Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Nico37 » 15 Aoû 2013, 17:13

Le détail des sex-box dévoilé à Zurich avec AFP 15/08

La ville de Zurich a dévoilé jeudi le détail des aménagements pour ses "sex-box", ses garages destinés aux travailleuses du sexe grâce auxquels les autorités locales espèrent pouvoir mieux encadrer la prostitution. A compter du 26 août, neuf abris ouverts de 19h à 5h du matin entreront en fonction dans un ancien quartier industriel à l'ouest de la ville, a indiqué le département municipal des affaires sociales dans un communiqué. Le site sera accessible uniquement aux automobilistes qui devront impérativement être seul à bord de leur véhicule, ont précisé les autorités zurichoises. Après avoir passé la grille, les automobilistes devront alors suivre un circuit bien fléché et balisé, en commençant par s'engager dans une boucle où se posteront 30 à 40 travailleuses du sexe. Une fois les prestations et les tarifs négociés, ils pourront alors se diriger vers un des neuf sex-box à disposition des prostituées.

Si le site ne sera pas accessible aux piétons, deux abris de plus petites tailles seront également mis à disposition pour les clients des prostituées qui préfèrent rester en dehors de leur voiture. Chaque box, qui ressemble un peu aux cabines où les automobilistes peuvent laver leur voiture, sera équipé d'une sonnette d'alarme qui permettra aux prostituées d'avertir la police à tout moment en cas de danger. Les autorités municipales entendent ainsi assurer la sécurité des prostituées et mieux encadrer ce phénomène, notamment face aux risques de trafic d'êtres humains. Avec ce site, déjà qualifié dans les médias suisses de sorte de "drive-in du sexe", elles espèrent également déplacer le commerce du sexe en dehors de la ville, en particulier aux abords de Sihlquai où les prostituées affluent chaque soir, au grand dam des riverains.

Pour s'assurer que les clients délaissent cette artère, les autorités zurichoises n'ont d'ailleurs pas ménagé leurs efforts. Le site sera clairement indiqué à l'aide de panneaux de signalisation flanqués d'un parapluie rouge, un symbole connu dans toute l'Europe de l'Est pour indiquer les zones de prostitution. La ville de Zurich s'est par ailleurs efforcée de d'aménager un cadre agréable, agrémentant l'espace de verdure et de guirlandes lumineuses. Pour ne pas effrayer les clients, la ville n'a pas non plus prévu de surveillance vidéo ni de présence policière permanente. En revanche, des assistantes sociales et des agents de sécurité seront présents sur le site dès l'ouverture.
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Messagede Béatrice » 29 Aoû 2013, 14:05

Les " dessous très chics " et très lucratifs de la prostitution choisie :
Une escorte girl résidente espagnole d'Alicante, témoigne : "Je gagne 10 000 euros pour dix jours à Biarritz"

http://www.sudouest.fr/2013/05/16/prost ... 2-4018.php
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede bipbip » 02 Sep 2013, 01:51

Bordel organisé ?
Allemagne : La loi "Prost G", ou comment un État « fait la promotion de la traite des femmes et de la prostitution »

juin 2013, par Claudine Legardinier

Les choses changeraient-elles en Allemagne ? Après plusieurs articles de journaux et émission de télévision, c’est au tour du magazine Der Spiegel, hebdomadaire centre-gauche très influent, de se montrer ultra critique sur la "loi ProstG" dont le pays s’est doté en 2002, en s’enorgueillissant de légaliser la prostitution dite "volontaire".

Le titre Bordell Deutschland du numéro daté du 27 mai 2013 est accompagné d’un constat sans appel : « Comment l’Etat fait la promotion de la traite des femmes et de la prostitution ». Non seulement la loi n’a pas fonctionné, explique le magazine, mais l’exploitation et la traite restent des problèmes majeurs.

Il revient, avec une certaine amertume et photo à l’appui, sur une coupe de champagne partagée lors du vote de la loi par trois femmes, la ministre de la famille (SPD), une députée des Verts et une tenancière berlinoise : « Trois femmes portant un toast pour célébrer le fait que désormais, les hommes allemands pourraient aller au bordel sans aucun scrupule », écrit l’hebdomadaire.

Constitué de plusieurs articles, le dossier souligne que personnalités politiques, associations de femmes et policiers sont de plus en plus nombreux à estimer que la loi a surtout été favorable aux proxénètes et qu’elle a rendu le marché plus attractif pour les trafiquants. Il coupe ainsi l’herbe sous le pied au puissant lobby pro prostitution. Sans doute les dossiers publiés par nos amies du magazine EMMA (dont rend compte notre numéro 178 de Prostitution et Société, http://www.prostitutionetsociete.fr/pro ... -septembre ) sont-ils pour quelque chose dans l’évolution des positions sur cette loi désastreuse. Ce n’est qu’un début, espérons le.

---------------------------------------

Sur le site "En quelque sorte", Martin Dufresne, traducteur et militant pro-féministe et abolitionniste, a proposé une traduction en français du reportage de Der Spiegel : Der Spiegel : "Bordel Allemagne - Comment l’État encourage la traite des femmes et la prostitution", http://enquelquesorte.blogspot.fr/2013/ ... magne.html

http://www.prostitutionetsociete.fr/act ... prost-g-ou
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Messagede Béatrice » 18 Sep 2013, 11:39

C'est aujourd'hui que sera rendu public le rapport parlementaire prévoyant de sanctionner les clients de prostituées.

Communiqué du manifeste de Zéromacho sur la proposition de loi pour abolir la prostitution.

Communiqué sur la proposition de loi pour abolir la prostitution

Zéromacho, réseau international d’hommes engagés contre le système prostitueur et pour l’égalité femmes-hommes, salue la proposition de loi historique déposée aujourd’hui par la députée Maud Olivier.

Nous espérons trouver dans cette future loi :
- La suppression de toute forme de répression à l’encontre des personnes prostituées.
- La mise en place d’un plan national d’alternatives à la prostitution permettant de répondre à l’aspiration d’une écrasante majorité de personnes prostituées à se construire un avenir hors de la prostitution.
- La pénalisation des clients-prostitueurs qui exploitent la précarité et la vulnérabilité des personnes en situation de prostitution pour leur imposer un acte sexuel par la contrainte financière. Cette disposition de la loi suédoise de 1997 a fait la preuve de son efficacité.
- Le renforcement des moyens de lutte contre le proxénétisme sous toutes ses formes et l’accès à une réparation du préjudice subi par ses victimes.

Dans l’espoir de construire une société plus juste, nous invitons les parlementaires à intégrer ces éléments dans la prochaine loi et à la voter avec le plus large consensus possible.
Après l’abolition de l’esclavage (1848) et de la peine de mort (1981), la France passera ainsi un nouveau cap historique.

Le Rapport d’information parlementaire Bousquet-Geoffroy a déjà préconisé les recommandations ci-dessus. L’adoption à l’unanimité de la résolution parlementaire du 6 décembre 2011 a annoncé le vote d’une loi abolitionniste globale.

Zéromacho porte cette demande avec les 55 associations de soutien aux personnes prostituées, de lutte contre les violences faites aux femmes et de promotion de l’égalité femmes-hommes rassemblées au sein du Collectif Abolition 2012. Elles sont rejointes par plus de 200 associations issues de 27 Etats membres de l’Union européenne, signataires de l’Appel de Bruxelles « Ensemble pour une Europe libérée de la prostitution ».


http://zeromacho.wordpress.com/2013/09/ ... stitution/

A noter également que dans le même temps, le STRASS a fait part de son manifeste ( de nombreuses organisations sont signataires dont la FA entre autre... )
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 18 Sep 2013, 22:41

La parole des consommateurs de sexe se libère :

Prostitution : des clients racontent "le sexe sans fard ni séduction"

Jusqu'à présent, ils restaient dans l'ombre. Aujourd'hui, les projecteurs sont braqués sur eux. Des clients de prostituées, que les pouvoirs publics envisagent de poursuivre en justice, on ne sait pas grand-chose. De rares enquêtes estiment qu'entre 12 % et 18 % des hommes (et moins de 1 % des femmes) ont déjà payé pour du sexe en France. Ils sont en majorité en couple, pères de famille, bien insérés socialement. Que recherchent ces hommes, arrêteront-ils s'ils risquent des amendes, voire des peines de prison ?

