Assez de vies broyées
A Renault, on tue à la tâche
Embauché en 2001, bien noté, Brahim, père de trois enfants a connu une évolution professionnelle continue jusqu'à devenir directeur de l'ingénierie de l'usine de Tanger au Maroc, qui emploie 3 000 à 4 000 personnes, puis est devenu directeur programme adjoint de la région Europe sur les projets transverses.
Il travaillait pour Renault au Technocentre de Guyancourt dans les Yvelines lorsque sa vie va basculer. Renault rappelle 43 000 Dacia Dokker produites au Maroc. « Il y avait un problème de serrure. Pour baisser son coût, un composant a été enlevé. Résultat, le véhicule ne remplissait plus les conditions d’homologation. » explique un syndicaliste du site. En tant que directeur de l’ingénierie au Maroc, c’est Brahim E. qui est tenu responsable par Renault . La direction le convoque à un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Bouleversé par la procédure qu’il estime « totalement infondée, profondément injuste », explique la CFDT qui l’accompagnait à cet entretien, Brahim est à bout, « son monde s’écroule, il se remet à fumer, pleure et ne mange plus. Son corps n’a pas supporté ». Le bilan économique pour le constructeur est lourd, pour se dédouaner la direction a décider de faire porter le chapeau à Brahim. Pour les syndicalistes, c’est limpide :
« Jamais une personne seule ne prend une telle décision. C’est forcément collégial. La direction voulait un coupable et ils ont pris Brahim. »
Dominique Perrot, délégué syndical CGT sur le site va dans le même sens, « un seul homme n’a pas pu faire de telles modifications sur un véhicule et décider d’outrepasser l’homologation. Il y a forcément d’autres personnes qui étaient au courant ». Pour un syndicaliste de SUD, « Brahim a porté le chapeau » pour masquer la responsabilité du groupe. En effet, cette histoire tragique illustre la politique menée par Renault depuis plusieurs années. « La direction veut construire des voitures toujours plus vite à des coûts toujours plus bas, les salariés sont sous pression, ne comptent pas leurs heures. Et quand ça coince, des têtes tombent. C’est le management par la terreur. » explique un militant de la CGT.
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