Le 24 décembre à 12:57, par anne steiner
Ce n’est pas une pétition mais un appel, un appel à réagir pour ne plus qu’il soit possible que cinq personnes interdisent par la force un débat de se tenir devant cent autres personnes qui préfèrent regarder ailleurs.(ce qui s’est passé à Lyon)
Ou bien les organisateurs de tels événements, à partir du moment où ils ont invité un auteur, permettent la bonne tenue du débat envers et contre tout, ou bien faute de participants (auteurs et petites maisons d’édition), il n’y aura plus d’événements de ce type.
Cet appel a surtout suscité énormément de dicussions (pas forcément sereines) au sein de tous les collectifs auxquels il a été envoyé. Même ceux qui, finalement, n’ont pas signé, reconnaissent qu’il y a bien un problème.
Cette censure qui se développe dans tous les espaces engendre l’autocensure. On n’invite plus que les auteurs consensuels, on évite d’exposer certains livres quand on est libraire. On cède à des réflexes pavloviens, condamnant sans les avoir lus des textes, des ouvrages et leurs auteurs avec.
Ce n’est pas pas une pétition mais une interpellation pour une prise de conscience car on ne peut pas continuer à ne rien dire, rien voir, et laisser faire.
C’est pourquoi j’ai signé ce texte.
Anne Steiner
J’ignore si Anne Steiner ou d'autre signataires étaient présent.e.s lors du Salon Libertaire de Lyon (ce qui était mon cas et avec la CGA, pour ne parler que de ma petite personne), mais beaucoup en ont parlé/débattu avec des infos de dernière main, colportées par des rumeurs de scandale... qu’adore une certaine partie du landernau libertaire, notamment une bonne partie des signataires de la pétition (oups... l’appel à prise de conscience, et patati).
Un Salon TRES LibertairePour préciser les faits réels, il ne s’agissait pas de
cinq personnes [interdisant] par la force un débat de se tenir devant cent autres personnes qui préfèrent regarder ailleurs mais d’une action concertée entre militant.e.s/sympathisant.e.s de la CGA Lyon (un groupe communiste libertaire), militantes féministes & militant.e.s LGBT... le tout dans le désordre et étant bien entendu que ces divers qualificatifs peuvent se cumuler. Action d’ailleurs revendiquée via le communiqué suivant :
http://cgalyon.ouvaton.org/spip.php?article74. (et patata)
Bien entendu, cette action politique s’inscrivait dans la suite des interventions et diverses perturbations toutes aussi politiques de nos camarades féministes & LGBT à Lille et Paris pour dénoncer le caractère anti-féministe, lesbophobe, transphobe, masculiniste, etc. du petit pamphlet d’A. Escudero. Elle a été suivie également d’une réaction d’un autre groupe lui aussi communiste libertaire (CGA Montpellier) lors du passage d’A. Escudero pour une conférence du même type :
http://www.c-g-a.org/montpellier-un-aut ... ransphobieMalgré ces précisions, il court toujours la même rumeur : celle d’une action utra-violente de quelques gouines/tafioles/trans sectaires censurant le déroulement d’un Salon Libertaire qui se voulait ouvert et tolérant. Petit mensonge bien utile puisqu’il permet (a) de considérer toute critique féministe des discours/comportements pas si émancipateurs toujours en vigueur au sein de la galaxie libertaire - et qui reprennent ces dernières années du poil bien masculin de la bête au sein - comme lui étant extérieure, (b) de tenter de resserrer les rangs quand elle est prise en défaut et (c) accessoirement d’évacuer les anarcha-féministes.
Ce dernier (c) point restant l'un des vrais réflexes pavloviens (merci Anne Steiner) de cette galaxie (majoritairement masculine) si désireuse d’émancipation individuelle, mais qui a toujours considéré avec appréhension les slogans du style "le privé est politique" comme une intrusion quasi-inacceptable des féministes et assimilé.e.s dans le slip des mecs. Je caricature, mais quand on se souvient du niveau de débat dans les années 1990 au sein de cette même galaxie :
"le genre : un truc d’universitaires américaines bourgeoises", "des réunions en non mixité ?!, incompatible avec l’anarchisme.. y’a quand même des mesc ?!", etc... on peut mesurer le chemin parcouru.
