Ce qui suit est une présentation résumée offerte comme base à un débat avec Wayne Price un membre de la Northeastern Federation of Anarchist-Communists (NEFAC).
Parecon est l’abréviation de Participatory Economics ou Economie Participative
Parecon et la Construction du Mouvement
Texte original Parecon & Movement Building
Michael Albert http://www.zcommunications.org/parecon-and-movement-building-by-michael-albert
Vouloir une économie participative implique un engagement envers la justice cohérent avec la volonté d’une transformation révolutionnaire des autres sphères de la vie également. Pour vaincre le cynisme, guider les pratiques, renforcer les soutiens, éviter l’hypocrisie et apprendre sur le tas, nous avons besoin d’une vision mutuellement compatible, motivante et largement partagée, englobant les relations politiques, affinitaires, culturelles et économiques. En outre, découlant de cette vision partagée, nous avons aussi besoin d’une perspective stratégique partagée que nous sommes motivés pour mettre en application collectivement. Cependant aucune vision largement partagée de la société, encore moins une stratégie sociale pour l’atteindre, n’ont obtenu un large soutien à gauche bien qu’il y ait ici et là des esquisses de propositions et des idées porteuses d’espoirs
Vision Économique
En ce qui concerne l’économie, un point central pour cette exploration sommaire de ce qu’est explicitement parecon (par rapport à d’autres point également centraux dans d’autres domaines de la vie sociale) , les fonctions que j’entrevois sont la production, la consommation et la répartition [allocation] . Les valeurs mises en avant sont la satisfaction des besoins et le développement des capacités plus l’encouragement à la solidarité, à la diversité, à l’équité et à l’autogestion [self-management] tout en ne gaspillant pas des biens précieux. Cette combinaison, avec un nombre toujours plus grand de partisans, est appelé parecon et se veut être une vision viable pour une économie post capitaliste et donc une partie d’une vision plus large pour une nouvelle société.
Une économie devrait produire et distribuer de façon appropriée des biens utiles mais aussi de l’empathie plutôt que de l’hostilité, de la diversité plutôt que de l’homogénéité, de l’équité plutôt que de l’exploitation et de l’autogestion plutôt que la gouvernance d’une élite - ou, dit autrement, cela impliquerait une société sans classe.
Parecon rejette la propriété privée parce que cela conduit quelques personnes à posséder et à contrôler presque tous les moyens de production et donc à détenir un énorme pouvoir.
Parecon rejette aussi la division du travail du monde de l’entreprise, qui garantit à environ 20% des employés de s’épanouir dans leur travail alors que 80% d’entre eux le subissent.
Parecon rejette aussi le marché parce que les marchés détruisent la conscience sociale, produisent l’asociabilité, violent l’écologie et obligent les travailleurs et les consommateurs à agir en contradiction avec les problèmes sociaux en essayant de s’en sortir au détriment des autres. En outre, les marchés créent une inégalité criante, imposent une aliénation quasi universelle et, peut être encore plus accablant, imposent une division de classe même en l’absence de propriété privée.
Dans l’économie participative, la propriété des biens de production ne génère aucune différence de revenus ou d’ influence. En effet, au lieu d’avoir des personnes tirant des profits de leurs propriétés, ou des salaires de misère gagnés grâce à leur pouvoir de négociation ou même des salaires proportionnels à leur production, elles recevront un revenu basé uniquement sur la durée et la dureté de leur travail et selon les conditions qu’elles supportent pour le réaliser.
Si vous ne pouvez pas travailler, ou si vous avez des besoins médicaux spécifiques, votre revenu est garanti, tout comme le sont vos besoins médicaux. Mais pour ceux qui peuvent travailler, la quantité de produits qu’ils peuvent consommer dépend uniquement de la densité et de la durée de leur travail socialement utile, ainsi que de la dureté des conditions de ce travail.
