Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede RickRoll » 05 Mai 2010, 11:22

Je sais que beaucoup (trop) de libertaires sont sur Facebook, c'est à la mode, toussa. Mais ça peut poser d'énorme problèmes, surtout depuis le changement de politique de gestion de la vie privée de Facebook il y a quelques mois. Trop peu de personnes sont au courant de ce que ça implique, alors voici un article tiré de readwriteweb, un blog d'analyse sur Internet publié dans de nombreuses langues et reconnu comme une référence.
http://fr.readwriteweb.com/2009/12/16/a ... -facebook/
Kaliya Hamlin qui a écrit ce billet est connue sous le nom de Identity Woman, elle plaide depuis long­temps pour des stan­dards ouverts et une iden­tité cen­trée sur d’utilisateur. Elle a cofondé et anime les “Internet Identity Workshop”, un groupe de tra­vail sur les stan­dards por­tant sur l’identité, ras­sem­blant de grands por­tails, des acteurs majeurs du sec­teur NTIC et des innovateurs.

Votre nom, votre image de pro­fil, votre sexe, votre ville, la liste de vos amis et les pages dont vous êtes fan sont désor­mais publique­ment visibles sur Facebook. Tout le monde peut les voir, à com­men­cer par le moteur de recherche de Facebook.
Ceci repré­sente la der­nière évolu­tion dans la vio­la­tion du contrat entre Facebook et ses uti­li­sa­teurs, et ce n’est pas une mince affaire [ndt: juri­dique­ment, le contrat a évolué, le pro­blème n’est pas d’ordre juri­dique]. De nom­breuses per­sonnes auront de très bonnes  rai­sons de s’opposer à ce chan­ge­ment qui touche à la dis­tinc­tion entre ce qui est public et ce qui est privé sur Facebook.
Personnellement, j’ai dès le début fait en sorte que ma liste d’amis ne soit pas publique. Pourquoi ? Tout sim­ple­ment parce que je ne vou­lais pas que tout le monde puisse voir avec qui j’étais ami. Ce chan­ge­ment est pour moi une vio­la­tion du contrat social que j’avais passé avec Facebook. Le mini­mum aurait été de me pré­ve­nir à temps et de me lais­ser la pos­si­bi­lité d’ôter cer­tains ‘amis’ de ma liste.

Les dan­gers de rendre votre liste d’ami publique

Pourquoi une liste d’ami a-t-elle autant d’importance ? Parce qu’elle peut révé­ler des infor­ma­tions impor­tantes sur vous, comme votre orien­ta­tion sexuelle, une infor­ma­tion que vous n’avez pas néces­sai­re­ment envie de par­ta­ger sur le web.
Le Boston Globe avait écrit, :

“en uti­li­sant les don­nées issues de Facebook, ils ont fait une décou­verte sur­pre­nante : en regar­dant sim­ple­ment la liste d’amis d’une per­sonne, ils pou­vaient pré­dire si elle était ou non homo­sexuelle. Ils ont réa­lisé cela à l’aide d’un pro­gramme infor­ma­tique qui ana­ly­sait le sexe et l’orientation sexuelle des amis d’une per­sonne, et uti­li­saient un algo­rithme sta­tis­tique pour faire une pré­dic­tion. Les deux étudiants n’avaient aucun moyen de véri­fier leurs pré­dic­tions, mais en se basant sur leurs connais­sances dans le monde réel, leur pro­gramme sem­blait don­ner de très bon résul­tats en ce qui concerne les hommes. Les uti­li­sa­teurs pou­vaient donc se ‘outer’ eux même unique­ment à tra­vers leurs listes d’amis.”

Les pages dont vous êtes fan sont désor­mais égale­ment une infor­ma­tion publique. Imaginez le cas où vous êtes atteint du Sida et fan d’une page en rap­port avec l’infection. Que se passerait-il si vous n’aviez pas mis au cou­rant votre employeur et vos col­lègues de bureau ?
Peut-être appartenez-vous à un groupe reli­gieux, une orga­ni­sa­tion syn­di­cale, un parti poli­tique qui a une page fan que vous sui­vez. Ces infor­ma­tions sont désor­mais publiques. Vos amis, votre famille, vos amis et votre employeurs : tout le monde est désor­mais au courant.

Chaque site a un contrat spé­ci­fique avec ses utilisateurs

Ces infor­ma­tions sont publiques, de toutes façons, alors pourquoi s’en sou­cier ? N’est ce pas comme sur Twitter ? Tout le monde peut voir ce que vous y pos­tez, et vous pou­vez voir ce que postent tous les utilisateurs.
Le contrat social que vous pas­sez avec Twitter est clair. Ce que vous y publiez est public et peut être réfé­rencé. Cela ne s’appelle pas du mir­co­blog­ging pour rien. Quand vous blog­gez, tout ce que vous écri­vez est public. en publiant, vous faites expli­ci­te­ment le choix d’être vu aux yeux de tous.

Le contrat social passé avec Facebook, lui, n’a pas cessé d’évoluer depuis les débuts du ser­vice. Au départ, en jan­vier 2004, Facebook était réservé aux étudiants de Harvard. La vira­lité a été telle qu’ils ont décidé d’étendre le ser­vice à d’autres écoles en mars de la même année. A l’époque, vous ne pou­viez voir que les élèves de votre uni­ver­sité. Les étudiants qui uti­li­saient Facebook avaient une idée très claire de qui pou­vaient les voir : leurs cama­rades d’école. Ils uti­li­saient le ser­vice avec ce contexte social en tête.
Facebook a ensuite étendu son ser­vice aux lycées en sep­tembre 2005, puis aux socié­tés comme Apple et Microsoft. Enfin, en sep­tembre 2006, le ser­vice a été ouvert au public.

