Masculinistes en manoeuvre et anti-masculinistes en lutte


Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede ivo » 19 Fév 2013, 09:41

Papa sur la grue : la thèse du lobby "masculiniste" ?
>>>
http://www.franceinfo.fr/justice/papa-s ... 2013-02-18

SOS Papa, une association masculiniste qui milite contre le droit des femmes ?
>>>
http://www.huffingtonpost.fr/2013/02/18 ... ref=france
.^o GRAVOS MC ° SC1 ° SC2
ivo
 
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Nyark nyark » 19 Fév 2013, 20:21

09h15 le neuf-quinze

Et puis le papa parla

BFM avait adopté un papa. Et tous les médias avec elle. On ne savait pas très bien comment l'appeller. Un père retranché ? Un papa perché ? Comment appelle-t-on un papa qui est monté en haut d'une grue pour demander à voir son enfant ? Tout le week-end, les journalistes de permanence balançaient. Ce n'est pas tous les jours qu'il faut inventer un mot, un titre, le jingle du week-end. D'autant qu'on passait tout le week-end, avec ce papa perché, en haut de sa grue, dont on ne voyait que la silhouette, et la banderole: "Benoit, 2 ans sans son papa". Même le Premier ministre s'en mêlait, qui ordonnait à ses ministres de recevoir sans délai les amis du papa perché. C'est tellement triste, un papa perché. Il fallait qu'il soit bien malheureux, ce papa, pour passer son week-end sur une grue avec BFM, faute de le passer avec Benoit.

Arriva le lundi. Le papa allait descendre de sa grue. BFM n'en pouvait plus d'attendre de le voir de près, le papa. Elle parlait d'autre chose, du déficit, de la viande de cheval, mais gardait un oeil sur ce papa perché, dans sa grue en bas à droite de l'écran, en attendant l'événement considérable de le voir descendre, marche après marche.

Image

Le papa toucha terre. Et puis, le papa parla. Et il dit des mots étonnants. Il dit que les papas pourraient bien s'énerver. Pas lui-même, n'est-ce pas, parce que "je suis un gentil papa". Mais les autres. Il y avait donc, quelque part, des papas énervés ? Et il dit des mots plus étonnants encore: "les femmes qui nous gouvernement se foutent de la gueule des papas". Aucun des reporters qui l'entouraient ne sembla entendre. On se pinça. Ce n'étaient pas les mots du gentil papa privé de son enfant, avec qui on avait passé le week-end. Le papa d'en bas ne ressemblait pas du tout au papa d'en haut. Avait-on bien entendu ? Il continuait: "Ces bonnes femmes croient toujours qu'on peut pas changer une couche d'un gamin..." On avait bien entendu. Mais pas BFM, qui aimait toujours le papa qu'elle avait adopté.

Bizarrement ce papa ne semblait pas aimer beaucoup les mamans en général. Et non seulement les mamans, mais les femmes en général. Y compris les femmes ministres. Mais alors, si ce papa n'aimait pas les femmes qui voulaient changer seules les couches des enfants, et s'il n'aimait pas non plus les femmes ministres (qui sont très occupées, et donc certainement très heureuses de laisser les papas changer les couches des enfants), quelles femmes aimait-il ? On repensait à un article publié par Le Monde dans l'après-midi, et qui disait des choses pas très gentilles (1), sur les amis canadiens de ce papa-là. On se demandait s'il n'y avait pas un loup, derrière ce papa là.

Certains clients de courrier électronique bloquent l'accès direct aux liens. Aussi, vous trouverez ci dessous et en clair l'ensemble des adresses web de ce présent message :

(1) http://abonnes.lemonde.fr/idees/article ... _3232.html

Daniel Schneidermann
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Pïérô » 20 Fév 2013, 00:31

communiqué d'AL, Commission Antipatriarcat

Pour être entendu-es, grimpons aux grues

Un père condamné pour enlèvement d’enfant (il a enlevé son fils deux fois) et violence, http://patricjean.blogspot.fr/2013/02/n ... e-une.html, est perché sur une grue du port de Nantes depuis vendredi matin. Il dénonce une prétendue discrimination des pères dans la possibilité de voir leurs enfants après un divorce. Il a été brièvement rejoint par un père militant de SOS Papa et SVP Papa, associations masculinistes, http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle2189. SOS Papa soutient l’action en cours.

Le coeur de l’idéologie des masculinistes à propos du divorce est que « c’était mieux avant », quand les femmes restaient sagement à la maison et ne demandaient pas le divorce, laissant les hommes tranquilles. En général, ces hommes défendent l’idée que les femmes ont pris le dessus dans la société et sont favorisées dans tous les domaines. Et donc, qu’elles sont favorisées dans l’attribution des droits de garde aux enfants en cas de divorce… ce qui est faux : http://lesactualitesdudroit.20minutes-b ... -quoi.html.

La réalité des chiffres (en 2003), http://www.justice.gouv.fr/art_pix/1_infostat93.pdf, c’est que seulement 10% des divorces sont tranchés par le juge, et que c’est seulement dans 2% des cas qu’il a à se prononcer sur la résidence. Qu’il attribue à 72% aux femmes. Mais si la rupture est conflictuelle, on peut imaginer que les cas de violence « conjugale » sont regroupés là.

Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes maintenant premier ministre, a demandé à deux de ses ministres de recevoir prochainement l’association SOS Papa et d’autres associations équivalentes. Un antiféministe, un macho (par ailleurs expérimenté et qualifié en travaux en hauteur) monte sur une grue… et le gouvernement se couche, lui propose des solutions et lui sonne rendez-vous avec des ministres !

Travailleur et travailleuses bientôt licencié-es, trouvez donc quelques grues et vous aurez l’oreille des socialistes ; ami-es syndicalistes qui dénoncez l’accord du 11 janvier, perchez-vous et on vous écoutera !

Alternative libertaire
http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5199
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Pïérô » 21 Fév 2013, 00:44

« Cause des pères » ou offensive masculiniste ?

Ce weekend ont eu lieu à Nantes des actions que les médias attribuent aux militants de la « cause des pères » et que nous qualifions de masculinistes (1). Nicolas Moreno, l’un des deux « pères en colère », vit à Romans-sur-Isère et s’est déjà illustré par des actions devant les tribunaux de Valence et Grenoble...

Vendredi 15 février 2013, Serge Charnay, un homme de 42 ans, monte sur une grue des anciens chantiers navals de Nantes, où il déploie une banderole sur laquelle on peut lire « Benoit, 2 ans sans papa ». Samedi 16 février, Nicolas Moreno, membre des associations de « droits des pères » SVP papa et SOS papa escalade lui-aussi une grue et déploie deux banderoles « pères en galère, pères solidaires » et « père un jour, père toujours ». Il descendra quelques heures plus tard, alors que Serge Charnay sera resté quatre jours sur son perchoir, après avoir tagué l’inscription « sauver nos enfants de la justice ». Ces deux pères estiment être privés de leurs enfants, victimes d’un pouvoir judiciaire qui détruirait les pères.

Derrière la « cause des pères » : le mouvement masculiniste.

Les revendications émises, les slogans utilisés et les associations mobilisées autour de ces événements ne laissent planer aucun doute : reprenant à l’identique les modes d’actions de l’organisation « Fathers 4 Justice » (2), la branche française du mouvement masculiniste effectue là ses premières actions spectaculaires. Le masculinisme est un mouvement organisé d’hommes hostiles à l’émancipation des femmes, souhaitant conserver leurs privilèges et leur position de pouvoir au sein de la société. Leurs thèmes de prédilection sont les droits des pères, les violences faîtes aux hommes et la crise de la masculinité. Les masculinistes estiment que les hommes sont victimes d’une société où les femmes auraient pris le pouvoir. Les actions de Nantes n’arrivent bien évidemment pas au hasard. Elles sont l’expression de la stratégie politique de ce mouvement. L’occupation des grues tombe quelques jours avant l’examen de la loi sur la résidence alternée, alors que les associations de pères divorcés pratiquent depuis des années un intense lobbying pour rendre celle-ci obligatoire. Par ailleurs, mercredi 20 février aura lieu, toujours à Nantes, une manifestation organisée par SVP papa. Les coups d’éclats de ce weekend permettent à cet événement plutôt confidentiel d’être amené sur le devant de la scène. Les masculinistes passent donc à l’offensive, médiatiquement et politiquement.

Les complaisances médiatique et institutionnelle

Ceux-ci rencontrent un énorme écho dans les médias nationaux, qui ont tous largement relayé les évènements de ce weekend. Les thèmes des « droits des pères », des « pères en colère » ou encore de « la cause des pères » se retrouvent ainsi propulsés à la une. Comme pour le colloque de SOS hommes battus il y a quelques mois, qui n’a rassemblé que quelques dizaines de personnes, la couverture médiatique est surdimensionnée. Cela nous prouve une fois de plus que les hommes qui se plaignent bénéficient instantanément d’un large soutien, sous couvert d’ « originalité ». Les actions ont aussi bénéficié d’un fort soutien institutionnel. Christian Galliard de Lavernée, préfet de Loire-Atlantique, a ainsi passé quelques coups de téléphone au président du Tribunal de Grande Instance pour s’assurer que le dossier de Serge Charnay bénéficierait d’une requête expresse. Le préfet a aussi indiqué qu’il ne ferait pas intervenir les forces de l’ordre. Des personnes en lutte contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame Des Landes ou des féministes qui protesteraient contre les violences faîtes aux femmes auraient-elles bénéficié d’autant de mansuétude de la part de Monsieur Galliard de Lavernée ? Enfin, le premier ministre Jean-Marc Ayrault, attiré par tant d’agitation dans « sa » ville, a demandé aux ministres de la Justice et de la Famille de recevoir SOS Papa chose qui fût faite dès Lundi 18 février. Ces larges soutiens médiatiques et politiques, nous montrent de manière consternante que le masculinisme est bien une facette de l’idéologie ambiante.

