Chroniques et présentations livres

Re: La monnaie de leur pièce

Messagede PN Poitiers » 29 Mar 2014, 17:29

Mercredi 9 avril, Poitiers, au Biblio-Café (71 bis rue de la Cathédrale), 20h30 : présentation du livre en présence de l’auteur, suivie d’une discussion libre.
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Re: La monnaie de leur pièce

Messagede PN Poitiers » 29 Mar 2014, 17:29

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Re: La monnaie de leur pièce

Messagede Pïérô » 31 Mar 2014, 18:21

C'est un bon travail de synthèse, et ce bouquin mérite d'avoir sa place sur diverses tables de presse libertaires.
Et c'est une initiative à saluer que de l'avoir mis aussi en lecture en ligne. sm 26

Evidemment, il y a une part, d'ailleurs revendiquée, de subjectivité de l'auteur qui soulève quelques divergences d'approche. Pour exemple, sur la question de la démocratie, car il y critique du concept en tant que tel. Or les anarchistes portent le concept de démocratie directe et l'opposent à ce qui est faussement présenté en "démocratie" en trompe l'œil justement, et sous des déclinaisons faussées, en démocratie représentative, ou "démocratie participative". La plupart des anarchistes utilisent aussi l'outil de décision collective qu'est le vote. Et s'il y a des points communs sur la question importante de recherche de consensus, il y a des divergences là dessus et notamment avec des courants plutôt marqués par un courant individualiste. il y a d'autre part oblitération de la question dynamique collective dans les luttes pour des améliorations diverses, non seulement dans le cadre de la lutte des classes, mais plus largement aussi. C’est pourtant à travers ces luttes, car sinon il ne resterait plus qu’à attendre l’insurection générale spontanée, que se construit le combat collectif et la conscience collective, ce que Emile Pouget nommait “gymnastique révolutionnaire”. Les alternatives en actes peuvent constituer un point d’appui pour l’alternative généralisée de demain, mais ne pourront offrir le terrain de confrontation et d’affrontement indispensable en terme de révolution sociale. Je partage une part de ce qui est porté en fin de texte, en une recherche d’articulation entre diverses pratiques, encore que la critique portée contre les mouvements de masse me parait passer un peu à côté d’un enjeu important, et je pense que c’est une piste ouverte à débats et à partages ... :)
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Re: La monnaie de leur pièce

Messagede Pïérô » 16 Juin 2014, 15:12

Rencontre et débat avec Jean Rat, auteur du livre
"la monnaie de leur pièce. Plein feu sur le capital et l'état"

Samedi 21 juin à 16h30, Librairie du Monde libertaire - Publico, 145 rue Amelot, Paris 11e
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"La Société du Bien-être" d'Agustin Garcia Calvo

Messagede imanol » 23 Juin 2014, 17:24

Bonjour,

je tenais à vous annoncer la publication de "La Société du Bien-être" d'Agustin Garcia Calvo, que j'ai traduit, aux éditions le Pas de Côté. Ce livre est une version augmentée de "Analisis de la Sociedad del Bienestar", avec une préface de Luis Andrés Bredlow (traducteur de Debord, Stirner et d'écrits de la critique de la valeur (entre autres)) ainsi que de deux appendices "Dieu et l'Argent" et "Plus de rails, moins de routes".
Jusqu'à présent seules deux brochures d'Agustin Garcia Calvo étaient disponibles en français à l'Atelier de Création Libertaire ("Qu'est-ce que l'Etat ?" et "Contre la Paix- Contre la Démocratie")

Il me semble qu'il peut intéresser les lectrices et lecteurs du forum. Je vous renvoie à la présentation qu'en fait l'éditeur:

http://www.lepasdecote.fr/?p=825

Salut à vous !
imanol
 
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TCHÔK et critique sociale

Messagede nemo3637 » 02 Oct 2014, 15:53

TCHÔK , 8 euros. Editions Armaguedon BP 12 – 65501 VIC, 8 euros.
Email : lutte972@orange.fr


