Migrants à la rue

Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 15 Sep 2018, 22:20

Marseille : Maltraitances départementales

Dans le cadre de la protection de l’enfance, la loi stipule que toute personne se déclarant mineure isolée doit être hébergée et nourrie par le Conseil Départemental (CD) en attendant l’évaluation de sa minorité et de son isolement. Le juge des enfants prononce ensuite une Ordonnance Provisoire de Placement (OPP) qui enjoint le CD de placer le jeune dans un foyer où il sera pris en charge, c’est-à-dire hébergé, nourri, soigné, accompagné dans sa scolarité et sa formation.
A Marseille comme dans la plupart des grandes villes, le Conseil Départemental ne respecte pas ses obligations de protection de l’enfance. Mais le département des Bouches-du-Rhône est un des rares (le seul ?) à ne pas respecter la décision de justice qu’est une OPP. De son propre aveu, il y avait en juin 150 mineurs avec OPP « non pris en charge », et il doit en arriver 50 de plus d’ici la fin de l’année grâce ou à cause de la clef de répartition nationale de ces mineurs. Ce qui ne comptabilise pas ceux et celles en attente d’évaluation, ni ceux et celles non encore répertorié-es par le service chargé de les accueillir. Des dizaines de plus.
L’expression « non pris en charge » est d’une neutralité qui ne rend aucun compte de ce que ces jeunes vivent au quotidien. Ils passent des semaines voire des mois dans la rue avant d’être mis à l’abri dans des hôtels pas toujours recommandables, pas toujours accueillants, curieusement là où les touristes ne vont pas. Tant qu’ils ne sont pas mis à l’abri, alors même qu’ils sont connus et que leur OPP a été enregistrée, ils n’ont pas droit aux tickets repas. Même ceux et celles qui sont à l’hôtel manquent de produits d’hygiène élémentaire, de vêtements de rechange, et d’accès aux soins. Certain-es se plaignent de douleurs depuis des mois, ont des séquelles visibles et avérées de mauvais traitements subis sur la route ou en Lybie, et on leur dit d’attendre, quelques mois de plus, que leur carte CMU soit opérationnelle. Il va sans dire qu’ils et elles n’ont aucun accompagnement éducatif ni psychologique, quand certain-es ont des parcours qui les marqueront à vie. Ils ne voient personne, ils ont peur, ils ont faim, ils se sentent méprisés et abandonnés. Ceux qui sont scolarisés (souvent grâce aux militants et solidaires) n’ont pas de tickets de transport pour se rendre dans leur établissement, certains ont raté leur rentrée alors qu’ils avaient une place parce qu’ils n’en ont pas été prévenus par « leur » éducateur…
Tout ce qui précède n’est que la synthèse de dizaines de témoignages que nous avons recueillis et envoyés au Conseil Départemental, qui ne dément pas.
Ceux et celles qui ne sont toujours pas mis-es à l’abri se retrouvent au commissariat central le soir, en attendant qu’on leur trouve une place, ou pas. S’ils se montrent trop insistants ils se font agresser, gazer, par des policiers. Quand la réponse est négative il ne leur reste plus qu’à errer toute la nuit par peur de se faire agresser, ou à trouver un coin pour s’allonger par terre. En général à la gare St Charles, pourtant connue pour ses dealers, ses pervers-es en quête de chair fraîche, et autres réseaux prêts à profiter de leur détresse.

De temps en temps, dans la presse, il est fait mention de la découverte par les services sociaux (les mêmes…) d’enfants maltraités qui dorment par terre, privés de soins, d’hygiène, de scolarité. Tollé général et indigné, et poursuites devant les tribunaux des parents indignes, condamnés le plus souvent pour maltraitance aggravée. Il est clair qu’en ce qui concerne ces mineur-es non seulement délaissé-es mais objectivement mis-es en danger par les services-même chargés de leur protection, il s’agit bien de maltraitance aggravée.

Parmi ces jeunes, un certain nombre, non négligeable, arrive d’autres départements, selon la fameuse clef de répartition nationale. Or tous les départements commencent à savoir que les jeunes envoyés à Marseille se retrouveront au mieux en hôtel, le plus souvent à la rue, alors qu’ils étaient pris en charge, parfois scolarisés, dans leur département d’origine. Pourquoi alors continuer à les y envoyer ? Soit la cellule de répartition nationale est mal renseignée sur les places vacantes, par le Conseil Départemental donc, soit il y a des places dans les maisons d’enfants à caractère social (MECS), mais qui ne bénéficient pas à ces jeunes-là. Dans les deux cas, ces jeunes sont victimes d’une maltraitance institutionnelle supplémentaire, d’un système qui les balade comme de vulgaires patates chaudes : ils sont brutalement coupés de leurs foyers d’accueil ou de la famille à qui ils avaient été confiés, au mépris des liens affectifs parfois très forts qu’ils avaient noués, leur scolarité interrompue, leur projet professionnel anéanti, on les met dans un train sans avoir la certitude qu’ils seront accueillis à leur arrivée, et de fait ils ne le sont pas.
Ce qui conduit les éducateurs les plus engagés dans leur métier à faire ce qu’ils peuvent pour essayer d’éviter la rue à ceux qu’ils ont protégés pendant des semaines et des mois : Nous voyons arriver des jeunes de Mâcon, de Rodez, de Gap, de Grenoble, de Carcassonne et d’ailleurs, qui présentent une fiche de transfert avec la mention : « en cas de problème s ‘adresser au Mamba » (collectif Soutien Migrant-es 13), adresse et téléphone suivent. Quand ce n’est pas le nom et le téléphone personnel d’une militante du RESF, dûment imprimé sur les papiers officiels ! Soyons clairs, ce ne sont pas ces travailleurs sociaux ni ces services qui dysfonctionnent : aucun éducateur n’a choisi ce métier pour envoyer un-e jeune dormir dans les rues. Ils essaient seulement de compenser les carences notoires du CD 13 .
Ce ne sont d’ailleurs pas les seules circonstances où les institutions font appel aux solidaires : Le téléphone du RESF 13 est appelé régulièrement par des travailleurs sociaux, les services du rectorat appellent les militant-es pour trouver les jeunes qui doivent passer les tests de niveau scolaire, d’autres départements pour savoir où sont les jeunes qu’ils ont envoyés, dans la mesure où le CD 13 ne répond pas ou ne sait pas… Les mêmes solidaires hébergent et nourrissent, collectent les vêtements, accompagnent ceux et celles qui ont besoin de soins, organisent des cours, inscrivent dans les clubs de sport, prennent les RV au CIO, tiennent une permanence pluri-associative une fois par semaine, proposent un groupe d’écoute et de soutien animé par trois psychologues tous les lundis…

Et certains s’étonnent que les jeunes aient confiance en nous.

