Samedi 11 mars 2017
Manifestation contre les violences policières
à 15h, Parvis des halles Wazemmes
https://lille.demosphere.eu/rv/5095
y'est ! Nous nous approchons dangereusement de la première date fatidique que tous les commentateurs, candidats, partis, politiciens et consorts attendent avec impatience : le premier tour des élections présidentielles. Pour la démocratie et son système de représentation, le 23 avril constituera un enjeu de taille. Un enjeu pour toutes celles et ceux qui croient encore que le changement se fera dans les urnes. Pour tous ceux qui voteront pour la première fois pour un candidat d'une nouvelle couleur politique, ceux qui iront un peu plus à gauche, ou un peu plus à droite. Ceux qui tenteront le grand écart. Ceux qui pensent qu'il s'agira là d'un nouveau défi, d'une nouvelle aventure. Ou même, ceux qui voteront pour le candidat qu'ils pensent voir remporter l'élection, en croyant qu'en élisant le gagnant, eux aussi gagneront peut-être quelque chose. Avec des intentions qui vont de la plus cynique à la plus noble, des milliers de « citoyens » vont se retrouver devant les urnes le week end prochain. Pour une bonne partie d'entre eux, le vote fait figure de solution de la dernière chance, alors que pour d'autres, il est vu comme un jeu où le vote et la vie réelle n'ont aucune chance d'entrer en contact.
Bien entendu, nous ne disons pas que les résultats du scrutin n'auront aucune influence sur la suite des événements. Qu'il s'agisse du climat plus ou moins morbide qui s'ensuivra, ou de la conduite du pouvoir, pas mal de choses concrètes s'en ressentiront. On a conscience notamment que les luttes à venir auront plus ou moins d'obstacles policiers et judiciaires à affronter en fonction du grand vainqueur. Pour autant, on ne se leurre pas : même un candidat ayant les meilleures intentions, la plus grande honnêteté, la plus limpide des transparences ne pourra jamais nous satisfaire. Et pour cause, être président, c'est d'abord gouverner, diriger un état. Autrement dit, prendre des décisions techniques pour que le pays puisse naviguer au mieux dans les eaux du capitalisme. À cela, aucun modèle ni aucune solution institutionnelle ne pourront être trouvés. La gauche, dans toutes ses tentatives, ne fait qu'entretenir des illusions que seuls les plus naïfs peuvent encore avaler. Les souvenirs du mouvement contre la « loi travail », passée à grands renforts de 49-3 alors que les manifestations se faisaient brutalement réprimer par la police et enterrer par la justice sont encore frais.
Par ailleurs la gauche, en plus de nous faire croire qu'elle peut (ou veut) encore quelque chose contre le capitalisme, n'hésitera pas à nous ressortir le désormais bien connu « vote utile » censé faire « barrage au FN ». Notons qu'elle n'est pas seule dans ce cas, et qu'en matière de barrage, elle avance main dans la main avec les républicains. Là le discours, à force d'être répété et repris à toutes les sauces par des personnalités politiques diverses et variées, commence à nous donner la nausée. Il parait qu'il en va de notre responsabilité si le FN passe, que c'est de notre devoir d'aller voter pour les contrer, que l'important est de faire front ensemble, de s'allier, se rassembler. Peu importe si le PS a profité de ces 5 dernières années pour appliquer une politique qui a dû bien donner le sourire à Le Pen à certains moments. L'important là ne se joue pas au niveau des idées, il suffit seulement de choisir un camp, et gare à ceux ou celles qui voudraient choisir l'équipe bleue marine. Avec les tentatives de dédiabolisation du FN lancées par Marine Le Pen, ça s'agite dans tous les sens pour, plus que jamais, rappeler que l'extrême droite n'est pas une équipe comme une autre.
Bien entendu, on n'a surtout pas envie de voir la gueule triomphante de Marine jubiler sur tous les plateaux télé. Cette seule évocation fait froid dans le dos. Mais en réalité, on ne voudrait en voir aucun. Alors de là à s'allier avec nos ennemis pour construire un soi-disant barrage, faudrait peut-être pas exagérer. De une, si le barrage est déjà criblé de fuites, c'est que le gouvernement cautionne, applique et propose depuis longtemps déjà des politiques fascistes qui ne disent pas leur nom. De deux, tout le monde sait pertinemment que, quand bien même ce pseudo barrage fonctionnerait pour les élections de 2017, tous les politicards se jetteraient les uns sur les autres pour aller noyer le voisin dès le lendemain de leur supposée victoire. Bref, on a aucune envie de participer à ce petit jeu aussi cynique qu'hypocrite. Merci mais non merci.
