Abolition des genres

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Messagede willio » 08 Aoû 2009, 18:33

J'ai toujours un peu de mal avec des discours féministes prétendument radicaux qu'on peut lire ici et là. Pas mal se disent pour l'abolition des genres mais ne font que mener le combat d'une catégorie contre une autre, ou pour l'égalité de ces catégories. Femme, homme, gay, lesbienne, bi, trans... ce sont les cases du système dominant, ce sont des artifices, des constructions. Il ne s'agit pas de nier l'existence des sexes mais de refuser celle des genres qui sont des fabrications mentales, ainsi que toutes les autres catégories précitées qui en découlent. Et qu'on ne dise pas que c'est pour reconnaître l'oppression des femmes qu'on utilise cette catégorie. Oui on peut parler de l'oppression des individues de sexe féminin mais on peut (et il faut !) se passer de parler du genre féminin opprimé. Ce n'est pas nécessaire pour combattre le patriarcat, au contraire, c'est faire un bond décisif dans la libération des consciences et ne pas recréer un nouvel identitarisme. Au passage, les trans qui disent lutter pour l'abolition des genres, je trouve ça relativement absurde... D'ailleurs si stef-trans-pd veut bien dire ce qu'il/elle pense de l'abolition des genres, au regard du fait qu'il/elle est trans, ça m'intéresserait.


Est-il si difficile de dénoncer le système oppressif sans en reprendre les défauts ?
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Re: Abolition des genres

Messagede Pïérô » 11 Aoû 2009, 18:44

Il y a une lutte spécifique et qui peut paraître quelquefois "radicale" parce qu'il y a bien une oppression spécifique séculaire. Et cette lutte prend des formes différentes selon les approches, quelles soient "prétendument radicaux" ou pas. Nier cette lutte spécifique en revient à nier ou minorer cette oppression spécifique. Il y a bien une question de genre qui se pose dans la mesure où il y a des rôles sociaux (le genre) attribués aux sexes et que ces rôles sociaux se reproduisent, à travers la famille, la société et l'idéologie dominante, qui est patriarcale entres autres. Des anarchistes se sont impliqués dans cette lutte depuis longtemps et celà n'a pas été facile. Et je pense à des femmes comme Louise Michel, Emma Goldman et bien d'autres. A ce sujet E. Goldman parle d'un meeting sur le sujet ou la salle composée d'anarchistes la prenait pour une sorte d'extra terrestre. On ne parlera pas là des conneries écrites par Proudhon au sujet des femmes, et " l'Espagne libertaire"aussi offre un exemple qui n'est pas exemplaire justement, et les femmes ont construit leur propre espace "Mujeres Libres". Bref, on peut dire que c'est surtout 68 qui va faire que cette question va être prise à bras le corps par le mouvement libertaire. D'ailleurs on peut dire que c'est là qu'est encore entretenue cette flamme radicale et révolutionnaire, car de nombreux secteurs du féminisme historique se sont écroulés ou ont fait place à une sorte de féminisme de salon. C'est le mouvement libertaire et une périphérie proche qui actuellement porte le plus vivement ce combat et qui apporte beaucoup de contenus. Certains font débat, par exemple lorsque l'on y entre une analyse et opposition de classe. On voit malheureusement, et ce forum en est un exemple, que l'idéologie dominante arrive toujours à marquer des points, et surtout dans une mouvance anar assez "vaporeuse" et perméable, d'autant qu'il y a un discour de retour du masculinisme en force. On le voit sur les plateaux télé, mais la vague est plus profonde...jusque dans nos "milieux", enfin je dirais plutôt dans une périphérie dans laquelle rentre tout un tas de "post-quelque chose" (à la place de "post" est souvent opposé le mot "décomposé" d'ailleurs par ceux et celles qui en ont marre de reprendre tout le temps à zéro pour pouvoir avancer et non reculer tout le temps, car les "post"-ceci-celà amènent bien souvent des reculs sur les fondamentaux révolutionnaires).
Juste pour exemple sur cette question de genres, il y avait cette semaine dans "Le Monde" une série d'articles baptisée "Masculin/féminin" qui aborde la question d'une façon très documentée. Et je ne pense pas que l'on puisse parler là de "féminisme radical". Le poids respectif du "naturel" et du "culturel" dans les différences hommes-femmes est à chaque fois examiné de près. La question de l'intersexualité est également posée (c'est une info d'un camarade, si vous allez sur http://www.lemonde.fr, tapez dans le moteur de recherche "masculin/féminin" ou "Catherine Vincent" et vous trouverez la série. Certains articles sont encore en libre consultation, les autres ont basculé en archive payante.). On trouvera évidemment nombre de contenus aussi dans divers sites spécifiques, dans la presse libertaire (et je pense là au travail de la commission antipatriarcat d'Alternative Libertaire notamment) et il est évident que ce sujet à rebondissements sur ce forum mériterait une attention particulière vu le peu de femmes présentes (et pour cause je dirais) et un traitement un peu plus sérieux et militant.
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Re: Abolition des genres