Quelques-uns ont accepté de répondre, à condition de garder l'anonymat (ils ont tous utilisé des pseudonymes) et d'échanger par courriel. Sur une cinquantaine de personnes contactées par l'intermédiaire de sites Internet consacrés à la prostitution – de plus en plus nombreux et de plus en plus populaires –, sept ont répondu. Parfois après quelques hésitations. "Il n'est pas toujours évident pour un homme de parler de relations tarifées avec une femme, écrit Jean, 37 ans, divorcé. La peur du jugement et de passer pour un salaud, ce que je suis sûrement mais je n'ai pas envie d'y penser en fait."
Il s'agit d'hommes prêts à débourser 200 ou 300 euros pour un rendez-vous d'une heure avec une "escort". Ils recherchent des "prestations haut de gamme" par opposition à la prostitution "bas de gamme, voire low cost" des trottoirs. Ils travaillent dans la finance, le marketing, l'informatique ou encore un service d'archives.

"BESOIN DE CHANGEMENT, DE NOUVEAUTÉS"


La plupart ne souffrent pas de solitude. C'est avant tout l'envie d'assouvir des fantasmes qui les guide. "Nous pouvons réaliser des pratiques qu'il ne nous est pas possible de réaliser avec [notre] partenaire de tous les jours, explique Radric, 24 ans, en couple. Et il nous est possible de découvrir tous les types de femmes selon nos critères physiques." Comme en écho, "Antoine Inconnu", la quarantaine, relate qu'il "réalise" avec les prostituées ce qu'il n'est "pas en mesure de réaliser" avec son épouse. Il parle aussi d'un "besoin de changement, de nouveautés". Les prostituées apportent également à François, 52 ans, en couple, "un peu de variété" et lui ont donné "un peu de compagnie sexuelle" lorsqu'il était seul.

"Ça m'a permis de rencontrer des styles de femmes que je n'aurais jamais pu côtoyer dans mon quotidien, écrit "homme cool", 34 ans, célibataire. Par exemple une grande brune, peau mate de 1 m 75 avec ce qu'il faut." Cédric, 27 ans, célibataire, a rencontré pour la première fois une prostituée en août : "Une belle femme, libérée et experte dans sa sexualité." "L'expérience était agréable et sera probablement reproduite lorsque l'envie me viendra", poursuit-il.

FACILITÉ, DISCRÉTION ET ABSENCE D'ENGAGEMENT

La prostitution garantit facilité, discrétion et absence d'engagement. "Antoine Inconnu" parle de "parenthèses charmantes", "hors du temps", "sans pression", sans risque d'interférence avec sa "vie privée". Radric décrit un "moment d'évasion où l'on ne se sent pas jugé par la femme que l'on a face à nous", une "transgression stimulante". Cédric évoque un "instant sexe sans fard ni séduction préalable".

Payer "évite de passer par la case drague, invitations aux diverses sorties (restaurant, cinéma, etc.) où ça peut se concrétiser par du vent. Ça peut même revenir moins cher au final", justifie "homme cool". Jean explique la "peur de se réengager avec quelqu'un, de souffrir et d'échouer à nouveau". "Une relation de ce type permet d'éviter les complications", dit François.

Seul Jean sait être tombé un jour sur une femme manifestement contrainte à se prostituer. "Elle avait des marques de bleus sur les avant-bras. (...) Elle était apeurée. J'ai payé et je suis parti aussitôt, raconte-t-il. Maintenant, je fais très attention, il y a des signes avant-coureurs qui ne trompent pas."

Tous condamnent avec virulence le proxénétisme et la traite des êtres humains. Mais à part Jean, ils estiment n'avoir rencontré que des femmes libres. "Bien sûr, je ne peux pas avoir de certitudes", relève François. Dans leur esprit, la contrainte est associée à de la maltraitance physique, jamais au besoin d'argent. D'ailleurs, l'idée que les prostituées ne feraient cela que pour gagner leur vie ne leur plaît pas.

"Il y a celles qui font ça pour des besoins d'argent et je ne me sens pas à l'aise avec elles (je dois sûrement culpabiliser) et les évite, écrit "Mas Reg". Et celles qui aiment le sexe et l'argent." "Antoine inconnu" a "la faiblesse de penser" que les "escorts" qu'il a rencontrées faisaient cela "à la fois par nécessité et également un peu par plaisir". Jean évoque une "escort" qui n'a que lui comme client et le contacte "lorsqu'elle a envie de sexe/tendresse ou d'argent".

"ON N'EST PAS DANS UN MONDE DE BISOUNOURS"


Certains disent même préférer les "occasionnelles" qui permettent des rencontres "plus humaines" aux "professionnelles", jugées "plus mécaniques". "C'est comme si elles avaient reçu une formation commune", précise Radric (qui, pour sa part, s'en félicite, car elles "semblent apprécier" leur travail). Quant à Cédric, il le dit très directement : "La motivation de l''escort' ou de la prostituée ne me concerne pas."

Sont-elles des victimes, contraintes de monnayer ce qui ne devrait pas pouvoir l'être, comme le pensent les anti-prostitution ? "On n'est pas dans un monde de Bisounours, sur terre, les hommes vendent et achètent tout !", riposte Jean. Certaines "escorts" gagnent "énormément d'argent sans travailler à temps plein, c'est de l'argent facile", glisse "homme cool". "Tout le monde y trouve son compte."

La pénalisation des clients les fait bondir. Une idée "hypocrite", "lâche", "stupide", "certainement le fait d'une pensée féministe qui mélange tout", s'exclament-ils. Seul François a des doutes. "Je n'arrive pas à me faire une idée sur le sujet, répond-il. Les articles allant dans un sens ou dans l'autre me paraissent chacun avoir des arguments pertinents." François "arrêtera probablement" s'il risque des poursuites. C'est le seul (et c'est aussi le moins "consommateur" : moins d'une fois par an, contre une à trois fois par mois en moyenne). Les autres ne se sentent pas du tout menacés. "Avec Internet, j'ai du mal à y croire", dit "Mas Reg".

"A partir du moment où je conviens avec une personne, par mail ou par téléphone, de la rencontrer chez elle, chez moi ou à l'hôtel, je vois mal dans quelles conditions la police pourrait avoir connaissance de ce rendez-vous et intervenir", résume "Antoine Inconnu", qui se demande en outre si la police "n'a pas des choses plus importantes à faire".


http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede charlelem » 19 Sep 2013, 08:49

Vu sur Arte hier soir dans le 28 minutes un pseudo débat avec
-la rapporteur PS (je n'aime pas trop le PS) qui n'a jamais réussi à finir une phrase tellement elle était interrompu,
-un journaliste (mâle même très mâle) surtout préoccupé par le sort des clients (rien à foutre des prostituées),
-la représentante du strass (qui était contre) qui visiblement n'avait pas lu une seule ligne du fameux rapport,
-un Suédois qui expliquait que dans son pays il y avait des lois comme ça où les gens au départ étaient opposés et qu'avec le temps ils avaient compris et que tout cela relevait de la volonté politique.

Bref les maquereaux ont encore de beaux jours devant eux.
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 21 Sep 2013, 12:51

Nine a écrit:A noter également que dans le même temps, le STRASS a fait part de son manifeste ( de nombreuses organisations sont signataires dont la FA entre autre... )

C'est bien une action de lobbying. Et le strass arrive à enfumer le monde pour faire masse et force, et peser dans le débat. Enfumer c'est gentil, il y a d'ailleurs longtemps qu'Act Up se fait un porte parole du strass, et comment ne pas interroger la FA qui confond là libertaire et libéral ?

Elément de déconstruction de l'enfumage
Pénaliser les "clients", un risque pour la santé des personnes prostituées ?
Comment, au prétexte de « protéger la santé » de femmes victimes de violences sexistes, contribue-t-on au maintien de ces violences ?
http://www.prostitutionetsociete.fr/ecl ... -un-risque

Masquer une absence de représentativité, le véritable enjeu du lobby pro-prostitution et de son syndicat « libéral » ?

Un article est paru sur le lobby pro-prostitution en France : Anatomie d’un lobby pro-prostitution – Étude de cas: le STRASS, en France. (http://sousleparapluierouge.wordpress.c ... en-france/)
Il contient des révélations gênantes pour ce lobby et ses alliés politiques, ses financeurs ; certaines informations, à la marge sont erronées, mais pour l’essentiel, les renseignements sont exacts et compromettants. La question qui n’est pas traitée en revanche, c’est pourquoi ? Pourquoi ce lobby se comporte t’il ainsi et surtout pourquoi s’arroge t’il le droit de parler au nom des femmes prostituées ? Pourquoi, doit-il se comporter d’une façon aussi abusive et disproportionnée, face au mouvement abolitionniste ? Quels sont les enjeux qu’il entend préserver ?

