Récit
Accueilli par une manifestation en Guyane, Emmanuel Macron déclare qu'il n'est pas «le père Noël»
A son arrivée à Cayenne, le chef de l'Etat a décuplé la méfiance d'une population exaspérée, qui attend plus que le plan d'urgence d'un milliard d'euros signé en avril par le précédent gouvernement.
Décidément non, ils ne l’ont pas compris. Si Emmanuel Macron espérait que les Guyanais lui sauraient gré de venir expliquer de vive voix comment il entendait respecter les engagements pris par son prédécesseur dans le cadre des «Accords de Guyane» signés en avril dernier, il a dû très vite déchanter. «Je ne suis pas venu faire de grandes promesses en l’air. Vous ne croyez plus aux promesses du père Noël», a commencé le chef de l’Etat jeudi lors de la première prise de parole de ce déplacement qui doit se conclure samedi matin par un discours à l’occasion des assises de l’outre-mer. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le président «marcheur» n’a pas été récompensé de la franchise dont il prétendait faire preuve.
Jeudi soir, quelques heures après son arrivée, une manifestation organisée par le collectif qui a animé le mouvement social du printemps (Pou Lagwiyann Dekolé, pour que la Guyane décolle en créole) a dégénéré à Cayenne devant les grilles de la préfecture. Quelques centaines de personnes, jeunes et moins jeunes dont beaucoup de femmes, manifestement décidées à en découdre, exigeaient d’être reçues le soir même par le chef de l’Etat. L’entourage de ce dernier, retenu à quelques centaines de mètres de là dans la résidence du préfet pour un dîner républicain, avait fini sous la pression par accepter le principe d’une rencontre le lendemain matin.
Les «grands frères» débordés
«Pas d’accord», avait répondu la foule conduite par quelques dizaines de «grands frères», ceux-là mêmes qui avait lancé en mars la révolte contre l’insécurité et la délinquance. Parce que certains d’entre eux souhaitent protéger leur anonymat, en particulier les fonctionnaires, ces hommes à la carrure souvent impressionnante ont pris l’habitude de porter des cagoules noires qui leur donnent une allure plutôt inquiétante. En raison du très large discrédit des élus locaux, ces grands frères ont quasiment fini par les remplacer comme expression légitime de la volonté populaire.
Mais jeudi soir, ce fut à leur tour d’être débordés par une base allergique à toute négociation ou compromis. Dans les rues de Cayenne, ils sont tous persuadés que le chef de l’Etat se prépare à ne pas tenir la promesse des «Accords de Guyane». Ils veulent un engagement ferme sur trois milliards d’euros et ils ont bien noté que le chef de l’Etat, lui, insistait plutôt sur le premier milliard du plan d’urgence investi dans des équipements collectifs. Macron est beaucoup moins précis sur les deux autres milliards demandés, dont il veut lier le déblocage à la définition de projets précis par les Guyanais eux-mêmes.
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