en Grèce, et donc se rend compte que le gouvernement Hollande peut être discrédité en quelques mois seulement si la crise s’aggrave, si les capitalistes décident d’étrangler encore plus les États. Alors, si une période de troubles sociaux et politiques s’amorce, Mélenchon pourrait jouer sa propre carte. Il pourrait se poser comme une solution de rechange à gauche, une solution qui aura l’avantage de canaliser à nouveau les espoirs des classes populaires vers des solutions électorales, gouvernementales, non révolutionnaires. Et un Mélenchon qui a arpenté les allées du pouvoir durant des décennies, qui a été sénateur, ministre, député européen, bref un rejeton de la famille, cela n’aura pas de quoi inquiéter la bourgeoisie.
Son dernier coup en date, en se présentant aux élections législatives à Hénin-Beaumont contre Marine Le Pen, a été un fiasco. Il a voulu poursuivre sa nouvelle carrière de chevalier blanc de la classe ouvrière contre le Front national et ramener le combat contre le FN à un duel entre deux leaders politiques. Mais le pire dans cette histoire a été de faire croire, encore une fois, que le combat contre le FN est électoral. La gauche gouvernementale utilise depuis des décennies la peur légitime de la montée de l’extrême droite comme un épouvantail politique, pour ne pas parler du reste, pour finalement désarmer politiquement les travailleurs. Si le Front national des le Pen père et fille réalise des scores aussi élevés en France, c’est bien parce qu’à l’électorat d’extrême droite traditionnel dans ce pays viennent s’ajouter des électeurs des milieux populaires, déboussolés par la situation, en colère contre tous ces gouvernements qui n’ont rien fait pour améliorer leur sort, tout occupés qu’ils étaient à gérer les affaires de la bourgeoisie.
Alors, s’il est juste de dénoncer le FN comme un ennemi des travailleurs, en faire le combat principal c’est esquiver les vrais combats, c’est faire du radicalisme à bon compte. Non seulement la lutte contre la montée de l’extrême droite impose d’offrir des perspectives pour combattre le grand patronat, les capitalistes, mais surtout elle nécessite de rejeter toutes ces idées réactionnaires qui consistent à faire croire que les problèmes du chômage ou des bas salaires viennent de la concurrence chinoise, ou des règlements de la Commission européenne ! Combattre le chômage, les licenciements, la dictature des financiers sur l’économie, c’est mener la lutte de classe, c’est armer la classe ouvrière pour qu’elle affronte le patronat. Et dans ce combat, les idées nationalistes et antieuropéennes du PCF et de Mélenchon sont des poisons. Tout comme les illusions semées autour de l’arrivée au pouvoir de la gauche sont des freins à cette prise de conscience. Mais ce n’est absolument pas la préoccupation ni de Mélenchon, ni du PC.
Pendant que Mélenchon réfléchissait à sa carrière politique, le PCF réfléchissait à ses propres perspectives. La question d’accepter ou pas de participer au gouvernement PS s’est posée pour lui dans des termes différents. Toute sa politique se résume à cette perspective de participation gouvernementale et jusqu’aux législatives les tentations étaient fortes pour la direction du PCF. Mais les résultats électoraux des 10 et 17 juin le plaçaient vraiment trop dans une situation d’allié soumis du PS. Il était même évident que le soutien trop direct apporté à Hollande lui avait coûté des postes. Dans l’Humanité du 21 juin, un militant expliquait la défaite de l’ex-député PCF du Val-de-Marne, le maire d’Ivry-sur-Seine Pierre Gosnat, par le simple fait qu’il ait posé sur la photo de l’affiche électorale aux côtés de Hollande !
Dès le 18 juin, Pierre Laurent, tout en réaffirmant que « le parti se considérait dans la majorité de gauche et que ses membres ne seraient pas des empêcheurs de tourner en rond », annonçait que les conditions n’étaient pas réunies pour l’entrée de communistes dans le gouvernement Ayrault. Il n’oublia pas d’ajouter immédiatement : « La porte n’est pas définitivement fermée, nous restons disponibles si ces conditions évoluaient. » C’est dire que fondamentalement, même s’ils ne participent pas au gouvernement, le PCF comme Mélenchon se situent dans la majorité présidentielle soutenant un gouvernement qui se prépare pourtant à imposer la rigueur aux classes populaires.
Dans Où va la France ?, Trotsky écrivait en juin 1936, à propos de l’attitude du PCF vis-à-vis du gouvernement Blum, qu’il soutenait sans y participer : « Plus criminelle et plus infâme que tout est, dans cette situation, la conduite des communistes : ils ont promis de soutenir à fond le gouvernement Blum sans y entrer. “Nous sommes de trop terribles révolutionnaires, disent Cachin et Thorez ; nos collègues radicaux pourraient en mourir d’effroi, il vaut mieux que nous nous tenions à l’écart.” Le ministérialisme dans les coulisses est dix fois pire que le ministérialisme ouvert et déclaré. En fait, les communistes veulent conserver leur indépendance extérieure pour pouvoir d’autant mieux assujettir les masses ouvrières au Front populaire, c’est-à-dire à la discipline du capital. »
La situation est certes très différente et le PCF ne représente vraiment plus la même chose aujourd’hui, mais l’assujettissement au capital n’est pas moindre.

