Afrin, Turquie contre kurdistan

Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 09 Fév 2018, 00:58

Afrin • Tout le monde sait…
Nous publions ici une information parmi toutes celles qui sont envoyées régulièrement par les autorités humanitaires de la Fédération de Syrie du Nord aux chancelleries, à la presse, aux associations internationales, à propos d’Afrin.
Ces rapports réguliers sont donc entre les mains des responsables et des gouvernements, charge à eux de les apprécier.
Bien sûr, nous pourrions en faire une guerre de l’image, dans la surenchère.
Nous savons depuis des décennies que la communication mondialisée et instantanée, réseaux sociaux compris, sature et neutralise de fait les dénonciations, et qu’une horreur remplace souvent l’autre. Lorsque la réalité se retrouve qualifiée de propagande, et les combattants légitimes de “terroristes”, par la force d’un système médiatique, l’arme de l’image s’émousse pour faire éclater la vérité.
Mais personne ne peut dire aujourd’hui “je ne savais pas“, encore moins unE responsable politique, unE chef d’état ou unE journaliste…
Aussi publions-nous ce document, comme d’autres l’ont fait avant nous, pour qu’une archive au moins soit présente sur le site, lorsqu’il s’agira de réaliser l’ignominie de la chape de silence politique qui sert d’alibi à ceux qui prônent “d’agir avec retenue“.
Visionnez le pdf ci-dessus ou téléchargez ICI
Afrin North Syria heyva sor repport fevrier 2018 http://www.kedistan.net/wp-content/uplo ... r-2018.pdf
http://www.kedistan.net/2018/02/07/afri ... onde-sait/



Un communiste libertaire dans l’IFB #04 : « Condamné à observer de loin la bataille d’Afrîn »

Comme je l’ai dit dans un précédent billet, je devais participer à la défense d’Afrîn avec mes camarades des YPJ-YPG. Pourtant, cela s’est avéré impossible, pour des raisons qui en disent long sur le profit que le régime de Bachar el Assad espère tirer de cet affrontement entre deux de ses adversaires.

Le canton est sous le feu de l’armée turque et de ses supplétifs de l’Armée syrienne libre ; les Forces démocratiques syriennes y envoient autant de renforts que possible. Or le canton d’Afrîn est isolé du reste de la Fédération démocratique de Syrie du Nord. Les renforts doivent donc être acheminés en autocar et en voiture à travers des zones contrôlées par l’armée syrienne. Celle-ci filtre les combattantes et les combattants, et interdit l’entrée du canton à un certain nombre – dont moi.

Officier syrien et soldats russes

Le jour du départ, nous patientions dans la campagne de Manbij. La veille, une officière YPJ nous avait fait part du sacrifice de notre camarade Avesta Xabûr, qui a réussi à détruire un tank turc, mais n’y a pas survécu.

Alors que nous préparions le convoi, nous étions observé.es par des soldats russes et des officiers de Bachar el Assad.

Visiblement, la présence de volontaires internationaux les dérangeait. Malgré plusieurs heures d’attente, le convoi n’obtenait toujours pas l’autorisation de départ. Au final, un officier syrien est venu nous interpeller : interdiction de passer pour les internationaux. Toutes celles et ceux qui n’avaient pas un faciès suffisamment kurde à son goût ont dû descendre de l’autocar. Plusieurs, malgré tout, sont passés à travers les mailles du filet. Ces camarades plus chanceux sont donc partis pour Afrîn, où ils ont combattu le lendemain même.

Pourquoi cette interdiction ? Pour éviter que la mort de volontaires internationaux attire l’attention de la communauté internationale ?

Deux jours plus tard, nous avons de nouveau tenté notre chance. Une officière des YPJ nous a recommandé de ne parler qu’en kurmandji. Même instruction aux camarades arabes, pour éviter que le régime ne les empêche de passer, ce qui est semble-t-il arrivé sur d’autres convois. Que des Kurdes se fassent tuer à Afrîn, cela arrange le régime qui les a toujours considéré comme des citoyens de seconde zone. Mais pas des Arabes, qui sont malgré tout considérés comme « sauvables » même s’ils ont rejoint les FDS.

Ruse inutile

Pour passer inaperçu, j’ai noué mon keffieh sur mon front, tenté de brunir ma peau avec un peu de crème mélangée à de la rouille… Peine perdue : je me suis fait repérer par le même officier syrien avant même d’être monté dans le véhicule, toujours sous l’œil d’un soldat russe. Malgré tout, quelques camarades supplémentaires ont réussi à passer.

A chaque fois que je voyais un convoi partir, je savais que je ne reverrais pas la moitié de mes camarades. Toutes et tous les volontaires ont conscience qu’ils risquent de ne pas en revenir.

Je suis donc reparti à l’arrière, pour des tâches de logistique et de gestion de notre QG. D’autres camarades internationaux tenteront leurs chances, leur visage étant inconnu des services de Bachar el Assad.

Pendant ce temps, les bombardements sur les populations civiles continuent dans le canton d’Afrîn, faisant des dizaines de morts. En Turquie, des manifestant.es et des internautes s’opposant à cette opération ont été arrêté.es.

Le 2 février, nous avons appris la mutilation du corps de notre camarade Barîn Kobanê par des membres de l’ASL, après sa mort au combat.

En France, le gouvernement trahit sans hésitation les YPG-YPJ. Après s’être servi d’eux et d’elles dans la lutte contre Daech, Le Drian et Macron les qualifient de « potentiels terroristes ». Cette trahison ne pourra qu’encourager Erdogan, dans son offensive contre Afrîn, et peut-être contre la ville de Manbij puis sur la frontière irako-syrienne.

Vous pouvez continuer à nous aider depuis vos pays, que ce soit en France ou ailleurs, en menant et en continuant des actions : manifestations de solidarité, actions (blocages, cyberattaques,...) contre les ambassades de la Turquie ou ses entreprises.

Damien Keller


https://www.alternativelibertaire.org/? ... a-bataille
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 10 Fév 2018, 23:15

Rojava : Tension entre les Turcs et leurs mercenaires islamistes en raison de la résistance à Afrin

Quelques 25.000 combattants des divers groupes islamistes désignés sous le nom générique d’Armée syrienne libre (ASL) auraient quitté la défense de la province d’Idleb contre le régime pour participer à l’attaque turque contre le canton d’Afrin. La Turquie les rémunère à hauteur de 500 dollars par mois, (3.000 dollars pour les blessés et 15.000 dollars pour les familles des combattants tués), et, avec les transfuges de Daesh, ils servent de chair à canon aux Turcs. Pour un militaire turc tué à Afrin, cinq islamistes tombent face à une résistance à la fois acharnée et active (avec de nombreuses contre-attaques) des FDS. L’un des dirigeants du groupe Faylaq al-Cham, Mahmoud al-Damys, a d’ailleurs été récemment tué à Afrin.

Il est fait état de tensions de plus en plus profondes entre les islamistes démotivés et les états-major turcs qui privilégient encore l’usage de proxys pour les combats d’infanterie. Les islamistes pourraient sortir grand perdant de leur empressement à jouer les mercenaires d’Erdogan, car le régime de Damas a profité de l’affaiblissement de la défense d’Idleb pour y lancer une offensive. Les forces de Assad ont déjà conquis plusieurs villages et points stratégiques, et les journalistes présents à Idleb font état d’un large mécontentement de la population qui s’estimerait trahie par l’ASL. Ces même journalistes évoquent un possible accord tactique et provisoire entre le régime et la Turquie visant à laisser les mains libres, l’un à Afrin pour liquider les FDS, l’autre à Idleb pour liquider l’ASL.

https://secoursrouge.org/Rojava-Tension ... ison-de-la
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 11 Fév 2018, 14:20

Afrin, Erdogan, les kurdes et la Turquie : démêler tout ça pour agir

Dire Afrin... Parce qu'il est souvent difficile de s'y retrouver dans le chaos du Moyen Orient pour qui ne suit pas particulièrement la Turquie et l'interminable conflit en Syrie. Et parce que la situation en est arrivée, avec les bombardements à Afrin, à un point où chacun doit être informé, dessillé, comprendre ce qui se joue, agir en solidarité et faire ce que la France ne fait pas : condamner.

... https://blogs.mediapart.fr/c-morel-darl ... -pour-agir
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 14 Fév 2018, 08:36

Pourquoi la Turquie est en train de perdre à Afrin

Pourquoi la Turquie est en train de perdre à Afrin

La Turquie perd à Efrin, c’est une certitude. Elle perd militairement et politiquement contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) à majorité kurde avec des composantes arabes et chrétiennes. On pourrait douter de ce constat face à une armée supérieure en nombre et en moyens avec un avantage aérien et technologique considérable. Lancée depuis un pays qui ne connaît plus d’opposition, où toute voix discordante jusque dans l’armée a été purgée. Le grand danger de cette situation est la logique de fuite en avant du président turc Erdogan qui risque de le pousser vers des mesures extrêmes.

Retour sur les événements


L’urgence nous pousse à manquer de profondeur dans nos analyses et dans les rapports de forces en présence. La machine de propagande se met en marche. L’information et la désinformation sont des enjeux essentiels pour obtenir la victoire dans les têtes. L’État turc est d’ailleurs un spécialiste pour faire passer ses défaites pour des victoires. A écouter Erdogan, l’armée turque serait aux portes de la ville d’Efrin. Le moral est un élément essentiel dans les combats et les mobilisations qui s’annoncent. Les messages envoyés au public doivent être simples pour être entendus par celui-ci. Mais dans une analyse globalisante, il est important de prendre du recul et de la complexifier.