Si cela résume la question de la propriété et de la rémunération, comment les besoins et la production coïncident ils dans une parecon ? Les gens discutent de leur activité économique au sein de leurs conseils autogérés. Nous établissons ce que nous voulons faire comme travail et ce que nous voulons consommer dans notre vie quotidienne, à la fois individuellement et au sein de notre groupe de travail ou de consommateurs, et nous enregistrons nos préférences. L’éventail de ces préférences est affiné lors d’une série de discussions de groupe jusqu’à ce que nous nous décidions pour un programme complet. Chacun a une influence sur cette répartition telle qu’elle a été convenue proportionnellement à son implication dans les décisions prises. Ce système de répartition comprend bien sûr de nombreux autres détails, comme le flux d’ information, le calcul et l’échelle des prix, les préférences et les modalités de travail, parmi d’autres aspects, mais le point essentiel est que chaque travailleur ou consommateur, à la fois individuellement et en groupe, évalue ses propres désirs et situations et fait des propositions quant à la production et à la consommation. Bien sûr, ces propositions différentes ne peuvent pas se réaliser sans les relier les unes aux autres et cela se fait à travers une série de réunions d’affinage que nous appelons planning participatif.
Il n’y a pas de hiérarchie. Les instructions ne proviennent pas de quelques-uns et ne sont pas transmises à d’autres qui obéissent. La compétition ne dirige pas le système. Ne sont pris en compte que les désirs des gens, et les capacités humaines et techniques, plus un processus participatif pour les coordonner dans un plan économique. Le résultat en est un ensemble d’évaluations de besoins et de production qui prend en compte la totalité des coûts et bénéfices sociaux et écologiques de leur production et de leur consommation. Tous les acteurs, concernés également par la production de solidarité, de diversité, d’équité et d’autogestion, déterminent ensemble un plan de production et de distribution.
Une autre des caractéristiques définissant la parecon est l’organisation des lieux de travail. D’abord, concernant l’autogestion, les travailleurs ont besoin d’un lieu où se rencontrer et diriger leurs affaires. Nous l’appelons le conseil ouvrier [worker's council] et il utilise des procédés de prises de décisions autogérées. Mais au-delà de cela, il y a aussi la question de comment organiser le travail lui-même.
Dans le capitalisme, les propriétaires des biens de production établissent des tâches, valorisantes ou dévalorisantes seulement. Une personne fait un travail de surveillance. Une autre du secrétariat. Quelqu’un gère les employés. Une autre détermine la politique financière. Chaque travail occupe une place dans un schéma hiérarchique et environ 20% des employés au sommet monopolisent les tâches économiques valorisantes alors que 80% d’entre eux à la base n’effectuent que des tâches routinières et répétitives. Les premiers bénéficient d’une accréditation, d’un savoir et d’une confiance plus importants et, par conséquent, dominent les seconds qui sont en grande majorité mis à l’écart, fatigués et socialement diminués par leur travail dévalorisant.
L’approche participative d’organisation du travail, au contraire, permet aux travailleurs, via leurs conseils d’incorporer une sélection équilibrée de tâches complémentaires pour chaque travail, si bien que au final, tous bénéficient de conditions valorisantes comparables dans leurs vies professionnelles quotidiennes. Chaque personne obtient une affectation juste et comparable – ou un ensemble de tâches équilibré. Nous ne faisons pas tous le même travail, ni ne remplissons des tâches pour lesquelles nous n’avons pas de capacités. Mais nous accomplissons une variété de tâches avec fondamentalement la même somme d’implications valorisantes pour tous. Le but et le résultat sont que chacun peut participer de façon appropriée dans la prise de décision autogérée plutôt que de voir une minorité dominer les autres.
En résumé, la principale différence entre les économies capitalistes et participatives, c’est l’existence d’un côté de la propriété privée, d’une hiérarchie d’entreprise, d’une rémunération liée à la propriété et au pouvoir, et des marchés – et de l’autre, l’existence de conseils autogérés, d’ensembles de tâches équilibrées, d’une rémunération de l’ effort et du sacrifice et l’élaboration participative d’un planning. Cela demanderait bien sûr un examen supplémentaire pour en prouver le bien-fondé mais cela montre la différence entre la hiérarchie , l’irrationalité et l’injustice économiques et la rationalité, la justice et la liberté économiques. C’est la différence entre la séparation en classes et une société sans classe..
Mais la Parecon postule aussi que ce qui a été appelé socialisme combine habituellement toutes les caractéristiques que nous refusons, autre que la propriété privée, dans un système qui élève la classe des coordinateurs, et non les travailleurs, à un statut de dirigeants. Il est possible de transcender le capitalisme mais de ne pas atteindre une société sans classe.