Affirmer une perspective communiste et révolutionnaire

Avec la crise, le patronat mène sa guerre pour arracher ses profits sur notre dos. Et pendant ce temps, les milliards gagnés grâce à l’exploitation des travailleurs du monde entier sont jetés dans la spéculation financière et entraînent le monde dans la spirale de la crise et de ses soubresauts. L’économie capitaliste a été au bord du gouffre en 2008. Mais la spéculation se poursuit avec des sommes toujours plus grandes. Les causes de la catastrophe sont toujours présentes. Le patronat ne connait aucune solution face à la crise sauf de semer la misère dans les classes populaires. Dans les mois qui viennent, les capitalistes continueront à mener une guerre sans merci aux travailleurs. Et le gouvernement de gauche ne mènera pas une politique en opposition à leurs intérêts. Devant les annonces de plans sociaux, il montre déjà son refus de contraindre les patrons. Et l’annonce des premières mesures d’austérité dans les services publics n’est qu’une question de jours.
Alors, face à cette situation, ce qui compte vraiment pour l’avenir c’est de faire exister un courant politique qui se place clairement dans la perspective de combattre la bourgeoisie en ayant conscience de l’importance des enjeux. Le rôle des militants c’est de préparer ces luttes en développant la conscience qu’il est nécessaire de se défendre collectivement. Il est important que les communistes se fassent entendre, propagent l’idée que les travailleurs ne peuvent défendre leurs conditions d’existence et changer leur sort que par des luttes et des luttes massives. Les luttes qu’il est nécessaire de préparer sont celles qui visent à combattre ceux qui ont le pouvoir réel dans cette société, ceux qui possèdent, ceux qui dirigent les banques, les grands groupes capitalistes.
C’est pourquoi, seuls des communistes peuvent offrir des réelles perspectives à la classe ouvrière pour qu’elle mène ses combats tout en expliquant qu’il est nécessaire de renverser le pouvoir des capitalistes pour transformer la société en profondeur, développer la conscience communiste qu’il faut renverser le capitalisme pour que l’humanité ne crève pas de ses contradictions.
C’est pourquoi Lutte Ouvrière, dans ces élections, comme dans l’activité quotidienne de ses militants, a tenu aussi à défendre l’idéal communiste, la nécessité de renverser le capitalisme pour transformer la société dans le sens des intérêts de la collectivité. Même en sachant que ce drapeau ne regroupe qu’un faible nombre de travailleurs aujourd’hui.
C’est pour cela qu’il y a vraiment un fossé entre les perspectives représentées par Mélenchon et le Front de gauche d’une part, et les perspectives communistes d’autre part.
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 02 Aoû 2012, 01:12

Krivine prédit la fin de Mélenchon

" Mélenchon, c’est une personnalité fantastique pour une présidentielle. Un orateur extra. Mais il va redevenir ce qu’il est, un député européen, et maintenant c’est le PCF qui réapparaît " , estime Alain Krivine, pilier du NPA. Cette figure du trotskisme juge le leader du Front de gauche " un peu mégalo ".
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 03 Aoû 2012, 01:20

Mâcon : lettre ouverte à Thomas Thévenoud pour un vrai débat démocratique à propos du Traité Budgétaire

Monsieur le Député,

Comme le président de la République l’a annoncé le vendredi 29 juin, à l’issue du sommet européen, « …le Parlement sera saisi d’un ensemble de décisions concernant l’Europe : le pacte de croissance, la supervision bancaire, la taxe sur les transactions financières, le pacte budgétaire » et cela «dans un délai qui ne sera pas long »
Ainsi lors de la prochaine session parlementaire vous allez être invité à décider du pacte budgétaire, le fameux « Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l’Union Economique et budgétaire », le TSCG (ou « Super Maastricht » !)
Ce TSCG c’est l’austérité institutionnalisée. Ce que François hollande veut faire ratifier c’est en particulier :
· L’obligation (article 3) d’un budget « en équilibre ou en excédent »
· L’obligation (article 4) de réduire la dette publiqueà un rythme moyen de un vingtième par an, ce qui signifie pour la France en 2013 une réduction de 90 milliards d’euros donc 20% du budget de la nation.
· L’obligation (article 3) d’inscrire toutes ces dispositions dans des textes de loi contraignante, cette fameuse « règle d’or » .
· L’obligation (article 5) de mettre en œuvre « des réformes structurelles » sous la surveillance de la Commission européenne.
· Le droit (article 8) pour la Cour européenne d’imposer des amendes pour le non respect des traités.
Ce serait un abandon de souveraineté à des instances européennes non élues et un éloignement supplémentaire entre les citoyens et la République.
C’est l’institutionnalisation et la généralisation de l’austérité (qu’elles seraient loin alors les promesses du candidat François Hollande de renégocier le traité alors que sont maintenues aujourd’hui tous les articles mis au point par Sarkozy et Merkel le 2 mars 2012)
Ce serait donc la poursuite de la politique de Sarkozy … ce serait l’austérité généralisée à toute l’Europe avec l’obligation des privatisations et des réformes structurelles. C’est une politique qui mènerait la France à la situation de la Grèce.
Ce serait une erreur politique grave de laisser croire que la crise des finances publiques est due à des dépenses publiques incontrôlées. Vous le savez Monsieur Le Député, les finances publiques sont malades du pillage systématique organisée par les banques. Elles sont aussi malades, partout dans le monde de la pauvreté grandissante des peuples (y compris là où s’applique depuis des années, comme en Angleterre ou en Espagne, la casse du droit du travail et des services publics que le langage de Tartuffe de la Commission Européenne nomme « réformes structurelles »).
C’est pourquoi Monsieur le Député nous vous demandons de refuser le principe même de ce vote au Parlement et d’exiger avec nous qu’un grand débat démocratique conforme aux idéaux de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 intégré au préambule de la Constitution Françaisesoit organisé et qu’il soit suivid’un référendum afin que le vote du peuple de France soit décisif.
Monsieur le député, il y a quelques temps dans les débats électoraux vous pouviez vous prévaloir de votre absence à la mandature précédente pour écrire « Pour autant si j'avais été député, j'aurais voté contre le MES. Pourquoi ?».
Et d'expliquer alors que vous combattez « l'orientation libérale de l'Europe », et que tout en souhaitant une solidarité entre les peuples européens, vous ne vouliez pas que cette solidatité « porte atteinte à la souveraineté des peuples ».
Devenu député, c’est le moment de mettre en conformité la parole et les actes et de refuser la ratification parlementaire du TSCG.
Veuillez croire Monsieur le Député, en l’assurance de notre vigilance révolutionnaire.