Ce qui crée sans aucun doute le plus de souffrance, c’est le manque de considération dont ils sont l’objet de la part de l’institution chargée de les protéger. Non seulement comme partout ailleurs ils sont soupçonnés de tricher sur leur âge, leur identité ou leur parcours, mais ils sont traités comme des délinquants alors qu’ils sont avant tout en danger : Quand un jeune, dans une crise de désespoir, casse une table ou balance une chaise, on appelle la police, ils partent en garde à vue et sont poursuivis pour dégradation de matériel. Quelle bienveillance de la part de « techniciens de la protection de l’enfance », envers des jeunes qui ont besoin de soutien, d’accompagnement, et peut-être de soins ! Un autre s’est défenestré récemment depuis sa chambre d’hôtel (il va mieux, ses jours ne sont plus en danger) : son compagnon de chambre et un autre qui avait essayé de l’aider ont été emmenés 24h en garde à vue. Aucun accompagnement psychologique n’a été proposé, ni pour eux, ni pour la vingtaine hébergés dans le même hôtel et qui ont assisté à la scène. C’est encore une fois les psychologues bénévoles qui ont organisé en urgence un groupe de paroles. Et quand ils se sont spontanément rassemblés devant le Conseil Départemental plusieurs jours après pour demander des nouvelles de leur copain (ils ne savaient même pas s’il était encore en vie), personne n’a daigné venir leur parler, mais la police a été appelée pour les disperser à coups de matraques et d’insultes…

La liste est encore longue des exemples de la façon dont ces mineurs sont traités. Et le manque de moyens ne justifie en aucun cas le regard porté sur eux.
Le manque de moyens ne justifie d’ailleurs rien du tout. Il n’y a pas de manque de moyens, il y a un manque de volonté politique de les accueillir, et même une volonté délibérée de ne pas les accueillir.
Mme Vassal, Présidente du CD13 et candidate adoubée à la succession de M. Gaudin, ne lésine pas sur les subventions accordées à la Mairie de Marseille, 50 millions d’euros en plus des 100 millions déjà accordés. Mais n’a pas les moyens de prendre en charge 300 mineurs.
L’appel de Mme Vassal (et avec elle les Président-es des autres départements) au gouvernement pour prendre en charge ces jeunes, au prétexte que c’est à l’Etat de gérer la politique migratoire, relève de la plus pure hypocrisie : Un gouvernement qui vient de faire adopter cette nouvelle loi sur l’asile et l’immigration, pendant que certains barbotent en Méditerranée et que d’autres s’y noient, n’a pas plus de considération pour les mineurs migrants que pour leurs aînés. Tous sont refoulés en toute illégalité à la frontière italienne, à l’aide de moyens humains et matériels dignes d’une guerre (là on n’a pas de problème pour financer), au mépris des lois et de leurs vies. Les solidaires qui leur viennent en aide sont poursuivis, les petits fachos qui s’arrogent le droit de faire leur cinéma à la frontière ne le sont pas. Mme Vassal et M. Macron sont en parfait accord, lui qui du haut de sa suffisance ne fait que perpétuer et amplifier la politique de brutes, ouvertement raciste et xénophobe, de ses prédécesseurs. En 2017, la France a opéré 86 000 refoulements à la frontière, dont 17 000 concernant des mineur-es, 43 % des refus d’entrée terrestre en Europe (chiffres DCPAF et Eurostat). De quoi cocoriquer et regarder de haut Orban et Salvini.

Mme Vassal dans les Bouches-du-Rhône, M.Collomb et M. Macron qui l’a nommé sont bien directement responsables de maltraitance institutionnelle aggravée en bande ô combien organisée. Et ne pourront plus ignorer longtemps la colère de solidaires de plus en plus nombreux qui s’opposent farouchement , en paroles et en actes, à cette politique migratoire qui se veut dissuasive et qui n’est que meurtrière.

Anne Gautier, avec le soutien de
RESF 13
Collectif Soutien Migrant-es 13 El Mamba
Association Katilla
La CIMADE Marseille
Médecins du Monde Collège Régional PACA


http://www.millebabords.org/spip.php?article32068
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 17 Sep 2018, 10:57

Pour la prise en charge totale de tous les mineurs isolés par l’Aide sociale à l’enfance

Lyon
Rassemblement 17/09/18 devant la Métropole

À cette rentrée, des dizaines de mineurs isolés étrangers dorment dans la rue. D’autres exilés, souvent demandeurs d’asile sont contraints de vivre dehors (place Sathonay par exemple) victimes aussi d’une politique qui désigne la grande masse des étrangers exilés comme des « indésirables ». Cette politique qui a conduit au vote définitif, le 1er août de la loi Macron-Collomb sur « l’asile et l’immigration » est déclinée à Lyon par la Métropole qui laisse ces mineurs à la rue (dont des enfants de 14 ans), et organise l’expulsion des étrangers souvent demandeurs d’asile qui n’ont d’autre solution que d’occuper une place, un terrain… pour y vivre et dormir.

Le président de la Métropole soumet au vote du conseil métropolitain qui se tiendra le 17 septembre le vote d’un « accord-cadre » l’autorisant à externaliser auprès d’un prestataire de service la gestion du dispositif de mise à l’abri, d’évaluation et d’orientation des mineurs isolés.

Cette nouvelle phase d’externalisation du service public au privé participe de la mise en œuvre de la politique du gouvernement qui veut supprimer 120 000 postes de fonctionnaires (dont 70 000 dans les collectivités) et réaliser 60 milliards d’économies d’ici 2022 et qui prévoit, sous couvert de « produire le service public avec les citoyens et les acteurs du secteur privé » de privatiser des pans entiers de services publics.

Le collectif de soutien aux réfugiés et migrants qui s’est notamment mobilisé pour le retrait du projet de loi sur « l’asile et l’immigration » se mobilise aujourd’hui contre son application, contre la casse de la fonction publique territoriale et du service public qui incombe à la Métropole, en défense des services sociaux.

