Divers bouquins

Bouquins, politique, socio, Histoire(s), littérature...

Divers bouquins

Messagede Haiik » 13 Déc 2008, 14:54

La mémoire des vaincus

J'viens ici pour vous parler d'un bouquin qui m'a vraiment , mais alors vraiment plu.

C'est grâce à lui que je me suis ouvert aux modes de pensées libertaire.

Ca s'apelle "la mémoire des vaincus" et c'est de michel ragon, a qui on doit aussi histoire de la littérature prolétarienne, et les mouchoirs rouges de cholet.

C'est un roman qui commence avec la bande a bonot, deux gamins qui se font recueillir par eux, et qui vont devenir plus que militant. Un des gamins va s'intéresser de plus prêt a tout ça et va entamé sa carrière en russie. Ca retrace la révolution russe, et le méfait du communisme sur les nanar, il s'exilera ensuite en ukraine, ou il rencontrera makhno, puis en france, et en espagne pour la révolution. Il est super intéressant puisqu'il parle d'un point de vue , a mon sens, libertaire de tout ce qui c'est passé pendant ces périodes.

Vraiment je vous le conseille.
Haiik
 

Re: La mémoire des vaincus

Messagede Roro » 13 Déc 2008, 15:11

Oui, c'est un bon bouquin qui retrace l'histoire du mouvement anar sans pour autant tomber dans la lourdeur que peut avoir un bouquin uniquement historique. Le coté roman aide beaucoup.
La Nature n'a fait ni serviteurs ni maitres, c'est pourquoi je ne veux ni commander ni recevoir d'ordres.
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Divers bouquins

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:17

Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire

Un bouquin drôle et polémique qui ne passera pas inaperçu !!!

Avec Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire, Jean-Marc Raynaud signe un polar étonnant. Une histoire où les services secrets de la Fédération anarchiste se montrent bien plus efficaces que la maison Poulaga…

Quand il n’écrit pas de lettre ouverte aux maîtres du monde, quand il n’héberge pas de terroriste de trois ans, quand il ne lance pas un pertinent appel à l’unité aux anars de tout poil, quand il ne parle pas de l’école libertaire Bonaventure qui a poussé au fond de son jardin, quand il n’est pas pendu au téléphone pour faire tourner les éditions Libertaires (80 titres au catalogue), quand il n’aligne pas des kilos de moules sur une planche pour une églade fraternelle, quand il ne promène pas la fidèle Bouillotte sur la plage de Chaucre, quand il ne s’amuse pas à nous faire peur avec ses vieilles artères, Jean-Marc Raynaud passe de belles heures à écrire des livres.
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Dans les années 80, Manuel Vasquez Montalban avait plongé le détective barcelonais Pepe Carvalho dans les entrailles du PCE pour son roman Meurtre au comité central. Changement de latitude avec Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire. Jean-Marc Raynaud vient en effet de lancer Ed Merlieux et Ted Chaucre, deux détectives des services secrets de la Fédération anarchiste, sur trois meurtres survenus chez Publico, la librairie du Monde libertaire (hebdo de la Fédération anarchiste - FA).

Comme dirait quelqu’un que je connais bien, c’est peu dire qu’il y avait un sacré bazar chez les zanars ce fameux 27 septembre 2008 vers 17 heures. À vue de nez, tout devait bien se dérouler pendant la rencontre organisée avec l’auteur du livre Les Égorgeurs, un document redoutable sur la guerre d’Algérie publié en 1961 et aussitôt interdit. Benoist Rey, 70 ans, 1,93 mètre, 130 kilos boubou compris, était attendu pour présenter un coffret réunissant Les Égorgeurs, Les Trous de mémoire 1 & 2 et son dernier volume, Mieux vaut boire du rouge que de broyer du noir, un recueil de recettes de cuisine et de bonnes adresses pinardières. La révolution sera festive ou ne sera pas.

C’était sans compter sur une irruption d’événements déroutants et pas très catholiques. Dans la série noire des cadavres exquis, un lieutenant de la division nationale anti-terroriste (DNAT) a ouvert le bal en se prenant deux balles en pleine tête. Il avait infiltré la Fédération anarchiste dans l’espoir d’y trouver des gens d’ETA. Au cœur de la mêlée, le général Maxime de Bonnefieu (qui commandait le commando de choc où Benoist Rey était infirmier) s’est écroulé avec la nuque à l’équerre, une de ses spécialités en Algérie. Enfin, l’évêque Eberhardt von Steinberg (aumônier militaire dans la légion Kondor qui avait béni les avions qui ont rasé Guernica) est retrouvé le cœur perforé par une baleine de parapluie dans les chiottes (fermés de l’intérieur) de la librairie fréquentée par une foule d’habitué-e-s, dont Jacques Tardi et Michel Ragon.

