Egypte

Re: Egypte

Messagede bipbip » 07 Avr 2014, 11:33

Egypte : encore sur l’autogestion ou la réalité du moment présent

un texte traduit par Des Nouvelles Du Front (rédigé par Jano Charbel, journaliste du travail au Caire qui se définit comme anarcho-syndicaliste ) et qui énonce des reprises en mains par des ouvriers de la production

http://dndf.org/?p=13468
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 18 Mai 2014, 00:39

Egypte : Le pouvoir piégé

Le général al-Sissi, ancien chef de l’armée et candidat à la présidentielle des 26 et 27 mai prochains, doit se débattre avec les problèmes économiques du pays comme avec les querelles intestines dans les cercles de pouvoir.

Abdel Fattah al-Sissi semble être victime de son succès. Lui qui, en juillet dernier, semblait détenir une force et une popularité « surnaturelles » soutenues par une machine médiatique féroce dévorant tout sur son passage, est aujourd’hui piégé dans son poste d’homme le plus fort d’Égypte. Il est même ironique de le voir se noyer dans les mêmes tares que celles du président qu’il a renversé : discours vides et populistes, mesures visant à accaparer le pouvoir effectif et légal en Égypte (tout en ayant mis Adli Mansour comme pantin malléable à la tête de l’État), etc.

De même, les problèmes socio-économiques sur lesquels il s’est appuyé pour faire tomber le gouvernement des Frères musulmans ne trouve pas de solution : les coupures d’électricité sont revenues au même rythme qu’à l’époque des Frères musulmans, la crise géopolitique issue de la construction par l’Éthiopie du barrage Annahda1 (« renaissance ») sur le Nil ne trouve pas de résolution, les prix des produits de première nécessité sont en hausse, sans parler de la crise que connaît l’important secteur de l’économie qu’est le tourisme.

Crise de la classe dominante

L’hésitation d’al-Sissi à poser sa candidature pour les prochaines élections présidentielles n’est due qu’au refus de la vieille garde de l’armée de voir son enfant prodige, qui a rapidement gravi les échelons, prendre le pouvoir. La crise actuelle que connaît le pouvoir d’al-Sissi est la crise de toute la classe dominante égyptienne, aussi bien civile que militaire, et de son conflit interne. Les discours populistes de cette classe dominante, sorte de remake des années Nasser, cachent mal la guerre de classe qu’elle mène contre les travailleuses et travailleurs quand ils se mettent en grève, avec recours à l’armée.

Quand al-Sissi demande au peuple de se sacrifier sur l’autel de l’austérité, il renfloue les caisses du terrible ministère de l’Intérieur. Ajoutant à cela que la seconde nature de prédateur économique de l’institution militaire égyptienne semble prendre le dessus sur ses activités « constitutionnelles » : l’armée veut ainsi s’approprier tous les recoins de l’économie en élargissant son emprise sur les sociétés publiques, ce qui n’est pas sans poser problème avec le capitalisme « civil » et surtout ultralibéral des cercles financiers proche de Moubarak, d’autant que ceux-ci ont largement contribué à financer et organiser le coup d’État de l’armée en juin dernier. En effet, ces cercles veulent retrouver leur position d’avant la révolution de janvier 2011, lorsqu’ils partageaient le pouvoir avec l’armée, et ils n’ont aucunement l’intention de se contenter de la place que l’armée daignera leur donner.

Peut-être que le discours creux et teinté de nationalisme d’al-Sissi fera illusion sur une période plus longue que celle du discours tout aussi creux et teinté de religiosité de Morsi, mais al-Sissi ne sera pas épargné par un soulèvement populaire, lui qui commence à dire qu’il faut sacrifier une voire deux générations pour que l’Égypte puisse vivre dans l’opulence. Le peuple qui s’est soulevé pour dire « À bas le pouvoir de l’armée » ne saurait accepter ce mépris. On peut facilement imaginer que ce slogan retentira encore dans les rues d’Égypte contre al-Sissi à son tour.

