Autogestion : théories, pratiques et critiques

Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 13 Juin 2018, 20:27

Autogérée et coopérative, Ardelaine tisse des liens depuis 50 ans

Les utopies peuvent fonctionner ! Ardelaine est une filature coopérative née en Ardèche dans le sillage de mai 1968. Autogestion, polyvalence et « ménagement » sont les principes qui ont fait son succès. C’est désormais une référence dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.
Saint-Pierreville (Ardèche), reportage

... https://reporterre.net/Autogeree-et-coo ... uis-50-ans
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Messagede bipbip » 28 Juin 2018, 15:19

Discussion sur l'autogestion dans la production

Pamiers (09) jeudi 28 juin 2018
à 18h Librairie le Bleu du Ciel, 15 rue Victor Hugo

Benoit Borrits nous fait le grand plaisir de venir discuter de son livre tout récemment paru « Au-delà de la propriété, pour une économie des communs ».

À partir d'une enquête sur le mouvement coopératif, les diverses approches de la propriété collective au XIXe siècle, l'étatisation soviétique, la socialisation espagnole de 1936 et la tentative de correction autogestionnaire des communistes yougoslaves, ce livre propose de penser un au-delà à la propriété productive, qu'elle soit privée/capitaliste ou collective.

Il montre que, jusqu'ici, deux grandes formes de propriété collective ont été expérimentées : la coopérative et l'étatisation des moyens de production. Dans la première, le capital, même second, tend à reprendre le dessus en cas de succès de l'entreprise. Dans la seconde, elle induit une concentration du pouvoir excluant ceux au nom de qui elle a été réalisée. Ces échecs sont inhérents à la notion même de propriété : excluante et centralisatrice par nature. Même collective, une propriété reste un instrument d'oppression.

Le XXe siècle a été porteur d'innovations qui permettent d'envisager la disparition de la notion de propriété productive et d'envisager que travailleurs et usagers d'une unité de production puissent avoir sur elle un droit de codirection. L'unité productive devient ainsi un commun à côté d'autres communs assurant des tâches de financement des actifs, de mutualisation des investissements, de redistribution et de péréquation des revenus. C'est l'articulation de ces différents communs qui permet d'envisager la disparition totale de la propriété productive.

http://www.librairielebleuduciel.com/ar ... a-18h.html
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 28 Juin 2018, 17:45

La clinique sociale d’Elliniko en Grèce

L’Union syndicale Solidaires soutien depuis plusieurs années les dispensaires, pharmacies, cliniques,... autogérés qui se sont développés en Grèce depuis la crise. La clinique d’Elliniko est une de ces initiative de solidarité.

La formidable solidarité locale et internationale qui s’est manifestée à propos de la menace d’expulsion du Dispensaire social d’Eliniko a permis d’annuler cet arrêt promis fin juin. Lors d’une conférence de Presse, le cardiologue Georges Vixas, l’un des fondateurs du centre, a noté que cette évolution positive « est née suite à un mouvement de solidarité sans précédent en Grèce et en Europe. » Il a souligné qu’ à Bruxelles une manifestation a eu lieu devant le siège de l’UE et devant le consulat grec, alors qu’au Parlement européen se sont élevées des voix de solidarité principalement portées par le député européen Rebecca Harms.
Le gouvernement grec explore toutes les possibilités pour déplacer le dispensaire social d’Eliniko dès qu’un endroit approprié sera trouvé afin de continuer en toute transparence ses activités. Toutes les options seront discutées avec la direction pour trouver la meilleure solution afin de ne pas compromettre la prestation de services.

La solidarité repousse la fermeture du dispensaire social d’Eliniko :

... https://solidaires.org/Soutien-a-la-cli ... o-en-Grece
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Messagede bipbip » 30 Juin 2018, 02:18

CR de l’Atelier sur l’autogestion lors du congrès fédéral SUD Education de Boulogne s/Mer

Introduction à l’atelier et à la projection (15 mn)

L’autogestion et le contrôle ouvrier sont historiquement présents dans le syndicalisme français au travers de l’AIT (Banque coopérative du crédit au travail en 1863, coopératives de consommation et de production en 1868), la Charte d’Amiens de 1906 (qui prône « l’expropriation capitaliste », et un syndicat qui devienne « un groupement de production et de répartition »), ou le travail de la CFDT et de la CFTC dans les années 1960. Mais ces thèmes ont ensuite disparu du champ théorique et revendicatif syndical, et Solidaires a décidé depuis 2011, et lors du dernier Congrès National, de réinvestir les notions de socialisation, d’expropriation et d’autogestion. C’est ce qui a motivé l’organisation de cet atelier dans le congrès de la Fédération SUD Education, ainsi que la participation de SUD Education et de Solidaires aux rencontres internationales L’Economie des Travailleur-ses au sein d’une délégation comprenant notamment l’Association Autogestion. L’atelier est introduit par la projection d’un documentaire (Vos Como Trabajas ? Autogestion au féminin, de Lucile Nabonnand et Etienne Simon, 2010) sur les femmes dans les entreprises récupérées en Argentine. Marquée successivement par les dictatures militaires (d’Uriburu à Galtieri), le Péronisme, le Menemisme, et l’ultralibéralisme aujourd’hui représenté par Macri, l’Argentine a été purgée dans la 2ème moitié du 20ème siècle de ses militant-e-s révolutionnaires et anarcho-syndicalistes, en particulier lors de la guerre sale qui a débouché sur 30 000 desaparecido-as. La casse sociale et les privatisations du ménemisme puis la crise économique et financière de 2001-2003 ont provoqué de gros mouvements sociaux et insurrectionnels : cacerolazos, piquetero-as, assemblées populaires, mouvements de troc, récupération d’entreprises.