C’est à ce moment que le contrat social passé avec les pre­miers étudiants d’université a été rompu.
Tout le monde, et en par­ti­cu­lier des employeurs poten­tiels, se retrou­vaient dans un espace où les étudiants ne s’attendaient pas du tout à les voir arri­ver. Pour ces pre­miers arri­vants, il était dif­fi­cile de leur faire la leçon sur la légè­reté qu’il y a à publier des pho­tos com­pro­met­tantes de soi­rée étudiantes : ils étaient, à l’origine, entre eux, à l’abri de tout employeur ou de leur parents. Facebook n’aurait pas dû, déjà, à l’époque, lais­ser les employeurs et les parents entrer sur Facebook.

La façon dont, à l’époque, les uti­li­sa­teurs du ser­vice se ren­sei­gnaient sur les acti­vi­tés de leurs amis consis­tait à cliquer sur leur pro­fil et à consul­ter leur mur. L’introduction du Newsfeed a, une fois de plus, changé le contrat social entre Facebook et ses uti­li­sa­teurs. Désormais, toute action d’un uti­li­sa­teur était por­tée à la connais­sance de ses amis. Facebook pré­ve­nait tous vos amis de ce que vous écri­viez sur la page de quelqu’un (aupa­ra­vant, il vous fal­lait vous rendre sur la page en ques­tion pour en prendre connaissance).

Les chan­ge­ments opé­rés la semaine der­nière dans le fonc­tion­ne­ment de Facebook changent à nou­veau le contrat social passé entre Facebook et ses uti­li­sa­teurs. Cette fois-ci, vous vous retrou­vez, pour ainsi dire, “en slip”.
Ces chan­ge­ments ont fait tel­le­ment de bruit que Facebook s’est fendu d’une réponse :

«En réponse à vos feed­backs, nous avons amé­lioré l’option de visi­bi­lité de la liste d’ami. Désormais, quand vous déco­chez “Afficher ma liste d’amis sur mon pro­fil” sur la boite affi­chant les amis de votre pro­fil, vos amis n’appraitront pas, que la per­sonne qui regarde votre pro­fil soit log­guée ou pas. Cette infor­ma­tion est tou­te­fois acces­sible publique­ment, et peut être acces­sible via des appli­ca­tions tierces.»

Facebook pré­pare l’API de son social graph

Ce chan­ge­ment repose avant tout sur la volonté de pré­pa­rer l’arrivée de l’API Social Graph de Facebook (voir ci des­sous), grâce à laquelle des appli­ca­tions pour­ront à l’avenir deman­der à Facebook la liste de vos amis et l’utiliser à des fins diverses.
Le chan­ge­ment majeur dans tout cela consiste à vous sug­gé­rer que tout ce que vous publiez – sta­tuts, liens, pho­tos, vidéo, anno­ta­tion – sera par­tagé publique­ment et ouver­te­ment, y com­pris en dehors de Facebook.

Or la plu­part des uti­li­sa­teurs de Facebook on adopté et mis en place des usages qui sont en adéqua­tion avec le pré­cé­dent contrat social de Facebook, à savoir que seuls vos amis peuvent voir ce que vous faites sur la pla­te­forme (contrai­re­ment à Twitter). Interrogez des uti­li­sa­teurs autour de vous, la plu­part sont par­fai­te­ment incons­cients des récents chan­ge­ments opé­rés par Facebook.
Zuckenberg, le fon­da­teur de Facebook, a décidé de rendre public son pro­fil et de par­ta­ger les 290 pho­tos qu’il y stocke, ainsi qu’une mine d’informations le concer­nant, lançant en quelque sorte le mes­sage : “si je peut me mettre en slip, vous pou­vez égale­ment le faire, c’est fun !”.

Pourquoi Facebook fait-il cela ?

Les listes d’amis doivent deve­nir publiques parce que Facebook tra­vaille au lan­ce­ment de l’API Social Graph, au second semestre 2010.  Or c’est dans le social graph que se trouve le pétrole que cherche depuis long­temps Facebook. Facebook et les autres acteurs des réseaux sociaux veulent ana­ly­ser ces don­nées pour y trou­ver vos connais­sances et vos inté­rêts afin de mieux vous cibler. Peut être arriveront-ils même un jour à juger de votre capa­cité à rem­bour­ser un cré­dit en se basant sur vos connaissances.

Il est désor­mais évident que d’autres rup­tures de contrat social se pro­filent à l’horizon entre Facebook et ses uti­li­sa­teurs. La road­map censé ame­ner la société à faire des pro­fits colos­saux ne se sou­ciant guère de res­pec­ter la vie pri­vée de ses utilisateurs.
Google tra­vaille égale­ment à une API pour son Social Graph, mais celle-ci sera basée sur des rela­tions sociales décla­rées publique­ment sur des blogs ou des sites tels que Flickr et Friendfeed. Tout cela sou­lève de nom­breuses ques­tions. Ben Laurie, Monica Chew et Dirk Balfanz de chez google on publié un article inti­tulé “(under)mining Privacy in Social Network” [ndt: jeu de mot entre ‘sous estimer/analyser la vie privé dans les réseaux sociaux, assez intraduisible].
Facebook, lui, est pour l’instant en posi­tion de force, il pense pou­voir faire évoluer à sa guise les règles qui régissent son uni­vers car ses uti­li­sa­teurs y retrouvent tous leurs amis, mais cette conduite est dan­ge­reuse pour l’internet tout entier.

Le véri­table dan­ger, comme le sou­ligne Jason Calacanis,  est que cela affec­tera l’ensemble des socié­tés sur inter­net, et aigui­sera les appé­tits d’Etats sou­hai­tant prendre le contrôle du social sur le web, au pré­texte que cer­taines socié­tés ont un com­por­te­ment dis­cu­table : “le com­por­te­ment irres­pon­sable de Facebook pro­voque une perte de confiance des uti­li­sa­teurs vis à vis d’internet et attire inuti­le­ment l’attention du légis­la­teur […] Ce chan­ge­ment affec­tera tous ceux qui tra­vaillent à construire une nou­velle archi­tec­ture sociale pour nos socié­tés à tra­vers le web”.
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede sheerk » 06 Mai 2010, 07:03

Oui c'est clair que facebook attaque clairement la vie privée. Je m'était inscrit sur ce site il y a un moment, mais là je viens de supprimer mon compte et c'est sans doute mieux ainsi.
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede RickRoll » 06 Mai 2010, 07:39

Attention ! POur supprimer vraiment son compte il y a une option très bien planquée dans l'aide de Facebook : https://ssl.facebook.com/help/contact.p ... te_account
Et encore, facebook ne s'engage pas à supprimer tes données, ni à les rendre inaccessibles aux applications...

