1936, une révolution sociale et libertaire en Espagne

Re: 1936, une révolution sociale et libertaire en Espagne

Messagede bipbip » 23 Sep 2018, 15:13

Juillet 36 à Sant Joan Despí : ¡ Viva Acracia !

Henri Melich a 11 ans quand Franco lâche ses chiens contre la jeune république espagnole. Délicieusement bavard, il raconte son enfance toute particulière. La guerre gronde, mais l’élan révolutionnaire met des rêves plein les têtes.

91 printemps et tu verrais la tenue du monsieur ! Le mot qui se veut le plus juste, l’espièglerie aux commissures des lèvres, l’humilité pour principale boussole. Ces « r » qui roulent comme les caillasses sous ses grolles quand le Catalan, réfugié en France, re-franchissait la frontière en 1944 pour saboter la crapulerie franquiste. Henri Melich n’a jamais ravalé ses utopies. En 1939, la défaite envoie des centaines de milliers de républicains, anars et cocos sur les routes de l’exil. La Retirada. On sait l’accueil réservé aux réfugiés espagnols, les camps sur la plage, les épidémies et la malnutrition. Melich et sa famille passent entre les mailles du filet concentrationnaire. Installé dans l’Aude, l’adolescent rejoint un maquis de résistants. La botte nazie défaite, il ne cessera de lutter depuis la France pour libérer son pays du joug de Franco.

Mais revenons à juillet 36. Henri a 11 piges. Avec ses parents, il vit à Sant Joan Despí, à l’ouest de Barcelone, non loin des berges du Llobregat. La guerre civile éclate. Henri n’en parle pas. Ou bien par ricochets. Il accuse un certain révisionnisme de faire la part belle au conflit armé et de laisser dans l’ombre le processus révolutionnaire. Tout va très vite. Les frémissements collectivistes font fuir la poignée de gros propriétaires terriens. Le village organise une réunion pour trancher entre deux modes de mise en commun des terres : la collectividad agricola ou la repartidora. Henri : « La repartidora signifie par exemple que si tu as deux enfants on te donne 400 mètres carrés de terre, si tu n’en as qu’un, on te donne moins. J’accompagne mon père et ses copains anarcho-syndicalistes de la CNT à la réunion. Pour mon père, il faut faire pression pour que soit adoptée la collectivisation parce que si on répartit la terre entre tous, on ne solutionne rien. À sa grande surprise, le village opte rapidement pour la collectivisation sans que les cénétistes aient besoin d’intervenir. Ça a été un grand soulagement. » Melich père abandonne aussitôt son commerce de fruits et légumes et intègre la collectivité. « C’était ses idées, au grand dam de mes frères qui l’ont traité de fou au moment où il pouvait gagner de l’argent avec le marché noir ! »

Le père Melich n’a rien d’un tiède. En 1919 déjà, l’anarcho-syndicaliste mouille la chemise lors de la grève de la Canadiense, du nom de l’usine de textile barcelonaise d’où rugit la contestation. La capitale catalane est bientôt paralysée, et les prolos révoltés sont enchristés par milliers dans les geôles de Montjuich. Jusqu’où s’implique son père dans le conflit ? Henri l’ignore. Mais le clan Melich doit se mettre au vert en France quelques années pour éviter les représailles. En 1935, le père Melich apprend que Durruti est de retour en terre ibère. Et il y a comme un pressentiment dans l’air. Il vend tout : maison et vignes et rembarque sa famille pour l’Espagne. Pour faire la révolution ! Question de pur bon sens. Un jour, Henri Melich recueillera cette confidence de la bouche d’Aurelio Fernández, ancien de Los Solidarios et chef de Las Patrullas de Control[Los Solidarios : groupe anarchiste actif en Espagne pendant les années 1920. Las Patrullas de Control : organe de « police » révolutionnaire chargé de l’ordre public à Barcelone de juillet 36 à juin 37.]] durant la guerre civile : « Moi, la révolution, je la sentais, j’en rêvais. Et quand c’est arrivé, je l’ai trouvée la chose la plus naturelle au monde. » « Depuis tout jeune, Aurelio vivait avec cette idée, poursuit Henri Melich. Des années plus tard, à son retour du Mexique, on s’est retrouvés et je lui ai demandé : “Vous y croyiez vraiment, à la société libertaire ?” Il m’a regardé : “Et tu crois que si on n’avait pas tant cru à cet idéal, on serait allés si souvent en prison ?” Parce qu’on les prenait et on les jetait en prison ; on les libérait et on les refoutait en taule. C’était un va-et-vient incessant. Pourtant, ils n’ont cessé d’y croire. Et nous, les enfants, on y croyait aussi. On entendait des choses comme : “Aujourd’hui, on fait la révolution ici, mais demain on la fera partout dans le monde.” »