Dans quelles conditions Erdogan lance-t-il son offensive sur Efrin ?

D’abord à l’échelle internationale cette intervention est mal vécue par de nombreux acteurs. Non pas que les grandes puissances aient de la compassion pour les Kurdes mais cela ne sert pas leurs intérêts pour la majeure partie d’entre elles.

Il y a un clair manque de condamnation mais les soutiens officiels à l’intervention font également défaut. D’où les appels à la « retenue ». Aussi il ne s’agit pas d’un soutien net mais plutôt d’un silence complice.

Les Etats-Unis laissent faire mais sont gênés face à une attaque portée contre des forces militaires dont ils espèrent qu’elles deviendront ses meilleurs alliés contre l’Iran en Syrie après la chute de Daech.

L’Allemagne a suspendu ses livraisons d’armes à la Turquie, embarrassée par l’utilisation de ses chars de dernière génération dans l’opération.

En France, Le ministre des affaires étrangères, M. Le Drian, a appelé à une réunion du conseil de sécurité de l’ONU suite à l’invasion turque d’Efrin avant de baisser d’un ton suite à un entretien avec l’ambassadeur turc en France. La ministre des armées, Florence Parly, a clairement appelé à ce que la Turquie cesse les combats expliquant que cela nuirait à la lutte contre Daech peu avant que le président Macron ne se fasse l’avocat de la Turquie dans une interview au journal Le Figaro en qualifiant de « potentiels terroristes » les alliés de la France, les FDS, qu’elle a armés. Dans la majorité présidentielle, le député Paul Molac a lui-même interpellé le gouvernement sur cette question faisant penser que la position d’Emmanuel Macron n’a pas l’assentiment de larges pans de la majorité présidentielle. Cela va de pair avec les opinions publiques qui sont largement favorables aux Kurdes et où l’islamiste Erdogan est fortement détesté comme le montrent de nombreuses prises de positions médiatiques. Parmi les grandes puissances occidentales, seule la Grande-Bretagne s’est vraiment montrée ouvertement favorable à l’invasion turque.

Les réactions parfois contradictoires des État occidentaux s’expliquent par quelques éléments clés.

La peur qu’Erdogan envoie des masses de réfugié-e-s en Europe en est un. Les Etats européens craignent également que des djihadistes s’y infiltrent et commettent des attentats provoquant des morts et ruinant l’industrie touristique à l’image de ceux du 13 novembre.

L’enjeu économique joue un rôle important, notamment avec la construction du pipeline, le « Turkish Stream », dont la construction partirait de la Russie pour ensuite passer par la Turquie contournant ainsi des pays d’Europe de l’Est dont la situation politique est instable. Bien entendu la Turquie est membre de l’OTAN et les États occidentaux ont peur qu’elle ne se rapproche de la Russie. Cette politique de pression a été déjà employée par Mustapha Kemal en son temps avec les soviétiques.

Pourtant les FDS assurent la sécurité des peuples et des États occidentaux en combattant Daech et les djihadistes efficacement. De plus, c’est aussi un moyen pour les puissances occidentales de revenir sur un territoire où elles étaient presque absentes depuis des décennies : la Syrie. C’est un territoire riche en ressources agricoles et pétrolières occupant une position géostratégique de choix en plein cœur du Moyen-Orient. Contrairement à la Turquie, il s’agit d’un partenaire fiable. En effet, l’Etat turc a armé les djihadistes d’Al-Qaïda et de Daech. Ces derniers ont expulsé une bonne partie des rebelles pro-occidentaux, comme le Front révolutionnaire syrien, du nord du pays, obligeant les grandes puissances occidentales à se rabattre sur les FDS dans leur lutte contre les djihadistes. Autant dire que de nombreux États occidentaux n’ont plus confiance dans la Turquie qui ne tient pas ces engagements et n’hésite pas à trahir ses alliés. Cela explique les hésitations, en particulier de la France qui ne pourra pas éternellement faire le grand écart.

La Russie joue finement. Elle est à l’origine du feu vert donné à l’invasion dans le cadre du partage de la Syrie entre le couple Turquie-djihadistes et l’axe Iran-Russie-régime syrien car la Russie contrôle l’espace aérien. Pour la Russie, c’est une manière de mettre la pression sur les Kurdes, qu’elle voudrait faire rentrer dans le giron du régime au nez et à la barbe des Etats-Unis. Dans le même temps, cela lui permet de demander de plus grosses parts de territoires à la Turquie en Syrie en échange de son laisser-faire à Efrin. Elle éloigne aussi de plus en plus la Turquie de l’OTAN. La Russie pourra également négocier avec deux adversaires-partenaires affaiblis par les combats. Côté diplomatique, cela ressemble à un tirage gagnant pour les Russes. Enfin presque, comme nous le verrons plus loin.

Parmi les puissances régionales, plusieurs ont fait du bruit contre l’intervention, d’abord l’Égypte, ensuite l’Irak mais le plus important est la prise de position de l’Iran contre l’intervention. En effet, cela n’arrange pas son calendrier de voir la principale puissance militaire concurrente du Moyen-Orient se tailler des parts chez son satrape (vassal) syrien. L’Iran le fait malgré une politique ouvertement hostile envers le Rojava et les FDS. Visiblement, l’Iran a beaucoup plus peur de la Turquie que des FDS. L’Iran aurait fait bombarder des convois de l’armée turque qui prennent actuellement position dans la région d’Idlib. Le régime syrien a également condamné l’intervention, même si comme l’Iran, il n’a pas entreprit de réaction militaire de grande ampleur contre l’invasion turque.

En interne la situation est loin d’être stabilisée pour Erdogan. D’un point de vue économique la lire turque est en chute libre et l’inflation explose. D’un point de vue politique, après avoir dépouillé le HDP, troisième force d’opposition (prokurde), de ses élu-e-s et militant-e-s dont la grande majorité est aujourd’hui enfermée dans ses geôles, il commence la dangereuse tâche de démanteler le CHP, deuxième force d’opposition d’obédience kémaliste, et beaucoup mieux implanté dans le pays que le HDP (dont le CHP a d’ailleurs participé à la répression). Dans ce contexte, une guerre est un moyen parfait pour enclencher de nouvelles purges contre les « ennemis de l’intérieur » et pour ressouder les rangs.

D’ailleurs la date du lancement de l’invasion a été minutieusement choisie : le 20 janvier, c’est en plein hiver. La neige et les glaciers des montagnes empêchent de grandes manœuvres offensives de la guérilla du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, qui joue un rôle majeur dans l’encadrement des FDS) contre l’armée turque. L’armée turque elle-même en grande difficulté est peu encline à se lancer sur le territoire syrien. Depuis les purges, sa hiérarchie a été dépouillée de nombreux officiers compétents, notamment dans l’armée de l’air où la plupart des pilotes ont été écartés. Par ailleurs avant les purges, l’ancien chef d’état-major de l’armée turque, le général Necdet Özel avait déclaré à l’été 2015 au sujet d’une possible intervention turque en Syrie : « Entrer, c’est facile, mais comment en sortir ? ». Cela montre que la décision d’envahir Efrin n’est peut-être pas si unanime dans l’armée.

Le malaise est d’autant plus grand que l’opération « bouclier de l’Euphrate » de l’été 2016 a été ponctuée d’incidents. Cette opération avait pour but d’empêcher la jonction des cantons kurdes d’Efrin et de Kobané dans le cadre d’un accord Poutine-Erdogan, où le second cédait Alep en échange de l’entrée de l’armée turque en Syrie. Au début, Daech cédait du terrain sans incident majeur jusqu’à la ville d’Al Bab qui s’est transformée en cimetière de véhicules blindés, de soldats turcs et de combattants djihadistes suite à la décision de Daech de tenir le ville, probablement pour négocier de meilleurs accords avec la Turquie. Lors de cette opération, les mercenaires djihadistes (comprendre l’Armée syrienne libre) au service de la Turquie se sont montrés peu efficaces contre Daech, pourtant déjà bien affaibli. Les officiers turcs ont démissionné ou se sont mis en arrêt maladie sur de longues durées. Le moral était mauvais et les pertes importantes. C’est le résultat direct de la désorganisation de l’armée turque suite aux purges et du fait de l’incompétence de ses supplétifs.

Des officiers peu motivés, une armée démoralisée, une grande quantité de matériels détruits, des supplétifs djihadistes à la fiabilité douteuse, des accords internationaux fragiles et une Turquie isolée, un pays au bord du gouffre financier et la cerise sur le gâteau : les services secrets affaiblis. En effet, le PKK a capturé cet été le directeur des ressources humaines nationales et internationales du MIT (services secrets turcs) et le responsable de la lutte contre les séparatistes, c’est-à-dire contre le PKK et les Kurdes en général. Les deux « invités » ont commencé à parler face à la caméra sur les liens entre la Turquie et Daech. Mais ils ont aussi commencé à parler de l’organisation interne du MIT qui a dû réorganiser toutes ses cellules en urgence. Autant dire que le renseignement précédant l’intervention à Efrin devait être de piètre qualité et comme le disait le théoricien de la guerre chinois Sun Tzu : « Une armée sans espions est comme un corps sans yeux et sans oreilles. ».

Tout aussi mauvaises étaient les roquettes lancées par le MIT contre la ville turque de Kilis pour justifier l’intervention contre la région d’Efrin. Les roquettes en question n’ayant pas la portée nécessaire depuis les position des FDS pour atteindre la ville ciblée. Le directeur du MIT avait déjà fait mention de telles pratiques en 2014 en parlant d’envoyer des hommes balancer des roquettes sur des villes turques pour justifier une intervention en Syrie. La société turque s’est ressoudée face à l’ennemi intérieur et extérieur kurde à cause de sa population très majoritairement nationaliste, mais jusqu’à quand ? Combien de cercueils va-t-elle accepter ?