Les abolitionnistes n’ont qu’une seule motivation : la défense des personnes prostituées. Quoi d’autre ? Cherchez bien, pour quelles autres raisons, est-on abolitionniste ? Des raisons religieuses ? Pour certains, mais la plupart de ceux que je connais sont athées, (au début du siècle dernier, les fondateurs du mouvement abolitionniste avaient des motivations religieuses, mais c’étaient des prêtres ouvriers, pas des cardinaux !) J’ai beau chercher, je ne vois pas d’autres motivations. Les abolitionnistes savent que l’argent de la survie et/ou l’emprise d’un proxénète ou le rapt d’un réseau maffieux sont les seules raisons de la prostitution. Ils ne peuvent accepter que des êtres humains, et à plus de 95% des femmes, soient ainsi condamné-e- s à se faire violence pour sortir de la misère et /ou condamnées à subir la contrainte des souteneurs ou de la traite.

Les abolitionnistes n’ont donc qu’un seul objectif : que cessent les violences, l’exploitation et l’esclavage sexuel des femmes sacrifiées à la domination masculine et à sa légendaire incontrôlable sexualité. La prostitution est en réalité, bien moins affaire de sexualité que de pouvoir et de contrôle. Les phallocrates pensent avoir un droit, une créance, d’ordre divin peut-être ( !), à la sexualité, et veulent l’exercer où et quand bon leur semble. Ceci constitue en soi, un obstacle objectif à l’égalité femme-homme.

Pas leur sœur, pas leur mère, pas leur femme, mais un quota de femmes, que les clients et l’ensemble du système prostitueur appellent, prostituées, putes ou sex-workers, et qui doivent s’estimer heureuses d’être payées. En réalité, ce ne sont ni des putes, ni des prostituées, ni même des sex-workers, mais bien des femmes. Des femmes pénétrées passe après passe, jusqu’à la nausée, quand elles ne sont pas agressées, violées, tuées. Ces femmes sont de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreuses, elles sont déplacées, entassées sur les lieux de prostitution, qui comme un gangrène, prolifèrent partout sur la planète. Les industries du sexe rivalisent d’imagination et les profits de cette entreprise capitaliste mondialisée sont toujours de plus en plus élevés.

Les abolitionnistes savent qu’une prostitution résiduelle survivra, au moins un temps, le temps de l’éducation et de la sensibilisation d’une ou de plusieurs générations. Mais ils veulent agir sur les violences, freiner les trafics, sensibiliser les femmes les plus fragiles, les étudiantes, les précaires, etc. et avancer vers une société plus humaine. Les abolitionniste luttent contre le système prostitueur et veulent aussi sensibiliser le client prostitueur qui génère la demande et alimente financièrement le système. Les clients prostitueurs peuvent comprendre que ce ne sont pas des putes, prostituées ou sex-workers qu’ils payent mais des femmes, que jamais un consentement ne s’achète, que la sexualité est libre et gratuite, que l’égalité est un espoir citoyen responsable.

Le projet abolitionniste n’est pas vraiment difficile à comprendre. Certes, il est souvent dévoyé et présenté comme prohibitionniste (répressif), mais toute personne de bonne volonté peut consulter le site Internet http://www.abolition2012.fr et prendre connaissance des détails du projet, constater que l’abrogation du délit de racolage est une condition, etc. C’est malgré tout un sujet de société complexe et tout le monde ne parvient pas à se faire une opinion. En revanche, le lobby pro-prostitution refuse un débat honnête et se commet dans des postures répréhensibles tant par leur outrance, que par leur violence. Dans tous les cas, rien ne justifie d’attaquer ainsi un projet abolitionniste aussi transparent, féministe et humaniste ; on peut ne pas être d’accord sur tout, on peut ajouter, retrancher ou modifier des points du projet mais une telle agressivité cache forcément quelque chose.

Selon moi, le lobby pro-prostitution et ses allié-e-s, sont essentiellement masculins et/ou ont une conception du féminisme qui se limite au slogan des années 70 « libre de son corps » (dont beaucoup sont revenues, ayant compris, que cette liberté revenait dans le meilleur des cas à justifier une disponibilité permanente au désir masculin), et sans penser que sans égalité pas de liberté, sans compter que la liberté de s’aliéner, au minimum, ça se discute. Souvent, comme pour mieux faire diversion, le lobby pro-prostitution se prétend féministe, mais remarquez bien que ce n’est jamais que lorsque l’on parle de prostitution (et donc d’appropriation du corps des femmes) ; en réalité, il suffit de creuser un peu pour comprendre que leurs références « féministes » relèvent plus de Marcella Iacub que d’Andréa Dworkin !
Le STRASS a bien fini par mettre en avant quelques porte-paroles femmes, question de crédibilité, (en général, elles n’y survivent pas bien longtemps), mais il a bien été fondé et reste contrôlé par des hommes, souvent gays et activistes. Je n’ai rien contre eux personnellement, même s’ils me diffament et menacent régulièrement, faisant ainsi la démonstration de leur vacuité politique, mais je me demande pourquoi ils pensent avoir le droit de parler au nom des femmes prostituées ?
Cette poignée d’hommes, à longueur d’interviews TV ou presse, dévoile les caractéristiques de sa prostitution (Travesti en femme, fouetter des clients fonctionnaires et/ou résidents des beaux quartiers et/ou homos refoulés puis empocher 250 euros la demi-heure http://www.2h27.fr/2010/04/nuit-maitres ... tion-sexe/ ; d’autres escorts Internet, sélectionnent leur clientèle sur le Net) ; à l’évidence, ceci n’a rien de commun avec l’essentiel de la prostitution féminine qui représente pourtant l’écrasante majorité de la prostitution.
L’activité est en effet peu risquée et lucrative (mise à part la prostitution de rue, de jeunes migrants souvent livrés aux réseaux, et dont on entend si peu parler). On comprend mieux la vivacité de ce lobby à protéger son business à tout prix et par tous les moyens. On comprend moins bien que des politiques qui prônent la décroissance et prétendent combattre les effets du néo-libéralisme, exercent à son égard une telle bienveillance.

Comment peuvent-ils venir à bout de telles contradictions si ce n’est en laissant croire que les abolitionnistes sont des assassins, que ce sont eux qui propagent le sida, qu’ils vont être responsables des prostitué-e-s refoulé-e-s hors des villes dans des zones à risque, etc. bref, en tentant de les discréditer ? Pourtant, ils le savent pertinemment : seuls les clients qui dans une perpétuelle surenchère baisent sans capote, contaminent au VIH-sida ; et tous les abolitionnistes militent pour l’abrogation du délit de racolage et ne sont en rien pour la répression bien au contraire, ils interviennent régulièrement pour la défense des personnes prostituées, qu’ils suivent, dans leurs associations.

Quand les femmes prostituées se révoltent contre cette hégémonie masculine et à l’instar des réseaux de « survivantes de la prostitution » expliquent que ces prostitués gays sont, consciemment ou non, des alliés objectifs du système prostitueur, leur parole est violemment déniée, bafouée. Ce lobby voudrait préserver les privilèges masculins du système patriarcal quitte à anéantir les femmes prostituées, qu’il ne s’y prendrait pas mieux. Est-ce pour cette raison, qu’il se croit obligé de diffamer, salir, pervertir le projet abolitionniste et les abolitionnistes comme les anciennes prostituées qui le dérangent ? Moi, à force, je finis par le croire.

L’enjeu principal pour ce lobby n’est-il pas de masquer à tout prix qu’il n’est pas si représentatif des personnes prostituées ? Les femmes prostituées ont tout à gagner à l’abolition, car celles qui le souhaitent pourraient bénéficier du projet abolitionniste et de l’accompagnement socioprofessionnel à une reconversion. Il semble bien que leurs intérêts ne convergent que très peu et d’ailleurs, mise à part une ou deux prostituées très occasionnelles, femmes, dans les manifestations, regardez-bien, vous y verrez des associations financées pour un tout autre objet, des patrons de boites et/ou bars gays, quelques activistes, mais pas de femmes prostituées ou si peu. Un peu de bon sens et de sens de l’observation ne nuisent jamais. Désormais, moi, ce sont les femmes prostituées que je veux entendre, en tous cas pas un syndicat « libéral » !
http://christineld75.wordpress.com/2013 ... dun-lobby/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede bipbip » 22 Sep 2013, 02:40

Vers la création d'un délit de recours à la prostitution

C'est un complet renversement que propose la députée PS de l'Essonne, Maud Olivier, dans un rapport présenté, mardi 17 septembre, au groupe socialiste de l'Assemblée nationale, que Le Monde s'est procuré. Le texte dévoile les grands axes d'une proposition de loi à laquelle l'élue travaille depuis plusieurs mois. Sous réserve du soutien du groupe PS, cette proposition devrait être déposée dans les prochaines semaines et pourrait être débattue fin novembre à l'Assemblée.