Stratégie Économique
On demande aux militants non seulement ce qu’ils veulent mais aussi comment comptent-ils réussir à surmonter les immenses obstacles qui se dressent devant eux. C’est une question compréhensible et nous devons décrire notre stratégie d’une manière convaincante. Nous devons présenter comment notre vision et un éventail de propositions d’organisation peuvent se combiner dans une dynamique d’avancée que d’autres à leur tour affineront et développeront à partir des expériences accumulées. Il n’existe pas qu’une manière pour avancer et la plupart des orientations stratégiques doivent être flexibles et certainement pas méprisantes et encore moins sectaires. Présenter une vision de la parecon vision n’implique en aucun cas d’avoir des idées verrouillées sur la stratégie, l’expérience étant seule capable de privilégier des idées d’organisation par rapport à d’autres.
Pourtant, selon moi, la première implication de la vision d’une société sans classe est en corrélation avec ce pourquoi nous nous battons et avec la manière dont nous nous battons. Obtenir des salaires plus élevés, de meilleures conditions de travail, des impôts plus justes, des lois progressistes pour l’écologie ou un salaire minimum plus élevé, par exemple, tout comme obtenir des améliorations toutes aussi importantes dans d’autres sphères de la vie, peut bien sûr contribuer à dépasser le capitalisme (patriarcat, racisme et autoritarisme). Mais cela peut aussi à avoir pour seul but d’en améliorer les défauts tout en acceptant son maintien.
C’est la différence entre une approche réformiste et révolutionnaire. Dans le premier cas, vous obtenez des améliorations et c’est le but. Vous vous félicitez d’un travail bien fait et vous rentrez chez vous.
Dans le second cas, les améliorations sont toutes aussi valables et souhaitables, mais vous luttez pour les obtenir de manière à ce que toutes les personnes impliquées soient préparées à gagner d’autres améliorations, sur la voie menant à une autre économie. Mais la révolution ne signifie pas la violence, un cataclysme ou toute autre idée simpliste. C’est une transformation de relations sociales précises associée à des opinions et un comportement humains dans un ou plusieurs sphères de la vie sociale, peu importe la manière dont surviennent ces changements.
Tous ceux qui se battent pour de meilleurs salaires, conditions de travail ou autres améliorations le font au moins en partie pour que cela profitent aux récipiendaires qui le méritent. Mais un révolutionnaire combat aussi pour cela, tout en plaidant pour les valeurs portées par une société nouvelle, pour les façons de développer des infrastructures suscitant l’intérêt pour celle-ci et pour les moyens de l’atteindre. Le révolutionnaire souhaite des réformes, mais de manière non réformiste visant à transformer aussi les institutions sous-jacentes.
Une seconde implication stratégique de la parecon est que quelqu’un peut combattre sincèrement le capitalisme et même vouloir personnellement une société sans classe tout en utilisant des vieilles méthodes de division du travail des entreprises et ou du marché et une organisation centralisatrice , et, par ces choix, malgré le souhait inverse, préserver voire renforcer la division de classe entre coordinateurs monopolisant les tâches valorisantes et les travailleurs subissant les tâches dévalorisantes. (1)
Ce résultat, je l’appelle coordinationisme, mais la triste vérité c’est qu’il a souvent usurpé le nom de socialisme. Par conséquent, se battre pour des avancées significatives, ou même pour l’établissement de nouvelles institutions peut être réaliser de manière à conduire vers le coordinationisme ou vers des méthodes participatives.
C’est la différence entre la vie et la mort, entre la victoire et la défaite. Rechercher une société sans classe exige que les mouvements ne rejettent pas seulement le capitalisme mais aillent vers des structures de prises de décisions autogérées, des rémunérations équitables, des ensembles de tâches équilibrées et des plannings participatifs.
Une troisième implication stratégique de la parecon est lié à l’organisation du mouvement. Les militants progressistes et de gauche sont à juste titre partisans de l’abolition du racisme et du sexisme dans la société. Et nous savons que nous devons persévérer pour réduire et finalement mettre un terme aux hiérarchies raciales et sexuelles dans nos mouvements – car sinon, nous sommes mal inspirés, hypocrites, serions nous-mêmes victimes de ces oppressions et, en outre, nos mouvements n’attireront jamais ni ne retiendront les femmes et les gens de couleur, ni ne combattront jamais efficacement le racisme et le sexisme. Il y a encore certainement du travail à faire dans nos mouvements concernant le racisme et le sexisme, mais la question est soulevée et nous allons globalement dans la bonne direction..