Pour le respect des droits de l’enfant :

– prise en charge par la Métropole dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance de tous les jeunes mineurs isolés ;
– respect du droit à l’enseignement pour tous et toutes dans le cadre de l’Éducation nationale.
– pour la liberté de circulation et d’installation ;
– le droit d’asile sans restriction ;
– la régularisation de tous les sans papiers.

Ce qui implique notamment :

– l’arrêt des procédures d’expulsion des squats et terrains occupés par les exilés ;
– la remise en l’état des bâtiments ;
– l’ouverture des locaux appartenant à la Métropole.

Collectif de soutien aux réfugiés et migrants Lyon-69 :
ATTAC-Rhône, CGT Vinatier, CGT-Éduc’Action Rhône, Union Départementale CGT, Union Départementale CNT, Collectif Agir Migrants, Collectif Amphi Z, Collectif des EtudiantEs étrangerEs, Collectif 69 Palestine, Émancipation-69, FSU 69, LDH Rhône, Coordination Urgence Migrants, Migrations Minorités Sexuelles et de Genre, MRAP LYON 1-4 et 3-7-8, Planning Familial 69, RESF-69, Union syndicale Solidaires 69, Solidaires EtudiantEs, SUD santé sociaux 69, Solidaires Retraités 69, UJFP Lyon, Alternative Libertaire, Coordination des Groupes Anarchistes-Lyon, EELV 69, Ensemble ! 69, France Insoumise Migrations, L’insurgé, Lutte ouvrière, Les Méduses, MJCF 69, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti de Gauche 69, PCF, UPC…

Contact : collectifrefugie69@laposte.net

http://69.emancipation.fr/spip.php?article524
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 27 Sep 2018, 16:32

Action d’éclat

Depuis des années, cent cinquante travailleurs migrants du foyer Bara de Montreuil croupissaient dans des locaux délabrés, insalubres, indignes.

« Des rats passent sur les gens qui dorment, des matières fécales tombent parfois du plafond lorsqu’ils prennent leur douche, c’est invivable », témoigne le maire. Leur sort n’avait ému ni ce gouvernement ni son prédécesseur. Les alertes des services sociaux et des élus avaient été dédaignées. Depuis deux ans et demi, les autorités laissaient courir. L’initiative du premier magistrat de Montreuil, le communiste Patrice Bessac, vient de rompre le mur du silence. En occupant les locaux inoccupés de l’Afpa, en les aménageant pour qu’ils accueillent de façon convenable les 1 500 personnes mal-logées, l’élu et ses amis viennent de faire une démonstration d’un humanisme en acte, assez loin de ce qu’Emmanuel Macron, depuis New York, a cru réduire « aux bons sentiments ».

Cette action d’éclat permet de briser le cercle infernal où enferment les poussées xénophobes ou les barbelés que les libéraux dressent autour de l’Europe. Elle relie « les derniers de cordée » par des tresses de solidarité ; elle proclame qu’ils sont nous. Ce sont de travailleurs pauvres qu’il est ici question, de salariés du bâtiment ou de la restauration, du nettoyage et de la galaxie de la précarité. Beaucoup n’ont toujours pas de carte de séjour et attendent depuis des années, de journées éreintantes en nuits sordides, que leur situation soit régularisée.

Par quels canots dérivant sont-ils parvenus en France, quels chemins de croix ont-ils parcourus, quelles sont les misères qu’ils ont dû surmonter ? Chacun les imagine. Personne ne devrait les admettre. Ici, les habitants de la Roya les secourent sur des sentiers de chamois. Là, un village se dresse contre des expulsions. Ailleurs des personnalités signent un appel... Tous sont des ferments d’une société juste.

Par Patrick Apel-Muller


https://www.humanite.fr/action-declat-661295
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 29 Sep 2018, 15:23

"Foyers pour migrants" vétustes : pourquoi de vieux travailleurs étrangers y vivent toujours ?

À Montreuil, en région parisienne, la mairie a réquisitionné des locaux pour reloger 150 immigrés d'un "foyer de travailleurs migrants" (FTM) nauséabond. Ce n’est pas la première fois que ces foyers sont pointés du doigt pour leur insalubrité. Comment fonctionnent-ils et pourquoi sont-ils toujours habités ?

"J'ai décidé de faire cette réquisition car la situation était totalement invivable pour ces hommes […] Des rats passent sur les gens qui dorment, des matières fécales tombent parfois du plafond lorsqu'ils prennent leur douche, c'est invivable, indigne". Voici les mots de Patrice Bessac, le maire de Montreuil en région parisienne, pour décrire le "foyer Bara", installé depuis des années dans sa commune.

Ce "foyer de travailleurs migrants" (FTM) insalubre abrite actuellement des centaines d’immigrés, essentiellement des Maliens, dont certains, les plus âgés, sont installés en France depuis de nombreuses années. Ulcéré par leurs conditions de vie indignes, Patrice Bessac a réquisitionné cette semaine des bureaux vides d’un bâtiment public de sa ville pour les abriter provisoirement.

" J’ai procédé ce matin à la #réquisition officielle des bureaux vides de l’#AFPA, propriété de l’Etat, pour une mise à l’abri des travailleurs #migrants du #foyer Bara de #Montreuil. pic.twitter.com/wYZzVGiJUn
— Patrice Bessac (@PatriceBessac) 26 septembre 2018

Il y a deux ans, en décembre 2016, un autre FTM avait été pointé du doigt pour son insalubrité, cette fois-ci à Boulogne-Billancourt, à l’ouest de Paris. Après un dramatique incendie, un homme y avait perdu la vie en sautant du troisième étage. Le foyer boulonnais compte lui aussi des "anciens" travailleurs étrangers, dont certains ont travaillé sur les chaînes des usines Renault dans les années 1970 - aujourd’hui disparues.

Pourquoi ces locaux insalubres sont-ils toujours occupés ? "Parce que certains de leurs résidents y ont vécu une grande partie de leur vie. Ils y ont vieilli en même temps que les bâtiments", explique Gilles Desmuraux, délégué général de l’Unafo, union professionnelle du logement accompagné, spécialisé dans le logement social.