Pour finir, on aurait envie de dire « les élections, on s'en fout » (« kejné? »); et ce ne serait pas complètement faux puisqu'on n'en attend absolument rien. Seulement, ces élections, on les subit depuis longtemps déjà. Entre le bourdonnement incessant de la radio et les portraits 3 mètres sur 2 qui pullulent aux quatre coins des villes, impossible de faire l'impasse. Alors, plutôt que subir encore cette mascarade tout.e seul.e devant la télé, autant qu'on se retrouve dans la rue. D'abord, parce qu'à plein, ce sera toujours moins déprimant. Ensuite, parce qu'on est bien conscients que si on a des choses à exprimer, ce ne sera pas sur un petit bout de papier mais dehors, où on vit, dans les quartiers, ce sera avec les gens, pas avec les « citoyens ». Prendre la rue, c'est ce qui nous permettra de nous rencontrer, de nous organiser, de confronter nos accords et nos désaccords. C'est là que se joue le politique.
Le 23 avril, RDV à 19H place des halles de Wazemmes.
Fais péter tes chips !
Quelques ingouvernables.
La police couvrait-elle les assassins identitaires lillois qui ont également armé le terroriste de l'Hyper Cacher Amedy Coulibaly ?
Edit : Libération révèle que la police était au courant depuis au moins l'automne 2015 mais n'avait pas donné suite.
3 fascistes nordistes connus pour leurs nombreux méfaits viennent d'être emprisonnés [1] [2]. Ils sont accusés d'avoir assassiné Hervé Rybarczyk, guitariste du célèbre groupe de rock'n'roll « Ashtones » mais surtout infatigable militant révolutionnaire et antifasciste.
Hervé a mystérieusement disparu dans la nuit du 11 au 12 novembre 2011 après un concert à La Chimère (Boulevard Montebello à Lille). A l'époque le parquet de Lille n'envisageait pas « l'hypothèse d'un crime » [3] (nous y reviendrons).
Pourtant, suite au récent procès du tortionnaire néo-nazi Jérémy Mourain [4], l'enquête sur la disparition de Hervé et des 4 autres victimes dites « du pousseur de la Deûle » fut réouverte. En effet, Mourain, alors en prison, déclare « Pourvu que le juge n'aille pas chercher trop loin dans ma période lilloise. » [5] ou encore « À ma période lilloise, j'ai tué un homme, là-bas. ». La Voix du Nord abonde : « [Cette] bagarre se serait terminée dans la Deûle » [6].
Hier, 3 membres de la mouvance identitaire lilloise ont été placés en détention à la suite de ces révélations.
Pour bien comprendre le sens de ces informations, il s'agit de les replacer dans leur contexte de l'époque.
Mourain était alors un membre important de Troisième Voie. Ce groupuscule néo-nazi fut dissout après que l'un de ses nervis, Esteban Morillo, a assassiné Clément Méric, un jeune membre de l'AFA Paris Banlieue et du syndicat SUD étudiant-es. Morillo comme Mourain étaient originaires de Picardie.
Mourain était le bras droit de Serge Ayoub en Picardie (le chef de Troisième Voie et de son service Action, les « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires »).
A son arrivée dans le groupuscule, il fut « parrainé » par le lillois Yohan Mutte [7], un membre de Troisième Voie et des JNR déjà condamné pour avoir attaqué le bar gay « Le Vice Versa » en marge d'une « Manif pour tous » [8]. Il a également participé à de nombreuses actions violentes dans la métropole comme les attaques du bar « le Resto Soleil » [9] (au cours d'une desquelles était présent… Jérémy Mourain) ou encore celle ayant visé le local du syndicat CNT (opérations toujours mises en échec par les antifascistes présents).
Yohan Mutte est l'un des 3 interpellés d'hier… Il semble qu'au moins l'une de ces ratonnades a entrainé la mort d'un homme, celle d'Hervé.
Mais ce n'est pas tout. A l'époque, Troisième Voie travaillait en étroite collaboration avec la Maison de l'Identité Flamande (Vlaams Huis), l'ancêtre de La Citadelle, au sein du « Front Populaire Solidariste ».
La Maison de l'Identité, comme le mouvement identitaire lillois, furent fondés par le tristement célèbre Claude Hermant, un indic et barbouze formé au service Action du Front National [10]. La Vlaams Huis servait de point de rendez-vous aux néo-nazis de Troisième Voie, aux identitaires d'Opstaan (l'ancêtre de « Génération Identitaire »), aux autres groupuscules de l'extrême-droite nordiste… mais aussi aux forces de sécurité.
Le lieu pouvait compter parmi ses adhérents le chef de la police municipale de Lambersart et des policiers y fêtaient même leurs anniversaires. [11]
Les flics sympathisants n'hésitaient pas non plus à renseigner les néo-nazis sur les militants de gauche (on verra que le trafic d'armes a dû créer des liens étroits entre fascistes et flics) ; ainsi la Maison Flamande publia à plusieurs reprises des noms et adresses de militants libertaires collectés suite à des interpellations [12]. Une plainte collective fut déposée mais cette affaire fut - bien entendu - classée sans suite.
Est-ce par ce biais que les assassins d'Hervé ont ciblé leur victime ? Nous ne le saurons probablement jamais… Ce qui est certain c'est qu'Hervé avait été identifié par les fascistes comme « antifa ».
Au sein de ce panier de crabes on retrouvait bien sûr Mourain et Mutte, mais aussi Aurélien Verhassel (qui participait fréquemment aux activités - dont les tournois de boxe - organisées par « la Vlaams ») et Antoine Denevi.