Les réalités sociales sur l’implication des pères

En réponse, rappelons simplement quelques réalités sociales. Lorsque certains pères se plaignent que « dans 80% des séparations, c’est la mère qui obtient la garde des enfants », ils oublient de dire que cela est à la demande des deux parents. Autrement dit, l’écrasante majorité des pères divorcés s’accomodent très bien de ne pas avoir à s’occuper de leurs enfants (nombreux d’ailleurs sont les pères revendicateurs qui se « découvrent » pères au moment du divorce, après avoir été très peu impliqués dans l’éducation des enfants auparavant). Dans les cas restants, quand il y a litige, celui-ci porte sur le montant de la pension alimentaire, que les pères trouvent trop élevé. Rappelons aussi que la résidence alternée est loin d’être la solution idéale qu’on nous dépeint, en particulier dans le cas de pères violents ou incompétents. Quant à savoir si, au final, dans le nombre infimes de pères de bonne foi qui auraient pû être « lésés », la Justice a agi de manière injuste, c’est fort possible. C’est aussi le cas lorsque des femmes violées doivent démontrer que ce ne sont pas elles les coupables. Elles sont des dizaines de milliers en France, quand les pères mécontents représentent tout au plus quelques centaines de personnes. La justice est effectivement sexiste, comme le reste de la société. Mais n’inversons pas les rôles : la « cause des pères » est, avant tout, la réaffirmation du pouvoir des hommes sur les femmes, les enfants, et l’ensemble de cette société.

Serge Charnay et Nicolas Moreno : des cas d’école des pères revanchards.

A titre indicatif, même s’il n’est pas indispensable de s’arrêter sur chaque cas personnel, il est intéressant de se pencher sur l’histoire de ces deux « pères en colère ». Pourquoi n’ont-ils pas la garde de leurs enfants ? Qu’ont à dire leurs ex-compagnes ? Des questions que peu de monde a pris la peine de se poser jusqu’à maintenant... Serge Charnay avait perdu le droit de garde, le droit de visite ainsi que l’autorité parentale (fait rarissime) après avoir disparu pendant deux mois et demi avec son fils, suite à un enlèvement perpétré avec violence. Il a pour cela été condamné à quatre mois de prison ferme. Il demande aujourd’hui l’annulation pure et simple de ces diverses décisions de justice. Nicolas Moreno est un plutôt un habitué des actions militantes de « droits des pères » : après une grève de la faim de trois semaines devant le tribunal de Valence, il organisait avec SVP papa un rassemblement devant tribunal de Grenoble le jour du procès où, en appel, il demandait la garde principale de ses enfants. Accusé par son ex-compagne de violences conjugales et maltraitance (accusations qu’il récuse), il ne supporte pas le fait que celle-ci ait choisi de déménager loin de chez lui. Rappelons enfin que l’association SOS papa, qui soutient l’action de Serge Charnay, propose aux pères divorcés des conseils juridiques pour payer moins de pension alimentaire ou faire réviser les jugements, y compris pour les hommes reconnus coupables de violences sur leur ex-conjointe ou sur les enfants.

Contrer ce mouvement dangereux dès maintenant !

A travers les actions de ce weekend et l’écho tristement favorable qu’elles ont rencontré, nous avons affaire à une montée en puissance du mouvement masculiniste. Il n’est pas étonnant de constater que celle-ci s’effectue par le biais de la « cause des pères », qui constitue un cheval de Troie particulièrement efficace. Il est de notre devoir de répondre immédiatement à cette percée et de stopper les avancées de toute idéologie réactionnaire, ce à quoi nous nous employons déjà. Pour nous aider, merci de faire circuler largement ce communiqué.

Collectif Stop Masculinisme, mardi 19 février 2013.

(1) Pour des précisions sur le mouvement masculiniste que, pour des raisons de place et de compréhension nous ne développerons pas ici, lire les brochures « Contre le masculinisme, petit guide d’autodéfense intellectuelle », « Un mouvement contre les femmes. Identifier et combattre le masculinisme » ou encore « La percée de la mouvance masculiniste en Occident », disponibles sur le site http://lgbti.un-e.org. Lire aussi l’ouvrage de Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri « Le mouvement masculiniste au Québec, l’antiféminisme démasqué », aux éditions Remue-ménage, 2008.

(2) Organisation anglo-saxonne de « droits des pères » particulièrement virulente, dont un des modes d’actions favoris consiste à escalader et occuper des bâtiments publics.

http://grenoble.indymedia.org/2013-02-2 ... -offensive
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Pïérô » 26 Fév 2013, 11:57

Rennes, ce mercredi

Projection du documentaire : « In Nomine Patris »

Mercredi 27 février à 19h00 au Papier timbré (39 rue de Dinan – Rennes)

« In nomine patris » un documentaire réalisé par Myriam Tonelotto et Marc Hansmann. Il est constitué essentiellement de témoignages d’hommes qui ont des approches diamétralement opposées : antiféministe/proféministe.

A travers cette distinction, le film vise à montrer comment certains pères affirment parler Au nom des pères pour agir contre les droits des femmes et les féministes. Bien qu’ayant été produit il y a quelques années, ce documentaire permet d’expliquer et de critiquer les événements survenus récemment dans des grues à Nantes. Il est une forme d’introduction critique sur les mouvements masculinistes que forment des associations comme SOS Papa ; associations activent également à Rennes et qui travaillent à saper l’égalité sociale avancée par les féministes.


Image

http://www.rennes-info.org/Projection-d ... entaire-In
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede bipbip » 10 Mar 2013, 11:30

Article dans Basta-mag

Sexisme
« La cause des pères : une stratégie pour faire passer une idéologie misogyne »

Par Nolwenn Weiler (6 mars 2013)

L’occupation par deux hommes d’une grue, à Nantes, mi-février a fait connaître les revendications de pères divorcés « désespérés de ne pas voir leurs enfants ». Une revendication reprise en boucle et sans aucun recul par nombre de médias. Or, cette action s’inscrit dans une stratégie bien précise de mouvements appelés « masculinistes ». Qui sont-ils ? Quels sont leurs objectifs ? Décryptage avec Patric Jean, cinéaste et réalisateur du documentaire « La domination masculine ».

Basta ! : D’où vient le mouvement masculiniste ?

Patric Jean [1] : Les premiers masculinistes sont apparus à la fin du 19ème siècle, à un moment où l’on adulait moins la force masculine, à cause de l’arrivée des machines qui la remplaçaient. Cela a entraîné une crise d’identité de l’homme viril. Actuellement, certains hommes, comme les masculinistes, se sentent mis en danger par le fait que les femmes prennent davantage de place. Chaque fois que les femmes avancent, ou que les homosexuels marquent des points, ils se manifestent. C’est la conséquence directe du récent renouveau féministe en France, et des nouveaux droits que sont en train d’acquérir les homosexuels. C’est comme le ressac d’un mouvement d’émancipation. On pourrait comparer cette idéologie au racisme, qui va du gars au coin du bistrot qui dit du mal des ouvriers noirs ou arabes, aux thèses plus élaborées des partis de droite. C’est bâti sur la peur de l’autre, la haine de l’autre. Pour les masculinistes, c’est le même processus : cela va de ce lui qui tient des propos misogynes sur sa femme entre collègues jusqu’à l’idéologie masculiniste. C’est du sexisme, qui se structure différemment selon les personnes et les endroits. Les masculinistes sont par ailleurs souvent racistes, et ultra-libéraux au niveau économique. Ils détestent l’État qu’ils associent à l’image d’une mère toute puissante.

L’action menée à Nantes mi-février, par des « pères désespérés », installés en haut d’une grue, s’inscrit-elle dans cette nébuleuse ?

On retrouve dans l’action de Nantes, les mêmes expressions que celles employées au Québec par les mouvements masculinistes : « Dans 80% des cas, ce sont les mères qui obtiennent la garde des enfants ». On retrouve aussi le même V de la victoire en fin d’action. L’association SOS papa, qui a soutenu les deux pères, fait partie des références des masculinistes québécois. En 2007, les Québécois étaient montés sur des ponts pour dénoncer les mêmes injustices. Mais avaient commis l’erreur d’entraver la circulation, ce qui leur avait mis la population à dos. En prenant soin de choisir des grues désaffectées, les Français ont amélioré le procédé. Tout cela était bien organisé et très préparé. Rien à voir avec l’acte désespéré d’un père en souffrance, comme on a pu l’entendre en boucle sur les médias.

Pourquoi ces hommes ont-ils bénéficié d’une telle audience médiatique ?

On peut déplorer que les journalistes n’aient pas pris la peine d’aller voir le site de ces militants, ce qui leur aurait permis de comprendre tout de suite à qui ils avaient à faire. Ils n’ont pas non plus vérifié les chiffres donnés par ces pères sur les gardes d’enfants. Celles-ci sont au profit quasi-exclusif des mères, pour la simple raison que les pères réclament moins cette garde ! Si ces messieurs ont été si vite et si bien écoutés, c’est que la société dans laquelle ils s’expriment est prête à accueillir leur parole. Les idées masculinistes vont dans le sens de notre culture, toujours structurellement misogyne, sexiste et prête à écouter n’importe quel idiot se plaindre des femmes. Imaginons un seul instant que des féministes soient montées sur une grue pour dénoncer les violences conjugales, qui pour le coup sont bien réelles. On aurait dit : qui sont ces hystériques extrémistes qui montent sur une grue ? Elles n’auraient pas eu 1/10ème de l’attention accordée à ces hommes. A moins qu’elles n’y soient montées nues, évidemment.