Pour le Parti de Gauche, Jacquy LIEVRE
Pour le Parti Communiste, Noël VOUILLON
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 05 Aoû 2012, 16:19

Italie: - Honte au Parti démocrate italien qui a définitivement permis la mise en place du MES et a ratifié le Pacte Merkozy

Le MES (mécanisme européen de stabilité) va entrer en vigueur. Ainsi en ont décidé aujourd'hui les sociaux-démocrates italiens.

A l'instar des sociaux-démocrates français, allemands, ils étaient en mesure d'empêcher cela. La France, L'Allemagne, l'Italie et l'Espagne disposaient en effet d'un droit de veto sur le MES. Or en France, en Allemagne et en Italie, la droite ne pouvait pas le ratifier sans leur voix (contrairement à l'Espagne où la droite dispose de la majorité absolue mais où les sociaux-démocrates ont tout de même voté pour).

La troïka pourra donc désormais, sur décision de la France et de l'Allemagne, et le cas échéant de l'Italie, soumettre les peuples des États membres de la zone euro à ses terribles memorandums.

Les mêmes sociaux-démocrates n'ont pas eu plus de scrupule à l'heure (suivante) de voter pour le Pacte budgétaire. Il faut dire qu'ils ont d'ores et déjà donné leur aval à la constitutionnalisation de la règle d'or qui est au coeur de ce pacte pour l'austérité permanente.

Le Parti de Gauche dénonce ce double vote des députés italiens et spécialement des députés du PD qui prétend incarner une opposition à la droite.

En France nous avons voté et fait campagne contre le MES. Nous ferons de même en ce qui concerne le pacte budgétaire. Nous vous invitons à faire campagne avec nous et à interpeler vos parlementaires: http://www.placeaupeuple2012.fr/interpe ... austerite/
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 09 Aoû 2012, 00:52

Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon  : deux visions de l’Europe

Tandis que l’ex-candidate EELV à la présidentielle croit à une évolution positive des institutions existantes, le leader du Front de gauche estime que seule une rébellion des peuples permettra d’en finir avec l’Europe néolibérale.

Article paru dans Politis n° 1213

L’Europe divise la gauche française. Si le caractère néolibéral de l’Union européenne n’est guère contesté, l’attitude à adopter fait débat. Pour aller au-delà de l’actualité et s’interroger sur la nature même de cette Europe, nous avons posé à quelques jours d’intervalle les mêmes questions à deux ex-candidats

(...)
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Messagede Nico37 » 10 Aoû 2012, 01:17

Avec la Gauche Anticapitaliste, le Front de Gauche se renforce

Mercredi 25 juillet, le Parti Communiste Français, la Gauche Unitaire, le Parti de gauche et la Gauche Anticapitaliste de Loire-Atlantique ont tenu une première rencontre suite à la décision de la Gauche Anticapitaliste (courant unitaire issu du NPA) de rejoindre le Front de Gauche.
Nos organisations se sont félicitées de cette décision qui vient renforcer le Front de Gauche et conforter sa stratégie d'union des forces de transformation sociale ancrées dans la réalité politique du pays. Le Front de Gauche entend être toujours plus et mieux le lieu de rassemblement de celles et ceux qui veulent porter une alternative sociale et écologique de gauche face à la domination de la finance, contre toutes les politiques d'austérité.
Dès la fin d'août, les composantes du Front de Gauche se retrouveront pour des temps de réflexion communs avant la rentrée sociale : ouvertes à toutes et tous, à Grenoble, les "estivales citoyennes du Front de Gauche" les 25 et 26 août souhaitent permettre un débat public débouchant sur des propositions alternatives à gauche, pour sortir de la crise.
Dès la rentrée, le Front de Gauche se mobilisera avec toutes les forces politiques, syndicales et citoyennes qui partagent ces objectifs pour refuser le Pacte Budgétaire Européen et s'opposer à la ratification du nouveau traité européen qui vise à graver dans le marbre la rigueur à l’échelle européenne.
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Messagede Nico37 » 11 Aoû 2012, 22:55

Mélenchon porte plainte contre Copé, NKM et Juppé 26/07

La plainte pour diffamation a été déposée au tribunal de Paris ce jeudi suite aux déclarations des trois ténors de l'UMP qui disaient Jean-Luc Mélenchon complaisant avec l'antisémitisme.

Jean-Luc Mélenchon annoncait le 14 juin son intention de porter plainte pour diffamation.

L'ex-candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, vient de porter plainte contre trois ténors de l'UMP pour diffamation. Annoncée dès la mi-juin, la plainte a été déposée ce jeudi avec constitution de partie civile.

Mélenchon reproche à Nathalie Kosciusco-Morizet, Alain Juppé et Jean-François Copé d'avoir déclaré entre le 11 et 13 juin 2012 qu'il était complaisant avec l'antisémitisme. Les responsables UMP ciblaient notamment sa supposée proximité avec le compositeur grec Mikis Theodorakis, coupable de propos nauséabonds sur le "lobby juif".

L'affaire est désormais entre les mains du tribunal de Paris.
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Messagede Nico37 » 12 Aoû 2012, 11:13

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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 14 Aoû 2012, 01:29

Une banque publique européenne à conquérir Gaël De Santis

Le Parti de la gauche européenne, qui tenait ce week-end son université d’été en Grèce, fera campagne dès septembre pour une banque publique européenne afin d’émanciper les États des marchés. Objectif : collecter un million de signatures. Une initiative en lien avec la lutte contre le traité fiscal.

Portaria (Grèce), envoyé spécial. Comment occuper le terrain de l’alternative ? « Avec une bataille européenne », répond le Parti de la gauche européenne (PGE) qui tenait son université, cette fin de semaine, à Portaria en Grèce. Entre deux ateliers, verres d’ouzo ou plongeons dans la piscine, certains des 400 militants, venus d’une vingtaine de pays de l’Union européenne (UE), ont planché sur la proposition d’initiative citoyenne européenne. L’ambition n’est rien de moins que de récolter un million de signatures dans toute l’Union pour la création d’une banque publique européenne axée sur le développement social, écologique et solidaire.