Yasser Abdelkawy (Mouvement socialiste libertaire, Egypte)

Traduit de l’arabe par Marouane Taharouri


http://alternativelibertaire.org/?Egypt ... voir-piege
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Messagede Pïérô » 13 Juin 2014, 02:20

Un opposant de gauche condamné à quinze ans ferme en Egypte

La répression ne faiblit pas en Egypte depuis l'élection du maréchal Sissi à la présidence du pays. Un opposant et blogueur a été condamné mercredi 11 juin à quinze ans de prison pour infraction à la législation sur les manifestations. Vingt-quatre autres personnes ont été condamées à la même peine pour des faits similaires. Alaa Abdel Fattah avait été arrêté le 28 novembre 2013 pour sa participation à une manifestation non autorisée, puis libéré sous caution. C'est l'une des figures du soulèvement qui a renversé Hosni Moubarak début 2011.

... http://www.lemonde.fr/afrique/article/2 ... _3212.html
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 17 Nov 2014, 15:19

Silence, on réprime

Le pouvoir d’Al-Sissi démontre encore une fois qu’il faut que tout change pour que rien ne change. Répression et injustice sociale sont tout aussi présentes que sous l’ère Moubarak.

À l’époque de Moubarak, les médias égyptiens étaient habitués à le flatter et à enjoliver ses actions, à parler de la richesse et de la prospérité qui devaient découler de la réalisation de tel ou tel projet. Certes, ceci est « normal » dans un pays sous régime dictatorial. Mais, aujourd’hui, alors que Sissi est au pouvoir, on constate que les falsifications médiatiques sont toujours aussi nombreuses et débordent d’imagination. On constate également que, au-delà de l’ensemble des médias, participent désormais à ce cirque des écrivains, des intellectuels et des journalistes, et que ceux-ci proviennent de tous les courants, depuis l’extrême droite jusqu’à une certaine gauche radicale. Toutes ces personnes clament unanimement que Sissi est l’espoir de l’Egypte, celui qui fait trembler les forces américaines, celui qui a sauvé le pays de la crise économique et qui l’a fait entrer dans une croissance enviable, etc. Dans ce contexte, le nationalisme est encore une fois utilisé comme une injonction à s’aligner idéologiquement avec la dictature. Toute critique ou revendication de droits est une collaboration avec les services de renseignements américains [alors que ceux-ci sont le meilleur allié du régime de Sissi, ndt], britanniques, français, turcs, qataris, etc.
Crainte du terrorisme et impuissance à se révolter

Contrairement à cet enfumage médiatico-repressif, on constate en réalité que le peuple est à bout de force, abattu après l’échec de l’ensemble des tentatives de donner suite à la révolte populaire du 25 janvier 2011. Mais ce que les Égyptiens et les Égyptiennes craignent le plus aujourd’hui, c’est le terrorisme et la perspective d’un effondrement de l’État face à des forces comme Daesh [actuellement auto-surnommé État islamique, ndt]. La peur que l’Égypte devienne une deuxième Syrie, ou un autre Irak.
Ceci explique que la rue reste relativement calme face à la baisse des subventions pour les produits de première nécessité et à l’augmentation des prix du carburant, qui entraînent une hausse des prix de l’eau et de l’électricité. Sans parler des coupures d’électricité qui affectent plusieurs villes d’Égypte deux à dix heures chaque jour.

Au mois de septembre, les travailleurs d’une usine à Alexandrie ont essayé de se mobiliser contre le retard du versement de leur salaire en se rassemblant devant leur usine. La police a répondu en leur tirant dessus, blessant six ouvriers. Huit autres ont été interpellés. La répression s’organise également en sous-traitant à des sociétés américaines le fait de surveiller le Net [ce qui avait déjà commencé sous Moubarak, ndt]. Une nouveauté est à souligner, c’est la militarisation des universités. Celles-ci vont bientôt être équipées de murs avec barbelés et de portiques électroniques avec caméras de surveillance, et on aura également le plaisir d’y voir patrouiller des agents de sécurité appartenant à des firmes privées (1). Enfin, en ce qui concerne la «  justice », les tribunaux condamnent de façon expéditive des personnes qui sont jugées sans la présence de leurs avocats.

La rue paraît désespérée face à une situation où personne ne voit où trouver la force qui sera capable de se confronter à la dictature militaire. De plus, l’idée que tous ont en tête est « Il ne faut pas que notre pays devienne comme la Syrie ou l’Irak ». Loin de proposer une analyse politique profonde de la situation en Egypte, cet article veut exprimer l’impuissance largement ressentie face à l’ambition de contre-attaquer le joug militaire.