Les foyers de travailleurs migrants ont été construits dans les années 1950 - notamment par le biais de la Société nationale de construction de logements pour les travailleurs (Sonacotral) - à proximité des bassins d’emploi industriels pour héberger la main d’œuvre étrangère venue aider à la reconstruction du pays après la Seconde guerre mondiale. Depuis 1995, face à leur manque d’entretien, leur manque de confort et leur vétusté, ils font l’objet d’une politique publique et sont destinés à être transformés en "résidences sociales". À terme, la catégorie même de "foyer de travailleurs migrants" est amenée à disparaître.

... http://www.infomigrants.net/fr/post/122 ... t-toujours
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 29 Sep 2018, 19:24

Lyon
Mardi 25 septembre au matin, les mineurs isolés étrangers installés sous des tentes dans un jardin proche de la montée de la Grande Côte ont tous été contrôlés, lors d’un grand déploiement policier. Communiqué du Collectif de soutien aux mineurs isolés étrangers.

Face à la situation indigne à laquelle ils sont soumis par la Métropole, un collectif d’habitants se mobilise depuis plusieurs mois pour les accompagner dans leur lutte à faire reconnaître leurs droits. Le plus grand flou entoure encore l’exécution du référé d’expulsion du terrain sur lequel ils ont trouvé un refuge précaire. Nous vous tiendrons au courant.

Ce que la loi prévoit :

La loi française, concernant les mineurs isolés étrangers, prévoit pendant cinq jours leur mise à l’abri au cours de laquelle la minorité des enfants doit être établie dans le cadre d’entretien individuel.
Une fois sa minorité reconnue, le mineur relève de la protection de l’enfance qui a pour obligation son hébergement, son suivi médical, sa scolarisation.

A l’issue de ces entretiens qui, dans le meilleur des cas, durent moins de 2 heures, nombre de jeunes ne sont pas reconnus dans leur minorité et cela sur des critères arbitraires, subjectifs, discriminatoires. Éminemment contestables.
Et quand ils sont reconnus mineurs, ils sont souvent envoyés à l’hôtel, sans suivi éducatif. Livrés à eux-mêmes.

Face à la défaillance indigne des autorités compétentes, un collectif d’habitants s’est mobilisé depuis plusieurs mois.

Le service de Forum Réfugiés mandaté par la métropole pour effectuer ces entretiens est situé sur les pentes de la Croix Rousse. Chaque jour des mineurs s’y retrouvent dans l’attente d’un rendez-vous ou du résultat de leur entretien.

A ce jour, une cinquantaine de jeunes vivent dans la précarité d’un hébergement sous tente, dans le jardin des Petits Soyeux (montée de la Grande Côte) et sous la menace d’une évacuation.

Alors que ces mineurs sont dans une grande vulnérabilité qui exige la protection inconditionnelle des services publics, la Métropole fait preuve d’acharnement en ayant déposé un référé d’expulsion du terrain sur lequel ils ont trouvé un refuge précaire.

Aujourd’hui, 25 septembre 2018, un contrôle de police qui regroupait la PAF, la BAC, la police nationale, la police municipale a eu lieu à 7h30. Une trentaine de policiers ont tenu à l’écart les habitants alertés afin d’effectuer un relevé d’identité des mineurs présents.

En ignorant la loi, la Métropole se met hors-la-loi et se rend coupable de non assistance à personne en danger

Collectif de soutien aux mineurs isolés étrangers,
Pour une autre politique d’accueil des migrants


https://rebellyon.info/communique-de-presse-19589
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Re: Migrants à la rue

Messagede Pïérô » 01 Oct 2018, 11:04

À Tours, Utopia 56 arrête les mises à l’abri de mineurs non accompagnés

Les bénévoles de l’association Utopia 56 constatent qu’ils n’ont plus la possibilité de pallier aux irrégularités du système d’accueil français des Mineurs Non Accompagnés et arrêtent les mises à l’abri chez des hébergeurs.euses solidaires. Ils appellent une fois encore les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités. Communiqué.

Les conditions de sécurité et d’humanité minimales pour assurer nos actions quotidiennes ne peuvent être assurées. Notre association, non subventionnée, n’est plus en capacité d’assurer, bénévolement, ce que le Département et l’Etat ne font pas.

Nous en appelons aux pouvoirs publics afin qu’ils assurent leur mission légale et morale de sauvegarde et d’accueil des personnes mineures étrangères.

Nous, simples citoyens, intervenons dans la rue auprès des Mineurs Non Accompagnés (MNA) depuis 23 mois. Nous avons hébergé près de 400 jeunes, distribué des repas et des biens de première nécessité, et assuré collectivement des milliers d’heures de bénévolat, sans jamais cesser d’alerter les autorités compétentes.

Nous, simples citoyens, avons été abandonnés des pouvoirs publics, nous laissant face à des dizaines de gamins à la rue, qui eux, semblent toujours invisibles à leurs yeux.

Actuellement, un mineur non accompagné de 15 ans qui se présente à l’aide sociale à l’enfance n’est pas mis à l’abri et doit attendre le 21 novembre pour être reçu en entretien d’évaluation.

Nous restons actifs et vigilants et continuerons de témoigner de cette situation critique dans laquelle se retrouvent les Mineurs Non Accompagnés.

Les bénévoles d’Utopia 56 Tours


https://larotative.info/a-tours-utopia- ... -2921.html
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 14 Oct 2018, 15:00

Un pognon de dingue ? Transparence, enfarinage et indécence municipale à Nantes

L'émotion est vive à Nantes depuis que la mairesse a été ensevelie sous quelques grammes de farine bio, le samedi 6 octobre, sur le marché de la petite Hollande à Nantes. Les enfarineur.e.s, dont une violemment interpellée à deux reprises par la Brigade Anti-Criminalité, sont aujourd'hui sous contrôle judiciaire. Revenons un instant sur cinquante nuances sou-poudrage municipale à Nantes.