Les difficultés évoquées par les pères concernant les gardes d’enfants, au moment des séparations, sont quand même bien réelles, non ?

Il y a évidemment des situations malheureuses, mais elles sont très rares. L’exemple du Québec est parlant. On a là-bas des chiffres précis, puisqu’en cas de divorce, les couples sont tenus de passer devant un médiateur. Dans 80% des cas, la situation a déjà été négociée à l’amiable quand les parents se présentent devant le médiateur. Dans la grande majorité des autres cas, une solution est trouvée lors du second rendez-vous avec le médiateur. Seuls 4% des cas posent vraiment problème, alors que 96% des séparations ont été gérées à l’amiable. Les vraies guerres sont très rares. Une étude qui vient d’être publiée en Belgique démontre à nouveau que l’immense majorité des pères ne veulent pas de la garde alternée. Nous sommes dans des sociétés où la quasi-totalité des tâches parentales et domestiques sont dévolues aux femmes. Les hommes l’ont bien compris ! Ils savent qu’une garde alternée, cela signifie gérer au quotidien les petites maladies, les absences du bureau... Ils préfèrent clairement ne pas s’occuper de ces soucis ! Et se contentent de ne voir leurs enfants qu’un week-end sur deux, voire moins encore.

Alors, pourquoi ces actions de « pères désespérés » ?

C’est une vitrine, tout simplement. Les masculinistes québécois, qui sont en contact avec une association telle que SOS papa, me l’ont dit eux-mêmes, hors caméra : c’est de la pure stratégie pour faire passer leur idéologie misogyne, qui considère que les avancées vers l’égalité entre femmes et hommes sont une destruction du modèle social patriarcal auquel il faudrait revenir. D’ici quelques semaines, on aura droit à d’autres sujets dans les médias, qui n’ont rien à voir. Le suicide des hommes par exemple, avec toutes sortes de chiffres très tendancieux, que les médias iront – je l’espère – cette fois vérifier. Après, ce sera l’échec scolaire des petits garçons, avec l’accusation d’un système scolaire pensé pour les petites filles et qui pénaliserait les petits garçons. Ils vont comme cela égrener les thématiques.

Les deux hommes qui ont grimpé sur les grues à Nantes sont accusés de violences. Comment les masculinistes se situent-ils sur ces questions ?

Ils nient l’importance des phénomènes de la violence conjugale, de l’inceste et du viol, qui seraient des inventions des féministes. Ils sont de fervents défenseurs du « syndrome d’aliénation parentale » ou SAP. Ce concept a été inventé dans les années 80 par le psychiatre américain Richard Gardner, dans un contexte où de plus en plus de mères dénonçaient les pères abuseurs. Il s’agit de l’idée selon laquelle lors d’un divorce, la femme pousserait ses enfants à accuser faussement leur père de violences, afin de les en écarter. Ce syndrome n’existe pas. Il n’a été validé par aucune association psychiatrique dans le monde. Il est cependant fréquemment utilisé par les tribunaux. C’est une véritable catastrophe, qui sert de défense aux hommes accusés de violences conjugales ou d’agressions sexuelles sur leurs enfants.

Comment se prémunir, face à cette idéologie ?

Nous devons tous et toutes être vigilants au quotidien pour ne pas véhiculer de stéréotypes sexistes. Il faut aussi que les élus soient très attentifs. Depuis 2009, plusieurs propositions de lois ont été déposées par des députés de droite, directement inspirées de l’idéologie masculiniste. Nous savons que les membres de SOS papa ont été reçus plusieurs fois à l’Assemblée nationale. Certaines propositions prévoyaient de faire entrer dans la loi le syndrome d’aliénation parentale ! D’autres envisageent de rendre la résidence alternée obligatoire, ce qui rendrait plus difficiles les demandes de séparation des femmes qui ont des enfants, mais aussi la dénonciation d’éventuelles violences. Les échecs précédents n’empêcheront pas des élus de déposer de nouvelles propositions lors de la prochaine discussion à l’Assemblée nationale sur la famille.

Recueillis par Nolwenn Weiler
(@NolwennWeiler sur twitter)

Voir le blog de Patric Jean : http://patricjean.blogspot.fr/


Notes

[1] Patric Jean, cinéaste et réalisateur du documentaire « La domination masculine ».

http://www.bastamag.net/article2961.html
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Nyark nyark » 18 Mar 2013, 12:42

Lundi 18 mars 2013
La Fédération Anarchiste affiche au grand jour son discours masculiniste ?

Le Hors-série du Monde Libertaire de mars-avril 2013 sur l’éducation cache dans ses pages une perle du masculinisme français. Roger Dadoun, professeur émérite des universités et enseignant à Paris 7, nous gratifie d’une analyse crypto-freudienne du viol de DSK sur Nafissatou Diallo.

À grand renfort de théories fumeuses et de mots compréhensibles uniquement par des bac+12, il remet en cause le viol commis par DSK. Ses idées sont claires ; non seulement le viol n’en était pas un, c’était seulement une « frasque libidinale », mais il met en scène cet acte d’horreur avec des mots crus dignes d’un film pornographique. Sans rien envier à Éric Zemmour ou Alain Soral, il explique et justifie le viol par une soi-disant féminisation de la société et des hommes (qu’il nomme « hystérisation »). Les hommes vivraient des « hystères » ou moment d’hystérie qu’ils ne semblent pas pouvoir contrôler…

Le viol : Érotisation et Déni


« Ce n’est pas un viol, c’est une frasque libidinale » Roger Dadoun réussi un tour de force lorsqu’il nous parle du viol de DSK sur Nafissatou Diallo. Il débute son texte en affirmant que ce qui s’est passé ce jour là est on ne peut plus concret et précis ; c’était un « acte de fellation consommé » entre un client et une femme de chambre. Durant toute son explication, les mots « viol, violeur, rapport forcé, domination masculine, agression, victime, non-consentement, violence… » n’apparaissent dans le texte. L’agression sexuelle est même (re)qualifiée en « relation consommée, geste, rencontre ou circonstance inattendue, fellation incidente, prétendue agression sexuelle, frasque libidinale… » tandis que le violeur et sa victime sont appelé-e-s « protagonistes » ou « client » pour DSK, faisant planer le doute entre client de l’hôtel et client d’une prostituée. Dans cette atmosphère nauséabonde, pourquoi parler d’un viol sans le nommer ? Pour montrer qu’il n’existe pas.

Le fantasme du (faux) viol Le viol est décrit comme le fantasme d’un mauvais film pornographique. Le cadre d’une chambre d’hôtel est posé, « lieu de passage : règne de la passe ». Les mots « passe » et « client » relevant clairement du vocabulaire de la prostitution. Le personnel, homme et femme, a un « contact charnel constant indirect avec le client ». Dans le film de Roger Dadoun, « le client sort en nudité d’humeur légère de sa douche, à effet peu ou prou érotisant » et l’employée « pénètre » à ce moment dans la chambre (le doute laissant penser qu’en face de lui c’est une employée/prostituée qui joue sur la double facette de la soubrette sexy). Et là ce ne sont plus deux personnes, mais deux corps, selon l’auteur, qui vont faire une rencontre. Il les voit comme face à face, suspendus dans un « temps X » qu’il qualifie de mystérieux, et se demande « qui fait le premier pas ». Il se questionne sur leurs motivations concordantes, sur ce que font leurs mains, leurs têtes, leurs bouches. Puis « la femme suce le sexe de l’homme », quelques gouttes de sperme en sortent. Cela a a duré quelques minutes.

Dans son fantasme malsain, il érotise le viol. Il en fait un événement racontable sans aucune conséquence, à part celle de susciter l’excitation. L’homme sort de la douche, il est comme surpris par la situation. C’est la femme qui est active, qui pénètre et déclenche la scène par sa présence. La victime devient coupable et le violeur est une figure passive. Les rôles sont inversés : le viol se transforme en une jolie scène érotique où l’homme est surpris par une femme qui jouerait un rôle ambigu de soubrette/prostituée.

Un viol n’est pas une jolie scène érotique.
Faire croire que c’est joli, c’est le banaliser et l’accepter.

« Si c’est une prostituée, ça n’est pas un viol » DSK est vu comme un client, on ne sait s’il s’agit d’un client d’un hôtel ou d’une prostituée. Et si DSK est un client, Nafissatou Diallo n’était elle pas une employée/prostituée volontairement ambiguë ? Roger Dadoun utilise le doute sur le pseudo-rôle de prostituée pour faire douter de la pertinence et de l’évidence du viol. Si c’est sur une prostituée, est-ce vraiment un viol ? N’est-ce pas son travail ? Rappelons à l’auteur que la réalité n’est pas un mauvais fantasme de Canal+ et qu’une employée d’hôtel n’est ni plus ni moins que ce qu’elle paraît être : une employée d’hôtel. Rappelons lui encore plus fortement que sur une employée ou une prostituée, le viol n’est pas caractérisé par le travail de la victime, mais par l’acte du violeur.

Quand une femme ne dit pas oui, c’est non.
Quand une femme dit non, c’est non.

« Elle aurait pu se défendre » L’auteur ose même prétendre que vu sa stature, Nafissatou Diallo aurait pu repousser DSK (donc empêcher ce qu’il appelle sa « prétendue agression »). Elle est présentée comme une « femme forte », habituée aux travaux forcés et « en mesure de résister ». Pire, il se pose la question de son poids, qu’on aurait alors pu comparer à celui de DSK, afin de savoir si effectivement elle aurait pu le repousser… Le degré zéro de la réflexion est atteint. Nafissatou Diallo est présentée comme un stéréotype raciste de femme noire bien charpentée par le labeur domestique et « peut-être illettrée ». Cette question sur son poids est mysogine et anti-grosse ; si elle est trop mince, elle ne peut résister mais si son poids est suffisant, elle acquiert une position de force pour repousser l’agresseur. Tout est résumé à une domination physique, niant volontairement le conditionnement patriarcal que subisse les femmes sur la notion de consentement.