L’auteur d’un livre est-il le mieux placé pour parler de son œuvre ? On peut bien sûr en douter… Mais comme très peu ont osé parler du mien, même pour le contredire, hormis Radio Libertaire qui m’a interviewé, il me semble nécessaire de le promouvoir moi-même, d’en faire une nouvelle évocation, soulignant le succès d’estime qu’il a déjà eu sous les Tropiques.
« Tchôk », écrit en 2013, évoque « la crise capitaliste, des conflits et des enjeux » entre 2009 et 2014. Plongeant d’entrée dans l’action, il a sans doute le « défaut » de situer celle-ci, au départ, dans les Antilles. Certains l’ont donc rangé trop rapidement dans la série des ouvrages à caractère régionaliste, voire localiste. Ce sont bien pourtant des questions sur l’ordre mondial qui sont posées. Cet ordre capitaliste fonçant vers le chaos est ici revisité, exploré à travers cette vaine quête pour une « reprise » que l’on sait ne jamais venir. « Tchôk » explique pourquoi il n’y a pas d’avenir pour le système capitaliste tel qu’il s’est construit au XIXe et XXe siècle.

Sont explorées aussi les fausses pistes proposées par ceux qui tout en prétendant défendre les démunis, sont simplement porteurs d’un réformisme anachronique dénué de toute rationalité.

L’actualité, avec la démission de certains ministres, nous montre que la politique des états peut aujourd’hui déroger à ce que commande la Finance.

Le danger populiste est également évoqué. Sciemment minimisé, c’est la dernière carte que joue le système s’apercevant qu’il ne peut plus faire illusion. Ses partisans sont déjà aux marches du pouvoir en Europe. Au Moyen-Orient, en Asie ou en Afrique, il a revêtu les oripeaux de la religion.

Il ne rencontre aucune opposition sérieuse de la part des libéraux encore au pouvoir en Occident car on connait trop bien son utilité pour écraser toute velléité de résistance populaire. On compte les lâcher quand la dernière esbroufe des financiers aura fait long feu.

La droite fascisante, celle qui était parvenu au pouvoir en France dans la confusion de la défaite militaire de 1940, a donc ressurgi en force dans les années 1980. Xénophobe et démagogue, elle plonge directement ses racines dans le pétainisme et l’antisémitisme comme le montre l’origine de ses fondateurs tels François Brigneau, ancien milicien, ou Roland Gaucher.
Si le populisme voit un boulevard s’ouvrir devant lui, c’est parce que l’opposition prolétarienne est aujourd’hui considérablement affaiblie. Car seul un prolétariat combattant, porteur de l’alternative, pourrait le combattre et le vaincre.
Tchôk évoque cette alternative qui n’est qu’une utopie « raisonnable » et qui ne peut survenir que par un sursaut populaire où chacun fera preuve de volonté et de détermination. On en semble loin, dira t-on. Pourtant vaille que vaille, des conflits inévitables surgissent et des luttes souvent désespérés s’engagent.

Que cette énergie soit canalisé dans le bon sens est l’objectif des militants qui doivent délaisser les jeux politiciens des partis et des élections, pour s’impliquer dans des luttes de terrain où l’essentiel réapparait. Dans le combat, nombre de camarades tombent sous le coup de persécutions, souvent dans la solitude née du reflux des luttes. Hervé Pinto, comme d’autres, a été ainsi injustement condamné pour son action syndicale. Ne sommes nous pas condamnés à poursuivre ledit combat.

Bien sûr, nombre de vieux camarades préfèrent évoquer les chers souvenirs d’antan plutôt que de débattre sur une réalité qui semble nous échapper. C’est de ceux qui ont choisi la lutte d’aujourd’hui dont parle Tchôk.
nemo3637
 
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Pourquoi lire "La Société du Bien-être" d'Agustin Garcia Cal

