Limoges, vendredi 29 avril 2016
Raoul Hausmann L'esprit de notre temps
Art et révolutionConférence de Cécile Bargues.
à 20h30, Local du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme - Limousin (CIRA)
64, avenue de la Révolution, 87000 Limoges
Cette conférence-débat portera sur le rapport à la révolution de ce lecteur averti de Bakounine et Stirner. Elle mobilisera des textes d'époque, discutera des positions qui furent attaquées de tous bords et demeurent aujourd'hui en partie incomprises et méconnues. A l'instar de Schwitters, l'inventeur de MERZ et son grand jumeau », Raoul Hausmann aurait pu déclarer : «il y avait en moi comme un reflet de la révolution, non comme elle avait été, mais comme elle aurait dû être».
Sans se limiter à l'époque Dada, il s'agira ensuite de rendre compte d'une manière de filiation insurrectionnelle, de l'aura particulière de Hausmann, qui correspondit, entre autres, avec Guy Debord lorsqu'il vivait à Limoges.
Cécile Bargues est spécialiste de l’oeuvre de Raoul Hausmann et travaille plus généralement sur les suites données au mouvement Dada (« Dada après Dada »). Docteur en histoire de l’art, elle développe ses recherches sur « Dada et les primitivismes » au sein du Laboratoire d’excellence « Création, Arts et Patrimoines » du PRES Hésam, où elle est rattachée au musée du Quai Branly et à l’INHA. Elle a enseigné l’histoire de l’art à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, contribue régulièrement à la revue Luna Park, et est l’auteur de nombreux articles.
L’historienne d’art Cécile Bargues livre aux éditions Mardaga un essai dense et enlevé sur l’atypique dada Raoul Hausmann. Mais, loin de se concentrer sur les années même du dadaïsme bourgeonnant, elle a choisi un biais inhabituel mais capital pour le renouvellement actuel de l’histoire de l’art : se positionner « après », après dada et donc après les déclarations collectives fracassantes, les provocations à visées révolutionnaires et l’âge d’or du mouvement. Ou, pour le formuler autrement : que font les dadas une fois dada disparu, ou plutôt réduit au silence ?
Elle rappelle notamment les violences subies par les membres de dada en Allemagne : ateliers de Hans Richter et de George Grosz saccagés à la hache, dénonciation virulente des dadaïstes, considérés comme passibles d’être « internés dans une maison de fous », dans Mein Kampf, autodafés d’œuvres et notamment de celles de Raoul Hausmann. Son angle d’attaque se situe précisément dans les années 1930 et 1940, lorsque l’artiste, tour à tour danseur, poète, photographe, dessinateur, auteur de photocollages ou romancier est contraint d’une part à une solitude forcée par un exil devenu nécessaire, d’autre part à une errance dans une Europe bouleversée, où il fuit l’Allemagne pour l’Espagne, puis la Tchécoslovaquie et enfin la France et le Limousin en 1939, où il finit ses jours sans être jamais retourné en Allemagne.
http://ciralimousin.ficedl.info/article49.html