Maintenant du côté d’Efrin, on a une situation intérieure beaucoup plus enviable. Efrin et le Rojava sont des lieux largement pacifiés. Les institutions ancrées depuis juillet 2012 jouissent d’une fonctionnalité relativement efficace dans une environnement très chaotique.

Fin 2017, des élections ont été organisées. Environ 70% du corps électoral a participé. Il a accordé une très large majorité au PYD (Parti de l’union démocratique, parti frère du PKK en Syrie) et à ses partenaires malgré la guerre civile, les pénuries et la pression internationale.

Depuis 2012, les YPG (milices de défense du peuple, principale force composant les FDS) et aujourd’hui la coalition des FDS se sont considérablement renforcés en armement, en combattant-e-s et en savoir-faire. les FDS contrôlent un territoire sanctuarisé par les Etats-Unis contre le régime et la Turquie à l’exception d’Efrin et du quartier kurde d’Alep Sheikh Maqsoud.

La lutte contre Daech a sorti le Rojava partiellement de l’isolement international où il se trouvait avant la bataille pour la reprise de Kobané. D’autre part le terrain à Efrin est parfaitement adapté à des manœuvres défensives face à une force d’attaque mécanisée : des montagnes boisées.

Avancer vers Efrin implique de passer par des vallées creusées à travers la montagne. Les forces mécanisées peuvent difficilement s’avancer dans les hauteurs rendant la progression très périlleuse. Il est très facile pour des unités d’infanteries légères de se déplacer dans les montagnes afin de harceler les flancs de l’ennemi engouffré dans la vallée. Prendre les montagnes paraît aussi très compliqué pour l’armée turque, pour cela il faudrait des forces d’infanterie adaptées, une bonne connaissance du terrain et une bonne préparation. Trois éléments que les forces turques vont avoir du mal à réunir. Pour ne rien arranger à l’affaire, les FDS ont fortifié la zone depuis 6 ans créant un réseau défensif, de tranchées, de tunnels et de bunkers dans les lieux les plus stratégiques. Ainsi, les FDS ont l’avantage de pouvoir lancer des assauts en contre-bas depuis leurs positions fortifiées et prendre en tenaille l’ennemi. Les vidéos de destruction de chars en témoignent, souvent les missiles guidés lancés par les FDS touchent les flancs ou les arrières d’un char.

Le PYD a réussi à installer un système de mobilisation de masse, en témoigne les énormes manifestations qui traversent le Rojava en particulier à Efrin malgré les menaces de bombardements. Le Rojava est en capacité de mobiliser de larges pans de sa population pour combattre. Il ne faut jamais oublier qu’il s’agit d’un peuple en révolution. En pleine révolution, les jacobins avaient réussit en leur temps à redresser une situation désespérée grâce à une mobilisation populaire massive. Il en est de même pour de nombreux exemples historiques comme celui des bolchéviks pendant la guerre civile russe. Autre facteur important : le régime syrien, probablement en accord avec l’Iran et la Russie, laisse passer des combattants et des armes sur son territoire faisant de la zone d’Efrin une région ravitaillée et non assiégée. Les vidéos des combattant-e-s parti-e-s depuis Kobané jusqu’à Efrin témoignent d’une route ouverte et à peine voilée. De plus, les lignes de ravitaillement passant par le régime jusqu’à Efrin ne semblent pas bombardées, les Russes ayant probablement interdit le vol des avions turcs dans cette zone rendant la situation encore plus délicate pour la Turquie qui fait potentiellement face à toutes les forces du Rojava.

Enfin, dernier élément, et peut-être le plus important, la détermination s’explique par l’enjeu que l’affrontement constitue pour les forces en présence. Pour les Kurdes d’Efrin s’est une question de survie que de résister à l’invasion. Si l’armée turque et les mercenaires djihadistes arrivent à Efrin, ils perdront tout. Ils perdront leurs vies, leur familles, leurs biens. Alors que les mercenaires djihadistes sont payés quelques centaines de dollars par mois et n’ont que de maigres promesses de butin, les soldats turcs sont galvanisés par le discours d’un islam conquérant et nationaliste. Mais que peuvent-ils gagner réellement dans cette offensive à part du sang et des larmes ? Les Kurdes ont des motivations beaucoup plus profondes en défendant leur terre. Dans la même veine, la société du Rojava applique le paradigme du confédéralisme démocratique, ils perdraient leur terre mais aussi leur système de vie et de croyance en la démocratie auquelle ils sont très attachés. L’idée de revenir sous une tutelle coloniale est inacceptable pour eux. Sur cette base, les combattant-e-s kurdes se sont largement faits à l’idée de mourir en martyr pour leur peuple.

Alors bien entendu, que peut faire la détermination face à la déferlante de chars, de mercenaires et d’avions ? Le général vietnamien Giap a déjà répondu à cette question lorsqu’en son temps il a participé à la défaite des Etats-Unis et de la France. L’auteur de ces lignes avait annoncé une brèche vers la victoire à Kobané, en octobre 2014, aux heures les plus sombres de la bataille et la citation déjà abordée à l’époque n’a pas pris une ride. Elle s’impose comme un rappel des propos du général Giap :

« L’esprit de l’homme est plus fort que ses propres machines… Ce sera une guerre entre un tigre et un éléphant. Si jamais le tigre s’arrête, l’éléphant le transpercera de ses puissantes défenses. Seulement le tigre ne s’arrêtera pas. Il se tapit dans la jungle pendant le jour pour ne sortir que la nuit. Il s’élancera sur l’éléphant et lui arrachera le dos par grands lambeaux puis il disparaîtra à nouveau dans la jungle obscure. Et lentement l’éléphant mourra d’épuisement et d’hémorragie. Voilà ce que sera la guerre d’Indochine »

Les évolutions en cours d’opération

Maintenant que nous savons d’où nous partons, nous pouvons préciser que de nombreux rebondissements ont eu lieu en cours d’opération. Le plus voyant est l’image que véhicule cette invasion. En effet, le président turc n’a pas bonne presse parmi les opinions publiques internationales, les islamistes sur lesquels il s’appuie encore moins, alors que les FDS ont une image positive car ils ont vaincu Daech à Raqqa et à Kobané. L’État turc et les djihadistes contribuent d’eux-mêmes à creuser cet écart. Déjà les bombardements turcs ont fait de nombreux morts et blessés (plus de 150 morts et 330 blessés lorsque ces lignes sont écrites en moins de 3 semaines d’interventions). Les images de corps d’enfants déchiquetés par les bombardements renforcent l’antipathie contre le régime d’Erdogan. L’armée turque a ciblé de nombreux camps de réfugié-e-s arabes en les bombardant alors qu’elle intervient officiellement pour « rendre à ces propriétaires légitimes la région » c’est-à-dire les arabes. Toujours dans la même veine, les déclarations à visée d’épuration ethnique contre les Kurdes n’arrangent rien à l’image d’une invasion malvenue et injustifiable au yeux du droit international, Efrin et le Rojava n’ayant jamais menacé ou attaqué la Turquie.

Ensuite viennent les horreurs diffusées par les djihadistes et l’armée turque elle-même. Torture de villageois âgés, tabassage de prisonniers de guerre, utilisation d’armes chimique (confirmé par l’OSDH, l’Observatoire syrien des droits de l’homme), menace d’extermination des Kurdes d’Efrin. Tout y passe et parfois cela vire au ridicule comme quand plusieurs djihadistes se sont filmés en train de voler des poules et des pigeons en criant « Allah Akbar » (dieu est grand) chez les paysans kurdes. Sur les réseaux sociaux certains se sont emparés de l’affaire en reprenant le drapeau de l’ASL et en remplaçant les étoiles rouges par des poules.

Dans un registre plus dramatique, l’image de l’intervention a pris une tournure particulièrement terrifiante après que les djihadistes aient eux-mêmes diffusé une vidéo de leur action sur le corps de Barîn Kobané. Cette femme, combattante kurde victime de féminicide, est morte en combattant l’Etat turc et ses mercenaires. Son corps est tombé entre leurs mains, ils l’ont déshabillé, éventré et en ont coupé les seins. Pendant la vidéo, un djihadiste s’amuse à lui palper les bouts de chair qui lui restent à la place de la poitrine. Ces actions sont un crime contre toute les femmes et une menace qui leur est clairement adressée. Cette vidéo a choqué bien au-delà de la communauté kurde comme le montre une tribune du Figaro qui l’a dénoncée, ainsi que de nombreux articles de presse. Mais peut-être que le révélateur du malaise vient des partisans de la Turquie elle-même. Romain Caillet, qui connaît bien la sphère djihadiste pour en avoir fait partie, s’est récemment improvisé porte-parole de la Turquie. Il est intervenu avec plusieurs tweets prétendant que c’était une action kamikaze qui avait mis le corps dans cette état niant la violence des djihadistes (lui les appelle les « sunnites »). Pourtant l’ASL avait déjà déclaré qu’elle enquêterait sur ces événements reconnaissant leur véracité. Peut-être que le plus sinistre est que cette intervention met au grand jour ce que font les islamistes depuis le début de la guerre en Syrie. Elle est révélatrice d’une mentalité profondément réactionnaire et brutale. Ces images étant diffusées par les djihadistes eux-mêmes, elles montrent leur sentiment d’impunité totale.