Verhassel est l'actuel chef de Génération Identitaire Lille et de « La Citadelle ». Il a lui aussi un casier judiciaire chargé : « violences aggravées, violation de domicile, violences avec préméditation et usage d'une arme… Et même une peine de 80 jours/amende en Allemagne pour «détention et importation de substance explosive» et «utilisation de caractéristiques d'organisations anticonstitutionnelles» » (Libération [13]). Sa proximité avec Troisième Voie, Mutte et Mourain n'est pas récente. Déjà en 2014, Verhassel avait été épinglé pour sa proximité avec les ex du groupuscule dissous. Les mêmes aujourd'hui accusés d'avoir assassiné Hervé [14].
Depuis, les choses ne se sont pas arrangées. Leur nouveau local « La Citadelle » héberge fréquemment des membres de cette bande néo-nazie. Il sert également de base arrière pour leurs ratonnades, comme celle ayant ciblé des étudiants des Jeunes Communistes en novembre dernier [15].
Abordons maintenant le cas de Denevi et découvrons pourquoi la police avait tant intérêt à étouffer l'affaire « du pousseur de la Deûle » : Denevi était le chef de Troisième Voie dans le Nord de La France. Mourain et Mutte (tous deux membres de l'organisation dans le Nord) étaient donc sous son autorité. Mais Denevi ne se contentait pas de ratonner : comme l'a révélé il y a quelques semaines Mediapart, il participait à un important trafic d'armes de guerre dont était à la tête… Claude Hermant [16]. Le réseau Hermant-Denevi (c'est à dire le groupe de personnes également accusé d'avoir assassiné Hervé) a, semble-t-il, procuré au djihadiste Amedy Coulibaly le fusil d'assaut et les pistolets Tokarev qui lui ont servi à massacrer des juifs à l'Hyper Cacher, près de la porte de Vincennes à Paris.
L'histoire ne s'arrête pas là : Hermant était en fait un indic de la police et dit avoir livré ces armes sur demande des forces de sécurité. Comme l'ont révélé Mediapart et la Voix du Nord, rien de moins que la police, la DCRI, la gendarmerie et la douane étaient impliquées dans ce trafic [17]. L'enquête de Mediapart est surréaliste, extrait :
« À Mediapart, le commissaire divisionnaire Patisson, chef du SDIG du Nord de 2008 à 2011, avant de diriger le CCPD de Tournai, confirme que Christophe Dubroeuq, alias « Monstro », a été l'un de ses informateurs sur l'extrême droite radicale lilloise, et qu'il a communiqué des informations sensibles, avant de devenir « un bon copain ». « Je m'inquiétais de ne pas avoir de nouvelles de "Tof", dit-il. Puis j'ai appris par mes collègues qu'il avait été interpellé en République tchèque. Je lui avais dit clairement quelques jours avant : "Tu ne mets pas ton nez là-dedans." On savait que ces armes slovaques avaient été retrouvées dans la filière Kouachi. »
Quelques années plus tôt, l'ancien chef des RG du Nord avait réussi, par le truchement de « Tof », à approcher Claude Hermant, ancien militaire, figure de l'extrême droite identitaire locale et lui-même informateur de la gendarmerie et des douanes, identifié comme l'un des acheteurs officiels d'une partie des armes slovaques retrouvées entre les mains d'Amedy Coulibaly, en janvier 2015. »
Résumons, Hervé Rybarczyk (et peut-être d'autres victimes) a probablement été assassiné par un groupe de néo-nazis également trafiquants d'armes. Ces néo-nazis trafiquants d'armes étaient aussi des indics, et ils ont armé Daesh avec l'aval des forces de police.
Bien qu'il soit invraisemblable que 5 personnes soient accidentellement mortes noyées dans la Deûle en quelques mois alors que cela n'était jamais arrivé (et n'est plus arrivé depuis) ; malgré le vent de panique qui avait alors parcouru la ville ; le parquet n'envisageait pas à l'époque « l'hypothèse d'un crime » et évoquait « la loi des séries ». Or dans le même temps, les services de sécurité couvraient le groupe dans le cadre de son trafic d'armes…
Encore aujourd'hui, des membres de ce groupe se réunissent toutes les semaines dans le bar raciste qu'ils ont ouvert à l'automne, « La Citadelle », situé 8 rue des Arts à Lille. Malgré les nombreuses manifestations et protestations de la population, ni Martine Aubry ni la police n'a jugé opportun de fermer ce lieu.
Est-ce que la révélation du meurtre d'Hervé suffira à faire fermer La Citadelle [18] (mais aussi « la Friterie » [19], commerce appartenant à Claude Hermant, rue Solférino à Lille) ou faudra-t-il que les fascistes pro-FN tuent encore ?
Rendez-vous vendredi 12 mai à 19h sur la Grand Place de Lille afin de rendre hommage à notre camarade Hervé et rappeler aux assassins fascistes que nous leur rendrons coups pour coups.
Action Antifasciste NP2C
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