Deux jours après l'attentat abject, le lundi 8 septembre, Ouest-France publiait un article sur l’action municipale en faveur des personnes en exil à Nantes en arborant un titre sans équivoque : Migrants à Nantes, la facture s’élève à 4 millions d’euros. Après un week-end difficile pour la mairesse, l’heure était à la transparence et à l’argumentation comptable pour défendre la politique d’accueil des étrangers dans la cité des ducs. La tête encore enfarinée, l’édile fait la démonstration d'une politique volontariste de la ville de Nantes en matière d’accueil des personnes en exil. Une démonstration comptable qui intervient après l’expulsion de l’ancien EHPAD et de la fermeture du jardin des Fonderies, dont le but, tout aussi volontariste, est d’éliminer la présence d'« indésirables » sur l’espace urbain. Cette logique nauséabonde méritait bien quelques grammes de farine. Pourtant, perçu comme un acte de violence ignoble, de nombreuses personnes ont commentées avec hargne leur rejet d'une telle action. Voici le cynisme de notre époque! Alors qu'un cycle de répression s'étend partout en Europe contre les mouvements solidaires avec les exilé.e.s, les sanglots les plus audibles sont ceux qui dénoncent un enfarinage. Voici comment les pouvoirs locaux reconfigurent les mouvements sociaux et arrivent à nous laisser penser que des personnes ayant participé aux mouvements solidaires sont plus violentes que celles qui chassent les "vies nues" de nos espaces urbains, au loin des regards. Cet article souhaite mettre en avant le véritable enfarinage qui est de laisser penser que la politique municipale est à la hauteur des défis des villes face à l’urgence de la question migratoire et que cette politique doit se penser comme une opération comptable.

Crise migratoire pour taire les égarements des politiques d’hostilité

Le premier écran de fumée qui peine à se dissiper est la thématique d'une "crise des migrant.e.s". Ce thème est un poncif largement utilisé par les politiques publiques afin d’insinuer que nous connaitrions aujourd’hui un afflux hors-norme de personnes en exil et que cet afflux submergerait les villes. Parler de crise de migrant.e.s, outre la tentation bien connue aujourd’hui de gouverner par la crise, détourne la question politique des mobilités internationales pour une question gestionnaire d’une urgence construite.

Si les chiffres de l’asile (OFPRA et Eurostat) montre bien une augmentation des demandes d’asile en 2015 (60 000 demandes, soit une augmentation de 24%), il faut comprendre que ce niveau demeure proche, voir inférieur, du nombre de demandes enregistrées dans le début des années 1990. De même, si nous restons sur une logique du chiffre, en comparaison avec les flux démographiques de touristes, le nombre de personne en exil semble bien ridicule compte tenu des 83 millions de personnes venus en France en 2016. La vague submersive semble bien plus explicite que la poignée d’hommes, de femmes et d’enfants qui cherchent refuge face à l’accroissement des conflits dans le monde et à la prédation économique dans de nombreux pays du globe. Une situation migratoire qui n’a donc rien d’exceptionnelle, sinon l’absence de prise en charge minimale ayant pour effet d’augmenter le nombre de personnes à la rue et donc, fatalement, de visibiliser l’occupation d’espaces précaires de la ville par des populations que les politiques publiques catégorisent d’indésirables.

Pourtant, cette idée reste largement véhiculée pour justifier les politiques publiques de contrôles, d'encampement et de déportation, et il fallait bien ça pour qu'apparaissent soutenables des méthodes coloniales de mises à l'écart en Europe (comme pour la crise financière pour les politiques d'austérité et la crise terroriste pour la suspension des libertés publiques, habile! ). Il n’est d'ailleurs jamais inutile de rappeler que la politique européenne d’externalisation des frontières (notamment avec le traité UE-Turquie, puis UE-Libye) a permis une baisse de 5% du nombre d’entrées sur le territoire européen. L'autoritarisme de l'un et les pratiques esclavagistes de l'autre, n'émeuvent évidemment pas nos élu.e.s qui promeuvent cette externalisation pour nous protéger d'une crise qui n'existe pas. Et à quel prix? Les politiques d’encampement, de militarisation des contrôles frontaliers et le développement du laisser mourir aux frontières, démontrent bien que le pic du nombre d’arrivées de 2015 (environ 1 million) a été rapidement contenu par la mise en œuvre de ces politiques sécuritaires inédites depuis la seconde guerre mondiale. Cette soit disant vague a donc été maitrisée, en toute conscience des effets humains et du nombre de morts qui en découlent.

Enfin, cette question est évidemment à mettre en lien avec la situation de détresse sociale dans laquelle (sur)vivent les exilé.e.s aujourd’hui en France. Alors qu’elle n’accueille qu’une infime partie du nombre de personnes en exil en Europe ( 66 000 en 2016), soit deux fois moins que l’Italie ( 122 960) et onze fois moins que l’Allemagne (745 150), l’extrême précarité imposée aux personnes en exil en France génère une occupation manifeste de l’espace urbain et le développement de disettes et de nombreuses problématiques sanitaires d’un autre âge. Méfions nous toujours de gen.te.s qui nous parlent de crise migratoire quand la véritable crise est une crise politique, une crise provoquée par l'emprise gestionnaire sur les corps qui passent les frontières et que les dispositifs juridico-administratifs catégorisent comme indésirables.

Demander l’asile sans un refuge et les logiques de filtrages des dispositifs d'accueil des demandeurs d'asile

Cette prétendue crise a pour effet de naturaliser, ou pour le dire autrement, de rendre exogènes les raisons des situations dramatiques que vivent les populations en exil dans les villes européennes. Or il est essentiel de prendre en compte deux éléments structurants des politiques publiques de contrôle des frontières qui produisent ces mécanismes d’exclusion et d’orientation sécuritaire. Tout d’abord la question de l’accueil des personnes extra-européennes est aujourd’hui uniquement envisagée à partir du cadre de l’asile. Lorsque des personnes, majoritairement issues des anciens territoires coloniaux, empruntent les mêmes routes internationales que par la passé entre la métropole et la colonie, elles ne peuvent espérer séjourner qu'à travers la logique de l'asile. Outre évidemment l'inadaptation de la convention de Genève pour les situations contemporaines, cette logique en dit long sur les relations actuelles qu’entretiennent les nations européennes avec leurs anciennes colonies. Ainsi la présence de Camerounais.e.s, de pakistanais.e.s, d'Afghan.e.s en Europe n'est tolérée qu'enrôlée dans la posture de l'indigent, celui ou celle qui se soumet aux règles de la procédure d'asile et qui devient par le fait apatride, superflu.e. Pour le dire schématiquement la présence d’une personne venue d’un pays africain ou d’une ancienne colonie n’est envisagée qu’à travers son « droit au séjour ».