Fini l’aumône du pourliche

11 piges. Un gosse parmi d’autres. Qui construisent des barricades de fortune pour piquer les trottinettes des mômes de Cornellà et Sant-Feliu, les bleds voisins. La guerre est un jeu, tandis que la révolution s’enseigne. « “La toma del montón” [1], c’est comme ça qu’on nous expliquait les choses. Tu travailles et mets les richesses produites au sein de la collectivité. Tu n’as pas de salaire, mais par contre, quand tu as besoin de quelque chose, tu le prends. Tu as besoin d’un pantalon, tu le prends. Mais attention, pas deux, hein. » Il est là, le cœur du processus révolutionnaire, dans ce nouveau pari sur ce que pourrait être la nature humaine. Aux antipodes des colporteurs d’un darwinisme social où la compétition reste la clé de voûte de toute association humaine, les bâtisseurs de 36 opposent l’entraide et la collaboration chère à Kropotkine.

Le minot Henri n’aime pas l’école. Pour sécher les cours, il baratine sa mère : « Les fascistes bombardent les écoles ! » Son père finit par le caser comme apprenti coiffeur auprès d’un ami. Les samedis et dimanches, jours d’affluence, un gars tout en élégance vient donner du ciseau dans le salon. « Il me plaisait beaucoup, ce type : il ne fumait pas, il parlait bien. Et surtout quand on lui donnait la pièce, il disait : “No, no, gracias, je ne vis pas d’aumône, j’ai mon salaire.” Le syndicat des coiffeurs avait refusé d’accepter les pourboires. J’avais un petit escabeau pour savonner les barbes, je passais d’un client à l’autre. Au moment de partir, il fallait épousseter le client et tendre la main. Mais j’ai refusé le pourboire par une sorte de mimétisme. Je me considérais comme un ouvrier. »

Industrie, agriculture, éducation, arts : aucun secteur n’échappe à cette lame de fond égalisatrice. Tout ça est bien joli sur le papier, mais comment on fait avec celui qui ne veut pas de ces nouvelles règles ? « T’en fais pas, par le comportement des autres, il comprendra qu’il agit mal et à la fin, il réalisera où est son intérêt. » Les mains d’Henri s’agitent comme pour retenir les effiloches d’une trame jamais usée : « On supprimera les prisons et l’argent. La prostitution n’existera plus. Tout le monde s’aimera. » Ostia ! Heureusement que la religion a été abolie, sinon certaines langues perfides pourraient croire à l’avènement du royaume de Dieu !

Anarchie = Amour

À l’automne 2014, les éditions Acratie publiaient les mémoires d’Henri : À chacun son exil, Itinéraire d’un militant libertaire espagnol. En copilotage du projet, on trouve Romain Melich, son petit-fils. Le jeune homme se souvient de ce grand-père qui venait le chercher à la sortie du collège. « Sur le trajet, il me posait toujours des questions : Le vol, qu’est-ce que c’est ? Est-ce que c’est la personne qui va voler un bout de pain parce qu’elle a faim ou est-ce que c’est le patron qui vole son temps au travailleur ? » Des graines semées dans la tête de l’enfant. Plus tard, ce dernier ira les faire germer au Mexique. « Je me rappelle d’une petite communauté dans le Oaxaca. On avait aidé les gens à monter une serre et une bibliothèque. Tous les soirs, on organisait des débats. Ceux qui venaient de Mexico – dont moi-même – employaient des mots très ciblés. Les premiers jours, il y a eu une certaine incompréhension, mais quand on a baissé le niveau de langage, on s’est aperçus que les démarches étaient les mêmes. Nous, on théorisait, eux pratiquaient. »

La victoire franquiste n’a pas réussi à fracasser ce vieux rêve d’égalité. Écoutant Henri dépoussiérer ces vieux mythes, on a comme l’impression que tout est parti d’un muscle trop souvent négligé : le cœur. On repense à Gaspard, vieil exilé qui avait refondé un Athénée libertaire au nord de Perpignan. Sur un mur, on souriait tous devant cette inscription : Anarchie=Amour. Henri : « Avant la guerre, le communisme autoritaire n’existait quasiment pas, par contre, il y avait déjà une longue tradition libertaire. L’acratie, le peuple espagnol l’a adoptée. C’était pour lui, ça correspondait à son caractère. Nous, la révolution on l’a pas faite en 1789, mais en 36. »

Notes

[1] Soit « la prise sur le tas ».


http://cqfd-journal.org/Juillet-36-a-Sa ... Despi-Viva
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Re: 1936, une révolution sociale et libertaire en Espagne

Messagede bipbip » 04 Nov 2018, 22:56

Ils s’étaient engagés dans les Brigades Internationales: ces Algériens morts pour l’Espagne

Aïci, Ameziane, Balek, Belaïdi, Mechenet, Oussidhoum, Safi, Sail, Zenad et d’autres noms dont l’écho résonne comme un trou de mémoire. Qui connait ces héros algériens morts pour l’Espagne républicaine ? Ils étaient 500 et plus dans les Brigades Internationales, ces volontaires qui se sont battus contre le fascisme entre 1936 et 1939. Qui étaient ces oubliés de l’histoire ? D’où étaient-ils partis ? Comment se sont ils retrouvés sur ce front anti-Franco ? Pourquoi ont-ils participé à cette lutte antifasciste ? De quoi se nourrissait alors cette conscience collective mondiale qui mobilisa des hommes sur tous les continents pour aller se battre volontairement en Europe ?

