Je pense que, vu la façon dont Mittal tient généralement ses promesses, on peut mettre ça dans ce topic :
ArcelorMittal : ambiance glaciale aux pieds des hauts-fourneaux.
Les habitants de Florange bravent le froid, mais ont du mal à digérer le rétropédalage du gouvernement.
Dans le froid qui saisit la Lorraine samedi, les habitants de Florange s'avouent inquiets pour le devenir des salariés d'ArcelorMittal, au lendemain des annonces du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. "C'est une annonce qui remet tout en balance, on s'attendait à une vraie décision", soupire Gérard, un habitant de Florange, où le géant de l'acier a promis d'investir 180 millions d'euros sur cinq ans après un compromis avec l'exécutif.
Sous son bonnet et son écharpe, Nicolas confie son incertitude quant à l'avenir à la sortie d'une usine ArcelorMittal à Florange. "Un coup on entend une chose, le gouvernement dit qu'il va faire une chose et au dernier moment il baisse la culotte", commente-t-il, saluant ses collègues au passage. Virginie habite en face de l'usine et ne cache pas ses craintes. "Les magasins vont fermer, les gens vont partir. C'est déjà une vallée où il y a déjà beaucoup de personnes âgées, donc, si on n'arrive pas à ouvrir l'avenir à nos enfants, il n'y aura plus rien ici."
On s'est "fait enfumer"
Du côté des délégués CFDT du site, Jean-Marc Vécrin témoigne du sentiment des salariés qui ont le sentiment de s'être "fait enfumer". "Hier, on était dans l'émotion", dit son collègue Frédéric Weber pendant la trêve du week-end, samedi, mais le militant promet une réunion dès lundi matin. "On va se mettre en ordre de marche, on reste mobilisés", assure-t-il.
À quelques kilomètres de là, une vierge blanche dressée à flanc de colline domine les hauts-fourneaux implantés sur la commune de Hayange. Et autour de la statue immaculée, trois lettres rouges : SOS. Près de la mairie, dont les murs sont couverts d'une énorme bannière "Hayange en lutte", les commerçants bravent le froid et ont déballé les quelques stands du marché. "Il faisait moins cinq ce matin, les bâches étaient gelées !" raconte l'un d'eux, les mains enfoncées dans les poches en regardant passer les chalands emmitouflés dans des couches de vêtements d'hiver.
"Même chose qu'à Gandrange" (salarié)
Sur le marché, l'atmosphère est aussi glaciale que la température. "On est tous solidaires de ce qui se passe à Arcelor", explique une fleuriste. "Lakshmi Mittal a roulé tout le monde dans la farine", peste Serge Gremese, ouvrier de 40 ans. De la buée s'échappe de ses lèvres alors qu'il commande quelques tranches de jambon à un commerçant. Le charcutier, septuagénaire, est arrivé en Lorraine en 1955 "avec une valise en carton", alors que la France manquait de main-d'oeuvre. Pour lui, "de toute façon, la Lorraine, c'est foutu, la Lorraine, c'est fini".
Assis à quelques mètres dans son utilitaire ArcelorMittal, un autocollant "L'acier lorrain vivra" déteint collé à l'arrière du véhicule, Sébastien Diaz, 31 ans, attend un collègue. La clé sur le contact, le bonnet toujours vissé sur sa tête, ce salarié de Gepor, une filiale du géant de l'acier, est amer. Pour lui, "c'est la même chose qu'à Gandrange", l'usine voisine fermée en 2009. ArcelorMittal a "de nouveau enfumé le gouvernement". "Montebourg avait pris la bonne décision avec le projet de nationalisation, c'est dommage que le gouvernement n'ait pas suivi", estime ce trentenaire, qui voit son avenir "dans le flou".
La sidérurgie, "c'est notre patrimoine"
"T'as qu'à crever, Mittal !" Un client du café PMU de Hayange peste avec ses collègues. Au comptoir, les habitants sont venus jouer aux courses, se réchauffer autour d'une boisson et parler d'Arcelor. Dorianne Adam, 38 ans, vendeuse dans un magasin de bricolage, a grandi ici. La sidérurgie, "c'est notre patrimoine, on nous l'a pris et on nous a tout démoli", dit-elle.
"C'est dégueulasse ce qui se passe pour les gens qui vont perdre leur travail", ajoute-t-elle avec "dégoût, haine et colère". Ce n'est pas la serveuse qui la contredira. "Je suis dans le même cas qu'eux", dit Isabelle Konior, 52 ans. Depuis l'arrêt de la filière chaude de l'usine de Florange, elle a senti l'activité du bar reculer, et "les gens sont tristes, ils ne vivent plus avec le sourire".