... https://www.sudeducation.org/CR-de-l-At ... on-de.html
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 20 Juil 2018, 11:15

L'autogestion. Théorie et expériences en France au XXIe siècle

Qu'entend-on par "autogestion" et quelles valeurs la sous-tendent ? Quels sont ses objectifs, ses moyens et les difficultés qu'elle rencontre dans sa mise en oeuvre ? Son exercice est-il lié à des secteurs particuliers de la vie économique et sociale ?

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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 01 Aoû 2018, 21:15

Grandeur et décadence des coopératives de consommation

Alors que l’agro-industrie, la production de masse, peuvent nous entraîner à consommer beaucoup trop et mal, il est temps de revisiter l’histoire de ces coopératives qui ont permis, durant un siècle, une autre consommation à partir du besoin réel des gens, particulièrement des prolétaires. La disparition de ces coopératives en seulement deux ans (1985-1986) a constitué une grande perte. Mais cette très longue expérience nous montre qu’il est possible de développer un secteur alternatif ambitieux au capitalisme, porteur, à terme, de transformation sociale.

En 1835, Michel-Marie Derrion crée au 95 montée de la Grande Côte, dans les pentes de la Croix-Rousse, une épicerie sous l’enseigne Au commerce véridique et social, considérée comme l’ancêtre des coopératives. Sa naissance à Lyon, juste après les insurrections des canuts (1831-1834), n’est pas un hasard car c’est à l’époque la ville où la misère ouvrière est la plus visible et où on peut trouver en abondance des sociétés secrètes de réformateurs. C’est aussi un lieu qui inspire les penseurs du socialisme émergeant : Fourier [1], plus tard Proudhon [2], tous deux nés à Besançon mais qui séjourneront à Lyon.
Ce magasin, qui connaît un succès rapide mais bref (trois ans), ne servira cependant pas comme référence car ses principes de fonctionnement sont insuffisamment progressistes [3]. Le véritable démarrage de ces coopératives de consommation intervient donc en 1844 avec la création des Équitables Pionniers de Rochdale, près de Manchester, notamment inspiré par les travaux d’Owen [4]. Quatre règles fondatrices seront systématiquement reprises par la suite : liberté d’adhésion, principe de la prise de décision selon un homme, une voix, répartition des bénéfices entre les consommateurs au prorata de leurs achats, rémunération des capitaux uniquement sous forme d’intérêts.
À l’époque, l’épicier capitaliste est qualifié de « picsou », pratiquant des prix très élevés (dus aussi à la multiplicité des intermédiaires) pour des produits de piètre qualité. Par ailleurs, le crédit systématique place les clients dans une logique de dépendance et d’appauvrissement permanent, la paie suivante ne servant qu’à rembourser les dettes contractées.
La coopérative refuse cela : elle impose le paiement au comptant, veut garantir des prix raisonnables (dus à la suppression de tous les intermédiaires) pour des produits de qualité.

"La coopération est révolutionnaire car elle appelle les consommateurs et les producteurs à s’unir sur une base égalitaire pour s’autogérer sans patron ou État interposés."

Dans l’esprit des théoriciens du début du XIXe siècle, les coopératives de consommation sont la première brique (avec les coopératives de production et les mutuelles) d’une société alternative au capitalisme, alors en plein essor. Ils espèrent qu’elles vont devenir rapidement dominantes par dissémination. Mais si ces coopératives ont pu se développer de façon conséquente, elles n’ont jamais atteint une taille leur permettant de s’affranchir totalement des logiques capitalistes. La coopération est révolutionnaire car elle appelle les consommateurs et les producteurs à s’unir sur une base égalitaire pour s’autogérer sans patron ou État interposés. Mais dans les faits, elle est réformiste car elle doit tenir compte de la législation et du système économique dominant.
Dès le milieu du XIXe siècle, des coopératives se créent dans beaucoup de pays européens, mais aussi aux États-Unis, au Japon… À Lyon, la Société des Travailleurs Unis (créée en 1849), possède, après seulement deux ans, un magasin de gros, sept épiceries, une boulangerie, deux boucheries, deux magasins de charbon, un entrepôt de vin, une pâtisserie et une fabrique de chocolat. Les bénéfices réalisés sont en totalité attribués à des œuvres d’éducation et de solidarité : elle finance ainsi deux écoles primaires et une caisse des invalides du travail. Mais dès le coup d’état de Louis-Napoléon (décembre 1851), le nouveau pouvoir ordonne la liquidation de toutes les sociétés ouvrières dites fraternelles, à ses yeux foyers potentiels de républicanisme et de révolution.
Le véritable développement des coopératives de consommation n’interviendra en France que dans les années 1870. Dans la Loire, parmi les dizaines créées à cette époque, les plus significatives sont La Solidarité (Roanne, 1872), l’Union des Travailleurs (Saint-Étienne, 1876), l’Alliance des Travailleurs (Saint-Chamond, 1879), La Renaissance (Firminy, 1881), La Providence (Terrenoire, 1884)… Elles sont créées par les salarié.e.s d’entreprises (Jacob Holtzer pour La Pensée, ou celle des personnels de La Poste créée en 1905, La Coop), de branches d’activité (les mines…), parfois par des syndicats (la SCATS, Société coopérative des travailleurs du sous-sol, à Roche la Molière par des militants de la CGT en 1944).