Objectif : remettre en cause un type de construction européenne. « Il faut mettre fin à une anomalie, dénonce le président du PGE, Pierre Laurent. L’UE a cette particularité qu’elle a poussé avec un tel zèle la protection des marchés qu’elle a mis la Banque centrale européenne (BCE) à l’abri de tout contrôle démocratique. » La campagne sera donc un moyen de mettre en cause le fait que la BCE ne peut prêter directement aux États.

La banque publique européenne serait financée par une taxe sur toutes les transactions financières, par le budget européen et par la BCE. Cette dernière pourrait créer de la monnaie. Du fait des traités européens, elle n’en fait profiter aujourd’hui que les banques privées. Si elle leur prête actuellement à 0,75 %, ces dernières s’engraissent en prêtant à leur tour aux États à des taux bien plus élevés. Compagnies d’assurances et fonds d’investissement placent également leur argent dans les bons du Trésor.

Un des buts majeurs : financer la dette à des taux très bas

Une banque publique pourrait financer la dette à des taux très bas. Si elle en avait bénéficié au début de la crise, la Grèce n’aurait pas vu sa dette bondir de 120 % à 165 %. Les prêts de cette banque seront soumis à critères. Les investissements devront servir à la « création d’emploi, au développement des services publics et à résorber les déséquilibres » entre les pays. En un mot, œuvrer au « développement social », selon Alexis Tsipras, leader de Syriza.

C’est un « pas stratégique dans notre plan stratégique. Cette banque pourrait contribuer à financer un plan d’investissement en Grèce », résume Stelios Pappas, membre du comité central de Synaspismos, principale formation de Syriza. De plus, non conditionnés à un plan d’austérité, ces prêts permettraient de ne pas diminuer les salaires des fonctionnaires. « Ainsi, on peut avoir une relance de l’économie par la consommation », explique Stelios Pappas. Troisième argument pour le dirigeant grec : la solidarité entre les peuples, un moyen de lutter contre le nationalisme.

Députée de Valence pour la Gauche unie, Marina Albiol y voit un moyen d’investir « dans l’éducation, la santé, le bien-être social », au contraire « des coupes imposées par la troïka ». De plus, en Espagne, comme dans d’autres pays, cette campagne participera de la bataille des partis membres du PGE pour une banque publique nationale.

La Commission européenne doit valider la procédure d’initiative citoyenne avant le 7 septembre. Selon ses règles, si, un an plus tard, le cap du million de signataires est franchi, la Commission devra transformer cette demande en « acte juridique », ou justifier son refus.

Hasard du calendrier, en France, l’initiative débutera au même moment que la campagne pour obtenir un référendum sur le très « austéritaire » traité fiscal que François Hollande aimerait voir ratifié avant la fin septembre. « Il faudra donc lier les deux », anticipe Pierre Laurent. Cette bataille ne sera pas que celle des partis membres du PGE. Illustration de cette volonté, le comité initiateur est composé de citoyens dont  : Pierre Laurent, Alexis Tsipras, mais aussi de l’écrivaine espagnole Marta Sanz, le secrétaire des métallurgistes wallons Nico Cue ou le syndicaliste allemand Heinz Bierbaum. D’autres contacts sont déjà pris.

Anecdote : lors d’un atelier étayant l’initiative, une touriste prend la parole. « J’ai vu par hasard ce séminaire. Je ne suis pas membre de Syriza, mais je suis prête à collecter des signatures. » Pour la première fois, la bataille sera menée simultanément par des militants de différents pays européens. Autre nouveauté : ce sera une lutte « non contre, mais pour un projet », se réjouit un participant.

Initiative citoyenne européenne

L’initiative citoyenne européenne (ICE) est une disposition du traité de Lisbonne qui permet à un comité de sept citoyens de faire une proposition d’acte juridique. Ils doivent pour cela recueillir, en un an, au moins un million de signatures dans sept pays par voie de formulaires ou d’Internet. Si l’objectif est atteint, la Commission est contrainte de le traduire en acte juridique ou d’expliquer pourquoi elle le refuse. Il faut un nombre minimal de signatures dans ces sept pays. Le plancher français est de 55 500 noms.
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 15 Aoû 2012, 00:42

Quand Mélenchon est devenu le benjamin du Sénat Sophie de Ravinel 13/08

LEUR PREMIÈRE CAMPAGNE - Le candidat du Front de gauche à la présidentielle est devenu sénateur en 1986, avec l'ambition affichée de secouer la Haute Assemblée et de ne pas renoncer à sa liberté de parole.

« Je suis pourri d'ambition, et ce mandat, je l'ai voulu pour faire enfin de la politique sur des thèmes aigus, qui demandent du temps et de la durée. Le débat politique a besoin de gens comme moi. » Jean-Luc Mélenchon a 35 ans lorsqu'il prononce ces propos provocateurs, rapportés le 30 septembre 1986 par Libération. Deux jours plus tôt, il a été élu sénateur, le plus jeune de France. Quelques semaines plus tôt, lorsque l'ancien trotskiste version lambertiste devenu socialiste se lance dans sa campagne, l'objectif se résume clairement à ce qu'il confie à son ami Christian Abriel - selon les auteurs de Mélenchon le plébéien (Robert Laffont): mettre la main sur « une gâche en or » .

Dire que Jean-Luc Mélenchon s'est lancé dans cette campagne est d'ailleurs peut-être inapproprié puisque « la gâche en or » lui a été apportée sur un plateau d'argent par son mentor d'alors, le maire de Massy (Essonne), Claude Germon. « Il m'avait été recommandé quelques années plus tôt par une fille dont j'ai su par la suite qu'elle était aussi trotskiste, raconte l'ancien député. Il n'avait pas vraiment de métier dans le Jura. Il était payé pour faire de la politique par une fédération de 200 militants. Autant dire qu'il ne gagnait rien. » Le tout jeune Mélenchon, recruté dans le cabinet municipal de Massy, débarque ainsi en Ile-de-France en 1978. Il lui faudra à peine plus de deux ans, et quelques batailles homériques contre la rocardienne Marie-Noëlle Lienemann - qu'il retrouvera au conseil général en 1985 -, pour devenir premier fédéral socialiste de l'Essonne. « Je lui ai donné la fédération, explique aujourd'hui Germon, parce que l'administration d'une ville, le travail concret, ce n'était vraiment pas son affaire. »

