solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulouse

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Messagede JPD » 12 Déc 2011, 06:12

Libération et arrêt des poursuite pour Audrey, Ian, Manon, Pauline, Sami et Serge


Le 15 novembre à Toulouse une centaine de gendarmes ont opéré une série de perquisitions et procédé à une dizaine d’interpellations dans plusieurs lieux d’habitation, embarquant au passage une famille de sans-papiers, et bien sûr ordinateurs et écrits divers. Ils ont placé en garde à vue six personnes (que la presse, comme à son habitude, et suivant en cela le ciblage policier destiné à criminaliser au maximum, s’est empressée de classer dans les « mouvances anarchistes »), et quatre d’entre elles se trouvent depuis en détention à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses, deux autres ayant été libérées (inculpée pour l’une et témoin assité pour l’autre).

Les chefs d’inculpation retenus contre elles, ne sont rien moins que :

- participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ;

- violence commise en réunion sans incapacité ;

- dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion.

De quoi s’agit-il ?

Les chefs d’inculpations concernent l’intrusion, le 5 juillet dernier, d’une dizaine de personnes dans les locaux de la Protection judiciaire de la jeunesse, à Labège près de Toulouse, pour manifester contre l’incarcération des mineurs. Selon La Dépêche du 6 juillet, qui s’appuie sur les déclarations faites aussitôt à la presse par le procureur de la République Valet, ces personnes étaient « “armées” de bouteilles dont elles ont déversé le contenu sur les bureaux et les ordinateurs. Un liquide marron au relent d’ammoniaque et qui pourrait contenir de l’urine et des excréments humains ». Elles sont reparties « après avoir lancé des tracts qui contiendraient des propos injurieux sur l’action éducative menée par la PJJ ».

Il faut préciser que cette action, qui n’a pas été revendiquée, n’est pas la première mettant en cause les EPM (établissement pénitenciers pour miners) ! Suite au suicide en février 2010 d’un jeune placé dans l’EPM d’Orvault (44), la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) a été tagué "l'epm tue », "la justice tue", "solidarité", etc. Le 14 mai 2011, le même établissement a été la cible de graffitis : « EPM = prison », « Educ = maton ». L’action de Labège a également eu lieu après la révolte des jeunes détenus à l’EPM de Lavaur, dans le Tarn, en mai, alors que le Parlement s’apprêtait à adopter une refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs avec la création d’un tribunal correctionnel pour les récidivistes de plus de 16 ans. Des actions qui sont bien peu de choses en regard des dégâts humains causés par l’arsenal de lois sécuritaires que l’Etat met en place.

Les inculpés toulousains nient toute implication dans les faits qui leur sont reprochés et, bien qu’aux dires même du procureur Valet, l’action menée « n’a finalement fait que peu de dégâts », quatre d’entre eux sont en prison depuis plus un mois, une demande de mise en liberté pour l’un d’entre eux ayant été de nouveau rejetée, malgré un dossier essentiellement constitué de présomptions, de proximité politique et… de refus de prise d’ADN (comme il est maintenant coutume de le faire en maintes circonstances).
Nous dénonçons à la fois la politique sécuritaire du gouvernement et la répression menée à l’encontre des personnes actuellement incarcérées et poursuivies et exprimons toute notre solidarité en exigeant leur libération immédiate ainsi que l’arrêt des poursuites engagées contre elles.


Libération et arrêt des poursuite pour Audrey, Ian, Manon, Pauline, Sami et Serge

Poitiers le 12 décembre
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 15 Déc 2011, 00:10

Entretien avec deux personnes du collectif de soutien aux inculpé-es du 15 novembre à Toulouse sur "sons en luttes" : http://sonsenluttes.net/spip.php?article383

manif aussi à Lyon le 17 décembre, à 14h30, Place du Pont (G.Peri) :

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Tract d'appel : http://rebellyon.info/Samedi-17-decembr ... ement.html


Poitiers : vendredi 16 décembre, rassemblement à 18 heures devant le Palais de justice

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Tract d'appel : http://www.antirep86.fr/2011/12/13/comm ... re-audrey/
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 16 Déc 2011, 12:19

Rassemblement/AG à Bordeaux :

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Le C.L.A.P33 vous propose de participer à une assemblée populaire

samedi 17 décembre à partir de 15h, place St Michel à Bordeaux.


Il s'agira dans un premier temps de s'auto-informer sur les dernières répressions et nous invitons tout-e militant-e, collectif, association de Bordeaux et des environs qui auraient subi une répression à venir témoigner et nous raconter comment à Bordeaux, les espace d'expression se réduisent à une vitesse inquiétante.

Un deuxième temps pourra être consacré à une réflexion sur les réponses collectives à apporter face à cette répression.

Car nous ne viendront pas à bout de La Bête sans être organisé-e-s et solidaires.

Pour nos camarades de Toulouse et d'ailleurs, nous ne cèderons pas !
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Kzimir » 17 Déc 2011, 16:06

Je rentre à peine du rassemblement de Toulouse. On était une petite centaine, on c'est fait encerclés par les CRS et la BAC (quasiment aussi nombreux que nous) qui voulaient nous évacuer un à un, mais au prix d'une bousculade on a pu sortir. Ensuite c'est parti en mini-manif sauvage. Je ne crois pas qu'il y ait eu d'interpellations.
A noter que les passants (Jean Jaurès est un lieu de passage) étaient plutôt de notre côté, et hallucinaient franchement face au déploiement de force des flics. Par contre en terme de visibilité j'ai trouvé qu'on était pas top : une banderole du genre "liberté pour les inculpés du 15 novembre" sans plus d'explications, pas mal de gens parmi nous qui ne connaissaient visiblement pas le but de l'action du 15 novembre, trop peu de tracts et de gens qui les distribuaient aux passants (sans compter que pas mal ont été jetés quand les CRS nous en encerclés)... Mais il paraît qu'après sur la place du Capitole ça c'est mieux passé.

Et j'en profite pour poster ci dessous le communiqué d'AL Toulouse :
Non à la répression politique ! Liberté immédiate pour les inculpé-e-s du 15 novembre

Le 15 novembre au matin les forces de répression interpellent une dizaine de militant-e-s à leur domicile. Après leurs gardes à vue, quatre militant-e-s ont été mis en détention préventive et y sont toujours aujourd'hui.
Pour quelles raisons? Officiellement pour avoir participé à une action le 5 juillet dernier contre les locaux de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse). Ils et elles sont accusé-e-s de « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ; violence commise en réunion sans incapacité ; dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion ».
Sur le fond, nous nous moquons de savoir ce qui s'est passé durant cette action, là n'est pas l'essentiel. L'incarcération des mineur-e-s est une étape de plus vers le tout sécuritaire contre lequel nous luttons. La répression qui frappe nos camarades démontre une fois de plus que l'État utilise tous les moyens à sa disposition pour faire taire ceux et celles qui s'opposent à sa politique.
Les contrôles au faciès, les licenciements massifs, les caméras partout dans l'espace public, le flicage de nos vies, les expulsions de sanspapier-e-s, les grandes qui se gavent sur notre dos, l'enfermement d'enfants de 13 ans, c'est cela la véritable violence qu'il faut combattre.
La répression ne nous fera pas taire et nous continuerons à combattre l'État et ses larbins.

Libération immédiate des inculpées du 15 novembre, NON aux centres d'enfermement pour les mineur-e-s.

