Vaudeville à Montreuil parmi les élus brardistes Patrick Petitjean 10/07Les amis de Jean-Pierre Brard au conseil municipal de Montreuil s'entre-déchirent depuis la défaite de leur chef de file fin mars lors des élections municipales. L'ex-député-maire lui-même est d'ailleurs à la manœuvre, avec semble-t-il aussi le POI.
On peut écouter ici l'entretien de Cheik Mamadou avec TVM Est-parisien de ce jeudi 10 juillet sur la scission de groupe des élus brardistes. Il faut rappeler que Cheik Mamadou était le seul des élus brardistes de 2008 à être resté fidèle à Jean-Pierre Brard jusqu'au bout. Jusqu'à ses derniers jours, il était président du groupe des élus (ma ville j'y crois) municipaux, et président du CCM (Comité des Citoyens Montreuillois), le micro-parti de Jean-Pierre Brard.
Le groupe d'élus brardistes avait 10 membres. 6 d'entre eux en ont expulsé 4. Ce fait brut est éclairant sur les capacités dudit ex-maire à faire le vide autour de lui. En 2008, JPB il était parti à 12 élus, nombre ramené à 4 par la séparation de ses élus en trois groupes. Quelques mois plus tard J.-P. Brard et Cheik Mamadou restaient seuls, et non-inscrits.
Depuis avril 2014, J.-P. Brard a laissé son siège, et ses amis étaient 10. Aujourd'hui, grâce à lui, ils ne sont déjà plus que 6. Selon Cheik Mamadou, un putsch, soutenu par J.-P. Brard, l'a viré de son poste de président du groupe, ce qui l'a conduit avec 3 autres personnes à prendre le large.
Selon Cheik Mamadou, la crise parmi les élus vient de la crise et de manipulations au sein du CCM . Un nouveau CA a été élu par seulement 30 personnes, après une AG convoque au mépris des règles démocratiques. 30 personnes ? On est dans le micro-micro.
De là, le putsch au sein du groupe d'élus. La position des 6 élus putschistes est ici.
Le principal reproche fait par Cheik Mamadou aux putschistes concerne l'omniprésence de J.-P. Brard : il y a 10 élus, mais 15 personnes participaient au groupe. Il ne faut pas chercher bien loin les 5 « intrus » : l'ex-maire et ses portes flingues. Il ne siège pas, mais entend toujours être le chef.
Dans son entretien avec TVM Est-parisien, et dans sa déclaration lors du CM de ce jeudi 10 juillet, Cheik Mamadou plaide pour une opposition constructive à la municipalité FdG / EELV / PS, alors que J.-P. Brard, ses amis élus et non-élus, poussent à l'affrontement systématique, à la revanche. Ils entendent poursuivre les discours haineux de J.-P. Brard entre 2008 et 2014.
Il est vrai que, depuis les élections , Axel Norbelly et Grégory Villeneuve ont clairement pris cette posture. Dans le groupe brardiste maintenu, est aussi resté Noredine Rahmani, le plagiaire bien connu de Jacques Chirac pour ses vœux de 2014.
Mais cette fracture politique était aussi forte, et surtout la vraie cause de cet éclatement ? Car si J.-P. Brard est à la manœuvre pour reprendre le contrôle de son groupe et de son micro-parti. Les 3 autres démissionnés (en plus de Cheik Mamadou) sont Christelle Keiser, du POI ; Yacine Houichi, qui vient d'adhérer au POI ; et Christine Fantuzzi, considérée comme proche du POI depuis près de 20 ans (et par ailleurs chef de file des campagnes anti-roms dans le bas-Montreuil.
Le POI, c'est le Parti Ouvrier Indépendant, qui a pris la suite du Parti des Travailleurs, et est le dernier avatar des trotskystes lambertistes (OCI en 1968). Mélenchon, Cambadélis, Jospin (entre autres) sont passés par ses rangs. Ce courant politique est un spécialiste de l'infiltration (« entrisme » dans l'histoire trotskyste).
Curieusement, dès le conseil municipal, le site du POI reproduisait les interventions de la bande des 4... mais pas des 6 autres... : voir ici. Cela laisse entendre que l'éclatement était en cours depuis longtemps, et que la bande des 4 était de fait constituée dès avant les manipulations du CCM.
De là, on peut être fondé à voir dans l'éclatement du groupe des élus brardistes un produit des manœuvres du POI et de ses pratiques entristes / scissionnistes habituelles.
L'avenir dira ce qu'il adviendra de ces 4 démissionnés, de leur orientation politique et de leur relation au POI. En attendant, la municipalité n'a pas l'intention de leur faciliter la tâche : le nombre minimum d'élus pour constituer un groupe est passer de 3 à 5 dans le règlement intérieur depuis cette année...