Prison, prisonniers-ères, contrôle judiciaire ...

Prison, prisonniers-ères, contrôle judiciaire ...

Messagede georges » 20 Juil 2009, 17:20

Quelques notes sur le contrôle judiciaire

La prison à la maison ?
quelques notes sur le contrôle judiciaire...

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Brochure (pdf de 8 pages) à télécharger, imprimer et faire tourner...
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Le contrôle judiciaire a été créé en 1970. Présenté à l’époque comme une
alternative à la détention provisoire, il permet au juge de garder une
personne sous la main de la justice en attente du procès sans pour autant
remplir les prisons. Souvent présenté comme une façon d’échapper à la
prison, il permet à l’État d’avoir le contrôle sur une personne suspectée.
En ce sens, il constitue une autre forme de sanction, qui vient s’ajouter
à l’incarcération et étend les possibilités de la justice pour contrôler
et punir. En fait, le contrôle judiciaire s’ajoute doublement à la
prison : d’abord parce que, de fait, les prisons sont toujours aussi
pleines, on n’envoie pas moins de gens en prison, ensuite parce que la
période passée sous contrôle judiciaire n’est pas comptabilisée dans la
condamnation (contrairement à la détention provisoire), elle s’ajoute à la
période d’incarcération.
Concrètement, le juge choisit parmi un panel de règles et d’obligations :
pointages réguliers dans un commissariat (de une fois par mois à une fois
par jour), suivi social (obligation de travailler ou de rechercher un
emploi), interdiction de se rendre dans certaines parties du territoire,
interdiction de voir certaines personnes, restrictions d’horaires,
interdiction de quitter son domicile, obligation de soin, interdiction de
se déplacer hors du cadre autorisé sans l’avis du juge d’instruction…
Toutes ses règles personnalisées multiplient les raisons d’être incarcéré
(ou réincarcéré) car ne pas les respecter peut être puni de plusieurs mois
de prison. Elles sont des contraintes qui agissent sur le quotidien : une
partie assure « l’insertion sociale », l’autre la surveillance pure et
simple.

Les dispositifs voués à la mise au travail et au contrôle se développent
sur toute la population.
La fonction sociale de la prison est de gérer la misère et d’être un
repoussoir pour tous afin d’accepter l’exploitation. Sous couvert
d’objectifs d’insertion, le suivi social ressemble bien souvent à une mise
au travail forcée. Ainsi, les dispositifs du contrôle judiciaire sont
similaires à ceux du contrôle des chômeurs, où le moindre faux pas peut
être suivi d’une suppression d’Assedic ou autres allocations. Ce sont
autant de rendez-vous qui rappellent à l’ordre et contraignent à accepter
n’importe quel boulot. Bien déçu celui qui pense y trouver une activité
épanouissante, il n’y trouvera que travail de merde et discipline.
Le contrôle judiciaire est toujours un contrôle des déplacements et des
fréquentations, dans une dépendance permanente aux instances judiciaires.
Les projets personnels sont, dès lors, placés sous leur surveillance et
soumis à leur accord. Ainsi, dans beaucoup d’affaires, des proches sont
considérés comme des complices et il est interdit de les rencontrer, ce
qui a pour conséquence d’isoler et de briser les liens. Parfois même, le
contrôle judiciaire interdit de se rendre dans le territoire de son lieu
d’habitation.
Cette surveillance est facilitée et renforcée par un maillage policier
resserré sur tout le territoire. L’ensemble de la population est
régulièrement contrôlé : la vidéosurveillance se développe encore, jusque
dans les rames de métro et les halls d’immeuble, les téléphones portables
permettent de suivre à la trace et de connaître le carnet d’adresse ; dans
les transports en commun la puce du « pass navigo » permet d’obtenir des
informations sur l’identité, les droits sociaux, les stations empruntées ;
sur les routes la sécurité routière est un bon prétexte aux contrôles ;
dans les rues les contrôles au faciès vont bon train. Les contrôles de
douane ne se font plus seulement aux frontières mais sur tout le
territoire. Les frontières se matérialisent à chaque contrôle de papier au
travers duquel certains passent et d’autre non.