AL Toulouse.
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liberté pour les prisonniers de Labège (Toulouse)

Messagede JPD » 24 Déc 2011, 11:16

Déjà cinq semaines de détention « provisoire »
pour les inculpé-e-s de Labège !


Le 14 novembre dernier à Toulouse, une dizaine de personnes ont été interpellées au cours de la rafle menée par une centaine de gendarmes mobiles dans sept lieux d’habitation, et quatre d’entre elles sont depuis incarcérées à la maison d’arrêt de Muret.
Ils et elles sont, avec une autre jeune femme, poursuivis pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens » ;
« violence commise en réunion sans incapacité » ;
« dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion ». Des chefs d’inculpation très lourds, au regard des faits qui leur sont imputés, et pour lesquels ils et elles nient toute participation –  l’action réalisée à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Labège, le 5 juillet dernier, par une dizaine de personnes qui ont déversé des excréments sur des bureaux et des ordinateurs, et laissé sur les lieux des tracts dénonçant à juste titre l’accentuation de la répression à l’encontre des mineur-e-s.
Depuis, quatre des personnes inculpées demeurent ainsi détenues sans que l’on sache pour combien de temps encore, et alors que le soutien matériel (argent, livres, vêtements, courrier) qui leur avait aussitôt été apporté est resté bloqué en tout ou partie pendant des semaines, de façon à les couper du monde extérieur et à faire pression sur elles pour les faire craquer. Par ailleurs, des prélèvements de leur ADN ont été effectués contre leur gré pendant leur garde à vue – le refus qu’elles y ont toutes opposé leur vaudra un procès le 9 mai prochain –, et le tribunal prétexte attendre le résultat de ces prélèvements pour les maintenir en détention en se gardant d’avancer la moindre date concernant leur libération.

La situation des « inculpé-e-s de Labège » rejoint en fait celle de nombreuses autres personnes placées en détention « provisoire » dans diverses geôles françaises pendant des mois et des mois (dernièrement à Paris et à Nantes). Les innombrables lois sécuritaires votées depuis une dizaine d’années – et appliquées en particulier à l’encontre d’une certaine jeunesse criminalisée sous les étiquettes « ultra-gauche » ou « mouvance anarcho-autonome » – permettent en effet à l’Etat français de s’asseoir désormais en toute légalité sur la « présomption d’innocence » censée être à la base de sa justice, créant un véritable délit d’opinion dans un silence presque parfait.
La solidarité montrée aux personnes qui se trouvent jetées dans le collimateur policier et judiciaire fait de plus facilement l’objet d’une répression violente. D’imposantes forces de gendarmerie mobile ont par exemple encerclé la manifestation organisée à Toulouse le 17 décembre en soutien aux « inculpé-e-s de Labège » en voulant disperser brutalement ses quelque 200 participant-e-s après les avoir soumis-e-s à un contrôle d’identité.
Que cette manifestation ait malgré tout et heureusement pu se tenir un peu plus tard prouve combien il est important de ne plus laisser faire.

Libération et arrêt des poursuites
pour les « inculpé-e-s de Labège » et d’ailleurs !


Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux – antirep86@free.fr
Collectif liberté pour les inculpé.e.s du 15 novembre Toulouse : nonalepm@riseup.net
CODELIB (Comité de défense des libertés fondamentales contre les dérives sécuritaires) St-Nazaire : codelibsaintnazaire@gmail.com
Collectif Contre Les Abus Policiers, Bordeaux http://clap33.over-blog.com/
Caisse de solidarité Montpellier
Les amis de l'égalité, Blois, <lesamisdelegalite@free.fr>
Soif d'utopie - Tours -
Emancipation, tendance intersyndicale anticapitaliste et anti autoritaire, http://www.emancipation.fr


Soutien financier pour les frais de justice et la cantine en prison : envoyez vos chèques
à l’ordre de « Maria », CAJ, c/o Canal Sud, 40 rue Alfred-Duméril, 31400 Toulouse.
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 29 Déc 2011, 17:34

Samedi 14 janvier, concert de soutien à Lille
à 21h au Centre Culturel Libertaire (4 rue de Colmar, Lille, métro Porte des Postes)
Avec :
- Bulgarian Yogourt (psycho-punk, Paris)
- Larcin (Oi!, Lille)
Prix libre. Orga Turbulences Sociales.
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede bipbip » 31 Déc 2011, 14:25

soutien aux inculpé-es de Labège et a la Caisse d’Autodéfense Juridique
Samedi 14 janvier à Toulouse, à partir de 14h “Aux Pavillon Sauvage” avenue Jean-Dagnaux, métro Canal du Midi.

Tables d’infos // Présentation de différents outils (caisse de solidarité, radio, journaux) pour briser l’isolement carcéral // Écoute de documents sonores sur l’enfermement .. Atelier d’écriture de courriers aux détenu-e // Initiation à la langue des signes (pour se parler en silence) // Fabrication de cartes postales (pochoirs, sérigraphie) // Salon de thé (raméne ton gâteau)

À 19h concert avec Seasick 6 ; Dure et gay; Brassen’s not dead ; Prince Ringard ; Grâce et Volupté Van Van.

Prix libre de soutien aux inculpé-es de Labège et a la Caisse d’Autodéfense Juridique.


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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede bipbip » 02 Jan 2012, 12:46

à Bagnolet (93), Vendredi 27 janvier, 19h, Le Rémouleur, 106 Rue Victor Hugo.

Soirée "Les murs nous enferment. Attaquons toutes les prisons."
sur l'enfermement des mineurs, en solidarité avec les inculpés de Toulouse.

Ecoute du documentaire sonore " Silence, c'est la loi! ": Une trentaine dejeunes, pour la plupart mineurs, réagissent aux déclarations médiatiques, politiques et scientifiques portés à leur encontre. Leurs témoignages - comme la musique qui les accompagne - dressent un état des lieux de la situation au fil des parcours et des quotidiens… (sons écoutables sur http://www.bandeorganisee.org/)

Cette soirée est l'occasion de revenir sur des luttes passées et présentes contre l'enfermement des mineurs, mais aussi de discuter du maillage de contrôle qui s'étend de l'école à la prison.

Des harcèlements disciplinaires aux psychologues scolaires, en passant par les assistants sociaux, les dossiers scolaires deviennent rapidement des casiers judiciaires. Pour l'État, il s'agit de contrôler, mater, dresser les « éléments potentiellement dangereux ». Refuser cette intégration, c'est souvent « tomber dans la délinquance »; catégorie créée par l'État lui permettant de renforcer ses organes répressifs et légitimer son pouvoir.

Solidarité avec les inculpés de Toulouse !

"Au mois de mai, une révolte éclate et dure pendant plusieurs jours dans l'Etablissement pour Mineurs de Lavaur, dans le Tarn. Les enfermé-es saccagent plusieurs dizaines de cellules en affrontant les maton-nes. Dehors aussi la colère s'exprime, contre les institutions et entreprises qui enferment, ou profitent de l'enfermement. En juillet, à Labège, une dizaine de personnes font irruption dans les locaux de la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse, et repartent sans encombre après avoir aspergé les ordinateurs, écrit des slogans contre l'incarcération des mineurs «nique la justice», «porcs» et laissé des tracts à l'intention des salariées.

