Edito : La recherche de la paix à tout prix ?
03/11/2012
Antton ETXEBERRI
Cela fait un an que de nombreux acteurs politiques du Pays Basque se sont retrouvés à Donostia pour mettre en place une feuille de route conduisant à la paix en Pays Basque : la déclaration d’Aiete, soutenue par des personnalités reconnues au niveau international comme le Prix Nobel de la Paix Kofi Annan, fixait cinq points pour résoudre une fois pour toutes le conflit en Pays Basque. Trois jours après la conférence d’Aiete, l’organisation ETA répondait positivement à cet appel en annonçant sa décision unilatérale de ne plus prendre les armes, et ce de manière définitive. Durant l’année qui a suivi, malgré les nombreux appels lancés à destination des gouvernements français et espagnol par la gauche abertzale, mais aussi par la communauté internationale, Paris et Madrid ont poursuivi inexorablement leur action. Malgré les changements de majorité intervenus en Espagne et en France, malgré les résultats électoraux qui ont permis un retour en force de la gauche abertzale dans les institutions, malgré les prises de position des élus locaux toutes tendances confondues en faveur de la paix, Madrid et Paris s’entêtent à répondre aux aspirations du Pays Basque par le déni et la répression. ETA annonce l’arrêt définitif de son activité armée ? La militante soupçonnée d’avoir lu ce communiqué est emprisonnée. Aurore Martin travaille à l’organisation d’une conférence pour la paix ? Elle est arrêtée à Mauléon, livrée à la Guardia Civil et emprisonnée à Madrid. La société et les élus locaux souhaitent majoritairement la mise en place d’une collectivité territoriale pour le Pays Basque nord ? Valls répond qu’il n’en est pas question. Le gouvernement français agit aux ordres et pour le compte de Madrid. À force de taper sur le Pays Basque, l’Etat français est en train de créer un sentiment d’incompréhension, de frustration et de révolte, notamment au sein de la jeunesse de ce pays. Le chemin emprunté par Valls annonce des lendemains très inquiétants, car le Pays Basque n’acceptera jamais le mépris et l’injustice qui lui sont infligés.
Euskal Herriko Kazeta
Stupéfaction générale au Pays Basque
03/11/2012
Antton ROUGET
Le décor est planté : jamais une décision n’aura engendré une telle réaction au Pays Basque.
Partis politiques de l’ensemble de l’échiquier, associations, syndicats, personnalités reconnues, etc. : l’onde de choc déclenchée par la première application du Mandat d’arrêt européen (MAE) à un militant abertzale du Pays Basque nord a parcouru le territoire en long en large et en travers. “Cette nouvelle opération montre la parfaite entente entre la France et l’Espagne.” Seuls les ministères de l’Intérieur français et espagnol se sont, dans un communiqué de presse diffusé dès jeudi soir félicités de l’arrestation d’A. Martin. Pour le reste, c’est indignation et vive condamnation.
Surpris par l’interpellation de la jeune militante, les élus du Parti socialiste ont réagi, hier, en diffusant un communiqué de presse, dans lequel ils condamnent la “mise à exécution de ce MAE” et réclament le “retour immédiat” d’Aurore Martin au Pays Basque nord. Les parlementaires S. Alaux, C. Capdevielle et F. Espagnac, les conseillers régionaux M. Bergé, et F. Maitia, les conseillers généraux M-C. Aragon, A. Villeneuve, H. Etcheto, K. Ecenarro, C. Martin et G. Mondorge, les députés suppléants J. Maitia et S. Piveteau ou encore les maires J. Espilondo, B. Lougarot et le maire adjoint de Biarritz G. Lafite (PRG) : cette fois-ci personne ne manque à l’appel. Plusieurs d’entre eux ont participé au rassemblement de protestation organisé, hier soir, à Bayonne. Le sénateur et président du Conseil général, G. Labazée y est lui aussi allé de son communiqué “regrettant une telle décision précipitée au moment où beaucoup de citoyens (...) mettent tout en œuvre pour trouver les voies pacifiques d’un règlement définitif.”
La droite et le centre attaquent
“Je tiens à réaffirmer mon indignation et ma grande inquiétude.” A l’image du secrétaire départemental de l’UMP, M. Brisson, les représentants de la droite et du centre ont réaffirmé leur opposition à l’arrestation d’Aurore Martin. Le conseiller général biarrot en a aussi profité pour tacler les élus socialistes et “leurs beaux discours qui, en l’absence de clarification, s’apparentent à du cynisme voire du machiavélisme.” Alors que le sénateur centriste J-J. Lasserre avait fermement dénoncé l’interpellation d’Aurore Martin, dès jeudi soir, M. Veunac, délégué départemental du MoDem, a lui considéré que l’application du MAE “ne peut être ressentie que comme l’expression la plus aveugle et la plus absurde de la raison d’Etat, comme une provocation et enfin comme un alignement total de Paris sur Madrid.”
Europe Ecologie Les-Verts Pays Basque et le député N. Mamère (présent au rassemblement de St Jean-Pied-de-Port) le Parti communiste français 64, le Nouveau parti anticapitaliste, les Amis de Karl Marx, la fédération Régions et peuples solidaires : la grande majorité des partis de gauche a condamné la remise aux autorités espagnoles de la militante de Batasuna.
L’onde de choc a aussi rapidement franchi les Pyrénées. Le Parti nationaliste basque (PNV), récent vainqueur des élections dans la communauté autonome basque, a fermement dénoncé l’arrestation d’Aurore Martin en espérant “qu’il s’agit de la dernière”.
L. Mintegi, chef de file d’EH Bildu, a indiqué que l’application du MAE “ne se tient ni juridiquement ni politiquement”. Hier, seuls le Parti populaire et le Parti socialiste d’Euskadi sont restés silencieux sur la question. “Ces faits ne peuvent que décrédibiliser le travail des élus, désespérer notre jeunesse et tous ceux qui ont l’espoir de l’instauration d’une paix durable.” Dans un communiqué dans lequel il appelle à manifester le 10 novembre à Bayonne, le Biltzar des maires du Pays Basque s’est dit “atterré” par l’arrestation d’Aurore Martin. La Cimade, les syndicats ELA, LAB, CFDT Pays Basque, CGT64, FSU 64, Bizi! : tous ont condamné la situation à l’instar de l’association Anai Artea ou du Comité pour la défense des droits de l’Homme en Pays Basque.
M. Rajsfus (observatoire des Libertés Publiques) ou encore M. Bonduelle (Syndicat de la Magistrature) ont exprimé leur inquiétude après la remise aux autorités espagnoles d’A. Martin.
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