OK avec Seitan. L'IQV me plaît par certains côtés, me déplaît par d'autres, mais je suis content que ce livre existe.
Pour ma part, je pense que chacun voit midi à sa porte. L'anarchisme, fédéraliste et non centraliste, considère à priori les divergences d'idées, de stratégies et d'actions comme une force, et non comme un obstacle.
Bon, des anars se revendiquent encore du plateformisme, c'est vrai, mais je ne crois pas qu'ils soient la majorité. Et personnellement, je suis tolérant au point de respecter tout à fait leur idée et leur façon de s'organiser et de décider. Puisqu'ils le font sous libre association, et mettent de côté certaines de leurs préférences en préférant au final l'efficacité, mais de leur libre volonté.
Tant qu'ils ne l'imposent pas aux autres, je trouve même ce champ de l'expérimentation anarchiste intéressant et louable.
Si l'anarchisme, par définition presque, réfute toute obéissance à un ordre moral, et donc à un discours donné, et qu'il y a autant de stratégies et d'idées que d'individus (et même plus, si l'on compte les schizophrènes), bref, qu'il y a des désaccords internes, je considère cela pour ma part comme une force, une richesse, une aptitude démultipliée à la résistance et à l'expérimentation. Je ne suis pas synthésiste pour rien.
Mais il y a un corollaire, que je vois hélas peu répandu chez les anars : si l'on considère que chaque anar voit midi à sa porte et que c'est très bien ainsi, la libre association permettant à tout un chacun d'agir sans pour autant être contraint, je pense que le pire que l'on puisse faire est de vilipender les autres anars.
Démolir et critiquer les autres anars n'a d'intérêt que lorsqu'on veut bosser ensemble, dans un but d'éclaircissement idéologique et tactique. Dans le cas contraire, c'est une dépense d'énergie inutile, voire nuisible, en tout cas tout à fait contraire à l'essence fédéraliste et libre-associationniste de ce qu'est l'anarchisme.
Or hélas, bien plus que des divergences tactiques, c'est ce respect de la différence, qui devrait être inhérent à tout anar digne de ce nom, qui je pense, nous manque aujourd'hui le plus.
