Autour des luttes armées dans les 1970's

Re: Autour des luttes armées dans les 1970's

Messagede bipbip » 16 Nov 2018, 20:09

Action Directe : rencontre avec Jann-Marc Rouillan et Aurélien Dubuisson

Bruxelles samedi 17 novembre 2018
19h, Sacco-Vanzetti, 54 Chaussée de Forest

Échange entre Aurélien Dubuisson et Jann-Marc Rouillan sur l’histoire d’Action directe à l’occasion de la parution de leurs livres respectifs, “Action directe, les premières années : genèse d’un groupe armé (1977-1982)”, paru aux éditions Libertalia et “Dix ans d’Action directe. Un témoignage, 1977-1987”, paru aux éditions Agone.

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Re: Autour des luttes armées dans les 1970's

Messagede Pïérô » 11 Déc 2018, 20:29

Action Directe, raconté par Jean-Marc Rouillan, libre de parole

Sa période de liberté conditionnelle ayant pris fin en mai 2018, celui qui fut l'un des principaux membres du groupe terroriste Action Directe peut maintenant raconter cette histoire telle qu'il l'a vécue. Dans "Dix ans d'Action Directe" il assume, sans regretter, l'ensemble de ses actes.

A 66 ans, Jean-Marc Rouillan vit aujourd'hui avec le minimum retraite. Preuve selon lui qu'Action Directe n'a jamais dérivé vers le grand banditisme et que les nombreux braquages que ses militants ont commis - qu'ils appelaient des "expropriations financières "- n'ont servi qu'à financer la cause et pas à en mettre "à gauche" pour la suite.

Après le décès de Joëlle Aubron en 2006 et les séquelles dont souffrent ses compagnons de lutte Nathalie Ménigon et Georges Cipriani depuis leur incarcération, il est aujourd'hui le seul parmi le noyau dur des quatre activistes arrêtés à Vitry-aux-Loges (Loiret) en février 1987 capable de s'exprimer. Il a décidé de le faire dans "Dix ans d'Action Directe" (Editions Agone). Dans cet ouvrage de 350 pages écrit en détention, il raconte de l'intérieur la vie d'un mouvement (actif de 1977 à 1987) qui mena un combat comparable à celui que menèrent en Italie les Brigades Rouges ou la Fraction Armée Rouge allemande, au service d'un idéal de révolution prolétarienne.

"Georges Besse ne devait pas être tué"

Au nom de cette cause, ses militants ont commencé par commettre des attentats à l'explosif contre des ministères ou des entreprises avant de s'en prendre à des personnalités comme le général René Audran ou Georges Besse, pionnier du programme nucléaire français et alors patron de la régie Renault. Des actes que Jean-Marc Rouillan assume toujours aujourd'hui tout en constatant que le combat s'est terminé par un échec. "Georges Besse ne devait pas être tué. Tout était prévu pour qu'il soit enlevé et gardé à Vitry-aux-Loges puis à Poitiers. On voulait profiter de ce moment pour mener une campagne contre le néo-libéralisme et les restructurations d'usines. Mais on a pris une décision précipitée que je regrette et qui était une bêtise politique," explique-t-il.

Tout en assumant ces erreurs, Jean-Marc Rouillan ne condamne pas pour autant le principe de la lutte armée et accepte d'être considéré comme un terroriste : "Je ne peux pas m'exprimer sur la lutte armée parce qu'avec les textes de loi tels qu'ils sont, je pourrais retourner en prison. Mais oui j'assume le terme "terrorisme." Nous, on a terrorisé ceux qui terrorisent la population, c'est-à-dire la bourgeoisie, les puissants ceux qui exploitent et oppriment. On n'a pas attaqué les gens de la rue dans les bars et les restaurants. On a toujours visé des cibles précises, même si des policiers ont perdu la vie dans ces combats lors de rencontres fortuites. On a mené une guérilla qui est le rapport de violence du faible au fort."

"On ne recevait pas d'argent de Téhéran"

Dans son livre, et dans l'entretien qu'il nous a accordé, Jean-Marc Rouillan n'écarte pas les sujets les plus douloureux et les sujets qui fâchent. Pour la première fois, il s'exprime sur les travaux de l'enquêtrice Dominique Lorentz (Une guerre, Affaires atomiques Edition des Arènes) qui établit que l'assassinat de Georges Besse aurait pu être commandité par l'Iran dont les dirigeants cherchaient alors à faire pression sur la France pour l'obliger à respecter les accords de coopération nucléaire signés entre les deux pays avant la révolution iranienne de 1979.