D’un acte précis au doute affirmé Alors que le début de l’article affirme cet acte comme « concret et précis », la teneur n’est plus la même dans les dernières lignes. Revirement de situation, l’auteur affirme alors que « seule une reconstitution bien ordonnée aurait permis d’apprécier la vraisemblance et l’adéquation des versions et vécus des deux sujets ». Bien sûr, organisons des reconstitutions avec le violeur et la victime, pour qu’elle revive une deuxième fois son viol. On aurait dû y penser avant…

Enfin, cet acte qui « n’est plus un viol » mais juste un « acte sexuel entre deux corps », est replacé dans un contexte plus large : Faut-il rappeler qu’à l’échelle de la planète, ce sont des torrents de sperme et autres sécrétions que l’hôtellerie envoie dans des bidets, lavabos et laverie ? Et oui, pour Roger Dadoun le contexte n’est pas celui d’un violeur en série qui a fait l’objet de plusieurs dénonciations (celle de Tristane Banon et d’une prostituée du Carlton de Lille pour les plus connues) mais il est noyé parmi tous les actes sexuels qui se passent régulièrement dans les hôtels (viols ou relations consenties, l’auteur ne pose même pas la question).

« A-t-elle vraiment voulu dire non ? » Mais la vraie question que se pose l’auteur est celle-ci : la victime a-t-elle vraiment voulue dire non ? Selon l’auteur, si elle l’avait fait, elle aurait pu, vu sa masse, repousser un homme qui n’aurait sans doute pas osé lui courir après dans les couloirs de l’hôtel à moitié nu. Il décrit le viol comme un acte isolé et spontané, comme une rencontre fortuite de deux corps dans l’espace. Il le vide ainsi de son contenu. Il nie la difficulté de dire « non » lorsque l’agression arrive. Il nie les autres agressions dont DSK est l’auteur.

Le viol est acte patriarcal dans toute son horreur, qui dépossède les femmes de leur autonomie et de leur corps, mentalement et physiquement. C’est un homme qui s’imagine qu’une femme ne peut lui dire non. Et que même si elle dit non, elle pense oui. Il faut juste la forcer un peu pour lui donner envie. Le désir n’a pas à être réciproque. L’appétit vient en mangeant comme on dit. Et si elle ne dit rien c’est forcément qu’elle était d’accord, qui ne dit mot consent. Sinon elle aurait fait en sorte pour ça s’arrête.

Le Discours Masculiniste

Après une première partie érotisante, Roger Dadoun affiche sa théorie masculiniste, celle déjà énoncée par Alain Soral ou Éric Zemmour. Si la société va mal, si les hommes peuvent commettre des « frasques libidinales » (autrement dit des viols), cela est dû à une raison : la féminisation (ou hystérisation) de la société.

Sous couvert d’une pseudo-théorie psychatrisante et néo-freudienne obscure, difficilement compréhensible, il développe l’idée que les hommes sont aujourd’hui plus souvent sujets à une « hystérisation des réactions », « imprévisibles et passagères » qu’ils ne peuvent contrôler. Et s’ils ne contrôlent pas ces moments « d’hystère », ils ne peuvent être ni condamnés, ni culpabilisés. Théorie déjà défendue par Marcela Iacub, journaliste-masculiniste de son état. Accusation envers les femmes, défense de l’ordre patriarcal et de ses privilèges, Roger Dadoun brille par son idéologie réactionnaire.

Néo-freudisme et féminisation de la société L’auteur recycle l’idée d’hystérie. Fortement connotée, cette notion signifie littéralement relatif à l’utérus, et reste dans les représentations collectives, une sorte de fureur agressive d’origine purement féminine. Ne dit-on pas d’ailleurs des féministes quelles sont des hystériques mal-baisées ?

Et bien cet état psychologique (qui selon Freud concerne autant les hommes que les femmes), toucherait aujourd’hui plus « les hommes que les femmes selon l’évolution sociale actuelle ». Mais l’auteur ne nous en dit pas plus sur ce qu’est cette prétendue évolution sociale, ni pourquoi elle toucherait plus les hommes que les femmes. Le mystère reste entier…

Par contre, il nous explique très bien comment elle s’incarne : par des comportements comme les mimiques, la gestuelle, les lapsus, les éclats, les mensonges allant jusqu’à des « bouffées asmathiques d’énergie libidinale » (admirez le vocabulaire et l’envolée lyrique). Là aussi, on se ne sait absolument pas pourquoi elle toucherait plus les hommes que les femmes, ni d’où vient cette théorie et quelles en sont les preuves.

Mais le fait est là : Roger Dadoun joue sur la représentation de l’hystérie comme comportement féminin qui serait une caractéristique aujourd’hui principalement masculine. Selon lui, il y a une inversion des comportements entre hommes et femmes. Il y a une perte des repères pour les hommes, qui développent des comportements « universels et caractérisés par les déplacements permanents de la libido », des réactions inattendues, brusques et limitées. Il y a là une justification de l’acte de DSK qui n’a pu contrôler « une envie sexuelle brusque » mais aussi une justification de toutes les formes de viol, puisque c’est un « phénomène psycho-social généralisé » et « universel ». Ce n’est pas seulement DSK qui n’a pas pu retenir son « hystère », ce sont aussi les autres violeurs qui n’ont pu se retenir d’un prétendu viol.

Mais d’où vient cet « hystère » ? Pourquoi les hommes en souffrent ? Roger Dadoun le dit du bout des lèvres ; de cette fameuse évolution sociale qui place les hommes dans des situations où ils ne peuvent plus se contrôler. Comme dans l’idée machiste disant que les femmes sont instables car incapables de se contrôler, particulièrement lorsqu’elles ont leurs règles, les hommes sont devenus des femmes souffrant de moments « d’hystère ». La féminisation des comportements les empêche de se contrôler et les pousse à commettre l’irréparable. Le « simple et fugitif hystère de l’homme DSK » se résume donc à une frasque s’emparant de son corps et que sa raison n’a pu maîtriser. Bref, il recycle le cliché machiste de l’homme ne pouvant contenir ses pulsions sexuelles.

Justification du viol et négation d’un acte patriarcal À aucun moment le viol n’est replacé dans son contexte : celui d’un acte purement patriarcal. Roger Dadoun ne fait que discourir sur la pseudo-souffrance du violeur et tait intégralement celle de la victime. Seul l’homme, ses sentiments, son ressenti et sa souffrance compte.

Il tente également de nous démontrer que le viol n’est pas la faute du violeur, parce qu’on est pas sûrE de ce qu’il s’est passé (Roger Dadoun n’a pas dû lire le rapport médical), parce que si vraiment la victime avait voulu dire non, elle l’aurait sans doute fait (il n’a jamais eu à dire non à une agression sexuelle) et que même si viol il y a eu, DSK a été emporté par ses émotions, il ne s’est pas rendu compte de ce qu’il faisait et donc on ne peut pas le condamner. Pire, si les hommes commettent ces actes, c’est parce qu’ils deviennent des femmes, ce sont donc les femmes elles-mêmes les fautives.

Le succès du discours masculiniste Déjà très connu au Québec, le mouvement masculiniste est incarné en France par des figures tantôt littéraire comme Michel Houellebecq tantôt politique comme Alain Soral ou Éric Zemmour.

Ces deux derniers se présentent comme des figures anti-conformistes et maudites (les tabous de la société les empêchent de s’exprimer) mais sont en fait largement popularisés par les médias (Internet, journaux, télé, radios…) et donc cautionnés par le pouvoir en place. Ils se revendiquent comme des « machos décomplexés ».

Éric Zemmour Éric Zemmour est le représentant d’une droite conservatrice et opposé au néolibéralisme. Son ouvrage, Le premier sexe, est un essai sur la prétendue féminisation de la société. Il fait son fonds de commerce sur une idéologie anti-mai 68 et réactionnaire.

Selon lui les femmes ont revendiquées la révolution sexuelle afin de devenir des hommes, dans leurs comportements et leurs manières de vire. Mais n’y étant pas parvenues, elles veulent transformer les hommes en femmes, d’où une fantasmatique féminisation de la société (on vivrait dans un monde quasi-matriarcal). Ajouté à cela un puissant discours homophobe où il considère « l’idéologie gay » comme étant l’un des principales facteurs de transformation des hommes en femmes.

Selon lui, les différences biologiques entre hommes et femmes sont insurmontables et l’on ne peut parler d’égalité mais de complémentarité. Il veut le retour à une société purement patriarcale, où l’homme est la figure dominante et toute puissante dont la sexualité agressive est revendiquée et les femmes cantonnées à leur rôle de mère et femme au foyer. Il rejette donc en bloc le féminisme, qui n’aurait apporté que des désagréments pour les hommes et oubli des valeurs viriles traditionnelles.

Alain Soral Alain Soral plaide aussi pour une féminisation de la société, mais avec une grille de lecture pseudo-marxiste. D’abord adhérent au PCF, puis au Front National, il a finalement fondé Égalité et Réconciliation, une organisation de gauche nationale au discours antisémite et négationniste (et donc en réalité nazi). Il se dit sociologue sans avoir jamais suivi de cours ni obtenu de diplôme mais utilise ce titre pour acquérir une autorité intellectuelle.