Messagede imanol » 07 Déc 2014, 16:59


Pourquoi lire "La Société du Bien-être" d’Agustín García Calvo



L’intérêt de lire l’Analyse de la Société du Bien-Être c’est - comme le précise Luis Andrés Bredlow (professeur d’histoire de la philosophie à l’Université de Barcelone) dans son prologue à la première édition en français de ce livre édité par les Éditions Le Pas de côté - d’être l’écrit d’Agustín García Calvo « qui se prête le mieux à une première approche de cette "politique du peuple", qui est le contraire de la politique des politiciens, des partis et des États (cette dernière ne pouvant s’opposer au Capital et à l’Économie, étant mêlée à leurs affaires au point de ne plus pouvoir s’en distinguer) ».
Cela serait déjà donc une bonne raison pour lire ce livre ; car, même s’il a été écrit en 1993, les dernières crises du capitalisme mondialisé n’ont fait que confirmer et renforcer l’actualité de son analyse sur la « Société du Bien-être » - cette « utopie » capitaliste, fondée sur le Développement continu, qui s’est révélée être aujourd’hui une vraie escroquerie et un terrible cauchemar pour les exploités et la majeure partie des humains. Non seulement parce qu’en plus d’accroître l’écart entre le monde sous-développé et le monde développé et aussi les inégalités - entre les possédants et les dépossédés - dans ces deux mondes, elle met en péril aussi l’avenir des générations actuelles et futures avec l’irrationnel gaspillage des ressources de la planète. Car, ce Développement sert de mirage et d’appât pour la Foi dans le Progrès capitaliste afin de nous faire croire aux mensonges (les Idées de Temps, de Futur, de Réalité) sur lesquels repose actuellement la domination et qui, avec la Foi en l’Argent, nous empêchent de réagir face à elle et à son action dévastatrice du monde. En ce sens, ce livre est un complément précieux aux deux livres (Contre la Paix, Contre la Démocratie et Qu’est-ce que l’État ?) que l’Atelier de Création Libertaire de Lyon a édités, au début des années 1990, afin de faire connaître en France la pensée d’Agustín García Calvo, l’un des penseurs ayant analysé la domination dans ses supports les plus profonds de l’être individuel et collectif.

Dans le prologue de Contre la Paix, Contre la Démocratie, j’avais avancé plusieurs raisons pour lire les textes d’Agustín García Calvo. Ces raisons me paraissent aujourd’hui encore plus pressantes qu’alors. Fondamentalement parce que, pour faire renaître le désir d’émancipation, je continue à penser qu’il est « absolument nécessaire de démonter les artifices dialectiques qui ont conduit à cette impasse et de mettre à nu - en même temps - les contradictions de notre discours et de notre pratique révolutionnaires ». Et parce qu’il faut développer une attitude de négation conséquente. C’est-à-dire : non pas en faveur des opprimés, mais ; comme le dit García Calvo - contre les oppresseurs. Donc, « contre le Pouvoir, contre les Idées, contre l’État, contre l’Argent, contre le Seigneur éternel, et par conséquent contre son actualité : contre le Futur, contre le Progrès, contre la Mort ». C’est pourquoi je crois que la lecture de La Société du Bien-Être [1] peut être utile pour approfondir la réflexion sur la poursuite du combat contre la domination sous toutes ses formes.

Octavio Alberola

[1] Lire le compte-rendu de ce livre fait par Tomás Ibáñez dans le n° 33 de la revue RÉFRACTIONS.http://refractions.plusloin.org/
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Réfractions 33

Messagede imanol » 07 Déc 2014, 17:02

Réfractions n° 33

Parlant de Castoriadis il y a déjà quelques années, Edgar Morin n’hésita pas à le qualifier de véritable « Titan de la pensée », mon sentiment est que cette expression qui me semble on ne peut plus heureuse dans ce cas pourrait s’appliquer tout aussi bien à Agustín García Calvo.

Peu connu en France, mais auréolé d’un indéniable prestige dans la mouvance contestataire d’outre Pyrénées, Agustín García Calvo est probablement le penseur le plus original et le plus créatif de tous ceux qui ont agité la pensée espagnole au cours du dernier demi-siècle. [...]

Pratiquant avec talent l’art de cheminer hors des sentiers battus, y compris ceux qui serpentent le territoire anarchiste, il contribua à enrichir le discours libertaire en mettant au pilori certains poncifs trop rapidement assumés par cette pensée.[...]

Aujourd’hui, précédé d’un excellent prologue de Luis Andrés Bredlow, et complété par deux appendices, « Dieu et l’Argent », et « Plus de rails, moins de routes », le livre « La Société du Bien-être» peut constituer pour beaucoup d’entre nous l’occasion de découvrir une pensée que nos amis de l’Atelier de Création Libertaire de Lyon avaient déjà tenté de faire connaître au début des années 1990 en publiant deux brochures intitulées: Contre la Paix, Contre la Démocratie et Qu’est-ce que l’État. Signalons au passage que la prose d’Agustín García Calvo, souvent cadencée comme un poème fait pour être dit plutôt que pour être lu, présente des difficultés de traduction qui rendent bien méritoire le travail réalisé par Manuel Martinez avec la collaboration de Marjolaine François.