« Un Maure dans la Sierra »

Toutes ces questions trouvent des réponses dans des livres. Nous en avons compulsés trois, deux gros essais d’histoire et un roman. Si l’historien espagnol Francisco Sánchez Ruano fournit un luxe d’informations vérifiées et recoupées dans son livre « Islam y guerra civil española », paru en 2004 à Madrid, le récent récit d’un Pied noir d’Algérie, Georges Gonzalès « L’Algérie dans les brigades internationales » paru à Paris en 2016, le complète en s’attardant plus sur les figures emblématiques algériennes qui avaient marqué cette guerre civile espagnole. Le roman de Rénia Aouadène « Un Maure dans la Sierra » est le troisième ouvrage à repeindre pour nous cette époque tragique qui révéla le hideux visage du fascisme et l’existence d’une conscience universelle nourrie aux valeurs positives de l’humanisme. De ces trois précieux ouvrages, le roman de cette écrivaine sensible, marquée par l’exil et une enfance tragique, a suscité en nous trouble et émotion.

Rénia Aoudène, poétesse, nouvelliste et dramaturge, fille d’Aokas, ayant grandi entre la banlieue marseillaise et l’Andalousie est venue animer un café littéraire à Tichy(Bejaia) autour de son roman « Un Maure dans la Sierra »,invitée par l’association culturelle Assaki. C’est sur les traces de Rabah Ousidhoum, l’un de ces héros ineffables qui marquent l’histoire universelle que la professeure d’espagnol à Marseille, est partie à la recherche de l’image de son père, un pionnier du nationalisme algérien, assassiné par les siens. Cette fiction est surtout une histoire d’amour au cœur d’une guerre atroce. Rabah, le jeune kabyle vif et curieux survivait dans la misère indescriptible des années trente. Il souffrait de l’absence du père parti à la recherche d’une subsistance aléatoire et aidé de son instituteur, il creusera dans la poussière de l’histoire de son pays. Pourquoi donc cette partie du monde était-elle toujours occupée par des envahisseurs ? Le roman retrace l’itinéraire de cette conscience émergente de Rabah en Kabylie et son choix conscient de se battre contre le fascisme dans la guerre civile espagnole. C’est surtout sa rencontre avec Amalia qui voulait mourir avec lui dans le combat que Rénia Aouadène idéalise et nourrit de toutes ses anciennes espérances d’une enfance tragique.

De ces trois ouvrages nous retenons le contexte historique de cette guerre civile qui a fait des milliers de morts, la participation d’Algériens parmi les acteurs des brigades internationales venus de 53 pays, et le mythe du Moro sanguinaire, ce soldat marocain enrôlé par les fascistes de Franco, qui persiste encore et pollue l’imaginaire espagnol.

Républicains contre fascistes

En Espagne, les élections de 1936 s’étaient soldées par la victoire de la gauche, unie dans un Front Populaire (Frente Popular). A l’est, Mussolini et Hitler sont au pouvoir en Italie et en Allemagne, et L’URSS avait Staline à sa tête. L’Espagne était sous un gouvernement de droite avec l’avènement de la Seconde République en Avril 1931. Au sud, le Maroc était sous protectorat espagnol avec une partie de l’armée régulière espagnole. La victoire du Frente Popular en 1936, précipita la formation d’une armée fasciste dite Phalange espagnole, à l’exemple des Chemises noires de Mussolini en Italie, armée composée du gros des troupes stationnées au Maroc et de milliers de Moros, Marocains enrôlés pour un salaire de misère sous le commandement de Franco, parti détruire le nouvel ordre républicain. Quand Franco débarqua à partir du Maroc, un mouvement mondial de sympathie se développa autour du Front Républicain et donna les Brigades Internationales constituées de volontaires venus de plusieurs parties du monde soutenir les troupes régulières de la 2e République. Selon Georges Gonzalès, on dénombrait 53 pays d’origine des miliciens qui combattaient au sein des Brigades internationales. « Cités par ordre d’importance numérique, pour les chiffres inférieurs à 1000 volontaires, l’Algérie se situe à la 13e place sur 41 pays. »

Deux camps en présence résumaient deux visions du monde inconciliables : le premier défend les intérêts des grosses puissances et les valeurs fascistes, le second représente les aspirations portées par les organisations syndicales et ouvrières, les socialistes, les communistes, les anarchistes. L’Union soviétique soutiendra les Républicains tandis que l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste appuieront les troupes de Franco. La France de Léon Blum soutiendra le Front Républicain avec des paroles et le Royaume-Uni ne s’alignera sur aucun des deux camps. France et Angleterre considéraient le conflit interne à l’Espagne. Les troupes de Franco déparquèrent du Maroc avec près de 70 000 soldats marocains dit « Les Moros » et remporteront la victoire après 3 ans de guerre atroce et des milliers de morts.