Alors que, jusqu'à présent, seules les prostituées étaient incriminées par le biais du délit de racolage, la députée envisage de sanctionner les clients, considérés comme des auteurs de violences. Mme Olivier propose la création d'une contravention de 5e classe, sanctionnant le recours à la prostitution, puni d'une amende de 1 500 euros maximum, dont la récidive constituerait un délit puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende.

Ce dispositif serait accompagné d'une peine complémentaire, un stage de sensibilisation aux conditions d'exercice de la prostitution – sur le modèle des stages de sensibilisation aux dangers des stupéfiants.

DANS LA LIGNÉE DES PAYS DU NORD DE L'EUROPE

"Une prise de conscience est apparue au niveau international (...). La responsabilité des clients dans la perpétuation des trafics commence à être reconnue, écrit l'élue. Notre droit a érigé le viol en crime, le harcèlement en infraction correctionnelle. Pénaliser l'acte de recours à la prostitution, c'est se placer dans la continuité de ces législations : l'objectif est de soustraire la sexualité à la violence et à la domination masculine."

La députée rappelle qu'une directive européenne de 2011 enjoint aux Etats membres de "prendre les mesures nécessaires pour décourager et réduire la demande qui favorise toutes les formes d'exploitation".
Elle se place dans la lignée des pays du nord de l'Europe (Suède, Norvège, Islande), qui ont pénalisé les clients. D'autres (Grande-Bretagne, Finlande) ont choisi de poursuivre les clients de personnes prostituées victimes d'exploitation – une situation qui, en pratique, n'est pas aisée à établir.

POSITION ABOLITIONNISTE" DE LA FRANCE

Dans ces pays, comme en France, des objections sont soulevées. Quand la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, avait évoqué son souhait de voir "disparaître" la prostitution, en juin 2012, les réactions avaient été virulentes. La conférence de consensus qu'elle envisageait n'a jamais vu le jour, et le sujet a été renvoyé aux bons soins des parlementaires.

En décembre 2011, ces derniers avaient adopté, dans un rare consensus, une résolution non contraignante rappelant "la position abolitionniste" de la France et appelant à une société, "à terme, sans prostitution".

Certaines associations de prostituées défendent la liberté de chacun à disposer de son corps. Elles appelaient à manifester, mardi, devant l'Assemblée nationale. Des associations comme Médecins du monde, Act Up ou Les Amis du bus des femmes affirment que pénaliser les clients risquerait d'aggraver la situation concrète des prostituées de rue.

LES CLIVAGES TRADITIONNELS S'EFFACENT

Sous la pression de clients inquiets, ces dernières seraient contraintes de se replier vers des endroits reculés, donc d'être plus vulnérables aux violences, et moins accessibles aux structures de soins. Autres réserves : la part grandissante de la prostitution sur Internet, moins aisée à cibler, et la question des moyens et de l'affectation des forces de police.

Ces réserves sont partagées par certains à gauche. Mais, sur ce sujet, les clivages traditionnels s'effacent. Le député UMP Guy Geoffroy, ou la sénatrice UDI Chantal Jouanno défendent par exemple les mêmes positions que Mme Olivier. La députée suggère d'introduire un délai de six mois entre la promulgation de la loi et son entrée en vigueur, afin de mener une grande campagne de sensibilisation. Elle recommande aussi de renforcer la prévention en incluant le sujet dans l'éducation à la sexualité, dispensée dans les établissements scolaires.

Un important volet du rapport est consacré à l'accompagnement des prostituées qui souhaitent cesser leur activité. Il propose notamment d'améliorer l'accès aux titres de séjour des victimes de la traite. Le délit de racolage serait supprimé, comme le gouvernement s'y est engagé fin mars lors du vote au Sénat d'une proposition de loi de la sénatrice Esther Benbassa (Europe Ecologie-Les Verts). Mme Vallaud-Belkacem s'était à l'époque également engagée à ce qu'un texte "global" sur la prostitution voit le jour avant la fin de l'année.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 06 Oct 2013, 22:12

Quand elle a légalisé le commerce du sexe, en 2001, l'Allemagne espérait améliorer les conditions de travail des prostituées et freiner le trafic d'êtres humains. Douze ans plus tard, le bilan est plus que mitigé.


Allemagne, capitale de la prostitution bon marché


(Sarrebruck) Quand elle a légalisé le commerce du sexe, en 2001, l'Allemagne espérait améliorer les conditions de travail des prostituées et freiner le trafic d'êtres humains. Douze ans plus tard, le bilan est plus que mitigé. Et les femmes qui vendent leurs services sexuels à Berlin, Bonn ou Cologne gagnent de moins en moins cher, pour un travail de plus en plus pénible. Le modèle allemand est-il un exemple à suivre? Question d'actualité, alors que la Cour suprême du Canada doit se prononcer, d'ici au printemps, sur ce qu'on appelle le plus vieux métier du monde.

Au début, c'était un conte de fées qui a tourné au cauchemar. Puis, un cauchemar qui s'est transformé en conte de fées.

La protagoniste se présente sous le faux nom de Kristina. Si elle ne veut pas révéler sa véritable identité, c'est qu'elle a peur pour elle-même, mais aussi pour sa famille, là-bas, en Roumanie.

C'est dans sa petite ville roumaine que Kristina a un jour croisé un homme bien baraqué, «habillé en Hugo Boss et en Calvin Klein». Il avait 31 ans, elle, 19. Il lui a proposé le mariage, des enfants. Mais avant, un boulot à l'étranger, question de démarrer leur vie familiale du bon pied. Kristina a dit oui.

C'est dans un bordel espagnol qu'elle a compris en quoi consisterait son travail. «J'avais seulement 19 ans, j'étais une enfant.»

Deuxième arrêt, Neunkirchen, en Allemagne, où Kristina atterrit dans une maison close avec une cinquantaine d'autres Roumaines. Les clients paient 50 euros pour une séance de 20 minutes. Elle doit en satisfaire plus de 10 par jour. Mais à la fin de la journée, il lui reste à peine 15 euros. C'est son amoureux, ou loverboy, qui encaisse le reste.

Elle aurait aimé choisir ses clients, mais le loverboy veut de plus en plus d'argent. Alors, c'est le défilé d'hommes soûls, sales, furieux parce qu'ils ne parviennent pas à leurs fins et qu'ils la tiennent responsable de leur impuissance.

«Après six mois, j'étais détruite, pas seulement mon corps, mais aussi ma tête. J'étais comme un objet, comme cette tasse dans laquelle on boit.»

Le conte de fées s'est présenté sous les traits d'un jeune homme venu avec un copain qui célébrait son anniversaire au bordel de Kristina. Il est tombé amoureux. Il a convaincu la jeune femme de fuir le bordel. Et, fait rarissime, de poursuivre le loverboy pour exploitation sexuelle.

Un métier comme un autre?

En 2001, l'Allemagne a complètement légalisé la prostitution. L'interdiction qui pesait sur la promotion des services sexuels a été levée. Ce qui reste illégal, c'est l'exploitation des prostituées.

La réforme était aussi censée "normaliser" la profession. Dorénavant, imaginait-on, les prostituées signeraient des contrats de travail, paieraient des impôts, bénéficieraient d'une assurance médicale, et pratiqueraient leur métier en toute liberté.

Mais comme le montre l'exemple de Kristina, ce scénario n'a pas eu lieu.

Au contraire, cette libéralisation a attiré vers l'Allemagne de plus en plus de prostituées, et de plus en plus de clients. Avec l'ouverture des frontières européennes à la Roumanie et à la Bulgarie, une vague de prostituées venues de l'Est a déferlé sur le pays.

«La réforme a été une utopie. L'univers de la prostitution ne fonctionne pas comme les politiciens se l'imaginent.»

Barbara Filipiak de l'organisme Aldona, qui vient en aide aux prostituées

Résultat: les prix ont baissé. Les prostituées qui facturaient 50 euros l'heure n'en demandent plus que 20. Et la vaste majorité n'a ni contrat de travail ni assurance médicale.