Le quart de la population française est adhérent des coopératives

Le nombre de membres en France passe de 350 000 en 1873 à plus de 880 000 en 1913. La guerre de 1914-1918 va encore renforcer les coopératives car elles assurent mieux l’approvisionnement des zones urbaines, notamment ouvrières. En 1920, elles sont environ 4 600 pour près de 2 500 000 membres. Les responsables nationaux estiment alors que le quart de la population française est adhérent des coopératives. Dans le même temps, le mouvement se structure dans la Fédération Nationale des Coopératives de Consommation (FNCC, 1913) et l’Alliance Coopérative Internationale (ACI, 1895).
En France ses promoteurs se retrouvent dans l’École de Nîmes, assez vite portée par Charles Gide [5]. Ceux-ci poussent au renforcement de leur coordination (notamment par la mise en place d’une centrale d’achat nationale, la Société générale des coopératives de consommation, SGCC), et au regroupement des coopératives autour d’un territoire. Dès 1930, il n’en reste plus que 1.391, jusqu’à 550 en 1962, alors que, dans le même temps, le nombre de magasins croît à presque 10 000 en 1962, et que le nombre de membres monte à plus de 3,5 millions.
Les disparités régionales sont cependant importantes : entre 1935 et 1955, si La Renaissance (Roannais) progresse de 74 % en nombre d’adhérent.e.s, et l’Union des Travailleurs (bassin stéphanois) de 20 % en augmentant leurs parcs de magasins, la croissance d’Unicoop (Rhône), certes conséquente (53 %), est réalisée en perdant environ un quart de ses magasins. En 1955, la part de la distribution alimentaire prise par les coopératives dans la Loire est alors de 10,5 %, en s’appuyant sur la plus grande densité ouvrière de France (41 % de la population active en 1946). Dans le Rhône, où la population est plus diversifiée et la concurrence plus forte, cette part n’est que de 4,1 %.

Une marque nationale, Coop

En 1969, une marque nationale, Coop, s’impose sur les enseignes de tous les magasins et sur les presque 300 produits issus de leurs quinze usines. C’est aussi le début d’une interrogation qui ne fera qu’enfler dans les années 70 et 80 : celle de développer des super et hypermarchés. Il est vrai qu’alors la bascule vers les grandes surfaces paraît inexorable, tous les groupes capitalistes (à la notable exception du stéphanois Casino) abandonnent les petites succursales, supposées très coûteuses en frais de personnel, en immobilier et en logistique. Mais pour les coopératives, cette fuite en avant, dévoreuse de capitaux et facteur d’éloignement avec les sociétaires, peut être suicidaire. Ainsi, à Saint-Étienne, le seul Rond-Point Coop (hypermarché) sera ouvert à Villars en 1985, puis vendu six mois après (car il n’y a plus d’argent) à Auchan.

"Dans les faits, la coopération est réformiste car elle doit tenir compte de la législation et du système économique dominant."

Des coopératives vont disparaître de certaines zones très urbanisées (à Lyon, Unicoop sera dissoute au début des années 70), elles résisteront mieux dans les zones rurales et dans les grands bassins industriels. Mais le mouvement poussera à la fusion des coopératives saines avec celles en difficulté. Ainsi, l’Union des Travailleurs (Saint-Étienne) fusionnera à la fin des années 70 avec celles de Moulins et de Guéret, puis reprendra une partie des magasins de celle de l’Ain en 1981, avec des coûts alourdis.
Par ailleurs, les grands groupes capitalistes jouent sur des prix bas (ou affichés comme tels), en s’appuyant sur des centrales d’achat capables d’imposer leurs conditions aux producteurs (souvent de façon cynique), et sur l’importation de produits à bas coûts, de piètre qualité. Les coopératives, qui avaient su faire de la question du prix un avantage (par des circuits courts et en se dotant d’une centrale d’achat nationale), voient leurs marges bénéficiaires s’effriter d’autant que les productions de qualité de leurs propres usines deviennent « trop chères ».

La catastrophe arrive dans les années 1985-1986

Au début des années 1980, les Coop ne réalisent plus que 2,4 % des ventes nationales au détail. Elles comptent environ 6500 magasins (35 % de moins que le sommet de 1961), dont 395 supermarchés et 49 hypermarchés (chiffres de 1985). La catastrophe arrive dans les années 1985-1986 avec la disparition de nombreuses coopératives locales (dont celle de Saint-Étienne en 1986), de la centrale d’achat, de toutes les usines et du laboratoire coopératif, de la revente de la FNAC (alors leur propriété collective). Les conséquences sociales sont lourdes : les effectifs salariés chutent de 43 000 salariés en 1975 à 14 000 en 1987.
Seules subsistent alors les coopératives de Normandie-Picardie (fusionnées en 1990, restées coopératives mais depuis 2009 aux enseignes « Leader Price » — du groupe Casino — pour les épiceries, et « Système U » — coopérative de commerçants — pour les grandes surfaces), de Saintes (devenue Coop Atlantique, « Système U » depuis 2012), de Champagne (« Leader Price » depuis septembre 2017) et d’Alsace (disparue en 2015). Aujourd’hui, il n’y a plus en France de magasins à l’enseigne Coop, alors qu’ils sont toujours présents au Royaume-Uni, en Suisse, en Italie, aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves, au Japon, au Canada…
Cet effacement des Coop se fait sans réaction du pouvoir politique socialiste, alors que ses responsables invoquent Jaurès dans leurs discours (lui a soutenu la coopérative Verrerie ouvrière d’Albi en 1896, et a été l’un des instigateurs de la création de la FNCC). Parallèlement, ils privilégient la restructuration très coûteuse des entreprises nationalisées en 1981-1982, au détriment de coopératives qu’ils ne contrôlaient pas directement, ce qui confirme leur vision étatique. À l’époque, un soutien financier relativement peu coûteux (une caution auprès des banques, qui refusaient de prêter aux Coop dont les parts sociales ne sont que le fait de particuliers peu solvables) aurait sans doute permis de passer la crise et d’accompagner une réorganisation du mouvement.
Mais il existe des causes internes qui peuvent expliquer cette chute brutale. Les coopératives, toujours plus grosses suite aux regroupements, ont été entraînées dans une dérive bureaucratique qui a dépossédé leurs sociétaires de tout pouvoir. Dès 1967, l’Alliance Coopérative Internationale alertait pourtant : c’est dans le « retour vers ses sources populaires spontanées plus que dans un économisme néo-capitaliste que le mouvement coopératif doit chercher son adaptation ».

La renaissance de l’esprit coopératif ?