Qui étaient ces Algériens internationalistes?

« Je suis ici parce que je suis volontaire et je donnerai, s’il le faut, jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour sauver la liberté de l’Espagne et la liberté du monde entier ». Telle était la déclaration signée par chaque volontaire qui rejoignait les Brigades internationales exprimant une solidarité inédite, un internationalisme aux accents puissants.

Ils étaient plus de 500 volontaires algériens à partir combattre dans les brigades internationales pour sauver la légalité républicaine contre le fascisme. Ces oubliés de l’Histoire s’étaient mêlés aux Espagnols, aux Anglais, aux Yougoslaves, aux Américains, aux Français, aux Soviétiques, aux Polonais… Ils venaient pour plus de moitié de la communauté algérienne émigrée en France, notamment à partir de Toulouse, Marseille, Bordeaux, Lyon et Paris. Ils étaient militants syndicaux, socialistes, communistes, anarchistes. Une partie de ces volontaires idéologiquement liés à l’Internationale communiste provenait d’Algérie, encore sous colonisation française, ceux-là étaient en partie des militants du Parti Populaire Algérien (PPA) formation politique indépendantiste dirigée par Messali Hadj, mais aussi des militants communistes algériens de mêmes tendances idéologiques que les Brigades internationales. Il y avait aussi des Juifs algériens et des enfants de colons du Parti Communiste Algérien (PCA). Les partis politiques algériens sous colonisation française, notamment le PPA, apporteront une aide matérielle au Front Populaire, mais ils s’étaient refusés d’envoyer des volontaires. « Le président de la République espagnole, Manuel Azaña, enverra une lettre de remerciements à Messali Hadj pour une contribution matérielle reçue du PPA », écrit Sanchez Ruano.

Une conscience anticoloniale

La majorité des volontaires algériens provenaient des organisations syndicales, des partis socialistes ou communistes ou du mouvement anarchiste. Il y eut cependant d’autres cas de militants du Parti du Peuple Algérien (PPA) engagés aux côtés des Républicains, comme ceux de Mohand Aïci ou de S. Zenad, que cite Sánchez Ruano, en précisant que leur décision fut individuelle.

Cette conscience collective mondiale, qui mobilisa des hommes sur tous les continents pour aller se battre volontairement en Europe, avait un cachet particulier pour les Nord-africains sous le joug colonial français.

Pour les Algériens engagés sur ce front ibérique, « la victoire du camp républicain impulserait l’émancipation des peuples maghrébins sous colonisation française ». Telle était la conviction politique qui animait ces combattants dans les rangs des Brigades internationales. Leur position internationaliste était tirée par une détermination aiguisée comme l’exprimait clairement l’Algérien L. Balek, commandant d’une compagnie républicaine. Il disait dans un meeting : « Le peuple de mon pays est aussi opprimé que l’est aujourd’hui le peuple espagnol par le Grand Colon qui le ruine. Je donnerai jusqu’à l’ultime goutte de mon sang pour que les Algériens, les Tunisiens et les Marocains puissent arriver un jour à secouer leur joug et recouvrer la liberté. »

Améziane Ben Améziane, militant anarchiste, mécanicien de profession, combattait sous les ordres du leader anarchiste espagnol Durruti. Dans un « Appel aux travailleurs algériens », Améziane, cité par Ruano écrit : « Nous sommes 12 de la CGT dans le groupe international face à la canaille fasciste. Miliciens si, soldats jamais ! Durruti n’est ni général ni caïd mais un milicien digne de notre amitié. »

Mohamed Belaïdi, mitrailleur dans un bombardier de l’escadrille dirigée par André Malraux, l’écrivain et homme politique français, dira : « Quand j’ai su que des Arabes combattaient pour Franco, j’ai dit à ma section socialiste qu’on devait faire quelque chose, sinon que diraient les camarades ouvriers des Arabes ? »

Le mythe ravageur du Moro

Le terme Moro prend ses racines loin dans l’Histoire. Il désigne à l’origine les Maures chassés par la reconquête espagnole à partir de 1492. Dans l’imaginaire espagnol, « le Moro » c’est encore de nos jours cet Arabe qui s’est battu aux côtés des Phalanges fascistes espagnoles dirigées par Franco. Il véhicule cette image du sanguinaire chargé des basses besognes, de la torture et des crimes de sang. Selon Sanchez Ruano, les volontaires des Brigades internationales, se battaient aux cotés des républicains espagnols pour des libertés qu’on leur refusait dans leur pays : Maroc, Algérie Tunisie, Syrie. Les d’organisations républicaines et beaucoup de partis et hommes politiques républicains sont tombés dans l’amalgame et mettent sur le même plan les Arabes combattant dans les files franquistes. Franco disposait des troupes espagnoles rebelles et de soldats de carrière marocains engagés, les « Moros », dont le nombre grossira avec l’élargissement de la guerre pour atteindre 70.000 et plus. La misère sévissait au Maroc et leur enrôlement s’en trouvait fortement facilité par ce besoin basique de pain.