En fait il est, à l'heure actuelle, (malheureusement) mesurable à rien. Ainsi, on reprochera toujours aux camarades féministes et assimilé.e.s : (1) d’agresser inutilement les mâles/tribuns/écrivains qui savent par essence (?) assigner les véritables priorités politiques et (2) de sortir du consensus culturel/libertaire consistant à faire la promotion littéraire de n'importe quel copain pourvu , et sans l'avoir LU, qu'il fournisse un petit frisson et attire le chaland.
Dès lors rien d'étonnant que lors de la tenue de ce Salon Libertaire et au cours de l'action directe (un truc qui devrait normalement exciter la bite et/ou la sympathie des totos du style Escudero) menée par des camarades dûment informé.e.s, ayant LU/décrypté le petit pamphlet, et s’étant organisé.e.s en conséquence... les condamnations sont tombées sur les mêmes. Car bien que soutenu.e.s par un groupe constitué (la CGA Lyon) et qui revendique politiquement son action, ce sont bien nos camarades anarcha-féministes qui ont été et restent la cible principale de critiques visant à les discréditer. En bref des gonzesses & assimilé.es.s admises à regret au sein de la ''galaxie libertaire'' mais qui n’ont rien à y dire car :
1. elles sont trop connes pour avoir lu (y compris entre les lignes) ce superbe pamphlet d’Escudero, un VRAI mec qui parle des pages durant de la qualité du sperme des gars.
2. elles sont trop connes pour avoir conscience des enjeux que les masculinistes du milieu veulent leur imposer.
Quand aux réaction déplorables, et majoritairement venant de gars qui reconnaissaient ne pas avoir LU le petit pamphlet d’A. Escudero, mais se sont positionnés contre les camarades féministes, elles pourraient remplir une stupide anthologie du ''Masculinisme en Milieu Libertaire''… qui reste à écrire, mais à laquelle beaucoup contribuent quotidiennement. Pour exemple, citons cet avertissement très éducatif adressé par père un outré par l'action à son fils :
« Ne parles pas de couilles, tu vas te faire frapper !». On ne saurait mieux illustrer la phobie du féminisme en vogue dans le milieu libertaire.
Ton slip ou de la politique ?Le groupe CGA Lyon quand à lui a revendiqué cette action, visant à interdire le débat mené par A. Escudero, et continue à soutenir les victimes des discours réactionnaires de la bande PMO. En priorité nous avons choisi de recueillir et considérer les paroles des exploitéEs, plutôt que celles des masculinistes qui dénigrent et minorent leurs propos. Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien d’une déclaration politique.
Comme par hasard la présente pétition (oupss… appel à réagir) ne mentionne pas l'appel revendiquant l'organisation d'un boycott actif des conférences de PMO, que nous reproduisons et assumons :
Nous invitons enfin nos camarades anarchistes, féministes et LGBT à perturber ou à empêcher l’expression des propos lesbophobes, misogynes, transphobes et anti-féministes que tiennent nos ennemis de classe, dont Escudero fait partie.
CGA Lyon et militantes féministes.
Au mieux, et afin de perpétuer l'illusion d'un consensus (mou et minimal) qualifié de libertaire sur la question… toute intervention organisationnelle est à priori ignorée, même si explicitement revendiquée. La ''galaxie libertaire'' restera donc à tout prix cet ensemble multiforme et anonyme… si libertaire, si peu contraignant idéologiquement, si accueillant et bienveillant envers des auteurs à peine LUS mais qui ont le mérite de s'attaquer aux ''privilèges'' des gouines/tafioles/trans et à leurs alliéEs communistes libertaires.
Quant au parallèle fait entre ce que nous qualifions d'une saine action directe anti patriarcale et la dénonciation de la « La destruction violente d’un repas carné par certains vegans intégristes lors des journées libertaires de Saint-Imier en août 2012 » nous renvoyons aux positions organisationnelles de la CGA sur la question de l'antispécisme. :
http://www.c-g-a.org/article/anarchisme-et-antispecisme.
Il va sans dire (mais mieux vaut le préciser) que nous ne sentons aucune connivence avec celles/ceux qui voudraient réduire ce débat à l'équation ''féministes/gouines/tafioles/trans = végan/antispécistes'' par pure commodité intellectuelle. Mais qui oserait ?