Selon lui, le féminisme bourgeois aurait volé le discours des femmes des milieux ouvriers. Il utilise une fausse distinction de classe pour faire croire à des revendications distinctes, niant les problèmes spécifiques tels que la contraception, l’avortement, le viol, les violences conjugales, la répartition des tâches…

Les féministes (bourgeoises) participent selon lui à la construction d’une société féminisée et comme chez Éric Zemmour, les différences biologiques sont le fondement de la catégorisation homme/femme (négation du conditionnement social). Les hommes sont naturellement plus musclés et forts et donc portés vers la violence, l’action, la chasse, tandis que les femmes sont des nées pour être femmes au foyer.

Il ajoute que le viol est une pathologie pure qui se caractérise par une grande violence (avec un couteau, à six dans un parking) mais que le reste est un acte ambigu qui tient à la « spécificité du désir féminin, qui avance masqué et se ment à lui-même » (la femme ne sait pas ce qu’elle veut, la majorité des viols sont des exagérations ou des désirs inavoués).

Roger Dadoun Roger Dadoun s’inscrit dans une logique différente, celle des « faux-amis ». De par ses fréquentations libertaires et de part son statut de prof de fac, tout porte à croire qu’il est « ami » des femmes et des féministes. Mais il utilise son pseudo-crédit intellectualo-gauchiste pour étaler sa répugnante idéologie masculiniste.

Pour cela, il fait semblant d’avancer masqué puisque son analyse ne se revendique pas ouvertement du masculinisme, contrairement à Zemmour ou Soral. Mais son article sur l’affaire DSK est clairement l’occasion d’une théorisation de son idéologie masculiniste. Il ne se contente plus de défendre les violeurs mais fait le même constat que les deux autres cités : une société de plus en plus féminisée (à cause des femmes bien sûr).

L’anarcho-patriarcat

La question d’un tel article dans un journal libertaire avec la plus grande audience et disponible dans presque tous les kiosques n’est une erreur de parution. Tout simplement parce que Roger Dadoun n’en est pas à son coup d’essai.

Sur son site internet ou dans le Monde Libertaire, il a déjà écrit plusieurs articles déplorables. Sur trois articles traitant de l’affaire DSK ou Polanski, il ne qualifie jamais les faits de viols, mais « d’acte ou relation sexuel-le ». Il discours beaucoup et sur tout (avec toujours un vocabulaire pornographique), mais jamais sur le viol en lui-même. Pour le nier, mais aussi parce qu’il n’a, en fait, rien à en dire. Selon lui, il n’y a pas eu viol, donc autant écrire sur autre chose (comme son article Anthropologie libertaire de la fellation).

Sa pensée s’affirme au fur et à mesure des articles. Pour Polanski, il s’était « contenté » de défendre un artiste tourmenté, marqué par le nazisme et le ghetto de Cracovie, puis rattrapé par une affaire de viol sur mineure. Pour l’affaire DSK, sa pensée nauséabonde s’est étoffée ; il ne défend plus seulement un violeur, il théorise et justifie le viol par une soi-disant féminisation de la société.

Un tel article dans les colonnes du Figaro serait problématique mais sans surprise. Dans celles du Monde Libertaire, cela pose la question de la place du féminisme au sein de la Fédération Anarchiste et plus largement du mouvement libertaire, mais aussi celle de la diffusion des idées masculinistes et donc de l’anarcho-patriarcat.


Une telle tribune n’est pas un acte isolé. Non seulement parce que Roger Dadoun a déjà publié ses immondices dans le Monde Libertaire, mais aussi parce qu’au sein du mouvement anarchiste, dans les organisations, groupes ou collectifs, le féminisme (comme l’antispécisme) n’est toujours pas considéré comme une lutte centrale et fondamentale. La théorisation et la justification du masculinisme ne peuvent être acceptées.

Le patriarcat est toujours considéré non seulement comme un système de domination moins important que le capitalisme ou que la mouvance fasciste, mais surtout, cette domination ne concerne pas les anarchistes ou libertaires. Ceux-ci seraient une catégories d’hommes extraordinaires, que le conditionnement sexiste n’aurait pas influencé (ni pendant l’enfance ni actuellement) et dont le genre se serait déconstruit par miracle.

Il est systématiquement plus facile de taper sur le sexisme de la droite, des flics, des patrons, de la religion, que de réfléchir à son propre comportement et à sa propre position socialement oppressive. Une idée persistante (bien que peu théorisée) est celle de l’effondrement du patriarcat en même temps que l’effondrement du capitalisme. C’est non seulement considérer qu’il faut reléguer le féminisme à une lutte de second rang, mais aussi qu’elle doit être englobée au sein de la lutte des classes et de la lutte anticapitaliste, niant toute la spécificité de l’anarcha-féminisme.

C’est aussi considérer que capitalisme et patriarcat sont deux dominations qui fonctionnent selon le même système avec les mêmes mécanismes et que leurs imbrications sont inter-dépendante (il suffirait de détruire le capitalisme pour détruire le patriarcat et chaque lutte contre le capitalisme est une lutte contre le patriarcat).

Le patriarcat n’a pas besoin du capitalisme pour survivre et exister.

Le féminisme n’est ni reconnu comme une lutte spécifique, ni pris au sérieux par les organisations bureaucratiques et tout le milieu (dit) anti-autoritaire. Les outils féministes sont systématiquement oubliés ou rejetés, que ce soit la féminisation des termes, la nécessité de la non-mixité, les problématiques de violence (physique, verbale, du viol, du harcèlement par des « camarades ») dans les milieux autogérés ou encore la contraception et l’avortement.

Le patriarcat existe dans tous les milieux, même ceux dits les plus autonomes et sa destruction doit être une priorité. Que ce soit dans les comportements, dans les textes et dans l’idéologie. On ne peut être anarchiste sans être féministe ou anti-patriarcale, car le nier, l’oublier, le refuser, c’est perpétuer son existence et donc perpétuer une domination.


http://coutoentrelesdents.over-blog.net ... 92749.html

Si des camaradEs de la FA peuvent nous en dire un peu plus...
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Pïérô » 24 Mar 2013, 01:40

Printemps des pères: entre théorie du complot et messages troubles

Ce jeudi a eu lieu le "Printemps des pères", bien moins médiatisé que les premières actions sur les grues. En cause? Des messages parfois misogynes, laissant penser que ces pères militent pour une domination patriarcale.
(...)

suite : http://www.bfmtv.com/societe/peres-grue ... 75852.html
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Pïérô » 06 Avr 2013, 00:46

Contre le masculinisme
petit guide d'autodéfense intellectuelle :


PDF : http://lgbti.un-e.org/IMG/pdf/contre.le ... me_web.pdf
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Egalité des droits, mariage pour tous-es ou pour personne

Messagede Béatrice » 08 Avr 2013, 17:49

FORCALQUIER
le samedi 13 avril 2013
18 h à la Salle Pierre Michel, Place du Bourguet, 04300 - Entrée prix libre
Projection-conférence-débat
par et avec le collectif "STOP Masculinisme" de Grenoble
Association "Agate, armoise et salamandre - corps et politique"

Le masculinisme est un mouvement en plein essor, parti des États Unies et du Quebec, puis arrivé en Grande Bretagne et autres pays européens, y compris en France. Ce sont des groupes d’hommes très virulents et réactionnaires, anti-féministes et souvent proches de l’extrême-droite et qui font de plus en plus pression sur les institutions politiques et judiciaires pour tenter de faire tomber les quelques acquis des dernières 40 années en matière de droits des femmes et des enfants.
Le collectif "Stop Masculinisme" de Grenoble a mené des recherches approfondies sur ces groupes. (Qui ont d’ailleurs prévu des actions spectaculaires ce 21 mars dans toute la France et dont faisait parti le "pauvre papa" qui était monté sur une grue en février dernier à Nantes).

Stand de l’infokiosk et de la bibliothèque d’Agate, armoise et salamandre - corps et politique

calendar.php?view=event&calEid=7356
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Pïérô » 26 Avr 2013, 00:59

Alerte sur le caractère masculiniste des colloques-débats du 25 avril et 26 avril

Communiqué de presse du Planning Familial du Rhône

A Lyon sont programmés prochainement deux débats (25 et 26 avril 2013) qui, sous couvert d’une thématique générale de droits de l’enfant ou de garde alternée, offrent une vitrine à des arguments masculinistes.


. La pre­mière ini­tia­tive est un col­lo­que-débat sur « l’alié­na­tion paren­tale » orga­nisé par l’asso­cia­tion « l’Enfant et son droit » et le Conseil Lyonnais pour le Respect des Droits, qui aura lieu le 25 avril à la Maison des Associations du 4e arron­dis­se­ment. Ce débat s’ins­crit dans le cadre de la « Journée Internationale sur l’alié­na­tion paren­tale ». Cette jour­née a été créée par des asso­cia­tions mas­cu­li­nis­tes anglai­ses. La quasi-tota­lité des sites qui en font la pro­mo­tion sont tenus par des asso­cia­tions mas­cu­li­nis­tes. Le concept d’« alié­na­tion paren­tale » lui-même a été créé et uti­lisé par des grou­pes mas­cu­li­nis­tes.

Que recou­vre la notion de syn­drome d’alié­na­tion paren­tale ? Le syn­drome d’alié­na­tion paren­tale (SAP) a été inventé par Richard Gardner, psy­chia­tre étasunien au milieu des années 80, qui le défi­nit de la manière sui­vante « le SAP est un trou­ble propre aux enfants, sur­ve­nant quasi exclu­si­ve­ment dans les conflits de droit de garde, où un parent (habi­tuel­le­ment la mère) condi­tionne l’enfant à haïr l’autre parent (habi­tuel­le­ment le père). Les enfants se ran­gent habi­tuel­le­ment du côté du parent qui se livre à ce condi­tion­ne­ment, en créant leur propre cabale contre le père » .