Fichue mélasse pour les flics qui passent sur le gril une grosse brochette de militant-e-s anars présumé-e-s coupables. C’est dans l’air de tous les temps. Un méli-mélo qui conduit illico presto la sinistre de l’Intérieur à envisager la dissolution de la Fédération anarchiste pour conjurer le spectre d’un complot anarcho-autonome. Air connu. Admettons qu’il n’est pas facile de trouver un semblant de logique dans ces trois affaires embrouillées qui alignent trois des cibles favorites des anars : les flics, les militaires et les curés. Les anars seraient-ils assez cons pour commettre des crimes dans leurs propres locaux ? L’enquête est confiée à deux femmes qui pataugent lamentablement bien que pas nées de la dernière pluie de chevrotine. La commissaire a été sympathisante de l’Organisation communiste libertaire lorsqu’elle étudiait le droit à Toulouse. Quant à la juge, elle a su manier le cocktail molotov avec la Ligue communiste, ancêtre de la LCR, au début des années 70.

Ne voulant pas attendre niaisement que la foudre leur tombe dessus, les anars s’organisent. Après un meeting unitaire houleux, les services secrets de la FA sont mis sur le coup pour sortir de taule au plus vite les camarades placés en garde à vue. Nous sommes en mesure de révéler ici que, grâce à saint Bakounine et à quelques méthodes expéditives, les trois dossiers n’alimenteront pas les prochains épisodes de Cold Case. Mais que l’on ne compte pas sur nous pour dénoncer les coupables (même si aucun n’est anarchiste). Disons seulement qu’il faut toujours se méfier des apparences… et parfois de ses amis.

Avec humour, Jean-Marc Raynaud en profite pour nous immerger dans l’univers anarchiste, son histoire, ses querelles fratricides (les entourloupes d’un quarteron de « cosaques marxistes libertaires » ne sont pas digérées), ses lieux, ses personnages. Ce roman à clef met en scène des doubles de personnes réelles. Cent cinquante sont citées, avec ou sans pseudo transparent. Pour faciliter le décodage de cette private joke, une vingtaine de caricatures dessinées par Jean-Charles Vincent ponctuent les pages. Les intéressé-e-s apprécieront, mais, que l’on se rassure, nul besoin d’avoir des décennies de cotisations à la FA derrière soi pour déguster ce polar croustillant comme un pavé à la sauce oléronaise.

Jean-Marc Raynaud, Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire, éditions Libertaires, 98 pages. 10€.

http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article5855
vroum
 

Re: Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire

Messagede Alayn » 27 Fév 2009, 00:12

Bonsoir ! MERCI vroum ! (je dois dire que tu m'a dépassé ! je pensais le présenter ici aussi) Ce nouveau bouquin de l'ami JMR est tout bonnement EXCELLENT, truculent, etc et tellement vrai finalement !!!

Je n'y suis que modestement le fils caché de Nestor MAKHNO !!! (arf !). Tous les personnages (à peine pastichés) du mouvement anarchiste de ces dernières années y sont !

Ruez-vous sur ce polar ; c'est tout le mal qu'on vous souhaite !!!!
Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire

Messagede sebiseb » 27 Fév 2009, 00:45

Il fait parti de la prochaine sélection de France Loisirs, non ?
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Re: Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire

Messagede Alayn » 27 Fév 2009, 02:46

Le genre de dénigrement bêtasse... mais bref... Tu l'as lu ?

J'ai vu que t'était au Grand Livre du Mois... (arf !) Sébiseb et son dernier best-seller: "Le Dénigrement gratuit...", 102 pages, 25 € (prix prohibitif mais bref faut bien s'enrichir sur les gogols, vu que l'appart se vend mal...)

TU CRITIQUES CE QUE TU NE CONNAIS PAS, C'est énervant, t'as le retour de la monnaie de ta pièce. (pouf...basta !)

