Des Etats endettés jusqu'au cou qui calculent leurs dépenses au plus juste alors que le remplacement des énergies fossiles nécessitent des investissements colossaux. Voila un cocktail explosif !
Le jour où une crise financière majeure va se combiner avec une crise de l'énergie, et que le baril de brut atteindra 200, 300, 500 $ par exemple, le système fera "BOUM !!!" Il faudra quelques années pour que l'on y arrive mais on va y arriver. Tous les spécialistes de la question le disent.
Au cours des quinze prochaines années, le monde va connaitre des alertes de plus en plus chaudes sur lesquelles les pays du G8, du G20 apposeront des rustines, tout en essayant de minimiser l'ampleur du désastre.
Il est assez symptomatique que le dernier rapport de l'A.I.E. n'ait pas fait l'objet de longs commentaires dans la presse. AÎe !
Le Figaro - 11 nov. 2009
L’AIE s’inquiète du manque d’investissement dans l’énergie
Dans son bilan 2009, l’Agence internationale de l’énergie chiffre à 10.500 milliards le coût de la lutte contre le réchauffement.
C’est un paradoxe : au moment où les quelque 6,6 milliards de Terriens ont plus que jamais faim d’énergie, on apprend que les investissements dans l’exploration et la production de gaz et de pétrole ont chuté de 19% en 2009. C’est l’une des informations les plus étonnantes qui ressortent du volumineux (691 pages) rapport annuel de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), présenté ce mardi à Londres.
La crise est directement à l’origine de ce retournement. Avec un corollaire : pour la première fois en quarante ans, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont baissé, d’environ 3%. «La chute des investissements est une mauvaise nouvelle, commente Fatih Birol, économiste en chef de l’AIE, car lorsque la demande de pétrole va redémarrer avec la reprise économique, faute de production, il risque d’y avoir une très forte montée du prix du baril, qui en retour, fragilisera la reprise.»
Malgré ce propos peu rassurant, l’AIE est accusée de surestimer les réserves de pétrole et de minimiser le risque d’une pénurie. C’est ce qu’affirmait un article opportunément publié ce mardi par le Guardian. Citant des sources internes à l’AIE, le quotidien anglais évoquait des pressions américaines. Accusations «sans fondement», a rétorqué ce mardi Fatih Birol, qui revendique la neutralité des rapports de l’AIE relus par plus de 200 experts extérieurs. «Nous sommes toujours critiqués, mais on me reproche en général d’être au contraire trop alarmiste», poursuit l’économiste turc de l’agence. De fait, Fatih Birol assure que les pays non-membres de l’Opep auront atteint leur pic de production d’or noir, non pas à un horizon lointain, mais dès 2010 !
D’ici à 2030, 93% de la demande supplémentaire d’énergie proviendra des pays non-membres de l’OCDE (pays émergents et en développement), à commencer par la Chine et l’Inde. Pour satisfaire ces ogres, même si la communauté internationale se lance dans une politique active de substitution des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) afin de lutter contre le changement climatique, l’Opep devra augmenter sa production de 30% au cours des vingt prochaines années. Selon l’AIE, la demande mondiale de pétrole pourrait culminer autour de 2025. Une chose est sûre, résume Birol : «L’ère du pétrole bon marché est révolue.»
«Scénario 450»
Les investisseurs sont, de leur côté, soumis à une grande incertitude, souligne-t-il. «Tout le monde attend ce que va donner la conférence de Copenhague sur le climat», qui s’ouvre dans moins d’un mois. L’AIE, fondée en 1974 juste après le premier choc pétrolier pour sécuriser les approvisionnements d’or noir, a désormais endossé l’armure du combattant contre le changement climatique. Les ministres de ses 28 États membres, réunis à Paris le mois dernier, soutiennent le «scénario 450». 450 «parties par millions» (ppm), c’est la concentration de gaz à effet de serre que l’atmosphère ne devrait pas dépasser dans la seconde moitié du siècle pour éviter une hausse moyenne de la température de plus de 2 °C. Au-delà, les experts de l’ONU prévoient un scénario incontrôlable. Respecter ce quota signifie interrompre l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dès 2020. «Nous montrons, pays par pays, en développant toutes les énergies propres disponibles et en insistant sur les économies d’énergie que le scénario 450 est réaliste, assure Nobuo Tanaka, le directeur exécutif de l’AIE, même si ce sera très difficile.»