Dans ces conditions nous apercevons alors sans mal un continuum dans la hiérarchisation sociale propre aux mondes coloniaux. Une catégorisation qui fait qu'une personne venue d'un des pays d'Afrique, notamment, restera toujours attachée aux représentations véhiculées par des impensés coloniaux qui structurent encore notre monde social. Un exemple récent est particulièrement marquant, celui de l'enseignant-chercheur en Droit de l’université de Dakar, Karamoko Kallouga Demba, qui s'est retrouvé en camp de rétention à Roissy alors qu'il présentait des papiers en règles (visa, au moins 3500€ sur son compte bancaire et des billets aller-retour). Pourtant malgré l'apparente légalité de sa démarche, il demeure aux yeux des forces de l'ordre, et donc a fortiori des institutions qui soutiennent sans mesure la police, un étranger, pas forcément d'ailleurs un Sénégalais en particulier, mais davantage un migrant, un africain, une identité globale, biopolitique qui dépasse son propre corps, sa propre expérience sociale. Cette assignation identitaire est ici cumulée avec le mépris habituel que les européennes entretiennent avec le savoir non-européen et particulièrement celui qui pourrait se réclamer aujourd'hui d'une pensée africaine. Une personne noire qui se dit chercheuse est alors considérée de manière forcément suspecte, tout comme une personne racisée en France ne peut porter un discours sur des questions de société qui le toucheraient directement sans être pointé comme un fieffée communautariste (les dénonciations du Black Face, Médine au bataclan, Black M à Verdun).

Ensuite, le deuxième aspect est lui matériel; à savoir que la question de l’hébergement des demandeurs d’asile dépend de l’enregistrement de la procédure, gérée par l’autorité préfectorale. Le processus de demande est aujourd’hui majoritairement délégué à des guichets associatifs externalisant la demande d’asile et rallongeant à presque 6 mois l’obtention du statut du demandeur d’asile (et non pas l'asile lui même). Sur l’espace vécu de la migration, au cœur des villes, cela se matérialise par l'absence de dispositifs d’accueil inconditionnel des personnes à la rue. Même les autres institutions, notamment les municipalités, qui pourraient évidemment s’imposer comme des acteurs essentiels de l’accueil des étrangers, préfèrent se caler sur les désidératas des préfectures et indexer le droit au logement à la situation administrative. La logique d'accueil inconditionnel est uniquement appliquée par des techniques de dispersions propres aux évacuations d'espaces de vie informels. La transformation de gymnases en camps humanitaires, avec toutes les limites qui ont déjà été largement documentées, marque bien cette logique de l'urgence choisie. Plutôt que de prendre en compte l'existence de plusieurs dizaines de bâtiments publics vides et la possibilité de proposer une politique d'accueil inconditionnel assumée (en s'appuyant sur une force associative qui existe déjà), la villes de Nantes, comme Paris avant elle, favorise des cycles de crises du non-accueil. Évacuer plutôt que d'accueillir, mettre à l'abri davantage qu'héberger. Ceci n'est pas la mise en œuvre d'une solution politique, mais maintenir une situation inepte en scandant des principes "d'humanité" cosmétique. Le seul modèle valable et opérant connu a été mis en œuvre à Riace, par le maire Domenico Lucano, qui est aujourd'hui en prison. Tant que ce modèle ne s'imposera pas à Nantes, il faudra du CRAN !

Déni et violences institutionnelles à Nantes et ailleurs.

C’est dans cette perspective que se montent et se démontent depuis près de dix ans des habitats informels, des auto-campements, des squats, des bidonvilles, qui émergent comme un esquive à une politique gestionnaire dysfonctionnelle. L’attente et la précarité qu’elle orchestre entraine une occupation des espaces urbains, espaces autres, hors-lieux que la nécessité détourne de l’usage ordinaire. Sous les métros aériens, sur les landes ou dans les squares, les indésirables attendent le traitement de leur dossier aux marges de la ville ordinaire. Alors qu’une politique de bon sens chercherait la cause première de cette urgence, le mythe de la crise des migrant.e.s légitime le recours à l’expulsion et aux dispositifs de « prévention situationnelle ». Cette théorie criminologique est au cœur de nombreuses logiques de contrôle des populations par l'espace employées par la ville, et largement usitée avec les nombreuses caméras de surveillance sur l'espace public. Une dynamique pensée comme une prévention d'un passage à l'acte, d'un délit qui ne trouverait son origine non pas dans des causes structurelles mais comme le fruit d'une occasion favorable. Comme si l’autre, l’étrangers, le migrant pouvait être soluble dans l’expulsion. Ne pouvant détruire les corps, les institutions les évacuent, les harcèlent, les dispersent. Alors ces outils privilégiés en disent long sur le déni institutionnel que porte les municipalités et les acteurs publics. Déni qui tend à minimiser les raisons premières de la situation migratoire des villes (crises des politiques gestionnaires, relation coloniale à l’altérité extra-européenne) pour se complaire dans une logique sécuritaire, que la crise mythifiée légitime. Car c’est bien la logique de filtrage des demandes d’asile et des hébergements qui provoquent l’occupation d’espaces précaires de la ville.

Depuis deux semaines les pouvoirs publics se lancent dans la traque des habitats précaires et des militants solidaires. En Belgique des hébergeurs solidaires sont interpellé.e.s et inquiété.e.s par la justice, en Italie le maire iconique de Riace est arrêté, en mer l’Aquarius est privé de ports d’accueils et de pavillon. En France le conseil départemental du Vaucluse traduit en justice une militante de RESF qui a inscrit des jeunes exilés de la rue à l’école et partout se multiplient les expulsions d’habitats informels. A Nantes, l’ancien EPHAD est expulsé et avec à la clef des interpellations et une mise au Camps de Rétention Administrative. Les squats ouverts s’expulsent à tour de bras avec des interpellations presque systématiques et l'intervention conjointe de la Police Aux Frontières. Des militant.e.s sont également inquiété.e.s et connaissent une répression sans précédent. C’est dans ce contexte que la maire de Nantes vient nous présenter la facture de son action politique. Une indécence sans-nom. A Nantes ce sont des résident.e.s qui développent des solutions d’urgence en réponse aux politiques publiques d’hostilité. L’autre Cantine propose depuis le début de l’été un nombre de repas gigantesque, tous les jours, pour les personnes à la rue. Des collectifs d’hébergeurs parviennent à offrir le temps d’un répit un toit et un peu de stabilité à des centaines de personnes qui se retrouvent à la rue, des associations, des écoles populaires, œuvrent pour donner un accès à l’école ou du moins pour un partage du savoir et un accès aux loisirs pour des jeunes laissés de côtés. Face aux maillages sécuritaires de cette hostilité publique, les logiques d’hospitalités militantes permettent de limiter la situation dramatique qui se trame actuellement.