En prison, les interdictions et l’absence de liberté sont palpables à
chaque instant à travers les murs et les barreaux. Avec le contrôle
judiciaire, chacun est sommé d’intérioriser les interdits et les
obligations. A l’instar de bien d’autres aspects de notre société au
premier rang desquels le salariat, le contrôle judiciaire participe de
cette intériorisation de la résignation, de cette auto-discipline qui doit
faire accepter à chacun de rester à sa place et de ne pas faire de vagues.
Ceci a pour objectif de neutraliser toute volonté d’émancipation et de
révolte face au fonctionnement de cette société. Les assignations à
résidence et les interdictions de rencontrer des proches favorisent
l’isolement, le repli sur soi et la limitation des déplacements au trajet
domicile/travail, ce qui représente pour le pouvoir le mode de vie idéal
pour contrôler et gérer la population.

Comme face à toute mesure visant à soumettre et à contrôler chacun, que ce
soit dans les transports, au travail ou à la CAF, il existe de multiples
formes de résistances et de contournements des mesures du contrôle
judiciaire. Toutes sortes d’arrangements, de magouilles et d’esquives
permettent de ne pas se soumettre en permanence, de continuer à vivre et
donnent pleins de raisons de ne pas se résigner. Dans chaque procédé de
contrôle, il y a toujours des failles et ce n’est pas l’accumulation de
ces mesures coercitives qui entameront la détermination à lutter pour une
société libérée de l’exploitation et de l’enfermement.

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Les personnes mises en examen évoquées dans cette brochure font toutes
l’objet d’une même affaire juridique qui a débuté en janvier 2008
notamment pour transport de fumigènes et de clous tordus, et tentative
d’incendie d’une dépanneuse de police lors des élections présidentielles.
Une brochure relate plus précisément ces affaires et esquisse quelques
analyses : “Mauvaises intentions n° 1 et 2”.
Vous pouvez la recevoir gratuitement par courrier en envoyant un mail à
solidaritesinculpes@riseup.net
ou la consulter directement sur internet à l’adresse :
http://infokiosques.net/mauvaises_intentions
Cette adresse permet aussi de se tenir au courant des dernières nouvelles.
brochure.pdf
(842.05 Kio) Téléchargé 173 fois
georges
 

Messagede georges » 21 Juil 2009, 01:09

La prison à la maison ?
quelques notes sur le contrôle judiciaire...


le même texte en format brochure A5 pour directement la photocopier, plier ...
brochureA5.pdf
(823.43 Kio) Téléchargé 190 fois
georges
 

Prison, prisonniers-ères, contrôle judiciaire ...

Messagede bipbip » 04 Déc 2013, 02:22

Guide à l’usage des proches de personnes incarcérées

Que faire lorsqu’un proche est incarcéré ? Comment demander un permis de visite ? Comment se déroule un parloir ? Quels sont les droits des proches des personnes détenues ? En France, chaque année, plus d’un demi-million de personnes se posent ces questions – et quelques autres…
Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques posés par l’incarcération d’une personne proche.
Du dépôt de linge à la lutte contre les prisons, connaître nos droits, échanger nos astuces et construire des solidarités devant les portes des prisons et par-dessus les murs, voilà à quoi doit servir ce guide !



samedi 7 décembre à Bagnolet et Grenoble

Présentation du guide à l’usage des proches de personnes incarcérées


Bagnolet de 19h30 à 22h30
Au Rémouleur, 106 rue Victor Hugo


Que faire lorsqu’un proche est incarcéré ? Comment demander un permis de visite ? Comment se déroule un parloir ? Quels sont les droits des proches des personnes détenues ? En France, chaque année, plus d’un demi-million de personnes se posent ces questions – et quelques autres…

Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques posés par l’incarcération d’une personne proche.

Du dépôt de linge à la lutte contre les prisons, connaître nos droits, échanger nos astuces et construire des solidarités devant les portes des prisons et par-dessus les murs, voilà à quoi doit servir ce guide !

Le guide est sorti en ce début novembre 2013. Il sera dans les semaines à venir déposé dans différents lieux un peu partout en France.

La volonté est de diffuser ce guide gratuitement auprès des proches de personnes incarcérées. Si vous voulez diffuser ce guide par chez vous, participer/aider au frais d’impression (coût 0,50euros le bouquin), organiser une soirée au moment de la sortie… faites nous signe !