Messagede Vilaine bureaucrate » 12 Aoû 2009, 14:22

willio a écrit:J'ai toujours un peu de mal avec des discours féministes prétendument radicaux qu'on peut lire ici et là. Pas mal se disent pour l'abolition des genres mais ne font que mener le combat d'une catégorie contre une autre, ou pour l'égalité de ces catégories. Femme, homme, gay, lesbienne, bi, trans... ce sont les cases du système dominant, ce sont des artifices, des constructions. Il ne s'agit pas de nier l'existence des sexes mais de refuser celle des genres qui sont des fabrications mentales, ainsi que toutes les autres catégories précitées qui en découlent. Et qu'on ne dise pas que c'est pour reconnaître l'oppression des femmes qu'on utilise cette catégorie. Oui on peut parler de l'oppression des individues de sexe féminin mais on peut (et il faut !) se passer de parler du genre féminin opprimé. Ce n'est pas nécessaire pour combattre le patriarcat, au contraire, c'est faire un bond décisif dans la libération des consciences et ne pas recréer un nouvel identitarisme. Au passage, les trans qui disent lutter pour l'abolition des genres, je trouve ça relativement absurde... D'ailleurs si stef-trans-pd veut bien dire ce qu'il/elle pense de l'abolition des genres, au regard du fait qu'il/elle est trans, ça m'intéresserait.


Est-il si difficile de dénoncer le système oppressif sans en reprendre les défauts ?



Tu confonds éternellement situation sociale et identitarisme. Tu devrais lire qq trucs a ce sujet et ne pas rester dans cette misere. Et ce n'est pas "pretendument radical" c'est anarchiste.
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Re: Abolition des genres

Messagede willio » 13 Aoû 2009, 15:51

Vilaine bureaucrate a écrit:Tu confonds éternellement situation sociale et identitarisme. Tu devrais lire qq trucs a ce sujet et ne pas rester dans cette misere. Et ce n'est pas "pretendument radical" c'est anarchiste.


J'avais justement pris soin d'éviter cette critique en disant :

willio a écrit:Il ne s'agit pas de nier l'existence des sexes mais de refuser celle des genres qui sont des fabrications mentales, ainsi que toutes les autres catégories précitées qui en découlent. Et qu'on ne dise pas que c'est pour reconnaître l'oppression des femmes qu'on utilise cette catégorie. Oui on peut parler de l'oppression des individues de sexe féminin mais on peut (et il faut !) se passer de parler du genre féminin opprimé. Ce n'est pas nécessaire pour combattre le patriarcat, au contraire, c'est faire un bond décisif dans la libération des consciences et ne pas recréer un nouvel identitarisme.


Ta situation sociale est d'être de genre féminin ok, mais en l'affirmant, en en étant fière et en revendiquant ce genre, tu le transformes en un identitarisme ! Ce que je dis : reconnaissons les sexes pour dire qu'ils sont la source d'une création de genre qui exclue (et ça je ne le nie pas du tout que ce soit clair) et réfutons donc ces genres qui ne sont que des cases dans lesquelles on voudrait nous collé-e-s, cessons d'en être fièr-e-s, détruisons les, la critique n'en sera que plus efficace.