Mi-novembre, des perquisitions et arrestations sont effectuées dans le cadre d'une enquête sur cette action. 4 personnes sont alors placées en détention préventive, une autre mise sous contrôle judiciaire ". plus d'infos sur http://pourlaliberte.noblogs.org/
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede JPD » 11 Jan 2012, 23:02

POUR EXPLIQUER UN PEU L’« AFFAIRE DE LABÈGE »

Depuis maintenant près de deux mois, quatre jeunes hommes et femmes sont en détention « provisoire » à la maison d’arrêt de Seysses, sans qu’aucune date ait jamais été avancée concernant leur remise en liberté. Et on retrouve dans leur « affaire » un scénario désormais bien rodé pour la police et l’institution judiciaire : d’abord la criminalisation des personnes arrêtées, au moyen de l’étiquetage « ultra-gauche » ; puis une détention « provisoire » qui s’éternise ; enfin, un prélèvement d’ADN dont le refus est sanctionné pénalement…

Le 14 novembre dernier, une centaine de gendarmes mobiles ont opéré une impressionnante rafle à Toulouse dans sept lieux d’habitation (pour la plupart des squats) et interpellé une quinzaine de personnes (dont une famille de sans-papiers) ; ils ont ensuite mis six d’entre elles en garde à vue. Ces personnes ont toutes nié les faits qui leur sont reprochés ; elles ont juste reconnu un engagement militant (pour la plupart depuis le lycée avec le mouvement anti-CPE) et ont refusé le prélèvement d’ADN. Quatre sont donc présentement en détention, une autre jeune femme a été inculpée mais placée sous contrôle judiciaire, et un jeune homme a été libéré mais en tant que « témoin assisté ».

Les arrestations intervenues à Toulouse entrent dans le cadre de l’« affaire de Labège » : le 5 juillet 2011, une dizaine de personnes non identifiables ont pénétré dans les locaux de la direction interrégionale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ, organisme qui dépend du ministère de la Justice) à Labège, dans la banlieue de Toulouse. Ce groupe a déversé des excréments sur des ordinateurs et des bureaux, tagué quelques slogans sur des murs, et laissé sur place des tracts non siglés dénonçant l’accentuation permanente de la politique sécuritaire à l’encontre des mineur-e-s avant de se volatiliser quelques minutes plus tard.

L’action visait donc clairement la ligne répressive de l’Etat – dénoncée par une partie des éducateurs eux-mêmes, notamment en 2002 lors de la création des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). En mai dernier, en effet, une révolte a éclaté à l’EPM de Lavaur, dans le Tarn. L’administration pénitentiaire et la PJJ y ont répondu par l’intervention des équipes régionales et de sécurité (ERS), des mesures d’isolement, des conseils disciplinaires et des transferts. La PJJ a alors déclaré qu’une partie des jeunes détenus étaient « irrécupérables », et elle a demandé « plus de sécurité, un profilage des détenus et une reconnaissance de la pénibilité [du] métier ». Au début de l’été, le Parlement s’apprêtait de plus à adopter une refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, comprenant entre autres la création d’un tribunal correctionnel pour les récidivistes de plus de 16 ans en ce qui concerne des délits passibles d’au moins trois ans d’emprisonnement.

Toujours est-il que l’action de Labège s’est déroulée sans violence – hormis un bref lâcher de bombe lacrymogène en direction d’un membre de la PJJ quand celui-ci a arraché le sac à dos d’un membre du groupe (il n’a eu aucun arrêt de travail et n’a pas porté plainte). Le procureur de la République, qui s’est déplacé sur les lieux avec le préfet le lendemain, a de plus remarqué lui-même que l’action menée « n’a[vait] finalement fait que peu de dégâts ». D’où l’évidente disproportion de l’opération lancée quatre mois plus tard par des forces de l’ordre surarmées pour procéder à une vague de perquisitions et d’arrestations à Toulouse, sur la base du sac laissé sur place à Labège (si ce sac semble bien appartenir à un des prévenus, ce dernier affirme l’avoir perdu lors de son déménagement en juin dernier).

A la fin de leur garde à vue, les lourdes inculpations que le juge a prononcées à l’égard de cinq personnes ont été les suivantes : « - Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ;

violence commise en réunion sans incapacité ;
dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion. » En dépit du fait que ces personnes n’appartiennent à aucune organisation et que l’action de Labège n’a pas été revendiquée, l’étiquette « ultra-gauche » qui a été collée sur leur dos et sur leur dossier, et que les médias ont reprise, a suffi à les criminaliser (l’ordonnance de placement en détention provisoire concernant un des prévenus affirme ainsi que celui-ci « reconnaît son appartenance à un mouvement d’extrême gauche, lequel est à l’origine des faits reprochés comme en attestent les tracts laissés sur place » ; or le terme d’« ultra-gauche » qui lui a été attribué pendant la garde à vue ne représente en rien une organisation). Et ce malgré l’absence de preuves jusqu’à ce jour, car l’instruction court toujours. De même que l’« appartenance à la mouvance anarcho-autonome » et d’autres qualificatifs de ce genre, l’étiquetage « ultra-gauche » sert ainsi depuis des années maintenant à créer un véritable délit d’opinion.
Par ailleurs, le refus opposé par les « inculpé-e-s de Labège » à un prélèvement d’ADN va leur valoir un procès, début mai, quoique cet ADN leur ait de toute façon été prélevé contre leur gré en garde à vue (sur les gobelets et couverts utilisés pour se restaurer durant ce laps de temps). Les avocats des inculpé-e-s se sont à une exception près abstenus de faire appel de la mise en détention, sur l’idée que le juge attend les résultats des tests pour décider de leur libération ou non ; mais on peut sérieusement en douter, après sept semaines de détention. Il est bien plus probable que ces résultats sont déjà connus, et qu’il s’agit plutôt pour le juge de laisser mariner toute cette jeunesse en prison, dans l’espoir de la faire craquer et avouer ou du moins « coopérer » (tout en observant qui se mobilise pour les soutenir, aussi et bien sûr, afin d’alimenter les fichiers et de trouver d’autres « coauteurs » de l’action incriminée), surtout si le résultat des tests n’a pas « démontré » la culpabilité des inculpé-e-s. Rappelons que le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) a la particularité d’être alimenté de force – le prélèvement est « juridiquement contraint » car, en garde à vue, l’officier de police judiciaire a l’obligation d’informer le prévenu qu’il peut refuser ce « prélèvement biologique », mais en ajoutant aussitôt que « ce refus constitue un délit », et pas des moindres, puisque le code pénal prévoit jusqu’à un an ferme et 15 000 euros d’amende. Une situation kafkaïenne, étant donné le nombre de gens qui, relaxés du délit pour lequel on leur demandait leur ADN, demeurent poursuivis pour le délit de refus de prélèvement ; c’est qui plus est un « délit continu » : tant que l’on persiste dans son refus, on peut être convoqué à tout moment pour une nouvelle demande de prélèvement. Cette situation fait que certains ont porté leur cas devant la Cour européenne des droits de l’homme (voir http://www.slate.fr/story/47639/adn...).

