de Winston » 15 Juil 2011, 22:11
Damned, je crois que j'ai des interrogations similaires aux tiennes, ou plutot j'y vois un certain parallèle.
pour moi ta question en souleve d'autres.
Les libertaires ne concretisent peu ce que pourrait etre leurs idees, (mis a part certains aspects de l'organisation "politique"), et c'est bien dommage, car proposer ne veut pas dire imposer, proposer sans dogmatisme, c'est creer la condition de "visualisation" pour un individu "lambda", c'est aussi impulser une dynamique concrete : quand on observe les mobilisations, on se rend compte que la plupart du temps il y'a adhesion en "masse" (bon j'aime pas l'expression, mais bon...) quand ils ont des objectifs qu'ils peuvent se concretiser dans leurs esprits.
De meme, je crois aussi, que l'aspect "construction positive", est a soulever, pour la plupart, on ne peut rester eternellement dans le "negatif", principalement etre contre, protester, l'enthousiasme necessaire me semble naitre que dans la construction , le positif, la position du contre, incontournable vu notre societe, est une spirale de frustration en frustration, et pour aller de l'avant, la frustration ne suffit pas au contraire on finit par rompre ou abandonner, certains tiennent mais a quel prix ? (s'enfermer dans le dogmatisme, le "sectaire" ? deconnecté du "commun des mortels" ? ou au prix de nombreuses contradiction que les plus radicaux ne manqueront pas de soulever ?).
Enfin bon...
Pour revenir a ton propos, j'ai deja posé des questions du meme genre (surement mal formulées), mais il y'a un decalage, certains mecanismes font que ca restera "lettre morte"....
La plupart du temps, les "anars" ne veulent pas formuler, meme sous forme d'hypothese le comment marcherait selon eux une societe anar, "une modelisation concrete" discutable, (en meme temps ils risqueraient de s'en prendre plein la gueule...), du coup ca reste dans les generalités "étherés"... La reponse type est : "on verra le moment venu", alors que justement la capacité de visualiser l'objectif est un element moteur de la mobilisation d'aujourd'hui... en general on se deplace pas sans savoir ou on va, ou, ou on veut aller....
A moins d'attendre le "grand soir", l'evolution ne peut se faire que par etape, donc forcement peut etre vu sous certains aspects comme reformistes.... encore un truc a s'en prendre pplein la gueule pour "les purs parmis les purs"
Du coup je comprends pourquoi, ton interrogation est mal comprise, et les reponses un peu "a coté" (fouillé dans l'histoire ca aide mais ca repond pas vraiment).
On peut developer une pensee qui cherche a avancer qui se veut par etape, mais qui n'exclue pas la possibilité d'un changement plus rapide (d'ailleurs pour les acteurs anars qui agissent sur le terrain, c'est le cas, qui attaque une caserne ou un commissariat ou un organe etatique alors que l'anar est radicalement contre... ? ).
Pour ma part, je crois que les luttes actuelles pour la plupart ne peuvent etre que "reformistes" , s'en ecarter c'est se limiter a l'impuissance, ne rien produire de concret maintenant, alors que le changement radical necesssite une adhesion du plus grand nombre. Si on est dans le changement progressif, evidemmment que ca passera par des transitions qui devront s'accomoder du capitalisme, mais la tu rentres dans le probleme qu'a "l'anar".... "reformiste" c'est mal, formuler une proposition discutable, c'est "stallinien", du coup c'est flou pour ceux qui s'y interesse, alors que tous les mouvances politiques pioches des idees dans le "pool" des idees anars, sans remettre en cause le gros tout en fustigeant l'anarchisme....
Je finis par une experience, personnelle :
Je discute avec mon boucher d'une enseigne repandu de supermarché qui a conservé une vraie "boucherie/charcuterie", je joue le naif, ses critiques son discours (il me relate les aspects de sa filiere et sa condition d'existence), le tout est tres critique, quand je lui dit "naivement" qu'on pourrait faire autrement, genre amap etc... il me repond : c'est "utopique", sans etre contre, j'ai le droit a une reduction (de -5 euros le kilo sur le morceau que je voulais acheter), conversation qui a duré 10 minutes avec clients qui attendaient et dont certains sont inervenus ponctuellement sur le theme "capital vampire" etc......
je crois que l'un des problemes des anars, c'est le mur de la perception : "utopie".
ce mouvement est devenu trop "intellectuel", avec trop de barriere psychologique, du coup les "elus" sont trop peu nombreux, alors que les aspirations proches des idees anars sont la, et d'autres recuperent a leurs avantages, prenant le monopole du "constructif pour eux".... et les textes anars re'sucés de plus en plus intellectuallisant et ethéré, dont une partie se focalise a la chasse du "faux anars"...
Paradoxalement, je crois que l'anar (toute proportion gardée), a une reflexion /prise de conscience assez pauvre de certains aspects de l'organisation en groupe, leur ideal d'autant plus "non formalisé" qui prefere le vague, laisse place a un flou non-constructif : les anars "saucissone" (scission), sans pour autant s'agrandir.
En bref, ta question, je l'aime bien, mais ca me parait etre plus une question qui souleve beaucoup de choses derangeantes. (et pour repondre a ta question, si je n'etais pas assez clair, oui la prochaine etape sera integre au capitalisme, sauf changement radical (et oui faut aussi avancer en attendant la revolution....)), mais si tu veux une reponse "concrete", faut pas demander a des anars "orthodoxes", pour continuer la disucssion, faut savoir si on est dans le "purisme éthéré intellectuallisant de celui qui sait que la societe anar sera bien mais sans se mouiller" ou si on peut discuter de ce qui serait pas mal comme evolution dans le cadre actuel sans se faire taxer de reformiste.
Damned, dis moi dans quel cadre tu places la discussion.