Qierrot franchement les accusations de "retour en force du masculinisme" c'est hors de propos, tu ne vois vraiment pas ce que je veux dire ? Si c'est le cas tu peux ne pas être d'accord mais réponds sur le fond stp.
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Re: Abolition des genres

Messagede Pïérô » 13 Aoû 2009, 16:18

On est en plein dedans, dans le fond. Tu refuses de reconnaître les genres, les rôles sociaux et leur reproduction. J'ai peur de me répèter. Tu te bases sur le fait qu'il y aurait une culture du différentialisme pour critiquer le féminisme et la lutte antipatriarcale, alors que celà part bien d'une reconnaissance d'une réalité que tu nies. Ce n'est pas une construction mentale, une vue de l'esprit, mais une réalité sociologique et historique. On va donc tourner en rond, et décidément, qu'est-ce que tu aimes çà...Il me restera alors à rappeller que les organisation libertaires ont pris cette question à bras le corps, s'il y a des anars qui non seulement s'en foutent mais s'attaquent aux principes et aux fondement de cette lutte, je ne peux que les inviter à considerer cette question réellement, et sans m'énerver en plus. :siffle:

rapide pour ouvrir aussi du côté lutte de classe, sans tout ramener par se prisme que l'on s'entende bien, et sur des questionnements importants :

Si les dernières années ont vu se multiplier les commémorations d’épisodes des luttes féministes, le féminisme est aussi ringardisé, et ses détracteurs l’assimilent souvent à un seul courant ou un seul combat (la parité, le différentialisme, etc.) pour mieux le critiquer. Ces divers retours sur l’histoire laissent en général peu de place au courant féministe « lutte de classes », et aux luttes des femmes de l’immigration. Pourtant les débats récents qui ont traversé le mouvement féministe, notamment sur la parité ou le foulard, ont mis en évidence l’urgence à penser les rapports sociaux de sexe en les articulant aux rapports de classe et aux rapports Nord/Sud.
Quels sont les apports et les limites du queer pour penser le genre et pour lutter contre toutes les oppressions ? Quels sont les rapports entre les mouvements féministes et les mouvements gays et lesbiens ? Comment construire une solidarité féministe internationale ? Quels sont les effets de la mondialisation néolibérale sur l’oppression des femmes et sur leurs luttes à l’échelle mondiale ? Quel éclairage peut donner l’expérience de la Marche mondiale des femmes sur ces questions ?
Les questions des rapports de classe et celle du racisme ont été également remises au-devant de la scène par la révolte des banlieues dont les filles semblaient toutefois singulièrement absentes. Pourtant elles luttent contre le sexisme, sans tomber dans le piège de l’amalgame entre crime et banlieue. Le collectif Féminin-Masculin de Vitry est à ce titre exemplaire.
À l’heure où les retours en arrière sont toujours possibles, comme en atteste l’émergence d’un mouvement masculiniste, la construction d’un courant féministe se donnant pour objectif de changer radicalement la société reste nécessaire pour gagner l’égalité réelle entre hommes et femmes, mais aussi entre femmes.
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Re: Abolition des genres

Messagede RickRoll » 13 Aoû 2009, 16:30

Je vais faire une analogie avec les LGBT...

S'afficher comme LGBT, ou revendiquer haut et fort ce droit, faire la LGBT pride, c'est selon toi de l'identitarisme ? En fait ce qui te gène c'est que ces minorités soient visibles et revendiquent l'égalité. Parce que question affichage et fierté, ce sont plutôt les hétéros qui sont identitaires.
Rien qu'à voir les pubs, lire les magazines pour voir que les hétéros s'affichent complaisamment partout, tout le temps. Les politiques utilisent leur conjoint-e et leurs gosses, les publicitaires mettent en scène la famille idéale, les magazines et journaux parlent de l'hétérosexualité comme s'il n'existait pas d'autre sexualité...