Par les détentions « provisoires » qui s’éternisent, l’institution judiciaire entre également, et une fois de plus là encore, en complète contradiction avec la « présomption d’innocence » censée former le socle de la justice française. Il n’est que de voir la population des prisons, composée pour moitié de prévenu-e-s dans l’attente d’un procès qui peut avoir lieu deux ou trois ans plus tard. Ou se rappeler l’expérience pénitentiaire de Julien Coupat (plus de six mois) ; et, encore plus fort, celle des six Parisiens qui sont traduits en justice en mars prochain : entre sept et treize mois de « provisoire », avec un placement sous contrôle judiciaire ensuite (leurs quatre affaires ont été rassemblées sous le prétexte d’une même « association de malfaiteurs dans un but terroriste » – voir notamment l’article de Camille Polloni paru sur Inrocks.com le 19 janvier 2011 : http://www.lesinrocks.com/actualite...).

Depuis leur arrivée à la maison d’arrêt, la situation des « inculpé-e-s de Labège » n’a pas évolué : chaque fois que le tribunal a dû réexaminer leur incarcération, il a choisi de les maintenir en prison. Les motifs qu’il invoque demeurent :

« d’empêcher une concertation frauduleuse avec les complices », alors que les deux jeunes femmes ont été enfermées dans la même cellule et que les deux jeunes hommes ont effectué leurs promenades ensemble durant leurs premiers jours à la maison d’arrêt ;
« d’empêcher une pression sur les témoins ou victimes », alors que dans l’action de Labège il n’y a pas eu de victimes et qu’aucun témoin n’est en mesure d’identifier ses responsables.
« de prévenir le renouvellement de l’infraction », alors qu’il ne s’agirait pas de récidivistes mais de « primo-délinquants », selon le jargon judiciaire, s’il s’avérait qu’ils et elles sont coupables.
L’attitude du tribunal à l’égard du seul prévenu qui a fait appel de sa mise en détention puis, débouté, a déposé une demande de remise en liberté montre bien que pour ce tribunal la culpabilité des inculpé-e-s est acquise. Lors de l’appel, qui s’est déroulé en présence de ce prévenu et dont l’audience était publique, la juge a lu le texte de l’ordonnance de placement en détention provisoire et s’est s’exclamée lorsqu’il a été question de la PJJ : « C’est parfaitement hilarant, quand on connaît le dévouement du personnel de la PJJ ! » ; peu après, c’est son collègue qui s’est écrié, à la mention que les inculpé-e-s avaient refusé le prélèvement d’ADN par conviction politique, qu’il ne voyait « vraiment pas » comment on pouvait associer les termes « ADN » et « politique »… Après quoi, ce tribunal a demandé au prévenu s’il avait quelque chose à ajouter, et, relevant qu’on le qualifiait d’« ultra-gauche » dans l’ordonnance de mise en détention, il a voulu savoir ce que le tribunal entendait par là en précisant qu’il était prêt à en débattre puisqu’il n’appartenait à aucune organisation. Autrement dit, il a répondu sans arrogance, mais sans se laisser démonter ni baisser la tête dans l’attitude attendue de repentance, partant de culpabilité admise. Inacceptable, pour le tribunal – d’où le commentaire suivant, à la fin de l’arrêt de la cour d’appel le maintenant en détention : « Son attitude laisse présumer qu’il agit délibérément même s’il conteste formellement les faits. » La demande de remise en liberté s’est soldée quant à elle en deux temps trois mouvements dans le bureau du juge : celui-ci a campé sur ses positions, en motivant son refus de remettre l’inculpé en liberté par les arguments précédemment utilisés, mais en ajoutant cette fois qu’il ne croyait pas à la promesse d’embauche obtenue pour six mois à compter du 2 janvier 2012. Autrement dit, après avoir en novembre invoqué un manque de « garanties de représentation » pour mettre cet inculpé en détention (au prétexte qu’il n’avait pas repris une inscription à la fac en septembre mais s’était inscrit à Pôle emploi), cette proposition de travail n’a pas davantage satisfait le tribunal : il a laissé en prison cet inculpé malgré un casier judiciaire vierge, l’existence d’un logement loué et de revenus (modestes mais réels), et sans avancer la moindre preuve corroborant les accusations portées à son encontre.

On assiste ainsi, grâce aux innombrables lois sécuritaires adoptées depuis une dizaine d’années, à la criminalisation d’une certaine jeunesse radicalisée : selon ses besoins du moment, l’Etat réprime les jeunes de banlieue ou les « jeunes » en général, les « étrangers » ou les sans-papiers, les Roms, les « anarcho-autonomes », les activistes politiques ou les participants à des mouvements de la contestation sociale. Les milieux tour à tour en butte à la répression se trouvent à la merci du pouvoir. D’une part, parce que la détention « provisoire » peut être prolongée, selon le bon vouloir des juges, pendant des mois et des mois voire des années – une situation qui a plusieurs fois incité la Cour européenne des droits de l’homme à critiquer la France là-dessus aussi et à lui demander de revoir cette pratique. D’autre part, parce que le refus de prélèvement d’ADN est sanctionné pénalement et de façon répétitive.

Pareille situation démontre, s’il en était besoin, l’urgence de la contrer par l’affirmation d’une solidarité concrète envers les personnes en butte à la répression parce qu’elles contestent le système capitaliste et son organisation sociale. Seule la manifestation de cette solidarité peut leur éviter la marginalisation dans laquelle l’Etat cherche à les piéger et vers laquelle la répression tend trop souvent à les pousser. Il faut dénoncer haut et fort la perversité d’une détention « provisoire » qui revient à faire exécuter une peine avant même qu’un jugement ait été rendu – d’autant plus que semblable procédé anéantit toute possibilité de relaxe lors du procès : quand celui-ci finit par avoir lieu, le tribunal condamne à une peine couvrant la durée de la préventive, afin de ne pas être attaqué en justice pour détention arbitraire. Alors, décidément, ne laissons plus faire !

Françoise (Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux)

P.-S.
Un deuxième détenu qui avait fait appel suite au refus de sa demande de mise en liberté a vu ce refus confirmé.
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede bipbip » 14 Jan 2012, 12:35

POUR EXPLIQUER UN PEU L’« AFFAIRE DE LABÈGE »

Depuis maintenant près de deux mois, quatre jeunes hommes et femmes sont en détention « provisoire » à la maison d’arrêt de Seysses, sans qu’aucune date ait jamais été avancée concernant leur remise en liberté. Et on retrouve dans leur « affaire » un scénario désormais bien rodé pour la police et l’institution judiciaire : d’abord la criminalisation des personnes arrêtées, au moyen de l’étiquetage « ultra-gauche » ; puis une détention « provisoire » qui s’éternise ; enfin, un prélèvement d’ADN dont le refus est sanctionné pénalement…

Le 14 novembre dernier, une centaine de gendarmes mobiles ont opéré une impressionnante rafle à Toulouse dans sept lieux d’habitation (pour la plupart des squats) et interpellé une quinzaine de personnes (dont une famille de sans-papiers) ; ils ont ensuite mis six d’entre elles en garde à vue. Ces personnes ont toutes nié les faits qui leur sont reprochés ; elles ont juste reconnu un engagement militant (pour la plupart depuis le lycée avec le mouvement anti-CPE) et ont refusé le prélèvement d’ADN. Quatre sont donc présentement en détention, une autre jeune femme a été inculpée mais placée sous contrôle judiciaire, et un jeune homme a été libéré mais en tant que « témoin assisté ».