Dans les paramètres du compte il y a une option bidon "désactiver" mais ça ne supprime pas le compte : les gens peuvent toujours te tagguer sur les photos, tu peux recevoir les mails de facebook t'informant de certains trucs...
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede sheerk » 06 Mai 2010, 20:26

C'est pas que c'est bidon, mais c'est juste que c'est juste une désactivation, mais clair que l'option supprimer le compte je ne l'avais pas trouvé. Jusqu'à présent la désactivation me convient, mais c'est sympa pour le lien :wink:
En même temps en ce qui me concerne je n'ai pas grand chose à cacher, il n'y a plus de photo et pour ma date d'anniversaire elle est bidon.
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Parpalhon » 09 Mai 2010, 17:37

RickRoll a écrit:Dans les paramètres du compte il y a une option bidon "désactiver" mais ça ne supprime pas le compte : les gens peuvent toujours te tagguer sur les photos, tu peux recevoir les mails de facebook t'informant de certains trucs...

chouette j'ai pu supprimer mon compte ... une fois sans faire exprès j'ai cliqué sur facebook et ça m'a remis le compte en place alors que je pensais l'avoir supprimer ...

Sinon sur facebook ça me fait trop rire les gros malins qui ont un compte avec leur vrai nom et qui se mettent sur des groupes qui appellent à l'insurrection ou des trucs du genre :lol:
Et puis j'adore le fait de cliquer sur un truc ça donne l'impression aux gens d'avoir fait quelque chose ...

Et c'est sur facebook que j'ai découvert l'ampleur de la méchanceté humaine ... les groupes sur les roux et autres, je trouve ça tout simplement dégueulasse, et le pire c'est que des tas de gens se mettent dessus :roll:

Et les cucus la praline qui mettent le nom de leur copain/copine sur leur profil :confus: Ou encore ceux qui mettent des photos d'eux bourrés accessibles à tout le monde ... ouah regardez les gens come je suis trop cool, je suis un gros porc qui dégueule quand il a bu un verre de whisky coca :lol: pffff ça me dépasse vraiment tout ça !!!
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede RickRoll » 09 Mai 2010, 23:00

Content que moin post ait pu servir à quelqu'un(e) ! Mais bon, ton compte est supprimé mais tu n'as aucune garantie que facebook ne garde pas une partie de tes données pour les utiliser ensuite... Genre les photos que tu as mises, dans les conditions d'utilisation tu leur concède que c'est facebook le proprio de ces photos. Dans un reportage, un mec avait du aller en justice pour que la firme les supprime bien.

Pour les roux, dès le début j'ai été gêné (bon je suis pas sur facebook mais faut dire que dans le milieu étudiant c'est difficile de passer à côté des modes facebook étant donné le nombre de personnes qui y sont). Je trouve que c'est raciste, ça m'a vraiment fait penser aux blagues sur les juifs.

Pour info, la nouvelle génération de fachos se sert de facebook et ils sont pas bien malins non plus...

Et petite nota bene : il y a une alternative libre à facebook qui est en train d'être développée, movim. C'est encore en phase de développement donc pas utilisable par le grand public, mais c'est très prometteur.
C'est un système décentralisé, c'est à dire que chacun-e pourra installer movim sur un serveur ou un ordi connecté en permanence au net, et ainsi avoir le contrôle sur ses données. Il y aura probablement de gros serveurs appartenant à des assos ou des entreprises, où l'on pourra s'inscrire si on n'a pas les moyens techniques de gérer un movim. Et tout ce petit monde pourra communiquer sur le même réseau social !
Movim autorise l'ajout de modules programmés par la communauté, s'intégrera avec d'autres plates-formes sociales...
Un réseau où c'est l'utilisateur-trice qui aura le contrôle.
En tous cas, dès que c'est dispo je teste !
RickRoll
 

Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Mattimeo » 12 Mai 2010, 13:25

Et les cucus la praline qui mettent le nom de leur copain/copine sur leur profil :confus: Ou encore ceux qui mettent des photos d'eux bourrés accessibles à tout le monde ... ouah regardez les gens come je suis trop cool, je suis un gros porc qui dégueule quand il a bu un verre de whisky coca :lol: pffff ça me dépasse vraiment tout ça !!!


Et ceux qui te mettent dessus bourré... --"

Et oui, en effet, tu ne peux supprimer définitivement ton compte qu'en mailant facebook, et encore...
Et non, une fois ton compte "désactivé" (supprimé jusqu'à la prochaine connexion), tu ne peux plus être marqué (pas plus que si tu ne t'étais jamais inscrit), tu ne reçoit plus de mail de la part de facebook (excepté ceux que tu recevrais en tant normal, c'est a dire les invitations a t'inscrire par tes amis). Testé depuis 6 mois (même plus maintenant, j'dois approcher les 8/9 mois, un bon gros bébé! xD), et si je suis marqué, ce n'est pas rattaché a mon compte, c'est les gens qui tapent mon nom sur une photo (ou un surnom en général).
Après, c'est sûr que facebook a encore toutes ses infos en mémoire...
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Parpalhon » 12 Mai 2010, 14:42

Mattimeo a écrit:
Et ceux qui te mettent dessus bourré... --"

je supporte très bien l'alcool, donc je suis pas du genre à dégueuler en public ni à dormir par terre ;)

