Le n°2 d’Airbus tombe après les affaires de corruption
Alors même qu’Airbus est au cœur de multiples enquêtes de corruption, le conseil d’administration de l’avionneur a acté ce jeudi 14 le départ de son directeur général, Fabrice Brégier, en février 2018. Quant à Tom Enders, le président exécutif du groupe, celui-ci a déclaré ne pas vouloir renouveler son mandat prenant fin en mai 2019.
Le groupe Airbus accumule les poursuites judiciaires. Depuis 2003 il est poursuivi par les justices allemandes et autrichiennes, puis en 2016 par les justices françaises et britanniques après qu’il se soit lui-même dénoncé, mais aussi par la justice américaine. Une situation de crise pour le premier employeur d’Europe.
Des affaires de corruption qui s’accumulent
En effet, en 2016, Tom Enders se rendait devant la justice britannique pour déclarer des irrégularités au niveau des commissions qu’Airbus versait à des compagnies aériennes en échange de commandes d’avions. Il s’agit là d’une pratique courante, c’est même le nerf de la guerre commerciale d’Airbus et Boeing : reverser des pots-de-vin (prenant la forme de réduction sur les avions), voire même des échanges de savoir (comme la délocalisation d’usine à Tianjin, en Chiné) contre la promesse d’un carnet de commande bien rempli. Si cela n’est pas illégal, il est néanmoins obligatoire de déclarer les sommes versées, ce qu’Airbus n’a pas toujours fait. En ligne de mire : certains contrats d’avions, dont 34 pour Turkish Airlines et 150 pour la Chine, pour une valeur totale de 18,2 milliard d’euros (en-deçà des prix catalogue).
Ce n’est bien sûr pas par un soudain acquis de conscience qu’Airbus est allé voir les autorités britanniques. Le groupe commençait à être suspecté et l’affaire devait éclater de toute façon. Sauf que si une entreprise se dénonce elle-même, elle peut, selon les lois anti-corruption britannique et française, éviter un procès et voir son amende allégée. Hors, un procès où Airbus aurait été reconnu coupable de corruption lui aurait fermé le marché états-unien selon les règles du pays. Mais là encore, petit hic, les États-Unis poursuivent d’eux-mêmes l’avionneur concernant des « inexactitudes » dans des déclarations faites au département des ventes d’armes (made in Airbus).
En effet, si des faits de corruptions sont avérés, l’amende peut aller jusqu’à 30% du chiffre d’affaires moyen annuel de l’entreprise, soit 20 milliards d’euros. C’est néanmoins autour de 6 milliards que l’amende devrait tourner, puisque « faute avouée à demi pardonnée ». Une somme colossale qui va fortement handicaper le groupe et qui va surement retomber sur les salariés : en 2015, le résultat net du groupe était de 2,7 milliards d’euros, ce qui veut dire qu’une telle amende représenterait plus deux années de profit pour le constructeur européen. Face à cela, il est à craindre que les licenciements, déjà importants pour la firme, vont grimper en flèche dans les prochaines années.
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