Roro a écrit:Ben tu peux dire la même chose de n'importe quel autre travailleur. L'ouvrier qui va bosser à l'usine, il appartient à son patron pendant 8h. De ce point de vue (de l'esclavage) la femme de ménage (pardon, on dit technicien de surface maintenant!) est encore plus objet de son employeur.
Désolé mais c'est une vision libérale (dans le sens Adams Smith) du travail. Pour moi la différence majeure justement entre le travail salarié et la prostitution c'est que le patron achète un certain temps de FORCE DE TRAVAIL, l'ouvrier-ère ne lui appartient pas, ce-tte dernier-ère reste libre en droit. La prostitution ça a trait au corps, comme tu le fais bien remarquer. Le CORPS appartient au client, non la force de travail.
Ça transforme la personne en objet. D'ailleurs comme le souligne parpalhon, les prostituées mettent en place des stratégies pour ne pas être confrontées à cette aspect de leur métier, tout comme les personnes violées (essayer de garder leurs baisers pour les personnes qu'elles aiment, boire ou se droguer pour être en condition, ou encore le plus typique des conduites durant un viol : la dissociation, se mettre à l'extérieur de soi, être absente).
Roro a écrit:Ensuite, moi y a un truc, sur comment vous tournez le truc qui m'emmerde. J'ai l'impression que vous vous placez du point de vue de la morale. En ce qui me concerne, je vois la prostitution comme une activité comme une autre, et je réfléchis en fonction de ça.
Heu non, je me place du point de vue de mes sentiments, de ce que je ressens. C'est pas spécialement de la morale.
Moi quand je fais l'amour ça représente autre chose que "me vider les couilles" ou 'un besoin", et je pense que ça me pertuberai beaucoup plus d'avoir des rapports sexuels avec une personne pour qui je ne ressens aucun désir, en étant rémunéré, que de visser un boulon sur une chaîne d'usine.
Roro a écrit:2) On pourrait imaginer, comme c'est le cas de tout un quartier chaud en Inde, qu'elles auto-géreraient elles-mêmes la maison close.
Ça me paraît difficile : si on légalisait les maisons closes ce serait une situation très marginale.
Soit elles garderaient leur mac qui a suffisamment de thune pour ouvrir la maison close, soit ce serait une institution nationale et donc ce serait l'Etat le mac.
[quote"Roro"]Mais comment comptes-tu empêcher une personne de se prostituer ?[/quote]
Interroge autour de toi les prostituées (comme le fait le mouvement du NID) et tu verras que c'est pas un vrai choix : ces personnes le font parce qu'elles ne trouvent pas de boulot ailleurs, ou parce que ça paraît plus facile de se prostituer, ou parce qu'elles ont l'impression de ne pas mériter mieux, ou (surtout) parce qu'on les a enlevées de leur pays pour les forcer à venir ici. Ensuite si elles n'ont pas de mac sur le dos, elles continuent essentiellement parce qu'elles ont l'impression qu'elles ne pourront jamais faire autre chose.
Mais si tu leur demande si c'est le métier qu'elles ont envie de faire, toutes te répondent par la négative ("je voudrais faire autre chose mais je ne peux pas", c'est leur ressenti sur la prostitution).
On est loin du méchant abolitionniste qui fait barrage de son corps entre la pute et le trottoir, non ? ^^
[quote"Roro"]Comment tu fais par rapport aux personnes qui ne peuvent pas avoir de relations sexuelles/amoreuses "normales" comme les handicapés (tétraplégiques, paralysés, etc) ? Illess ont pas le droit à un peu de plaisir sexuel de temps en temps ?[/quote]
Là c'est intéressant parce que finalement c'est le dernier retranchement des pro-prostitution pour la justifier.
Déjà tu seras d'accord avec moi que les handicapé-es c'est autour de 50% femmes, 50% hommes. Or dans les pays où la prostitution est autorisée pour les handicapé-es (suisse par ex si mes souvenirs sont exacts), les prostituées restent des femmes au service des hommes et les assos ou boites privées n'engagent que des femmes. Donc ça veut dire que ça ne prend pas en compte la moitié des handicapé-es et ça reste inégalitaire.
Ensuite, il n'y a qu'une partie des handicapés qui font appel à ces "services". Les autres n'en ont pas besoin.
Et puis sincèrement, c'est pas vraiment une intégration des handicapés que de les confiner à une sexualité marchande, non ?
POur citer un
dossier sur la question du NID :
Rapport du NID a écrit:existe-t-il un « droit à la sexualité » ? Peut-on donner une réponse marchande à la souffrance ? La prostitution, même "aménagée", peut-elle constituer un "emploi" à promouvoir ? Le combat des personnes handicapées, parfaitement légitime quand il touche à leur droit à l’intimité et à la dignité, peut-il être soutenu quand il exige la création d’une "profession" dédiée au plaisir sexuel ? [...] Comment, ensuite, parler de droit à la sexualité puisqu’il s’agit bien de priver une autre personne, celle que l’on rémunère, de ce même droit ?
La conclusion du rapport : une fausse réponse pour une vraie question.
ET puis comme le dit Parpalhon (avec qui je suis entièrement d'accord, d'ailleurs)
Vous imaginez proposer des contrats de prostitution à l'ANPE ?
Justement le STRASS est un sydicat composé essentiellement de prostituÉS, avec un petit peu de prostituées de luxe. Il fait comme si c'était la situation de toutes les putes, or ce n'est pas le cas.
je sais que je suis véhément, mais c'est un sujet qui m'énerve, car par rapport a d'autre lutte, je sens qu'il y a vraiment des résultât possible, que nous ne somme somme pas dans le même état d'impuissance que dans les luttes économiques
+1.
NB : pour raspoutine qui pense qu'une pipe contre de la plomberie c'est pas de la prostitution, que penses-tu de ça :
Loue studette contre pipe (article d'Archipel Rouge)
Je suis en train de mettre sur rapidshare une émission de radio libertaire, femmes libres, qui date de juin 2009 sur le sujet. C'est super intéressant et ça peut enrichir le débat. Je donnerai le lien quand ce sera fini.