Pareil pour les filles. Ce que tu reproche au féminisme et à l'antipat, c'est de s'afficher, de mener des luttes pour l'égalité au grand jour. Que les femmes soient fière d'être femmes et le disent haut et fort ne me gêne pas. Les garçon sont toujours fiers d'être des garçons (tu trouveras peu de mecs qui regrettent de ne pas être une fille), sont toujours mis en avant mais ça ne te gêne pas.
Donc tu es au finale, pour une présence masculine fière et visible, mais contre une présence féminine fière et visible. De la même façon que tu es pour une présence hétéro fière et visible mais contre une présence LGBT fière et visible.
RickRoll
 

Re: Abolition des genres

Messagede willio » 13 Aoû 2009, 17:15

qierrot a écrit:On est en plein dedans, dans le fond. Tu refuses de reconnaître les genres, les rôles sociaux et leur reproduction. J'ai peur de me répèter.

Je ne refuses pas de les reconnaitre, je refuse de les cautionner, c'est clair ?

Ce n'est pas une construction mentale, une vue de l'esprit, mais une réalité sociologique et historique.

Je les reconnais bien comme réalité sociologique et historique existante tout en souhaitant leur disparition. Je dis que cette réalité sociologique est une construction mentale (entretenue par tou-te-s ou presque) qui arrange bien la survie du patriarcat.

Tu te bases sur le fait qu'il y aurait une culture du différentialisme pour critiquer le féminisme et la lutte antipatriarcale

Non, je soutiens les luttes antipatriarcales et beaucoup d'actions dites féministes (sans partager la pertinence du mot "féminisme").


Rick Roll a écrit:S'afficher comme LGBT, ou revendiquer haut et fort ce droit, faire la LGBT pride, c'est selon toi de l'identitarisme ?

Revendiquer un droit en tant que LGBT ce n'est pas de l'identitarisme, des hétéros peuvent aussi réclamer ce droit (pour les autres).
Par contre faire de sa préférence sexuelle une fierté pour moi ça tend déjà plus sur l'identitarisme oui. Après ça dépend de ce que t'entends par fierté. Si être fier c'est "assumer", ne pas se cacher, etc. je ne vois pas le problème mais la fierté dans son sens premier implique presque de fait un rejet du reste.

Comme quelqu'un qui te dit qu'il est fier d'être blanc, tu le prends comment ? Moi ça me gêne. Ya pas à être fier de sa nature, on est ce qu'on est.

En fait ce qui te gène c'est que ces minorités soient visibles et revendiquent l'égalité

Absolument pas. Ce qui me gène c'est qu'on monte les LGBT contre les hétéros avec des amalgames à la con au lieu de pointer les problèmes : la construction genrée et par conséquent la construction des identités de préférences sexuelles.


Parce que question affichage et fierté, ce sont plutôt les hétéros qui sont identitaires.

Rien qu'à voir les pubs, lire les magazines pour voir que les hétéros s'affichent complaisamment partout, tout le temps. Les politiques utilisent leur conjoint-e et leurs gosses, les publicitaires mettent en scène la famille idéale, les magazines et journaux parlent de l'hétérosexualité comme s'il n'existait pas d'autre sexualité...

Si je critique l'identitarisme des un-e-s c'est pas pour défendre celui des autres t'inquiètes, je suis d'accord.



Pareil pour les filles. Ce que tu reproche au féminisme et à l'antipat, c'est de s'afficher, de mener des luttes pour l'égalité au grand jour.

Je ne reproche strictement rien à l'antipat.

Que les femmes soient fière d'être femmes et le disent haut et fort ne me gêne pas. Les garçon sont toujours fiers d'être des garçons (tu trouveras peu de mecs qui regrettent de ne pas être une fille), sont toujours mis en avant mais ça ne te gêne pas.