«La réforme a été portée par des mouvements de prostituées allemandes, qui affirment que leur corps leur appartient et qu'elles sont fières de leur travail», dit Barbara Filipiak, de l'organisme Aldona, qui vient en aide aux prostituées de Sarrebruck, dans le sud-ouest de l'Allemagne. C'est là que nous avons rencontré Kristina, qui suit aujourd'hui une formation de vendeuse dans un magasin de chaussures.

«La réforme a été une utopie, tranche Barbara Filipiak. C'était conçu pour un groupe très marginal. Mais l'univers de la prostitution ne fonctionne pas comme les politiciens se l'imaginent.»

Travailleuses autonomes?


Sarrebruck est une ville de 160 000 habitants, avec une université, une rivière, des cafés, 1000 prostituées et une centaine de bordels.

Au Sex Kino, en plein centre-ville, les filles en sous-vêtements microscopiques attendent l'arrivée du prochain client. Une lumière blafarde émane des écrans où se déroulent des scènes de fellations.

Dans la Nauwieser Strasse, à 100 m de l'hôtel de ville, des prostituées sont penchées à la fenêtre, elles se font les ongles en racolant les passants.

Le site web du Geizstall, bordel du quartier Burbach, promet des «expériences érotiques et un buffet froid». Au menu: 10 filles, 24 heures sur 24, avec bière gratuite, aires de jeu et quelques chambres... «Pour 80 euros, tu peux avoir toutes les girls que tu veux», précise l'annonce.

Le Geizstall, c'est un bordel à tarif unique, une mode qui s'est répandue en Allemagne au milieu des années 2000. Et qui a contribué à faire baisser les prix.

Thomas est un peu le roi des bordels de Sarrebruck. Il a exploité, pendant quelque temps, un de ces clubs à tarif fixe. Mais il a déchanté: «Ce qui rapportait 250 euros autrefois n'en rapporte plus que 50 aujourd'hui.»

Les premières perdantes sont les femmes. Comme Nicole, qui a déjà servi des clients pour 3,50 euros la passe avec cette formule. Des hommes stimulés au Viagra, qui voulaient en avoir pour leur argent. Elle pouvait en passer 30 en une journée.

Théoriquement, ces femmes sont des travailleuses autonomes. Mais le «modèle économique» des bordels fonctionne comme suit, selon Thomas: «Une femme fait 150 euros dans une journée, son "loyer" lui en coûte 70, le Roumain en prend 60, il en reste 20...»

On est loin de la femme autonome-maîtresse-de-son-corps et de sa vie...

Ce modèle, «c'est quelque chose en quoi les gens voulaient croire, mais ça n'a pas marché", dit Cordula Meyer, journaliste à l'hebdomadaire Spiegel, qui a publié une grande enquête sur l'impact de la légalisation.

Justice impuissante


Théoriquement, l'exploitation des prostituées et le trafic humain restent illégaux. Mais comment les prouver? «Les filles disent qu'elles paient pour le loyer, la nourriture», dit Bernhard Busch, inspecteur de la police criminelle de Sarrebruck.

À peine deux ou trois proxénètes sont traduits devant la justice à Sarrebruck, chaque année. «Pourtant, il y en a des centaines.»

Fait rarissime, le loverboy de Kristina a fini par être condamné, à la suite du témoignage de deux de ses "ex". Il doit sortir de prison en janvier. C'est pour ça que Kristina a peur.

Appel à l'aide


Mais il n'y a pas que les bordels. La prostitution de rue a explosé, elle aussi, dans cette ville frontalière située à moins de deux heures de train de Paris.

La mairesse de Sarrebruck, Charlotte Britz, n'en peut plus. «Vous traversez la ville, et la première chose que vous voyez, ce sont des prostituées. C'est mauvais pour l'économie, et pour notre image.»

La prostitution rapporte des sous: un demi-million d'euros par an, selon la ville. Mais les effets négatifs dépassent ces recettes fiscales, selon Mme Britz. La ville vient d'ailleurs d'écrire au gouvernement régional du Saarland pour le supplier de l'autoriser à restreindre la prostitution à certaines rues. De rendre la pratique du métier plus difficile.

Pour l'instant, elle attend toujours la réponse...

http://www.lapresse.ca/international/eu ... marche.php
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 13 Oct 2013, 16:44

Le résultat d'un récent sondage pour le Parisien sur la question suivante :
" Prostitution : êtes-vous favorable à la pénalisation des clients ? " donne les résultats suivants :

OUI : 25.7 %
NON : 74.3 %

Le résultat de ce sondage majoritaire pour la non pénalisation des clients n'indique toutefois pas le pourcentage des femmes d'une part, et des hommes d'autre part, qui
se sont exprimé(e)s !!! :mrgreen:
( il est primordial de le savoir pour avoir une réflexion critique ! )

Alors, si les " pro-prostitution ", STRASS etc... devaient exploiter ces résultats en l'absence de ces données essentielles, pour défendre leurs intérêts mercantiles et autres..., là véritablement
il y aurait falsification !!!
http://www.leparisien.fr/societe/prosti ... &p=102139#
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede bipbip » 19 Oct 2013, 15:34

En matière de prostitution, envahissantes sont les tribunes complaisantes écrites par des intellectuels ou des artistes appelés en renfort par le bruyant lobby de la prostitution.
Une palme à Lilian Mathieu, par Christiane Le Doaré

Les femmes étrangères rêvent de devenir « putes », c’est ça ?

En matière de prostitution, envahissantes sont les tribunes complaisantes écrites par des intellectuels ou des artistes appelés en renfort par le bruyant lobby de la prostitution.

Mais je crois qu’on peut décerner la palme de la tribune la plus inquiétante à Lilian Mathieu, sociologue et directeur de recherche au CNRS (« Avec le PS, la préférence nationale commencera-t-elle par le tapin ? »), publiée sur Rue89 ce mardi.

Associer PS et FN pour défendre le système « prostitueur » : à ma connaissance, personne n’y avait encore pensé.


D’archaïques privilèges masculins

Quelle objectivité peut bien avoir cet auteur sur cette question, alors qu’il tente de démontrer que la proposition de loi abolitionniste, déposée par la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale, s’apparente à l’idéologie du Front national ?

Avec ce texte, les « réglementaristes » sont aux abois et doivent mobiliser leurs alliés intellectuels, people et médiatiques.

Dodo, Antoine, Frédéric, Lilian et les autres nous rappellent, les uns après les autres, que des hommes tiennent à leurs archaïques privilèges et s’accrochent dur comme fer, non au « plus vieux métier du monde » mais bien à la plus vieille et la plus sexiste exploitation : la prostitution.

Quelle superbe arnaque patriarcale tout de même que cet esclavage qui a la peau dure !


Il n’y a pas de droit à baiser

Lilian Mathieu sait pourtant qu’il n’y a pas plus de « droit à baiser » que de droit à l’enfant, même en payant. Il sait aussi que cette proposition est un progrès, qu’elle est respectueuse des personnes et qu’elle permettra d’avancer vers l’égalité, de mieux lutter contre le sexisme et les violences sexuelles.

Il sait également que la société tout entière à intérêt à abolir progressivement l’une des violences les plus préjudiciables que la domination masculine ait jamais imposée aux femmes, enfants et quelques hommes.

Il ne peut ignorer que les réglementaristes font très peu de cas des femmes victimes de la prostitution, utilisées mais stigmatisées et méprisées par des générations d’hommes. En Allemagne ou aux Pays-Bas, leurs homologues ont, en légalisant le « travail du sexe », dépénalisé le proxénétisme et laissé les marchés criminels envahir le pays, au point de ne plus pouvoir rien contrôler

Il sait enfin que les seules personnes combattant vraiment les violences d’un système « prostitueur » qui engrange d’énormes profits criminels sur le dos des femmes, ce sont bien les abolitionnistes. (Ces derniers militent pour l’interdiction du seul achat d’acte sexuel, mais aussi pour la dépénalisation du racolage – à ne pas confondre avec le régime prohibitionniste, qui interdit toute prostitution et pénalise clients comme prostitué(e)s.)


Si heureuses sous la coupe des réseaux !

Lilian Mathieu n’a guère d’arguments à opposer aux mesures proposées, mais son intention est ailleurs : il veut discréditer le projet.

Quoi de plus efficace que de prétendre que les prostitué(e)s venus de l’étranger seraient discriminé(e)s par cette loi, elles si heureuses d’être sous la coupe des réseaux !