Face à Franco, 35 000 volontaires, prenant appui sur des dizaines de milliers de comités de soutien nationaux et locaux, volent au secours de la légalité démocratique. L’historien espagnol Sánchez Ruano nous apprend, à travers une recherche minutieuse que « plus de 1000 volontaires des Brigades internationales du camp républicain provenaient de pays arabes. Le plus fort contingent de ces combattants arabes venus défendre la République espagnole était constitué de 500 Algériens ».

L’image dominante du Moro est donc celle du coupable de tous types d’atrocités : pillage, viols, assassinats….

Certains intellectuels, notamment des romanciers, ont nuancé et corrigé cette dérive historique. Ont-ils été écoutés ? Les trois ouvrages que nous citons tentent de déconstruire ce mythe tenace qui aboutit à une vision réductrice de l’histoire. Ils dévoilent tous les trois l’autre image du Moro, celui qui participa aux côtés des Républicains à la défense de la deuxième république espagnole dans un engagement conscient avec les Brigades Internationales. Ce Moro y a souvent laissé sa peau comme Rabah Ousidhoum, dont l’histoire poignante est racontée par Rénia Aouadène, Rabah qui « s’est distingué par sa bravoure dans de nombreuses batailles, notamment la bataille de Lopera près de Cordoue, et surtout celle de Segovia à l’ouest de Madrid où il commandait le 12e bataillon ». Gonzalès écrit qu’on le nommait « Ralph Fox » en l’honneur de l’écrivain anglais mort à Lopera. Oussidhoum expliquait sa présence dans les Brigades internationales: « Parce que tous les journaux parlent des « Moros » qui luttent avec les rebelles de Franco. Je suis venu démontrer que tous les Arabes ne sont pas fascistes. ».

Oussidhoum mourut la mitrailleuse en mains en mars 1938 dans son ultime bataille, dans la plaine de Miraflores près de Saragosse.

Effacés de la mémoire algérienne

A l’exception de la littérature (quelques livres), ni le théâtre ni le cinéma n’ont participé à la révélation de ces héros nord-africains, encore moins à la sauvegarde et la transmission de ce pan de la mémoire nationale habité par ces Algériens internationalistes dont le combat a participé à forger la conscience anticoloniale.

Le cinéma, cet art puissant, n’a pas contribué à la destruction du mythe du Moro, négateur de l’engagement de tous ces hommes morts pour l’Espagne et un monde conforme à leurs idées de justice et paix.

Sanchez Ruano illustre cet oubli en écrivant que dans l’histoire du cinéma et dans les films consacrés à cette guerre civile espagnole, on ne verra qu’une seule image, dans le film réalisé par A. Malraux, projeté à Paris en 1937, celle du « cercueil du milicien algérien recouvert d’un drapeau frappé du croissant musulman, une mitrailleuse posée sur le cercueil ». Il s’agit de M. Belaïdi qui perdit la vie en janvier 1937, dans le ciel de Teruel au nord de l’Espagne.

Mohamed Belaïdi, Saïl Mohamed, Rabah Oussidhoum, Mechenet Said Ben Amar, Aïci Mohand, Zenad Saïd, Lakir Balek, Ameziane Ben Ameziane et des centaines d’autres inconnus, comme ce Safi évoqué par Rémi Skoutelski dans « L’espoir guidait leurs pas » (un texte adapté d’une thèse soutenue à l’université de Paris 1 en 1996), narrant ses démarches au sein des Brigades Internationales pour constituer un bataillon de Nord-africains.

Leurs compagnons, et leurs chefs ont disparu emportant dans le regard l’image de ces héros luttant contre la honte de leurs frères moros et de leur bravoure et de leur engagement contre l’oppression et une idée humaine de liberté.

Un documentaire serait en préparation de l’autre côté de la Méditerranée sur « ces Algériens qui ont fait la guerre d’Espagne » sur des recherches d’Andreu Rosés et une réalisation de Marc Almodovar. Une équipe de tournage a séjourné dans la wilaya de Béjaïa à la recherche des descendants de ces héros oubliés.


https://histoireetsociete.wordpress.com ... -oulebsir/
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Re: 1936, une révolution sociale et libertaire en Espagne

Messagede bipbip » 18 Nov 2018, 17:06

Engagement antifasciste. Les femmes durant la guerre d’Espagne

Alors que leur présence a longtemps été sous-évaluée, les femmes solidaires et volontaires des Brigades internationales prirent une part considérable à la défense de l’Espagne républicaine dès les premières heures.