Sinon pour un minimum d'anonymat y a la solution de s'enregistrer sous un faux nom et de pas mettre de photos de soi, et de supprimer les "taggs" sur les photos ou on apparait ... au moins on est pas emmerdé par les nazes qui nous ont toujours détesté mais qui veulent battre le record de celui qui a le plus d'amis, et puis on a un peu plus de liberté dessus aussi ...
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Mattimeo » 12 Mai 2010, 20:37

Moi j'ai supprimé mon compte, tout simplement, c'est encore plus efficace =D

Pis une fois suffit pour se retrouver bien étiqueté alcoolique sur facebook, je finis jamais mort en temps normal, seulement, anniv' d'un pote + déprime + beaucoup d'alcool dispo... J'me retrouve avec un trou de 22h30 a 9h30 ;). Et quand les photos et vidéos finissent sur facebook, bof... Heureusement que j'dors quand j'suis bourré!
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Nico37 » 25 Juil 2011, 21:07

Facebook : une potentielle fuite massive de données révélée
Tout est dans le mot potentielle

Cela semblait inévitable : Facebook, le plus grand réseau social au monde, pourrait bien vivre sa première affaire de fuite massive d’informations personnelles. En effet, selon Symantec, qui explique brièvement la procédure, « depuis des années, des centaines de milliers d'applications ont pu laisser fuiter par inadvertance des millions de clés (jetons) à des tiers ».

FacebookSi Facebook a déjà dans le passé été au centre de plusieurs affaires, celle-ci pourrait faire plus de bruit. Averti du problème par Symantec, le réseau social américain planche sur le sujet et a déjà fait quelques améliorations. Malorie Lucich, porte-parole de Facebook, a ainsi noté que l’API défaillante pointée du doigt par Symantec a été retirée.

Cependant, la porte-parole de Facebook a au final nié en grande partie les faits. Elle a ainsi fait remarquer que le rapport de Symantec comprend « quelques inexactitudes » et qu’une étude interne a montré qu’ « aucune information confidentielle d’utilisateurs n’a été partagée avec des tiers ».

Pour rappel, lorsque vous installez une application sur FB, vous lui donnez certains droits, plus ou moins intrusifs, via des tokens (jetons). Ce sont ces tokens qui pourraient bien avoir été communiqués par inadvertance...

Selon Symantec, rien que le mois dernier, environ 100 000 applications Facebook ont à leur insu permis cette fuite de données à de tierces personnes, et en particulier des annonceurs publicitaires. Ce qui va bien entendu à l’encontre des obligations contractuelles reliant Facebook et les développeurs.

Le spécialiste de la sécurité précise que ces tiers avaient un total accès aux comptes, et qu’ils pouvaient même publier des messages sur leur mur et modifier leurs informations personnelles. « Heureusement, ces tierces parties ne pouvaient se rendre compte de leur capacité à accéder à cette information » tente de rassurer Symantec.

La fuite a en tout cas été confirmée par Facebook à Symantec. Reste cependant une question fondamentale qui n’a toujours pas de réponse : quelle est l’ampleur de cette fuite ? Si selon Symantec, cette fuite est potentiellement élevée (des millions de comptes peuvent être concernés), il ne s’agit que d’un potentiel. Rien n’assure donc que ce dernier a été exploité. Mais dans le doute…

« Nous craignons qu’un grand nombre de ces jetons (clés d’accès, ndlr) puisse encore être disponible dans des journaux de serveurs tiers ou encore activement utilisés par les annonceurs » conclu de manière pessimiste Symantec.

L’éditeur américain conseille de modifier son mot de passe Facebook par mesure de sécurité, afin d’invalider les mauvais tokens (jetons) et en changer. Si vous n’avez aucune application d’installée, les risques sont bien évidemment nuls.

Voilà qui pourrait quoi qu’il en soit relancer le débat sur les autorisations parfois incroyables que les utilisateurs « donnent » aux développeurs d’applications, que ce soit sur Facebook ou sur leur smartphone.
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Nico37 » 22 Oct 2011, 21:55

Facebook : la mémoire cachée par Camille Gévaudan

L’appétit vorace de Facebook pour les données personnelles n’est un secret pour personne. Régulièrement, son estomac numérique gargouille auprès de ses membres pour réclamer son dû. « Donnez-moi votre numéro de mobile, que je puisse renvoyer votre mot de passe en cas d’oubli ! » « Expliquez-moi vos opinions politiques, que je puisse mieux cibler mes publicités ! » « Dites-moi ce que vous lisez, ce que vous écoutez, ce que vous regardez, ce que vous cuisinez, que vos amis puissent en profiter ! » Et la plupart des 800 millions d’inscrits, dociles, jettent leurs gros steaks de vie privée dans la gueule béante du réseau social. Ce que personne ne semble savoir, en revanche, c’est que le monstre est dépourvu de système digestif. Il se contente de stocker les données, toujours plus de données, sans jamais en effacer aucune.

Les découvertes du jeune Max Schrems sont effarantes. Au mois de juillet, cet étudiant autrichien en droit a réussi à se procurer l’ensemble des données dont Facebook dispose sur lui. En épluchant les 1222 pages ( !) de son dossier, il a constaté que le réseau social avait soigneusement archivé toutes les informations qu’il croyait avoir supprimées depuis belle lurette. Anciens pseudonymes, messages privés, demandes d’amis refusées... Il soupçonne même l’existence de fiches sur les internautes non inscrits à Facebook. Max Schrems a décidé de saisir les autorités compétentes en Irlande, où Facebook a son siège européen, pour demander une enquête approfondie. À 24 ans, il est en passe de devenir une sérieuse épine dans le pied du réseau qui valait 70 milliards de dollars.

