Un nouveau numéro de « La voix des sans-papiers » (le n° 3) est paru.
http://www.mondialisme.org/IMG/pdf/Voix_sp_3-4.pdf
La voix des sans papiers n° 4 (.pdf)
La voix des sans-papiers
NUMÉRO 4 SPÉCIAL FSM
• Mardi 29 Mars 2011 •
page 2-7, CARAVANE BAMAKO-DAKAR : Les collectifs de sans-papiers aussi ont été présents !
• page 2, 5 et 7, Notes africaines
• page 3, Nioro
• page 4, Les femmes de Nioro
• page 6, Forum des femmes à Kaolack ; La parole des femmes au forum de Dakar
• page 8, Après là-bas, les luttes ici
voix.sans.papiers(at)gmail.com
n°6 (.pdf)
SOMMAIRE
• page 2-3, SANS-PAPIERS DE DIALAFARA : L’or, c’est la misère de nos terres
• page 3, Populations sinistrées par l’État
• page 4-5, CAMILLE DE VITRY : « L’or nègre » : deux chapitres inédits
• page 6-7, ARACF : L’uranium de Faléa
• page 8, SISSOKO, COORDINATEUR CSP75 : L’orpaillage ? un leurre ; misons sur l’agriculture
voix.sans.papiers@gmail.com - http://www.lavoixdessspap.domainepublic.net
la voix des sans-papiers
bulletin du mouvement et des collectifs de lutte autonomes
NUMÉRO 9 - Jeudi 13 Septembre 2012 - 50 centimes
SOMMAIRE
- LA VOIX DES MARCHEURS SANS-PAPIERS : Nous avons traversé les frontières, c'est notre révolution pacifique
- LA VOIX DES MARCHEUSES : Sans-papiers, un mot français employé dans toute l'Europe
- VOIX DE SOUTIEN, ALINE STRAGIOTTI : « Le petit soldat de Diallo »
- VOIX DE SOUTIEN, FRANÇOISE CARRASSE : « Des papiers, pas des policiers ! »
- ALAIN, INTERNATIONAL LEGAL TEAM CARAVANE, ALLEMAGNE : La lutte n'est plus nationale, mais internationale
- ENTRETIEN AVEC SISSOKO, CSP 75 : Phase actuelle de la lutte, Saint-Bernard, syndicats
- 260 RUE DES PYRÉNÉES, PARIS 20e : La guerre aux pauvres continue
LA LONGUE MARCHE DES SANS-PAPIERSEn moyenne 150 marcheurs migrants, dont 120 sans-papiers de France, partis le 2 juin de Bruxelles, siège de la Commission européenne, ont parcouru à pied les routes de l'Europe, touchant, dans l'ordre, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, et enfin de nouveau la France, pour faire connaître aux peuples des pays traversés, à leurs instances politiques, puis déposer au Parlement européen, un mois plus tard, à leur arrivée à Strasbourg, le 2 juillet, la charte de leurs revendications communes, inscrite en slogan sur les 150 gilets fluos qu'ils n'ont jamais quittés tout au long : Liberté de circulation et d'installation pour tous les migrants.
Ce fut une longue et rude traversée, qui a souvent mis à l'épreuve la résistance physique et morale des marcheuses et marcheurs. C'est donc d'abord sur leur vécu collectif et personnel que nous avons tenté de fixer notre regard ; ensuite sur le bilan politique au sens large qu'on peut en retenir, et sur les perspectives possibles d'un mouvement réel européen de sans-papiers et migrants, lieu d'intelligence et d'action communes des collectifs des pays qui ont appelé à la marche et forment depuis la Coalition internationale des sans-papiers et migrant-e-s (CISPM), sur les perspectives de sa diffusion dans d'autres pays.
C'est sur cet aspect d'un mouvement réel que les forces et les réponses paraissent le plus floues, fragmentaires, plus ou moins convenues, au regard de la situation réelle d'un pouvoir politique de l'Europe-forteresse soucieux de tout, sauf des conditions des masses démunies : les moins susceptibles (par leur statut périphérique social, économique, légal) de fournir une légitimation « démocratique » au super-État européen produit du consensus de classe moyenne — à l'ordre du panoptique policier anti-irréguliers en progression constante de xénophobie ethnique et sociale.
En France, ceux qui avaient jugé excessif notre édito « L'État de non-droit » (n° 7, 6 février 2012) doivent se déjuger : la guerre aux pauvres et aux Roms déclenchée par quelques maires socialistes d'arrondissements parisiens anticipait sur les choix du gouvernement socialiste national faisant plus et mieux que la droite. La mémoire historique est courte, hélas ! On oublie que le socialisme est né au 19e siècle, comme mouvement social, contre « l'État des propriétaires » : il en est aujourd'hui le plus vaillant défenseur. On oublie que le socialisme n'a jamais abdiqué son nationalisme au bénéfice exclusif de la droite ; que l'aile marchande des fascismes triomphants est venue souvent du socialisme national ; que la France n'est pas restée indemne, dans les années trente et sous le vichysme.