Pour revenir au sujet du topic, ce livre est un must, le meilleur polar du siècle (et pas seulement because l'on n'y parle de moi ! arf !). Because, il expose, mine de rien, toutes les bisbilles et contradictions du mouvement anar contemporain alors qu'évidemment ce mouvement anar devrait se serrer plutôt les coudes au lieu de s'entre-déchirer et s'entre-tuer. C'est la grande leçon de ce livre en filigrane.

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire

Messagede sebiseb » 27 Fév 2009, 11:57

Alayn, ta réponse prouve que tu n'as aucun humour..
D'une part si je parlais de france loisirs c'est parce que cette librairie fait chaque saison une sélection de polars, et vu la clientèle bien-pensante de cette organisation il y a peu de chance pour qu'elle propose un bouquin où il y a "fédération anarchiste" dans le titre - J'ai lu le quatrième de couverture, et comme je ne lis pas (ou très rarement) des polars il y est peu probable que je le lise. Ce qui ne m'empêche pas de lire JMR dans le ML.

Il n'y a aucun dénigrement sur le livre, et c'est ta propension à prendre tout contre toi ou contre la fa qui t'a fait donner cette réponse - Tu as le droit de présenter ce bouquin sur ce forum, de là à en faire l'apologie digne des publicités les plus médiocres de la télévision.. Désolé, mais quand tu dis "le meilleur polar du siècle" et "pas seulement because l'on n'y parle de moi ! arf !" on a l'impression d'entendre des adolescents discuter sur msn du dernier harry potter - je précise, dans la forme, pas dans le fond !
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Re: Meurtres exquis à la librairie du Monde libertaire

Messagede vroum » 27 Fév 2009, 11:59

Ed Merlieux et Ted Chaucre l'équipe de choc des services secrets de la FA !

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partages de livres,fils et musiques sur l'anarchisme

Messagede hocus » 19 Aoû 2010, 18:59

"Les Dépossédés" de Ursula K. LEguin.

Un excellent livre mixant science fiction et anarchisme.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_D%C3%A ... A9d%C3%A9s

Trouvable dans de bonnes bibliothèque municipale, ou en librairie.
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Roman antimilitariste, anticlérical et antipatriote...

Messagede Antoine Barral » 11 Déc 2010, 14:43

Bonjour,
Modifié en dernier par Antoine Barral le 23 Mai 2015, 16:57, modifié 1 fois.
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Re: Roman antimilitariste, anticlérical et antipatriote...

Messagede Nyark nyark » 11 Nov 2011, 13:51

Je fais peut-être du mauvais esprit, mais c'est pas de la pub perso là ? Bon, il a juste laissé un post...
Vous voyez que je farfouille partout avant de poster quelque chose moi :^^:
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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Re: Roman antimilitariste, anticlérical et antipatriote...

Messagede spleenlancien » 11 Nov 2011, 16:20

L'Antoine s'était aussi inscrit sur l'autre forum et y avait posté le même faire-part.
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Robert Tressell

Messagede digger » 26 Déc 2011, 12:54

Extrait de The Ragged Trousered Philanthropists.. Robert Tressell, de son vrai nom, Robert Noonan (1870 - 1911)
Pas de traduction française à ma connaissance.

‘L’argent est la cause de la pauvreté parce que c’est le moyen avec lequel celles et ceux qui sont trop paresseux pour travailler sont à même de voler les travailleurs du fruit de leur travail’

‘Prouve le,’ dit Crass.

Owen replia lentement le journal qu’il était en train de lire et le fourra dans sa poche.

‘Très bien,’ répondit il. ‘Je vais vous montrer comment fonctionne la Grande Escroquerie de l’Argent.’

Owen ouvrit son panier-repas et en sortit deux tranches de pain, mais comme ce n’était pas suffisant, il demanda à ceux qui avaient du pain de reste de le lui donner. Ils lui en donnèrent plusieurs morceaux, qu’il disposa en piles sur un bout de papier propre, et, ayant emprunté à Easton, Harlow et Philpot le couteau de poche qu’ils utilisaient pour couper et manger leurs repas, il s’adressa à eux en ces termes:

‘Ces morceaux de pain représentent la matière première qui existe à l’état naturel sur et dans la terre pour l’usage de l’humanité; elle n’a pas été créée par un être humain mais par le Grand Esprit pour le bien et le confort de tous, de la même façon que l’air et la lumière du soleil.’