Yasser Abdelkawy, traduit de l’arabe par Marouane Taharouri

(1) Un article d’Amnesty International qui parle des récents événements qui ont impliqué des étudiants et des agents de « sécurité » :www.amnesty.org/fr/node/49846



Related Link : http://www.alternativelibertaire.org/?- ... n-kiosque-

http://www.anarkismo.net/article/27593
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Messagede Pïérô » 30 Nov 2014, 17:10

La portée de la grève à l’aciérie géante d’Helwan

Les 11’000 travailleurs de la Compagnie des Fers et Aciers d’Helwan (ville au bord du Nil, en face des ruines de Memphis, en 2006 avait déjà plus de 600’000 habitant·e·s; c’est une grande banlieue du Caire) sont entrés en grève avec occupation samedi 22 novembre 2014 pour exiger, principalement, le paiement de leurs «bonus» (une participation aux bénéfices), le limogeage de leur directeur et la ré-embauche des ouvriers licenciés précédemment, notamment lors de la grève de décembre 2013; ensuite, pour dénoncer la gestion calamiteuse de l’entreprise nationale.

Cette grève est importante déjà par le nombre de salariés de cette entreprise, ensuite par la puissance symbolique de cette usine géante de la métallurgie, enfin par sa situation dans une banlieue populaire du Caire. Mais sa portée va bien au-delà, socialement et politiquement.

... http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... elwan.html
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 30 Déc 2014, 11:05

Le mouvement ouvrier égyptien reste une épine dans le pied des autocrates

Entretien avec Mostafa Bassiouny
conduit par Marwa Hussein

Depuis le renversement de Mohamed Morsi (3 juillet 2013), le mouvement ouvrier avait reculé, mais depuis le mois de mai 2014 il y a des signes indiquant qu’il connaît une nouvelle montée. Quelles sont les positions du mouvement ouvrier égyptien par rapport à la politique actuelle de l’Egypte?

Il y a encore des débats autour du rôle joué par le mouvement ouvrier dans le renversement du président islamiste Morsi, dans l’ascension au pouvoir de l’ancien chef de l’armée Abdel-Fattah al-Sissi et dans d’autres développements politiques majeurs qui ont eu lieu en Egypte au cours de cette dernière année.

Mostafa Bassiouny, un journaliste et chercheur publié par Cambridge, estime que le mouvement ouvrier reste une force avec laquelle il faut compter. Il pense que la politique du gouvernement – avec la réduction des subsides, l’augmentation de l’inflation et la détérioration des services de base – va forcer les classes laborieuses à réagir. Il rappelle qu’en 2006, l’importante grève à Mahalla City, à l’ouest du Caire, avait encouragé l’opposition contre Hosni Moubarak et que cette mobilisation est restée une épine dans son pied jusqu’à son renversement en 2011.

Mostafa Bassiouny a travaillé pendant presque deux décennies en tant que correspondant pour les questions syndicales pour la presse égyptienne et régionale. Entre autres, il a écrit des articles sur les grèves massives des ouvriers du textile à Mahall El-Kubra entre 2006 et 2008. Il a également écrit un ouvrage intitulé Bread, Freedom and Social Justice. Workers and Egyptian Revolution [Ed. Zed Books, novembre 2014], en collaboration avec Anne Alexander, une autre chercheuse au Center for Research in the Arts, Social Sciences and Humanities (CRASSH) à l’université de Cambridge.

Ahram Online a interviewé Bassiouny sur l’attitude du mouvement des travailleurs par rapport aux événements récents et à venir de la politique égyptienne.

*****

Le mouvement ouvrier a connu un recul au cours de l’année dernière. Est-ce une conséquence du calme relatif qui règne dans la sphère politique en général ?

Mostafa Bassiouny :
Le mouvement ouvrier fait partie de la situation politique: il influence celle-ci tout en étant à son tour influencé. Depuis novembre, le mouvement des travailleurs égyptiens se redresse avec la grève de 12’000 travailleurs à la Egyptian Iron and Steel Company [Compagnie égyptienne publique du fer et de l'acier]. Le mois passé, 6000 autres travailleurs se mettaient en grève, entre autres à El Nasr Co. for Coke and Chemicals. Comparé aux actions qu’il a menées pendant les années 2008, 2012 et 2013, le mouvement est en recul, mais récemment, entre mai et octobre de cette année, il a repris de l’ampleur, et je pense que cela va continuer.