« Statut : effacé »

« Je ne cherche aucun gain financier ou personnel. Je veux simplement pouvoir aller sur Facebook sans me soucier du traitement de ma vie privée », justifie-t-il. Lors de son échange universitaire en Californie, l’an dernier, il a eu l’occasion de rencontrer des responsables de Facebook et de parler avec eux des différences de législation entre les États-Unis et l’Europe en matière de protection de la vie privée. Les premiers sont très laxistes, et le vieux Continent beaucoup plus strict. « J’ai écrit un article sur ce sujet, et j’ai alors découvert que tous les utilisateurs de Facebook vivant en dehors des États-Unis et du Canada étaient liés par contrat à Facebook Irlande », une société « qu’ils ont probablement installée là pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse ». Hors Amérique du Nord, donc, « Facebook dépend des lois européennes sur la vie privée. Et bien sûr, il ne les respecte pas. »

La bataille commence.

Dégainant sa directive 95/46/CE qui garantit un tel droit à tout citoyen européen, Max Schrems écrit à Facebook pour réclamer l’accès à l’ensemble des données le concernant, via un formulaire très bien caché sur le site du réseau. Il doit insister un peu, et finit par recevoir sur CD-Rom un fichier PDF lourd de plusieurs centaines de mégaoctets et long de 1222 pages. Avec les quelques étudiants qui l’accompagnent dans sa démarche, il a créé le site « Europe versus Facebook » pour partager ses découvertes et expliquer aux internautes comment faire de même. Il y publie son dossier PDF après l’avoir anonymisé, et liste très précisément le type d’informations stockées par Facebook pour chacun de ses membres.

Image

Facebook connaît bien sûr la liste d’amis liée à un profil, mais conserve également le nom de tous les prétendants refusés. Puisque leur demande a été rejetée, il y a des chances non négligeables ces personnes soient totalement étrangères à l’internaute en question. Mais Facebook conserve tout de même, pour une durée indéterminée, la trace d’un lien virtuel entre ces individus étrangers l’un à l’autre.

Même son de cloche du côté des « événements ». Facebook garde la liste complète des invitations adressées à un membre depuis la date de son inscription, quelle qu’ait été sa réponse. S’il a dit qu’il viendrait à la soirée, Facebook le sait. S’il a dit « non » ou « peut-être », idem. S’il n’a pas répondu parce qu’il ne se sentait pas concerné par cet événement, Facebook retient qu’il n’a pas répondu mais qu’il était invité.

Les messages sont sans doute l’aspect le plus scandaleux du dossier. Courriers privés et tchats entre amis sont tous archivés dans le même système de messagerie sur Facebook et y restent pour toujours. Le bouton « Supprimer » n’a qu’une fonction cosmétique : il permet de masquer le message aux yeux de l’internaute, mais reste sur les serveurs de Facebook avec la mention « statut : effacé ».

Image

Même subterfuge pour les statuts, les pokes... et les tags de photos : ils sont indélébiles sur les serveurs. Quand un membre de Facebook décide de marquer la présence d’un autre membre sur une photo, le consentement de ce dernier n’est pas requis. Il peut retirer le « tag » après coup s’il ne souhaite pas être associé à l’image, mais celui-ci devient simplement invisible sur le site. Facebook garde la trace du lien entre la personne et la photographie.

Que de réjouissances, encore, au chapitre « Machines » du dossier ! « Facebook place un fichier “cookie” sur chaque ordinateur qui se connecte au site. Outre le traçage des internautes, ils s’en servent aussi pour créer des liens entre les utilisateurs et leurs ordinateurs. Ils ont une liste complète des ordinateurs qu’une personne a utilisés pour aller sur Facebook, et une liste de toutes les personnes ayant utilisé un même ordinateur pour aller sur Facebook. » En clair, Facebook sait qui fréquente qui, au travail ou à domicile, y compris parmi les personne n’étant pas « amies » sur le réseau social.

Quant au chapitre « Checkins », il liste tout simplement toutes les connections d’un internaute à Facebook depuis son inscription. Chaque checkin est associé à un numéro unique, une date, une heure, une longitude et une latitude.

« Shadow profiles »

À la page 3 de son dossier, Max Schrems a froncé les sourcils. « Il y avait des adresses e-mail que je n’ai jamais communiquées à Facebook, raconte-t-il à Ecrans.fr. Et pourtant il les connaissait ! » Étrange, très étrange. Il soupçonne l’outil « Rechercher des amis », qui permet d’importer son carnet d’adresses sur Facebook et donc de fournir au réseau ce genre de coordonnées. Une de ses connaissances aurait ainsi enrichi le profil de Schrems sans même en avoir conscience.

Puis il fait le lien avec une autre bizarrerie. « Quand on invite à un événement quelqu’un qui n’est pas sur Facebook, il faut rentrer son adresse e-mail. Cette personne reçoit alors un courrier l’encourageant à s’inscrire sur le réseau, avec le nom et la photo de tous les gens que Facebook pense qu’il peut connaître. » On comprend que Facebook ait fait le lien entre l’émetteur de l’invitation et son destinataire, mais comment peut-il suggérer dix autres connaissances potentielles ? Pour Max Schrems, il n’y a qu’une possibilité : ce non-inscrit dispose d’une fiche secrète sur Facebook — un « shadow profile » alimenté par les membres du réseau.

Quand on tape un nom dans le moteur de recherche, que l’on synchronise son mobile ou son carnet d’adresses avec le réseau social, toutes les informations grappillées seraient ainsi conservées et recoupées entre elles de manière automatique. Facebook pourrait ainsi piocher dans ces « shadow profiles » pour envoyer des e-mails très personnalisés aux internautes non inscrits.

Image

Entre mi-août et mi-septembre, Max Schrems a adressé exactement 22 plaintes au Commissaire irlandais à la protection des données — une pour chaque point de fonctionnement de Facebook qu’il estime être illégal. Six d’entre elles concernent les informations que Facebook conserve alors que l’internaute les croit supprimées. D’autres dénoncent la reconnaissance faciale, le système de « tags » sur les photos ou encore les conditions d’utilisation du site, floues et trop souvent changées. Les fiches secrètes sur les non-membres du réseau sont particulièrement problématiques : « Facebook Irlande rassemble une quantité excessive d’informations sur les non-membres sans les en informer ni leur demander leur consentement », accuse la plainte.