L’investissement, colossal, évalué par l’agence pour opérer la révolution énergétique est de 10 500 milliards de dollars d’ici à 2030. Mais prévient Nobuo Tanaka, chaque année d’inaction coûtera 500 milliards supplémentaires.
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La crise des finances privées est en train de se transformer en crise des finances publiques.
Les risques qu'une crise de confiance qui avait affecté les banques l'année dernière se reporte à présent sur les Etats se précisent. Les variations importantes sur le cours des monnaies auxquelles on assiste depuis quelques mois, alors même que les taux d'intérêt sont pratiquement nuls, laissent supposer qu'il y a de grosses tensions entre les Etats.
Etant donné le niveau de leur endettement, la mise en faillite d'un Etat d'un pays industrialisé (plus important que l'Argentine) est désormais une hypothèse que les responsables du FMI n'écartent même plus.
On se remet à parler ouvertement de protectionnisme, de chacun pour soi. Il suffirait d'un nouveau coup de boutoir pour envoyer aux oubliettes les résolutions communes qui avaient été adoptées en toute urgence au lendemain du krach.
Jusqu'à présent, on avait supprimé des milliers de fonctionnaires. On pourrait bien les payer de moins en moins jusqu'à ne plus les payer du tout à l'avenir, au nom de la réduction des déficits publics ou par suite d'une banqueroute.
En tout cas, voila une injonction qui annonce de manière certaine une nouvelle vague de luttes sociales en Europe...
France Soir - 11 nov. 2009
Déficit budgétaire - La France doit revenir sous la barre des 3% du PIB
AFP - La Commission européenne, gendarme budgétaire de l'UE, a demandé mercredi à la France de ramener d'ici 2013 son déficit public, gonflé par la crise, dans la limite de 3% du Produit intérieur brut (PIB). Elle rejette ainsi la demande de Paris qui souhaitait bénéficier d'une année supplémentaire pour rétablir son déficit.
La Commission accepte donc de prolonger le délai qui avait été précédemment accordé à la France, en raison de la gravité de la crise économique. La date butoir prévue pour la France était fixée au printemps dernier. Elle a été repoussée à 2013, a annoncé à la presse le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.
Paris plaidait pour bénéficier d'un délai jusqu'en 2014. La ministre française de l'Economie Christine Lagarde avait en effet prévenu mardi qu'il serait "extraordinairement difficile" et "fort peu réaliste" de ramener le déficit public du pays sous la barre des 3% du PIB en 2013, le plafond fixé au niveau européen.
Le Premier ministre François Fillon lui-même avait annoncé la semaine dernière qu'il présenterait début 2010 une stratégie pour ramener le déficit, attendu l'an prochain au niveau record de 8,5% du PIB, sous les 3% "à l'horizon de 2014".
Nouvelles tensions entre Paris et Bruxelles
Du coup les tensions sur la question des déficits entre Paris et Bruxelles, récurrentes ces dernières années, renaissent. "Je connais très bien les arguments" de la France sur la date butoir de 2013, a répondu laconiquement M. Almunia, en réponse à une question sur les objections de Paris.
La Commission fait valoir qu'elle doit traiter tous les pays avec équité. Selon elle, le Pacte européen de stabilité et de croissance (PCS) ne permet d'accorder, dans le contexte actuel, qu'une année supplémentaire aux pays comme la France. Le PCS est le Pacte selon lequel les pays de la zone euro s'engagent à coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs.
Par ailleurs, Paris et Bruxelles se disputent également à propos du projet de grand emprunt national que compte lancer le président Sarkozy pour financer des projets d'investissement d'avenir, dans la recherche, les nouvelles technologies ou les voitures moins polluantes. Son montant devrait être compris entre 25 et 50 milliards d'euros, et risque d'augmenter le poids de la dette publique.
L'écart entre les déficits de la France et l'Allemagne se creuse
De manière générale, M. Almunia a paru s'inquiéter de l'écart qui se creuse en matière de déficits entre la France et l'Allemagne. "Ces deux économies, qui sont les plus importantes de la zone euro et deux des trois plus grandes de l'UE, devraient agir de manière cohérentes concernant leurs stratégies budgétaires respectives. Car, à défaut, la coordination des politiques économiques et la gouvernance économique en Europe sera impossible", a-t-il dit.
Berlin table sur un déficit de 3,7% seulement cette année, très inférieur à celui de la France. Pour la suite, Berlin s'attend à un chiffre de 6% en 2010, ramené à 5% en 2011, 4% en 2012, puis 3% dès 2013.