La guerre civile espagnole (1936-1939) s’est caractérisée par deux phénomènes remarquables faisant de ce conflit un épisode singulier de l’histoire mondiale. D’une part, un mouvement migratoire hors du commun conduisit plusieurs dizaines de milliers d’étrangers, hommes et femmes, vers l’Espagne pour prendre part aux combats. D’autre part, elle constitue un moment inaugural de la présence des femmes comme actrices directes dans un conflit.

Le mot volontaire est un mot épicène qui participe à gommer les distinctions de genre. Certes, les hommes ont formé l’immense majorité des volontaires internationaux, mais certains aspects et certaines destinations du volontariat concernèrent un grand nombre de femmes. Des étrangères figurent parmi les premiers volontaires en Espagne et démontrent que les catégories apparemment antinomiques de combattants et non-combattants sont en réalité perméables. Ainsi, le journal français le Temps, ancêtre du Monde, se fit l’écho du décès au front de l’artiste et volontaire britannique Felicia Mary Browne, tombée en août 1936 comme infirmière de campagne.

L’aide médicale fut la première expression de la solidarité internationale avec l’Espagne. De nombreuses initiatives transnationales sanitaires furent organisées, certaines par le Secours populaire et la CGT. Cette aide fut d’autant plus bienvenue que la jeune République espagnole ne bénéficiait pas d’une structure moderne de formation du personnel hospitalier et sanitaire, essentiellement assurée par des ecclésiastiques, tandis que la Croix-Rouge espagnole avait rejoint les insurgés. Dans le cadre de la stratégie unitaire de Front populaire, l’Internationale communiste décidait, en septembre 1936, du lancement d’une campagne mondiale de solidarité avec l’Espagne républicaine comprenant l’envoi de volontaires étrangers. Un mois plus tard, la première Brigade internationale était formée à Albacete. La création des Brigades internationales s’est accompagnée d’un vaste dispositif médical, le Service sanitaire international (SSI), suivi en janvier 1937 d’une structure de coordination mondiale originale : la Centrale sanitaire internationale (CSI). Le SSI fut créé par l’action de médecins français et par l’amalgame de missions sanitaires internationales déjà présentes. À la fin du printemps 1937, ce service de santé efficace et moderne réunissait plus de 1 600 volontaires étrangers, dont un quart de femmes, répartis sur 20 hôpitaux et près de 200 ambulances ou groupes chirurgicaux.
Rapidement stigmatisées par un puissant sexisme bureaucratique

Contrairement aux Brigades internationales, le recrutement de personnel médical se fit ouvertement, notamment par voie de presse, et fut ouvert aux femmes. Le succès de la CSI, belle réussite unitaire, est aujourd’hui méconnu, dissimulé par l’aura des Brigades internationales. Parmi les 40 000 volontaires internationaux, on compte au moins 600 femmes, dont une cinquantaine en dehors des Brigades internationales. L’effectif serait d’environ 1,5 % de femmes, dont près de 200 Anglo-Saxonnes, 130 Allemandes et Autrichiennes, 120 Françaises et Belges. Mais on relève aussi de grandes disparités, les femmes pouvant atteindre parfois 5 % de l’effectif masculin. En moyenne pondérée, elles sont plus jeunes que les hommes – environ 25 ans. Moins de la moitié étaient adhérentes à un parti communiste avant l’Espagne.

Les espaces de mixité des forces armées antifascistes ont été rapidement réduits à néant par le processus dit de militarisation, soit la décision du gouvernement espagnol républicain de se doter d’une armée régulière reprenant les attributs traditionnels des militaires. Les femmes étaient nombreuses dès la création des Brigades internationales, mais elles furent rapidement stigmatisées par un puissant sexisme bureaucratique. De fait, les étrangères furent assignées à cinq domaines : sanitaire (pour la plupart militarisées, de soldates à capitaines), ancillaire, administratif, pédagogique et politique (quelques-unes furent commissaires politiques), et exceptionnellement conductrices, infirmières de front et employées du contre-espionnage militaire. Mais ces affectations ne furent pas toujours la résultante d’un choix. Beaucoup durent accepter un poste d’aide-soignante ou de sténodactylo pour pouvoir rester en Espagne. Tandis qu’il était plus facile d’intégrer les Brigades internationales que d’en sortir, ce fut l’inverse pour les femmes, dissuadées pour beaucoup avant même leur départ. Malgré les obstacles, l’expérience espagnole a constitué pour la plupart d’entre elles les prodromes d’un long engagement antifasciste, dans la Résistance notamment.

Ces femmes solidaires et volontaires des Brigades internationales prirent une part considérable à la défense de l’Espagne républicaine. Leur présence, longtemps sous-évaluée, nous oblige à revoir le volontariat non plus comme un simple élément du répertoire d’action de la solidarité, mais comme un fait social dynamique dont les ressorts habituellement sollicités semblent trop étroits.

