Depuis 2009 les budgets des CHRS et les moyens des structures d’accueil d’urgence sont soit maintenus à l’identique soit en baisse. A travers plusieurs actions, rassemblements, mouvements de grève, professionnels et associations dénoncent le désengagement de l’Etat.
Urgence Sociale : du devoir d’état au respect de l’humain
Pour 2011 la baisse des budgets pourra être de 25% à l’inverse des besoins, qui eux, explosent.
Déjà des CHRS ont mis la clef sous la porte, comme celui de la Clarté à Alençon, laissant principalement des femmes et des familles sans solution d’hébergement. L’Etat se déchargeant ainsi de la prise en charge de ces familles sur les conseils généraux dans le cadre de leurs missions de protection de l’enfance. Il est aussi demandé aux structures d’hébergement d’urgence de mettre en place des critères de sélection des personnes en détresse remettant ainsi en cause le principe d’accueil inconditionnel et de continuité des prises en charge fixées par la loi.
Les professionnels réagissent
De nombreuses actions à Paris, à Lyon, à Toulouse, à Lille, à Alençon entre autres dénoncent bien sûr la dégradation des conditions de travail, l’augmentation de la précarité mais surtout leur impossibilité d’assurer un accueil décent et d’assurer un véritable accompagnement social respectueux des personnes et de leurs besoins.
Cela ne passe pas par la mise en place de SIAO, outils informatiques, chargés de ficher les demandeurs, de réguler et fluidifier les files d’attente au mépris des projets d’établissements.
Les pirouettes du gouvernement
Le gouvernement nie toute baisse de moyens arguant même que les budgets ont doublé en dix ans, oubliant simplement de dire qu’en contrepartie le nombre la population concernée a plus que doublé. Les politiques menées en matière de chômage (surtout chez les jeunes), de logement et d’expulsions, la traque des sans papiers et demandeurs d’asile, l’appauvrissement du réseau de soins psychiatrique, renforcent l’exclusion sociale et remplissent les files d’attente du 115 qui ne peut plus répondre à l’augmentation de la pression de l’urgence sociale. En Île de France 7000 places d’hôtels sont financées par jour alors que le seul SAMU Social héberge 12 000 personnes...
Alors, quand le gouvernement annonce réduire les nuits d’hôtel pour renforcer l’accès au logement, il faut regarder la réalité qui est toute autre. Certes il faut développer l’accès à un logement décent, ou toute alternative aux nuits d’hôtels, aux hébergements qui remettent à la rue les personnes chaque matin avec l’incertitude de la nuit suivante. Une grande part des personnes accueillies quotidiennement dans les structures d’urgence devraient être dans des logements. C’est le problème du manque crucial de logements sociaux qui est posé et qui sature l’accueil d’urgence. Quand le ministère annonce 4000 suppressions de nuitées d’hôtel il promet 5 000 logements solibail en 2011, or actuellement 1600 logements solibail seulement seraient en cours.
L’objectif ne sera pas atteint comme toutes les autres promesses déjà faites à ce sujet. Il suffit de voir l’impossibilité d’appliquer la loi DALO. Il suffit de constater qu’il n’y a aucune volonté politique d’imposer le respect de la loi SRU, ni d’arrêter les expulsions et encore moins de réquisitionner les logements vides.
Deux secteurs indispensables et complémentaires.
La construction ou l’accès au logement ne peut pas non plus remplacer l’hébergement d’urgence. Ils n’interviennent pas au même moment et ne concernent pas forcément les mêmes populations. L’hébergement d’urgence se situant en amont de l’accès à un logement, voire d’une institution. Ce sont deux aspects des champs d’intervention du travail social complémentaires. En fait la croissance de la demande d’hébergement d’urgence et de l’intervention du 115 et des autres associations vers les sans logis est le signe d’un mauvais état de la société où aboutissent tous les « sans quelque chose ». Tous ce qu’abandonnent ou stigmatisent les politique menées de destruction des solidarités publiques et des systèmes de redistribution des richesses.
Les fédérations SUD Collectivités Territoriales et SUD Santé Sociaux dénoncent :
. Les fermetures d’établissements ou de services,
. La baisse des moyens ne permettant pas d’assurer l’accueil d’urgence jusqu’à la fin de l’année, ne permettant pas un accompagnement social,
. Les plans de réduction des déficits de l’Etat sur le dos des plus pauvres,
. Le non respect des lois,
. Le non respect de l’inconditionnalité d’accueil des Centres d’Hebergement d’Urgence qui renforce la traque des sans papiers.
Les fédérations SUD Collectivités Territoriales et SUD Santé Sociaux appellent les salariés de ces secteurs à se mobiliser.
A participer à toutes les actions concernant :
. l’hébergement d’urgence,
. l’arrêt des expulsions,
. la réquisition des logements vides,
. la création de logements sociaux,
. la mise en œuvre des moyens nécessaires pour accueillir et héberger décemment toute personne sans toit ou en difficulté de logement quelque soit son statut. A être à l’initiative de toute action :
. pour défendre la qualité de leur travail,
. l’emploi dans leurs établissements,
. pour l’obtention des moyens pour travailler
. leur mission de service public dans l’accompagnement des plus défavorisés.
