Réponses rapides
@ Krizmir
"D'un autre côté j'ai clairement du mal à imaginer un processus révolutionnaire non violent, car à un moment ou à un autre les forces répressives entreront en jeu."
Oui, et alors ? Un des slogans de Occupy Wall Street est "Nous sommes les 99%". Et je pense que ce slogan est juste à quelques % près. La question est "comment réunir ces 99%, ou une majorité d’entre eux, face au 1% qui impose ce système. Tu imagines 1 type face à une cinquantaine, et je ne suis pas sûr qu’il a envie d’être violent. (sauf si il est menacé)
Pour être clair, être non-violent ne signifie pas pour moi imaginer une révolution exclusivement sans violence. Le monde idéal n’existe pas et n’existera probablement jamais.
Enfin, qu’appelle -t’on "violence" ? Faire sauter un bâtiment vide, des actes de sabotage,etc... sont-ils des actes "violents" ? Pour moi non.
@ Sid
"La différence entre la violence et la force est que si le rapport de force nous était vraiment favorable nous n'aurions pas à être violents"
Il y a d’autres différence. La force ne recherche pas l’établissement d’une relation de domination ou d’élimination. La violence (physique, psychologique,..), toujours. J’emploie la force pour des tas de choses. Elles ne sont pas à mettre sur le même plan. Si un(e) forcené(e) menace quelqu’un, la force est employée. Pas la violence.
Et tu as raison, la non-violence a pour but l’établissement d’un rapport de force favorable.
"Comment raisonner quelqu'un qui a choisit de servir l'État en devenant son bras armé ? " Ce n’est pas toujours un choix et sans doute pas dans la majorité des cas. Les armées professionnelles sont alimentées en chair à canon avec les classes populaires qui trouvent une "opportunité" de gagner sa croûte sous l’uniforme. Les retourner n’est pas si difficile que l’on se l’imagine la plupart du temps. La bourgeoisie c’est l’état-major, ce sont nos semblables qui sont en face.
Et personne ne te demande d’aller leur faire la bise ou de te laisser casser la tête.
A Manhattan (je reviendrai aussi sur le mouvement Occupy Wall Street), ils ont choisi la non-violence pour ne pas se mettre en danger (Se faire taper sur la tête n’est pas agréable mais on s’en remet) Les étudiant(e)s de Kent University en 1970 (entre autre) n’ont pas eu cette chance face à la Garde Nationale. 4 sont morts. A cette époque, comme il le ferait aujourd’hui si besoin était aujourd’hui, le capital utilisait tous les moyens.
"[La NV] ne permet pas d'instaurer un rapport de force concret entre le peuple et l'État mais se placerait plutôt dans une logique de négociation ou d'appel à "l'état d'âme", au scrupule de cette institution qui n'en a pas. "
L’objectif de l’action directe non-violente peut être la négociation dans certain cas mais n’est nullement limité à cela. Et elle recherchera toujours l’établissement d’un rapport de force. Si l’adversaire a, en plus, des états d’âme, tant mieux. Sinon, tant pis.
@ Armonia
"Et c'est ainsi que peu à peu , une certaine " phobie " des révolutions et de ses " violences " induites se sont solidement ancrées dans l'imaginaire collectif , en faisant délibérément l'impasse sur les instigateurs de ces violences ! ( l' Etat ) ."
Il y a phobie de la violence dans certains milieux prétendument non-violents comme il y a mythification de celle-ci dans certains milieux révolutionnaires.
Si la violence première n’est pas dénoncée (comme celle de l’Etat) alors nous ne sommes pas dans la non-violence. Ces beaux parleurs sont à la non-violence ce que Onfray (je connais maintenant) est à l’anarchie.
Alors anarchisme et non-violence sont ils compatibles ?
La vision de l’Inde de Gandhi, le prétendu "Père de la Nation", était la suivante :
"Ce serait un état d'anarchie éclairée. Dans un tel pays, chacun serait son propre maître. Il se dirigerait lui-même de façon à ne jamais gêner son voisin. Par conséquent, l'État idéal est celui où il n'y a aucun pouvoir politique en raison même de la disparition de l'État "
Et pour lui, la relation entre Etat et violence était claire :
"L'État représente la violence sous une forme intensifiée et organisée. L'individu a une âme, mais l'État qui est une machine sans âme ne peut être soustrait à la violence puisque c'est à elle qu'il doit son existence. "
Inutile de dire que ce n’est pas ce que l’on a retenu de Ghandi en Inde et dans le monde. Ni, hélas, dans les milieux se réclamant de la non-violence.
" si je prends une claque sur la joue droite , je ne tends pas la joue gauche pour en prendre une deuxième !"
Tu as tout faux. La non-violence consiste à ne pas prendre la première.
Plus sérieusement, ta référence à la philosophie judéo-chrétienne se réfère à la branche religieuse de la non-violence. Mais la non-violence n’est pas plus "religieuse" que la violence n’est "athée". c’est une question d’éthique politique. Tout comme l’anarchie.... Et pour moi, ces deux éthiques sont proches.