« Nous voulons qu'ils [les eurodéputés] profitent de leur statut pour porter notre message et agir sur la législation en vigueur. » Formuler ainsi (comme cela a été fait pendant la marche) le cap de son action, on ne voit pas de différence avec la pratique du lobbyisme qui détermine désormais l'ensemble disparate (rares les exceptions) « syndicats »/« associations » : groupes de pression concurrents d'autres groupes. Lobbyisme, qui n'est que tentative auprès du pouvoir de tirer la couverture à soi, alors que celle-ci reste la même, voire se rétrécit. Abandon de l'idée d'autonomie réelle (création du fameux « rapport de force » dans la densité des rapports sociaux), et réel rejet de la lutte de classe et de masse. Sape des fondements mêmes de cette démocratie qu'on ne se prive pas d'invoquer à cor et à cri par ailleurs.
À défaut d'idées claires, la volonté paraît assez forte chez certains. Les migrants en situation irrégulière sont, pris globalement, « internationaux » par définition : par leur situation sociale et légale, qui se répand et se généralise de par le monde. Il y a là un élément d'espoir : de les voir, en tant que mouvement international, ne pas étouffer dans l'œuf comme tant d'autres.
Ce début peut paraître chétif, susciter bien des perplexités, là n'est pas la question. Sauront-ils trouver l'inventivité collective de luttes sociales nouvelles, bien nécessaire ? Ce départ les poussera-t-il assez loin ?
http://lavoixdessanspapiers.eu.org/
SANS PAPIERS NI FRONTIÈRES, LES SANS-PAPIERS AU FORUM SOCIAL MONDIAL POUR LA LIBERTÉ DE CIRCULATION
Du 26 au 30 mars se tiendra à Tunis le Forum social mondial 2013. Des collectifs de sans-papiers français avaient été déjà présents au FSM précédent de Dakar, en février 2011, mais, n’ayant pas obtenu les laissez-passer des autorités françaises, ils n’avaient pas pu se faire représenter par des sans-papiers véritables, femmes et hommes non régularisés, mais résidant et travaillant en France depuis des années. Il s’agissait alors, comme aujourd’hui, de prendre eux-mêmes la parole à cette tribune mondiale, pour faire retentir leurs voix de contestation de la condition qui leur est faite, damnés de la terre du XXIe siècle, parias au ban des États modernes.
Depuis, les actions menées les ont conduits à penser qu’aujourd’hui la situation est mûre pour porter leur défi sur un plan nouveau et supérieur. Non seulement il y a eu l’expérience de Dakar, et en même temps celle de la caravane Bamako-Dakar [voir la Voix des sans-papiers, n. 3 et 4]. Il y a eu surtout la marche européenne de juin 2012, qui a vu une bonne centaine de sans-papiers français traverser à plusieurs reprises, un mois durant, des frontières européennes, publiquement, au vu et au su de tout le monde et notamment des autorités, dûment informées au préalable, de l’Europe et des pays traversés (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, France, Allemagne, Suisse, Italie) pour aller manifester dans plusieurs capitales et villes importantes à côté de leurs homologues belges, allemands, suisses, italiens rassemblés au sein d’une même organisation, la Coalition internationale des sans-papiers et migrant-e-s (CISPM) [voir la Voix des sans-papiers, n. 8 et 9].
En suivant la même méthode, publique et pacifique, il s’agit maintenant de franchir les frontières méridionales de l’Europe, ces frontières mêmes où tant de sans-papiers venus d’Afrique ont déjà péri en mer. Il s’agit de franchir ce mur dressé entre le Nord et le Sud du monde, rideau de fer derrière lequel le Sud est tenu aux marges, acculé souvent dans la misère et la faim, toujours dans les chaînes de l’esclavage moderne, par les forces surarmées de l’agence européenne FRONTEX [acronyme du français frontières extérieures], spécialement créée.
Entreprise désespérée ? Ces sans-papiers vous répondront que désespérées sont leurs conditions de vie en France. Que la vie de leurs familles, de leurs villages en Afrique, est désespérée. Que leur migration est le plus souvent un exil, conséquence directe de ce désespoir. Ils vous diront qu’ils se sentent légitimés, dans leur action militante pour la liberté de circulation et d’installation de tous les migrants dans tous les pays du monde, par les frontières mêmes qu’ils vont traverser, ces frontières devenues supérieurement symboliques, pour tous les migrants, par les milliers de morts récents, leurs frères et sœurs en route de survie vers l’Europe.