Par ailleurs, on ne peut pas dire que le mouvement suit réellement une courbe descendante ou ascendante. Les grèves sont plutôt de nature saisonnière. En février 2014 il y a eu une vague de grèves suite à l’entrée en vigueur du salaire minimum dans l’administration publique. A ce moment-là, plus de 250’000 travailleurs du secteur privé se sont mis en grève pour revendiquer le même traitement que les employés publics. La pression a été tellement forte que le régime a évincé (février 2014) le gouvernement de Hazem El-Beblaoui. La vague de grèves récente coïncide avec la distribution des participations aux bénéfices. Il y a également la saison des primes, qui coïncide avec l’adaptation du budget de l’Etat, etc.

Qu’est-ce qui vous fait croire que le mouvement va s’accroître plutôt que de reculer ?

Il y a deux facteurs importants. Tout d’abord, en Egypte les mouvements de protestation des travailleurs ne se sont pas arrêtés au cours de ces dernières années; ils connaissent des fluctuations, mais ne disparaissent pas. Le deuxième facteur qui permet de penser qu’il y aura une montée, c’est la politique sociale et économique menée par l’Etat lui-même.

Au cours de cette année, plusieurs lois favorisant le patronat au détriment des travailleurs ont été passées. L’Etat non seulement n’a pas appliqué les décisions de tribunaux de renationalisation d’entreprises privatisées, mais il a en outre ajouté une clause légale concernant les investissements interdisant à un tiers de remettre en question tout contrat conclu entre l’Etat et les investisseurs.

Pourquoi cette politique entraîne-t-elle une montée du mouvement? L’échec de leurs revendications ne suscite-t-il pas un sentiment prolongé de découragement chez les travailleurs ?

La politique économique adoptée par l’Etat pèse lourdement sur la classe laborieuse et sur les classes défavorisées en général. La réduction des subsides pour les carburants et l’inflation qu’elle a entraînée ont frappé durement ces classes, les rendant plus enclines à réagir à ces pressions. Même si de telles mesures politiques entraînent du découragement, celui-ci ne durera pas. En fin de compte les réalités de la vie et les besoins non satisfaits prennent le dessus. Les gens veulent nourrir leurs familles, envoyer les enfants à l’école, obtenir des soins de santé et des logements décents. Ces réalités vont toujours exercer un poids. Les gens peuvent se sentir découragés ou estimer que leur mouvement ne donne pas les résultats escomptés, mais, au bout d’un certain temps, ils vont quand même réagir contre cette politique.

Dans quelle mesure le mouvement politique exerce-t-il une influence sur le mouvement ouvrier ?

Le rapport entre les deux a toujours été complexe et il est marqué par l’opportunisme et le pragmatisme. Par exemple, en décembre 2006, le mouvement pour des réformes s’est trouvé dans une situation très difficile car le régime de Moubarak avait réussi à amender la Constitution afin de permettre à son fils [Gamal] de lui succéder et avait mis en échec le mouvement en faveur de la réforme, lequel, malgré ses efforts, n’avait pas réussi à élargir l’espace démocratique.

Puis 24’000 travailleurs du textile se sont mis en grève pendant trois jours à Mahalla, et l’Etat a fini par accepter leurs revendications. Or, cette action a encouragé les ambitions de l’élite politique, en montrant qu’il existait une autre force politique qui rejetait le régime Moubarak. Cette grève en particulier a été suivie par une montée du mouvement des travailleurs à échelle nationale, surtout à Mahalla. Le point culminant était atteint en avril 2008 avec une grève qui a donné son nom au Mouvement du 6 avril. Pour le mouvement des jeunes cette mobilisation d’un grand nombre de travailleurs a représenté une opportunité, et c’est ainsi qu’il a appelé à une grève générale en avril 2008, même si la grève de Mahalla avait ses propres revendications.

Après la révolution, une véritable crise a éclaté. Les travailleurs et travailleuses ont joué un rôle important avant et pendant la révolution de janvier 2011, mais le mouvement ouvrier et ses revendications ont dû faire face à une intense hostilité et une négligence de la part de l’Etat, du conseil militaire et des mouvements politiques. Les revendications des travailleurs étaient traitées comme des demandes sectorielles et le mouvement politique s’est montré parfois hostile au mouvement des travailleurs. L’écart entre le mouvement politique et le mouvement ouvrier et social a augmenté, alors même que le premier faisait pression pour que le second adopte ses revendications.