Vieille de vingt ans cette analyse critique de la société du Bien-être n’a rien perdu de son acuité et de sa justesse [...]. Analysant un monde construit autour du Développement, du Progrès, du Futur, du Bien-être, où le critère hégémonique est celui de la Rentabilité, García Calvo démonte minutieusement et avec une lucidité implacable les mensonges sur lesquels repose aujourd’hui la domination […].

Tout en dénonçant la société du Bien-être, Agustín García Calvo nous fait toucher du doigt l’extrême fragilité du système, il ne tient qu’aussi longtemps qu’il est capable de susciter la Foi en lui-même, comme l’avait déjà bien vu La Boétie dans son Contr’Un. Il nous fait voir la dimension énorme du mensonge dont le système a besoin et qu’il nourrit savamment pour pouvoir exister, mais si nous cessons de croire en ses mensonges, si nous renions de la Foi qu’il nous inculque et nous exige, il s’écroule immédiatement. [...]

L’Argent est finement analysé par García Calvo comme l’Abstraction par excellence, comme la Réalité des réalités, « l’empire du Développement a besoin de la création de nécessités comme industrie première, pour maintenir l’illusion selon laquelle l’argent peut satisfaire de telles nécessités », c’est pourquoi la société du Bien-être s’évertue à nous « faire croire que ce qui est bon pour l’argent est bon pour les gens » mais en réalité nous n’achetons que des substituts, qui nous font vivre une vie vide, « les biens du Bien-être ont le goût du vide » […].

Parmi les mensonges qu’Agustín García Calvo met en relief figure celui qui distingue l’État et le Capital. En effet, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, il considère que : « l’État et le Capital sont la même chose, et ne sont deux que par dissimulation ». García Calvo rejette donc la distinction classique entre l’économie et la politique qui, en réalité, ne font qu’un. Il précise, à l’appui de sa thèse : « l’Entreprise Privée et l’Administration Publique se sont rapprochées à tel point qu’elles forment désormais une seule âme ».

Tout au long de ces pages denses et fertiles nous trouvons de belles expressions comme celle qui nous prévient que « c’est uniquement en obéissant au pouvoir que l’on acquiert du pouvoir », ce qui, soit dit au passage, indique la vanité des incitations à construire un pouvoir populaire, ou l’absurdité de croire que l’on peut changer les choses en participant du pouvoir institutionnel. García Calvo ne cesse de nous rappeler que l’on ne peut pas combattre l’État en utilisant ses armes, car elles le reproduisent nécessairement. Les moyens, loin d’être neutres et de ne dépendre que de leur bon ou mauvais usage, portent, gravés en eux-mêmes, les fins qu’ils permettent d’atteindre.

Tomás Ibáñez, Réfractions n° 33, Automne 2014, p. 166-168.
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Philippe Corcuff - Les années 30 reviennent et la gauche...

Messagede Banshee » 05 Mar 2015, 20:12

Philippe Corcuff - Les années 30 reviennent et la gauche est dans le brouillard

Image

Perso, je l'ai trouvé très intéressant, même si légèrement superficiel. Assez contente de voir ce qu'il écrit sur Lordon, Michéa et autres.
Une présentation ici

Cependant, de nombreuses critiques notamment, ici et ici

À vous de vous faire votre idée.
"Si les abattoirs avaient des vitres, tout le monde deviendrait végétarien ! ", Paul McCartney
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Georges Yvetot, « L’ABC syndicaliste »

Messagede bipbip » 23 Aoû 2015, 12:40

Georges Yvetot, L’ABC syndicaliste ; Émile Pouget, Le Sabotage, Groupe anarchiste Salvador Ségui, 2015, 159 pages, 5 euros.

Image

Lire : Georges Yvetot, « L’ABC syndicaliste »

Cette mince brochure avait contribué à former une génération de militantes et de militants syndicalistes révolutionnaires au début du XXe siècle. Permanentat, modes d’actions, structuration du syndicat... Autant de questions qui sont loin d’être obsolètes, cent dix ans plus tard. Cela méritait bien une réédition !

Écrite en 1906 par Georges Yvetot, un des responsables de la CGT, cette brochure de formation vient de faire l’objet d’une réédition.