Et pourtant Johanna Rolland qui se veut transparente présente sa facture. Le prix de 4 ans d’actions politiques municipales, qui démarraient en mai 2014 avec l’expulsion du Radison Noir, puis de l’ancien bâtiment des Restos du cœur situé rue des Stocks ou encore les expulsions à répétitions depuis l’automne 2017. Cette facture est celle du choix politique du PS local, celui de s’aligner sur les logiques préfectorales plutôt que de décloisonner les questions de statuts administratifs à celui du droit à un hébergement. Dans cette perspective quelques grammes de farine sur l’édile semblent bien vains face aux effets néfastes de sa politique locale du non-accueil. « Français, étrangers : tous nantais », ce vieil adage de la ville de Nantes est l’étendard de son déni institutionnel qui utilise la raison humanitaire comme façade compassionnelle des logiques répressives. Car s’il existe bien actuellement une véritable urgence, c’est celle de dénoncer les logiques sécuritaires misent en œuvre dans les villes face à la situation des personnes en exil, de sortir du mythe de « l’urgence humanitaire », pourtant largement repris même dans les médias révoltés de gauche et de construire une véritable force politique locale.

L’exil est une lutte, une lutte qui ne s’amarre pas uniquement à la question de l’asile, mais qui doit trouver son sens dans une réflexion plus générale de la construction d'une altérité repoussoir, une altérité biopolitique héritière d’un passé colonial qui ne passe pas.

JL


https://blogs.mediapart.fr/double-absen ... K7aFh2wzM4
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 22 Oct 2018, 16:57

Encore des migrants à la rue à Strasbourg!

Une fois de plus, Strasbourg, capitale des Droits de l’homme et capitale européenne, laisse des familles de migrants demandeurs d’asile à la rue.

C’est encore rue des Canonniers qu’on peut voir 9 tentes installées sur un trottoir étroit devant l’ancien Hôpital Lyautey qui a aussi servi d’abri précaire pour des appelants du 115.

Ce sont des familles de Rroms de Serbie et de Macédoine, avec plusieurs enfants en bas âge, même des bébés.

Ils ont demandé l’asile en France, mais cela prend du temps et au lieu d’être provisoirement logés, ils sont laissés à la rue.

Bien que cette situation soit répétitive, on ne s’y habitue pas.

... http://la-feuille-de-chou.fr/archives/100842
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 25 Oct 2018, 19:27

Grande-Synthe : 600 migrants évacués du camp du Puythouck, une troisième opération en moins de deux mois

Le nombre de migrants a été revu à la baisse par la préfecture, qui envisageait à l'origine de "mettre à l'abri" 1800 personnes.

... https://france3-regions.francetvinfo.fr ... 63006.html
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 27 Oct 2018, 17:05

Errance en France, témoignage de Moussa, juillet 2018

Je suis à Marseille depuis plus d’un an ! Je suis arrivé le 20 juillet 2017. Je suis resté dehors trois mois et cinq jours.

Je suis allé à l’ADDAP131 le jour même de mon arrivée, j’ai fait mon inscription. À la fin, on m’a dit « au revoir. Il n’y a pas de place pour toi. Il faut attendre trois mois pour qu’une place se libère ».

À partir du 25 octobre 2017, on m’a placé à l’hôtel Thubaneau. J’y suis resté sept mois. En novembre, j’ai passé une évaluation au Tribunal pour avoir une OPP 2. J’attendais les résultats, on me répondait toujours « on n’a pas les résultats ». En avril, on m’a finalement dit qu’on avait perdu mon dossier. Grâce à une avocate que j’ai trouvée via le Manba3 ils ont retrouvé mon dossier.

Le 20 avril 2018, on m’a envoyé à Lille, puis à Dunkerque, à Bois-Fort. Là, on nous a fait dormir dans des containers, il y en avait sept : quatre pour les dortoirs, deux pour les toilettes et douches et un pour les éducateurs. Nous étions 34 jeunes. Autour, il n’y a rien, ce sont des champs, les gens y travaillent avec leurs machines et repartent le soir. Le jour, il y a les éducateurs, la nuit, c’est un gardien de sécurité. On nous a dit qu’il n’y aurait pas de places en foyer avant le mois de décembre. On a refusé, on voulait pas. Le 27 avril, j’ai eu une décision de placement au Conseil Départemental 13 par le Tribunal pour enfants de Lille, par la cour d’Appel de Douai.

Je suis revenu à Marseille le 14 mai. À mon arrivée, je suis allée à l’ADDAP13 qui m’a dit d’aller au commissariat qui m’a dit d’aller à la DIMEF4 qui m’a dit d’aller au Conseil Départemental qui m’a dit d’aller à l’ADDAP qui m’a dit qu’il n’ y a pas de place.

Je dors chez une personne sinon je suis encore à la rue. Elle me nourrit et me donne des titres de transport.

J’avais fait le test pour l’école en décembre 2017 et je n’ai jamais eu de scolarisation. Pourtant, en février, il y avait une place qui s’est libérée mais on ne m’a jamais rien dit. Je ne suis donc pas allé à l’école. Pour la santé, j’ai été traité pour la tuberculose pendant trois mois.

1 ADDAP 13 : Association départementale chargée notamment du service des Mineurs non accompagnés dans les Bouches du Rhône

2 OPP : ordonnance de placement provisoire prise par le juge des enfants

3 El Manba : collectif de soutien aux migrants à Marseille

4 DIMEF : Direction des Maisons de l'Enfance et de la Famille (13) a pour mission d'accueillir toute l'année (24h/24h et 365 jours par an) et en urgence, tous les mineurs confiés au département..


https://blogs.mediapart.fr/jeunes-isole ... r=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20181026&M_BT=1181239064418
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Re: Migrants à la rue

Messagede Pïérô » 28 Oct 2018, 14:55

Malgré le froid, des dizaines de migrants dorment dans les rues de Tours

Alors que les températures chutent, plusieurs dizaines de jeunes migrants dorment dans la rue. Les associations ont distribué des tentes vendredi mais la solution est loin d'être pérenne.