... ‘Maintenant’ continua Owen, ‘Je suis un capitaliste; ou, plutôt, je représente la classe des propriétaires terriens et capitaliste. Cela signifie que toute ces matières premières m’appartiennent. A ce stade de notre histoire, comment je les ai obtenues ou si j’ai des droits réels sur elles ; la seule chose qui compte maintenant, c’est que ces matières premières nécessaires à la production des besoins indispensables à la vie sont maintenant en possession des capitalistes et propriétaires terriens. Je représente cette classe: toutes ces matières premières m’appartiennent.’

... ‘Maintenant, tous les trois, vous représentez la Classe Ouvrière : vous n’avez rien– et moi, bien que je possède toutes ces matières premières, je n’en ai pas utilité. Ce dont j’ai besoin c’est ce qui peut être fabriqué à partir d’elles par le Travail: mais comme je suis trop paresseux pour travailler moi-même, j’ai inventé l’Escroquerie de l’Argent pour vous faire travailler. Mais d’abord, je dois vous expliquer que , en plus des matières premières, je possède autre chose. Ces trois couteaux représentent toutes les machines et les outils de production, les voies ferrées et tout ce qui s’ensuit, sans lesquels ne peuvent être produits en abondance les biens nécessaires à la vie Et ces trois pièces de monnaie.’ – il sort trois demis pennies de sa poche – ‘représentent mon Capital.’

‘Mais avant d’aller plus loin,’ s’interrompt Owen, ‘il est essentiel que vous vous souveniez que je ne suis pas seulement "un" capitaliste mais que je représente la Classe Capitaliste dans son ensemble . De la même façon, vous n’êtes pas seulement trois travailleurs – vous représentez l’ensemble de la Classe Ouvrière.’

... Owen commença à découper les tranches de pains en de nombreux petits morceaux carrés .

‘Ils représentent les biens produits par le travail, à partir des matières premières, aidé par toute la machinerie. Nous supposerons que trois de ces morceaux représentent une semaine de travail. Nous supposerons qu’une semaine de travail vaut une livre et que ces demi-pennies valent un souverain . ...

‘Maintenant, voilà la manière de fonctionner de l’escroquerie -’

... Owen s’adressa alors à la classe ouvrière représentée par Philpot, Harlow et Easton.

‘Vous dites que vous avez besoin d’un travail et comme je suis la Classe Capitaliste au grand cœur, je vais investir tout mon argent dans différentes industries pour vous donner Beaucoup de Travail. Je vous paierai une livre par semaine et dans une semaine de travail, vous devrez produire chacun trois de ces morceaux de pain. En échange, vous recevrez votre salaire; l’argent sera à vous et vous pourrez en faire ce que vous voudrez, et les choses que vous produirez seront bien sûr à moi et je pourrai en faire ce que je veux. Vous prendrez chacun une de ces machines et aussitôt que vous aurez réalisé le travail d’une semaine, vous recevrez votre argent..’

Suite à cela, la Classe Ouvrière se mit au travail et la Classe Capitaliste s’assit et les regarda. Aussitôt qu’ils eurent fini, ils lui donnèrent les neufs petits morceaux de pain que Owen plaça sur un petit bout de papier près de lui et il versa leurs salaires aux travailleurs. .

‘Ces morceaux représentent ce qui est indispensable à la vie. Vous ne pouvez pas vivre sans, mais comme ils m’appartiennent, vous allez être obligés de me les acheter: le prix que j’ai fixé pour ces morceaux est de une livre chacun.’

Comme la Classe Ouvrière avait besoin de ces biens essentiels à la vie et qu’elle ne pouvait pas boire, manger ou porter l’argent inutile , elle fut obligée d’être d’accord avec les conditions généreuses posées par les Capitalistes. Ils achetèrent chacun un tiers du produit de leur travail et le consommèrent aussitôt. La classe capitaliste dévora aussi deux des petits morceaux confectionnés, et donc, le résultat net de la semaine de travail était que le capitaliste généreux avait consommé des biens produits par le travail des autres pour une valeur de deux livres, et, en tenant compte de la valeur d’une livre par morceau confectionné, il avait plus que doublé son capital puisqu’il possédait toujours ses trois livres de départ et qu’il détenait en plus pour quatre livres de biens produits. Quant à la classe ouvrière, Philpot, Harlow et Easton, ayant dépensé, elle se retrouvait à son exact point de départ – elle ne possédait.