Max Schrems est optimiste : « Dans une interview, le Commissaire a dit que si le contenu qu’on « supprime » de Facebook n’est pas réellement effacé, c’est bien illégal. Donc on est plutôt sûrs de nous : on va gagner cette bataille. » L’enquête a débuté cette semaine et les résultats devraient être connus d’ici la fin de l’année.

Nico37
 
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Nico37 » 23 Oct 2011, 09:24

" La vie privée est devenue un enjeu de concurrence essentiel entre les réseaux sociaux " LEMONDE.FR | 21.10.11 | 21h20

Isabelle Falque-Pierrotin est la nouvelle présidente de la Commission nationale informatique et libertés, le régulateur de la vie privée.

Plusieurs régulateurs, allemands notamment, ont ouvert de nombreuses procédures contre Facebook. Les réseaux sociaux doivent-ils être plus particulièrement surveillés ?

Nous suivons tous les grands acteurs, et Facebook en particulier – car nous sommes régulièrement saisis de plaintes le concernant. Facebook est aujourd'hui le site le plus visité : c'est assez récent, et nous constatons bien que l'intérêt des utilisateurs se déporte vers les réseaux sociaux. Il faut que leurs offres soient comprises, et que les utilisateurs puissent faire leurs choix en toute connaissance de cause.

Les conditions générales d'utilisation, l'articulation avec les développeurs tiers, la manière dont fonctionne le bouton "like" de Facebook... ce sont des sujets complexes, et cela n'est pas trivial. Facebook collecte-t-il des informations sur les personnes, même si elles ne sont pas membres du réseau ? Notre objetif est d'abord d'élucider qui fait quoi, afin de mieux dialoguer avec Facebook. Notre message pour les réseaux sociaux est simple : ils doivent se conformer à la loi, et nous sommes prêts à les y aider. Ce doit être un partenariat productif, et le cas échéant nous n'hésiterons pas à faire jouer notre pouvoir de sanction.

Pour peser face aux géants du Web, ne faut-il pas que les régulateurs travaillent avant tout au niveau européen ?

Oui, sur la plupart de ces sujets, c'est l'échelon européen qui est pertinent. Nous collaborons avec les autres autorités européennes et mondiales pour travailler avec des acteurs comme Google ou Facebook.
Et nous allons poursuivre ce travail au sein du G29, qui rassemble l'ensemble des autorités européennes, avec de nouveaux groupes de travail pour mieux partager nos informations et notre connaissance, et présenter un front uni.

Aujourd'hui, nous sommes dans une période de transition, avec des cadres juridiques et des autorités hétérogènes. Or, il est dans l'intérêt de tous – y compris des acteurs économiques – d'avoir un régulateur européen fort, avec un cadre juridique stable et clair.

Par ailleurs, nous coopérons aussi beaucoup avec la Federal Trade Commission américaine ; des plaintes communes pourraient être un outil intéressant à l'avenir. Plus généralement, on voit aujourd'hui que l'opinion publique évolue fortement aux Etats-Unis : les ONG se mobilisent, les parlementaires ont déposé plusieurs propositions de lois [afin de renforcer la protection de la vie privée]... Les choses changent.

La directive européenne sur la protection des données est justement en cours de révision. Quelles orientations préconisez-vous ?

Nous sommes très inquiets de la logique qui prévaut actuellement dans la révision de cette directive centrale. La Commission est aujourd'hui dans une logique d'harmonisation qui prend le pas sur la protection individuelle. Actuellement, la Commission s'attache au principe dit du "principal établissement", c'est à dire que, pour la loi comme pour l'autorité compétente, on ferait un choix unique qui prévaudrait pour toute l'Union.

Cela risque d'aboutir, par exemple, au fait que ce soit l'autorité de la vie privée britannique ou irlandaise qui soit la référence unique, alors que ce sont des autorités moins puissantes que les autorités françaises, allemandes ou espagnoles... Nous nous en sommes émus auprès de la commissaire en charge du dossier, et nous proposons un autre critère, qui est celui du ciblage : si une entreprise de Palo Alto offre ses services dans l'ensemble de l'Europe, c'est la loi
européenne qui s'appliquerait ; si elle vise le marché allemand, la loi allemande. Et chacune des CNIL européennes serait compétente pour les services qui ciblent son marché.

En l'état, le projet de révision est catastrophique en termes de message envoyé aux Européens : il donne l'impression que le citoyen européen est moins bien traité que le consommateur européen. Ce qu'il faut en réalité, c'est renforcer les collaborations entre les différentes autorités, pour créer un régulateur européen en réseau, et non un régulateur centralisé.

Ces dernières années, la CNIL a lancé plusieurs campagnes pédagogiques à destination des adolescents. Mais d'après plusieurs études récentes, on constate que les adolescents sont en moyenne davantage conscients des enjeux de la vie privée que leurs parents. Ne faut-il pas recentrer les campagnes ?

La pédagogie est un axe majeur que nous allons renforcer. Cela passe aussi bien par les individus, qui doivent être informés, que par les acteurs économiques, qui doivent intégrer la dimension "vie privée" dans leurs produits. Et effectivement, nous essayons de développer cet effort de pédagogie en direction des parents. Ils sont souvent dans l'expectative et le désarroi, alors que leurs enfants sont demandeurs de référents. Dans ses travaux, le psychologue Serge Tisseron montre que les jeunes qui jouent aux jeux vidéo le font d'abord avec leur pairs, mais que quand ils sont en quête de règles, ils se tournent plus volontiers vers les personnages non-joueurs. Les jeunes sont aussi demandeurs de cadrage.

Une partie des parents se sentent perdus face à ces outils nouveaux et complexes...

