Pïérô a écrit:Le scénario parait sympa, mais au bout de cinq jours il n'y aura plus rien à bouffer dans les supermarchés pris d'assaut, faudrat-il aller envoyer des collonnes de la ville réquisitionner dans les campagnes ? Et ensuite ?
C'est juste question con pour scénario que je trouve trop facile, comme celui qui repose sur l'écroulement de lui même du capitalisme.
(je n'ai pas de réponse toute faite en 10 lignes).
La question de l'organisation collective, ou de différentes formes d'organisation collective, est de l'ordre de l'outil indispensable pour faire face et dans la lutte et dans l'autogestion (la gestion directe collective), comme celui du projet de société un peu plus élaboré que de grandes lignes qui peuvent dans le concret des épisodes de la lutte des classes s'avérer être un peu abstraites. La question de la socialisation des moyens de production et des services utiles au public est évidemment le socle de notre piste, mais celà reste qu'un slogan...et il me semble qu'il y aurait là matière à développer un minimum, pour situation révolutionnaire, et évidemment à partager au niveau international, ce qui fait défaut au niveau du mouvement anarchiste (et pas que d'ailleurs). Les grecs font preuve d'un spontanéisme qui nous manque, mais manquent d'organisation(s) collective(s). Rien que là il y aurait matière à échanger...
Je ne pas dit qu'il ne fallait pas d'organisation et de préparation ni que le mouvement spontané des peuples qui se lèvent serait suffisant.
On voit bien actuellement qu'il ne l'est pas pour aller jusqu'au bout du processus et qu'il est récupéré par les appareils politiques et la finance.
Comme l'explique Kropotkine dans "la conquête du pain" , c'est toujours valable et tu le rappelles : sans rien à manger, une révolution est vouée à l'échec.
On peut rajouter : un billet de banque ou un lingot d'or ne se mangent pas.
C'est la raison pour laquelle il faut investir au plus vite les pôles de production, les faire tourner pour ne pas juste tenir les réserves qui ne tiendront pas une semaine et coordonner la distribution directe pour nourrir la révolution et affamer le système monétaire.
Tout cela nécessite une organisation solide non seulement pour le faire mais aussi pour lever les obstacles de ceux qui s'y opposent, et, il y en a beaucoup qui occupent des places stratégiques.
Il faut donc construire une coordination horizontale, un maillage dense de réseaux au sein même du peuple.
Il y a d'ailleurs déjà des structures qui peuvent être utilisées à bon escient et servir de base à ces réseaux : associations , collectifs citoyens de toutes sortes et même syndicats s'ils sont épurés de leurs directions bureaucratiques.
La CNT espagnole comptait environ 100.000 membres en 1936 et ça n'a cependant pas suffit .
La situation objective était différente aussi.
Nous sommes aujourd'hui bien loin de 100.000 personnes clairement prêtes à passer en autogestion directe et immédiate, en dehors de l' Etat, en Grèce ou au Maghreb ou ailleurs.
Et sans cela un mouvement de révolte ne peut pas se continuer en révolution victorieuse.
En France nous en sommes bien loin : une poignée de libertaires qui passent le gros de leur temps à s'insulter ou se donner des leçons de morale.
Donc le résultat est que nous n'en sommes qu'à un niveau d'oppositions sporadiques et non de reconstruction de la société sur des bases nouvelles.
Ce réseau reste à monter.
Je pense tout de même que par rapport à l' Espagne de 36 , à cause de l'approfondissement de la crise du système capitaliste, de son inter-connection mondiale mais aussi d'une évolution sensible de la conscience collective et des moyens de communication, cette construction peut aller plus vite à condition cependant d'avoir les idées claires sur ce qu'on fait et comment on le fait :
-Ressources naturelles socialisées
-Moyens de production à disposition de tous
-Passage immédiat à une autogestion généralisée
-Distribution directe et gratuite de tous les biens et services créés
-Suppression de l'argent et de tous moyens de quantifier l'activité humaine.
-Coordination horizontale
-Suppression des Etats.
-Démocratie directe
-Respect absolu de la liberté individuelle et collective
Ce ne sont pas des slogans mais, pour moi, des principes, des lignes de conduite sans lesquels une révolution ne pourra pas aboutir.