Nature de ce concept et grou­pes uti­li­sant ce concept : Alors que des inconnues fon­da­men­ta­les demeu­rent, non seu­le­ment sur la nature même de ce concept, mais également sur l’étiologie, les cri­tè­res de diag­nos­tic, l’étendue et le trai­te­ment, un groupe influent de plus en plus actif en Europe essaye d’intro­duire le SAP dans la sphère judi­ciaire, en mul­ti­pliant col­lo­ques et for­ma­tions de magis­trats et autres per­son­nels judi­ciai­res. Ce concept est l’un des fon­de­ments de la stra­té­gie des mas­cu­li­nis­tes. En Amérique du Nord comme en Europe, cette dan­ge­reuse théo­rie est uti­li­sée dans les affai­res de divorce par les avo­cats et les asso­cia­tions de sou­tien aux pères sépa­rés notam­ment dans des situa­tions de vio­len­ces. Il ne s’agit pas de dire que les femmes ne peu­vent pas exer­cer des formes de « mani­pu­la­tion » sur les enfants, mais il est urgent de rap­pe­ler que la plu­part des vio­len­ces com­mi­ses par les hommes sont encore aujourd’hui lar­ge­ment pas­sées sous silence et que la plu­part des vic­ti­mes (femmes et enfants) n’osent pas parler. Avec ce genre de théo­ries prô­nées comme des véri­tés abso­lue, la parole des femmes et des enfants a plus de mal à se faire enten­dre.

Faire la pro­mo­tion de ce concept plus idéo­lo­gi­que que scien­ti­fi­que, même en toute bonne foi, revient à cau­tion­ner le contenu de ce concept et les grou­pes qui le défen­dent.

. La deuxième ini­tia­tive est une confé­rence orga­ni­sée sur le thème de la garde alter­née par les asso­cia­tions « Père Enfant Mère », « Réseau Colin-Bagnard », « L’enfant et son droit », « SOS Papa », « I Comme Identité » et la fédé­ra­tion « Nos Enfants ont 2 Parents » le 26 avril à l’UDAF. Ces asso­cia­tions repren­nent clai­re­ment les posi­tions déve­lop­pées par tout le cou­rant mas­cu­li­niste. Nous rap­pe­lons, s’il est néces­saire de le faire, qu’en tant que fémi­nis­tes nous sommes favo­ra­bles depuis long­temps au par­tage des tâches et de l’éducation des enfants. Pour nous, le déve­lop­pe­ment de la garde alter­née choi­sie témoi­gne d’une évolution vers une plus grande égalité dans les rap­ports femmes /hommes. Il y a des enjeux com­plexes autour de la sépa­ra­tion et des vraies souf­fran­ces, qui ne sau­raient se résou­dre par une garde alter­née impo­sée, comme le récla­ment les mas­cu­li­nis­tes. Or ceux-ci vont ins­tru­men­ta­li­ser ces souf­fran­ces pour mener de véri­ta­bles cam­pa­gnes contre les femmes et les fémi­nis­tes. Ainsi, leurs stra­té­gies consis­tent à : · Contester les dis­po­si­tifs post divorce rela­tifs aux enfants et à la pen­sion ali­men­taire. · Minimiser les vio­len­ces conju­ga­les, pro­duire des chif­fres fan­tai­sis­tes sur ces vio­len­ces pour affir­mer que les hommes en sont les prin­ci­pa­les vic­ti­mes. · Contester pour cer­tains le droit à l’avor­te­ment et à la contra­cep­tion, le droit au divorce.

Leur dis­cours mêle vic­ti­mi­sa­tion des hommes, ins­tru­men­ta­li­sa­tion des souf­fran­ces liées à cer­tai­nes sépa­ra­tions, néga­tion des vio­len­ces, sous le masque d’une défense de l’égalité des sexes ou du bien-être des enfants. Leur stra­té­gie de lob­bying auprès des médias, des ins­tan­ces poli­ti­ques ou juri­di­ques est per­ni­cieuse car elle n’est jamais fron­tale, alors qu’elle a l’objec­tif d’entra­ver la liberté des femmes qu’ils ne consi­dè­rent pas comme leurs égales.

Il y a un véri­ta­ble enjeu aujourd’hui à aler­ter l’opi­nion publi­que, les pro­fes­sion­nel-le-s du tra­vail social, de la famille, de la Justice, les asso­cia­tions et les poli­ti­ques sur les objec­tifs de ces grou­pes. Aussi, le Planning Familial entend dénon­cer l’orga­ni­sa­tion de ces deux ren­contres.


P.-S.
A ce propos voir http://rebellyon.info/Conference-mascul ... -Lyon.html , et écouter l’émission sur http://www.bruitetfureur.info/?m=201304

http://rebellyon.info/Alerte-sur-le-caractere.html
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede bipbip » 13 Mai 2013, 06:14

Article en version longue (avec un développement sur la résistance au masculinisme en France et au Québec) de l’article paru dans le numéro de mai 2013 du mensuel Alternative libertaire.

Mélissa Blais : « Des objectifs politiques qui visent à renforcer les privilèges masculins »

Nous avons rencontré Mélissa Blais, militante féministe, doctorante en sociologie à l’UQAM et professionnelle de recherche à l’Institut de recherches et d’études féministes (Iref), membre du Groupe interdisciplinaire de recherche sur l’antiféminisme (Giraf).

On connaît la misogynie, le machisme, le virilisme, mais moins le masculinisme. Quelle est la spécificité de ce mouvement ? En particulier, peux tu nous expliquer comment est né ce mouvement, ce qu’il « revendique » et comment il agit aujourd’hui ?

Mélissa Blais :

Comme le note l’historienne Christine Bard à propos de l’antiféminisme, à la différence notamment de la misogynie (la haine des femmes) ou du machisme (la supériorité des hommes), qui sont des comportements répandus, le masculinisme est une forme d’antiféminisme qui – se nourrissant à même la misogynie – s’arrime aux luttes féministes pour en contester les revendications, la portée et les projets de transformation sociale. En ce sens, le masculinisme est organisé et entretient un rapport d’opposition mimétique (récupération/renversement) avec le féminisme que l’on dit de la « deuxième vague ». En d’autres termes, les militants masculinistes prétendent que les hommes sont victimes des femmes et du féminisme, en témoignent selon eux les statistiques sur le suicide des hommes. En vue de s’en prendre au féminisme, ils récupèrent à la fois le vocable féministe (le patriarcat se transforme en matriarcat par exemple), les modes d’organisations (dont la non-mixité organisationnelle et les groupes de conscience), et parfois même la couleur (le violet) ainsi que les noms des organisations.

Même si on retrouve des éléments du discours masculiniste dans l’histoire de la France par exemple, soit cette idée voulant que la masculinité soit en « crise » à cause d’une trop grande féminisation de la société, le masculinisme organisé se développe davantage durant les années 1980 à tout le moins en Europe (Grande-Bretagne, France, etc.) en Amérique du Nord (États-Unis, Canada) et en Australie avec la multiplication des groupes de pères et des groupes de « conscience » pour hommes. En prenant le Québec en exemple (puisque c’est la province du Canada que je connais le mieux), on observe que le masculinisme naît d’initiatives d’hommes alliés des féministes (proféministes) durant les années 1980. Au départ, des proféministes se regroupaient pour réfléchir à la masculinité dominante. Une scission apparaît assez rapidement entre les groupes d’hommes qui réfléchissent aux rapports sociaux de sexe du point de vue des femmes, c’est-à-dire entre ceux qui pensaient la domination et l’exploitation des femmes par les hommes et ceux qui réfléchissent à une masculinité en soi et pour soi, c’est-à-dire une masculinité désincarnée, qui existe sans ces rapports sociaux.

Le glissement une fois opéré a ouvert la porte au discours actuel sur la « crise de la masculinité ». Une crise occasionnée par les féministes qui seraient allées trop loin et par les femmes qui, grâce aux féministes, imposeraient désormais une soi-disant culture de la féminité notamment sur le marché du travail. Pouvant plus facilement être qualifiées d’antiféministes, d’autres organisations apparaissent dans les années 90 et 2000, plus précisément au moment où des mesures gouvernementales rappellent aux pères qu’ils doivent payer leurs pensions alimentaires. En général, les organisations masculinistes actives aujourd’hui revendiquent davantage de droits pour les pères et plus de ressources pour les hommes. Ils se structurent essentiellement autour de trois types d’organisations soient 1) les groupes de père, 2) les groupes d’aide pour hommes violents et hommes violentés et 3) les groupes de conscience de tendance psychanalytique.

À première vue, leurs revendications apparaissent légitimes et en phase avec certaines revendications féministes. Le travail de recherche consiste précisément à analyser l’argumentaire qui accompagne les revendications ainsi que leur discours, car sous ces revendications se cachent des objectifs politiques qui visent à renforcer les privilèges masculins. Ainsi, il faut être attentive et attentif, car de la même manière qu’une personne raciste ne dit pas « je suis raciste », les antiféministes qui s’identifient comme tels sont plutôt minoritaires. Comme je le disais précédemment, tout le travail consiste justement à analyser le contenu des sites Internet des groupes de père et des ouvrages portant sur la masculinité pour y voir de plus près.

L’un des épisodes noirs lié à ce mouvement est le massacre de Montréal en 1989. Peux tu nous relater les faits ? Le tueur doit il être rattaché au « masculinisme organisé », et réciproquement les masculinistes théorisent ils l’emploi de la violence comme mode d’action ?

