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On peut peut-être élargir la rubrique en partant de cet article du Monde, même si l'opportunisme semble la valeur la mieux partagée dans le petit monde du syndicalisme !
A Marseille, les syndicats s'affrontent durement pour être représentatifs
LE MONDE | 24.11.09 | 15h13 • Mis à jour le 24.11.09 | 15h13
Marseille Envoyé spécial
Marseille, les militants syndicaux ont le tournis. La loi sur la représentativité de 2008 a bouleversé les règles et amplifié une compétition syndicale déjà rude sur le terrain, donnant lieu parfois à des scénarios inédits.
Deux exemples : SUD s'est allié à la CFTC et a soutenu la CFDT pour prendre le comité d'entreprise de la Régie des transports marseillais (RTM) à l'axe CGT, FO, CFE-CGC. A la SNCF, FO a perdu la représentativité au niveau national mais l'a conservée sur la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, alors que la CFDT, représentative au niveau national, ne l'est plus au niveau régional. En Italie, on dit "grande casino". A Marseille, on parle de "pétaudière".
Avec la nouvelle loi, tout syndicat qui n'atteint pas 10 % aux élections professionnelles ne peut plus prétendre à la représentativité dans une entreprise, 8 % dans les branches et l'interprofessionnel à l'horizon 2013. Cela signifie qu'un syndicat ne peut plus négocier, signer des accords, qu'il n'a plus de délégué et qu'il perd des moyens matériels : heures de représentation, finances, local. Jusqu'alors, nul ne pouvait remettre en question la représentativité des "cinq", CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC.
"La loi va redistribuer les cartes mais cela prendra du temps", explique le secrétaire régional de la CFDT, Charles Pellotieri. A la RTM, raconte Patrick Parra, le responsable départemental et ancien secrétaire du syndicat de la régie des transports urbains, "la CFDT a gagné le CE en s'alliant avec SUD, la CFTC et le Syndicat libre contre un axe CGT, FO, CFE-CGC et UNSA". Au sortir des élections de juin, l'UNSA a perdu sa représentativité. "Je suis élu depuis trente ans et je continuerai", fait valoir Roger Anunziata (UNSA), qui regrette que "les syndicats se contestent entre eux plutôt que s'opposer au patron".
L'alliance de SUD avec l'organisation chrétienne, la CFTC, et le Syndicat libre, issu de la CSL connue pour ses proximités avec l'extrême droite, peut surprendre. Pour Christian Bosc, délégué SUD à la RTM, "avec cet accord, nous avons fait plus de 10 % des voix". SUD bénéficie de la représentativité, et la CFTC et le SL ont des délégués syndicaux... sous étiquette SUD. Dur à suivre !
Directeur de la RTM, Pierre Reboud est inquiet. "Les syndicats ont peu de culture de négociation, dit-il, et la nouvelle loi pousse les organisations à la compétition : avec des mandats syndicaux de deux ans, on a une année pour travailler avec eux et une année de campagne et de surenchère."
Faire le boulot
Tous les syndicats s'accordent sur une chose : cela va pousser les militants à faire le boulot. "Ceux qui faisaient du syndicalisme pour aller à la pêche dégageront, c'est bien", assène le président de la CFTC 13, Alain Beveraggi, bien que son syndicat ait déjà perdu sa représentativité dans un certain nombre d'entreprises. Secrétaire départemental du puissant syndicat FO, Alain Comba n'est pas inquiet. "Dans certaines boîtes, c'est le couteau entre les dents : ceux qui font vraiment du travail se battront jusqu'au bout et ceux qui ne foutaient rien vont devoir se bouger ou disparaître", explique-t-il. Jean-Marc Lafon, responsable CGT à la RTM, enfonce le clou : "Les élus qui perdent leur mandat et ne veulent pas retourner à la production ont oublié que leur seul lien à la boîte, c'est le contrat de travail."
Pour autant, même à la CGT, qui a soutenu avec la CFDT la réforme, le débat est vif. Délégué chez Carrefour à Aix-en-Provence, Patrick Ait Aïssa ne décolère pas. "Je suis effondré de la position de la CGT : c'était déjà dur de s'implanter dans le commerce, là ça va être impossible", explique-t-il. Son collègue CGT au Carrefour Port-de-Bouc, Franck Gaulin, pense, lui, que les effets sont "positifs" et que les "accords pourris avec des syndicats minoritaires ne seront plus possibles".
La réforme est complexe à mettre en place. Le travail de compilation des résultats est énorme, explique la directrice départementale du travail, Isabelle Olive-Liger. "Les erreurs risquent d'être nombreuses : il faut tout vérifier pour éviter les contestations, dit-elle, et certaines entreprises changent d'activité et même disparaissent après avoir envoyé des résultats électoraux."
Rémi Barroux
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... L-32280184