CHALON interview: Nathalie Arthaud ( Lutte Ouvrière) : " Stopper les profits " 7 déc 2011 - DERIOT Daniel Vous animez un meeting a Chalon sur Saone, ce jeudi soir ( 1) cette région est connue pour jouer un role important dans le Pole nucléaire bourguignon, quelles sont vos propositions sur le nucléaire, sur les énergies renouvebables et sur l'énergie ?La catastrophe de Fukushima au Japon a rappelé la dangerosité de l'industrie nucléaire. Les industriels du nucléaire, comme d'ailleurs ceux des autres secteurs de l'économie capitaliste, cherchent avant tout à faire du profit. Et pour leurs profits, ils sont prêts à prendre des risques avec la sécurité, que ce soit celle de leurs salariés ou celle du public.
Pour moi, l'urgence, c'est d'abord de retirer l'industrie nucléaire des mains du privé. Mais pas seulement. Même dans les mains de l'État, on ne peut avoir aucune assurance que celui-ci ne cherchera pas à rogner sur la sécurité pour des raisons d'économies budgétaires. Il faut au minimum que la population puisse contrôler tout ce qui se passe dans les centrales, dans les usines de traitement des déchets, ou encore lors du transport des déchets. C'est en pleine connaissance de cause, en pleine transparence qu'il faut pouvoir décider d'utiliser ou non, de construire ou non, telle ou telle centrale.
Il y a des écologistes qui disent qu'il faut "sortir du nucléaire", il y en a d'autres qui disent qu'on ne peut pas s'en passer. Moi je dis qu'on ne pourra répondre à cette question vraiment que lorsqu'elle ne sera plus polluée par la soif de profits des capitalistes. Et d'ailleurs, le problème du nucléaire n'est qu'un exemple parmi tant d'autres : la soif de profits peut être meurtrière dans bien des domaines. L'affaire du Mediator le montre bien, comme celle de la vache folle, ou encore celle de l'explosion de l'usine d'AZF.
Si l'on veut faire des choix conscients et maitrisés, pour la sécurité de la population et pour la protection de l'environnement, il est nécessaire de sortir de cette économie capitaliste gouvernée par la recherche du profit maximum. Sortir du capitalisme, voilà notre politique.
Vos militants ont souvent tiré la sonnette d'alarme sur les nombreux problèmes en matiere d'emploi : Kodak par exemple, qui a été un temps avant sa fermeture, la premiere entreprise de Bourgogne; comment percevez vous les problèmes de la mondialisation, de la présence de monos-industries ?Cela fait des années que les travailleurs payent la crise. L'exemple de Kodak dans la région de Chalon constitue la preuve que les fermetures d'usines ne datent pas de la crise financière de 2008. Depuis 2008, les choses se sont encore aggravées, et il faut avoir conscience que cela ne s'arrêtera pas là, car pour maintenir leurs bénéfices, les financiers et les industriels veulent nous faire reculer des dizaines d'années en arrière. Alors il faut se battre bec et ongles contre les licenciements. Il faut imposer au patronat l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous les bras disponibles sans diminution de salaire.
Le problème n'est pas la mondialisation, heureusement qu'il y a des échanges ! Le problème, c'est la rapacité du grand patronat comme Kodak. C'est leur rapacité qui est la cause des fermetures d'usines, pas autre chose. Les politiciens qui montrent du doigt la mondialisation sont des menteurs. Ils trompent les travailleurs, en rendant responsable du chômage, d'autres travailleurs, en Chine ou ailleurs. Ils disculpent les vrais responsables : les capitalistes qui suppriment des emplois pour accroître leurs profits.
Le 9 Decembre, au lendemain de votre venue à CHALON, c'est la journée de la Laicité, comment votre organisation politique se situe-t-elle sur ce thème ? Ce n'est pas trop difficile de succéder à Arlette Laguillier ? Au fait, 3 candidats d'extrême-gauche, c'est unique dans le paysage politique, que vous inspire ce propos ?Sur la laïcité, voici mon opinion. Je suis pour la liberté de culte et je suis pour que les croyants de toutes religions puissent exercer leur culte dignement, mais je suis aussi une militante de mes convictions athées et matérialistes. Je me bats pour faire connaître les conceptions scientifiques sur l’histoire du monde, de la nature mais aussi sur l’histoire des sociétés humaines et de leur évolution.
Non, ce n'est pas difficile de succéder à Arlette Laguiller car elle a justement ouvert la voie. Et, comme je le répète souvent, je mets mes pas dans les siens.
Je ne sais pas s'il y aura 3 candidats d'extrême-gauche. Si vous pensez à Jean-Luc Mélenchon, je vous signale qu'il refuse cette étiquette. Et c'est normal car lui propose un programme de gouvernement dans le cadre de ce système, alors que moi, je mets en avant un programme de lutte pour les luttes à venir. Car je sais que la seule force capable de faire plier les grands banquiers et industriels, c'est la mobilisation des travailleurs derrière des revendications claires.
Par ailleurs, je ne suis pas pour le "parti unique" à l'extrême-gauche. Il y a des divergences entre les différents courants et je suis pour que les gens qui regardent du côté de l'extrême gauche puissent choisir et se faire en avis.
( 1) Nathalie Arthaud : ce jeudi à 19 H , à la maison des syndicats.