Deux mille conteneurs bloqués par une grève au port de Papeete
Environ 2 000 conteneurs sont bloqués par une grève des dockers au port de Papeete, en Polynésie française, a constaté jeudi 15 août un journaliste de l'Agence France-presse.
Les grévistes dénoncent des problèmes de sécurité sur le port, mais les entrepreneurs y voient un "conflit de personnes" et le gouvernement local une "grève politique". "Il n'y a plus la place pour débarquer les conteneurs d'un autre bateau", a déclaré à l'AFP Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP-FO (Confédération des syndicats des travailleurs de Polynésie- Force ouvrière), syndicat majoritaire sur le port, qui revendique "quatre cents grévistes" parmi les dockers et les transporteurs, soit 100 % du personnel dans certaines sociétés, et demande "des actions immédiates et non des réunions".
Les grévistes ne laissent sortir du port que les médicaments, les animaux et les denrées périssables. Mais ces sorties se font au compte-gouttes et certains conteneurs sont "déjà perdus", selon les entrepreneurs. "On est les otages d'un conflit qui nous dépasse, puisque c'est un conflit entre personnes", selon Gilles Yau, président de la Fédération générale du commerce (FGC), qui va "déposer un référé pour que l'Etat réquisitionne le personnel gréviste".
1,9 MILLION D'EUROS DE PERTES PAR JOUR
Au quatorzième jour de grève, la perte pour l'économie locale est estimée à près de 1,9 million d'euros par jour, en pleine rentrée scolaire en Polynésie française. Après plusieurs tentatives de négociations, la situation s'est tendue mardi et mercredi. Le gouvernement a accusé Patrick Galenon d'avoir laissé sortir les conteneurs de la société de son fils. Certains syndicalistes sont soupçonnés d'être payés pour fermer les yeux sur des sorties de marchandises pendant la grève. Le syndicat estime avoir été "insulté" et a quitté la table des négociations à plusieurs reprises.
La direction du port avance que la principale revendication du syndicat est la levée de toute sanction envers un délégué syndical licencié pour faute lourde dans un trafic de drogue. "C'est un protocole délirant où en clair, la CSTP-FO nous demande de nous asseoir et d'accepter toutes ses revendications", affirme ainsi Mario Banner, directeur du port autonome de Papeete.
"On a l'impression que c'est vraiment une affaire politique contre le gouvernement actuel, or nous n'avons pas oublié que la fille du leader de la CSTP-FO était sur la liste du Tavini Huiraatira [parti d'opposition]", pense quant à lui le président de la Polynésie française, Gaston Flosse. "C'est une honte, c'est un sabotage de l'économie, des entreprises et de l'emploi, qui n'avait vraiment pas besoin de ça dans cette période de crise", selon Jérôme Mainguet, un entrepreneur membre de la FGC
Chantage patronal dans les colonies-zones-de-non-droit :
La CSTP FO parle de 3500 préavis de grève en cas de licenciements massifs
Le secrétaire général de la CSTP FO, Patrick Galenon ainsi que l’un de ses bras droits, Angelo Frebault n’ont, visiblement pas apprécié les propos des responsables de commerces (il cite notamment la FGC présidée par Gilles Yau) sur d’éventuels licenciements de masse qui seraient opérés à cause de la grève du port autonome. Angelo Frebault explique : « On nous a dit cela parceque c’est la CSTP FO qui bloque le port. On nous met tout sur le dos pour monter les gens contre nous. Or, ce que nous constatons, c’est que les commerçants menacent de licencier tous ceux qui sont affiliés à notre syndicat. »
En réponse à l’ultimatum lancé par les commerçants, Patrick Galenon dévoile ses intentions : « Si jamais, ils veulent punir leurs salariés qui sont membres chez nous, nous déposerons 3500 préavis de grève dans tout le secteur du commerce ! Ça ne se fait pas de prendre ses salariés en otage ! » et de conclure « S’ils doivent se retourner contre quelqu’un, ce serait plutôt contre le port car s’il y a une grève aujourd’hui, c’est parceque le port n’a pas fait ce qu’il fallait. Nous, on défend seulement les intérêts de nos travailleurs, pour leur sécurité ! ». Toujours selon les syndicalistes, les préavis sont déjà prêts à être déposés.