L’occasion de découvrir ce syndicaliste qui fut le champion du courant anarchiste au sein de la CGT, et dont la notice dans le dictionnaire Maitron des anarchistes précise que sa « spécialité », au sein de la confédération, était l’antimilitarisme et l’antipatriotisme [1].

Alors qu’on pourrait s’attendre à un texte daté, la majeure partie du propos reste d’une criante actualité. Comme le dit l’adage, « rien ne sert de réinventer l’eau chaude ». Bien que son objet soit de fournir les outils clefs en main pour créer un syndicat, ce n’est probablement pas la (courte) partie sur le dépôt des statuts qui retiendra l’attention du lecteur d’aujourd’hui. Le retour aux sources et fondements du syndicalisme est lui salutaire.

Lorsque Yvetot s’adresse à l’ouvrier réticent à se syndiquer on sourit en pensant à ces camarades qui pensent original de « vouloir conserver leur liberté » alors que l’argument semble déjà en vogue en 1906. La réflexion sur la constitution de caisses de grèves retiendra également l’attention tant leur alimentation prend parfois un rôle central dans les luttes.

Permanents, modes d’actions (boycott, sabotage, grèves partielles…), organisation du syndicat ou encore structuration par corporation ou industrie viennent compléter ce texte. Autant de questions qui continuent de faire l’objet de discussions.

Les camarades du groupe Salvador Segui de la FA qui éditent ce petit livre le font dans un objectif de formation et de compléter les formations syndicales, qu’ils jugent de qualité, délivrées par la CGT. C’est une préoccupation que partage tout militant révolutionnaire tant la formation est cruciale, autant pour garantir la démocratie réelle dans le syndicat que pour fournir à chacun les outils nécessaires à la lutte et l’émancipation. Finalement quand Le Monde écrit un article entier pour répondre à la question « À quoi sert un syndicat ? » il eut mieux fait de s’en référer à Yvetot qui synthétise parfaitement la réponse : le syndicat c’est le regroupement des ouvriers pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Le syndicat tend à la suppression du patronat et du salariat.

Ce petit livre auquel est adjoint un texte plus connu, Le Sabotage, d’Émile Pouget (rapport voté par le congrès confédéral CGT de 1897) est à mettre entre toutes les mains, comme le permettent son petit format pratique et son prix abordable.

Aurélien (AL Paris Sud)


[1] Un portrait lui est consacré dans Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L’Insomniaque/Libertalia, Montreuil, 2014.

http://alternativelibertaire.org/?Lire- ... etot-L-ABC
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Re: Chroniques livres

Messagede bipbip » 30 Sep 2015, 01:51

Burnett Bolloten, La Guerre d’Espagne, révolution et contre-révolution (1934-1939).

Pourquoi ne pas aller passer ses vacances en Espagne ? C’est un beau pays, pittoresque, on y mange bien et le soleil change agréablement des brumes londoniennes. C’est probablement ce que s’est dit le jeune Burnett Bolloten, citoyen britannique et correspondant de l’agence de presse américaine AP. en juillet 1936.

Juillet 1936 ! Burnett Bolloten est de gauche, et sans être encarté nulle part, vaguement sympathisant du parti communiste. C’est un bon journaliste, habitué des enquêtes, des interviews. 17 juillet : Franco lance son coup d’Etat. La bourgeoisie républicaine, tétanisée, cherche à négocier, n’est pas loin de se rendre. Le mouvement ouvrier, CNT en tête, va en décider autrement. Et à la faveur de la résistance au coup d’Etat, va se développer la révolution sociale la plus radicale que le monde ait jamais connue.

Oubliées les vacances ! Burnett Bolloten multiplie les reportages, les entrevues avec des militants et des responsables de tout l’éventail politique et syndical républicain. Il n’est militant d’aucun parti, ce qui lui ouvre largement toutes les portes, d’autant qu’aussi bien la république que les révolutionnaires éprouvent le besoin de faire connaître à l’étranger la réalité de la situation espagnole.