Les deux me gênent. C'est pas parce que les garçons sont fiers d'être des garçons que je dois applaudir quand les filles se disent fières d'être des filles.
Je critique les deux. Et toi ? Je comprends pas bien ce que tu veux. T'as l'air de dire que c'est gênant que les garçons soient fiers et que ça te dérange pas quand c'est les filles qui le disent. Tu veux juste un équilibre des fiertés, une égalité ? Perso je ne pense pas que ce soit la solution d'être chacun-e fièr-e dans son camp, je pense qu'il faut détruire les fiertés et cesser de juger en bien ou en mal les sexes, parce qu'au final la fierté c'est ça (si t'es fier-e d'être ceci c'est que t'es bien content-e de pas être cela...).

Donc tu es au finale, pour une présence masculine fière et visible, mais contre une présence féminine fière et visible. De la même façon que tu es pour une présence hétéro fière et visible mais contre une présence LGBT fière et visible.

Clairement non, enfin je pense que c'est clair avec ce que j'ai dis au dessus, je développe pas.


Merci à tou-te-s de ne plus me faire passer pour un quasi-faf ou supporter de l'idéologie dominante, j'estime avoir été suffisamment clair sur mes positions vis à vis du sexisme, de l'homophobie, etc.

Et aussi, si vous pouviez me donner votre avis sur la nécessité ou non d'une abolition des genres (qui est le sujet du topic)... Est-elle souhaitable ? Si oui faut-il la prôner dès maintenant ou bien pour mieux abolir les genres faut-il d'abord les exacerber dans la haine ?
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Re: Abolition des genres

Messagede Pïérô » 13 Aoû 2009, 17:35

Mais l'abolition des genres çà passe par s'attaquer aux rôle sociaux attribués, çà ne se fait pas que dans la tête.


willio a écrit:
qierot à écrit :
Ce n'est pas une construction mentale, une vue de l'esprit, mais une réalité sociologique et historique.

Je les reconnais bien comme réalité sociologique et historique existante tout en souhaitant leur disparition. Je dis que cette réalité sociologique est une construction mentale (entretenue par tou-te-s ou presque) qui arrange bien la survie du patriarcat.

Quand je disais que tu aimais bien tourner en rond...pour redire la même chose. C'est une réalité, pas une construction !
Donc tu persistes dans la négation de cette réalité et combat la "construction".


willio a écrit:
qierrot à écrit :
On est en plein dedans, dans le fond. Tu refuses de reconnaître les genres, les rôles sociaux et leur reproduction. J'ai peur de me répèter.

Je ne refuses pas de les reconnaitre, je refuse de les cautionner, c'est clair ?

c'est subtile çà encore. Ne pas cautionner les rôles sociaux c'est les combattre, et pas combattre la lutte en elle même, car là tu produis bien l'inverse.

Il y a donc bien un problème de fond dans tout çà qui relève non seulement de la négation de la réalité, mais qui se prolonge dans une critique de ces luttes spécifiques. On est ici dans le cadre de la reproduction de l'idéologie dominante.

Je reviens quand même aussi sur ce truc de "l'exarcerbation de la haine" qui repose sur le même mécanisme d'argumentation en contre et en négation. C'est nier le fait qu'il y ait des oppresseurs et des oppréssés-es, des exploiteurs et des exploités-es. Il y n'y aurait que des individus et des citoyens, qui ensemble devraient rechercher paix et amour. C'est une négation plus large encore de toute la réalité sociale. Et le problème c'est que lorsque l'on n'appréhende pas le monde tel qu'il est, on ne peut pas vraiment le changer...
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Re: Abolition des genres

Messagede Glaucon » 13 Aoû 2009, 17:53

je ne sais pas si vous lisez bien willio...