Édouard Sill Historien, membre du conseil scientifique de l’Association des amis de l’Espagne républicaine (Acer)


https://www.humanite.fr/engagement-anti ... gne-663723
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Re: 1936, une révolution sociale et libertaire en Espagne

Messagede bipbip » 24 Déc 2018, 00:39

Libros armados

Mémoires internationalistes

Difficile de dresser une bibliographie exhaustive sur la révolution espagnole. Que lire ? Quelques ouvrages, qui véhiculent les espoirs et les désillusions des internationalistes engagés au côté du prolétariat espagnol.

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La guerre civile, la révolution et contre-révolution en Espagne font l’objet d’une bibliographie abondante, tant les témoins directs ont eu à cœur de rendre compte de cet épisode décisif de l’histoire du XXe siècle.

Un lecteur béotien, un peu perdu devant la profusion de titres, pourra se mettre en jambe avec le classique de George Orwell, Hommage à la Catalogne (1938, rééd. folio). L’écrivain britannique livre une chronique de son engagement au sein des brigades du Poum (Partido obrero de unificacion marxista), petit parti marxiste hétérodoxe, qui subit une brutale répression au printemps 1937, moment où il est déclaré illégal par le gouvernement Negrin sous la pression des staliniens. Il est toujours éclairant de se mettre dans les pas du futur auteur de 1984 et de La Ferme des animaux, qui arrive fin 1936 à Barcelone, dans une ville encore en pleine ébullition révolutionnaire, et repart en Angleterre, en juin 1937, blessé, tandis que la guerre dévore la révolution. Sans rien cacher de ses doutes, Orwell raconte l’expérience concrète du front, de la camaraderie, de la tentative de créer d’une société sans classes, des pénuries et du manque d’armement, mais aussi et surtout de la prise du contrôle politique par la Guépéou, qui pourchasse les révolutionnaires. Ce témoignage influencera très nettement le film de Ken Loach, Land of freedom, sorti en 1994. Vu du côté anarchiste, le récit de Hanns-Erich Kaminski, Ceux de Barcelone (1937, réédition Allia, 1986), retranscrit de façon saisissante l’atmosphère de ce « bref été de l’anarchie » de 1936 : « La vie est ici mille fois plus intense et cette suite rapide d’événements produit l’effet de piqûres de caféine. Comment pourrai-je vivre désormais dans des pays tranquilles, dans des temps tranquilles ? »

Parmi les publications plus récentes, il faut citer le travail remarquable des éditions Milena et Libertalia, en 2015, avec la réédition de Ma Guerre d’Espagne à moi – Une femme à la tête d’une colonne au combat, de Mika Etchebéhère, accompagné d’un DVD-documentaire de Fito Pochat et Javier Olivera, sur le parcours de cette femme extraordinaire. Née en Argentine dans un milieu yiddish révolutionnaire, Mika part en Europe avec son compagnon Hippolyte Etchebéhère, marxiste antistalinien d’origine basque. Ils assistent en Allemagne à la « Défaite du prolétariat allemand » – titre d’un livre publié aux éditions Spartacus – et à la prise du pouvoir par les nazis. Engagés en 1936 au sein d’une brigade d’internationalistes du POUM, Hippolyte meurt au début de la guerre et, malgré cette meurtrissure, Mika devient naturellement la capitaine de la colonne, une « femme d’acier » estimée de tous ses camarades. Concernant l’organisation des femmes espagnoles dans le mouvement anarchiste, on pourra se reporter au livre collectif Mujeres libres. Des femmes libertaires en lutte (éditions libertaires, 2000), bien qu’il soit actuellement épuisé ; ainsi qu’au film espagnol (inédit en France) Libertarias, réalisé par Vicente Aranda en 1996.

Les souvenirs de Sygmunt Stein, parus en yiddish en 1938 et publiés en 2012 au Seuil, sous le titre Ma guerre d’Espagne. Brigades Internationales : la fin d’un mythe, évoquent la désillusion d’un communiste juif polonais engagé dans les Brigades. Sa chronique fustige de façon très appuyée le comportement des dirigeants staliniens, incarnés notamment par le Français André Marty : corrompus, pervers, sanguinaires, voire racistes – n’hésitant pas à sacrifier à la mitraille franquiste en priorité les brigadistes juifs (la compagnie Botwin est quasi intégralement décimée) ou Noirs américains de la Brigade Lincoln. Stein met aussi à mal l’imposture de l’aide militaire russe à la République espagnole : « Rome et Berlin fournissaient des avions et des chars, tandis que Moscou continuait à envoyer des commissaires de police, des surveillants de prison et des pelotons d’exécution. » Même la sacro-sainte icône Dolores Ibárruri Gómez, la Pasionaria, y est décrite comme une marionnette inculte et bigote aux mains de Moscou. Un livre rageur et désabusé, qui fait écrire à son préfacier, l’historien trotskyste Jean-Jacques Marie : « Sa déception est à la mesure de son enthousiasme initial, mais il ne sombre pas dans l’aigreur… Il exagère peut-être, mais ne fabule pas. »