Par ailleurs, vu de notre époque où le recul du grand commerce est manifeste, les grands groupes investissant désormais dans de petites unités, le passage aux grandes surfaces était-il indispensable ? L’exemple du réseau Biocoop, surtout développé à partir des années 1980 (au moment où les Coop s’effondrent), montre la pertinence de supérettes de proximité, vendant des produits de bonne qualité non soumis aux dérives de l’agrobusiness, perceptibles dès cette époque.
Cela aurait pu mettre les Coop en porte à faux vis-à-vis de leurs sociétaires, le plus souvent de milieu populaire, aux faibles revenus et peu sensibles à ces problématiques. C’est là que l’éducation à une maîtrise de leur consommation, le soutien à des structures d’insertion productrices de légumes revendus dans le réseau, la promotion d’un commerce équitable avec les producteurs locaux ou du « sud », la certification y compris autonome des produits vendus, même non bio et donc moins chers (le réseau disposait d’un excellent laboratoire de tests) auraient pu être mobilisés.
Comme Biocoop, les AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, qui organisent un lien direct du consommateur avec les producteurs) et les supermarchés coopératifs (dont les membres fournissent un travail bénévole) représentent des alternatives qui s’inscrivent dans la filiation des coopératives de consommation et qui renouvellent ses approches, même si certaines de ces innovations doivent être discutées.

[1] Charles Fourier (1772-1837). Il imagine les phalanstères, tout à la fois habitats collectifs et coopératives ouvrières de consommation et de production. Une de ses nombreuses déclinaisons, le familistère de Guise (créé vers 1870 par l’inventeur du poêle Godin) durera un siècle (jusqu’en 1968

[2] Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), animateur du courant mutuelliste et l’un des pères de l’anarchisme. Il insiste sur l’organisation interne des coopératives (préfigurant les principes de l’actuelle autogestion) et sur les rapports des coopératives entre elles par la théorie du fédéralisme (convention par laquelle des organisations engagent des relations d’échanges librement consentis dans un rapport égalitaire, rompant avec la logique dominants-dominés propre au capitalisme).

[3] Le magasin Au commerce véridique et social, « ne peut être considéré comme la première coopérative car la ristourne n’y constituait qu’un procédé commercial, elle n’excluait pas le profit du commerçant et ne s’insérait pas dans un programme de transformation sociale et économique », Michel David, dans L’évolution des formes d’exploitation, 1950.

[4] Robert Owen (1771-1858) : au départ c’est un patron industriel philanthrope qui s’investira dans la création de coopératives. Il restera cependant en retrait de l’action politique et privilégiera un socialisme de transformation sociale.

[5] Charles Gide (1847-1932) : pour lui, la coopération doit amener la transformation totale de la société par la multiplication à l’infini de nouvelles associations et ce sera alors « l’émancipation de la classe ouvrière par la transformation du salariat ». Il sera surtout, dans l’entre-deux-guerres, le grand réorganisateur du mouvement des coopératives de consommation (via la FNCC), en poussant au regroupement des coopératives, au développement d’outils nationaux (centrale d’achats, revue d’analyse, élaboration d’un outil statistique…).


http://lenumerozero.lautre.net/Grandeur ... nsommation
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 18 Aoû 2018, 13:48

L’expérience Cecosesola

Le premier acte de cette expérience a été la formation de coopératives de services bancaires pour accueillir des dépôts et fournir des prêts à la communauté. Cecosesola a été formée en 1967 en tant que coopérative de second niveau pour unir neuf coopératives et ouvrir la voie à la diversification. Quelques années plus tard, Cecosesola ouvrira des services funéraires abordables pour la communauté puis investira dans des transports de bus. C’est à ce moment que Cecosesola aura affaire aux politiciens locaux des deux partis de l’époque, l’Alliance démocratique et la Copei, qui estimaient que ces transports devaient rester sous leur contrôle. En 1980, les subventions accordées sont coupées, ce qui provoquera une grève des conducteurs. Les services secrets s’en sont alors mélés, arrêtant plusieurs membres de Cecosesola et confisquant 128 bus. Après 140 jours, Cecosesola obtiendra justice auprès du gouvernement fédéral qui ordonnera la restitution des bus, malheureusement en très mauvais état. Le mal était fait. Cecosesola est endetté à hauteur de 5 millions de dollars et 17 coopératives sur 46 ont quitté l’ensemble. Comment rebondir ?

En 1983, la coopérative El Triunfo tentera alors de créer un supermarché populaire appelé « feria ». Cette formule a immédiatement connu un énorme succès et permettra de susciter la création de coopératives de production agricole qui alimenteront ces ferias. Tout récemment, le complexe Cecosesola a été capable d’ouvrir un hôpital qui dispense des soins à prix raisonnables. Aujourd’hui 1200 personnes travaillent dans le cadre des coopératives de Cecosesola. La loi coopérative de 2001 a permis à Cecosesola de se débarrasser définitivement de la notion de dirigeants élus, les coopératives fonctionnant plus que jamais sur la base de l’absence de hiérarchie et du salaire unique.

Le film de Ronan Kerneur et David Ferret permet de saisir dans le vif ce qui fait l’originalité de Cecosesola : une expérience entrepreneuriale certes, mais surtout une aventure humaine dans laquelle l’implication de chacun, tant en terme de travail que de participation démocratique, est la clé du succès. Le film alterne des prises de vue sur l’activité propre des coopératives de Cecosesola et des interviews de personnages. Si Gustavo Salas Romer, que l’on pourrait assimiler au théoricien de cette expérience, est présent, ce sont surtout Teofilo, Angel, Felipe, Noël, José, Josue, Inès, Manuel, Gaudi, Omar, Pedro, Sneida, Crismar, Antony, Tere, Jorge, Yolanda, quelques coopérateurs parmi d’autres qui savent nous parler de leur vécu au sein des coopératives, des personnes à l’image de ce qu’est aujourd’hui la société vénézuélienne mais porteurs d’une conscience en la nécessaire libération de l’être humain par le collectif. Régulièrement l’éducation reçue à l’école est questionnée dans ses fondements mercantiles. Les délibérations vont bon train et sont le pendant d’une activité pleinement assumée. On notera tout particulièrement la partie du film sur le choc entre la culture anti-étatique de Cecosesola et le coopérativisme lancé par l’Etat vénézuélien à l’époque d’Hugo Chávez, coopérativisme qui sera abandonné par la suite.