Comment le mouvement politique devrait-il gérer ses rapports avec le mouvement des travailleurs ?

Le mouvement politique devrait prendre plus au sérieux le mouvement des travailleurs et se construire sur cette base au lieu d’imposer ses mots d’ordre aux travailleurs, même si ses revendications sont politiquement justes. Il faut comprendre qu’en réalité les revendications des travailleurs sont politiques. Exiger le retrait de la loi d’urgence est une revendication politique. Le simple fait que 24’000 travailleurs se soient mis en grève sous la loi d’urgence constitue une mise en échec de cette loi, sa suppression de facto.

Pensez-vous que le mouvement islamiste ait une influence sur le mouvement ouvrier ?

A mon avis il n’a pas d’influence directe. Le mouvement des travailleurs a été actif entre 2006 et 2011 sous Moubarak. Ensuite, tout de suite après la révolution, il a continué à se développer sous le régime militaire. A l’époque on disait que les Frères musulmans influençaient les travailleurs pour faire pression sur les militaires. Cependant, le taux le plus élevé de grèves a eu lieu pendant le régime des Frères musulmans [sous la présidence de Mohamed Morsi: du 30 juin 2012 au 3 juillet 2013], qui pensaient que les travailleurs étaient influencés par le Front de salut national. Actuellement, une fois de plus, certains répètent que les Frères musulmans seraient derrière les travailleurs, mais tout cela est faux. En réalité, pendant toute cette période les dirigeants syndicalistes sont restés les mêmes.

Au cours de l’année dernière, les grèves ont augmenté dans le secteur privé. Pensez-vous que les travailleurs de ce secteur jouent un rôle croissant dans le mouvement des travailleurs ?

Le mouvement a toujours été présent dans le secteur privé, mais même dix grèves dans ce secteur ne peuvent être comparées aux grèves de Mahalla [grand centre industriel, entre autres du textile]. En effet, de par sa nature, le secteur privé n’a pas de grandes concentrations de travailleurs. Ainsi, en ce qui concerne le nombre de travailleurs concernés, les mouvements du secteur public sont beaucoup plus importants que ceux du secteur privé.

L’affrontement avec l’Etat et sa politique est également plus clair dans les grèves du secteur public. Néanmoins l’impact économique du secteur privé est plus important puisque c’est ce secteur qui est actuellement le plus dynamique dans l’économie. Dans le secteur public, les travailleurs revendiquent les allocations auxquelles ils étaient habitués sans tenir compte de la rentabilité de l’entreprise. Par contre, dans le secteur privé, les employeurs prennent leurs décisions sur des bases de rentabilité économique. Les patrons du secteur privé établissent un calcul coût-bénéfice pour décider s’ils acceptent les revendications (ou une partie d’entre elles) face à la possibilité d’un arrêt de travail de longue durée.

La comparaison entre les deux secteurs n’est pas évidente car il faudrait prendre en considération différents facteurs, y compris le fait que ce ne sont pas les mêmes lois qui s’appliquent dans les deux secteurs.

A un moment donné on a pu voir un niveau important de coordination entre des travailleurs de différents lieux de travail et même entre les actions de solidarité avec d’autres entreprises. L’absence de cette coordination constitue-t-elle un signe de recul ?

Cette expérience ne disparaîtra pas, c’est une leçon qui a été apprise. Cette coordination était évidente lors du mouvement des employés des impôts fonciers en 2009. Plus tard cette pratique a été adoptée par les travailleurs de la poste et les enseignants. Ensuite nous avons vu les travailleurs de différentes entreprises synchroniser leurs actions, l’exemple le plus frappant étant celui du secteur du textile. Lors des prochaines vagues du mouvement des travailleurs, cette pratique resurgira.

Est-ce que l’application d’un nouveau Code du travail, plus restrictif en matière de droits des travailleurs, pourrait influencer le mouvement ?