Ils vous diront : « Même repoussés de notre voyage aller-retour aux deux rives de la Méditerranée, notre tentative ne sera pas vaine. Si nous ne passons pas, le monde entier verra combien l’Europe, la France, ces championnes des droits de l’homme, les réservent en réalité à une minorité privilégiée de l’humanité, mais les foulent aux pieds les premières, s’il s’agit de la partie restante. »
voix.sans.papiers@gmail.com
http://paris.indymedia.org/spip.php?article14039MAÎTRES BLANCS ET NÈGRES ESCLAVES
Lorsque la question leur est posée, la réponse est unanime qui jaillit des bouches des sans-papiers africains refoulés de ce sol d’Afrique où ils allaient débarquer avec enthousiasme, portés par la confiance de monter à la tribune du Forum social mondial, à Tunis, et y faire retentir leur revendication radicale de liberté et d’égalité (« liberté de circulation et d’installation pour tous, partout ») ainsi que leurs doléances de prolétaires sans droits, surexploités et criminalisés, repoussés aux marges de la société et des pays de l’Europe championne de feus « les droits de l’homme » : « Des esclaves, voilà ce que nous sommes ! des esclaves et rien de plus. L’abolition de l’esclavage ? c’est le plus grand mensonge entretenu par le monde occidental. Nous, esclaves d’aujourd’hui, nous en sommes le démenti vivant, c’est pourquoi tout est fait, tout un système juridique, social, culturel de camouflage est mis en œuvre pour masquer la vérité de notre situation, l’esclavagisme organisé du corps social. Alors on nous muselle, on nous ôte jusqu’à la possibilité de faire entendre le cri de la souffrance de vive voix, sans intermédiaires. Ainsi les conditions sont créées de l’appropriation, occultation et réduction à néant de notre parole par des intérêts opposés à notre demande et quête de justice et de libération du joug de l’esclavage contemporain : l’organisation par l’État de la violence du travail esclave clandestin, imposé aux sans-papiers. »
Récrimination amère, mais passagère, de gens fatigués et déçus, revenus bredouilles d’un long et coûteux périple ?... (de Paris à Tunis via Lille, Bruxelles, Valence, Milan et Gênes)… ou bien radiographie de l’état de choses présent ? Qu’on se souvienne du slogan qui retentissait au cœur des manifestations des sans-papiers parisiens : « Abolition de l’esclavage ! régularisation de tous les sans-papiers ! » Ce cri on l’entend encore, scandé par des sans-papiers « écrasés par la loi » comme leurs frères d’antan, mais c’est aujourd’hui un cri noyé dans le silence ambiant de la « société civile » française. Se prolonge et se précise, se cristallise ainsi la conscience immédiate de leur condition sociale, exprimée par ces « travailleurs informels » clamant leur colère devant le sort qui leur est fait. Aujourd’hui comme hier, cette conscience dit le lien indissoluble des deux termes juxtaposés : les sans-papiers sont les vrais esclaves de la modernité, c’est par leur régularisation que passe d’abord toute abolition réelle de l’esclavagisme des sociétés modernes.
À Tunis, à l’arrivée en terre africaine, ces Africains damnés de la terre se sont retrouvés en terre étrangère : en butte là aussi à l’inextricable lacis des interdits de la souveraineté européenne se structurant en système, en fourmilière esclavagiste qui ne dit pas son nom, livrés à l’hostilité sournoise des gouvernements (tunisien, italien, français…) et à l’indifférence de tout le monde.
À Tunis ils étaient attendus, leur avait-on laissé accroire. Au forum mondial étaient présents plus de 120 pays, représentés par plus de 4 500 organisations altermondialistes et plus de 50 000 participants. Eh bien, tout ce beau monde venu des quatre coins de l’univers n’a pas été fichu de se mobiliser le peu qu’il fallait pour manifester et faire débarquer et repartir en sûreté 15 sans-papiers (annoncés depuis six mois) venus de France !
La capitulation de cette « société civile » auto-proclamée, qui dit défendre et représenter les damnés de la civilisation d’aujourd’hui, serait complète aux yeux mêmes des altermondialistes si ceux-ci pouvaient les lever vers autre chose que l’adoration de leur image dans les médias du monde. Elle l’est en tout cas aux yeux de ces sans-papiers africains découvrant en même temps l’indifférence de ces « amis » pour leur participation au forum et l’offensive tous azimuts de l’esclavagisme contemporain – fait de civilisation enraciné dans le mental de ceux-là mêmes qui s’en proclament indignés et les disent banni de leurs têtes.
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