On n’oubliera pas les « bonus » fournis sur le DVD qui interviewe la Ceconave, la centrale des coopératives du Venezuela, de Yelitza sur son évolution au sein de Cecosesola, de quelques jeunes, d’Augustin Rivas, professeur de sciences politiques à l’université de Caracas, et quelques fiches pratiques sur Cecosesola et les coopératives au Venezuela.

Un film incontournable pour sentir et comprendre, au-delà des écrits existants, cette profonde révolution silencieuse qui se mène depuis plus de cinquante ans…


https://autogestion.asso.fr/lexperience-cecosesola/


1200 salariés, pas de patron et aucune hiérarchie : les secrets de Cecosesola !
L'entreprise fonctionne sans hiérarchie ni patron. Son secret : l'autogestion intégrale et un fonctionnement horizontal permanent.

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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 23 Aoû 2018, 20:58

L'autogestion, une révolution économique

Depuis toujours, des alternatives économiques égalitaires et démocratiques ont existé un peu partout dans le monde. Dans ce documentaire après une courte analyse des modes de production contemporains et d'un petit historique de l'autogestion, nous suivons l'expérience de la FASINPAT, une usine récupérée en Argentine. Les travailleurs de la FASINPAT et quelques intellectuels-les nous expliquent en profondeur quel fut leur processus et comment ils s'organisent pour que l'autogestion fonctionne.

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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 06 Sep 2018, 18:46

Une Mine autogérée à Saint-Étienne... en 1891 !

Inaugurée en 1891, la Mine aux mineurs de Monthieu dura jusqu’en 1908. Elle ne fut pourtant ni la mine autogérée qui dura le plus longtemps en France, ni même la seule Mine aux mineurs dans le bassin minier de la Loire, qui en compta deux autres à Rive-de-Gier dans les mêmes années.
Elle eut une vie agitée, secouée par de nombreux procès, et même une grève ! Et pourtant elle réussit à faire vivre, pendant plus de dix ans, entre 70 et 100 mineurs, là où la compagnie précédente avait échoué, et cela alors qu’elle manquait de capitaux. Son histoire mouvementée et contrastée prouve bien que, selon un proverbe célèbre, « l’autogestion, c’est pas de la tarte ! ». Mais, justement, ses difficultés et ses contradictions constituent une expérience précieuse, utile à toutes celles et tous ceux qui veulent construire l’autogestion ou, de manière plus limitée, qui souhaitent plus de démocratie dans les entreprises. Aujourd’hui encore, cette expérience peut être utile, comme elle le fut à la fin du XIXe siècle.

L’autogestion vient de très loin

La Mine aux mineurs de Monthieu ne fut pas la première dans la Loire. Deux autres avaient été fondées avant elle : la mine aux mineurs du Ban, près de Rive-de-Gier [1], et surtout la Mine aux mineurs du Gier [2]. La mine de fer de Rancié, en Ariège, dont la propriété collective était attestée depuis le XIIIe siècle, était sans doute plus ancienne encore et dura jusqu’au Xxe.
Elle prend place parmi les très nombreuses formes d’autogestion ouvrières ou populaires qui existaient au XIXe siècle : coopératives plus ou moins formelles d’ouvriers à domicile, tailleurs ou cordonniers, sociétés de secours mutuels fondées par des ouvriers, coopératives ouvrières de production, coopératives ouvrières de consommation, très nombreuses à la fin du XIXe siècle et au début du Xxe.
Elle bénéficia, lors de sa création en 1891, de nombreux soutiens. La compagnie Stern, qui exploitait jusque là la concession de Monthieu, venait de faire faillite. Elle laissait sur le carreau 500 ouvriers. La Chambre syndicale des mineurs de la Loire demanda à reprendre la concession. Elle ouvrit une souscription et réunit alors de très nombreux dons [3].
Deux grandes raisons expliquent cette popularité et ces soutiens : d’une part, les coopératives intéressaient de très nombreux courants politiques ou philosophiques ; d’autre part, Saint-Étienne et l’opinion française toute entière étaient secouées par la série des grandes catastrophes minières stéphanoises et les grèves des mineurs.
Une terrible série de grandes explosions minières frappait alors Saint-Étienne. La première explosion du puits Jabin, en novembre 1871, avait tué 72 mineurs, c’est-à-dire sensiblement plus que les plus grands accidents connus jusque là dans le bassin. La deuxième dans le même puits, en février 1876, en avait tué 186. Et ça continuait [4] ! Ces grandes catastrophes avaient très fortement ému l’opinion publique, et les dons étaient arrivés de la France entière pour secourir les blessés et les familles des morts [5].
Les grèves et émeutes de mineurs, elles aussi, avaient ébranlé l’opinion publique dans les années précédentes. En 1882, la bande noire de Blanzy avait contesté un directeur et propriétaire très autoritaire. En 1884 avait eu lieu la grande grève des mineurs d’Anzin, suivie en 1886 par celle de Decazeville, qui dura plus de trois mois, et où fut tué l’ingénieur Watrin, le sous-directeur de la mine. Les mineurs de la Loire, eux aussi, s’agitaient : une grande grève infructueuse et marquée par des affrontements avait eu lieu en octobre 1888 ; plusieurs autres avaient eu lieu en 1890, à Saint-Étienne, Rive-de-Gier et Villars, puis à Firminy et Roche-la-Molière.
Après la Commune [6] et la reconstitution du mouvement ouvrier, la Fédération des mineurs de France dirigée par Michel Rondet, et plusieurs courants politiques socialistes ou radicaux contestèrent le système des concessions minières. Tout comme la terre devait revenir au paysan, les mines devaient être possédées par les mineurs. De 1884 à 1891, plusieurs propositions de loi demandèrent que les mines soient exploitées par l’État ou bien par des associations de mineurs.
Après la faillite de la compagnie Stern, la Chambre syndicale des mineurs de Saint-Étienne se porta volontaire pour reprendre la concession. Après négociation, elle racheta pour un prix assez faible les bâtiments, matériels et droits d’exploitation.
Dès 1892, des désaccords opposèrent les administrateurs de la Mine aux mineurs à la Chambre syndicale des mineurs de la Loire, dont ils étaient pourtant issus. Moins de quatre mois après l’inauguration, une partie des mineurs fit grève contre les administrateurs. Ceux-ci démissionnèrent en juin et une autre équipe fut élue.
À ses débuts, la Mine aux mineurs n’avait pu employer qu’environ 90 sociétaires, qui possédaient chacun une action. Son activité augmentant, elle embaucha des ouvriers auxiliaires, donc sans actions et sans plus de droits que dans une autre compagnie. Assez vite, et très logiquement, ces auxiliaires demandèrent à devenir eux aussi sociétaires.