Les arrestations intervenues à Toulouse entrent dans le cadre de l’« affaire de Labège » : le 5 juillet 2011, une dizaine de personnes non identifiables ont pénétré dans les locaux de la direction interrégionale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ, organisme qui dépend du ministère de la Justice) à Labège, dans la banlieue de Toulouse. Ce groupe a déversé des excréments sur des ordinateurs et des bureaux, tagué quelques slogans sur des murs, et laissé sur place des tracts non siglés dénonçant l’accentuation permanente de la politique sécuritaire à l’encontre des mineur-e-s avant de se volatiliser quelques minutes plus tard.

L’action visait donc clairement la ligne répressive de l’Etat – dénoncée par une partie des éducateurs eux-mêmes, notamment en 2002 lors de la création des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). En mai dernier, en effet, une révolte a éclaté à l’EPM de Lavaur, dans le Tarn. L’administration pénitentiaire et la PJJ y ont répondu par l’intervention des équipes régionales et de sécurité (ERS), des mesures d’isolement, des conseils disciplinaires et des transferts. La PJJ a alors déclaré qu’une partie des jeunes détenus étaient « irrécupérables », et elle a demandé « plus de sécurité, un profilage des détenus et une reconnaissance de la pénibilité [du] métier ». Au début de l’été, le Parlement s’apprêtait de plus à adopter une refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, comprenant entre autres la création d’un tribunal correctionnel pour les récidivistes de plus de 16 ans en ce qui concerne des délits passibles d’au moins trois ans d’emprisonnement.

Toujours est-il que l’action de Labège s’est déroulée sans violence – hormis un bref lâcher de bombe lacrymogène en direction d’un membre de la PJJ quand celui-ci a arraché le sac à dos d’un membre du groupe (il n’a eu aucun arrêt de travail et n’a pas porté plainte). Le procureur de la République, qui s’est déplacé sur les lieux avec le préfet le lendemain, a de plus remarqué lui-même que l’action menée « n’a[vait] finalement fait que peu de dégâts ». D’où l’évidente disproportion de l’opération lancée quatre mois plus tard par des forces de l’ordre surarmées pour procéder à une vague de perquisitions et d’arrestations à Toulouse, sur la base du sac laissé sur place à Labège (si ce sac semble bien appartenir à un des prévenus, ce dernier affirme l’avoir perdu lors de son déménagement en juin dernier).

A la fin de leur garde à vue, les lourdes inculpations que le juge a prononcées à l’égard de cinq personnes ont été les suivantes : « - Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ;

• violence commise en réunion sans incapacité ;
• dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion. » En dépit du fait que ces personnes n’appartiennent à aucune organisation et que l’action de Labège n’a pas été revendiquée, l’étiquette « ultra-gauche » qui a été collée sur leur dos et sur leur dossier, et que les médias ont reprise, a suffi à les criminaliser (l’ordonnance de placement en détention provisoire concernant un des prévenus affirme ainsi que celui-ci « reconnaît son appartenance à un mouvement d’extrême gauche, lequel est à l’origine des faits reprochés comme en attestent les tracts laissés sur place » ; or le terme d’« ultra-gauche » qui lui a été attribué pendant la garde à vue ne représente en rien une organisation). Et ce malgré l’absence de preuves jusqu’à ce jour, car l’instruction court toujours. De même que l’« appartenance à la mouvance anarcho-autonome » et d’autres qualificatifs de ce genre, l’étiquetage « ultra-gauche » sert ainsi depuis des années maintenant à créer un véritable délit d’opinion.

Par ailleurs, le refus opposé par les « inculpé-e-s de Labège » à un prélèvement d’ADN va leur valoir un procès, début mai, quoique cet ADN leur ait de toute façon été prélevé contre leur gré en garde à vue (sur les gobelets et couverts utilisés pour se restaurer durant ce laps de temps). Les avocats des inculpé-e-s se sont à une exception près abstenus de faire appel de la mise en détention, sur l’idée que le juge attend les résultats des tests pour décider de leur libération ou non ; mais on peut sérieusement en douter, après sept semaines de détention. Il est bien plus probable que ces résultats sont déjà connus, et qu’il s’agit plutôt pour le juge de laisser mariner toute cette jeunesse en prison, dans l’espoir de la faire craquer et avouer ou du moins « coopérer » (tout en observant qui se mobilise pour les soutenir, aussi et bien sûr, afin d’alimenter les fichiers et de trouver d’autres « coauteurs » de l’action incriminée), surtout si le résultat des tests n’a pas « démontré » la culpabilité des inculpé-e-s. Rappelons que le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) a la particularité d’être alimenté de force – le prélèvement est « juridiquement contraint » car, en garde à vue, l’officier de police judiciaire a l’obligation d’informer le prévenu qu’il peut refuser ce « prélèvement biologique », mais en ajoutant aussitôt que « ce refus constitue un délit », et pas des moindres, puisque le code pénal prévoit jusqu’à un an ferme et 15 000 euros d’amende. Une situation kafkaïenne, étant donné le nombre de gens qui, relaxés du délit pour lequel on leur demandait leur ADN, demeurent poursuivis pour le délit de refus de prélèvement ; c’est qui plus est un « délit continu » : tant que l’on persiste dans son refus, on peut être convoqué à tout moment pour une nouvelle demande de prélèvement. Cette situation fait que certains ont porté leur cas devant la Cour européenne des droits de l’homme (voir http://www.slate.fr/story/47639/adn-fichiers).

Par les détentions « provisoires » qui s’éternisent, l’institution judiciaire entre également, et une fois de plus là encore, en complète contradiction avec la « présomption d’innocence » censée former le socle de la justice française. Il n’est que de voir la population des prisons, composée pour moitié de prévenu-e-s dans l’attente d’un procès qui peut avoir lieu deux ou trois ans plus tard. Ou se rappeler l’expérience pénitentiaire de Julien Coupat (plus de six mois) ; et, encore plus fort, celle des six Parisiens qui sont traduits en justice en mars prochain : entre sept et treize mois de « provisoire », avec un placement sous contrôle judiciaire ensuite (leurs quatre affaires ont été rassemblées sous le prétexte d’une même « association de malfaiteurs dans un but terroriste » – voir notamment l’article de Camille Polloni paru sur Inrocks.com le 19 janvier 2011 : http://www.lesinrocks.com/actualite/act ... erroriste/
Depuis leur arrivée à la maison d’arrêt, la situation des « inculpé-e-s de Labège » n’a pas évolué : chaque fois que le tribunal a dû réexaminer leur incarcération, il a choisi de les maintenir en prison. Les motifs qu’il invoque demeurent :

• « d’empêcher une concertation frauduleuse avec les complices », alors que les deux jeunes femmes ont été enfermées dans la même cellule et que les deux jeunes hommes ont effectué leurs promenades ensemble durant leurs premiers jours à la maison d’arrêt ;
• « d’empêcher une pression sur les témoins ou victimes », alors que dans l’action de Labège il n’y a pas eu de victimes et qu’aucun témoin n’est en mesure d’identifier ses responsables.
• « de prévenir le renouvellement de l’infraction », alors qu’il ne s’agirait pas de récidivistes mais de « primo-délinquants », selon le jargon judiciaire, s’il s’avérait qu’ils et elles sont coupables.