Dans cette période politique plutôt trouble, un peu de surenchère populiste devrait passer inaperçue, et l’idéal, pour frapper les esprits, serait tout de même de parvenir à associer PS avec FN.

Premier artifice : jeter le doute sur le pourcentage de femmes étrangères en situation de prostitution (95% annoncés) pour mieux laisser à croire que ce serait le ministère de l’Intérieur, motivé par la chasse aux sans papiers, qui aurait initié ce projet.

Je pense que toute la délégation au droit des femmes de l’Assemblée nationale et les abolitionnistes de tout bord vont apprécier cet argument ! 7


Il devrait arpenter les lieux de prostitution

Si Lilian Mathieu arpentait, comme les associations qui s’intéressent aux personnes prostituées, les lieux de prostitution ou les sites de petites annonces Internet, il aurait constaté qu’elles sont dans leur écrasante majorité, et depuis déjà longtemps, des femmes étrangères.

Et que ces dernières sont exploitées par un proche ou un réseau, induites en erreur et conduites sur les lieux de prostitution pour exercer un moment avant d’être déplacées ailleurs. Que ce pourcentage soit de 85%, 90% ou 95 % n’y change pas grand-chose.

Ensuite, il tente de réfuter l’évidence : l’oppression et l’exploitation des femmes ne relèveraient pas, selon lui, de la domination masculine.

Vous l’ignoriez peut-être, mais les femmes étrangères prostituées sont venues s’échouer sur nos trottoirs de leur propre chef ! Contrairement aux hommes, qui rêvent de devenir géomètres, maçons, profs ou kinés, les femmes étrangères, elles, rêvent de devenir « putes ».

Les macs, les réseaux, la traite... : tout ça n’existe pas, pur fantasme féministe que ce système prostitueur !


Le patriarcat doit beaucoup à Lilian Mathieu

Pas de doute, Lilian Mathieu est un sociologue auquel le patriarcat doit beaucoup.

Au passage, il feint – c’est pratique – d’ignorer les différences entre les régimes réglementariste, abolitionniste et prohibitionniste. Surtout, il passe sous silence les mérites de l’abolition, qui, en inversant la charge pénale sur les clients, aide les prostitué(e)s à se défendre contre des clients violents. Les mesures d’éducation et de responsabilisation des clients aident à accéder progressivement à l’égalité et à une autre conception des relations entre femmes et hommes.

Malgré tout, Lilian Mathieu est contraint de reconnaître que le projet propose des mesures sociales aux personnes prostituées. Cette partie de la tribune est cependant embrouillée à dessein.

Selon lui, le fait de sortir des réseaux, de bénéficier d’une régularisation et de pouvoir exercer une autre activité constituerait une sévère injustice : ces pauvres femmes étrangères ne pourraient plus se prostituer, contrairement aux Françaises !

Mais dans quel monde vit donc Lilian Mathieu ?


Pense-t-il que les femmes françaises s’éclatent dans la prostitution ?

Imagine-t-il vraiment que les femmes prisonnières de proxénètes ou de réseaux mafieux qui les exploitent choisiront de rester dans cette prison ? Sait-il ce qu’est un camp de dressage ? A-t-il la moindre idée des menaces qui pèsent sur ces femmes, qui s’acquittent le plus souvent d’une dette et dont la famille est menacée de mort au pays ?

Pense-t-il que les femmes françaises s’éclatent dans la prostitution ? Ignore-t-il que la plupart d’entre elles ont vécu des violences sexuelles ? Que des rapports sexuels répétés et sans aucun désir, la peur au ventre, occasionnent d’innombrables douleurs physiques et psychologiques ? Que toutes les femmes pour se prostituer se réfugient dans la dissociation, http://fr.wikipedia.org/wiki/Dissociation_mentale ?

Doute-t-il vraiment que l’écrasante majorité d’entre elles souhaite en sortir et ne plus jamais en entendre parler ? Les femmes doivent être de bien étranges créatures pour Lilian Mathieu !

La sexualité ne peut être soumise aux marchés financiers. L’esclavage sexuel, ni dans la conjugalité, ni dans la prostitution, n’est plus admissible.

Enfin, le principe d’indisponibilité du corps humain doit être réaffirmé. Même le libéralisme ne peut tout vendre et tout acheter.

Il n’y a donc pas de « marché du sexe », ni de » travailleurs du sexe », mais un privilège patriarcal qui, à terme, disparaîtra, et des personnes victimes d’une exploitation et de violences sexuelles que cette proposition de loi vise à protéger.


Ces femmes ont été trompées, elles sont captives

Certes des femmes « françaises » dont beaucoup sont pauvres et « racisées », pourront continuer de se prostituer si elles le souhaitent, de moins en moins nombreuses et de moins en moins longtemps, nous l’espérons. Mais ce n’est en rien un privilège, et nous verrons bien combien feront le choix de continuer, alors que des alternatives et des aides leur seront proposées.

Quant aux femmes étrangères, si elles y sont encouragées, il y a fort à parier qu’elles dénonceront leur réseau et choisiront une alternative à la prostitution.

C’est bien mal connaître la réalité de la prostitution que de prétendre le contraire. Ces femmes ne sont pas venues sur nos trottoirs de leur plein gré, elles ont été trompées, elles sont captives (leurs papiers leur sont retirés), elles subissent des violences.

Ce texte démagogique et emprunt de populisme, produit par un sociologue censé encadrer des travaux de recherche, est inquiétant. Un sociologue n’est-il pas au moins supposé questionner les idées reçues sur la sexualité, les rapports sociaux de sexe, la domination masculine ?


Un bel exemple de supercherie intellectuelle

Le projet abolitionniste est un projet d’émancipation qui relève de la défense des droits humains et en particulier des droits des femmes ; défendre de manière aussi consternante un système d’exploitation et de domination qui a fait son temps n’honore pas l’université française.

Enfin, comme une cerise qui aurait eu le temps de pourrir sur un gâteau bien rassis, la chute de ce texte dangereux, tombe. Les mesures proposées reviendraient « à appliquer sur le “ marché du sexe ”, la revendication du Front national : la préférence nationale réservant aux seuls nationaux une activité fermée aux étrangers » !

Oui, oui, vous avez bien lu ! Voici ce qu’écrit un universitaire sollicité par le lobby pro-prostitution. Un bel exemple de supercherie intellectuelle.


http://www.rue89.com/2013/10/12/les-fem ... -ca-246484
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede altersocial » 22 Oct 2013, 14:28

Documents à télécharger Le rapport de la commission des Affaires sociales du Sénat sur la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées -

Le rapport qui révèle la face noire de la prostitution

Selon un rapport sénatorial rendu jeudi, 80 % des personnes prostituées en France sont étrangères et victimes d’un véritable système de traite des êtres humains. Un travail qui tord le nez au mythe de la call-girl souriante et libre.

Oubliez le mythe de la call-girl souriante, avenante et libre. Le rapport de la commission des Affaires sociales du Sénat dévoile la face cachée de la prostitution. Rendu public jeudi matin, il dresse le portrait d’une population accablée socialement et ravagée psychologiquement. Une population nombreuse qui s’établirait entre 20 000 et 40 000 (selon la police, beaucoup plus selon les associations), une population transformée en deux décennies.

Alors qu’en 1990, 20 % des prostituées provenaient de pays étrangers, aujourd’hui le pourcentage se situe entre 80 % et 90 %. « Cette évolution s’est accompagnée d’une forte diminution de la prostitution dite ’’traditionnelle’’, tandis que les réseaux de prostitution et de traite des êtres humains exercent une influence croissante, qu’il s’agisse de la prostitution de rue ou de celle sur Internet », notent les sénateurs Chantal Jouanno (UDI) et Jean-Pierre Godefroy (PS), mandatés par la commission des Affaires sociale, présidée par la communiste Annie David, pour fournir un travail approfondi sur la situation sociale et sanitaire, en dehors des considérations que l’on peut avoir sur la pénalisation ou pas du client. D’ailleurs, les deux rapporteurs ont des positions différentes sur la question : Chantal Jouanno est pour, Jean-Pierre Godefroy contre.

La prostitution est avant tout subie

Le document pointe la « grande vulnérabilité » dans le domaine de la santé. Les personnes prostituées sont davantage exposées au VIH, aux infections sexuellement transmissibles, sont sujettes à diverses pathologies reflétant leurs conditions de vie, tels les problèmes respiratoires, dermatologiques, digestifs, dentaires. Et aussi, bien sûr, psychiques. Des cas de tuberculose sont constatés. « Le cumul de difficultés économiques et sociales agit comme un frein à l’accès aux soins », écrit-on.