" Au plus fort de son activité, la Mine aux mineurs employa environ 120 mineurs "

Une assemblée générale leur refusa ce droit en mai 1894. Ils envahirent l’assemblée suivante. La direction les renvoya le lendemain, puis réembaucha début septembre ceux qui acceptaient d’être « simplement occupés suivant les règles admises entre patrons et ouvriers ». Dix auxiliaires refusèrent et intentèrent un procès, qu’ils gagnèrent en janvier 1895. Ces 31 auxiliaires devinrent donc eux aussi sociétaires.
Cependant, la Mine aux mineurs embaucha à nouveau d’autres auxiliaires. Ceux-ci, soutenus par la Chambre syndicale, intentèrent à leur tour un procès en février 1901, procès qu’ils perdirent en juin. Quinze nouveaux sociétaires furent cependant admis en 1902.

Au plus fort de son activité, la Mine aux mineurs employa environ 120 mineurs. Elle laissait donc sans emploi beaucoup des mineurs de la compagnie Stern. Elle connut des difficultés financières dès 1894 [7]. En juin 1895, elle se trouvait au bord de la faillite, mais elle se redressa à partir du mois de septembre, en partie aidée par une hausse des prix du charbon. En 1899, elle avait entièrement résorbé ses pertes, tout en menant d’importants travaux de recherche, en particulier le fonçage d’un nouveau puits.
Ses comptes se dégradèrent à nouveau à partir de 1903. Elle fut mise sous séquestre en 1908, et déposa son bilan en mars 1909.

Quel bilan ?

Comme on l’a vu, l’emploi ne fut qu’assez partiellement sauvegardé : alors que la compagnie Stern employait 500 mineurs, la Mine aux mineurs n’en employa que 120 environ dans ses meilleurs jours. Mais, là où la compagnie privée avait fait faillite, la coopérative maintint une centaine d’emplois pendant plus de dix ans, malgré un capital de départ très faible.
Le bilan démocratique est plus positif mais doit lui aussi être nuancé, notamment par le refus répété d’accepter les auxiliaires comme sociétaires. Avec cette limite, la vie démocratique de la Mine aux mineurs était très réelle et assez active. Les administrateurs de la mine étaient des mineurs élus par les assemblées générales, devant lesquelles ils rendaient des comptes. La Mine aux mineurs tenait une à deux assemblées générales par an, dans lesquelles tous les sociétaires pouvaient intervenir à leur gré, et qui donnèrent souvent lieu à des discussions animées. Les ingénieurs de la mine n’étaient que des salariés de la Mine aux mineurs : s’ils avaient des pouvoirs importants en matière de direction du travail au quotidien, ils n’avaient ni pouvoir de sanction, ni pouvoir sur les embauches. De ce point de vue, les sociétaires étaient beaucoup plus libres que les mineurs des compagnies voisines et disposaient d’un vrai pouvoir sur les orientations de la coopérative.
Gros avantage, la Mine aux mineurs fut l’une des toutes premières entreprises françaises à appliquer les huit heures de travail, comme elles étaient conçues à l’époque dans les mines, et bien avant que la loi les rende obligatoires. Du point de vue des salaires, elle paya ses ouvriers, sociétaires ou auxiliaires, un peu plus que les autres mines du bassin. Le vrai point noir est celui des retraites : comme beaucoup de compagnies minières, la Mine aux mineurs n’avait pas constitué de caisse séparée, malgré l’obligation que la loi de 1894 lui en fit. Quand elle fit faillite, elle ne put donc pas servir de retraites à ses anciens salariés.

" En fait, la Mine aux mineurs de Monthieu n’a été ni l’aberration contre-productive décrite par les commentateurs proches des compagnies minières ni le morceau d’utopie que voudraient y voir des descriptions trop idéalisées."

Elle fut, du début à la fin, réellement aidée par l’État, qui ne perçut pas la redevance minière qu’il demandait aux autres compagnies. Par contre, elle commença avec des fonds propres très insuffisants, dans une branche qui demandait de gros investissements. Malgré ce gros handicap, et des rendements inférieurs aux moyennes du bassin, elle dura jusqu’en 1908 : de fait, la gestion ouvrière s’était montrée aussi efficace que celle des compagnies capitalistes.
En fait, la Mine aux mineurs de Monthieu n’a été ni l’aberration contre-productive décrite par les commentateurs proches des compagnies minières, qui croyaient souvent à un modèle de l’ingénieur omniscient et tout-puissant, ni le morceau d’utopie que voudraient y voir des descriptions trop idéalisées. Dans l’ensemble, elle a eu de vrais mérites car elle a à la fois sauvegardé une partie des emplois et également été géré de manière à être plus avantageuse et plus avisée que celles d’autres compagnies minières.
Avec ses avancées et ses limites, elle a constitué, tout simplement, une expérience : une des rares expériences autogestionnaires françaises dans un domaine qui s’y prête particulièrement mal, celui des industries lourdes. Une parmi d’autres qui fait réfléchir, par exemple, à l’intégration des nouveaux embauchés parmi les sociétaires. Une expérience irremplaçable, comme toutes les expériences autogestionnaires, pour qui souhaite une société plus juste, plus humaine et plus égalitaire, et ce dans tous les domaines de la vie [8]. Elle a eu des limites. Pas plus que les autres, elle ne constitue un modèle qu’il suffirait de reproduire ou d’étendre pour aboutir à une société idéale. Mais avec les autres expériences alternatives, elle participe à la transformation immédiate des pratiques sociales et à une confrontation immédiate aux difficultés de la pratique sans quoi tous les rêves d’une société meilleure ne peuvent que rester lettre morte.

