Les appels aux syndicats se multiplient pour que ceux-ci, non seulement se désolidarisent des "casseurs" - termes redevenus à la mode et repris systématiquement sans états d'âme par les médias - mais aussi collaborent avec la police.
Valls, entre autre, décrit sa manifestation idéale :
"Quand on organise une manifestation elle doit être encadrée, organisée, maîtrisée et à l'évidence aujourd'hui cette organisation et cette maîtrise n'existent pas"
On demande une autorisation, on discute du parcours, on défile en le sécurisant avec un S.O bien musclé pour éjecter tous les "casseurs" potentiels - de mon temps, c'était les cheveux longs qui dénonçaient le trublion aux forts de halles de la CGT -, et on rentre chez soi.
Et on attend que ses "représentant-es" votent la foutue loi après un "débat démocratique". Les règles ont été respectées et tout est dans l'ordre des choses. Les manifestant-es ont manifesté et les élus ont décidé.
Mais il y a des "bandes de casseurs organisés ou des militants anarchistes et d'ultra-gauche venus pour une seule chose : casser ou en découdre avec les forces de l'ordre" (Ouest France, mais pas que)
Pire, peut-être, ils sont en train de foutre en l'air toute la com mise en place sur la police-qui-nous-protège-des-terroristes et qui avait pour but de réconcilier le bas peuples avec ses gardes chiourmes.
"Tout le monde déteste la police" est " un de leur slogan préféré". (C'est un de ceux qui a été le plus repris et pas que par les "anarchistes"). Le problème, c'est qu'il existe une différence entre un fanatique et sa ceinture d'explosif et un-e manifestant-e armé-e d'un pavé et que les buts ne sont pas tout à fait les mêmes. Face à un terroriste, le policier fait son boulot de protection de la population. Face à une manifestation comme celles contre la Loi Travail, il protège le pouvoir et le patronat. La question est de savoir au service de qui et de quoi il est. C'est un syndicaliste de Solidaires sur France Info qui donnait la réponse (de mémoire)
"Vous appelez des manifestants des casseurs, mais eux (les flics), armés, bottés, casqués, vous les appelez comment? C'est la milice du patronat"
Mais dit la désinformation, les "casseurs" n'ont pas de causes, si ce n'est détruire et affronter la police. La preuve, nous dit OF en reproduisant le texte ci-dessous
"Reprenons ce qui nous revient de droit, occupons la rue". Souvenez-vous Raffarin lors de la réforme sur les retraites : "Le Parlement doit décider, la rue doit défiler, mais ce n'est pas la rue qui gouverne". Et non seulement elle ne gouverne pas, mais elle ne nous appartient pas. Il nous faut une autorisation pour y descendre et l'occuper pendant un laps de temps fixé par les autorités.
Je défends souvent les tactiques qui utilisent des méthodes de confrontations directes et de destructions de biens, non pas parce que j'aime la posture "insurrectionnaliste" mais parce qu'elles mettent le doigt (ou le pavé) sur des points sensibles. Elles le font souvent de manière souvent maladroite et il existe un réel danger "d'élitisme (pseudo) révolutionnaire". Péter la vitrine d'une banque est certainement plus jouissif que distribuer un tract à la sortie d'une usine mais ni l'un ni l'autre n'est une fin en soi.
La vérité est sans doute que nous ne savons pas comment faire la révolution. Nous avons bien chacun-e un modèle en tête, mais il nous échappe devant les situations que nous présentent la réalité. Aucun ne colle vraiment. En fait, nos reproduisons la notion de l'ordre, d'une conception organisée du monde, celle avec d'un côté un prolétariat et de l'autre un patronat, celle d'un peuple face à un pouvoir. etc.. Or, la réalité ignore nos concepts, même si des modèles politiques ont réussi un temps à faire plier cette réalité pour la faire entrer de force dans son cadre, comme Valls veut faire rentrer sa conception de manif dans les réalités de la rue, qui doit être "encadrée, organisée, maîtrisée". Tout un programme politique. Et s'y opposer est aussi un (début) de programme politique.
P.S J'ai vu après le lien d'Alex mis dans le "chat" (il aurait été mieux ici)
Manifestation à Paris : des "casseurs" ? Oui, mais ils n'étaient pas assoiffés de sanghttp://leplus.nouvelobs.com/contribution/1509419-manifestation-a-paris-des-casseurs-oui-mais-ils-n-etaient-pas-assoiffes-de-sang.html