À la pointe des enquêteurs passionnés et autodidactes de la mémoire de la guerre d’Espagne, le collectif des Giménologues s’échine depuis une dizaine d’années à reconstituer minutieusement le parcours d’Antoine Gimenez (1910-1982), né Bruno Salvadori, engagé italien au sein de la colonne Durruti. Aux souvenirs propres de Gimenez, Les Fils de la nuit, rédigés sans documentation entre 1974 et 1976, les Giménologues ont adjoint un impressionnant appareil critique, À la recherche des fils de la nuit, résultant de leurs recherches. Ce méticuleux jeu de recomposition quasi archéologique vient d’être réédité, aux éditions Libertalia, dans un beau coffret cartonné comprenant deux volumes et agrémenté d’un CD avec dix heures de feuilleton radiophonique tiré de cette quête. Les mêmes Giménologues viennent de publier ¡ A Zaragoza o al charco ! Aragon 1936-1938 (L’Insomniaque éditeur), récits de protagonistes libertaires qui luttèrent pour la reprise de Saragosse, ville tombée entre les mains des franquistes dès le 19 juillet 1936.

Dans un registre plus strictement historique, les éditions Agone ont réédité, en 2014, La Guerre d’Espagne – Révolution et contre-révolution (1934-39), livre monumental de l’historien anglais Burnett Bolloten et qu’on peut considérer comme l’ouvrage le plus abouti et complet sur la question. Il se lira en complément d’un autre opus de référence sur les origines sociales et politiques de la guerre civile, écrit par Gerald Brenan, Le Labyrinthe espagnol (éditions Ivréa). Bolloten, qui couvrait le conflit espagnol comme journaliste, est d’abord « très influencé par la propagande du PC », avant de prendre conscience que, face au courant révolutionnaire porté par les ouvriers et paysans, c’est le parti communiste qui va incarner à lui seul « tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie », c’est-à-dire la contre-révolution. Bolloten n’oublie pas l’importance de l’expérience collectiviste, à laquelle assiste aussi le journaliste Gaston Leval, présent en Espagne dès 1934, aux côtés de la CNT. Leval livre, dans Espagne libertaire 36-39 (rééd. Tops, 2013), un témoignage factuel et enthousiaste du processus révolutionnaire : « Très vite, plus de 60% des terres ont été cultivées sans patrons, ni propriétaires, sans “terratenientes”, sans administrateurs tout-puissants, sans que l’intérêt privé et la concurrence soient nécessaires pour stimuler les efforts et les initiatives. » Sur les oppositions entre les organisations politiques, y compris anarchistes, et le mouvement social, on peut lire avec grand intérêt Carlos Semprún Maura, Révolution et contre-révolution en Catalogne : socialistes, communistes, anarchistes et syndicalistes contre les collectivisations (1974, rééd. les Nuits rouges, 2002).

Signalons enfin la sortie aux éditions CNT-R-P du petit livre La Collectivisation en Espagne – 1936 : une révolution autogestionnaire du collectif Rehdic, ainsi que la réédition de La Tragédie de l’Espagne, initialement paru en 1937, de l’historien et théoricien anarchiste Rudolf Rocker, plaidoyer à chaud pour la révolution, mais qui se garde encore de faire la critique de la direction de la CNT-FAI dans sa stratégie « gouvernementaliste ».

Avec de telles barricadas de livres, ¡ No pasarán !


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“La CNT dans la révolution espagnole”, Peirats, tome II

Messagede Frank mintz » 05 Sep 2019, 11:52

Samedi 14 septembre 2019, les éditions Noir et Rouge présentent le second tome de La CNT dans la révolution espagnole de José Peirats

Discussion de 14 h 30 - 17 h. 30

Le second tome de La CNT dans la révolution espagnole de José Peirats est paru et il apporte des documents peu connus, comme le bilan des quatre ministres anarchosyndicalistes et par ricochet, la position pro capitaliste du gouvernement républicain avec un premier ministre qui se considérait socialiste (Largo Caballero) et des ministres communistes se disant révolutionnaires (Jesús Hernández et Vicente Uribe).

Les événements de mai 1937 à Barcelone et la position étrange des partis républicains catalans alliés au Parti communiste, l’intervention militaire en août 1937, et la non moins étrange réaction de la direction de la CNT et du POUM, autorisée par le gouvernement du socialiste José Negrín, d’une division communiste (XI commandée par Enrique Líster) pour tenter d’éliminer l’autogestion des paysans socialistes, anarchosyndicalistes et sans étiquette, posent le problème des alliances durant un moment révolutionnaires.

Les contradictions internes du mouvement anarchosyndicaliste espagnol, les violentes oppositions publiques au sein du Parti socialiste ouvrier espagnol et sa centrale syndicale l’UGT montrent la difficulté de maintenir des rapports “socialistes” entre camarades d’une même tendance.


Adresse : Editions Noir et Rouge
EDMP, 8, impasse Crozatier
75012 Paris
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