Quoi qu’il en soit, les militants de gauche sont aussi pour mettre un terme à l’injustice économique et à la hiérarchie de classe dans la société. Et nous devons prendre conscience que cet objectif a une même implication: Nous devons patiemment, tranquillement et de manière constructive restructurer nos mouvements afin qu’ils ne reproduisent plus les divisions du travail du monde de l’entreprise, les modes de prises de décision et de rémunération du marché. Cela doit devenir une priorité si nous voulons dépasser l’hypocrisie , faire preuve d’imagination, échappe aux aliénations de classe, et encore plus si nous voulons attirer en grand nombre, retenir et responsabiliser les travailleurs dans le mouvement et respecter notre engagement vis à vis d’une société sans classe.
La gauche, par exemple, dispose de nombreuses organisations de recherches, de réflexion, de présence médiatique et structures organisationnelles En principes, elles devraient incarner nos valeurs à travers leur organisation interne. Cependant, lorsque nos organisations rémunèrent, elles le font le plus souvent sur des normes classistes, récompensant le pouvoir et la position. Certains travaillent dans les bureaux, prennent des décisions, ont des salaires élevés et obtiennent plus de considération. D’autres occupent des salaires plus subalternes, obéissent , sont peu ou pas considérés, moins bien payés et ont beaucoup moins de pouvoir. En clair, au lieu de réduire les divisions de classe en fournissant des tâches qui utilisent les pleines capacités des gens et de répartir équitablement les tâches pénibles, nos organisations reproduisent souvent des relations propres au monde de l’entreprise. La question stratégique encore à résoudre, ou même à soulever, est d’incorporer dans ces projets des normes et valeurs compatibles avec la société sans classe.
Étant donné la nécessité d’obtenir des changements radicaux dans tous les aspects de la vie - une priorité qui a été brièvement abordée dans ce bref résumé – une autre implication stratégique de la parecon est la nécessité de développer une approche globale, en combinant solidairement nos différentes formes de militantisme , tout en respectant en même temps leur autonomie.
Des mouvements mettent en avant différentes priorités du fait que les gens endurent des conditions différentes selon leur race, leur genre, leur classe, leur sexualité et divers autres facteurs. La diversité des orientations qui s’ensuit sert la profondeur et l’amplitude de l’attention prêtée aux divers aspects de la vie. Mais le fait que nos mouvements ne s’aident pas souvent mutuellement, ou même entrent en compétition le uns avec les autres, privent chaque mouvement de l’unité essentiel au succès.
Des programmes différents ont besoin de place pour se développer , gagner de la confiance, retenir l’attention et se mettre en avant. Il n’est pas possible d’obtenir l’unité en demandant aux autres d’abandonner ses priorités pour rejoindre un programme précis. Mais même si nous conservons des identités uniques et des priorités différentes au sein de mouvements autonomes, pour gagner, ces différents mouvements ont besoins de vastes alliances, pour que chacun d’entre eux bénéficie de la force et des spécificités des autres. Nous devons résoudre le problème du respect de la diversité et de l’autonomie même si nous trouvons des façons de manifester une solidarité mutuelle.
Tout le monde finira par combattre toutes les formes d’oppressions dans leur ensemble, en se soutenant mutuellement, même si des personnes différentes, avec des expériences et dans des contextes différents se focaliseront sans doute davantage sur une forme ou une autre d’oppression. Un grand pas vers l’unité consistera pour les plus grands mouvements à soutenir les plus petits, et pour les plus riches, à contribuer au fonctionnement des plus pauvres – inconditionnellement, en ressources humaines comme en matériel, tout en développant une structure organisationnelle d’un mouvement des mouvements qui facilité une telle solidarité.
C’est un refrain constant – "comment se fait-il que vous les gauchistes prêchez toujours qu’aux convertis?" Cela ne fait parfois malheureusement aucun doute parce que c’est plus facile que de s’adresser à des gens dont nous ne savons si ils seront d’accord avec nous et qui pourraient même se montrer hostiles. Mais l’explication première du pourquoi les gens de gauche s’adressent souvent à d’autres gens de gauche, ou qui se revendiquent déjà de gauche, est que la gauche ne dispose pas d’un mégaphone assez puissant pour être entendue par les gens qui ne prêtent pas déjà une oreille à ses messages. Parce que nos médias sont encore faibles et, même quand nous poussons un coup de gueule, nous ne sommes principalement entendus que par ceux qui sont déjà à notre écoute.
