Décoloniser le Canada, enfin ?
A l’heure où le Canada célèbre sa 150e année d’existence, plusieurs peuples autochtones luttent contre un projet d’oléoduc et rappellent la discrimination dont ils sont l’objet.
On connaissait le Dakota Access Pipeline. La construction prévue de cet oléoduc près de la réserve indienne de Standing Rock aux Etats-Unis a provoqué une mobilisation autochtone de grande ampleur pour l’empêcher en 2016 et 2017 (lire notre article du 27 janvier dernier). Et la colère gronde toujours face aux menaces de pollution que ce «serpent noir» fait courir à la région en cas de fuites. Mais le Dakota Pipeline a son frère jumeau au Canada: l’oléoduc Kinder Morgan, qui vise à faire transiter davantage de pétrole encore des sables bitumeux de l’Alberta jusqu’à la côte pacifique, en passant par des territoires revendiqués par plusieurs peuples indigènes en Colombie britannique.
Approuvé par le premier ministre, Justin Trudeau, en décembre dernier, le projet déclenche lui aussi les passions au Canada et des actions de désobéissance civile déterminées en 2017. Une année qui coïncide avec les festivités du 150e anniversaire du pays, contestées dans la rue par des autochtones pour qui la colonisation du pays a surtout rimé avec spoliation. Décimés par la variole dès le XIXe siècle, les natifs du pays ne constituent aujourd’hui plus que 4,3% de la population.
A Genève, une trentaine de leurs représentants sont venus défendre leur cause devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies. Le Courrier a interviewé trois d’entre eux: le jeune leader Ska-Hiish Manuel et la cheffe Judy Wilson, représentants des Secwepémc, ainsi que le chef Na’moks, alias John Risdale, dirigeant de la nation Wet’suwet’en.
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https://www.lecourrier.ch/152291/decolo ... nada_enfin