Ce mécanisme fut répété plusieurs fois: le travail hebdomadaire des producteurs fut payé. Ils continuèrent à travailler et à dépenser leurs salaires. Le capitaliste généreux consomma deux fois plus que chacun d’entre eux et le tas de ses richesses continua à grossir. En quelques instants, – en tenant compte de la valeur du marché de une livre de chaque petit morceau – il avait accumulé une centaine de livres environ et la classe ouvrière se trouvait toujours dans la même condition qu’au départ ,et elle se concentrait toujours sur son travail comme si sa vie en dépendait.

Au bout d’un moment, le reste de la foule se mit à rire et sa gaité augmenta encore lorsque le capitaliste généreux , juste après avoir vendu pour une livre de biens de première nécessité à chacun de ses travailleurs, s’empara soudainement de leurs outils –les Outils de Production - les couteaux, en les informant que, en raison de la Surproduction, tous ces entrepôts étaient saturés de biens de premières nécessités et qu’il avait décidé de mettre fin à leur travail.

‘Bien, et que diable allons- nous faire maintenant ?’ demanda Philpot.

‘Ce n’est pas mon problème,’ répondit le capitaliste généreux. ‘Je vous ai payé vos salaires et je vous ai fourni Beaucoup de Travail pendant longtemps. Je n’ai plus de travail à vous donner pour l’instant. Revenez voir dans quelques mois et je verrai ce que je peux faire pour vous.’

‘Mais que fais-tu des biens de première nécessité?’ demanda Harlow. ‘Nous devons avoir quelque chose à manger.’

‘Bien sûr que oui,’ répondit avec affabilité le capitaliste; ‘et je me ferai un plaisir de vous le vendre.’

‘Mais nous n’avons pas de ce putain d’argent!’

‘Vous ne pouvez pas attendre de moi que je vous donne mes biens pour rien! Vous n’avez pas travaillé pour moi gratuitement. Je vous ai payé pour votre travail et vous auriez du faire des économies : vous auriez du être aussi économe que moi . Regardez tout ce que j(ai après avoir été économe!’

Les chômeurs se regardèrent ébahis, mais le reste de la foule se contentait de rire; plus tous les trois commencèrent à insulter le généreux capitaliste, demandant qu’il leur donne un peu des biens de première nécessité entassés dans ses entrepôts , ou qu’il leur permettent de travailler pour produire quelques-uns de leurs besoins; ils menacèrent même de les lui prendre par force si il ne satisfaisait pas à leurs demandes. Mais le généreux capitaliste leur dit de ne pas être insolents et leur parla d’honnêteté ; il leur dit que si il n’était pas prudents ; il les ferait battre par la police, ou si nécessaire, il ferait appel à l’armée qui les abattrait comme des chiens, comme cela s’était déjà passé à Featherstone et à Belfast.
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[livre] La mémoire des vaincus