La campagne a également été ponctuée d’un incident majeur avec la Russie, un chasseur-bombardier russe a été abattu par des islamistes syriens soutenus par la Turquie. Le pilote est mort. La première mesure de rétorsion par la Russie a été de fermer l’espace aérien aux avions turcs. Profitant de ce répit, les combattants des FDS ont contre-attaqué et repris des positions aux mains de l’armée turque. Ils ont dans ce contexte capturé un blindé, un ACV-15. En parallèle, le régime syrien a tenté un assaut sur les positions des FDS. Les Etats-Unis, dont le soutien aux FDS est mis en doute suite aux derniers événements, ont mis les bouchées doubles et auraient tué plus de 100 combattants du régime. Quelques heures après, les bombardements turcs ont repris de plus belle contre les positions des FDS après que la Russie ait rouvert l’espace aérien. Mais cela dévoile la stratégie des américains depuis le début de la guerre civile en Syrie. Les Etats-Unis veulent pousser à l’affrontement les FDS et le régime de Bachar El Assad. Cette intervention arrive à un moment où les avions turcs avaient stoppé leurs bombardements. C’est loin d’être la première incursion en zone kurde du régime et les réactions étaient habituellement plus modérées, ce qui indique une volonté de faire passer un message. Les États-Unis, en bombardant avec les conséquences qui s’ensuivent, c’est-à-dire la reprise des bombardements turcs, veulent dire aux FDS : nous vous protégerons des Turcs si vous faites la guerre à l’obligé de l’Iran, Bachar El Assad. Si vous refusez, nous lâcherons les Turcs sur vous.

Sur le terrain lui-même, les opérations peinent à avancer. Plus grave encore, les positions acquises le jour sont reprises la nuit par les FDS. Au mieux l’armée turque a pénétré d’à peine 5 km les lignes de fronts. Dans la foulée de la réouverture de l’espace aérien, deux hélicoptères turcs ont été abattus et la Turquie reconnaît de plus en plus de pertes. Des tensions se font sentir entre les supplétifs djihadistes et l’armée turque qui les envoie en masse à la mort. Comme annoncée, les vallées d’Efrin sont devenues un piège mortel pour l’armée turque et ses supplétifs. Murat Karayilan, commandant du PKK, a déclaré que les forces qui défendent Efrin devraient laisser entrer la Turquie pour l’écraser. De nombreux blindés ont été pulvérisés. notamment un char léopard 2, réputé pour sa solidité, qui a volé en éclat sous le tir d’un missile antichar des milices des femmes kurdes, les YPJ.

Autant dire que l’opération risque d’être longue et meurtrière. Plus le temps passe, plus cette intervention va pourrir et montrer le visage hideux de la Turquie d’aujourd’hui et de ses supplétifs djihadistes.

Quelques hypothèses

L’intervention peut prendre fin de plusieurs manières, bien entendu par une victoire turque et ses conséquences désastreuses qui s’ensuivraient mais les événements récents ne présagent pas d’un tel scénario. La Turquie pourrait aussi s’enliser et instaurer un statu-quo sur les avancées qu’elle obtiendrait. Une ou plusieurs grandes puissances pourraient user de leurs positions pour stopper l’invasion et déclarer une zone d’interdiction aérienne si elle trouvait plus d’intérêt à défendre le Rojava et/ou si les opinions publiques se mobilisent contre l’intervention. La troisième option est, qu’après une guerre meurtrière, les troupes turques sont repoussées avec la possibilité de tenter de relier le canton d’Efrin et de Kobané face à des supplétifs djihadistes affaiblis. Abdullah Öcalan, fondateur du PKK et emprisonné en Turquie depuis 1999, avait annoncé que le jour où la Turquie attaquerait le Rojava, cela serait la fin d’Erdogan. Dans cette optique, le porte-parole des YPG a déclaré que l’heure de la libération d’Azaz, Jarabulus et Al-Bab était arrivé (localité située entre Kobané et Efrin dans l’optique de relier les cantons) comme il l’avait annoncé pour Raqqa lors de la bataille de Kobané.

L’axe Iran-Russie-régime syrien, profite de la situation pour prendre d’importants pans de territoires à la rébellion islamiste de la Ghouta et d’Idlib. Les djihadistes étant mobilisés sur un autre front, il devient facile de prendre ces territoires.

Le scénario le plus incertain est pour le coup en Turquie même. Comment vont réagir les populations face à une guerre d’invasion coûteuse humainement et matériellement ? Comment vont-t-elles réagir au retour des cercueils ? Comment va réagir l’armée si elle est poussée à bout ? Sera-t-il aussi facile de démanteler le CHP qu’Erdogan le voudrait ? La nouvelle chef dissidente des Loups gris (un des principaux mouvements de l‘extrême droite turque), Meral Aksener dite la louve, va-t-elle profiter des difficultés d’Erdogan en Syrie ? Une fois la neige fondue, est-ce que l’armée pourra à la fois attaquer Efrin et combattre la guérilla ? Erdogan n’a pas le choix, il lui faut avancer à marche forcée pour imposer sa dictature. Il ne peut se permettre la défaite et c’est bien cela le problème. Il a mis le doigt dans un engrenage et il ne peut plus reculer. Seul l’horizon d’affrontement que lui offre la guerre et la répression généralisée peuvent lui permettre de se maintenir au pouvoir. C’est cela le plus inquiétant, c’est quitte ou double pour le dictateur. Erdogan sait bien ce qui est arrivé au dernier islamiste au pouvoir en Turquie qui a voulut envahir la Syrie au début des années 60. Il a fini pendu.

Cette situation pourrait le pousser à des mesures extrêmes, comme l’Empire ottoman avec le génocide arménien. Ce génocide s’est déroulé dans un contexte de défaite des Ottomans face à une population arménienne répartie sur plusieurs frontières comme les Kurdes. L’inquiétude est grande tant les parallèles se profilent entre les deux situations avec une Turquie sombrant dans la déchéance et les massacres de Kurdes sur fond de néo-ottomanisme. Au nationalisme virulent du pouvoir turc s’ajoute un islamisme délétère. Les Kurdes, à leur tour, sont devenus les mécréants et les ennemis de l’intérieur. Le silence des pouvoirs occidentaux pendant que des villes kurdes étaient rasées en Turquie en dit long sur le risque que courent ces populations.

Le plus grand danger n’est pas dans le risque de défaite militaire lui-même mais dans la fuite en avant du président turc à un moment charnière de l’histoire du Moyen-Orient. C’est pour cette raison plus encore qu’une mobilisation de l’opinion publique est nécessaire et que cette invasion doit être stoppée urgemment avec celui qui l’a lancée : Erdogan.


http://rojinfo.com/turquie-train-de-perdre-a-efrin/
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 15 Fév 2018, 19:46

Rojava : Déclaration de fondation de l’Antifascist Forces in Afrin - AFFA

Plusieurs combattants révolutionnaires étrangers sur le front d’Afrin (hors les partis révolutionnaires turcs) ont annoncé ce 13 février 2018 la fondation d’une nouvelle brigade de volontaires internationalistes. Veuillez trouver ci-dessous leur déclaration de fondation :

Nous sommes un groupes de communistes, socialistes, anarchistes et antifascistes, venus des quatre coins du monde. Même si nous venons de différents courants idéologiques et de différents contextes culturels, nous sommes unis au Rojava par les principes de solidarité, d’internationalisme et d’antifascisme. De Manbij à Raqqa, nous avons combattu avec les YPG, YPG et les Forces Démocratiques Syriennes (SDF) et un grand nombre de forces révolutionnaires turques contre la barbarie de Daesh. Nous sommes à nouveau réunis à Afrin pour combattre le fascisme, l’impérialisme et le terrorisme aux côtés de nos camarades.

Les internationalistes ont versé leur sang pour lutter contre le Fascisme. De la martyre Ivanna Hoffman, l’une des premières internationalistes au Rojava, au martyr Michael Israel, assassiné par une frappe aérienne turque à Manbij, au martyr Jac Holmes, tombé à Raqqa alors que la capitale de Daesh était libérée par les forces antifascistes, nous honorons les martyrs en poursuivant leur combat.

La résistance à Afrin est l’un des moments es plus critiques dans la lutte contre le fascisme de notre époque. Le moment d’agir, c’est maintenant. Nous appelons à la solidarité internationale avec la lutte d’Afrin. Nous appelons les révolutionnaires internationaux déterminés à rejoindre notre lutte. Nous appelons également à des actions civiles larges contre l’État turc à travers le monde. Par l’unité nous triompherons. Par la solidarité, nous vaincrons nos ennemis.

Shéhid namirin ! Bijî berxwedana Efrîné !
Mort au fascisme ! Mort au colonialisme !
Vive la solidarité internationale !
Forces Antifascistes à Afrin (Antifascist Forces in Afrin - AFFA)
Brigade Martyr Michael Israel
13 février 2018


https://secoursrouge.org/Rojava-Declara ... Afrin-AFFA
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 17 Fév 2018, 19:13

Un communiste libertaire dans l’IFB #05 : l’écologie dans le confédéralisme démocratique

A Afrîn, on ne se bat pas que pour battre les islamistes et les impérialistes turcs ; on se bat aussi pour un projet de société différent : le confédéralisme démocratique. Je voudrais l’examiner à travers plusieurs aspects... l’écologie, la démocratie directe, le féminisme…

Canton de la Cizîrê, 15 février 2018

La bataille d’Afrîn continue, mais ce qui saute aux yeux, c’est qu’Erdoğan et ses sbires islamistes de l’Armée Syrienne Libre piétinent. En trois semaines d’offensive, ils n’ont quasiment pas réussi à pénétrer dans le canton, et les Forces Démocratiques Syriennes leur ont infligé des pertes non négligeables, en abattant des hélicoptères et des tanks. Si ça continue comme ça, ça commencera à ressembler à ce qu’a été l’Afghanistan pour l’URSS, ou le Vietnam pour les États-Unis.

