de Pïérô » 21 Juil 2016, 21:09
Je ne pense pas que cela soit l'apanage de ce que l'on range dans un champ d'un "conseillisme" que j'élargis au champ communiste libertaire pour ce qui est de la question des conseils comme structure de pouvoir de base, et qui se fond aussi dans ce qui est avancé et continue à être travaillé en terme de démocratie directe et de gestion directe (autogestion collective), et d'un projet collectif et communiste largement bien plus avancé côté communiste libertaire que de ce côté qui de mon point de vue s'apparente à forme de religion qui attend que ça tombe du ciel.
Ton exemple est un peu spécifique à un courant qui ne représente pas l'ensemble de ce champ, et une organisation fantomatique d'à peine 20 personnes après la dernière scission, qui ne fait strictement rien sur le terrain, à part porter leur sainte parole, et qui prend de mon point de vue prétexte de cette analyse déterministe, prise chez Marx, et là exacerbée, mais complètement critiquable non seulement d'un point de vue théorique mais aussi avec le temps, tout en condamnant une grande partie de ce qui se fait sur le terrain des luttes et de l'organisation collective, justement pour se conforter dans cette posture complètement improductive.
En exercice de pure philo on pourrait interroger ce type de déterminisme sous l'angle de l'absence de possibilité d'intervention humaine pour peser et être acteurs-actrices des évènement, du choix de société, etc..., d'un point de vue plus pragmatique, en prenant en compte des éléments dont Marx ne pouvait pas tenir compte, et notamment dans le domaine écologique, il n'y a pas de raison d'attendre que ce système capitaliste amène à la mort de la planète pour se bouger...
Et évidemment il y a toute une prophétie mécaniste à critiquer dans cette manière d'appréhender le monde qui fait différence au delà d'une analyse du système capitaliste partagée entre des courants d'un socialisme émergent il y a plus d'un siècle et demi, au regard non seulement de ce que ces courants portent aujourd'hui, mais aussi au regard de l'Histoire. Pour exemple, la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie dans une forme de lecture du socialisme d'Etat comme forme transitoire portée par Marx et Engels, n'a amené qu'un capitalisme d'Etat qui s'est mué en capitalisme libéral, alors qu'il était prédit que l'Etat dépérirait de lui même, je rajouterais comme par enchantement. Donc il faut bien se garder de certaines analyses et prophéties mécanistes de l'Histoire et de la marche du monde, comprendre que le système capitaliste a des ressources, en terme d'adaptation, de restructuration, etc ..., tout en restant sur forme d'analyse matérialiste, et pas philo-planante, en articulant théorie et pratique, et une ou plutôt même des pratiques qui se situent en dynamique, en forme d'un/de possibles... en lien avec un réel projet de société et pas un au-delà sans jalons. Et là, le CCI est complètement aux fraises.