Rapidement, Burnett Bolloten va se rendre compte que derrière l’unanimité de façade du gouvernement, des luttes sourdes agitent le camp républicain. Et surtout il se rend compte que le discours officiel, « il s’agit d’une lutte entre la démocratie et le fascisme, entre un gouvernement légal et des militaires factieux, » dissimule en fait une révolution sociale d’une ampleur encore inconnue.
Mais en même temps, une conspiration du silence s’organise autour de cette révolution tandis que toutes les forces politiques, y compris, hélas, la direction de la puissante CNT, vont tenter de l’étouffer.
Au premier rang de ces forces de la contre révolution, le Parti communiste d’Espagne, le PCE, et son appendice catalan, le Parti socialiste unifié de Catalogne, le PSUC.
Groupuscule sans guère d’influence en dehors de quelques villes (notamment Madrid et Séville) le PCE va agir comme l’instrument docile de la politique étrangère de l’URSS dont les intérêts de grande puissance ne coïncident nullement avec ceux de la révolution espagnole.

Inquiète de la montée en puissance du nazisme et dans une moindre mesure du fascisme italien, l’URSS cherche à constituer un front avec les démocraties occidentales, notamment la France et la Grande-Bretagne. L’URSS ne veut donc surtout pas apparaître comme une menace, comme l’hydre communiste menaçant les pays capitalistes, mais comme un rempart de la démocratie face à l’expansionnisme hitlérien. La révolution espagnole va lui fournir le meilleur prétexte pour prouver à la France et à la Grande-Bretagne qu’elle est seulement préoccupée par la défense de la légalité républicaine et démocratique et par la volonté de lutter contre la menace nazie. Mais dans le même temps, le parti communiste espagnol, force minuscule au départ, va rapidement viser l’hégémonie au sein du camp républicain tout en protestant de son indéfectible bonne foi démocratique.

C’est ce double, ce triple jeu que va découvrir Burnett Bolloten et qu’il passera sa vie à décrire avec une rigueur quasi chirurgicale. La première édition de ce livre, en anglais, portera d’ailleurs le nom de The Grand Camouflage. Plusieurs éditions tant en anglais que dans différentes langues, notamment le français et l’espagnol, verront le jour au cours des années, jusqu’à la dernière, parue en 1991, sous le titre de The Spanish Civil War. Revolution and Counterrevolution. C’est cette ultime version, dont les dernières épreuves ont été corrigées par Burnett Bollotten juste avant sa mort, qui est aujourd’hui parue aux éditions Agone, dans une excellente traduction due à Etienne Dobenesque, et dans une édition très soigneusement établie par Philippe Olivera et Thierry Discepolo.

Cette dernière version reprend avec des modifications considérables la traduction en français parue en 1977, avec cinq nouvelles parties totalement inédites. C’est dire que l’on a affaire à un ouvrage bien différent de celui qui passait déjà pour une véritable somme sur la guerre et la révolution espagnoles.
Aux côtés du classique de Pierre Broué et Emile Témine, la Révolution et la guerre d’Espagne, de l’Espagne libertaire de Gaston Leval, de l’Autogestion dans l’Espagne révolutionnaire de Frank Mintz, de Révolution et contre révolution en Catalogne de Carlos Semprun Maura, du Mouvement anarchiste en Espagne de César M. Lorenzo et de quelques autres, le livre de Burnett Bollotten (plus d’un millier de pages !) apparaît comme l’un des ouvrages majeurs sur la question.

Non qu’il soit au-dessus de toute critique et notre ami Frank Mintz a pointé quelques insuffisances dans ses appréciations du mouvement de collectivisation, notamment dans le domaine industriel : http://www.fondation-besnard.org/sp.... Pour autant, ces quelques réserves, justifiées, ne diminuent en rien l’intérêt majeur de cet ouvrage qui réside avant tout dans l’examen impitoyable des menées communistes aussi bien au sein des différents gouvernements qu’à l’arrière et sur les fronts.

On connaissait déjà, bien sûr, la façon dont un parti plutôt squelettique s’était gonflé comme une outre dans les quelques mois qui suivirent l’explosion révolutionnaire en se présentant avant tout comme un parti d’ordre et de discipline. Comment il avait rallié de larges fractions de la petite bourgeoisie, des fonctionnaires, de la police et de l’armée effrayées par l’ouragan révolutionnaire qui menaçait de les emporter. On savait comment ce parti qui manquait cruellement non seulement d’une base ouvrière mais aussi de cadres compétents, avait été cornaqué par les centaines de « conseillers » soviétiques qui l’avaient infiltré dans tous les rouages de l’appareil d’Etat et notamment dans l’armée. On connaissait le chantage aux armes pratiqué par l’URSS, ces armes payées par l’or de la banque d’Espagne commodément envoyé par bateau dans la « patrie des travailleurs. »

Il manquait pourtant la description minutieuse des manœuvres, complots et assassinats qui avaient fini par assurer au parti stalinien une place dominante au sein de l’appareil républicain. Pour ce faire, Burnett Bolloten s’appuie sur une documentation immense, le plus souvent de première main, même s’il n’ignore rien de l’imposante littérature sur le sujet. Il a été journaliste, il est devenu historien, manifestant dans l’un et l’autre domaine des qualités et une rigueur impressionnantes.