Mais à quel prix ? De nombreuses et nombreux camarades paient tout cela de leur vie, sans parler des victimes civiles, et des destructions matérielles dans les villes et villages du canton d’Afrîn.

Comme je suis contraint de rester à l’arrière (voir mon précédent billet), je ne vais cependant pas me contenter de vous commenter la bataille d’Afrîn. Je voudrais commencer à publier quelques billets sur le processus révolutionnaire ici, au Rojava et dans la Fédération démocratique de le Syrie du Nord.

Le « confédéralisme démocratique » dont se revendique le PYD et ses organisations-sœurs dans les différentes régions du Kurdistan se veut un dépassement du marxisme-léninisme, qui intègre différents aspects : l’écologie, la démocratie directe, le féminisme…

Je voudrais les examiner un à un, et vous faire part d’observations critiques personnelles, ou résultant de mes discussions avec différent.es révolutionnaires, kurdes ou non.

L’écologie. C’est sans doute l’axe le moins travaillé actuellement dans la société civile du Rojava – et bien sûr cela s’explique par la situation de crise actuelle – alors que les besoins sont énormes.

Pour commencer, il faut avoir à l’esprit que le régime d’Hafez el-Assad avait procédé à une déforestation massive du Rojava afin d’en faire le grenier à blé de la Syrie. Ceci a entraîné une destruction de tout l’écosystème de la région. Il faudrait une politique d’ampleur et volontariste pour replanter des forêts entières. On n’en est évidemment pas là, alors que le Rojava est dans une situation économique très précaire – le service public de ramassage des ordures n’est même pas assuré partout, par exemple.

Il faut ajouter à cela que les années de guerre ont entraîné une dissémination de munitions et de douilles dont les composants chimiques pollueront les sols pendant des décennies, comme on peut le voir en France où l’écosystème de certains départements porte encore les stigmates de la Première Guerre mondiale.

La question énergétique, enfin, est déterminante. D’un côté, la facilité d’accès au pétrole n’encourage pas la population à se passer de cette ressource, malgré les pénuries suite à l’interdiction des raffineries artisanales, beaucoup trop polluantes. D’un autre côté, le blocus imposé par la Turquie et son allié, le Kurdistan d’Irak, empêche l’importation de matériaux comme les panneaux solaire ou des systèmes de raffinage plus propres.

Enfin, les principes de l’écologie anticapitaliste, basées sur la production locale et autonome de l’énergie plutôt que sur la centralisation industrielle, ne sont malheureusement pas suffisamment travaillées dans nos propres organisations politiques, et trop peu partagées à l’international.

À suivre.

Damien Keller


https://www.alternativelibertaire.org/? ... ederalisme
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede Pïérô » 18 Fév 2018, 15:09

Les combattants hollandais, breton et espagnol des YPG sont tombés à Afrin et Deir Ezzor

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Nous publions ci-dessous la déclaration du commandement général des Unités de protection du peuple (YPG) concernant les trois combattants internationalistes tombés dans la lutte contre les attaques de l’État turc à Afrin et les attaques de l’État islamique à Deir Ezzor.

Nos camarades Kendal Breizh et Baran Galicia, deux de nos combattants internationalistes, qui prirent place en tête de la résistance historique contre les attaques fascistes de l’armée d’invasion turque et de ses gangs alliés à l’encontre du canton d’Afrin, sont tombés martyrs dans les combats contre les occupants sur le front de Jinderise le 10 février 2018.

Nos camarades Baran et Kendal ont rejoint le combat afin de se tenir debout aux côtés du peuple, à un moment où la révolution populaire au Rojava et au Nord de la Syrie, bâtie par le sang et le travail, est attaquée par les forces d’invasion réactionnaires. Ils étaient déterminés à protéger la révolution et ses acquis au prix de leur vie. Ces camarades, partie prenante de l’extraordinaire résistance dans laquelle notre combat s’est embarqué au nom de la dignité humaine au Moyen Orient, sont devenus des symboles de l’esprit et du combat révolutionnaires et internationalistes pour la démocratie au Moyen Orient. Les camarades Baran et Kendal sont venus de plusieurs milliers de kilomètres, de France et d’Espagne, pour participer au combat contre la barbarie de Daesh au Rojava et ont prouvé leur engagement envers le combat et les valeurs socialistes universelles jusqu’à leur dernier moment.

Le camarade Kendal était originaire de Bretagne et le camarade Baran d’Espagne. L’été 2017, ils ont rejoint les rangs des Unités de Défense du Peuple (YPG), et ont joué un rôle actif dans la bataille contre les forces réactionnaires de Daesh. Ces deux camarades ont fourni de gros efforts pour la libération des principales zones tenues par Daesh, comme les villes de Raqqa et de Deir Ezzor, et ils ont combattu en continu durant ces derniers mois. Le 20 janvier, quand l’armée d’invasion turque et plusieurs organisations jihadistes terroristes comme Al Nusra et Daesh ont débuté leurs attaques contre le canton d’Afrin, ils sont venus de plein gré dans cette région avec de nombreux amis internationalistes. Ils étaient déterminés à participer au combat de l’humanité mené à Afrin contre les forces barbares d’occupation. Nos camarades Baran et Kendal ont résisté comme ils l’avaient fait à Raqqa et Deir Ezzor, contre ces groupes terroristes qui partagent la même mentalité et les mêmes pratiques inhumaines que Daesh. Les groupes salafistes de Daesh et leurs alliés d’Al Qaeda qui ont été armés et dirigés par le régime fasciste de l’AKP en Turquie, sont l’une des menaces les plus dangereuses, et pas seulement pour les habitants du Nord de la Syrie et au Rojava. Ils sont une menace pour les valeurs du socialisme démocratique et des sociétés progressistes, ainsi que l’Humanité dans son ensemble. En participant au combat contre ces forces, nos camarades ont défendu le paradigme et les valeurs d’une société démocratique, écologique, et de la libération des femmes. Nos camarades étaient convaincus que ce paradigme était universel, et constituait le seul espoir pour le futur du Moyen Orient. Dans la vie de chacun des camarades, le principe selon lequel “la compréhension nécessite l’action” sur lequel notre combat et notre philosophie de vie sont basés, retrouve tout son sens. Au lieu d’attendre que d’autres portent ce qu’ils avaient compris, ils ont pris leurs responsabilités, faisant preuve de courage en tant que révolutionnaires internationalistes.

Le camarade Baran Sason, originaire des Pays-Bas, est tombé martyr dans la lutte contre Daesh à Deir Ezzor.

Dans le cadre de notre engagement envers les efforts de nos camarades et comme trait caractéristique de l’histoire de notre lutte, nous promettons de porter le combat de nos camarades Kendal et Baran jusqu’à ce que la noirceur de la Turquie, supportée par des groupes de Daesh et d’Al Qaeda n’ait été complètement eradiquée de la région. En commémorant les noms de nos camarades Kendal et Baran, nous exprimons une nouvelle fois notre respect et notre gratitude envers tous les martyrs internationalistes de notre combat. Nous présentons nos condoléances aux familles des martyrs, à leurs proches, et à toutes les forces progressistes du peuple.

La victoire sera, un jour ou l’autre, la victoire de tous les peuples qui résistent !”


https://rojinfo.com/3520-2/

Kendal Breizh : viewtopic.php?f=65&t=5986&start=75#p277792
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 21 Fév 2018, 16:44

Une désintoxication nécessaire
Une foule de conditionnels publiés comme des vérités a surgi ces derniers jours à propos d’Afrin et de la Syrie du Nord. “Un accord secret aurait été passé avec le régime pour que l’armée syrienne se déploie à Afrin”.
(...)
Ajouts du mercredi 21 février 2018
Une colonne de véhicules légers transportant quelques centaines de forces proches du régime venant d’Alep a effectivement pénétré hier dans la périphérie d’Afrin, après avoir été prise pour cible par les milices djihadistes alliées de la Turquie. Le but, selon le commandement des YPG, est de faire stopper les bombardements, du fait de la présence de forces pro-régime à l’intérieur du canton.
Ces milices du régime ne se sont pas cependant déployées en renfort à la frontière, et les forces des FDS et YPG n’ont accepté aucun désarmement, comme l’exigeait le régime pour parvenir à un accord. Cette arrivée des milices crée un état de fait qui complique largement la situation. L’armée turque a continué à bombarder Afrin avec son artillerie lourde aujourd’hui avec autant d’intensité.
Rappelons que dans le même temps, le régime de Bachar a entrepris la “liquidation” aveugle de la poche de la Goutha, au prix de massacres de civils par centaines…
http://www.kedistan.net/2018/02/20/afri ... ecessaire/


Les Kurdes et Assad négocient
Afrin. La Turquie et la Syrie vont-elles s’affronter ?
Un mois après le début de l’invasion turque à Afrin, les autorités syriennes ont affirmé qu’elles y enverraient des troupes pour stopper l’avancée des Turcs et leurs alliés avec l’accord des forces kurdes. Celles-ci nient tout accord avec Assad mais reconnaissent avoir négocié.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Afri ... -affronter
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede GUERRE DE CLASSE » 21 Fév 2018, 17:17

A propos de l’agression de l’armée turque sur le canton d’Afrin (Rojava)

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Commentaires de Tristan Leoni (auteur de la série de textes « Califat et Barbarie ») publiée sur https://ddt21.noblogs.org/?page_id=1906#comment-4276

Depuis le 20 janvier la Turquie a lancé l’opération « Rameau d’olivier » contre l’enclave kurde d’Afrin avec l’appui de plusieurs milices islamistes syriennes (dont certaines portant l’étiquette ASL). L’offensive turque n’est pas une surprise : les accrochages entre YPG et pro-Turcs étaient monnaie courante depuis des mois, et depuis plusieurs semaines l’armée turque déployait des troupes et du matériel autour de l’enclave. De leur côté les YPG s’y préparaient en construisant fortifications et tunnels sur leurs frontières.
48 h avant de lancer leur opération, les généraux turcs se sont rendus à Moscou ; il s’agissait au minimum d’obtenir la non-intervention de la Russie qui contrôle l’espace aérien syrien et disposait de troupes à Afrin afin, justement, d’empêcher (par leur présence) une attaque turque. 24 h avant l’attaque les soldats russes ont quitté Afrin.