[1] Fondée en 1868 par dix ouvriers dont un ancien chercheur d’or.

[2] Fondée en 1886 par le syndicat des mineurs de Rive-de-Gier, qui en employa environ soixante et dura jusqu’en 1899.

[3] Le conseil municipal de Paris donna 50.000 francs, Hippolyte Marinoni, le directeur du grand quotidien populaire Le Petit journal en donna autant. La ville de Saint-Etienne, la Chambre des députés, de très nombreux particuliers de toutes opinions souscrivirent ou attribuèrent des subventions.

[4] Au puits Chatelus en mars 1887 : 79 morts... Au puits Verpilleux en juillet 1889 : plus de 210. Au puits Pélissier, un an plus tard : encore 118 morts.

[5] La série n’était pas finie : la dernière des grandes explosions stéphanoises du XIXe siècle survint le 6 décembre 1891, au puits de la Manufacture, le surlendemain de la Sainte-Barbe et le lendemain de l’inauguration de la Mine aux mineurs. Elle fit 70 victimes, plus les blessés...

[6] La commune (soulèvements de 1871 à Paris), ou plutôt les Communes. car il y en eut aussi à Lyon, au Creusot, à Marseille, à Narbonne... et à Saint-Étienne.

[7] Le préfet Lépine prit prétexte de la grève de 1892 pour distribuer les 60.000 francs de subventions attribués par la Chambre des députés et la Ville de Paris aux anciens mineurs de la Compagnie Stern et au bureau de bienfaisance de Saint-Étienne, et non à la Mine aux mineurs.

[8] Il ne suffit pas de modifier la propriété d’une entreprise, par exemple en la nationalisant, pour transformer son fonctionnement interne.


http://lenumerozero.lautre.net/Une-Mine ... ne-en-1891
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 09 Sep 2018, 18:24

Un parcours particulier, de mai 68 à la coopérative d’habitants pour retraités Chamarel-Les Barges à Vaulx-en-Velin

Nous publions ici deux interventions de deux acteurs de la coopérative d’habitants pour retraités CHaMaREL à Vaulx-en-Velin. Il s’agit de témoignages de parcours de vie qui ont leur source dans Mai 68 et qui débouchent aujourd’hui sur des alternatives concrètes. Ces interventions ont été prononcées lors du colloque « CFDT 1968-2018 Transformer le travail, transformer la société ? Des luttes autogestionnaires au réformisme » qui s’est tenu les 21 et 22 mars 2018 dans le grand Amphithéâtre de l’université de Lyon. Il a été publié dans le livre qui porte le même nom par les éditions de la Chronique sociale (Lyon, mai 2018) sous la direction de Yves Krumenacker, professeur d’histoire moderne de l’Université Lyon3, et Jean-François Cullafroz, journaliste.

... https://autogestion.asso.fr/un-parcours ... -en-velin/
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 15 Sep 2018, 12:11

Conférence - rencontre autour de "De l’autogestion" le 15 septembre

Conférence - rencontre
Samedi 15 septembre à Paris
Bibliothèque Marguerite Audoux
75003 – 16 heures – entrée libre

Autour de De l’autogestion. Théories et pratiques avec Frédéric Siméon & Raphaël Romnée (co-auteurs et coordinateurs de l’ouvrage collectif éponyme)

Bibliothèque municipale Marguerite Audoux
10 rue Portefoin, Paris 3e
La bibliothèque Marguerite Audoux possède un fonds spécialisé Histoire ouvrière qui compte un millier de volumes et couvre l’ensemble des thématiques ayant trait au monde ouvriers essentiellement en France.

Image

Présentation:

Ce livre explore deux aspects de l'autogestion, l'un historique, l'autre actuel, vivant, vivace, fait d'expériences, de réussites et parfois de déboires.

Il s'agit d'éclairer une notion essentielle de la lutte des classes : le besoin viscéral de la classe exploitée de prendre ses affaires en main, tant dans l'entreprise que dans la société. À contre-courant des renoncements actuels, il est utile et nécessaire de revenir sur cette problématique émancipatrice.

L'analyse de son itinéraire historique et politique nous permet d'en donner une définition renouvelée et pragmatique.

Mais l'autogestion n'est pas, loin s'en faut, une théorie figée ou un dogme. L'aspiration à ce principe se conjugue au présent aux quatre coins de la planète. C'est ce qui distingue fondamentalement cette pratique. Elle doit être un fait, ici et maintenant, ou elle ne sera rien demain.

Ce livre n'est pas une profession de foi. C'est un outil permettant d'enrichir notre compréhension, nos réflexions, nos luttes pour imaginer un autre futur.

http://www.cnt-f.org/editionscnt-rp/?Co ... -septembre
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 20 Sep 2018, 20:22

Comment faire prospérer une Amap anarchiste

La manière dont une coopérative autogérée décide de s’organiser est éminemment politique. La preuve avec Diony-Coop, en Seine-Saint-Denis, qui bouscule les idées reçues sur le fonctionnement d’un collectif de plusieurs centaines de personnes.

... https://reporterre.net/Comment-faire-pr ... anarchiste
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 23 Sep 2018, 13:51

Je ne partage pas vraiment cet entre-deux mais c'est pour contribution au débat...