Contrairement à l’idée reçue, la prostitution est avant tout subie. « J’ai découvert un monde d’une incroyable inhumanité. Les femmes sont contraintes, avec des violences inimaginables. Sous nos yeux », confie Chantal Jouanno. Originaires essentiellement de Roumanie, de Bulgarie, du Nigeria, du Brésil et de Chine, elles sont confrontées à la précarité financière, à la barrière de la langue, à la complexité des dispositifs et des démarches administratives. Autant de facteurs qui s’ajoutent à la maltraitance physique et psychologique.

Il faut, insiste Jean-Pierre Godefroy, « mettre en place un accompagnement social global des personnes qui veulent quitter la prostitution, ainsi que des victimes du proxénétisme et de la traite ». Une prise en charge devant agir « simultanément dans plusieurs domaines, parmi lesquels la fiscalité, les minima sociaux, l’hébergement et le logement, l’accès aux titres de séjour, la santé ».

Il s’agit, pour la commission des Affaires sociales du Sénat, d’« inverser le regard » sur cette frange de la population, rejetée, désignée coupable, inspirant « la méfiance », déplore Chantal Jouanno. Laquelle indique que les préconisations (voir encadré) émises dans le document « peuvent être, toutes, mises en œuvre dès maintenant, et sans être en contradiction » avec les futures législations sur le système prostitutionnel, qui devraient être discutées par l’Assemblée nationale à la fin novembre.

Neuf mois de travail, une quarantaine d’auditions, des visites sur le terrain, des déplacements en Italie et en Belgique… Une prise de distance indispensable pour, enfin, constater la détresse. Et accorder le statut de « victime », selon le terme de Chantal Jouanno, à cette immense majorité de personnes, souvent sans papiers et soumises à la violence des réseaux proxénètes et de traite des êtres humains.

Pour un permis de séjour à titre humanitaire. Parmi les préconisations, il est demandé d’accorder des remises fiscales gracieuses pour les prostituées, uniquement sous réserve d’avoir arrêté la pratique et d’être engagée dans un parcours d’insertion professionnelle. La proposition phare, qui risque d’ouvrir les hostilités, consiste à revoir les modalités de délivrance des titres de séjour pour les victimes du proxénétisme et de la traite, lorsqu’elles ont déposé plainte ou témoigné, mais aussi lorsqu’elles sont engagées dans un parcours de sortie de prostitution. En fait, leur accorder un permis de séjour à titre humanitaire. La commission des Affaires sociales du Sénat demande également de protéger la victime en l’hébergeant immédiatement dans une structure adaptée, à l’image des femmes qui subissent des violences conjugales. Par ailleurs, elle préconise de saisir l’argent des réseaux de traite au profit des victimes, soit directement sous forme d’un dédommagement, soit indirectement via le financement de programmes d’insertion sociale et professionnelle.


Abolir la prostitution : un enjeu d’humanité

Le mythe de la prostitution est fondé sur des chimères qui, depuis des siècles, renforcent les rapports d’inégalité entre les femmes et les hommes et donc favorisent les violences. Tout un chacun-e sait, aujourd’hui, que les prétendus besoins sexuels des hommes sont basés sur une imprégnation culturelle plus que sur des faits scientifiques.

Ne nous laissons plus illusionner par ces images d’Épinal proposées par la peinture du XIXe siècle présentant les bordels parisiens comme des maisons joyeuses et festives où de jeunes filles dévergondées venaient encanailler des messieurs qui, certes, avaient l’âge de leur père mais restaient des hommes convenables aux yeux de la société puritaine. N’imaginons pas non plus que la majorité de personnes prostituées sont des escort girls, jeunes et écervelées, courant les unes des journaux people pour piéger des footballeurs argentés. Finissons-en avec ces poncifs vieillots où l’on aime à imaginer des femmes prostituées autonomes et accueillantes dans leur camping-car sur des aires d’autoroute, libérées des proxénètes.

Selon le Bureau de répression du proxénétisme, les « tradi » ne sont pas plus de 15 à 20 % des femmes prostituées en France et elles ne sont pas toutes indépendantes. Le visage de la prostitution aujourd’hui est celui d’une femme pauvre qui a quitté son pays et ne peut reprendre sa liberté sans « s’être » rachetée. 80 % d’entre elles sont passées par un réseau mafieux. Elles sont majoritairement bulgares, roumaines et chinoises dans notre capitale. Enfin, les pays qui ont réglementé la prostitution, comme l’Allemagne ou la Suisse, n’ont pas moins de viols sur leur territoire et les violences faites aux femmes sont loin d’y être en diminution. Alors qu’attendons-nous pour cesser la banalisation de la prostitution ?

Un débat s’anime, depuis quelques semaines, face à l’opportunité d’une proposition de loi et un débat au Parlement pour construire une véritable politique abolitionniste dans notre pays. Le gouvernement nous l’avait promis et semble, aujourd’hui, freiner tant il est inquiet d’un nouveau débat de société où des clivages apparaissent, y compris dans son camp.

Ne considérons pas la prostitution comme un sujet qui ne regarderait que prostitué-es et clients. Le fait prostitutionnel gangrène toute la société dans la mesure où il propose un modèle où la marchandisation du corps des femmes est possible et les rapports de domination en matière de sexualité un mal nécessaire.

Au sein de Femmes solidaires, membre d’Abolition 2012, nous faisons le pari inverse. Notre jeunesse a besoin de signes forts. Abolissons la prostitution non parce qu’elle est immorale mais parce qu’elle est inhumaine. Légiférer est une chose sérieuse en République. Une loi doit donc être présentée qui se donne l’ambition d’une éducation non sexiste et non violente dès le plus jeune âge, qui permette aux personnes prostituées de sortir réellement du système prostitutionnel.

Si la répression ne saurait être la seule voie, les discours démagogiques sur la simple « responsabilisation » des clients prostitueurs ne sont pas suffisants. Ces derniers sont la clé de voûte du système prostitutionnel. Les renvoyer à une simple responsabilisation sous-entendrait que, jusqu’alors, ils n’étaient pas conscients de leurs actes devant la société et les victimes de la traite.

Si nous considérons que la prostitution est une violence, alors pénalisons les auteurs de ces violences. Hommes politiques, anciens ministres, acteurs, chanteurs, joueurs de foot… chacun prendra alors ses responsabilités.


Prostitution, le plus violent métier du monde

Que ce soit au travail, dans notre famille, ou dans nos instances représentatives, aucune sphère de la société n’est protégée de la plus vieille domination du monde : celle d’un sexe sur un autre. La jeunesse est particulièrement vulnérable. C’est entre seize et trente ans que la reproduction des stéréotypes se forge. C’est également à cette période que commencent les premières violences. Parmi elles, 
la prostitution et son abolition doivent faire l’objet d’un projet de loi en 2013. C’est une bonne chose. Car il est temps d’ouvrir un débat démocratique 
qui sorte des incantations et rétablisse 
un certain nombre de vérités.

La prostitution, qui piège femmes 
et hommes, parfois pour le reste de leur vie, revient à les condamner à mort. 
Si le terme est dur, c’est que les faits sont 
cruels. Aux États-Unis, seul pays à avoir 
publié des chiffres, l’espérance de vie des personnes prostituées est de trente-quatre ans. Elles sont les premières victimes des violences sexistes de tous types et sont plus exposées aux maladies sexuellement transmissibles. Pour celles qui s’en sortent, la prostitution est un traumatisme psychologique tel, qu’il est couramment comparé à celui des vétérans de guerre.

Ces violences ne peuvent pas être renvoyées à des cas individuels. C’est bien d’un problème collectif dont nous devons parler, qui prend source dans une société patriarcale et qui se nourrit de l’indifférence générale. Le constat est sans appel, les victimes sont essentiellement des femmes, les proxénètes quasi exclusivement des hommes, et les clients, toujours des hommes. Aux femmes, la marchandisation de leur corps, aux hommes, le fruit du profit économique et de la consommation. Si le proxénète est condamné, le client s’en sort toujours.

Il est temps d’agir. C’est un enjeu démocratique. Sortir du secret et de 
l’entre-soi, qui favorisent le développement 
d’un système d’exploitation économique reposant sur la misère et la domination masculine. C’est une bataille pour l’égalité et la liberté, pour sortir 
de l’argent qui emprisonne quand 
les désirs sexuels libèrent.
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede bipbip » 26 Oct 2013, 09:47

L’être et la marchandise, Kajsa Ekis Ekman

Entretien

Kajsa Ekis Ekman, journaliste

L’idéologie du travail du sexe opère une fusion entre la gauche post-moderne et la droite néolibérale. Le vocabulaire est de gauche mais le contenu idéologique est néolibéral et conservateur.