« Une bande de jeunes trublions »

À la tête de la fédération PS, sa candidature pour le Sénat devient naturelle. Mais selon Claude Germon, chez les socialistes, « le national » avait en tête de placer à la suite du sénateur sortant Pierre Noé, une ancienne collaboratrice de Pierre Mendès France et François Mitterrand, Françoise Seligmann. Les liens ont déjà commencé à se distendre entre Mélenchon et Germon mais ce dernier « impose » son candidat et, dit-il, se fâche « avec tout le monde » . « À huit jours près, Jean-Luc Mélenchon n'avait pas l'âge alors requis pour entrer au Sénat et tous m'ont dit qu'il avait le temps. » Tous, sauf Mitterrand dont Mélenchon est et restera un fervent admirateur. « Si lui m'avait demandé de lâcher Mélenchon, j'aurais cédé » , assure Germon.

Voilà donc l'ex-révolutionnaire en piste pour intégrer le Palais du Luxembourg. Paul Loridant, son prédécesseur comme premier fédéral en Essonne, est numéro deux sur la liste. Il sera élu grâce aux divisions à droite. « Le plus motivé pour aller rencontrer les élus, celui qui a vraiment mené campagne, c'est Loridant, assure encore Germon. Le seul des deux qui risquait de ne pas être élu… » « Avec Marie-Noëlle Lienemann et deux autres, se souvient le chevènementiste Loridant, on formait une bande de jeunes trublions qui secouait pas mal les esprits et les idées… On nous traitait de galopins. »

« Viscéralement antistalinien »

Jean-Luc Mélenchon n'ayant pas son permis de conduire, Paul Loridant lui sert de chauffeur pour sillonner le département. Tout est déjà bien en place chez le futur candidat à la présidentielle: « C'était quelqu'un de charmant mais très marqué par sa formation trotskiste, doté d'un vrai charisme et capable de reparties cinglantes, d'une grande ambition. Son objectif, via le Sénat, ce n'était pas de devenir ministre mais premier secrétaire du PS… » Déjà, Mélenchon bouscule. Reçu par le maire d'Étiolles, de droite, en présence de quelques autres élus de même couleur politique, il l'écoute se plaindre du comportement d'une minorité de gauche dans son conseil municipal. « Notre copain vous emmerde ? , lui répond du tac au tac le futur sénateur. Eh bien, il a raison ! » Loridant est persuadé que, ce jour-là, Mélenchon a gagné quelques voix à droite.

Paul Loridant rappelle encore qu'à l'époque, en bon ancien trotskiste, Jean-Luc Mélenchon était « viscéralement antistalinien, pour ne pas dire anticommuniste » . Loridant se demande d'ailleurs « si, aujourd'hui, l'appareil intermédiaire du PCF ne lui en porte pas encore rigueur, s'il ne reste pas fondamentalement méfiant, malgré la campagne présidentielle durant laquelle il a porté leurs couleurs… » Entré au Sénat, Jean-Luc Mélenchon ne mettra pas son insolence de côté. Après la réélection d'Alain Poher, il sera le seul à refuser de se lever.
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 15 Aoû 2012, 14:16

Communiqué de GAUCHE UNITAIRE Démantèlement des camps de Rroms : que la Gauche respecte ses engagements !

François Hollande s’était personnellement engagé lors de sa campagne électorale envers les organisations de défense des droits de l’homme et avait déclaré qu’il souhaitait que lorsque des campements insalubres étaient démantelés, des solutions alternatives soient proposées.
Aujourd’hui, il laisse les mains libres à son ministre de l’intérieur qui expulse sans reloger, perpétuant la politique menée par Sarkozy et la droite vis-à-vis de cette population, maintes fois discriminée.
Gauche unitaire proteste contre les expulsions des camps de Rroms qui ont lieu en France.
Ces expulsions, loin de régler les problèmes posés, ne font que les exacerber. Elles renforcent la stigmatisation subie par les Rroms et sont autant d’atouts pour la propagande de l’extrême droite.
En plus d’être inhumaine, cette politique est inefficace, les familles chassées d’un endroit sont conduites à aller s’installer ailleurs dans des conditions aussi désastreuses.
Des solutions doivent être trouvées de façon urgente.
Les expulsions doivent cesser.
Les autorités locales doivent être réunies et se concerter avec les associations de défense des Rroms et les Rroms eux-mêmes, pour apporter des solutions respectant le droit au logement, permettant la scolarisation des enfants, un accompagnement social, la protection des précaires.
Les Rroms roumains et bulgares sont des citoyens européens comme les autres. Il faut mettre fin aux discriminations concernant lesrestrictions sur leur possibilité de travailler.
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 17 Aoû 2012, 00:21

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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 17 Aoû 2012, 21:52

Ce débat vital qui débute à gauche. Par Christian Piquet (GU - membre du FdG)

Une dernière note avant de prendre un peu de repos... Pour traiter de deux faits politiques qui peuvent, demain, revêtir une grande importance, bien que la saturation présente de l’espace médiatique par les Jeux olympiques ait pu les reléguer au second plan.