Mélissa Blais :

J’aimerais d’abord préciser que le masculinisme organisé et les intellectuels masculinistes fournissent des arguments rhétoriques à ceux et celles qui sans être des militants masculinistes les reprennent pour mieux attaquer les féministes. Je pense ici autant à des intellectuels de gauche, des femmes politiques, et des anarchistes. En ce sens, les concepts de « gauche » et de « droite » limitent trop souvent notre compréhension de l’antiféminisme.

Au sujet du tueur de l’École Polytechnique de Montréal (le 6 décembre 1989), aucune source consultée ne me permet de dire qu’il militait dans une organisation masculiniste. Il avait cependant sur lui une lettre de suicide lorsqu’il est entré à l’École Polytechnique, armé d’une arme semi-automatique où, ne visant que des femmes, il a assassiné 14 femmes avant de s’enlever la vie. Au cours de son assassinat politique, il a également séparé les hommes des femmes à l’intérieur d’une classe et avant de tirer sur les femmes il a dit « je hais les féministes ». Dans sa lettre de suicide, il nous fait part de ses motivations qu’il qualifie lui même de politiques. Il emprunte la même logique argumentative que les masculinistes allant même jusqu’à dire que les féministes « lui ont toujours gâché la vie ».

Cet événement a profondément marqué le mouvement féministe québécois. Depuis, des féministes organisent chaque année une commémoration à la mémoire des 14 femmes, dénonçant pour l’occasion les violences contre les femmes. Inversement, des antiféministes cherchent année après année, soient à dépolitiser le crime en disant qu’il s’agit d’un geste de folie ou à faire du tueur un héros. Réduire la portée du geste à la santé mentale du tueur est la stratégie rhétorique la plus commune. Cette dernière est antiféministe dans la mesure où, se faisant, ces porteurs de discours accusent les féministes d’avoir récupéré le geste d’un fou pour attirer l’attention sur un faux problème (celui des violences contre les femmes) et accaparer les fonds publics pour des organismes qui luttent contre les violences masculines. Les antiféministes qui cherchent à transformer les tueurs en héros sont beaucoup plus marginaux. Même si le phénomène s’avère marginal, il m’apparaît inquiétant, car des hommes incitent à la violence et au meurtre contre de féministes (ou des femmes identifiées comme féministe).

J’en aurais beaucoup à dire sur les réflexions masculinistes touchant à la violence des hommes contre les femmes et pas seulement en terme de moyen d’action. Malheureusement, je vais limiter mon propos. Je tiens seulement à insister sur le fait que certains masculinistes justifient l’utilisation de la violence masculine comme faisant partie des réactions « naturels » des hommes en situation de conflit. D’autres disent que dans certains cas, il s’agit de « légitime défense » de la part des hommes injustement traités par les tribunaux de la famille. Certains vont même jusqu’à faire usage de violence en menaçant des féministes.

En France, dernièrement, plusieurs pères privés des droits de garde et de visite de leurs enfants, et par ailleurs condamnés pour « soustraction d’enfant » ou violences, ont fait un coup d’éclat médiatique en grimpant sur des grues pour médiatiser la « cause des papas » et dénoncer une justice systématiquement favorable aux mères. Or cette action et le discours qui l’accompagne ne sont-elles pas à rapprocher de certaines actions des « fathers for justice » au Québec ? Quelle est la place de la « cause des pères » et de ce type d’action dans la stratégie masculiniste et faut-il y voir une stratégie internationale concertée ?

Mélissa Blais :

J’y réponds en grande partie dans ma réponse à la première question.

Y a t -il déjà au Québec des formes de résistance organisée à ce masculinisme (à la fois au niveau théorique et au niveau pratique) , et ont-elles donné des résultats ?

Mélissa Blais :

Oui, il y en a eu et il y en a toujours. Récemment, disons depuis 2005, différentes résistances ont vu le jour. Des luttes ponctuelles comme celle de la coalition antimasculiniste en 2004, 2005 qui visait à contrer la tenue du Congrès Parole d’Hommes à Montréal. Cette coalition se voulait temporaire. Durant l’année de mobilisation, elle a également fait de la sensibilisation dans les milieux anarchistes et étudiants, produit des brochures, mis sur pied différents ateliers en parallèle du congrès, dont des ateliers sur la lesbophobie du discours masculiniste.

Certaines organisations du mouvement féministe ont fait du masculinisme un axe de lutte prioritaire. Elles ont réalisé des ateliers sur la symétrisation de la violence conjugale et des formations qu’elles dispensent dans les milieux d’éducation populaire et d’éducation féministe. Des recherches ont été réalisées, notamment l’étude sur les attaques antiféministes qui vise à mieux documenter les actions qui ciblent les organisations du mouvement et leurs effets sur les féministes. Le tout, sans compter l’ouvrage collectif sur le masculinisme au Québec

Par contre, pour analyser les résultats de ces pratiques militantes il me faudrait réaliser une étude sur le sujet. Le peu que je peux dire en terme de résultat c’est que grâce à ces mobilisations les féministes les connaissent et reconnaissent. Elles sont d’ailleurs plus nombreuses qu’en France à reconnaître leurs discours et à être ainsi en mesure de répliquer en cas de besoin. Elles sont parvenues à contrer un certain nombre de projets masculinistes, dont un projet de transformation d’un conseil gouvernementale féministe, en conseil de l’Égalité. Ce dernier leur aurait permis d’obtenir des ressources et d’élargir les espaces de véhicule de leur discours, des espaces où l’on traite de façon symétrique les rapports entre les hommes et les femmes.

Si je compare le Québec à la France, c’est que depuis que je suis en France, soit depuis mars, j’observe que la recherche qui se réalise ici peine à franchir les murs de la tour d’ivoire universitaire. J’ai l’impression que les chercheuses et les chercheurs ne parviennent pas à se faire entendre. Peut-être qu’un autre aspect du problème est l’absence d’ouvrage « grand public » sur le sujet. Bref, on me dit qu’il n’y a pas de recherche ici ou que le phénomène n’existe pas en France, ce qui est faux. La recherche existe et les masculinistes sont actifs. Les médias grand public ont laissé entendre que l’action des « hommes à la grue » constitue le moment X, le jour 1 de l’apparition du masculinisme en France. Il serait plus juste de dire que le masculinisme a commencé à être médiatisé largement avec l’action des hommes à la grue. Le masculinisme existait avant cette action, il suffit de se renseigner un peu. D’ailleurs des groupes militants comme Stop masculinisme existaient avant février 2013. Ce dernier a produit une brochure et poursuit son excellent travail de sensibilisation. Je crois que certaines organisations féministes en France tentent aussi d’instaurer un rapport de force. Il m’apparaît cependant important de multiplier les initiatives en France afin d’éviter qu’il ne gagne du terrain.

Propos recueillis par la commission Antipatriarcat

• Sur le même sujet, lire « L’éclosion du phénomène masculiniste » dans Alternative libertaire de septembre 2008 : http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle2189

http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5324
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Pïérô » 19 Mai 2013, 00:00

déconstruction du discours, suite...
Des papas lésés ?

Après une séparation, la justice évince-t-elle systématiquement les pères de la garde d’enfant ? C’est ce que dénoncent des mouvements de pères en colère. La réalité est tout autre.

Le week-end du 16-17 février 2013, toutes les caméras de télévisions de France et de Navarre étaient braquées sur un seul homme. À Nantes, Serge Charney, divorcé, passe trois nuits en haut d’une grue pour réclamer un droit de visite et un droit de garde pour son fils. D’autres actions spectaculaires menées en parallèle semblent alors faire découvrir à la France l’existence d’un mouvement de pères divorcés en colère, dénonçant une justice qui les éloignerait arbitrairement de leurs enfants.

La tyrannie des « vulvocrates » ?

Pourtant, rappelle la politiste Anne Verjus, ces associations, très développées au Canada, existent depuis les années 1970 en France. Parfois qualifiées de « masculinistes », elles ont connu un regain dans les années 1990, avec notamment la création de la plus visible d’entre elles, SOS Papa, en 1991. Cette association recrute, selon l’analyse de la sociologue Aurélie Fillod-Chabaud, des pères issus de milieux plutôt urbains et aisés qui, après une expérience « traumatique » de la justice, viennent y chercher non seulement des conseils mais également « un discours sur la justice familiale qui se voudrait critique et analytique (1) ». De fait, SOS Papa développe un discours assez élaboré. Les combats ont évolué (d’abord partage de l’autorité parentale en cas de séparation, puis défense de la médiation familiale et de la résidence alternée), mais ils restent inscrits dans critique plus globale d’une société qui serait désormais acquise aux femmes. Défendant l’égalité entre femmes et hommes, mais sur un plan strictement professionnel, SOS Papa critique le « faux féminisme » qui, en donnant aux femmes le pouvoir dans la sphère domestique, les a transformées en « mères toutes-puissantes ». Un féminisme « dévoyé », qui a « fragilisé les hommes » et « rabaissé les pères à leur seule fonction génitrice (des pères “jetables”) ou à leur fonction financière de pourvoyeurs de pensions alimentaires (2) ». Défendant (en s’appuyant notamment sur des travaux de psychologues) une complémentarité des rôles maternel et paternel tous deux nécessaires au bon développement de l’enfant, les publications de l’association dénoncent ainsi à longueur de page « le génocide perfide et silencieux des pères », la tyrannie des « vulvocrates » qui se font faire des « enfants sur catalogue » ainsi que « les mauvais coups de la justice matriarcale ».