Présentation du guide à l’usage des proches de personnes incarcérées
Samedi 7 décembre de 19h30 à 22h30
Au Rémouleur, 106 rue Victor Hugo à Bagnolet



Grenoble à 18h30
La BAF, 2 ch. des Alpins, Grenoble


Soirée sur la Prison
18h30 : Présentation du Guide à l’usage de proches de personnes incarcérées et discussion.
"Que faire lorsqu’un proche est incarcéré ? Comment demander un permis de visite ? Comment se déroule un parloir ? Quels sont les droits des proches des personnes détenues ? En France, chaque année, plus d’un demi-million de personnes se posent ces questions – et quelques autres…
Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques posés par l’incarcération d’une personne proche.
Du dépôt de linge à la lutte contre les prisons, connaître nos droits, échanger nos astuces et construire des solidarités devant les portes des prisons et par-dessus les murs, voilà à quoi doit servir ce guide !"
- Bouffe -
20h30 : Projection de Qu’un seul tienne, les autres suivront, France, 2009, 120’
" Stéphane se voit proposer un marché qui pourrait changer sa vie, Zohra cherche à comprendre la mort de son fils et Laure vit son premier amour pour un jeune révolté incarcéré. Réunis par hasard entre les murs d’un parloir de prison, ils auront chacun à prendre en main leurs destins. Qu’un seul tienne debout, et les autres suivront... "

Tous les bénéfices de la soirée iront aux éditeurices du Guide.
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Re: Guide à l’usage des proches de personnes incarcérées

Messagede Pïérô » 02 Juin 2014, 14:29

Chronique du guide à l'usage des proches de personnes incarcérées

En France, 500 000 personnes sont confrontées chaque année à l'incarcération d'un·e proche. Paru en novembre 2013, le Guide à l'usage des proches de personnes incarcérées est un outil pratique élaboré par et pour des proches de prisonnier·e·s.

En solidarité avec les proches

L'arrivée en prison d'un·e proche est une situation complexe et souvent inattendue ; source de problèmes juridiques, sociaux et pratiques, ainsi que de multiples angoisses. Peu nombreuses sont les ressources disponibles : quelques sites Internet et forums de proches... Il existe également de la documentation et des accueils (dans certaines prisons) destinés aux proches, qui présentent le désagrément d'être une répétition, souvent infantilisante, des réglements et des discours de l'institution carcérale. Dans tout cela, pas ou peu de place pour les luttes, l'échange d'astuces, la solidarité.
Le Guide à l'usage des proches de personnes incarcérées a été rédigé par un collectif de proches, précisément pour partager un point de vue né de l'expérience et briser l'isolement. Il a été fait pour la transmission d'informations, de conseils et d'astuces entre proches, tout cela pour vivre au mieux la situation. Le Guide s'emploie à donner différentes pistes, en ne se plaçant ni dans une perspective excessivement juridique, ni dans une démarche relevant de l'accompagnement psychologique.
Le Guide est organisé selon un principe chronologique : il commence par revenir sur les premiers jours d'incarcération, en détaillant ce qui se passe pour la personne proche à l'intérieur, et explique les premières démarches d'urgence à réaliser (demande du numéro d'écrou, premier envoi d'argent, demande de permis de visite...). L'une des orientations à ce stade puis tout au long du guide est d'expliquer ce qui se passe à l'intérieur, notamment dans la perspective de défaire certaines craintes et représentations dues à un manque d'information concrète, et qui se surajoutent souvent à l'angoisse première suscitée par l'incarcération d'une personne proche.
Différents sujets sont ainsi abordés au fil des 200 pages : la communication (courrier, usage des portables, parloirs sauvages, émissions de radio...), l'envoi de linge, de livres et de colis, les permis de visite et les parloirs, les droits civils et familiaux (PACS, mariage...), les questions d'argent (envois de mandats, droits concernant le RSA, le chômage...), des pistes de survie en vue de la confrontation à la justice et à l'administration pénitentiaire...
On trouvera aussi une série de questions pêle-mêle, un lexique, des conseils de lectures (témoignages de proches et de prisonnier·e·s, autres lectures complémentaires), des films, des contacts de collectifs anticarcéraux et anti-répression, ainsi que beaucoup d'autres contacts utiles.
Le Guide relève d'une démarche de soutien et de solidarité avec les proches. Il rappelle notamment de ne pas oublier de vivre sa vie, en ne perdant pas de vue ses propres besoins. La prison peut prendre beaucoup de temps, affecter la relation avec la personne à l'intérieur. Il s'agit aussi de ne pas trop organiser sa vie en fonction de la prison, pour conserver de l'autonomie, du temps pour soi. Un enjeu est donc de réussir à « garder la tête dehors ».