L’attitude du tribunal à l’égard du seul prévenu qui a fait appel de sa mise en détention puis, débouté, a déposé une demande de remise en liberté montre bien que pour ce tribunal la culpabilité des inculpé-e-s est acquise. Lors de l’appel, qui s’est déroulé en présence de ce prévenu et dont l’audience était publique, la juge a lu le texte de l’ordonnance de placement en détention provisoire et s’est s’exclamée lorsqu’il a été question de la PJJ : « C’est parfaitement hilarant, quand on connaît le dévouement du personnel de la PJJ ! » ; peu après, c’est son collègue qui s’est écrié, à la mention que les inculpé-e-s avaient refusé le prélèvement d’ADN par conviction politique, qu’il ne voyait « vraiment pas » comment on pouvait associer les termes « ADN » et « politique »… Après quoi, ce tribunal a demandé au prévenu s’il avait quelque chose à ajouter, et, relevant qu’on le qualifiait d’« ultra-gauche » dans l’ordonnance de mise en détention, il a voulu savoir ce que le tribunal entendait par là en précisant qu’il était prêt à en débattre puisqu’il n’appartenait à aucune organisation. Autrement dit, il a répondu sans arrogance, mais sans se laisser démonter ni baisser la tête dans l’attitude attendue de repentance, partant de culpabilité admise. Inacceptable, pour le tribunal – d’où le commentaire suivant, à la fin de l’arrêt de la cour d’appel le maintenant en détention : « Son attitude laisse présumer qu’il agit délibérément même s’il conteste formellement les faits. » La demande de remise en liberté s’est soldée quant à elle en deux temps trois mouvements dans le bureau du juge : celui-ci a campé sur ses positions, en motivant son refus de remettre l’inculpé en liberté par les arguments précédemment utilisés, mais en ajoutant cette fois qu’il ne croyait pas à la promesse d’embauche obtenue pour six mois à compter du 2 janvier 2012. Autrement dit, après avoir en novembre invoqué un manque de « garanties de représentation » pour mettre cet inculpé en détention (au prétexte qu’il n’avait pas repris une inscription à la fac en septembre mais s’était inscrit à Pôle emploi), cette proposition de travail n’a pas davantage satisfait le tribunal : il a laissé en prison cet inculpé malgré un casier judiciaire vierge, l’existence d’un logement loué et de revenus (modestes mais réels), et sans avancer la moindre preuve corroborant les accusations portées à son encontre.

On assiste ainsi, grâce aux innombrables lois sécuritaires adoptées depuis une dizaine d’années, à la criminalisation d’une certaine jeunesse radicalisée : selon ses besoins du moment, l’Etat réprime les jeunes de banlieue ou les « jeunes » en général, les « étrangers » ou les sans-papiers, les Roms, les « anarcho-autonomes », les activistes politiques ou les participants à des mouvements de la contestation sociale. Les milieux tour à tour en butte à la répression se trouvent à la merci du pouvoir. D’une part, parce que la détention « provisoire » peut être prolongée, selon le bon vouloir des juges, pendant des mois et des mois voire des années – une situation qui a plusieurs fois incité la Cour européenne des droits de l’homme à critiquer la France là-dessus aussi et à lui demander de revoir cette pratique. D’autre part, parce que le refus de prélèvement d’ADN est sanctionné pénalement et de façon répétitive.

Pareille situation démontre, s’il en était besoin, l’urgence de la contrer par l’affirmation d’une solidarité concrète envers les personnes en butte à la répression parce qu’elles contestent le système capitaliste et son organisation sociale. Seule la manifestation de cette solidarité peut leur éviter la marginalisation dans laquelle l’Etat cherche à les piéger et vers laquelle la répression tend trop souvent à les pousser. Il faut dénoncer haut et fort la perversité d’une détention « provisoire » qui revient à faire exécuter une peine avant même qu’un jugement ait été rendu – d’autant plus que semblable procédé anéantit toute possibilité de relaxe lors du procès : quand celui-ci finit par avoir lieu, le tribunal condamne à une peine couvrant la durée de la préventive, afin de ne pas être attaqué en justice pour détention arbitraire. Alors, décidément, ne laissons plus faire !

Françoise (Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux)

P.-S.
Un deuxième détenu qui avait fait appel suite au refus de sa demande de mise en liberté a vu ce refus confirmé.


http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1110
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 27 Jan 2012, 12:45

une des quatre personnes écrouées a été libérée

Une libération c’est bien ! Maintenant on attend les autres.

Après deux mois de détention une des quatre personnes écrouées dans
l’affaire de Labège a été libérée vendredi. Cette libération, inattendue,
prouve encore la vacuité des charges qui pèsent sur les personnes mise en
cause dans cette affaire.

« Affaire » qui consiste en une action de protestation ayant visé la
direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse à
Labège, cette institution qui sert de justification éducative à
l’enfermement des mineurs dès l’âge de 13 ans. Depuis l’ouverture de 7 de
ces établissements en 2007, suicides, mutineries, automutilations n’ont
cessé de rappeler qu’il s’agit avant tout d’une prison avec son cortège de
vexations. En mai 2011 l’établissement pénitentiaire pour mineur de Lavaur
avait été agité par une émeute promptement matée par une équipe régionale
d’intervention et de sécurité.

Le 15 novembre 2011, armes au poing et cagoulés, une centaine de pandores
avaient fait irruption dans 7 domiciles à Toulouse et ce de manière
simultanée. C’était l’aboutissement de 4 mois d’enquête où tous les moyens
techniques avaient été mis en œuvre pour identifier les coupables. Très
vite il devient évident que le dossier est plus que vide, l’essentiel
tenant à une présomption de culpabilité. Les mis en cause sont contre
l’enfermement des mineurs, voire même ils et elles chercheraient à faire
en sorte que ce monde change de bases.

La machine répressive est bien rodée, elle fonctionne au quotidien sur
diverses cibles qui toutes ont en commun d’appartenir au prolétariat. La
surpopulation carcérale, que la construction régulière de nouvelles places
ne résout (et ne résoudra) jamais, et les récents meurtres policiers sont
là pour le démontrer. Cette incarcération est un épisode de plus dans
cette logique. La dégradation programmée des conditions sociales
d’exploitation de notre force de travail ne va pas arranger nos affaires.
La solidarité qui s’est déployée depuis deux mois tant financière que
politique, a permis dans un premier temps que la détention soit plus
vivable et nous rend plus fortEs. Elle n’est sans doute pas pour rien dans
cette première libération et elle doit perdurer jusqu’à la libération des
trois autres et l’arrêt total des poursuites. Des procès sont à venir, en
mai pour refus d’ADN et à une date indéterminé sur le fond. Ce sont 6
personnes qui se trouvent mise en cause dans le cadre d’une instruction,
qui n’étant toujours pas close, pourrait impliquer d’autres personnes.
La machine répressive n’est pas une fatalité, nous pouvons l’enrayer aussi
souvent qu’elle nous attaque.

Leurs matraques ne nous ont toujours pas fait taire…
Ni marcher d’un seul pas et ce n’est pas prêt d’arriver, con.

Collectif pour la liberté des inculpé-e-s de Labège

http://pourlaliberte.noblogs.org/
nonalepm@riseup

http://www.antirep86.fr/2012/01/26/une- ... es-autres/
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 03 Fév 2012, 02:20

Samedi 4 février à Lyon, concert de soutien inculpé-e-s de Labège

Image

.

Toulouse, 9 février,
soirée débat "Dénoncer la machine répressive. Autour des arrestations du 15 novembres à Toulouse"

Dénoncer la machine répressive.
Autour des arrestations du 15 novembres à Toulouse


Le jeudi 9 février 2012, l'Atelier Idéal invite des membres du journal l'Envolée, des membres de l'émission Bruit de tôle et des z'individuEs pour décortiquer la machine répressive.