Car pour ces associations, les institutions sont complices de la volonté de vengeance que porteraient les femmes. Obtenir la garde de l’enfant (et éventuellement le retrait du droit de visite) serait pour ces dernières une stratégie visant à ce que les hommes paient « de leur personne et de leur statut de père la séparation (3) ». La justice familiale est perçue comme un monde largement féminisé (« les hommes se demandent ce qu’ils font là », dit un avocat de SOS Papa), rendant de ce fait des décisions presque toujours favorables aux mères, qu’il s’agisse du lieu de résidence de l’enfant (dans huit cas sur dix, la résidence est fixée chez la mère) ou du montant de la pension. Loin d’agir en médiatrice, l’institution judiciaire désignerait en fait un coupable, le père, et une vengée, la mère.


Jugements consensuels

Une vision que démentent pourtant les faits. Il est certes vrai que dans près de 80 % des divorces, la résidence de l’enfant est fixée chez la mère, la résidence chez le père ne présentant que 8 % des cas et la résidence alternée, 15 % (chiffres 2003, ministère de la Justice). Mais une enquête récente sur le traitement judiciaire des séparations conjugales, fondée sur l’examen de dossiers et l’observation d’audiences au tribunal, montre que « dans 82 % des affaires impliquant des parents ayant des enfants à charge (…), il n’y a pas de conflit sur la résidence des enfants : soit qu’il n’y ait pas de désaccord du tout (divorces par consentement mutuel), soit que le ou les litiges portent sur d’autres sujets (4) ».

La même enquête montre par ailleurs qu’il n’existe pas de biais « promaternel » chez les magistrats. Ceux qui ont été interrogés récusent les qualificatifs de « promères » ou « propères », et n’éprouvent aucune hostilité de principe à la résidence alternée. Le principe de la coparentalité est constamment réaffirmé, les (rares) demandes d’exercice exclusif de l’autorité étant appréhendées avec méfiance. Un juge rappelle ainsi à une mère traitant son ex-conjoint de « géniteur (…) qui ne mérite pas son fils » que de tels propos risquent de « bousiller » son fils, et lui enjoint de lire des livres de psychologie. Une analyse statistique met enfin en évidence le fait que le sexe du magistrat (70 % des juges aux affaires familiales seraient des femmes) n’a aucune influence significative sur le type de décision rendue, qu’elle concerne la résidence de l’enfant ou le montant des pensions (5).


Papa ne veut pas s’occuper de l’enfant seul

Si donc les magistrats attribuent dans une écrasante majorité des cas la responsabilité principale de l’enfant à la mère, c’est tout simplement « parce que les justiciables eux-mêmes vont dans ce sens ». Les sociologues mentionnent le fait que de nombreux pères « affirment ouvertement qu’ils ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’occuper seuls de leurs enfants » : soit ils n’en ont jamais eu l’expérience, soit leurs horaires professionnels les en empêchent. À l’inverse, les mères font généralement valoir le fait que c’étaient elles qui étaient en charge du quotidien de l’enfant, qu’elles ont pour cela adapté leurs horaires, ce qui « rend difficilement admissible le fait de s’en détacher (6) ».

Un constat qui fait ressortir les sérieuses limites de l’égalité revendiquée par les associations pour le droit des pères. Comme le rappellent A. Verjus et Marie Vogel, celle-ci est d’abord limitée à l’après-divorce : « SOS Papa ne se mobilise pas pour revendiquer ou promouvoir plus largement l’égalité ou sa présence réelle dans le couple uni. » Les revendications de SOS Papa restent ensuite cantonnées à la sphère privée : « Les associations de père ne se battent ni pour la reconnaissance de la paternité active dans le cadre de l’entreprise, ni pour sa promotion dans l’espace public ou dans l’éducation des enfants. » Enfin, coparentalité et résidence alternée ne sont jamais considérées comme des impératifs : ils restent pour les pères « une affaire de choix personnel et d’opportunité (7) ». Les seules obligations reconnues concernent la contribution économique (versement d’une pension) et l’autorité (participation aux choix décisifs concernant l’enfant), dessinant là encore une conception traditionnelle des rôles parentaux.

C’est sans doute la pierre d’achoppement des revendications de ces pères en colère. Là où ils revendiquent un droit inconditionnel à l’enfant, les féministes leur rappellent que ce droit ne peut que dépendre de leur investissement effectif dans l’éducation des enfants au moment où le couple est encore uni – investissement qui est d’ailleurs, statistiquement, le meilleur prédicteur du maintien du lien père-enfant après la séparation. Or on sait combien l’entretien des enfants au quotidien et la prise de congés parentaux incombent encore largement aux mères. Peut-être donc, avant de grimper aux grues, ces papas feraient-ils mieux de donner un petit coup de main à la maison ?


NOTES

1. Aurélie Fillod-Chabaud, « Les groupes militants de pères séparés en France : assurer la visibilité de la lignée paternelle », Informations sociales, n° 176, 2013/2.

2. Anne Verjus, « Les coûts subjectifs et objectifs de la masculinité : le point de vue des masculinistes (et des féministes) », in Delphine Dulong et al. (dirs.), Boys Don’t Cry !Les coûts de la domination masculine, Presses universitaires de Rennes, 2012

3. Aurélie Fillod-Chabaud, « “Faire sans la justice ?”. Étude du cycle de la vengeance auprès d’un échantillon d’hommes en situation de séparations conjugales au sein d’une association de défense du droit des pères », in Jean-Claude Bourdin et al., Faire justice soi-même. Études sur la vengeance, Presses universitaires de Rennes, 2010.

4. Céline Bessière et al., « Résidence alternée : la justice face aux rapports de sexe et de classe », Lien social et politique, n° 69, 2013 (à paraître).

5. Céline Bessière et Muriel Mille, « Le juge est (souvent) une femme. Conceptions du métier et pratiques des magistrates et magistrats aux affaires familiales », Sociologie du travail, 2013 (à paraître).

6. Céline Bessière et al., op. cit.

7. Anne Verjus et Marie Vogel, « Le(s) droit(s) des pères : des mobilisations pour une condition paternelle “choisie” ? », Informations sociales, n° 176, op. cit

http://www.scienceshumaines.com/des-pap ... 30644.html
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Re: Les masculinistes à la manoeuvre

Messagede Nyark nyark » 07 Juin 2013, 21:28

Rassemblement anti-masculiniste - dimanche 9 juin à 10h à Saint-Lazare

Pour en finir avec le masculinisme – Stop masculinistes

Le 9 juin, à l’appel de nombreuses organisations et collectifs masculinistes, une manifestation pour soutenir le droit des pères a lieu à Paris, place de l’Opéra à 10h. Depuis février, les masculinistes multiplient les actions médiatiques, montant sur les grues à Nantes et à Montpellier, ou sur la cathédrale à Orléans. La complaisance des médias dominants leur a permis de conquérir une audience importante. Derrière des revendications prétendument égalitaristes, on assiste à la montée d’un mouvement anti-féministe très réactionnaire qui attaque l’autonomie et les droits des femmes. Ce mouvement cherche à se donner une certaine respectabilité alors qu’il converge avec les mobilisations homo/lesbo/transphobes de la manif pour tous, comme avec les groupes anti-ivg.

Les masculinistes, une menace pour les femmes

Ils revendiquent l’application systématique de la résidence alternée en cas de divorce, et estiment que les pères sont victimes de discrimination face à la justice des affaires familiales. En réalité, seuls 30% des pères demandent la garde de ou des enfants, et c’est accordé dans 50 à 70% des cas. D’autre part, les pères qui demandent la garde sont plutôt animés par le souci de ne pas verser de pension alimentaire que par celui de mieux répartir le travail d’élevage des enfants. De plus, la justice aux affaires familiales reste patriarcale. Le sacro-saint principe même d’autorité parentale partagée peut être critiqué. Quand une femme refuse la garde partagée, elle a souvent de bonnes raisons de le faire, pour elle autant que pour l’enfant : les violences conjugales les plus graves ont lieu au moment de la séparation et un mari violent se sert souvent de l’enfant pour garder une emprise sur son ex-femme. Un conjoint violent ne sera jamais un bon père : en 2009, 21 enfants ont été tués par leur (beau-)père lors de visites.

Leurs revendications, portées devant les instances gouvernementales, sont soutenues par une foule de journalistes, d’experts et de scientifiques (pédopsychiatres, psychanalystes...). Ils défendent l’idée d’un « sexisme inversé », d’une société désormais dominée par les femmes. Les responsables de cette situation seraient les luttes féministes des 50 dernières années. Ils mettent en avant la crise de la masculinité et les violences faites aux hommes. Ils nient les analyses féministes de la domination patriarcale, des violences faites aux femmes et aux enfants, et des privilèges des dominants. Leur action principale consiste à attaquer systématiquement les droits des femmes, les conquêtes des féministes et les discours d’émancipation des femmes. Ils s’inscrivent donc logiquement dans un contexte de réaffirmation de l’ordre moral : résurgence des luttes contre l’avortement, défense de la famille hétérosexuelle, valorisation de l’autorité masculine, instrumentalisation normative des enfants (quand ils prétendent que les enfants ont « besoin » soit d’un père et d’une mère soit de deux parents). C’est une volonté de dresser les opprimé-e-s les un-e-s contre les autres dans une logique du tou-te-s contre tou-te-s.

Quelles perspectives se donner ?

Il est important de réaffirmer la nécessité d’une lutte anti-masculiniste et féministe radicale. Donnons-nous les moyens de riposter dans la rue dès dimanche. Face à cette première apparition massive, soyons solidaires nombreuses-eux. Rassemblons-nous devant la gare Saint Lazare à 10h pour aller perturber leur défilé réactionnaire.


La Coordination des Groupes Anarchistes - Région Parisienne region-parisienne@c-g-a.org liaison93@c-g-a.org
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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