Vendredi 5 décembre à 19h
Rencontre-débat avec Sébastien Fontenelle autour de son livre Éditocrates sous perfusion, dont vous trouverez ci-dessous un extrait :
TRENTE ANS DE GABEGIE
On trouvera, dans les pages qui suivent, des éléments relatifs à ce qui ressemble d’assez près à une tartufferie en bande organisée. Signe distinctif : elle dure depuis de longues décennies.
Depuis des dizaines d’années, en effet – depuis qu’elle s’est massivement ralliée au roboratif point de vue de feu Margaret Thatcher selon lequel il n’y avait aucune alternative possible au néolibéralisme, la presse française dominante va répétant, jour après jour, du matin au soir et du soir au matin, qu’il convient de réduire la dépense publique lorsqu’elle finance des sécurités sociales, et d’« adapter l’État aux nécessités des entreprises » –, comme l’a très joliment théorisé, dans un irrépressible élan, l’un des plus éminents représentants de la caste des éditocrates : Christophe Barbier, directeur de l’hebdomadaire L’Express.
Or, cette presse, officiellement pluraliste, mais qui, en vérité, communie donc dans une seule et même allégeance aux marchés, et dans une fustigation obsessive de ce qu’elle appelle « l’assistanat », n’a cessé de s’employer, jusqu’aux jours, tout récents, où cela lui est devenu moins facile, à l’occultation de la réalité, discrètement dérangeante, que, dans le même temps qu’elle ensevelit l’État sous une avalanche d’exhortations à mieux maîtriser ses dépenses, elle se gave de subventions étatiques.
Par lui-même : ce constat accable, pour ce qu’il révèle – ou confirme – de la gigantesque hypocrisie des fabricants du consentement. Et de l’immensité de l’affront fait à leurs lecteurs, dont l’impôt finance donc, pour des montants qui se chiffrent, nous le verrons, en milliards (de francs, puis d’euros), la confection d’une propagande journalistique dédiée à la stigmatisation maniaque d’une mauvaise gestion de l’impôt. Mais cet accablement n’est rien au regard de la consternation où plonge inévitablement le lecteur des pièces qui détaillent ce gavage. Car elles montrent que le dispositif des « aides publiques à la presse », où l’intention première du législateur était de garantir un accès facile « à l’écrit » pour mieux contribuer à l’information du public, a été sciemment dévoyé. Et que la distribution de ces subsides, décidée puis reconduite sans la moindre consultation des contribuables, garantit surtout la survie de publications dont l’équilibre financier serait, sans cela, très directement menacé. Surtout : ces documents établissent que l’efficacité de ces aides n’a jamais été vraiment prouvée – pour la simple et bonne raison que personne, ou presque, n’a souhaité qu’elle le soit. Et que tous ceux – magistrats de la Cour des comptes et élus – qui les ont examinées de près doutent, au regard des conditions qui président à leur attribution, de leur utilité.
Il y a là, on l’aura compris, quelque chose comme une gabegie – de celles, justement, que la presse, en règle générale, ne manque jamais de dénoncer, lorsque cela lui permet de lancer vers les pouvoirs publics des appels à diminuer la dépense publique et à rogner les « privilèges » des bénéficiaires de certaines assistances sociales. Mais celle-ci, curieusement, ne suscite aucune alarme – et quand l’éditocratie, confrontée depuis peu à l’évidence qu’il n’est plus possible de l’occulter complètement, consent désormais à l’évoquer : elle le fait avec une mesure où n’entre nulle offuscation, comme pour mieux signifier qu’elle n’y voit rien qui soit le moins du monde répréhensible. Puis elle retourne à sa véritable préoccupation, qui est de s’alarmer de ce que tant d’« assistés » – et autres allocataires – restent pendus aux mamelles d’un État dépensier : parfois même elle demande que ces misérables « rendent l’argent »…
Vendredi 12 décembre à 19h30
Projection-débat : La grève des mèresLa grève des mères, Pologne, 22 minutes, 2010, Szum TV & Feminist Think Tank (VO sous-titrée).
Ce documentaire expose une lutte de femmes dans une « zone économique spéciale » de Pologne, des femmes en grève de loyer, des ouvrières qui refusent de porter le double fardeau du salaire et du travail reproductif. Ça se passe à Walbrzych en 2010.
La projection sera suivie d’une discussion : antisexisme, lutte des classes, ces combats sont-ils forcément complémentaires ?