Le premier nous ramène, encore et toujours, à l’Europe. Les plus sombres pronostics déjà énoncés ici s’avèrent, hélas, en passe de se réaliser. Alors que l’Espagne et l’Italie sont plongées dans une tourmente financière et bancaire qui les amène au seuil d’une authentique catastrophe, la Banque centrale européenne vient de décider… de ne rien faire dans l’immédiat. Ouvrant elle-même, ce faisant, la brèche par laquelle se prépare à s’engouffrer une nouvelle offensive spéculative sur les marchés. C’est Le Monde daté de ce jour qui, s’échappant pour une fois de son européisme libéral béat, résume la perversité des mécanismes censés garantir la stabilité de la zone euro : « Concrètement, l’institution se dit prête à reprendre ses achats de dette publique, mais cette fois uniquement si les États concernés – Espagne et Italie en tête – ont au préalable demandé l’aide des fonds de secours européens (le Fonds européen de stabilité financière, FESF et/ou son successeur, le MES). Autrement dit, si les gouvernements acceptent les contreparties en termes de réformes structurelles et d’ajustement budgétaire exigées en cas d’utilisation des fonds européens. »

Comment mieux rendre compte de l’inutilité des décisions du sommet européen des 28 et 29 juin, dont François Hollande avait pourtant expliqué qu’elles replaçaient l’édification communautaire sur de bons rails ? Comment ne pas voir, dans le comportement aventurier et cynique d’un cénacle de gouverneurs, rendu indépendant par la volonté des gouvernements, je veux parler de ceux qui président aux destinées de la BCE, la nouvelle preuve que le continent est condamné à toujours davantage d’austérité s’il demeure dans les clous des traités actuels et, tout particulièrement, dans ceux du Pacte de stabilité budgétaire ? Comment ignorer qu’à vouloir sans cesse « rassurer » les investisseurs par des postures rigoureusement obéissante au dogme libéral, celles qui exigent des peuples toujours plus de sacrifices, on ne fait que laisser libre cours au fonctionnement erratique des marchés ?

Voilà une nouvelle confirmation que seule une ligne de conduite courageuse peut apporter une solution à une crise systémique devenue hors de contrôle, et qu’il devient à chaque instant plus impératif de redresser la construction européenne si l’on veut conjurer le spectre d’une dislocation de la monnaie unique. Cela fixe, d’ores et déjà, « l’agenda » de la gauche pour la rentrée toute proche.

Je lis, à cet égard, toujours dans Le Monde, qu’une partie significative des parlementaires d’Europe Écologie-Les Verts pourrait se prononcer contre le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de la zone euro. Excellente nouvelle, en ce qu’elle traduit la prise de conscience salutaire qui est en train de s’opérer au cœur de la gauche ! Je dis bien au cœur de la gauche, car le phénomène ne concerne plus uniquement le Front de gauche. Il dépasse même les seuls écologistes. Au Parti socialiste lui-même, le débat se fait jour.

FORCES DISPONIBLES DANS TOUTE LA GAUCHE

Parmi les contributions ouvrant la discussion du prochain congrès du parti qui détient aujourd’hui la quasi-totalité des leviers de commande, trois au moins affichent leur refus de l’« ordolibéralisme », cette doctrine mettant les moyens coercitifs des États au service de la libre concurrence et de la dérégulation généralisée, qui régit présentement la conduite des affaires de l’Europe sous l’égide des conservateurs allemands. Celle intitulée « Le Temps de la gauche » (signée, entre autres, par Marie-Noëlle Lienemann) relève à juste titre : « Le divorce entre notre parti et le peuple de gauche peut venir de l’Europe : l’orientation actuelle de la construction européenne, consistant à accompagner la mondialisation libérale, ne saurait satisfaire nos concitoyens. » Celle d’Un Monde d’avance (le courant dont Benoît Hamon était le chef de file officiel jusqu’à son entrée au gouvernement) n’est pas en reste : « Le fédéralisme ‘’merkozy’’, c’est le désarmement de la puissance publique face à la crise, l’austérité, la récession et la dégradation des conditions de vie de l’immense majorité des citoyens européens. La fin de l’autonomie budgétaire est également, clairement, un recul démocratique au profit d’une technostructure qui détourne les citoyens de l’idée de l’Europe fédérale. Dans un contexte de crise, le carcan de la ‘’règle d’or’’ que voudraient nous imposer les libéraux n’est pas simplement une aberration économique, c’est aussi le ferment de potentiels troubles politiques majeurs. De fait, le gouvernement actuel a bien une responsabilité immense. » Celle de Gérard Filoche et de ses amis est de la même veine : « Le TSCG serait un pas supplémentaire dans la perte de souveraineté budgétaire des États de l’Union, au profit de deux institutions qui n’ont pas de compte à rendre au suffrage universel : la Commission européenne et la Cour de justice. »

Potentiellement, face aux terribles secousses qui pointent à l’horizon, il existe donc à gauche des forces suffisantes, si elles savent conjuguer leurs efforts, pour permettre qu’un coup d’arrêt soit mis à des mécanismes qui broient les peuples, que puisse s’amorcer la contre-offensive qu’impose un libéralisme mortifère, que le cap soit mis sur un changement profond qui délivrerait un message d’espoir à l’ensemble de notre continent.

Le nouveau président de la République a beau avoir inscrit son quinquennat sous le signe de ce fameux « chemin d’équilibre » entre rigueur budgétaire et justice, qu’il évoquait à peine élu sur une chaîne de télévision, la dynamique de son succès face à Nicolas Sarkozy se sera cristallisée sur autre chose : ses tirades contre la dictature de la finance, ses appels au retour à l’égalité républicaine, sa promesse de favoriser la réorientation de l’Europe.

LE VRAI MANDAT DU 6 MAI

Dit autrement, le 6 mai n’aura pas exactement été la victoire du social-libéralisme, tant attendue de ces figures marquantes d’une élite depuis longtemps acquise à la soumission aux règles d’airain du nouveau désordre capitaliste mondial. Elle aura d’abord été celle d’une gauche, rassemblée à l’occasion des seconds tours de l’élection présidentielle et des législatives ayant suivi, qui bénéficia du rejet par le peuple d’une politique de régression sociale et démocratique sans précédent depuis la Libération. Une gauche qui, dans sa composante dominante elle-même, aura pour cette raison été freinée dans cette normalisation libérale ayant un peu partout sapé ses fondements originels et mené tant de ses homologues en Europe à de magistrales défaites.