Vers un cordon sanitaire syndicalUn autre fait bien réel, généralement ignoré et peu relayé, concerne l’attitude des camarades syndicalistes de la fédération SUD Éducation. A l’origine un stage fédéral de réflexion sur la science, le progrès, etc. avait été programmé. Les ''camarades'' de PMO, auréolé.e.s de leur spécialisation sur le sujet avaient été pressenti.e.s parmi les intervenant.e.s. C’était sans compter la vigilance de militant.e.s syndicalistes qui ont soulevé différents lièvres en LISANT les textes publiés sur PMO : discours anti-féministes, lesbophobes, homophobes, complaisance pro-fasciste, etc. Au final la fédération SUD Éducation a décidé de suspendre toute collaboration avec PMO, au vu du fond jugé incompatible avec les valeurs syndicales défendues.
Il sera objectivement difficile d’assimiler une Organisation Syndicale (au moins 222x plus nombreuse que la totalité des anars du dimanche) à une coterie de quelques gouines/tafioles/trans imposant leur terreur. Mais il est malheureusement à parier que certains s’y emploieront.
Nous noterons néanmoins qu'une organisation de masse, si critiquable qu'elle soit, aura été plus prompte à défendre les intérêts et conditions des ''minorités sexuelles'', que bien des signataires se qualifiant de libertaires et se listant au bas présent appel
''Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire''.Pas LU, pas prisPour conclure momentanément, bousculons (avec la violence nécessaire) la version selon laquelle celles/ceux qui s’opposent sur le fond aux propos réactionnaires du petit pamphlet d’Escudero n’ont rien LU et s’excitent comme à la simple vue de son pseudo. Il n’y a rien de plus spécieux et méprisant que cette auto-affirmation d’écrivaillonNES qui flippent de devoir considérer leurs contradicteur/ses comme autre chose que des analphabètes. Et si jamais un jour cette racaille entreprenait de lire et de demander des comptes aux auteurEs ?
En réalité, les opposant.e.s – non pas à seulement A. Escudero mais à la dernière mode anti-féministe au sein d'un milieu libertaire si complaisant – se sont fait.e.s chier à LIRE & analyser l’intégralité des textes fournis par PMO (Pièces et Main d'Oeuvre) et consorts sur quelques questions afférentes au droit des femmes à disposer de leur corps… voire même sur d'autres questions tout aussi sensibles comme le nationalisme/patriotisme, l'antifascisme, etc.
Il a été reproché beaucoup de choses à celles/ceux qui ont dénoncé le caractère antiféministe du petit pamphlet d'A. Escudero :
1. de ne pas l'avoir LU, même si nombre de militant.e.s ont publié des critiques plus qu'instructives et documentées sur le sujet. Mais comment se fier à des gonzesses ? Elles ne sont pas sensées savoir lire.
2. de l'avoir LU, et de ne pas partager ses conclusions. La réside le crime de non conformité : quiconque lit ce petit pamphlet masculiniste devrait être automatiquement convaincu.e. par son caractère révolutionnaire.
Face à l'évidence (nous avions LU ce petit pamphlet et bien plus encore), il ne reste aux défenseur.se.s du masculinisme ambiant et/ou de la sacro-sainte liberté d'exprimer des opinions anti-féministes que le mensonge ou, ce qui revient au même, le discours performatif du style :
''ces hystériques n'ont rien lu, rien compris et nous emmerdent''De la déclaration de principe... comme contre feu.En définitive, et afin de ne pas s’interroger sur les complaisances (stratégies de réseau et/ou de carnet d’adresse) au sein du milieu libertaire, la présente pétition (oupss... déclaration de principe) remplit quelques fonctions essentielles.
En premier lieu et surtout d'esquiver toute dénonciation, pourtant nécessaire, sur le caractère masculiniste, anti-féministe, lesbophobe, transphobe, etc. des opinions colportées par la bande PMO, comme par d'autres.
En second lieu et accessoirement de dédouaner les organisateur.trices du Salon Libertaire. D’éminent.e.s camarades, au carnet d'adresse bien rempli, qui soit (1) par ignorance, (2) goût de la provocation, ou (3) anti-féminisme maladif ont programmé la venue de la bande PMO et l'ont maintenue malgré les demandes d'annulation provenant entre autres des camarades féministes du MFPF69, et pour ne citer qu'elles. Le milieu libertaire lyonnais étant ce qu'il est, à l'instar de bien d'autres, un microcosme où tout se sait ; les organisateur.trices s'attendaient à une réaction… pas forcément à celle qui s'est produite.