Une autre implication de l’engagement pour créer des mouvements de masse composés de membres bien informés est la nécessité de développer des moyens de communication vis à vis d’une large population qui n’est pas déjà en relation avec nous, en même temps que de faciliter les échanges entre nos propres membres.
Nous devons renforcer nos médias alternatives actuelles et de faire pression également sur les médias traditionnels – mais au-delà de ces deux tâches, nous devons nous assurer que la gauche provoque un déclic médiatique qui offre ses programmes, ses opinions et ses analyses aux yeux de tous plutôt que de n’être visibles que dans des recoins et fissures difficiles à dénicher et que les gens doivent chercher pour connaître notre existence même.
Autre axe des besoins du mouvement, nous connaissons l’importance de l’argent dans nos sociétés mais nous ne semblons pas être conscients qu’il en a aussi pour la gauche. D'où provient-il? Comment est-il utilisé? Bénéficie t-il à quelques-uns au détriment de tous les autres ? Y en a-t’il assez ? Beaucoup de gens de gauche n’ont pas de réponse parce que ce sujet est essentiellement tabou. Essayez de trouver des écrits et des réflexions, encore plus des propositions, sur comment financer des évènements, des projets, des manifestations, et plus encore sur comment ces fonds disponibles doivent être redistribués. Vous ne pourrez pas la plupart du temps. C’est un silence assourdissant.
Le fait d’ignorer comment nous obtenons de l’argent et comment nous l’utilisons est une approche sans issue qui bénéficie seulement à ceux qui monopolisent le contrôle des sommes marginales dont la gauche jouit actuellement. Une autre implication stratégique de la parecon est la mise en place de moyens de financement d’opérations cohérentes avec nos valeurs et nos aspirations.
Certes des mouvements à l’avenir inspireront, responsabiliseront, répondront aux besoins, élèveront des aspirations... enrichiront la vie. Certes, une fois que les gens entreront dans leurs orbites, ils s‘engageront. Néanmoins, au cours des dernières décennies, des millions de gens se sont approchés de la gauche, ont participé à différentes manifestations et projets, puis, plus tard, se sont désengagés. Les mouvements futurs devront être totalement différents.
Il existe différentes raisons pour les quelles les gens n’adhèrent pas à la contestation et au militantisme politiques. Surtout parce qu’un mouvement capable de survivre sur une longue durée avec persévérance et sincérité doit encourager plutôt que de harceler ses membres , de les enrichir plutôt que de les diminuer, de satisfaire leurs attentes plutôt que de les négliger ou même de les ridiculiser. Rejoindre un mouvement et se sentir seul n’est pas propice à son développement. Rejoindre un mouvement et rire moins ne produit pas des mouvements plus grands et efficaces.
Alors, sur le chemin du futur, nous devons rendre nos mouvement conviviaux pour les gens de milieux différents. La construction d’un mouvement comporte des moments assommants bien sûr mais il n’y a pas de raison d’en faire quelque chose d’aussi abrutissant que possible mais plutôt quelque chose de riche, varié et valorisant.
Nos mouvements doivent retenir leurs membres – existe t-il une stratégie plus simple? Mais cela demande que la participation au mouvement procure des moments pleins, variés plutôt que d’interminables réunions ou des styles de vie rebutants, si éloignés des comportements sociaux qu’ ils rebutent tout le monde à part quelques-uns.
Nous luttons admirablement pour rendre le monde moins opprimant et plus libre. Si nous voulons gagner, il est urgent de faire la même chose pour nos mouvement aussi.
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(1) Michael Albert est un des cofondateurs de South End Press, une maison d’édition à but non lucratif qui fonctionne selon les principes de l’économie participative
http://www.southendpress.org/
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Michael Albert
http://www.zcommunications.org/why-participatory-economics-by-michael-albert
Prochainement : La réponse sur la Parecon de Wayne Price, anarchiste révolutionnaire membre de la NEFAC