La délicate gestion des aéroports de l'Ouest Maëlle KERGUÉNOU 05/05La Bretagne, les Pays de la Loire, la Basse-Normandie comptent vingt-six aéroports et plus d'une centaine de vols réguliers. La gestion et le financement de ces plateformes aéroportuaires varient d'un site à l'autre.
À qui appartiennent les aéroports ?Depuis 2007, l'État a transféré la propriété des aéroports à vocation locale ou régionale aux collectivités territoriales. Le Conseil régional de Bretagne a ainsi récupéré la gestion des plateformes qui accueillent plus de 100 000 passagers par an : Brest, Quimper-Cornouaille, Rennes et Dinard. Dans l'ouest, seul l'aéroport de Nantes est resté sous la responsabilité de l'État.
Les autres aéroports dépendent de collectivités publiques : conseils généraux, chambres de commerce et d'industrie (CCI), agglomérations, communautés de communes. À Caen, la communauté d'agglomération est propriétaire de la plateforme. Deauville est géré par le conseil régional de Haute et de Basse Normandie. La gestion de la partie civile de l'aéroport de Lorient est confiée à la chambre de commerce.
Qui les gère ?Les propriétaires peuvent confier la gestion des aéroports à des sociétés privées grâce aux « délégations de service public » (DSP). C'est le cas à Rennes, Dinard, Saint-Nazaire ou Nantes, qui dépendent de Vinci Airports. Certains décident de conserver l'administration des plateformes. À Lannion, le conseil général, la CCI et les collectivités du Pays du Trégor-Goëlo se sont regroupés en un syndicat mixte.
Comment sont-ils financés ?Les propriétaires investissent dans les infrastructures et dans l'entretien des équipements soit directement, soit par le biais des gestionnaires. Exemple : le renouvellement des pistes ou les parkings. Des subventions sont accordées aux aéroports déficitaires. D'une part, pour remettre le budget à l'équilibre, d'autre part, pour l'ouverture de lignes. À Angers, par exemple, la communauté d'agglomération et la CCI ont participé à hauteur de 220 000 € pour les vols sur Londres et Nice. « Cette somme est relativement faible par rapport à d'autres aéroports », souligne Pierre Le Lann, directeur des finances à l'agglomération d'Angers-Loire Métropole.
En début d'année, la Commission européenne avait envisagé d'interdire les aides publiques pour tous les aéroports, y compris les petits. Une menace non exécutée pour ceux de moins de 700 000 passagers qui continueront à percevoir des subventions. Les aides aux plateformes de moins de 3 millions de passagers devront quant à elles être progressivement supprimées sur dix ans.
Ces aéroports qui peinent à décollerAvec seulement 35 000 passagers, en 2013, et un déficit de ligne s'élevant à 3,1 millions d'euros, l'aéroport de Lannion (Côtes-d'Armor) est amplement alimenté par les subventions publiques. « Nous en avons besoin pour assurer la liaison quotidienne entre Lannion et Paris. Sans cette aide, la zone serait enclavée », explique Ann Katell Guégan, directrice de la plateforme. Le conseil général, la CCI, la communauté d'agglomération de Lannion-Trégor et quatre communautés de communes participent au financement de l'aéroport.
À Angers, l'aéroport manque aussi de voyageurs. Seulement 8 539 passagers commerciaux ont été comptabilisés, en 2013. Pas assez par rapport aux coûts engendrés par le fonctionnement de l'aéroport. Afin d'équilibrer le budget, l'agglo a prévu de subventionner l'aéroport à hauteur de 1,2 million d'euros, en 2014.
La plateforme de Dinard n'est pas en reste. Il aurait fallu au moins 220 000 passagers par an pour compenser les avantages consentis à la compagnie à bas coût Ryanair. Un seuil jamais atteint depuis sa création (180 165 voyageurs au mieux de sa forme, en 2005).
Un futur nébuleuxSi ces aéroports semblent très coûteux par rapport à leurs activités, les villes vantent leur « utilité publique ». À Dinard, il s'agit par exemple de préserver les 600 emplois de Sabena Technics, société spécialisée dans la maintenance aéronautique. À Lannion, 60 personnes travaillent (directement et indirectement) sur la plate-forme. De quoi refroidir les politiques à l'idée d'envisager leur suppression.
L'Union démocratique bretonne réclame un schéma global régional aéroportuaire, depuis 2004. « Mais qui dit schéma dit : qu'est-ce qu'on ferme ? Qu'est-ce qu'on garde ? C'est difficile à savoir aujourd'hui », explique Gérard Lahellec, vice-président du conseil régional de Bretagne, en charge de la mobilité et des transports.
L'arrivée d'une ligne à grande vitesse (LGV), à partir de 2017, changera nécessairement la donne. Alors qu'elle devrait mettre Lannion et Quimper à environ trois heures de Paris, l'avenir des petits aéroports de l'Ouest semble incertain. Sans oublier le projet de Notre-Dame-des-Landes, qui pourrait remettre en question l'activité rennaise.
Avant de clouer les avions au sol, de nouvelles activités peuvent être envisagées dans les aéroports. « Par exemple, ils pourraient devenir des lieux d'exposition, tel un musée sur l'histoire du site ou un espace d'accueil », suggère Gérard Lahellec.