Je ne pense pas que les travailleurs réagiront de manière directe face au nouveau Code du travail. La loi existante n’a souvent pas été respectée par tous les employeurs, je ne pense donc pas que l’application du nouveau Code aura un impact important. Ce n’est pas la loi qui est le principal facteur de régulation des rapports de travail. La loi qui est actuellement en discussion marquera un durcissement par rapport à la loi présente, mais elle n’introduit pas un changement fondamental. Le grand changement de la loi est intervenu en 2003 avec la libéralisation des rapports de travail. (Traduction A l’Encontre, article publié sur Ahram Online, le 11 décembre 2014)

http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... rates.html
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 24 Jan 2015, 13:06

Point sur la répression en Egypte ces derniers mois
http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... -mois.html
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 25 Jan 2015, 12:34

Egypte: une manifestante tuée à la veille de l’anniversaire de la révolte de 2011
Une manifestante a été tuée samedi soir au Caire lors de heurts avec la police durant une rare manifestation d’un mouvement de gauche, a indiqué un responsable à la veille du quatrième anniversaire de la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir.
... http://www.liberation.fr/monde/2015/01/ ... te_1187920


Assassinat de Chayma Al Sabbagh en Egypte
Chayma Al Sabbagh, militante du Parti Socialiste de l’Alliance Populaire, 32 ans, a été assassinée ce 24 janvier 2015 par un policier alors qu’elle participait à une manifestation pacifique pour commémorer la révolution de 2011 au Caire.
... https://communismeouvrier.wordpress.com ... more-49382
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 02 Fév 2015, 04:01

Egypte : mobilisation après la mort d'une femme tuée par des policiers

L’image de sa mort a fait le tour du monde. Shaimaa el-Sabbagh a été tuée au Caire le 24 janvier à la veille de l’anniversaire de la révolution égyptienne. 4 ans après, ils sont encore quelques centaines à braver les interdictions de manifester pour réclamer la démocratie.

... http://www.franceinfo.fr/actu/monde/art ... ers-638243
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 06 Fév 2015, 03:54

Haro sur les homosexuels et les athées en Égypte
La répression est à un niveau jamais vu en Égypte depuis plus de trente ans. Les autorités la justifient par la nécessité de mener une guerre contre le terrorisme et l’islamisme, ce qui leur permet de mettre au pas les non conformistes de tout acabit. En plus des opposants, des activistes et des Frères musulmans, ce sont désormais les homosexuels et les athées qui font les frais de cette chasse aux sorcières.
... http://orientxxi.info/magazine/haro-sur ... t-les,0803


Le militant égyptien Ahmed Douma condamné à la prison à vie
Le verdict est tombé, mercredi 4 février. D’une sévérité sans précédent. Ahmed Douma, un révolutionnaire de gauche, a été condamné à la prison à vie, avec 229 coaccusés, pour « rassemblement illégal », « possession d’armes », « troubles à l’ordre public », « vandalisme » et « incitation à la violence ». Trente-neuf mineurs ont également été condamnés à 10 ans de prison. Ces militants libéraux étaient accusés d’avoir pris part à des affrontements entre forces de sécurité et manifestants devant le siège du gouvernement au Caire, en décembre 2011, faisant 18 morts. Ils ont également été condamnés à une amende collective de 17 millions de livres égyptiennes (2 millions d’euros) pour les dégâts occasionnés par l’incendie à l’Institut d’Egypte dans lequel ont été détruits des livres et manuscrits rares, datant notamment de la période napoléonienne.
... http://www.lemonde.fr/afrique/article/2 ... uYOpiaO.99


Perpétuité pour 230 militants de la révolution
Ahmed Douma, une des figures les plus emblématiques de la jeunesse révolutionnaire égyptienne, et 229 autres militants ont été condamnés à la prison à vie le 4 février par un tribunal du Caire.
http://www.courrierinternational.com/ar ... revolution


Répression : 230 militants anti-Moubarak écopent de prison à vie en Egypte
Les condamnations à mort et à de longues peines de prison se multiplient, depuis la chute de Mohamed Morsi, dans des procès de masse expéditifs.
... http://www.liberation.fr/monde/2015/02/ ... ie_1195489
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 22 Fév 2015, 02:01

Egypte : Un étudiant condamné à un an de prison pour avoir prôné l'athéisme sur Facebook

Un tribunal égyptien a condamné un étudiant à un an de prison pour avoir «dénigré» l'islam et «prôné» l'athéisme sur Facebook, a indiqué mercredi à l'AFP une source judiciaire.