moi je suis d'accord avec son point de vue, on ne combat pas l'oppression avec des moyens oppressants, à moins d'être stalinien. je connais des femmes qui sont très féministes, et qui pourtant n'aiment pas le féminisme, à savoir la reproduction d'une identité opposée à une autre identité. Pour un autre exemple similaire, Fichte qui revendiquait l'identité allemande pour lutter contre l'identité française. On voit ce que ça a donné. Instituer une guerre entre les sexes est stérile, ne conduira jamais qu'à de la haine, des vengeances, des inégalités, l'incapacité de construire une nouvelle société ensemble. Le risque du féminisme radical est de se guettoïser, et c'est largement ce qui se passe actuellement. C'est une grave erreur stratégique car ça laisse toute la place au féminisme bon teint, au féminisme bourgeois qui combat les "inégalités" mais s'accomode bien de la société actuelle. Et ça repousse aussi la possiblité que des hommes soient féministes. Combien de mouvements féministes radicaux conçoivent leur combat sans les hommes, en les excluant de leurs rassemblements, de leur militantisme, et même de leurs fêtes (comme c'est arrivé dans un camp d'été trotskyste en espagne) ? C'est désuet comme pratique, c'est le fait de ressentiments haineux, l'incapacité de construire avec l'autre.

La lutte des sexes ne doit pas devenir guerre des sexes, car sinon elle se terminera dans l'extermination des sexes. Le même schéma s'est produit avec staline : de la lutte de classes marxiste (Marx concevait que le bourgeois n'est qu'un élément du système, il n'est pas à éliminer en tant que tel, c'est le système qu'il faut combattre), on passe à la guerre de classes léniniste (on prend cyniquement les armes contre la bourgeoisie, on élimine les anarchistes et tous ceux qui ont une autre vision de la révolution que les bolcheviks), puis à l'extermination de classe stalinienne (où il suffit d'accuser quelqu'un d'être un bourgeois pour l'envoyer au Goulag).

Le féminisme doit être radical mais ouvert, non identitaire ; comme disait Deleuze (qui a dit parfois des conneries sur le sujet néanmoins...) il y a un devenir-homme de la femme, et un devenir-femme de l'homme : il ne s'agit donc pas d'imposer la Femme éternelle (celle des féministes ou celle des macho, qui ne sont que l'inverse l'une de l'autre), mais de comprendre le devenir-femme de tout individu, "homme" ou "femme", sans exclure le "devenir-homme", et de lutter contre toute "identitarisation", contre toute fixation de ce devenir.
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Re: Abolition des genres

Messagede RickRoll » 13 Aoû 2009, 17:55

Donc pour vous remettre en cause le statut des mecs (ou des hétéros) c'est faire la guerre ouverte ?
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Re: Abolition des genres

Messagede Vilaine bureaucrate » 13 Aoû 2009, 18:17

Ta situation sociale est d'être de genre féminin ok, mais en l'affirmant, en en étant fière et en revendiquant ce genre, tu le transformes en un identitarisme ! Ce que je dis : reconnaissons les sexes pour dire qu'ils sont la source d'une création de genre qui exclue (et ça je ne le nie pas du tout que ce soit clair) et réfutons donc ces genres qui ne sont que des cases dans lesquelles on voudrait nous collé-e-s, cessons d'en être fièr-e-s, détruisons les, la critique n'en sera que plus efficace.


Tu le vis comme une attaque, c'est classique, alors qu'il n'y a aucun identitarisme, ou revandication de genre, argument fallacieux pour le statu quo.
Les sexes sont un accident biologique, reconnus par tous. Tu flippes qu'on nie qq chose qui te concerne? ahahah.

Ta definition des genres est tres faible. Tu es tjrs HS.
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Re: Abolition des genres

Messagede Kartoch » 13 Aoû 2009, 18:26

Je suis assez d'accord avec Willio et Glaucon, et je constate que les messages qu'il y a là comme réponses sont la plupart du temps à coté de la plaque et relèvent plus de la pique ou de la chasse aux "déviances" que d'autre chose. Je ne vois pas bien que répondre à ça.
C'est dommage.
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Re: Abolition des genres

Messagede RickRoll » 13 Aoû 2009, 19:26

C'est pourtant clair pour moi. A partir du moment où des minorités remettent en cause l'ordre établi qui vous favorise, vous vous braquez en disant que c'est de l'identitarisme, et tout.
Le fait que les minorités opprimées se rendent visibles, et opposent à la fierté des blancs, des mecs ou des hétéros, la fierté des noirs, des filles ou des LGBT, ça vous fait tiquer exactement comme le fait que les travailleurs se rebellent fait tiquer les patrons.