Paris :
Rassemblement 12h30 square Boucicaut occupé par le collectif « urgence un toit » manifestation vers le ministère du logement (métro Sèvres-Babylone)
Rennes :
rassemblement à 10h devant la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations. Directement concerné par la gestion du 115 et ses conséquences sur les populations à la rue, le DAL35 appelle à soutenir les salariés en grève du 115 et se joindra au rassemblement devant la DDCSPP.
Tours :
à l'initiative du collectif SOIF D'UTOPIES et du DAL, appel soutenu et relayé par SUD Santé Sociaux 37
Rassemblement à 14h dans les jardins de la préfecture.
D'ABORD UN LOGEMENT POUR TOUS !
L'hébergement craque de partout ! Apparu, secrétaire d'Etat au logement, joue des gros bras avec son slogan « le logement d'abord ». Concrètement que se passe-t-il ?
L'accès au logement pour les plus démunis reste une course d'obstacles laissant bon nombre à la rue. Il faut des mois, voire des années pour espérer signer un bail.
Sous couvert de ce slogan, le gouvernement réduit les budgets sociaux, notamment ceux des dispositifs d'urgence. Ainsi, à Tours, ce sont tous les soirs, des hommes, des femmes, des familles qui restent dehors.
Pour que tous et toutes aient un toit, il n'y a pas d'autre solution que de réquisitionner des logements vides. Il y en aurait 2000 à Tours selon le maire et 5000 selon l'INSEE.
Réduction des budgets sociaux signifie que les dispositif d'urgence ne peuvent pas remplir leurs obligations légales. Ainsi la loi impose que toute personne à la rue puisse se voir proposer un hébergement et y rester le temps de trouver une solution durable.
Le nombre de places des foyers est limité. Bon nombre d'entre elles sont occupés par des demandeurs d'asile. Or, si l'Etat remplissait ses obligations, toutes ces personnes devraient être hébergées dans des Centres d'Accueil pour Demandeurs d'Asile, qui sont à sa charge. Cela libérerait des places d'urgence. Les demandeurs d'asile connaitraient un hébergement plus digne et plus respectueux de leurs droits.
Mais l'Etat n'est pas le seul responsable de cette situation. Le Conseil Général n'assume pas ses obligations. L'Aide Sociale à l'Enfance (sous la responsabilité du Conseil Général) devrait héberger les familles à la rue, quelque soit leur situation administrative (donc même sans papier), ayant entre autres un enfant de moins de 3 ans. Encore une fois, des familles restent dehors à Tours ou séjournent dans des chambres d'hôtel ou des foyers d'urgence.
On ne peut pas dire que la mairie soit aussi très encline à résoudre la question du logement sur sa commune. La loi prévoit que le maire peut réquisitionner des logements vides ou demander au préfet de le faire. Eh bien que nenni ! Germain dit clairement qu'il préfère préserver la propriété privée plutôt que d'œuvrer pour que tous et toutes aient un toit sur la tête.
Les associations gérant les foyers d'urgence « composent » avec la réalité. Plusieurs structures existent à Tours. Dans la plupart des cas, les personnes hébergées (hommes ou femmes) doivent quitter les lieux tous les matins et appeler le 115, en espérant qu'elles auront de nouveau une place, sinon : dehors. La durée de cet hébergement, en particulier pour les hommes, est limitée dans le temps (3 nuits d'assurées par semaine). C'est totalement illégal. En effet, les structures hébergeant des personnes ou des familles ne doivent mettre un terme à leur hébergement seulement si les responsables des foyers sont en capacité de faire des propositions en terme de logement ou d'hébergement. En clair, les associations responsables des dits foyers, malgré quelques récriminations, s'adaptent à la volonté de l'Etat. La gestion des places d'urgence ressemble à une partie de chaises musicales !
Les salariés de ces dispositifs sont de plus en plus en difficulté. D'un côté, on leur dit que leur travail consiste à faire respecter les droits des personnes, de l'autre on leur impose des fonctionnements illégaux. La situation se durcie tous les jours. Ce n'est plus tenable !
« Un logement d'abord » ne doit pas servir à déshabiller les dispositifs sociaux qui ne peuvent plus remplir leur fonction.
« Un logement pour tous » doit devenir un droit réel, ne pas rester virtuel. Cela ne pourra se réaliser sans la réquisition de logements vides. Mais il faut aussi obliger l'Etat, les collectivités territoriales (mairie, conseil général) à remplir leurs obligations. La mobilisation des associations gérant les foyers, au delà des négociations sous les dorures des préfectures, des ministères..., est tout aussi nécessaire afin qu'elles proposent un hébergement digne de ce nom. Leurs salariés ne seront plus obligés d'agir à l'encontre de leur déontologie.
MARDI 2 AOUT EST UNE JOURNEE NATIONALE D'ACTION,
D'APPEL A LA GREVE DES SALARIES DU SECTEUR DE L'URGENCE.
A TOURS RASSEMBLEMENT À 14 H
DANS LES JARDINS DE LA PRÉFECTURE
* pour discuter tous et toutes ensemble de la situation et envisager des actions concrètes pour UN LOGEMENT POUR TOUS ET TOUTES
* pour des lieux d'hébergement dignes et respectueux des droits des usagers
* pour la défense des droits des salariés.
COLLECTIF SOIF D'UTOPIES 06 31 56 17 56
soifdutopies@yahoo.fr
DAL 37 06 83 00 88 76
dal37tours@gmail.com