Lorsque je formule ce constat, j’ai conscience qu’il ne manquera pas de lecteurs pour me signifier que le PS français, à l’instar des autres formations de l’Internationale socialiste, a déjà subi, depuis une trentaine d’années, une mutation de ses bases sociales et de son socle de référence idéologique, du fait de son adaptation à une marchandisation gagnant toutes les dimensions de la vie humaine et à la toute-puissance d’un capitalisme financier globalisé. C’est incontestable à cette réserve près que, contrairement à ce qu’il advint des social-démocraties d’Italie, de Grande-Bretagne ou d’Allemagne, sans parler des autres, le processus ne put jamais, dans ce pays, être conduit à son terme. La succession de mobilisations engageant des foules aussi nombreuses que celles de Mai 68, la résistance obstinée du mouvement ouvrier hexagonal à l’adaptation libérale, la force persistante de l’aspiration égalitaire dans le pays auront, in fine, interdit qu’une victoire électorale fût envisageable sur la base de la soumission proclamée au règne du marché-roi.

Voilà déjà huit ans, Jacques Attali, tout en enregistrant les pas à ses yeux positifs auxquels avaient consenti les socialistes dans la direction d’un aggiornamento « moderniste », grinçait déjà contre cette spécificité hexagonale : « D’abord, presque seuls en Europe, ils restent attachés à ce nom si décrié, si discrédité de ‘’socialisme’’ (…). Ensuite, ils continuent de proclamer que leur projet à eux ne se résume pas à une gestion sociale du marché, ni à une protection uniforme du temps ; ils persistent à soutenir que, pour défendre la solidarité et l’intérêt général, l’État doit utiliser tous les outils possibles, même s’il faut, à cette fin, exclure de la concurrence des pans entiers de l’industrie, ou augmenter sensiblement les impôts. Enfin, à la différence de presque tous les autres partis de la gauche démocratique à travers le monde, ils n’ont jamais fait leur deuil de l’utopie » (in La Voie humaine, Pour une nouvelle social-démocratie, Fayard, 2004).

Pour avoir, à trois reprises, en 2002 (avec la campagne que Lionel Jospin choisit de mener en indiquant qu’elle n’était surtout pas « socialiste »), en 2005 (en défendant le « oui » au traité constitutionnel européen contre la majorité du peuple de gauche) et en 2007 (lorsque Ségolène Royal se perdit elle-même en tentant d’adapter à la France la funeste théorie de la « triangulation », consistant à chercher son succès dans le recyclage des grandes thématiques identifiantes de l’adversaire de droite), négligé les attentes de leur propre électorat, les dirigeants de la rue de Solferino subirent des revers cuisants. À l’inverse, sans doute parce que la campagne de Jean-Luc Mélenchon obtenait l’écho que l’on sait, François Hollande fut conduit à imprimer à son discours une tonalité bien plus à gauche que ne le laissait craindre son positionnement des « primaires » de l’automne 2011. On peut y voir la trace d’une ambiguïté coupable ou d’une ambivalence manœuvrière. Qu’importe, au fond ! Ce qui demeure dans la mémoire des électeurs et électrices de gauche représente un mandat impératif pour celui qui a bénéficié de leurs suffrages. En eux-mêmes, le 6 mai et le 17 juin n’auront rien réglé définitivement. Ils auront seulement ouvert la possibilité que puisse bifurquer le cours des événements. Ce n’est pas rien, et c’est à cette aune que chacun sera maintenant jugé…

PERMETTRE L’ENTRÉE EN LICE DU PEUPLE

En l’occurrence, si le nouveau pouvoir de gauche devait s’égarer dans le plus total des renoncements face aux banques et aux fonds spéculatifs, ce renoncement que symbolise le TSCG (pour les raisons que décrivent parfaitement les trois contributions socialistes citées plus haut), il prendrait la responsabilité d’un désastre politique, d’une fracture avec les classes populaires, d’une désillusion aux conséquences à ce jour imprévisibles. Surtout en un moment où la vulgate libérale n’a plus rien à promettre aux citoyens, hormis du sang et des larmes. Le débat qui s’amorce, au sein de la gauche, apparaît donc d’une importance capitale. Il ne concerne d’ailleurs pas uniquement les partis, les coalitions ou les sensibilités politiques existantes. Il doit irriguer le pays, impliquer le mouvement social et plus généralement les citoyens, permettre à ces derniers de devenir les acteurs d’une confrontation déterminante pour l’avenir.

Ainsi, si la raison ne l’emportait pas au sommet du nouveau pouvoir, conduisant au rejet du pacte austéritaire européen, la souveraineté populaire aurait-elle à s’exercer par la voie d’un référendum, toutes les forces conscientes de l’enjeu que concentre ce traité devant alors se retrouver pour en exiger l’organisation, puis pour y faire triompher un « non » déterminé. Au-delà, la voie d’un changement profond des conditions d’existence du plus grand nombre ne s’ouvrira en grand qu’à la faveur d’un nouveau rapport de force que seule l’entrée en lice du peuple peut favoriser. Appelant à « rassembler l’ensemble de la gauche » - ce qui ne s’avérerait toutefois possible qu’à partir d’une ligne résolue d’affrontement avec les puissances d’argent -, la contribution socialiste « Le Temps de la gauche » évoque « une dynamique dans l’action militante et dans des pratiques participatives à la base, qui rassemblement des citoyens de gauche au-delà des appartenances partisanes ».

Une intuition qui pourrait se révéler des plus fécondes, pourvu que le débat tout juste naissant aille jusqu’au bout et parvienne à changer de fond en comble la donne politique française. Dans quelques semaines, il reviendra au Front de gauche d’en être le moteur…
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 18 Aoû 2012, 22:27

La nuit où Mélenchon a flanché Ava Djamshidi

L’élection présidentielle de 2012 a été particulièrement riche en coups de théâtre. Souvent, ils se sont joués la nuit. Retour sur les moments forts de la campagne.

Fin mars, alors que tout sourit au candidat du Front de gauche, un paparazzi est surpris en planque devant chez lui. Pudique et discret, Mélenchon veut à tout prix préserver sa vie privée. Cet incident va marquer un tournant dans sa campagne.