Ce n'est pas parce que les parents n'y connaissent rien, qu'ils n'ont pas de rôle à jouer. Les parents doivent éduquer au numérique, mais ils n'ont pas besoin d'être experts de cet univers. Pour expliquer à son fils comment se comporter sur un terrain de football, il n'y a pas besoin d'être un spécialiste de ce sport...

Il faut que les parents se décomplexent, et pour cela il faut que nous leur donnions des outils. Les parents font, le plus souvent, un contrôle plutôt quantitatif : ils surveillent le nombre d'heures que leurs enfants passent sur les réseaux sociaux, par exemple. Lorsqu'ils vont plus loin, ils n'apportent pas toujours la bonne réponse : je ne suis pas persuadée que devenir "ami" avec son enfant sur Facebook soit une bonne idée ; on est alors dans une démarche de contrôle, et non
d'éducation. Les parents ont un rôle à jouer, celui de parent, pas celui de geek !

Cette semaine, Facebook a annoncé que la majorité de ses utilisateurs avaient modifié leurs paramètres de protection de la vie privée, alors qu'auparavant peu le faisaient. Assistons-nous à un changement de mentalités ?

Les utilisateurs sont plus aguerris, plus matures, et ils veulent la maîtrise de leurs données personnelles. On le voit dans toutes les études, et c'est particulièrement clair en ce qui concerne les smartphones : les utilisateurs veulent plus de contrôle. Nous avons vécu en quelques années un bouleversement sans précédent en un temps record. Mais l'apprentissage a été très rapide : les questions de paramétrage ont été intégrées par les utilisateurs en deux ou trois
ans. Les utilisateurs sont davantage conscients des risques éventuels, et veulent être maîtres de leurs choix, ce que les acteurs économiques prennent de plus en plus en compte. En aussi peu de temps, c'est un progrès collectif considérable.

Les évolutions des réseaux sociaux, par exemple la compétition entre Facebook et Google+, montrent qu'une concurrence vertueuse se met en place sur les questions de vie privée. Je m'inscris en faux par rapport aux gens qui disent que la vie privée n'intéresse plus personne : la preuve, elle est en train de devenir un enjeu de concurrence essentiel entre les grands acteurs.

Nous n'avons pas aujourd'hui une connaissance complète de l'ensemble des acteurs de la chaîne, de leurs relations, ni du contrôle exercé
tout au long de cette chaîne. Apple contrôle d'assez près les développeurs sur son système IOS ; est-ce le cas partout ?


Aujourd'hui, nous ne le savons pas parfaitement, et nous nous penchons donc très sérieusement sur le sujet. C'est un écosystème complexe qui doit être décortiqué.

La CNIL a commencé à publier une série de travaux de recherche sur la géolocalisation. Les acteurs de la téléphonie mobile sont-ils en conformité avec la réglementation et les bonnes pratiques ?

La géolocalisation inquiète les utilisateurs, même si elle leur apporte aussi des services intéressants. Ce que nous disons aux acteurs économiques, c'est que les usages et les équilibres économiques sont fragiles. Les positions compétitives se conquièrent en deux ou trois ans, mais un géant comme Myspace s'est écroulé en quelques mois. Sans la confiance de leurs utilisateurs, ces entreprises ne peuvent fonctionner dans la durée.

Est-ce la même chose pour les données biométriques qu'utilisent, par exemple, IOS ou Android pour la reconnaissance faciale ou la recherche vocale ?

Nous sommes là dans un degré de dangerosité et de complexité sensiblement plus élevé, sur lequel nous serons encore plus vigilants.
Les données biométriques ne sont pas des données personnelles comme les autres. La reconnaissance faciale nous alerte plus particulièrement, parce qu'elle peut être couplée avec d'autres technologies, comme la vidéoprotection, avec un risque objectif fort pour la vie privée des individus. Une image de caméra de surveillance qui est utilisée pour activer votre téléphone, c'est un scénario de science-fiction, mais nous nous en approchons à grands pas.

La CNIL ne rend publique qu'une petite partie de ses décisions, ce qui lui est souvent reproché. Cela va-t-il évoluer ?

Il y a des avis que nous ne pouvons pas rendre publics pour des raisons légales. Mais nous devons travailler sur la lisibilité de nos positions. La CNIL doit être plus ouverte, pour rendre cet univers plus intelligible : nous sommes un référent, pas seulement un gendarme. Il faut expliquer nos positions, faire connaître les outils, bref, être plus proactifs et plus concrets.

Nous sommes dans une année électorale, et vous avez travaillé personnellement sur la question du vote électronique. Les adversaires de ce mode de scrutin estiment que vous avez été trop timorés sur ce sujet.

Sur le vote électronique, la CNIL a fait son travail, qui n'était pas de déterminer si le vote électronique est "bien" ou "mal". Cela, c'est le travail du législateur. La CNIL s'est bornée à remplir sa mission ; faire en sorte que les votes se déroulent dans les conditions prévues par la loi. Pour les partisans du vote électronique, nous sommes apparus comme un frein, et pour ses adversaires, comme trop timorés ; cela me fait dire que notre position était plutôt bien équilibrée. Le vote électronique peut être un outil utile dans certains cas, mais il est certain qu'il ne va pas résoudre un éventuel désintérêt pour la politique. Surtout, la CNIL reste réticente lorsqu'il est utilisé pour des scrutins politiques : un vote dans une entreprise n'est pas la même chose qu'une élection à l'échelle du pays. Il faut rester prudents dans cette voie.

Le ministère de l'industrie accueillait ce jeudi et ce vendredi un grand débat sur l'avenir d'Internet. La CNIL ne participait pas à la table ronde sur la vie privée, comme ce fut le cas lors de l'e-G8. Pourquoi ?