Le PYD a cherché à se ménager des alliances contradictoires avec divers acteurs du conflit syrien (Washington, Moscou et Damas), ça ne pouvait pas durer. Les YPG se sont beaucoup trop rapprochés des Américains qui les poussent à une quasi-sécession territoriale (qui n’est initialement pas le projet du PYD) avec divers projets : formation d’une armée de gardes-frontière de 30.000 combattants au « Rojava », aide financière pour la reconstruction et le « nation building ». De quoi courroucer davantage Damas et Moscou.

Pour ces dernières, l’attaque turque est l’occasion de rappeler aux Kurdes quels sont les réels rapports de force dans la région. L’arrivée de renforts YPG (en provenance de l’Est de la Syrie) n’a ainsi été possible que grâce au soutien de Damas qui les a autorisés à transiter par les zones loyalistes.
Dès les premiers jours de l’opération « Rameau d’olivier » les rumeurs se sont multipliés à propos de discussions entre le régime d’Assad, la Russie et les YPG pour une intervention de l’armée syrienne à Afrin afin d’arrêter l’offensive turque. Ce ne serait pas surréaliste. Déjà, en mars 2016, lors de l’opération « Bouclier de l’Euphrate » les YPG avaient cédé plusieurs zones à l’ouest de Manbij aux troupes d’Assad afin d’arrêter l’offensive turque (au même moment que les troupes américaines se déployaient elles au nord de Manbij).

Il est probable que l’offensive turque a davantage pour objectif de créer un cordon sécuritaire le long de la frontière que de conquérir toute l’enclave d’Afrin ; mais depuis le début, l’ALS et les TAF (Turkisharmed forces) piétinent. Les YPG avaient eu tout le temps de fortifier leurs frontières avec des réseaux de tunnels et de bunkers, et ils ne se privent pas non plus d’utiliser les missiles antichars offerts par les armées occidentales. Néanmoins, Afrin n’est pas Kobané : si en 2014 les YPG avaient réussi à repousser les troupes de l’Etat islamique c’est surtout grâce à l’appui de l’aviation et des forces spéciales américaines (sinon la ville serait tombée). Il n’en va pas de même à Afrin où là ce sont les YPG qui subissent les bombardements aériens. Malgré une farouche résistance, les troupes des YPG sont condamnées à reculer progressivement face à l’armée turque et ses supplétifs, et les civils condamnés à s’enfuir vers les zones tenues par Damas. D’où la recherche d’une solution politique ou d’un soutien extérieur qui devient urgente. Cette fois la cavalerie américaine ne viendra pas au secours. L’arrivé de l’armée loyaliste syrienne est donc une possibilité ; mais elle ne sera pas « gratuite » et, si tel est le cas, les YPG devront en échange renoncer à leur autorité sur l’enclave d’Afrin.

T.L. 19 février 2018
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 28 Fév 2018, 01:15

Les leaders mondiaux et l’attaque brutale contre Afrin la kurde

Des militants islamistes – avec le soutien de l’armée turque – sèment le chaos dans une enclave de paix et de santé mentale dans la guerre syrienne.

La population d’Afrin a presque doublé durant le conflit, des centaines de milliers de personnes, en majorité des réfugiés arabes, sont venus y chercher abri auprès des sa population initiale, très majoritairement kurde.

Il y a trois ans de cela, le monde a regardé une bande de combattants et de combattantes dépenailléEs dans la ville syrienne de Kobanê, la plupart d’entre eux armés de rien d’autre qu’une Kalashnikov, tenir tête à une vaste armée de militants islamistes équipés de chars d’assaut, d’artillerie et bénéficiant d’une supériorité logistique écrasante. Les défenseurEs expliquaient avec insistance qu’ils/elles agissaient ainsi au nom d’un démocratie féministe révolutionnaire. Les combattants islamistes ont juré de les exterminer pour cette raison même. Lorsque les défenseurEs de Kobanê ont vaincu, leur victoire fut saluée comme étant ce qui, dans le monde contemporain, pouvait le mieux se rapprocher d’une confrontation évidente entre le bien et le mal.

Aujourd’hui, exactement la même chose se reproduit. Sauf que, cette fois-ci, les puissances mondiales prennent résolument parti pour les agresseurs. Dans un revirement bizarre, ces agresseurs semblent être parvenus à convaincre les leaders mondiaux et les faiseurs d’opinion que les citoyens de Kobanê sont des “terroristes” parce qu’ils embrassent une version radicale de l’écologie, de la démocratie et des droits des femmes.

La région en cause, c’est Afrin, défendue par les mêmes combattants et combattantes des YPG et des YPJ (Unités de protection du peuple et unités de protection des femmes) qui ont défendu Kobanê, et qui se sont ensuite révélés comme étant les seules forces en Syrie volontaires pour pousser la bataille jusqu’au cœur de l’état islamique, y perdant des milliers de combattantEs dans la bataille pour sa capitale, Raqqa.

Afrin, un îlot isolé de paix et de santé mentale dans la guerre civile syrienne, célèbre seulement pour la beauté de ses montagnes et ses champs d’oliviers.Sa population a presque doublé durant le conflit, des centaines de milliers de réfugiés, en majorité arabes, venant s’y mettre à l’abri auprès de sa population initiale, très majoritairement kurde.

En même temps, ses habitants avaient profité de leur paix et de leur stabilité pour développer les principes démocratiques embrassés à travers les régions kurdes du nord de la Syrie, connues sous le nom de Rojava. Les décision locales étaient dévolues à des assemblées de quartiers auxquelles tous pouvaient participer ; d’autres secteur du Rojava insistaient sur une stricte parité des genres, chaque fonction ayant des co-présidents, homme et et femme. A Afrin, les deux-tiers des postes publics sont détenus par des femmes.

Aujourd’hui, cette expérience démocratique fait l’objet d’une attaque de la part des milices islamistes, y compris des vétérans de Daech et de al-Qaida, et des membres des escadrons de la mort turcs tels que les tristement célèbres Loups gris, appuyés par les chars d’assaut turcs, des avions de chasse F16 et des hélicoptères mitrailleurs. Tout comme Daech avant eux, la nouvelle force semble déterminée à violer les normes de conduite, lançant des attaques au napalm contre des villageois, attaquant les barrages – et même, tout comme Daech, faisant sauter des monuments archéologiques irremplaçables. Recep Tayyip Erdoğan, le président de la Turquie, a annoncé, “Nous visons à rendre Afrin à ses propriétaires légitimes”, une menace à peine voilée de nettoyage ethnique des habitants kurdes de la région. Et pas plus tard qu’aujourd’hui, il est apparu qu’un convoi en direction d’Afrin qui transportait de la nourriture et des médicaments a été attaqué à l’obus par les forces turques.

Jusqu’à cette date, les YPG et les YPJ semblent avoir résisté à l’envahisseur de façon remarquable. Mais ils l’ont fait sans soutien, même moral, d’une seule des grandes puissances mondiales. Même les Etats-Unis, dont la présence des forces empêche la Turquie d’envahir ces territoires dans l’est où les forces des YPG et des YPJ combattent toujours Daech, ont refusé de lever le petit doigt pour la défense d’Afrin. Le secrétaire aux affaires étrangères de la Grande Bretagne, Boris Johnson, est allé jusqu’à insister sur le fait que “la Turquie a le droit de vouloir préserver la sécurité de ses frontières” – en appliquant cette logique, il n’aurait aucune objection à ce que la France prenne le contrôle du Pas-de-Calais.

Le résultat est bizarre. Des leaders occidentaux condamnent sévèrement les régimes du Moyen-Orient pour leur absence de démocratie et de respect pour les droits des femmes – et, se servant même de ce prétexte, comme le fit dans un discours célèbre George W Bush à l’encontre des talibans – semblent avoir décidé dorénavant que trop aspirer dans la direction contraire est une justification suffisante à une attaque.

Pour comprendre comment cela a pu se passer, il faut remonter aux années ’90, lorsque la Turquie a été aux prises avec une guerre civile avec le bras armé du Parti des travailleurs du Kurdistan, (ou PKK), qui était à l’époque une organisation marxiste-léniniste réclamant un état distinct pour les kurdes. Savoir si le PKK ne fut jamais une organisation terroriste, dans l’acceptation de ce terme qui implique bombardement de marchés et autres actions de ce genre, demeure matière à débat. Mais il ne fait aucun doute qu’une guerre de guerilla est sanglante et que des choses terribles se sont produites des deux côtés. Vers le tournant du millénaire, le PKK a abandonné son exigence d’un état distinct. Il a appelé à un cessez-le-feu unilatéral, faisant pression pour la tenue de pourparlers de paix, négociant à la fois une autonomie régionale pour les kurdes, et une démocratisation plus large de la société turque.