Messagede ivo » 08 Juin 2012, 11:17

La mémoire des vaincus
http://www.nonfiction.fr/article-5876-a ... agnols.htm
Pourquoi les anars continuent-ils à vouer un culte au mouvement libertaire espagnol du siècle dernier ? Moment rare d’utopie, apogée d’un mouvement autonome de masse, le début du XXe siècle marqua aussi la décomposition de cette tendance politique enfouie dans quelques mémoires tenaces depuis plus de soixante-dix ans.
Edouard Waintrop, ancien journaliste culturel à Libération aujourd’hui délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, s’est décidé à retracer le cours de cette histoire complexe, liée à l’avènement du capitalisme industriel dans les provinces pauvres de Catalogne, Aragon et Andalousie dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Les frères ennemis des marxistes
L’anarchisme aurait pu subjuguer le marxisme. On oublie en effet souvent le poids de Michel Bakounine et de ses thèses dans l’Association internationale des travailleurs (AIT), baptisée Première Internationale a posteriori. La bataille qu’il livra à Marx et à ses disciples au nom de l’anti-autoritarisme, du refus de toute centralisation et de la défiance vis-à-vis du système électoral fut un échec mais elle donna corps à une véritable doctrine anarchiste. Son influence se fit sentir dans toute l’Europe et même aux Etats-Unis à partir des années 1860 et s’enracina en Espagne au moment de la Première Guerre mondiale, à laquelle la monarchie décida de ne pas participer. Quand la plupart des mouvements ouvriers européens furent ébranlés ou cassés par cette guerre, l’économie et la situation politique espagnole suivirent un autre cours. Ainsi naquit la Confédération nationale du travail (CNT) en 1910, le mouvement anarcho-syndicaliste organisé le plus important de l’histoire, qui connut ses heures de gloire après la révolution bolchévique et dans les années 1930 jusqu’à la guerre civile espagnole . L’émergence de cette organisation venait directement menacer l’autre grand syndicat espagnol, l’Union générale des travailleurs (UGT) proche des socialistes, et mettait fin à des débats internes intenses entre anarchistes individualistes et anarchistes collectivistes.
Les trente dernières années du XIXe siècle avaient durablement imprégné le mouvement anarchiste d’une mystique de la violence en partie inspirée par la théorie de la "propagande par le fait". Née dans les années 1870, celle-ci préconisait le terrorisme, la récupération individuelle, le sabotage, la guérilla ou la prise de pouvoir local comme moyens pour provoquer une prise de conscience populaire. Les nombreux attentats nihilistes en Russie avaient aussi convaincu nombre de militants que l’action individuelle et violente était une réponse à la répression capitaliste. C’est ce qui poussa par exemple Santiago Salvador French, un ancien carliste et catholique, à lancer deux bombes Orsini sur les fauteuils d’orchestre d’El Liceu, l’opéra de Barcelone, le 7 novembre 1893. Il y eut 15 morts et une cinquantaine de blessés d’après Edouard Waintrop . Le roi Alphonse XIII en personne échappa à deux attentats en 1905 et 1906.
La radicalité de l’AIT, sous l’influence des thèses de Bakounine et Kropotkine, avait poussé la majorité du mouvement anarchiste vers une ligne violente favorable à l’insurrection sous toutes ses formes ce qui l’isola paradoxalement des ouvriers. En parallèle, un courant "possibiliste", plus puissant en Espagne, soutenait la grève générale et l’action de masse comme formes de lutte. Le conservatisme de la bourgeoisie espagnole et l’extrême misère des ouvriers rendirent la voie de la violence plus séduisante en Catalogne et en Andalousie. On retrouvait là une contradiction inhérente à l’anarchisme entre des individualistes absolument réticents à toute forme d’organisation qui se réfugièrent dans l’action isolée et des collectivistes désireux d’organiser un mouvement qui, par principe, était hostile à toute forme de hiérarchie.