Le tribunal correctionnel de la ville d'Ismaïlia (nord-est) a rendu son verdict lundi, a précisé un responsable du tribunal, indiquant que l'étudiant peut payer une caution de 1.000 livres (environ 115 euros) pour être remis en liberté conditionnelle en attendant son procès en appel. L'étudiant en lettres de 21 ans a été condamné pour avoir «dénigré l'islam» et «prôné l'athéisme», selon la même source.

... http://www.20minutes.fr/monde/1544283-2 ... e-facebook
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 12 Mar 2015, 01:50

Un étudiant égyptien condamné pour athéisme

«Es-tu athée ?» demande un policier lors de l’interrogatoire. Karim Ashraf al-Banna, un étudiant en ingénierie de 23 ans originaire de la province de Baheira, avoue : «Oui, je suis athée.» En novembre, Karim a été arrêté, détenu cinquante-cinq jours, puis libéré sous caution, avant d’être condamné début janvier à trois ans de prison pour «insulte aux religions».

... http://www.liberation.fr/monde/2015/03/ ... me_1217498
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Re: Egypte

Messagede Lila » 25 Mar 2015, 20:58

Trop fort !!

La poétesse et militante Shaimaa el-Sabbagh, tombée sous les balles de la police lors de la commémoration de la révolution égyptienne le 25 janvier dernier, n’aurait pas succombé si elle avait été « moins maigre », d’après les conclusions des médecins légistes. C’est donc de sa faute si les balles l’ont transpercée.

Jusque dans la mort, le corps des femmes est une cible intarissable.

L’indécence des autorités égyptiennes ne connaît aucune de limites. Ces hommes qui détiennent tous les pouvoirs, n’ont aucune honte. Totalement affligeant, révoltant,.. !

à lire : https://sanscompromisfeministeprogressi ... e-sa-mort/
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 04 Mai 2015, 11:04

Egypte : Atteinte au droit de grève au nom de la Charia

La haute cour administrative égyptienne a décrété que la grève du fonctionnaire sur son lieu de travail peut être sanctionnée par une mise à la retraite anticipée ou l’interdiction de promotion « conformément à la charia islamique ». Un jugement qui a provoqué une vive polémique.

La décision de la haute cour administrative a été condamnée par l’Union des syndicats ouvriers égyptiens qui y voient une atteinte à un droit constitutionnel. L’article 15 de la Constitution adoptée par référendum en 2014 précise en effet que « la grève pacifique est un droit règlementé par la loi ».

Mais la haute cour, elle, a estimé que la grève des fonctionnaires porte atteinte aux intérêts de la communauté et que conformément à la charia islamique c’était un crime. Elle s’est basée sur l’article 2 de la même Constitution qui précise que « les principes de la charia sont la source principale des lois ».

Selon les experts, le jugement de la haute cour administrative est sans recours, sauf devant la Cour constitutionnelle. En attendant, des milliers de fonctionnaires et d’ouvriers poursuivis administrativement pour s’être mis en grève pourraient être immédiatement sanctionnés. Une situation qui pourrait provoquer une explosion de colère des travailleurs selon les milieux syndicaux.

Source : RFI

http://www.afriquesenlutte.org/afrique- ... t-de-greve



Répressions en Rafale en Egypte
La France a enfin trouvé un client pour l’avion de chasse de Dassault : l’Egypte... dont le régime est aujourd’hui décrit comme l’un des plus répressifs de la planète.
... http://survie.org/billets-d-afrique/201 ... gypte-4943
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 08 Mai 2015, 11:45

Egypte. «Protester est un droit». Le retour des protestations ouvrières ?

La fumée blanche qui s’échappe habituellement des longues cheminées de l’usine de Ciment Tora, donnant sur le Nil, a disparu. Si c’est une bonne nouvelle pour les habitants du quartier qui la considèrent comme une source de pollution, pour les ouvriers, c’est une autre histoire.

La grogne et la détresse sont à leur comble parmi les quelque 1000 ouvriers qui poursuivent leur sit-in entamé depuis un mois, le 29 mars. Motif de la protestation: le refus de l’administration de l’entreprise, possédée à 65% par la multinationale italienne Italcementi, qui détient aussi Suez Ciment et Ciment Hélouan, de verser aux ouvriers leurs parts des profits annuels.

... http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... ieres.html
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