Nous n'avons pas été invités. C'est dommage, car la France et l'Europe ont une carte à jouer sur le numérique. D'ailleurs, nous recevons ce vendredi, à leur demande, des représentants de toutes les grandes entreprises présentes à ce sommet. Il est donc difficile de comprendre pourquoi, dans ce débat organisé au ministère, il y a une ONG, Transparency International, mais pas le régulateur ! Nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue, mais la CNIL a aussi son mot
à dire.

propos recueillis par Damien Leloup
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Re: Peut-on encore parler de vie privée sur Facebook ?

Messagede Nico37 » 07 Fév 2012, 21:20

Edito : Facebook, ce faux ami 07/02/2012

L’amitié ne se monnayait pas, du moins jusqu’à nos jours, sauf celle de François- Marie Banier pour Mme Bettencourt. Mais voici que Facebook met en bourse ses 845 millions d’amis, l’équivalent du troisième pays au monde après la Chine et l’Inde. On estime le tout à cent milliards de dollars.

Une minute sur sept que cette fraction d’humanité consacre au net, elle la passe sur Facebook où se téléchargent 250 millions de photos par jour. On y trouve vos goûts, vos indignations, vos engagements, une somme incroyable d’informations à faire rêver tous les commerciaux et les flics du monde.

Pour en obtenir autant, la CIA aurait dû dépenser des milliards et des milliards, on la soupçonne même pour cette raison de s’être mêlée à la création d’un pareil outil. Avant la flambée d’internet, un seul Etat s’y était risqué, à l’époque des écoutes téléphoniques et des fiches cartonnées : la Stasi est-allemande parvint, par ses services secrets, à mettre en dossier la quasi-totalité de ses habitants. Pour garder ses amis et les espionner, l’Etat communiste s’est ruiné et en a disparu.

Chez Facebook, les amis affluent et c’est gratuit. Au-delà de la modernité et de la taille de l’entreprise, l’histoire deviendrait-elle cyclique comme le croyaient les pythagoriciens, les Gaulois et Nietzsche ? Dans la société traditionnelle, le village, tout le monde sait tout sur tout le monde, l’adultère du voisin, l’héritage de la voisine, les traficotages du boucher… La grande ville a libéré les populations de ce regard permanent et des ragots ; le citoyen y retrouvait un anonymat et son divorce cessait d’être un scandale.

Fini : avec Facebook, Mark Zuckerberg, ado de 27 ans à capuche, vous remet sous l’oeil des mercières et des faux amis malveillants. Il prétend qu’il ne va pas en bourse pour faire de l’argent. Il ne veut faire de l’argent que pour un Facebook plus ouvert et plus connecté. Mais par là même, il vend votre date d’anniversaire et vos pérégrinations sentimentales si vous en avez fait part à vos copains. Dès les années 60, Marshall McLuhan nous avait annoncé l’avènement du “village global”. Nous avions retenu “global”, nous avions oublié “village”. Après un long détour, nous voilà épiés derrière le rideau de notre salle de bains.

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Facebook et la sécurité.

Messagede Ulfo25 » 19 Juil 2012, 08:50

Owni publie un article montrant comment Facebook incite ses utilisateurs à dénoncer les faux profils et les personnes utilisant de simples pseudonymes.
Moi perso' je trouve ça très inquiètant qu'un simple site internet puisse procèder de cette manière mais bon, quand on a l'argent faut croire que l'on peut se permettre beaucoup de choses.

Voici l'article : http://owni.fr/2012/07/17/facebook-invi ... -delation/
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Re: Facebook et la sécurité.

Messagede Flo » 19 Juil 2012, 12:05

Il est évident que les utilisateurs de facebook inscrivent de fausses données. Si on est un minimum conscient du fait que quelqu'un qui sait bien se servir de facebook pourrait nous retrouver même si on a réglé les options nécessaires pour ne pas apparaître dans les résultats de recherche, on prend ses précautions. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui n'ont pas envie que leurs employeurs ou leurs collègues de travail voient l'usage qu'ils font de FB et y découvrent une partie de leur personnalité qu'ils s'étaient justement évertués à masquer dans la réalité pour rentrer dans le moule. Je pense pas seulement à certains dont le narcissisme exacerbé les conduisent à mettre les photos de toutes leurs soirées branchés-bobo-alcolo, mais à ceux qui aiment partager des choses qui pourraient s'avérer catégorisantes ou "étiquetante" comme de l'information militante. Certes, ils n'ont qu'à faire un blog perso, mais vu l'hégémonie de facebook et son côté pratique (il faut bien l'avouer) il est difficile de faire partager quelque chose à grande échelle sans y être inscrit. La garantie de ne jamais être "grillé" étant quasi-impossible, il ne faut pas s'étonner que certains mettent faux nom, fausse adresse e-mail, voire même fausse IP pour constituer une assurance supplémentaire d'être protéger.

Mais il y a aussi une seconde chose bien plus grave et qui touche à l'intérêt général. Tous les informations des profils des utilisateurs étant stockées dans une base de donné générale, elles constituent un vivier d'information absolument immense pour catégoriser, segmenter, "ficher" un futur marché de consommateur en fonction de leurs goûts, âge, intérêt, etc.. Nous n'avons aucune garantie que ces fichiers ne seront pas un jour mis à disposition du grand capital, en particulier quand on sait à quel point cela peut être profitable pour FB qui détient ici le plus grand fichier de consommateur potentiel existant au monde. Partant de ce principe, je comprends que certains n'aient aucune envie de livrer leurs données personnelles au service de l'expansion du consumérisme, de la croissance infinie ou de l'omniprésence publicitaire.

Bon alors qui a facebook ici ?

EDIT : Rien à voir mais je me demande si créé une page facebook dédié au forum anarchiste révolutionnaire serait pas une possibilité comme une autre de pouvoir faire connaître ce forum et rameuter du monde.
"La société à venir n'a pas d'autre choix que de reprendre et de développer les projets d'autogestion qui ont fondé sur l'autonomie des individus une quête d'harmonie où le bonheur de tous serait solidaire du bonheur de chacun". R. Vaneigem
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