"Les anarchistes, ils sont morts cent dix fois, pour que dalle et pourquoi ?"
Il serait trop long de s’étendre ici sur les nombreux conflits internes et guerres de chefs qui ont émaillé la jeunesse de la CNT et de ses organisations rivales, comme la Fédération anarchiste ibérique (FAI). Edouard Waintrop le fait avec une minutie parfois poussée à l’extrême dans le cœur de son livre afin de mieux introduire l’événement majeur de cette histoire, la tragique guerre civile espagnole. Il parvient aussi à montrer la robustesse extraordinaire de l’anarchisme dans les années 1920 alors que la dictature du général Primo de Rivera avait entrepris de démolir les activités du CNT notamment.
L’épreuve de la guerre fut décisive pour le mouvement anarchiste, écartelé entre son rejet de la démocratie bourgeoise instaurée par le retour de la République en 1931 et la nécessité du combat face aux forces réactionnaires de Franco. Quand, à partir de 1935, l’ensemble des forces de gauche s’orientaient vers l’unité- en Catalogne, le Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM) se forma à partir de deux petits partis marxistes tandis qu’une alliance de socialistes et de communistes donna naissance au Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC)- la CNT restait majoritairement hostile à une ligne syndicale unitaire (p.271). Sa priorité était de se reconstruire puisque nombre de ses sympathisants croupissaient toujours en prison. La victoire du Front populaire aux élections de février 1936 lui donna donc l’occasion de le faire, tandis que la droite, exaspérée par la situation économique désastreuse et l’agitation sociale permanente, commençait à réfléchir au coup de force. A tel point que ni la CNT ni les autres forces de gauche n’étaient préparées au coup d’Etat déclenché en juillet 1936 par plusieurs généraux, pourtant héritiers d’une longue tradition de pronunciamentos. Le coup d’Etat à proprement parler fut défait, mais il laissa place à la guerre civile. Au moment où la plupart des forces de gauche s’unirent pour y participer, la CNT, dominée par sa branche la plus radicale, penchait toujours pour l’instauration directe du communisme libertaire plutôt que pour l’union antifasciste. A grand-peine, elle se résolut à rejoindre le Comité central des milices antifascistes (CCMA) dans lequel étaient représentées les principales forces politiques et syndicales de la République.
L’intégration progressive du mouvement anarchiste dans l’appareil d’Etat- après une période de véritable effervescence à Barcelone- et sa décision ultime de participer au gouvernement républicain sont souvent considérés comme les actes fondateurs de sa propre perte. Le mérite de Waintrop est de discuter cette thèse en rappelant qu’elle repose sur un reproche moral récurrent dans la littérature anarchiste mais quelque peu étranger à la situation historique de l’époque. Si le bilan du passage des anarchistes au pouvoir fut bien maigre, il permit tout de même d’empêcher "le bain de sang qu’eût engendré une stratégie maximaliste et radicale d’affrontement avec les institutions républicaines" , d’instituer des tribunaux populaires au lieu d’exécutions sommaires, et de faire des efforts considérables en matière de politique de santé préventive . Pour Waintrop, l’affaiblissement de la CNT ne fut seulement causé par sa décision de participer au gouvernement. Il venait surtout de sa vision politique inadaptée dans le contexte de la guerre. D’autant plus qu’ "installer un pouvoir révolutionnaire n’eût été possible sans la mise en place d’un régime de coercition qui aurait possédé tous les aspects et caractères de la dictature. Ce que les anarchistes rejetaient de toute façon." La suite de la guerre ne permit pas de juger de l’avenir possible de l’anarchisme puisque le délitement progressif du camp républicain- sous les coups de boutoir répétés des communistes- ouvrit la voie de la victoire à Franco et ses hommes. Edouard Waintrop ne retient pas sa hargne lorsqu’il s’agit de décrire la politique suicidaire et inique du Komintern stalinien dans cette guerre, ce en quoi n’importe quel lecteur de George Orwell ne saurait lui donner tort. A partir de 1939, les anarchistes furent peu à peu dispersés par la répression franquiste, dans les prisons, les camps d’internement ou même les maquis de la Résistance en France.

Une culture politique
Au-delà de cette histoire tragique contée avec rigueur et passion par Edouard Waintrop, l’intérêt de son ouvrage réside dans la culture et la symbolique libertaires qu’il cherche par endroits à rendre vivantes. L’anarchisme naissant des années 1860 développa un ensemble d’institutions culturelles, d’écoles populaires, de cercles de loisirs ou de bibliothèques destinés à développer les connaissances de la classe ouvrière pour l’amener vers l’émancipation . C’est dans ces lieux que se forgeaient une conscience politique anarchiste, fraternelle, solidaire, viscéralement anticléricale et, somme toute, stricte sur le plan des mœurs. C’est dans ces lieux qu’on lisait La conquête du pain de Kropotkine ou Germinal de Zola. C’est dans ces lieux qu’on représentait les pièces d’Henrik Ibsen ou d’Octave Mirbeau. C’est aussi là qu’on éditait des revues et journaux comme La Revista Blanca de Federico Urales - pendant de La revue blanche des frères Natanson-, Solidaridad Obrera ou Tierra y Libertad. C’est aussi cette culture politique qui permit l’émergence du mouvement Mujeres Libres, créé en 1936 à Madrid et Barcelone. Réunissant jusqu’à 20 000 adhérentes, il visait à libérer les femmes de "leur ignorance et de leur esclavage de femmes et de reproductrices", y compris au sein de l’anarchisme .
A travers le récit de nombreux parcours singuliers, qui relèvent presque d’une mythologie des héros de l’anarchisme espagnol, Edouard Waintrop restitue donc les traits de caractère d’une culture politique quasiment éteinte aujourd’hui. Un constat amer et nostalgique que l’auteur n’a pas réussi à dépasser à l’aune de la naissance récente du mouvement des Indignés. "Livrée aux marchands de tout poil, "colonisée par les marques", la jeunesse ibérique en a longtemps rajouté dans l’excitation consommatrice, l’impatience débilitante, la solitude sociale, participant ainsi avec acharnement à la décomposition générale… (…) L’exploitation mondialisée se conjugue avec le recul de la démocratie… Et je ne suis pas sûr que les Indignés (…) avec leur célébration de l’égalité et leur rejet de la société telle qu’elle est, changent quoi que ce soit à ce constat." . Descanze en paz, anarquismo !
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