De quel droit vous vous permettez de juger les méthodes de lutte, les combats et les revendications, alors que vous n'avez aucune idée de ce que ça fait d'être une fille ou une personne qui n'est pas hétéronormée ?
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Re: Abolition des genres

Messagede Lepauvre » 13 Aoû 2009, 19:55

RickRoll a écrit:C'est pourtant clair pour moi. A partir du moment où des minorités remettent en cause l'ordre établi qui vous favorise, vous vous braquez en disant que c'est de l'identitarisme, et tout.
Le fait que les minorités opprimées se rendent visibles, et opposent à la fierté des blancs, des mecs ou des hétéros, la fierté des noirs, des filles ou des LGBT, ça vous fait tiquer exactement comme le fait que les travailleurs se rebellent fait tiquer les patrons.

De quel droit vous vous permettez de juger les méthodes de lutte, les combats et les revendications, alors que vous n'avez aucune idée de ce que ça fait d'être une fille ou une personne qui n'est pas hétéronormée ?

RR, c'est parceque la fin ne justifie pas les moyens.
Les moyens que tu employes parfois dans ta colère bien juste, te menent à l'écheque de l'ensemble.
Si tu veux combattre le faux avec les armes du faux tu te retrouveras toujours dans le contexte du faux. Et supposons que tu gagnes ton combât à toi de cette façon là, chose possible, sache que tu crées, involontairement, 10 nouvaux combâts justes à mêner.
Vous trouverez de la limonade dans l'arbre...mais il faut grimper.
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Re: Abolition des genres

Messagede Kartoch » 13 Aoû 2009, 19:58

RickRoll a écrit:C'est pourtant clair pour moi. A partir du moment où des minorités remettent en cause l'ordre établi qui vous favorise, vous vous braquez en disant que c'est de l'identitarisme, et tout.
Le fait que les minorités opprimées se rendent visibles, et opposent à la fierté des blancs, des mecs ou des hétéros, la fierté des noirs, des filles ou des LGBT, ça vous fait tiquer exactement comme le fait que les travailleurs se rebellent fait tiquer les patrons.

De quel droit vous vous permettez de juger les méthodes de lutte, les combats et les revendications, alors que vous n'avez aucune idée de ce que ça fait d'être une fille ou une personne qui n'est pas hétéronormée ?


:shock:

Wouaou, merci pour la psychanalyse docteur...

Evidemment, dans mon cas, on ne saurait être plus éloigné de la vérité, mais tu as l'air tellement convaincu que tu détiens la "vérité-pure", qu'un démenti véhément n'y changerait pas grand-chose, je crois.
Le manichéisme forcené (ce qui n'est pas rangé derrière moi est contre moi) mélangé à une certaine arrogance.
Sans parler des raccourcis et des interprétations vis à vis de propos que tu n'as visiblement pas compris, tu as l'air en prime de prétendre (j'espère bien que c'est pas le cas) que ce serait chacun pour soi en somme ? Que les Hétéro n'ont pas à participer à la lutte pour l'émancipation des "non-hétéronormés" sous prétexte qu'ils sont justement différends. C'est beau ça ! Chacun sa merde ? Ou alors peut-être qu'on a quand même le droit de soutenir une lutte, mais en fermant sa gueule et sans rien critiquer ? (On peut pas comprendre, donc ni juger, ni critiquer, les pratiques de ceux qu'on EST pas, c'est ca ? Ca va vraiment loin là ).
Effectivement toi, ce que tu as l'air de proposer (note le conditionnel, bien que ton post suinte littéralement), ce n'est ni plus ni moins que la continuité des différences de traitement entre les genres.
C'est exactement la même situation que face au problème de la violence en milieu anarchiste, son utilisation reproduit les schémas pré-existants et fait le jeu de ce que nous combattons. Se parer de bonnes intentions, comme la victoire et le bonheur final, permet de ne pas être trop regardant sur les méthodes utilisées.

Pour ces raisons, mais aussi quelques autres, je trouve ton post infâme et insultant...
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