- Pourquoi avez-vous ressenti la nécessité d’écrire ce livre ?

J’étais enragée ! En Suède, on commençait à entendre des voix qui décrivaient la prostitution comme étant un travail comme un autre. On disait qu’il s’agissait d’un libre choix et on parlait même de la prostitution comme droit. J’ai plusieurs amiEs qui se prostituent, des escortes de luxe, des copines qui tapinaient sur l’autoroute à Barcelone. Leur situation est loin d’être idéale. Ce que j’avais vu du monde de la prostitution ne collait pas avec le discours sur le travail du sexe qui était apparu en Suède. Avec ce livre je voulais étudier ce discours, ce récit, et voir d’où il venait.

- Quelles sont les tactiques qu’ont utilisées les « pro-prostitution » pour faire avancer leurs idées ?

Il s’agit d’arguments « caméléon » qui ont tendance à changer d’apparence en fonction du public visé. Lorsqu’on parle aux féministes, on souligne le droit à disposer de son propre corps.

Aux gens de gauche, on évoque l’image du travailleur ou de la travailleuse qui adhère à un syndicat. Si on s’adresse aux néolibéraux, on met en avant l’image d’un entrepreneur malin ; aux conservateurs, on insiste sur une affaire de vie privée – ce qui se passe au lit ne doit concerner que les intéressés.

Si on s’adresse au milieu LGBT, on transforme la prostitution en une orientation sexuelle. Enfin, pour le citoyen moyen, on va souligner le libre choix qu’il est difficile de contredire.

En bref, en changeant la définition de la prostitution, on obtient des arguments pour convaincre tout le monde. Or, cet argumentaire est insidieux.

Ce qui est particulier à ces discours est qu’on abolit la notion de victime. Le dictionnaire nous apprend qu’une personne est victime du dommage causé sur elle par l’ac- tion de quelqu’un d’autre. Or, dans le discours du « travail du sexe », le fait d’être victime est transformé en un trait de caractère. Il s’agirait de qui l’on est comme personne. Être victime équivaudrait à être faible, perdu, passif ; des traits négatifs. De plus, on pourrait choisir de l’être ou de ne pas l’être, choisir d’être fort et refuser d’être une victime. Être victime relèverait d’une relation à soi-même.

Or, la définition classique de la victime inclut un auteur. Dans cette affaire on a donc aboli l’auteur. Puisqu’il n’y a pas de victime, il n’y a pas de responsable et donc pas de problème. Ce discours permet de s’éloigner du cœur de l’enjeu ; le fait qu’une personne doit avoir des relations sexuelles sans désir. On le masque en parlant de la personnalité des prostituéEs. On parle de stigmatisation, mais si ce reniement n’est pas une énorme stigmatisation des victimes, qu’est-ce que c’est ?

L’idéologie du travail du sexe opère une fusion entre la gauche post-moderne et la droite néolibérale. Le vocabulaire est de gauche mais le contenu idéologique est néolibéral et conservateur. On cherche à préserver une relation maître-esclave qui se recoupe avec la relation homme-femme. Il y a une personne qui commande et une servante qui doit la satisfaire. C’est la femme qui doit renoncer à sa propre sexualité et à ses exigences pour satisfaire l’homme. La réciprocité est supprimée et on glorifie une sexualité hiérarchisée.

- Quels liens peut-on faire entre le système prostitueur et la « Gestation pour Autrui » (GPA) ?

Tous les deux sont des industries où l’on vend le corps des femmes. Dans l’une, on achète le sexe et dans l’autre, l’utérus. La sexualité et la reproduction sont les deux systèmes les plus anciens de domination des femmes ! Historiquement, c’est dans ces deux domaines que les femmes ont été opprimées.

- Pourquoi le milieu universitaire, intellectuel, médiatique, pourtant souvent « de gauche », est-il si attaché à l’institution prostitutionnelle ?

Ils n’ont rien compris, ils devraient mieux s’informer. Leur réflexion procède par voie d’association et c’est comme ca qu’ils arrivent à accepter le récit de la travailleuse/du travailleur du sexe. On assimile la prostitution au rock’n’roll, à la sexualité libérée, à Mai 68. Or, s’ils prétendent continuer à être respectés en tant qu’intellectuels, ils devraient cesser d’associer et commencer à analyser.

Au fond, il n’y a que trois types de personnes qui peuvent défendre la prostitution : soit on a son fric dans l’industrie, soit on a sa bite dans l’industrie, soit on y a des fantasmes. Il y a des gens qui ont un faible pour le côté sale de ce milieu. À Berlin ou à Amsterdam, ils aiment bien se balader dans les quartiers chauds.

- Que représentent vraiment les « syndicats de prostituées » ?

Premièrement, il s’agit rarement de syndicats. Je suis allée les voir : il n’existe pas un seul vrai syndicat constitué par les salariéEs et qui travaille pour les défendre vis-à-vis de leurs patrons. Il s’agit plus souvent de lobbys qui cherchent à institutionnaliser la prostitution et à légaliser les maisons closes.

Aux Pays-Bas, c’est l’État qui a fondé l’organisation Rode Draad ; au Royaume-Uni, le supposé syndicat a été fondé par le proxénète Douglas Fox ; et en Espagne et en Allemagne, ce sont des centrales ouvrières qui ont ouvert des sections dédiées aux prostituéEs mais, elles-mêmes me l’ont confirmé, personne n’a adhéré. En France, le Syndicat du Travail Sexuel (Strasss) est un petit groupe constitué majoritairement par des hommes et entouré par des intellectuels. Le Strass a été reçu de manière extrêmement acritique. On se pose rarement la question de sa représentativité. Le Strass existe bel et bien et c’est très bien, je ne souhaite pas qu’il disparaisse, au contraire. Je suis sûre qu’une personne qui a des expériences dans la prostitution peut y trouver du soutien et de bons conseils.

Mais, si le Strass cherche à se positionner politiquement en disant représenter les prostituéEs, il faut évidemment qu’il tolère qu’on passe au crible ses arguments et qu’on s’in- terroge sur sa légitimité. Certains intellectuels et politiques ont peur de se questionner sur les propos de ceux qui disent porter la voix des prostituéEs. Mais le rôle des intellectuels n’est pas de se cacher derrière des porte-paroles, c’est d’arri- ver à une conclusion indépendante.

- Comment la Suède en est-elle venue à adopter sa loi ? Et que répondez-vous à l’argument voulant que la prostitution soit devenue clandestine ?

Il n’existe pas de preuves qui étayent l’idée que la loi qui pénalise le client a fait augmenter la traite ou rendu la prostitution plus clandestine. L’étude gouvernementale de 2010 qui a fait le bilan de dix ans de pénalisation montre plutôt le contraire. C’est donc à ceux qui avancent cette idée d’en apporter les preuves. Mais lorsqu’on entend parler d’une augmentation de la clandestinité, on est amené à se demander de quoi on parle. La prostitution, on pense que ça se passe où exactement ?! Les annonces sont toujours publiques pour que les clients puissent prendre contact. Mais l’acte se passe toujours dans un endroit qui n’est pas accessible, à huis clos et c’est là que la personne qui se prostitue est soumise à tous les dangers.

L’enquête qui a inspiré la loi, en 1977, a bouleversé la recherche suédoise sur la prostitution en amenant un changement de perspective. Pour la première fois en Europe, le point de départ était le vécu des prostituéEs. Pendant trois ans, les chercheurs ont vécu dans des milieux de prostitution et leur nouveau savoir a découlé de cette réalité. Avant l’enquête, la recherche cherchait à établir une déviance chez les personnes se prostituant ou bien à les intégrer à la société majoritaire et on n’avait accordé aucune attention au rôle du client. Or, dans cette étude, les jeunes femmes ont commencé à raconter leur histoire. à l’époque, les chercheurs n’ont pas proposé de pénaliser les clients. Mais depuis on a vu émerger la traite avec ses réseaux mafieux et armés, et c’est ce qui a impulsé l’introduction de la loi. Depuis son vote en 1999, l’avis des Suédois sur une pénalisation des clients a beaucoup évolué : alors qu’en 1996, près de 70 % d’entre eux étaient contre, ils sont plus de 70 % à la défendre aujourd’hui.

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