Ils sont des dizaines à affronter le froid sans aucun toit sous lequel se réfugier. Des migrants, dont beaucoup de mineurs non accompagnés (MNA), dorment dans les rues de Tours. L'association Utopia 56 interpelle la préfecture d'Indre-et-Loire depuis des mois pour trouver des solutions pérennes, en vain. Aujourd'hui, elle tire la sonnette d'alarme : les températures chutent. Pour parer au plus pressé, l'association a distribué des tentes la semaine dernière.

... https://france3-regions.francetvinfo.fr ... 65726.html

Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 29 Oct 2018, 20:26

Vallée de la Roya : les inquiétantes dérives des forces de l'ordre

Pour refouler les migrants, la France s'arrange parfois avec le droit...

Renvoi illégaux de mineurs non accompagnés, falsifications de documents, refus de permettre l’accès à un avocat, détention arbitraire, voilà la liste à la Prévert des manquements de l’administration et des forces de l’ordre.

Le constat est amer. Pour augmenter le nombre de reconduites à la frontière italienne, les autorités ont recours à des "arrangements" avec la loi. Les douaniers italiens raccompagnant systématiquement à leurs homologues français les mineurs qui étaient illégalement renvoyés, les autorités françaises ont "adapté" leur dispositif... « Les premiers actes illégaux concernent les mineurs non accompagnés, explique Martine Landry, représentante d'Amnesty International à Menton. L’objectif était de les renvoyer en Italie au mépris du droit. Et les policiers ne manquent pas d’imagination pour cela. » La loi prévoit pourtant qu’un mineur non accompagné présent sur le territoire français doit être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pour recevoir une éducation jusqu’à sa majorité.

« Au début, l’ASE venait dans la vallée de la Roya pour prendre en charge les mineurs logé par les associations, raconte l’avocate Mireille Damiano. Puis ils ne sont plus venus et ont demandé que l’on amène les mineurs à la Police des Airs et des Frontières (PAF). Nous nous sommes alors aperçus qu’ils les expulsaient illégalement dans notre dos. »

... https://reflets.info/articles/vallee-de ... 9PYkNvvYzo
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 29 Oct 2018, 23:14

NANTES: NOUVELLE EXPULSION D’EXILÉS!

La maire socialiste Johanna Rolland l'avait annoncé : « plus aucune occupation ne sera tolérée ». Un discours mis en application avec froideur et inhumanité. Il y a deux jours, un campement de roms était expulsé sur l’île de Nantes. Ce matin, c'est un square ou vivait une soixantaine d'exilés, déjà expulsés à d'innombrables reprises, qui est envahi par des dizaines de gendarmes.

La mairie continue donc sa logique implacable d'expulsions systématiques. Après avoir enchaîné les évacuations du square Daviais, d'une maison occupée et du lieu d’accueil de la rue de Bréa, une soixantaine de personnes avaient échoué square Vertais, sous des tentes sous le pont de la voie ferrée, à deux pas de l’arrêt de tram Mangin. Même sous un pont, les indésirables sont chassés par la mairie de gauche.

Mais ce n'est pas une simple expulsion. La mairie a fait venir des camions bennes remplis de blocs d'asphalte et de bitume pour dévaster le sol du square. Pour le rendre impraticable et inhabitable. Nos élus utilisent donc l'argent public pour rendre les parcs de Nantes invivables, pour en chasser les étrangers à la rue. Il en sera ainsi ainsi de tous les squares et emplacements où pourraient se poser les exilés : le parc public des fonderies avait déjà été grillagé et gardé la nuit par des vigiles pour éviter toute « intrusion ». Privatisation de l'espace et chasse aux pauvres, alors que le froid de l'automne est de retour.

Les hommes et les femmes à la rue qui vivaient square Vertais n'ont reçu aucune solution : seulement la police et l'errance.

https://nantes.indymedia.org/articles/43320
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 30 Oct 2018, 14:31

Rassemblement « Nous ne retournerons pas à la rue ! »
Des exilés menacés d'expulsion la veille de la trêve hivernale

Paris mardi 30 octobre 2018
à 18h, 6 rue Mazet, 6e

Nous sommes 36 réfugiés et demandeurs d'asile dans un local de la Croix Rouge au métro Odéon. Nous sommes de différentes nationalités (afghans, soudanais, maliens, tchadiens, éritréens et autres). Nous appelons à votre solidarité le 31 octobre 2018. Il y a quatre jours, le chef du centre nous a informés qu'il devait fermer ce centre et que nous devions le quitter le 31 octobre. Nous lui avons dit que nous n'avons pas d'endroit où dormir et qu'il fait froid dehors, qu'il nous a trouvé à la rue et nous a amené ici, alors pourquoi nous remettre à la rue. Le chef nous a répondu que ce n'était pas son problème et que nous devions partir le 31 octobre dernier délai. Nous venons de passer 2 mois dans ce centre sans avoir de chambre et nous dormions tous dans la même pièce. Nous sommes des demandeurs d'asile et des réfugiés aux situations différentes. Nous demandons juste un endroit où dormir. Nous étions en danger dans nos pays. Nous avons besoin de protection et d'un lieu sûr. Nous demandons une solution durable avec des chambres et des cuisines proche d'une station de métro. Sans garantie écrite de cette solution, nous ne quitterons pas le centre.

Nous appelons nos soutiens à un rassemblement mardi 30 octobre à 18h, ainsi que le mercredi 31 octobre, jour annoncé de l'expulsion, pour nous aider à résister dés 6h du matin.
Adresse : 6 rue Mazet, 75006 Paris. Métro : Odéon.

https://paris.demosphere.net/rv/65109
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Re: Migrants à la rue

Messagede bipbip » 02 Nov 2018, 00:45

MALTRAITANCE D’ENFANTS AU HAVRE, VILLE DU PREMIER MINISTRE EDOUARD PHILIPPE

Au Havre aussi, ville du premier ministre Edouard Philippe, les mineurs isolés étrangers sont maltraités, mis à la rue, rejetés, méprisés. L'association Des Lits Solidaires qui tente de leur venir en aide en témoigne.

... https://blogs.mediapart.fr/jeunes-isole ... d-philippe
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