A la lecture de son ouvrage, on reste également confondu devant la pusillanimité et parfois la couardise non seulement du parti socialiste, manipulé ou écrasé quand certains de ses militants se rebiffaient, ce qui, au fond, n’est guère surprenant, mais surtout de la direction de la CNT, principale force révolutionnaire d’Espagne, qui, par antifascisme politicien, a laissé l’Etat républicain dominé par les communistes dépouiller lentement la révolution de toutes ses conquêtes, a laissé les staliniens assassiner ses militants sans réagir.

L’année 2016 verra le quatre-vingtième anniversaire du début de la révolution espagnole et l’on peut craindre les commémorations les plus affligeantes, depuis les universitaires, soulagés de pouvoir embaumer dans les draps du savoir historique l’insurrection qui partit à l’assaut du ciel, mais aussi des « anarchosyndicalistes » patentés, plus soucieux de revendiquer des étiquettes prestigieuses que d’agir aujourd’hui pour en finir avec le capital.

Pourtant, le plus bel hommage que nous pouvons rendre à nos camarades qui ont accompli ce qui reste à ce jour la révolution la plus radicale que le monde ait jamais connue, c’est bien de poursuivre leur combat pour l’émancipation du genre humain.

http://www.autrefutur.net/Burnett-Bolloten-La-Guerre-d
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Re: Chroniques et présentations livres

Messagede bipbip » 26 Nov 2015, 13:23

Les Chroniques du travail aliéné, réunies et éditées

De 2007 à 2014, Lise Gaignard, psychologue du travail, et Fabienne Bardot, médecin du travail, ont rédigé plusieurs dizaines de chroniques pour Alternative libertaire. Signés Marie-Louise Michel et Aline Torterat, ces récits à la première personne, tirés de situations réelles, dépeignent sans artifice la violence du travail à l’ère néolibérale. Ils sont aujourd’hui réunis et présentés par les éditions D’une.

« Ce livre parle de notre voisin de palier, de la femme au comptoir ou derrière le guichet  ; il parle de nous, de notre monde ordinaire, avec nos mots, ceux de tous les jours. Des mots qui ne prennent pas de gants, directs sur ce monde banal et cruel. Rien de spectaculaire, rien que l’ordinaire. Mais des drames, des gens qui craquent ou qui meurent, sans que ralentisse le cirque infernal, “comme si de rien”.

Ceux qui parlent, d’ailleurs, étaient à fond dans le circuit, jusqu’au pépin… Quelque chose est arrivé qui les a mis hors course, les yeux dessillés. C’est ce moment de la prise de conscience, quand ils envisagent leur compromission dans le système néolibéral à s’en rendre malade, que Lise Gaignard saisit ici sur le vif. »

Extrait de la préface de Pascale Molinier.

• Lise Gaignard, Chroniques du travail aliéné, éd. D’une, 176 pages, 12 euros (ISBN 9791094346075)

http://www.alternativelibertaire.org/?L ... liene,6578
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Re: Chroniques et présentations livres

Messagede bipbip » 30 Nov 2015, 17:07

Lire : Jacques Leclercq, « (Nos) Néo-nazis et ultras-droite »


Impressionnant c’est sûrement le mot qui vient lorsque l’on a l’ouvrage de Jacques Leclercq entre les mains. Il l’est tout d’abord par sa taille conséquente (528 pages tout de même) mais aussi par le travail minutieux d’observation du microcosme de l’ultradroite de l’Hexagone dans ses plus infimes détails.

La période historique et le nombre d’organisations, groupes, groupuscules ou sectes est colossale. Il s’agit à la fois de la force et de la faiblesse de ce livre, l’exhaustivité est intéressante mais on se perd rapidement dans les sigles ou les noms de protagonistes.