Benoît Borrits : « Casser le carcan de la démocratie représentative »

La notion de « commun » revient en force. Et, avec elle, la remise en question de la propriété (qu’elle soit privée ou nationale). Dans le sillon creusé par le socialisme libertaire d’un Proudhon, l’animateur de l’association Autogestion et chercheur-militant Benoît Borrits assure qu’il est possible d’envisager un Au-delà de la propriété, titre de son dernier ouvrage paru au printemps 2018 (Ed.La Découverte), ainsi qu’un dépassement de l’État : cela aurait tout d’une révolution, et c’est à ce projet — ambitieux, il est vrai — qu’il nous convie à réfléchir… le plus concrètement possible.

Une partie du mouvement anticapitaliste voit dans les coopératives une alternative entre capitalisme et communisme d’État. Vous, pas forcément. Pourquoi ?

La fin de l’Union soviétique et des pays du « socialisme réel » a largement mis en veilleuse tout projet d’appropriation sociale. Pourtant, du point de vue de la pratique, les reprises d’entreprises par les salarié·e·s — auxquelles nous assistons depuis une vingtaine d’années dans différents pays (Argentine, France, Grèce…) — nous montrent que cette perspective est loin d’être éteinte, d’autant qu’elle est mise en œuvre, non par un État soit-disant ouvrier ou social, mais directement par des travailleur·se·s. Dans ces reprises, les travailleur.se.s refusent la fermeture d’une unité de production et affirment leurs droits d’utilisateurs des moyens de production contre le propriétaire qui entend en disposer. Le paradoxe est que ce processus débouche, s’il va à son terme, à la formation d’une coopérative qui est, en soi, une nouvelle forme de propriété. Si la coopérative de travail impose que les sociétaires soient les travailleur.se.s de l’entreprise — ce qui limite a priori le caractère privé de cette propriété —, il n’en reste pas moins vrai que le capital de la coopérative reste un capital et que sa logique tend à reprendre le dessus en cas de succès de l’entreprise. Il n’est pas rare de voir que, dans certaines d’entre elles, les membres fondateurs ont parfois des réticences à élargir le sociétariat1 aux nouveaux salarié·e·s, au point que les sociétaires deviennent minoritaires dans l’entreprise et deviennent de facto les nouveaux « patrons » de l’entreprise.

Vous retracez un ensemble d’expériences autogestionnaires et socialistes : révolutions russe, espagnole, yougoslave. Quelles leçons en tirer ?

Si nous définissons le capitalisme comme étant la propriété privée des moyens de production, il semble alors assez naturel de considérer son antithèse comme étant la propriété collective des moyens de production. C’est dans ce chemin que la majeure partie des socialistes du XIXe siècle se sont engouffrés. Or ce projet de propriété collective a toujours échoué à déterminer quelle doit être le périmètre de cette collectivité. En passant en revue aussi bien les théories que les mises en pratique, on a pu comprendre, avec le recul de deux siècles d’expériences, combien ce projet était piégé. Nous venons d’évoquer la forme coopérative comme première tentative de propriété collective. Très tôt, les socialistes du XIXe siècle ont critiqué le caractère restreint de la collectivité limitée à l’entreprise. L’échelon supérieur qui a alors été envisagé est celui de l’État-nation : il fallait transférer la propriété des moyens de production d’agents privés à l’État.

... https://www.revue-ballast.fr/benoit-borrits/
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 08 Oct 2018, 14:24

« Genuino Clandestino, movimento di resistenze contadine », doc. de N. Angrisano

projection-discussion-tapas
Marseille mercredi 10 octobre 2018
19h, Cantine du Midi, 36 rue Bernard

Quelqu’unEs de Radis To Fight (Reclaim The Field sud-est) organise avec la Cantine du Midi (36 rue Bernard 13006 Marseille), une projection-discussion-tapas, Mercredi 10 Octobre, à 19h, autour du documentaire « Genuino Clandestino, movimento di resistenze contadine » de N. Angrisano, 2011, 52’ :

« Marchés autogérés, étiquetages hors-normes, groupes d’achats solidaires, occupations et accès à la terre, caisse commune antirépression, manifestations et manifestes : Genuino Clandestino, mouvement italien de résistances paysannes et citadines, crée depuis des années, des espaces de libertés hors-normes et invente de nouveau liens entre la ville et la campagne. »

Cela sera aussi l’occasion de faire le point sur les luttes paysannes actuelles contre les normes sanitaires et administratives, d’évoquer les possibilités entre la ville et la campagne en terme d’approvisionnement en nourriture, de créer marchés autogérés, de groupe de soutien aux paysannes.s, etc...

http://www.millebabords.org/spip.php?article32117
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 18 Oct 2018, 18:10

Film : Prochain arrêt : Utopia, d'Apostolos Karakasis

Alès (30) dimanche 21 octobre 2018
à 19h30, Cinéma Cineplanet place des Martyrs de la Résistance

Image

Quand l'usine grecque de matériaux de construction, Vio.Me, ferme à Thessalonique, 70 employés courent le risque de ne plus trouver de travail. Ils décident alors d'occuper l'usine et de la faire fonctionner eux-mêmes. Sur les ruines de l'économie la plus ravagée d'Europe, une utopie égalitaire est en train de naître. Quand des conflits internes surgissent, la coopérative des travailleurs de Vio.Me décide d'orienter la production en fabriquant des savons, des détergents naturels, respectueux de l'environnement pour porter le message « d'un mode de vie radicalement différent. » La chaîne de solidarité s'étend à toute l'Europe où les produits Vio.Me sont diffusés par des collectifs, des syndicats, des coopératives... Depuis 4 ans, l'aventure continue !

Séance proposée par Les Amis du Monde Diplomatique du Gard, avec Les Films des 2 Rives.
Le Comité "Solidarité avec Vio.Me" de Montpellier proposera des produits fabriqués par la coopérative.

https://gard.demosphere.eu/rv/4803
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