Entrée libre dès 19h30, La Chapelle, Association l’Atelier Idéal , 36 rue Danielle Casanova, Toulouse


La police de plus en plus présente. La prison, ou plutôt les prisons, de plus en plus à l'horizon de nos luttes comme du quotidien. Des décennies de loi sécuritaires qui ont alourdi des codes pénal et civil déjà pas tendres pour les classes laborieuses. Tout ça sur fond d'une crise (encore?) qui n'annonce pas vraiment des jours meilleurs? Alors que trois personnes sont encore incarcérées (au 31 janvier), soupçonnées d'avoir participé à une action politique contre les prisons pour mineurs, quelles lectures faire de tout ça?

Après une point complet sur l'affaire des "inculpéEs de Labège" nous montrerons que bien plus qu'un acte isolé c'est un fonctionnement global qui est mise en lumière par cette affaires. Un fonctionnement qui concernent toutes les personnes qui espèrent qu'un jour prochain ce monde change de base et pas que...
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 07 Fév 2012, 11:49

Paris, 12 février,
Soirée de solidarité avec les inculpés de Toulouse/Labège

à 17h30 Centre international de culture populaire (CICP) 21 ter, rue Voltaire (et non pas Boulevard Voltaire) Métro Rue-des-Boulets ou Nation
Intervention, infos et musiques avec
. The Angry Cats (rockabillybertaire, Paris),
. Burning Lady (punk mixte, Lille),
. Tulamort (punk de rues, Paris).
PAF : 5 euros.

. . . . . . . . . Image


Poitiers, 18 février,
à 14 heures, rassemblement devant le palais de justice de Poitiers

SOLIDARITÉ AVEC LES INCULPÉ-E-S DE TOULOUSE :
LIBÉRATION IMMÉDIATE, ARRÊT DES POURSUITES !


Depuis maintenant plus de deux mois, quatre jeunes hommes et femmes sont en détention « provisoire » à la maison d’arrêt de Seysses, sans qu’aucune date ait jamais été avancée concernant leur remise en liberté. Et on retrouve dans leur « affaire » un scénario désormais bien rodé pour la police et l’institution judiciaire : d’abord la criminalisation des personnes arrêtées, au moyen de l’étiquetage « ultra-gauche » ; puis une détention « provisoire » qui s’éternise ; enfin, un prélèvement d’ADN dont le refus est sanctionné pénalement…

Le 14 novembre dernier, une centaine de gendarmes mobiles ont opéré une impressionnante rafle à Toulouse dans sept lieux d’habitation (pour la plupart des squats) et interpellé une quinzaine de personnes (dont une famille de sans-papiers) ; ils ont ensuite mis six d’entre elles en garde à vue. Ces personnes ont toutes nié les faits qui leur sont reprochés ; elles ont juste reconnu un engagement militant (pour la plupart depuis le lycée avec le mouvement anti-CPE) et ont refusé le prélèvement d’ADN. Quatre sont donc présentement en détention, une autre jeune femme a été inculpée mais placée sous contrôle judiciaire, et un jeune homme a été libéré mais en tant que « témoin assisté ».

Les arrestations intervenues à Toulouse entrent dans le cadre de l’« affaire de Labège » : le 5 juillet 2011, une dizaine de personnes non identifiables ont pénétré dans les locaux de la direction interrégionale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ, organisme qui dépend du ministère de la Justice) à Labège, dans la banlieue de Toulouse. Ce groupe a déversé des excréments sur des ordinateurs et des bureaux, tagué quelques slogans sur des murs, et laissé sur place des tracts non signés dénonçant l’accentuation permanente de la politique sécuritaire à l’encontre des mineur-e-s avant de se volatiliser quelques minutes plus tard.
L’action visait donc clairement la ligne répressive de l’Etat – dénoncée par une partie des éducateurs eux-mêmes, notamment en 2002 lors de la création des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). En mai dernier, en effet, une révolte a éclaté à l’EPM de Lavaur, dans le Tarn. L’administration pénitentiaire et la PJJ y ont répondu par l’intervention des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS), des mesures d’isolement, des conseils disciplinaires et des transferts. La PJJ a alors déclaré qu’une partie des jeunes détenus étaient « irrécupérables », et elle a demandé « plus de sécurité, un profilage des détenus et une reconnaissance de la pénibilité [du] métier ». Au début de l’été, le Parlement s’apprêtait de plus à adopter une refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, comprenant entre autres la création d’un tribunal correctionnel pour les récidivistes de plus de 16 ans en ce qui concerne des délits passibles d’au moins trois ans d’emprisonnement.
Toujours est-il que l’action de Labège s’est déroulée sans violence – hormis un bref lâcher de bombe lacrymogène en direction d’un membre de la PJJ quand celui-ci a arraché le sac à dos d’un membre du groupe (il n’a eu aucun arrêt de travail et n’a pas porté plainte). Et que le procureur de la République, venu sur les lieux avec le préfet le lendemain, a remarqué lui-même que l’action menée « n’a[vait] finalement fait que peu de dégâts ». D’où l’évidente disproportion de l’opération lancée quatre mois plus tard par des forces de l’ordre surarmées pour procéder à une vague de perquisitions et d’arrestations à Toulouse.

A la fin de leur garde à vue, les lourdes inculpations que le juge a prononcées à l’égard de cinq personnes ont été les suivantes :
« – Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ;
- violence commise en réunion sans incapacité ;
- dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion. »
En dépit du fait que ces personnes n’appartiennent à aucune organisation et que l’action de Labège n’a pas été revendiquée, l’étiquette « ultra-gauche » qui a été collée sur leur dos et sur leur dossier, et que les médias ont reprise, a suffi à les criminaliser (l’ordonnance de placement en détention provisoire concernant un des prévenus affirme que celui-ci « reconnaît son appartenance à un mouvement d’extrême gauche, lequel est à l’origine des faits reprochés comme en attestent les tracts laissés sur place » ; or le terme d’« ultra-gauche » qui lui a été attribué pendant la garde à vue ne représente en rien une organisation). Et ce malgré l’absence de preuves jusqu’à ce jour, car l’instruction court toujours. De même que l’« appartenance à la mouvance anarcho-autonome » et d’autres qualificatifs de ce genre, l’étiquetage « ultra-gauche » sert ainsi depuis des années maintenant à créer un véritable délit d’opinion.

Par ailleurs, le refus opposé par les « inculpé-e-s de Labège » à un prélèvement d’ADN va leur valoir un procès, début mai, quoique cet ADN leur ait de toute façon été prélevé contre leur gré en garde à vue (sur les gobelets et couverts utilisés pour se restaurer durant ce laps de temps). Les avocats des deux inculpées se sont abstenus de faire appel de la mise en détention, sur l’idée que le juge attend les résultats des tests pour décider de leur libération ou non ; mais on peut sérieusement en douter, après huit semaines de détention. Il est bien plus probable que ces résultats sont déjà connus, et qu’il s’agit plutôt pour le juge de laisser mariner toute cette jeunesse en prison, dans l’espoir de la faire craquer et avouer ou du moins « coopérer » (tout en observant qui se mobilise pour les soutenir, aussi et bien sûr, afin d’alimenter les fichiers et de trouver d’autres « coauteurs » de l’action incriminée), surtout si le résultat des tests n’a pas « démontré » la culpabilité des inculpé-e-s.
Rappelons que le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) a la particularité d’être alimenté de force – le prélèvement est « juridiquement contraint » car, en garde à vue, l’officier de police judiciaire a l’obligation d’informer le prévenu qu’il peut refuser ce « prélèvement biologique », mais en ajoutant aussitôt que « ce refus constitue un délit », et pas des moindres, puisque le code pénal prévoit jusqu’à un an ferme et 15 000 euros d’amende. Une situation kafkaïenne, étant donné le nombre de gens qui, relaxés du délit pour lequel on leur demandait leur ADN, demeurent poursuivis pour le délit de refus de prélèvement ; c’est qui plus est un « délit continu » : tant que l’on persiste dans son refus, on peut être convoqué à tout moment pour une nouvelle demande de prélèvement. Cette situation fait que certains ont porté leur cas devant la Cour européenne des droits de l’homme (voir http://www.slate.fr/story/47639/adn-fichiers).