Cette transformation affecta le mouvement de libération kurde à travers le Moyen-Orient. Ceux qui s’inspiraient du leader emprisonné du mouvement, Abdullah Öcalan, se mirent à faire appel à une décentralisation radicale du pouvoir et à s’opposer au nationalisme ethnique de toutes sortes.

La Turquie engage une incursion terrestre dans la zone d’Afrin en Syrie, contrôlée par les kurdes

Le gouvernement turc répondit par une campagne intensive de lobbying pour faire désigner le PKK en tant qu’ “organisation terroriste” (elle n’avait jamais été auparavant sur cette liste). Il y parvint en 2001 et le PKK fut placé sur la “liste des organisations terroristes” de l’Union européenne, des Etats-Unis et des Nations unies.

Jamais auparavant une telle décision n’a causé pareil dégat sur des perspectives de paix. Elle a permis au gouvernement turc de mettre en état d’arrestation des milliers d’activistes, de journalistes, d’élus kurdes – y compris le leadership du deuxième plus large parti d’opposition du pays – tous accusés de sympathies “terroristes” et ce, quasiment en l’absence de toute protestation de la part de l’Europe ou de l’Amérique. Dorénavant, la Turquie a plus de journalistes emprisonnés que tout autre pays.

La désignation a créé une situation de folie orwellienne, permettant au gouvernement turc de verser des millions à des sociétés occidentales de relations publiques pour salir comme étant un “terroriste” quiconque réclame de meilleurs droits civils. Maintenant, dans une absurdité ultime, elle a permis aux gouvernements mondiaux de rester les bras croisés pendant que la Turquie lance une attaque gratuite sur l’un des derniers coins paisible de la Syrie – bien que le seul lien réel qu’ait son peuple avec le PKK est son enthousiasme pour la philosophie de son leader emprisonné, Öcalan. On ne peut le nier – comme les progagandistes turcs ne cessent de le souligner – que les portraits et les livres d’Öcalan sont courants ici. Mais l’ironie veut que la philosophie en cause constitue une adhésion à la démocratie directe, à l’écologie et à une version radicale de l’émancipation des femmes.

Les extrémistes religieux qui entourent le gouvernement turc actuel savent très bien que le Rojava ne constitue pas une menace militaire. Il les menace en fournissant une vision alternative de ce que pourrait être la vie dans la région. Par-dessus tout, ils considèrent essentiel d’envoyer le message aux femmes à travers le Moyen-Orient que, si elles se soulèvent pour leurs droits, et si de plus elles se soulèvent en armes, le résultat le plus probable sera qu’elles seront mutilées et tuées, et qu’aucune des grandes puissances n’y trouvera à redire.

Il y a un mot pour décrire une telle stratégie. Cela s’appelle du “terrorisme” – un effort calculé pour causer de la terreur. La question est de savoir pourquoi le reste du monde y collabore?

David Graeber


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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 03 Mar 2018, 21:13

Combats acharnés et bombardements à Afrin

La Turquie a essuyé jeudi 1er mars de nouvelles pertes dans le cadre de son offensive contre Afrin, l’état-major reconnaissant que huit soldats avaient été tués et 13 blessés. Cela fait de la journée de jeudi l’une des plus meurtrières pour Ankara depuis le déclenchement de son opération militaire le 20 janvier. Durant la semaine, les forces spéciales de la gendarmerie et de la police turque ont été engagées à Afrin. En 2015 et 2016, ces mêmes forces ont servi de fer de lance aux opérations contre-insurectionnelles menées par Ankara dans les villes kurdes du sud-est de la Turquie, qui s’étaient alors traduites par des destructions d’une ampleur sans précédent. D’intenses combats avaient éclaté dans l’après-midi entre ces forces spéciales et les membres des FDS, qui ont notamment tendu une embuscade en utilisant des tunnels. Un hélicoptère turc dépêché pour évacuer les blessés a dû rebrousser chemin après avoir été touché par un tir.

Les pertes essuyées par Ankara jeudi portent à au moins 40 le nombre des soldats turcs tués depuis le début de cette offensive. Les pertes des supplétifs islamistes sont entre 4 et 5 fois plus nombreuses. Ankara a refusé d’appliquer cette semaine la trêve humanitaire que réclame le Conseil de sécurité des Nations unies en Syrie, Ankara estimant que la résolution ne concernait pas son opération. Les bombardements sur l’enclave kurde se sont poursuivis.

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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 04 Mar 2018, 14:29

Des milliers de manifestants pro-kurdes à Berlin contre l'offensive turque à Afrine

Plusieurs milliers de personnes ont défilé sous haute surveillance policière samedi dans le centre de Berlin pour protester contre l'offensive turque dans l'enclave kurde d'Afrine en Syrie.

La police a parlé d'une manifestation "globalement sans troubles", même si quatre policiers ont été agressés et légèrement blessés par des participants. Trois personnes ont été interpellées.

Le cortège, organisé par des ONG, des organisations kurdes et certains partis politiques sous la bannière "Ensemble contre les attaques turques à Afrine", était encadré par une forte présence policière.

Selon les organisateurs, quelque 20.000 personnes ont participé, selon la police "plusieurs milliers".

... http://information.tv5monde.com/en-cont ... ine-223923
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 04 Mar 2018, 18:17

Un communiste libertaire dans l’IFB #07 : « La cohabitation entre YPG et miliciens pro-Assad est assez tendue »

« L’alliance affichée aujourd’hui à Afrîn face à l’invasion turque ne change rien à cette rivalité ; elle résulte d’un compromis qui ne peut être que provisoire. »

Canton de Cizîrê, le 1er mars 2018

L’entrée de troupes de Bachar el Assad dans Afrîn, pour renforcer la défense kurde face à l’invasion turque, pose bien des questions. Cela va-t-il mettre fin à l’offensive ? Les Russes vont-ils, du coup, faire pression sur Erdogan ? Les FDS se sont-elles jetées dans les bras du dictateur ? Etaient-elles acculées au point de n’avoir plus le choix ? etc

Pour commencer, il faut mesurer la faiblesse de ce renfort, plus symbolique qu’autre chose. Ce ne sont pas des troupes régulières de l’armée syrienne qui sont entrées dans Afrîn, mais uniquement un convoi de 300 à 400 miliciens chiites (sans doute ultranationalistes, donc antikurdes), avec le drapeau rouge-blanc-noir du parti Baas. Un 2e convoi, bombardé par l’artillerie turque, s’est enfui vers Alep et n’a pas atteint Afrîn. Pour l’instant, c’est tout. C’est peu, en comparaison de la trentaine de milliers de combattantes et combattants des FDS qui défendent le canton pied à pied.

Quant à la cohabitation avec ces miliciens pro-Assad, elle est évidemment assez tendue. Comme elle l’est à chaque fois qu’on a dû voisiner, que ce soit à Hassakê, à Qamişlo ou à Deir ez-Zor.

Accrochages sanglants

Depuis 2011, la « paix armée » entre les YPG-YPJ et le régime a ainsi été rompue plusieurs fois par des accrochages sanglants. Celui d’avril 2016 à Qamişlo a fait des dizaines de victimes. Idem à Hassakê, quatre mois plus tard, lors d’affrontements qui ont vu les soldats de Damas quasiment boutés hors de la ville. Quant à Deir ez-Zor, les troupes du régime ont profité de l’attaque turque sur Afrîn pour y lancer un assaut contre les FDS le 8 février – assaut qui s’est terminé par une déroute sanglante pour elles.

L’alliance affichée aujourd’hui à Afrîn face à l’invasion turque ne change rien à cette rivalité ; elle résulte d’un compromis qui ne peut être que provisoire.

Quelques mots encore sur Qamişlo, capitale de la Fédération démocratique de la Syrie du Nord, où règne toujours une ambiance de guerre, avec des drapeaux accrochés sur les ronds-points, des portraits décolorés d’Abdullah Ocalan et des martyrs (şêhid) de la révolution affichés dans les rues.

Le souvenir des martyrs est très présent : on baptise de leur nom des écoles, des hôpitaux, des locaux de l’auto-administration ; quelques commerces affichent leurs photos, ainsi que des drapeaux des organisations révolutionnaires turques et/ou kurdes qu’ils soutiennent.

Des commerçants refusent qu’on paie nos achats

Certains bâtiments détruits n’ont pas encore été déblayés, certains sont inhabitables, et des chantiers interrompus n’ont jamais redémarré. Devant le Pôle Emploi local, des dizaines de personnes recherchent du travail alors que la reconstruction du pays est entravée par le blocus organisé par la Turquie et par son allié en Irak, le Gouvernement régional du Kurdistan.

Au milieu de ces ruines, les écoles fonctionnent. Enfants arabes, kurdes et assyriens partagent souvent la même, et marchent parfois plusieurs kilomètres pour s’y rendre.

Qamişlo, le régime de Damas tient toujours une enclave. Aux alentours, les YPG, la police régulière ainsi que l’armée du régime ont chacun leurs checkpoints. Les portraits de Bachar el Assad et ceux d’Ocalan voisinent parfois, dans un étrange face-à-face. Une guerre des images, à coups de portraits géants.

Les petits commerces et les ateliers sont aussi ouverts, malgré les dégâts : souvent, des pans de leurs murs ont été éventrés à la masse pour ouvrir des passages lors des combats de rue. Ces commerçants, qui affichent également des posters politiques, il n’est pas rare qu’ils refusent que les combattantes et les combattants paient leurs achats, même quand nous insistons.

Et puis, il y a Afrîn : la population vit au rythme des informations qui parviennent de la bataille, des manifestations de solidarité et des obsèques des combattantes et combattants qui tombent.