... https://france3-regions.francetvinfo.fr ... 86529.html
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Autour des luttes armées dans les 1970's

Messagede bipbip » 23 Déc 2018, 16:30

Autobiographie
Rouillan, « Dix ans d’Action directe »

Lire : Rouillan, « Dix ans d’Action directe »

Pendant dix ans, le groupe Action directe évolue entre clandestinité et activité légale, entre prison et guérilla. Jean-Marc Rouillan livre un témoignage précieux.

L’assassinat du jeune maoïste Pierre Overney, en février 1972, par un vigile de Renault, marque un tournant pour la gauche révolutionnaire hexagonale. L’esprit de 68 s’estompe. Des militantes et militants se posent alors la question du passage à la lutte armée. Certains groupes ont déjà franchi le pas, bercés par l’antifranquisme, les luttes anticarcérales, l’anti-impérialisme et une nouvelle expérience politique  : l’autonomie ouvrière. C’est dans ce contexte que naît Action directe (AD), dont le nom est une référence au syndicalisme révolutionnaire de la CGT d’avant 1914. C’est cette histoire, que nous raconte Jean-Marc Rouillan dans Dix ans d’Action directe. Un témoignage 1977-1987. Du mitraillage du CNPF (ancêtre du Medef) le 1er mai 1979 jusqu’aux arrestations de Vitry-aux-Loges en février 1987, l’auteur déroule une décennie haletante, au cours de laquelle AD, entre prison et clandestinité, multiplie expropriations et braquages de banques, attentats contre les instances militaires de l’Otan ou les représentations en France du FMI et de la Banque mondiale. Les connexions avec la RAF allemande, les CCC belges, les Brigades rouges italiennes et autres organisations turques et palestiniennes, inscrivent l’action d’AD dans un cadre international, qui tente de faire bouger les lignes et ébranler le cœur de l’impérialisme.

Une lutte armée coupée des masses

Néanmoins, l’histoire d’AD ne se limite pas qu’à une guérilla faite de coups et de l’éprouvante vie de clandestins. Ses militantes et militants, avant leur grand saut dans la lutte armée, ont été actifs et actives dans le mouvement autonome et libertaire, ainsi que dans l’action syndicale. En 1981, avec l’élection de Mitterrand, Rouillan et ses camarades sont amnistiés et recouvrent la liberté. S’ouvre, alors, une nouvelle période avec l’implantation de «  bases rouges  ». Dans le quartier de la Goutte-d’Or, un ancien bordel, voué à la destruction, est squatté. Il accueille des familles turques, arabes ou encore des ouvriers égyptiens licenciés et jetés à la rue par leur patron. Sur le modèle des centres sociaux à l’italienne, la Commune ouvrière et paysanne du XVIIIe propose des cours d’alphabétisation, procède à des réquisitions dans des supermarchés puis à des distributions de nourriture au peuple de Barbès. Elle met sur pied un atelier de confection autogéré, offre des bureaux pour les organisations turques qui luttent contre la dictature d’Ankara. Une expérience pleine de sens, qui prendra fin sous les coups de boutoir de l’État policier.

Refermée cette parenthèse «  légale  », AD retourne à la clandestinité. Choix qui s’avèrera une impasse avec, quelques années plus tard, le démantèlement définitif du groupe et la prison. Rouillan reconnaît l’échec sur le long terme de la lutte armée, quand celle-ci se révèle au final avant-gardiste et coupée des masses. Il concède néanmoins un acquis dans cette épopée  : «  les ténors de la politique institutionnelle ne critiquaient pas seulement AD pour l’action armée, mais parce que la guérilla matérialisait une contre-violence révolutionnaire de classe qui mettait en danger leurs positions. AD les empêchait d’électoraliser en paix, de protester gentiment en famille.  »

À la lecture parfois ardue, à l’écriture très militante, empreinte de prose marxiste-léniniste, le témoignage de Rouillan, n’en demeure pas moins indispensable à ceux et à celles qui rêvent, hier comme aujourd’hui et demain, d’un monde débarrassé de la barbarie et de l’injustice sociale.

Jérémie (AL Gard)

Jann Marc Rouillan, 10 ans d’Action directe, Un témoignage 1977-1987, Éditions Agone, 2018, 408 pages, 22 euros.


http://www.alternativelibertaire.org/?L ... on-directe
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Re: Autour des luttes armées dans les 1970's

Messagede bipbip » 24 Déc 2018, 00:58

Communiqué du CRAS à propos du livre "Dix ans d’Action Directe - Un témoignage, 1977-1987"

à propos du livre "Dix ans d’Action Directe - Un témoignage, 1977-1987"

Au mois d'octobre dernier nous avons envoyé un mail aux éditions Agone à propos d'une note concernant le CRAS dans l'ouvrage de Jean-Marc Rouillan, Dix ans d’Action Directe - un témoignage 1977-1987.