Perspectives politiques

Les organisations de proches existent, mais elles sont rares et fragiles. Il s'agit le plus souvent de petits collectifs, majoritairement constitués d'épouses et de mères de prisonnier·e·s. Les collectifs de type « justice et vérité » mis à part, les luttes menées par les proches sont peu nombreuses. Il peut être difficile de former une association de proches, pour diverses raisons qui peuvent notamment tenir de la remise en cause de l'équilibre familial et amical suite à une incarcération. De surcroît, l'individualisation des peines caractéristique de la politique pénitentiaire aggrave à l'intérieur comme dehors les difficultés à s'organiser et à lutter, puisque cela aura par exemple une influence sur la garantie des remises de peines. Un contre-exemple récent et combatif est le re-lancement de l'ARPPI, l'Association pour le Respect des Proches de Personnes Incarcérées (arppi@live.fr).
Par ailleurs, le lien entre les collectifs de proches et une perspective politique abolitionniste n'est pas nécessairement évident : avoir un·e proche détenu·e n'empêche pas d'adhérer à une vision légitimiste de la prison sans réellement de différence avec celle du reste de la population. L'isolement construit par la prison peut être vécu comme injuste pour soi, mais légitime pour les autres. Être confronté·e à la prison n'entraîne pas automatiquement des positions abolitionnistes.
S'il offre avant tout des ressources pratiques, le Guide a, lui, bien été élaboré dans une perspective politique anticarcérale. L'importance du partage de l'expérience, de ce point de vue, tient dans le fait qu'il permet de rejeter la notion de honte, en brisant l'isolement qu'impose la prison, en créant du lien malgré cet isolement et en donnant du sens à ce que l'on vit en en faisant une expérience collective. La solidarité vient du fait de pouvoir se parler entre proches, d'échanger, mais aussi de s'organiser et d'avoir accès à des collectifs, des caisses de solidarité, des émissions anticarcérales...
Autre perspective proposée par le Guide, celle de mettre fin à l'invisibilisation des proches dans les luttes anticarcérales, en les plaçant au centre de ces luttes. Il s'agit de mettre en lumière le fait que l'enfermement n'est qu'une partie du problème, et qu'il existe aussi une forme de peine invisible effectuée par les proches, surtout des femmes (qui sont par exemple de loin les plus nombreuses à se rendre régulièrement au parloir), dont on ne parle que rarement dans les luttes anticarcérales. Celles-ci ne fournissent pas forcément beaucoup d'efforts pour intégrer les proches, qui sont en majorité des femmes (qui sont celles qui soutiennent aussi bien la grande majorité d'hommes incarcérés que les autres femmes).
Ce refus de l'invisibilisation des proches recoupe donc une préoccupation féministe : on retrouve la notion de lutte contre la division, la répartition et la valorisation genrée des tâches. Cette division genrée existe, comme ailleurs, dans les mouvements anticarcéraux, où écrire un tract (activité dite masculine) sera toujours plus valorisé que porter du linge (rôle dévolu aux femmes)...
Mettre les proches au centre des luttes anticarcérales, c'est donc s'employer à faire en sorte que les sujets de ces luttes ne soient pas seulement les hommes détenus, mais aussi les femmes qui les soutiennent. C'est dans ce sens que le Guide s'adresse surtout à des femmes.

Où le trouver

Le Guide à l'usage des proches de personnes incarcérées est disponible en ligne sur le blog http://permisdevisite.noblogs.org/, ainsi que des « bonus ». Le Guide imprimé, joliment illustré et au format compact, est distribué à prix libre dans plusieurs lieux militants et associatifs. Il est possible d'obtenir des envois gratuits en écrivant par mail à soledadetassocies@riseup.net. La diffusion est gratuite auprès de toutes les personnes proches de détenu·e·s, et les distributions devant les parloirs sont fortement encouragées.
Cet article est basé sur une interview d'une des personnes à l'origine de la rédaction du Guide, réalisée par des membres du groupe de Lille de la CGA. Elle peut être écoutée à cette adresse : http://c-g-a.org/article/emission-sur-l ... ncarcerees.

Emma, groupe de Lille

http://www.c-g-a.org/motion/chronique-d ... ncarcerees


Télécharger le guide.

* Version bouquin : http://permisdevisite.noblogs.org/files ... /guide.pdf
* Version brochure imprimable (n&b, A5) : http://permisdevisite.noblogs.org/files ... cahier.pdf

http://permisdevisite.noblogs.org/
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