Lettre ouverte de la Fédération Nationale des Arts de la Rue : quel monde voulons ?
LETTRE OUVERTE
A Monsieur le Premier Ministre, Monsieur Edouard Philippe,
A Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, Monsieur Gérard Collomb,
A Madame la Ministre de la Culture, Madame Françoise Nyssen,
A Monsieur le Préfet de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Monsieur Henri-Michel Comet,
A Madame le Préfet du Cantal, Madame Isabelle Sima,
A Monsieur le Maire d'Aurillac, Monsieur Pierre Mathonier,
A Monsieur le Directeur Régional des Arts et de la Culture, Monsieur Michel Prosic,
A Monsieur le Président du Festival d'Aurillac, Monsieur Philippe Meyer,
A Monsieur le Directeur du Festival d'Aurillac, Monsieur Jean-Marie Songy,
Citoyennes, citoyens,
QUEL MONDE VOULONS-NOUS ?
Les 500 ans de commémoration de la Ville du Havre, le Festival d'Avignon sont le reflet des possibles du maintien d'évènements culturels et artistiques de grande ampleur dans le respect de la rencontre entre les œuvres et les spectateurs, la joie et le bon sens, le tout dans des conditions de gestion de la sûreté acceptables et non contraignantes.
C'est pourquoi le modèle sécuritaire d'enfermement proposé pour l'édition 2017 du Festival d'Aurillac est incompréhensible. Les violences lors de l'édition 2016 face à ce dispositif nous ont enseigné qu’il n’est pas la réponse adaptée à la vie partagée dans l’espace public. Le Festival d'Aurillac au rayonnement national et international qui n'est plus à démontrer, est également un évènement fondateur du mouvement artistique dit des arts de la rue, vitrine d'une pratique artistique spécifiquement française qui a su s'exporter à travers le monde.
Enfermer le festival d'Aurillac c'est donc enfermer ses habitant.e.s, les spectateurs, spectatrices, c'est enfermer les artistes œuvrant dans l'espace public, mais c'est aussi réduire les droits des citoyen.n.e.s, empêcher les rencontres de tous les enfants de la République. Que voulez-vous montrer ici ? Quel monde proposons-nous ?
Nous sommes citoyen.ne.s, face à un tournant historique. Laisserons-nous réduire nos biens communs à un usage unique et entraver durablement notre liberté d'expression et de circulation pour vivre dans des villes devenues privées ? On ne peut pas négocier avec les droits de l'Homme, fondateurs de notre République française.
Nous vous interpellons aujourd'hui pour vous demander de réviser le dispositif envisagé pour le Festival d'Aurillac 2017 qui au-delà des symboles et de l’entrave à la libre-circulation pourrait engendrer une fois de plus des débordements.
Nous ne pouvons accepter la privatisation et la normalisation des espaces publics et de circulation.
Nous ne capitulerons pas, et continuerons de défendre l'ensemble de nos libertés, continuerons de créer, de rêver, de nous rassembler, pour notre humanité.
Nous nous adressons à vous toutes et tous en vos charges et responsabilités pour que la création en espace public continue d'exister dans le respect et pour la défense des valeurs que porte notre Pays.
Lucile Rimbert,
Présidente,
Fédération Nationale des Arts de la Rue.
https://www.humanite.fr/lettre-ouverte- ... ons-639524Sécurité. Les arts de la rue refusent les grilles
Après une saison 2016 rendue difficile par la multiplication des dispositifs sécuritaires, la profession s’inquiète de leur généralisation, au risque d’entraver la création.
À trois semaines de l’ouverture d’un des événements majeurs pour la profession, la Fédération nationale des arts de la rue (Fnar) lance l’alerte. Le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac (l’un des trois plus importants de la discipline avec Chalon dans la rue, en Saône-et-Loire, et Viva Cité, à Sotteville-lès-Rouen, en Seine-Maritime) doit débuter le 23 août. Mais les organisateurs sont encore en négociation avec les autorités sur le dispositif de sécurité. La préfecture vise la reconduction du dispositif mis en place pour l’édition 2016. Or, pour la profession, le traumatisme est encore vivace.
Certes, le festival s’était tenu dans un contexte particulier. Au début de l’été, « on était dans une logique de sortie de l’État d’urgence », se souvient Lucile Rimbert, présidente de la Fnar. Et puis, le 14 juillet, à Nice, un homme dans un camion sème la terreur et la mort au milieu d’une foule rassemblée pour un feu d’artifice. Une question se pose dans l’ensemble du pays : peut-on maintenir les dizaines de festivals de la belle saison ? Rapidement, les pouvoirs publics décident du maintien, « parce que la création, peut-être plus que tout autre moyen, permet de rassembler les Français ; parce que les arts et la culture soutiennent la République, notamment dans l’épreuve, et qu’ils sont peut-être notre meilleure défense et notre plus grande protection, à long terme, contre ceux qui l’attaquent », explique Audrey Azoulay, alors ministre de la Culture. Il y aura bien des annulations. Des compagnies de premier plan, comme les Batteurs de pavés à Chalon-sur-Saône ou Transe Express à Toulon devront renoncer à présenter leurs créations.
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