Damien Keller


https://www.alternativelibertaire.org/? ... iciens-pro
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede bipbip » 06 Mar 2018, 09:10

Syrie : Delenda Afrin

Pourquoi la Turquie attaque-t-elle l’enclave d’Afrin ? Rattachée à la Fédération Nord-Syrie (Rojava), non reconnue par l’État syrien, ce canton avait jusqu’ici réussi à se préserver des bombardements du régime d’Assad et des violences de la guerre civile. C’en est désormais terminé avec cette opération baptisée « Rameau d’olivier », par laquelle Erdoğan espère mettre fin à l’existence du corridor contrôlé par les combattants kurdes (FDS/YPG) le long de sa frontière avec la Syrie.

En plus des bombardements des avions F16 (de facture américaine) et des tanks Leopard-2A4 (de fabrication allemande), le président turc utilise une force mercenaire de 10 000 à 25 000 hommes, composée de brigades affiliées à l’Armée syrienne libre. On y trouve des groupes islamo-nationalistes, comme Faylaq al-Sham ou Jaych al-Nokhba, et des milices turkmènes. De son côté, la coalition de gangs djihadistes Hayat Tahrir Al-Cham, attirée par la curée, mène l’assaut par le sud. Depuis le 21 janvier, des vidéos circulent, montrant des mercenaires scandant des slogans racistes à la gloire de feu Saddam Hussein (grand massacreur de Kurdes) pour se galvaniser. Les milices « rebelles » ne pardonnent pas à ces Kurdes, réputés mécréants, d’avoir fait cavaliers seuls au moment de la militarisation de l’insurrection contre Assad en 2012. Et pour cause : cela signifiait pour les YPG se placer sous tutelle d’un commandement parrainé par la Turquie, hostile à leurs revendications ! Les milices kurdes sont également accusées d’avoir déplacé les populations de certains villages arabes repris à Daech en 2016.

Dans cette escalade dangereuse où les échiquiers se superposent, ce qui a rendu possible l’opération turque est l’arrangement tacite entre la Turquie, le régime syrien et les Russes. Afrin semblait ici servir de monnaie d’échange : les Russes et Damas fermaient les yeux sur l’intervention turque et les Turcs lâchaient Idleb, sous le feu du régime et qui concentre les derniers groupes rebelles. Mais le 27 janvier, Erdoğan a déclaré dans un meeting : « Si Allah le veut, mes soldats iront jusqu’à Idleb », ce qui marque un nouveau cran dans l’engrenage guerrier. Ce qui est certain, c’est que ni Erdoğan ni Assad n’ont envie de voir s’installer une zone semi-autonome aux mains des YPG. Le second les a d’ailleurs récemment qualifiés de « traîtres », qui « travaillent pour le compte d’un pays étranger, notamment sous commandement américain ». Quant aux Russes, véritables maîtres du jeu en Syrie, ils cherchent à pousser les YPG dans les bras du régime. Le Kremlin avait offert une protection aérienne aux Kurdes à condition qu’ils laissent les forces du régime prendre possession d’Afrin, puis avait désengagé son soutien devant leur refus.

La grande incertitude, au moment où nous publions, reste donc l’attitude d’Assad : va-t-il intervenir afin « de s’acquitter de ses devoirs souverains envers Afrin et de protéger ses frontières avec la Turquie contre les attaques de l’occupant turc », comme l’aurait réclamé l’auto-gouvernement civil d’Afrin le 25 janvier ? Mais le même jour, le porte-parole des YPG, Birûsk Hesekê, s’était insurgé contre « ces informations selon lesquelles le régime syrien doit reprendre Afrin […]. Ce serait une honte. Nous n’avons jamais demandé une intervention des troupes gouvernementales syriennes » (RFI, 25/01).

La « communauté internationale » préfère, elle, temporiser et appelle la Turquie « à la retenue »… avec retenue. Mais au sein de l’Otan, les relations des États-unis – qui ont largement armé les YPG – avec leur partenaire turc se dégradent de jour en jour. Le casus belli pourrait se jouer autour du sort de Manbij. Cette ville située à une centaine de kilomètres à l’est d’Afrin, et dans laquelle sont positionnés des militaires US engagés aux côtés des YPG, constitue en effet la prochaine étape du projet d’annexion turc.

Doit-on conclure que tout le monde lâche les Kurdes ? À Afrin, l’auto-administration a reçu le soutien des communautés chrétiennes et des tribus arabes locales – la Première ministre du canton, Hêvî Îbrahîm, est une femme issue de la minorité alévie, son assistant est un Arabe sunnite et le ministre des Affaires extérieures est un Kurde yézidi. Rien d’étonnant, puisque le Rojava cherche à construire un système fédéraliste se voulant respectueux des diversités ethniques et religieuses, ainsi que de l’égalité homme-femme. Ce que beaucoup de commentateurs préfèrent passer sous silence en le réduisant à un séparatisme ethnique et nationaliste. À l’image de l’islamologue Jean-Pierre Filiu ou du djihadologue Romain Caillet, qui tweetait le 21 janvier : « Si les attentats jihadistes ont tué des centaines de personnes en France, la guerre contre le PKK a fait des dizaines de milliers de morts en Turquie. Comment ne pas comprendre qu’il est dans l’intérêt de la Turquie d’éradiquer les forces du PKK à sa frontière syrienne ? »

Aux États-unis, des universitaires et militants de gauche ont appelé à « ne pas laisser Afrin devenir un nouveau Kobané » [1]. Mais hors ces soutiens de plume, les Kurdes semblent bien seuls. Mais ils en ont l’habitude – pour preuve, leur fameux proverbe : « Seules les montagnes sont nos amies. » Et il n’est pas dit qu’Erdoğan, qui souhaite une victoire rapide « jusqu’à ce que le dernier terroriste soit éliminé », ne rencontre pas une résistance déterminée qui contrarie profondément sa stratégie délétère.


Notes

[1] « Don’t let Afrin become another Kobane », tribune publiée sur le site anfenglish.com et notamment signée par Noam Chomsky, David Graeber, Michael Hardt et David Harvey.


http://cqfd-journal.org/Syrie-Delenda-Afrin
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Re: Afrin, Turquie contre kurdistan

Messagede Blesk » 08 Mar 2018, 16:01

Une de mes connaissances militantes qui connaît mes positions critiques envers la soi-disant « Révolution du Rojava » m’a dit récemment qu’il avait lu un article dans le magazine web « Bastamag ! », et il m’a tout particulièrement signalé un paragraphe à propos de la « fraternisation » entre des militants et/ou sympathisants des YPG d’un côté, et des milices chiites syriennes pro-gouvernementales qui étaient entrées dans le canton d’Afrin le 20 février pour aider les Kurdes contre l’agression militaire turque. Pour suivre, voici l’extrait de l’article « D’Afrin à la Ghouta, pourquoi la Syrie est toujours à feu et à sang malgré la défaite de l’Etat islamique » :

Malgré les territoires peu à peu conquis et leur autonomie revendiquée, les YPG kurdes n’ont jamais intensément combattu les forces de Bachar al-Assad aux côtés des groupes de l’opposition. C’est plutôt une non-agression réciproque qui a prédominé entre ces deux parties depuis la révolution de 2011. Le 20 février dans la soirée, peu de temps après la tentative avortée des forces pro-régime d’entrer à Afrin, des vidéos commençaient néanmoins à circuler sur les réseaux sociaux, affichant les « retrouvailles » de combattants du régime avec des membres des YPG, drapeaux loyalistes mélangés avec les drapeaux kurdes, scandant « uni-uni-uni, le peuple syrien est uni ! », soit… l’un des slogans de la révolution. Comme prévu, Damas veut capitaliser sur l’intervention turque : il s’agit pour le régime de regagner en légitimité en s’affichant comme protecteur des kurdes, et de mettre en scène la réunification d’un pays brisé en morceaux par la guerre.

Source : https://www.bastamag.net/D-Afrin-a-la-Ghouta-pourquoi-la-Syrie-est-toujours-a-feu-et-a-sang-malgre-la

Bien sûr, je sais que tout est possible aujourd’hui en Syrie et surtout avec le « national-social libérationnisme » kurde et ses alliances et contre-alliances avec tout le monde et n’importe qui. Au demeurant, à quand une alliance avec Daech ? Ce ne serait pas aussi surréaliste que cela apparaît à première vue ! Tout est possible dans la politique bourgeoise et ses relations diplomatiques. Mais comme l’article ne fournissait aucun lien vers ces « vidéos », je ne croyais pas vraiment à cette histoire.

Puis mon ami a effectué des recherches sur internet et surtout sur Youtube et il revint vers moi avec des preuves et j’en suis vraiment resté sur le cul ! Pour suivre, voici trois vidéos qui expriment la joie de militants kurdes quant à l’intervention du « boucher de Damas » pour aider le canton d’Afrin contre l’agression militaire turque. Les deux premières vidéos montrent des « fraternisations » et ne manquez pas d’observer les drapeaux syriens et ceux des YPG qui flottent ensemble au vent lorsque les milices syriennes sont entrées dans Afrin ; prenez bonne note aussi les portraits d’Ocalan et de Bachar dans la seconde vidéo. Dans la troisième vidéo, tournée entre l’agression turque et l’intervention de Damas, il y a des interviews de militants kurdes réclamant l’intervention du gouvernement syrien et de son armée au nom de « l’unité de la nation »…

Quel genre de commentaires pourrait encore être approprié pour décrire ces scènes de « fraternisation » entre le « pauvre peuple kurde » et les meurtriers à la solde d’Assad !???

Syria: 'They came to protect us!' - Afrin welcomes Syrian govt. forces
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Friend or foe? Assad quietly aids Syrian Kurds against Turkey
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