De même, on peut parfois s’interroger sur l’espace consacré à certains microgroupuscules qui ne doivent pas compter plus de quinze membres alors que des mouvements plus importants sont à peine survolés (ce défaut est à relativiser puisque d’autres ouvrages de l’auteur sont consacrés justement à ces groupes).

Cependant, il est indéniable que l’étalement des débats qui vivent au sein de cette frange politique permet de sortir d’une vision simpliste que l’on pourrait avoir de ces groupes et des dynamiques qui les animent.

Ce serait une grave erreur politique de considérer qu’il n’y a pas de doctrine ou qu’ils se construisent sur une inconsistance théorique ou philosophique. Certes, ces groupes prolifèrent sur la faiblesse endémique du mouvement ouvrier actuel mais comme disait Korsch à propos du nazisme : « Le fasciste essaie d’accomplir à l’aide de nouvelles méthodes révolutionnaires, et sous une forme grandement différente, les tâches sociales et politiques que les partis et les syndicats réformistes avaient promis d’exécuter sans pouvoir y parvenir dans les conditions historiques données. » [1] Il s’agit donc d’une force qui possède une forme d’autonomie et un projet de société « alternatif » dans le cadre capitaliste. Leurs projets sont bien sûr exécrables à tous points de vue et lire leurs textes ne peut que nous conforter dans l’importance du combat antifasciste.

Cette importance doit justement nous obliger à comprendre leur logique pour mieux la combattre au lieu de tomber dans les anathèmes et les raccourcis faciles, en examinant de plus près les débats théoriques et les querelles de chapelle.

On comprend que l’extrême droite est loin de constituer un monolithe et pas uniquement pour une simple question d’ego de ses leaders. Un ouvrage qui s’adresse donc selon moi à tout ceux qui voudraient approfondir leurs connaissances de ces groupes mais qui est difficilement abordable pour des nouveaux venus qui risqueraient de se perdre dans le dédales de sigles, de noms et d’événements.

Sin Vincente (AL Bruxelles)

Jacques Leclercq, (Nos) Néo-nazis et ultras-droite, L’Harmattan, 2015, 528 pages, 49 euros.


[1] Korsch Karl, La Guerre et la Révolution, à consulter sur : https://bataillesocialiste.files.wordpr ... n-1941.pdf

http://www.alternativelibertaire.org/?L ... cq-Nos-Neo
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Re: Chroniques et présentations livres

Messagede Pïérô » 01 Déc 2015, 16:49

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Re: Chroniques et présentations livres

Messagede Lila » 03 Jan 2016, 18:40

«Celles de 14 : La situation des femmes au temps de la grande boucherie» d’ Hélène Hernandez

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Hélène Hernandez, Celles de 14 : La situation des femmes au temps de la grande boucherie, Novembre 2015

Les femmes restent les grandes oubliées des guerres. Pourtant elles vivent le départ des hommes – mari, compagnon, fils, père et qu’elles soient favorables ou non à la guerre, elles craignent ce qu’il résultera de ces guerres des puissants qui envoient au massacre les humbles et les pauvres. Tous ceux qui sont appelés ne partent pas la fleur au fusil et, bien souvent, toutes celles qui restent n’ont guère d’ambition guerrière.
Pendant la Première Guerre mondiale, le quotidien de la vie des femmes est bouleversé. Mais quelle est donc l’histoire de ces femmes de 1914 ? Quelle est la réalité sociale et économique : solitude, chagrin du deuil, responsabilités nouvelles en remplaçant les hommes dans de nombreux métiers ? Mais aussi quel engagement militant dans le mouvement politique, féministe, pacifiste ?
Ces quatre années ont-elles représenté une marche vers l’émancipation des femmes ou, au contraire, une consolidation des rôles et des rapports sociaux de sexe ? Car au lendemain de la guerre, l’ordre du jour est pour les femmes de rendre leur place aux hommes et de se consacrer au repeuplement de la France…

À partir de nombreuses lectures croisées, et nourrie d’une militance anarchiste, anarcho-syndicaliste et féministe, l’auteure tente de cerner ce que cette histoire dit de la situation des femmes d’aujourd’hui. La guerre tue toujours, et de plus en plus de population civile : les femmes en paient un lourd tribut sans que leur histoire puisse être exposée au grand jour.

ISBN : 978-2-919568-60-4

132 pages – iconographie & documents – 11 €

http://collectif-libertaire-antisexiste.fr.nf/
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