C’est une histoire verrouillée à double tour. « Du triple off », met en garde l’entourage de Jean-Luc Mélenchon. Jusqu’ici, le secret a été bien gardé : en pleine présidentielle, le candidat du Front de gauche a failli flancher. Trop de pression? Trop de fatigue? Une campagne électorale, c’est toujours une succession d’épreuves physiques et mentales. L’événement qui a bouleversé celle de Jean-Luc Mélenchon touche à ce qu’il y a pour lui de plus intime.

Un mois avant le premier tour, tout sourit au tribun de la gauche. Ses discours brillent, les sondages chantent. Le 23 mars, Mélenchon rentre chez lui, dans le Xe arrondissement de Paris, le cœur léger. Sa cote a triplé dans les intentions depuis qu’il s’est lancé dans la campagne, neuf mois plus tôt. Le voilà annoncé à 15% au premier tour, au coude à coude avec Marine Le Pen, son ennemie jurée. Ses partisans se prennent à rêver. Les médias que l’eurodéputé ne cesse de vilipender décrivent à longueur de reportages les meetings à guichets fermés, les discours enflammés. Une semaine plus tôt, le 18 mars, le bretteur a rempli la place de la Bastille à Paris pour un impressionnant rassemblement en plein air, aimantant tous les regards.

Mais ce soir-là, quelque chose va changer. Devant l’immeuble haussmannien qui abrite son 76 m2, un 4 x 4 aux vitres teintées stationne. A l’intérieur, un paparazzi en planque, à l’affût d’un geste tendre entre Mélenchon et sa compagne dont il cache soigneusement l’identité. Le policier du service de protection des hautes personnalités (SPHP) qui suit comme son ombre l’eurodéputé repère le photographe. Le ton monte entre les deux hommes. Un signalement est déposé au commissariat. Mais le mal est fait. Le candidat, qui a toujours mis un point d’honneur à dissocier ses vies publique et privée, craint de voir son couple violemment exposé. Un séisme pour cet homme de 60 ans, pudique et discret.

Divorcé, grand-père d’un petit garçon, Jean-Luc Mélenchon a refait sa vie depuis plusieurs années. Mais à l’heure où les politiques jouent volontiers la carte familiale, lui rappelle qu’en France, une loi protège la vie privée. La vision de ces chasseurs d’images en bas de son appartement le fait sortir de ses gonds. D’autant que les paparazzis récidivent les jours suivants aux abords de son QG de campagne aux Lilas (Seine-Saint-Denis) et à son domicile. Pour ne rien arranger, des cyberpirates s’en prennent au site Internet du Front de gauche. A cela s’ajoute un emploi du temps surchargé (trois meetings en trois jours à Vierzon, Limoges et Toulouse). « Tout ça l’a rendu parano », lâche un proche. Les paparazzis s’amusent de voir le couple faire plusieurs fois le tour de l’immeuble avant de rentrer chez lui… séparément. Le candidat, lui, ne rigole pas. Soumis à rude épreuve, ses nerfs finissent par lâcher. « Il a complètement craqué », raconte un membre de son équipe de campagne.

Mélenchon renoue avec ses vieux démons et s’en prend de nouveau aux médias. « Connard », « salopard »… Les insultes pleuvent sur les photographes et les journalistes « Il a pété les plombs et s’est enfermé dans un bunker avec ses fidèles », ajoute un de ses alliés communistes éberlué. Son entourage joue les cordons sanitaires, le tenant soigneusement à l’écart de tout ce qui pourrait l’irriter. Fini les rencontres informelles avec la presse pour décrypter sa stratégie de campagne. Réduits les déplacements sur le terrain au milieu d’une forêt de micros et de caméras. Même les cadres du Front de gauche peinent désormais à le joindre au téléphone! « Beaucoup d’entre nous ont alors lâché l’affaire et s’en sont tenus au minimum syndical », explique une petite main de son équipe. « A18 heures, il n’y avait plus personne au QG », témoigne un autre. « On a commis une erreur en le laissant dans sa bulle », regrette aujourd’hui un de ses proches. Dans le même temps, les sondages, petit à petit, déclinent…

Deux semaines avant le scrutin s’ouvre la période de campagne officielle. Un naufrage. Lors d’un déjeuner, Mélenchon avait pourtant théorisé l’importance de ce sprint final : « C’est la période des grands rapides », où « il faut occuper le terrain » alors que « l’espace-temps politique se contracte ». Or, sur le terrain, justement, le candidat ne se montre plus, ou presque. A son QG de campagne, aux Lilas, une reporter doit même le supplier pour qu’il accepte de parler à son micro. Un comble pour cet orateur hors pair!

La semaine qui précède le premier tour est un long chemin de croix. Les paparazzis ont fini par décrocher la photo tant convoitée. Le magazine people « Voici » a même prévu d’en faire sa une. Dans le camp du candidat, on s’active en coulisses pour empêcher la parution de ces images, au nom du « grave préjudice moral » qui en découlerait. Mis en demeure, l’hebdomadaire renonce. Mélenchon peut souffler. Mais lors de son dernier meeting, à Paris, il ne fait plus salle comble. Sombre présage? Le 22 avril au soir, le candidat du Front de gauche ne recueille que11% des voix. Un joli score pour la gauche de la gauche. Mais une déception pour tous ceux qui le voyaient créer la surprise en devançant Le Pen. « Mieux vaut ne pas penser à ce qu’on aurait fait, si la fin de la campagne s’était bien déroulée », soupire aujourd’hui un cadre du Front de gauche.
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Re: nouveau "Parti de Gauche"

Messagede Nico37 » 19 Aoû 2012, 11:36

Mélenchon : ce fut " cent jours pour presque rien "

EXCLUSIF - Silencieux depuis les législatives, l’ex-candidat du Front de Gauche fait sa rentrée dans nos colonnes. Il dresse un violent réquisitoire contre les 100 jours de François Hollande. Extraits.

Voilà plusieurs mois que vous ne vous êtes pas exprimé dans les médias. Pourquoi un si long silence?
François Mitterrand m’a dit : "La couche de terreau n’est pas si épaisse. Ne grattez pas trop fort." J’avais gratté très fort! Je suis donc parti au Venezuela me reconstituer. C’est fait !

(...)
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