Par les détentions « provisoires » qui s’éternisent, l’institution judiciaire entre également, et une fois de plus là encore, en complète contradiction avec la « présomption d’innocence » censée former le socle de la justice française. Il n’est que de voir la population des prisons, composée pour moitié de prévenu-e-s dans l’attente d’un procès qui peut avoir lieu deux ou trois ans plus tard. Ou de se rappeler l’expérience pénitentiaire de Julien Coupat (plus de six mois) ; et, encore plus fort, celle des six Parisiens qui sont traduits en justice en mars prochain : entre sept et treize mois de « provisoire », avec un placement sous contrôle judiciaire ensuite (leurs quatre affaires ont été rassemblées sous le prétexte d’une même « association de malfaiteurs dans un but terroriste » – voir notamment l’article de Camille Polloni paru sur Inrocks.com le 19 janvier 2011 : http://www.lesinrocks.com/actualite/act ... 63...iste/).

Depuis l’arrivée des « inculpé-e-s de Labège » à la maison d’arrêt, chaque fois que le tribunal a dû réexaminer leur incarcération, il a choisi de les maintenir en prison.
Les motifs qu’il invoque sont :
- « d’empêcher une concertation frauduleuse avec les complices », alors que les deux jeunes femmes ont été enfermées dans la même cellule et que les deux jeunes hommes ont effectué leurs promenades ensemble durant leurs premiers jours à la maison d’arrêt ;
- « d’empêcher une pression sur les témoins ou victimes », alors que dans l’action de Labège il n’y a pas eu de victimes et qu’aucun témoin n’est en mesure d’identifier ses responsables.
- « de prévenir le renouvellement de l’infraction », alors qu’il ne s’agirait pas de récidivistes s’il s’avérait qu’ils et elles l’ont commise.

L’attitude du tribunal à l’égard d’un des prévenus, lors de l’appel qu’il a fait de sa mise en détention, montre bien que pour ce tribunal la culpabilité des inculpé-e-s est acquise. Ainsi, la juge a lu le texte de l’ordonnance de placement en détention provisoire et s’est s’exclamée lorsqu’il a été question de la PJJ : « C’est parfaitement hilarant, quand on connaît le dévouement du personnel de la PJJ ! » ; peu après, c’est son collègue qui s’est écrié, à la mention que les inculpé-e-s avaient refusé le prélèvement d’ADN par conviction politique, qu’il ne voyait « vraiment pas » comment on pouvait associer les termes « ADN » et « politique »… Après quoi, ce tribunal a demandé au prévenu s’il avait quelque chose à ajouter, et, relevant qu’on le qualifiait d’« ultra-gauche » dans l’ordonnance de mise en détention, il a voulu savoir ce que le tribunal entendait par là en précisant qu’il était prêt à en débattre puisqu’il n’appartenait à aucune organisation. Autrement dit, il a répondu sans arrogance, mais sans se laisser démonter ni baisser la tête dans l’attitude attendue de repentance, partant de culpabilité admise. Inacceptable, pour le tribunal – d’où le commentaire suivant, à la fin de l’arrêt de la cour d’appel le maintenant en détention : « Son attitude laisse présumer qu’il agit délibérément même s’il conteste formellement les faits. »
Quant à l’autre inculpé, non seulement sa demande de remise en liberté a été refusée, mais l’appel qu’il a fait ensuite, et qui a été rejeté de même, a été examiné sans qu’il soit présent. Et ses études universitaires sont elles aussi dans une mauvaise passe, car il n’a obtenu ses cours qu’à deux jours de ses partiels…

On assiste, on le voit, grâce aux innombrables lois sécuritaires adoptées depuis une dizaine d’années, à la criminalisation d’une certaine jeunesse radicalisée : selon ses besoins du moment, l’Etat réprime les jeunes de banlieue ou les « jeunes » en général, les « étrangers » ou les sans-papiers, les Roms, les « anarcho-autonomes », les activistes politiques ou les participants à des mouvements de la contestation sociale.
Les milieux tour à tour en butte à la répression se trouvent à la merci du pouvoir. D’une part, parce que la détention « provisoire » peut être prolongée, selon le bon vouloir des juges, pendant des mois et des mois voire des années – une situation qui a plusieurs fois incité la Cour européenne des droits de l’homme à critiquer la France là-dessus aussi et à lui demander de revoir cette pratique. D’autre part, parce que le refus de prélèvement d’ADN est sanctionné pénalement et de façon répétitive.

Pareille situation démontre, s’il en était besoin, l’urgence de la contrer par l’affirmation d’une solidarité concrète envers les personnes en butte à la répression parce qu’elles contestent le système capitaliste et son organisation sociale. Seule la manifestation de cette solidarité peut leur éviter la marginalisation dans laquelle l’Etat cherche à les piéger et vers laquelle la répression tend trop souvent à les pousser. Il faut dénoncer haut et fort la perversité d’une détention « provisoire » qui revient à faire exécuter une peine avant même qu’un jugement ait été rendu – d’autant plus que semblable procédé anéantit toute possibilité de relaxe lors du procès : quand celui-ci finit par avoir lieu, le tribunal condamne à une peine couvrant la durée de la préventive, afin de ne pas être attaqué en justice pour détention arbitraire.
Alors, décidément, ne laissons plus faire !
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux - http://www.antirep86.fr
Le 16 janvier 2012

Soutien financier pour les frais de justice et la cantine en prison : envoyez vos chèques
(à l’ordre de « Maria ») au CAJ, c/o Canal Sud, 40 rue Alfred-Duméril, 31400 Toulouse.

Dernière nouvelle : Un des inculpé-e-s a été libéré vendredi 20 janvier
sous contrôle judiciaire, en attente du procès. Plus que jamais, mobilisons-nous pour obtenir la libération des inculpé-e-s encore emprisonnés, et l’arrêt des poursuites contre toutes et tous !

Soyons nombreuses et nombreux, le 18 février à 14 heures, au rassemblement organisé devant le palais de justice de Poitiers !

Liens:: http://www.antirep86.fr/


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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 09 Fév 2012, 12:05

Deux nouvelles personnes ont été libérées ce 8 février. Elles seront aussi sous contrôle judiciaire. Il reste une inculpée embastillée.
http://pourlaliberte.noblogs.org/post/2 ... 8-fevrier/
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Re: solidarité avec les emprisonnés du 15 novembre à Toulous

Messagede Pïérô » 14 Fév 2012, 12:30

Poitiers, 3 mars, Concert de soutien aux inculpé.e.s

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