Dans son livre, l'auteur inscrit le CRAS dans une « Coordination autonome » active en France, selon lui, dans ces années là. L'existence de cette coordination reste à prouver. Elle serait, toujours d'après Rouillan, à l'origine de la fondation de l'organisation Action Directe.

Or, en participant début 1978 à l'ouverture d'un local à Toulouse, l'association CRAS adhérait à un projet libertaire ouvert aux diverses tendances anarchistes et communistes anti-autoritaires de la région. Le CRAS n'adhérait pas à un projet politique comme Action Directe, pour différentes raisons, notamment parce qu'il ne pouvait conduire qu'à une organisation de type léniniste.

Dans notre mail nous demandions aux éditions Agone que dans un éventuel retirage du livre, le sigle CRAS n’apparaisse plus dans la note. Ceux-ci n'ont pas daigné ou ont oublié de répondre à notre mail.

Vous trouverez ci-dessous le courrier adressé à Agone.

Vous pouvez consulter et télécharger le document complet (Lettre aux éditions Agone et l'historique du CRAS : « D’un local libertaire au centre autonome d’archives d’histoire sociale ») en consultant ce [lien->http://cras31.info/IMG/pdf/cras_infos_communique_cras_decembre_2018.pdf]

Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur la période des années 1970, le CRAS à édité en 2005 et réédité en 2018 le document Retour sur les années de braise – Des groupes autonomes et l’organisation Action Directe.

Version papier à commander au CRAS. Consultable et téléchargeable sur ce [lien->https://cras31.info/IMG/pdf/brochure_annees_de_braise_version_texte.pdf]

CRAS (Centre de Recherches pour l'Alternative Sociale)

https://cras31.info/


Courrier aux éditions Agone – octobre 2018

Bonjour,

Dans le livre de Jean-Marc Rouillan Dix ans d’Action Directe – Un témoignage, 1977-1987, page 46 dans la note (2) (lire ci-dessous), il est question du CRAS. La formulation laisse entendre que le CRAS serait né pour n’être qu’une « agence de presse ». Or les premiers statuts de l’association CRAS ont été déposés début 1977 pour permettre une location et l’ouverture d’un local libertaire. A cette période, Jean-Marc Rouillan était incarcéré à la prison de la Santé à Paris. Ceci est détaillé dans le texte ci-dessous « Historique du CRAS... ».

Ainsi le CRAS n’a jamais été ni dans les prémices ni dans l’organisation Action directe comme le sous-entend le contenu du livre et son titre. A notre connaissance cette organisation ne naît pas en 1977 mais dans le courant de l’année 1978 et la première action menée date de mai 1979.

Nous avons déjà quelques retours, des interrogations concernant cette note. Nous souhaiterions que dans un éventuel retirage du livre le sigle CRAS n’apparaisse pas dans la note.

Recevez nos salutations

le CRAS


^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^

Note page 46 du livre Dix ans d’Action Directe - Un témoignage, 1977-1987

«…

À Paris, nous rencontrions régulièrement Toni Negri (1). Comme il faisait la navette entre la France et Padoue nous avions envisagé, avec lui et ses camarades transalpins de 1’« autonomie organisée », de lancer une « agence de contre-information européenne » qui servirait de colonne vertébrale à un réseau de communication militante (2). En plus des réunions préparatoires nous étions allés à Barcelone pour rencontrer les camarades des groupes autonomes et du mouvement asambleista.

...»


(1) Ancien dirigeant de Potere Operaio, Antonio (dit « Toni ») Negri affirmait à l'époque (I974), rappelle Rouillan, que « seule la lutte armée aujourd'hui parle de communisme »

(2) Les statuts du bureau régional de cette « agence » furent déposés en préfecture sous le nom de CRAS « Centre de recherche pour l’alternative sociale » - qui devint plus tard une bibliothèque rassemblant un fonds d'archives et des activités éditoriales, toujours en activité (voir le site du CRAS-31).


https://nantes.indymedia.org/articles/43930
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Re: Autour des luttes armées dans les 1970's

Messagede bipbip » 31 Déc 2018, 20:22

Action directe, les premières années. Entretien avec Aurélien Dubuisson

Aurélien Dubuisson est doctorant en histoire. Il a notamment publié Action Directe, les premières années (1977-1982), Libertalia, 2018. Il est également l’auteur d’un guide de lecture sur la lutte armée en Europe occidentale pour la revue marxiste Période.

... http://www.contretemps.eu/action-direct ... dubuisson/
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