Samedi 13 décembre à 16h30
Crises, Analyses libertaires – Comprendre pour lutterRencontre et débat avec des membres de la Coordination des Groupes Anarchistes autour de la publication de leur brochure Crises, Analyses libertaires – Comprendre pour lutter (Editions Brasero Social). L’objectif de cet ouvrage est de proposer une analyse de la crise et de ses conséquences qui soit accessible à toutes et tous pour permettre à chacun-e de se doter d’outils pour décrypter le discours dominant sans se laisser embobiner. Nous pensons que donner une lecture libertaire de ce qui se passe par des personnes qui vivent aussi cette crise est très important pour encourager à réagir et lutter dans une perspective émancipatrice. Il nous semble aussi que s’intéresser à ces questions pose de fait l’urgence de rompre avec le capitalisme et soulève la nécessité révolutionnaire sur des bases libertaires.
Mercredi 17 décembre à 19h30
Alimentation, agriculture et liberté
L’être humain occidental est largement un être hors-sol. A notre avis, sans lien à la terre, il est inutile de penser la liberté et donc l’anarchie. Anarchie → Liberté → Pas de liberté le ventre vide → Pas de ventre plein sans alimentation → Pas d’alimentation sans agriculture. Pour autant agriculture ne veut pas dire anarchie. Il existe toutes sortes d’agricultures qui sont comprises entre agriculture industrielle liberticide et paysannerie autonome. Ces deux « extrêmes » ne sont pas compatibles et ne peuvent pas cohabiter.
En présence de Sylvia Perez Vitoria (économiste, sociologue et documentariste) à l’initiative du groupe Poulaille de la FA.
Vendredi 19 décembre à 19h
Capitaine Anarchy en dédicace
Capitaine Anarchy est une bande dessinée au format comics dont les influences sont variées.
Naissance : Le Capitaine Anarchy et ses ami(e)s ont vu le jour sur un coup de tête contre le marteau inique de l’injustice sociale et du mensonge, élevé au rang de valeur universelle !
Cette idée saugrenue germa dans la tête malade d’un scénariste peu recommandable dont l’enfance bercée par la lecture excessive des Strange, Spécial Strange, Spidey, Nova et Mafalda pour la partie américaine et des géniaux iconoclastes Gotlib, Franquin, Greg et Coucho, pour la partie européenne ne pouvait mener qu’au désastre.
L’oeuvre put se concrétiser lors d’une rencontre miraculeuse avec un jeune dessinateur élevé aux bandes dessinées franco-belge classiques, qui n’a pas tardé à sombrer dans les productions modernes des industries DC Comics. Non sans avoir préalablement fait un détour par les frénétiques shonen du pays du soleil levant.
Ce mélange d’étonnant de deux époques, donna jour à l’improbable BD que voici, originale et décalée.
Samedi 20 décembre à 16h30
Résistances en musique et au cinémaEn présence de Michèle Rollin et Jean Rochard
Musique avec l’Album
Chroniques de résistance, de Tony Hymas (Nato)
Chroniques de résistance : des chansons, des poèmes et des instrumentaux. Suite en 27 morceaux pour les résistants du passé, du présent et du futur et est une reconnaissance des étrangers dans les maquis ou les armées de la France Libre, singulièrement oubliés par l’histoire officielle.
Des textes, de la musique, un livret, des dessins rassemblés par Jean Rochard pour un album superbe et original.
Cinéma avec un film de Michèle Rollin :
Femmes de bonne volontéDeuxième partie : l’âge adulte, le temps des luttes et des désillusions
Six femmes inconnues, dont l’enfance se déroule durant la première guerre mondiale, portent des regards croisés sur leur engagement pacifiste, antifasciste, de gauche, en France, en Belgique, en Allemagne, en Espagne, entre les deux guerres.
Petites filles, elles assistent à une profonde mutation de la condition féminine. Leur jeunesse se déroule sous le double signe de la libération des femmes et du mythe de la Der des Der. Une nouvelle génération de femmes est née, dont le pacifisme est trempé dans l’horreur de la grande guerre.
Dans cette deuxième partie, nous les retrouvons confrontées au stalinisme, au nazisisme, à l’écrasement de l’Espagne libertaire.
Leurs idéaux résiteront-ils à la montée des périls ?
Avec Margot Molino, Madeleine Jacquemotte-Thonnart, Maria Crepeau-Blunden, Lilli Segal, Ilse Rodenberg, Jeanne Rollin, Pepita Carpena.