Tous candidats !Quand une « rentrée politique », comme il est désormais convenu de l’appeler, coïncide avec la campagne pour les élections primaires, il ne faut pas espérer échapper au matraquage médiatique. Peut-on en profiter pour examiner ce qui, sous l’écume des jours, petits potins et péripéties de l’actualité politique, relève de ce que les historiens appellent le « temps long » ? En politique aussi, malgré les apparences, il en est un. Face à ces primaires entamées à droite, puis à gauche, on ne sait s’il faut s’étonner de l’abondance des candidatures ou bien du fait qu’on y retrouve toujours les mêmes têtes. Les deux constats paraissent antinomiques tant le premier semble constituer une ouverture de la compétition politique — aujourd’hui treize à tables pour la primaire Les Républicains (LR) — et le second, son verrouillage.
Signe particulièrement éclatant de cette continuité, une seule femme est candidate (Nathalie Kosciusko-Morizet), laquelle n’est même pas encore sûre de pouvoir se présenter, faute de parrainages suffisants. La professionnalisation est encore accentuée, avec uniquement des politiciens professionnels, même lorsqu’ils ont moins de 40 ans : anciens présidents, anciens premiers ministres, anciens ministres, élus — bref, des gens qui n’ont jamais rien fait d’autre que de la politique. On subodore déjà qu’à la fin l’impression de « déjà-vu » l’emportera. Sans doute l’hypothèse d’un remake Hollande-Sarkozy plane-t-elle comme une ombre inquiétante. Revanche pour les optimistes, farce pour les autres. Sauf que dans ces événements de l’histoire qui, selon la phrase célèbre de Marx, se répèteraient deux fois, la première comme tragédie, la seconde comme farce, on ne sait plus très bien aujourd’hui comment distinguer l’une de l’autre.
Inflation des candidatures, faux-semblant démocratique
Mais le retour de candidats connus jette un trouble plus profond : peut-on encore parler de « souffle démocratique » comme on le disait autrefois des élections ? L’institution d’un scrutin primaire semblait vouloir répondre à cette inquiétude. Elle procèdait surtout d’un défaut de leadership, en cherchant à introduire une sélection plus démocratique que celles des partis depuis 2006. En termes strictement chiffrés, une sélection par un corps électoral de quelques millions d’électeurs, cela paraît tellement plus légitime que le vote de quelques milliers d’adhérents — et en réalité de quelques dizaines d’apparatchiks tireurs de ficelles. La prolifération des candidatures aux élections primaires est malgré tout limitée par l’imposition du parrainage interne d’élus. Pour ceux qui s’affranchissent de cette étape des primaires, les candidatures à l’élection présidentielle ont vu les conditions originelles d’un soutien se durcir, passant de cent signatures à cinq cents ; récemment, l’obligation de publier l’intégralité de parrainages complique encore la tâche des prétendants (lire « Une réforme des sondages à l’arraché »). Comme celle de Jean-Luc Mélenchon qui n’aurait, à l’heure actuelle, obtenu que deux cents signatures sur les cinq cents exigées. En menaçant d’ôter les investitures à leurs élus indisciplinés, les partis resserrent leur contrôle.
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http://blog.mondediplo.net/2016-09-08-Tous-candidatsConcours réactionnaire, vers un système qui va vers la casse de ce qui pouvait exister en peu de droits, pour le bonheur des exploiteurs, et en paix sociale forcée par la terreur d'Etat.
Fillon promet d’envoyer la gendarmerie à ceux qui s'opposent à son choc libéral Invité ce lundi 5 septembre par des associations libérales, le candidat à la primaire de la droite promet, s'il est élu président de la République, d’envoyer aux entreprises un « signal très fort ». Aux forces de résistance et autres syndicats « arc-boutés sur leurs acquis », il opposera la gendarmerie.
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