Réforme de l’assurance chômage : vers La nouvelle société de compétences
Le projet de loi « pour choisir son avenir professionnel » adopté en première lecture à l’Assemblée nationale ce mardi 19 juin dans une relative discrétion, va réformer à la fois la formation professionnelle, l’apprentissage et l’assurance chômage.
Annoncée il y a plusieurs mois alors que le gouvernement Macron imposait sa réforme du code du travail par ordonnances, ce projet de loi et en particulier les changements portant sur l’assurance chômage se présentaient comme un contrepoint à la casse des protections sociales, en promettant d’offrir de nouveaux droits aux salariés, chômeurs et indépendants. C’était le volet sécurité de la flexisécurité annoncée pour révolutionner le modèle social, le ’Libérer et Protéger’ de la campagne présidentielle de Macron.
Et bien non ! Ce à quoi nous assistons depuis un an avec l’arrivée de Macron au pouvoir, c’est bien le prolongement des politiques néolibérales des gouvernements successifs. C’est même, le néolibéralisme poussé à l’extrême saupoudré d’une fausse idée d’universalisme des droits sociaux (extension des droits chômage, harmonisation des retraites, remboursements des lunettes et appareils auditifs à 100%, etc...). Nous en voulons pour preuve, la 1re réforme engagée a été la Loi Travail n°2, c’est à dire tous les points qu’Hollande n’avait pas réussi à faire passer dans la loi El Khomri. Puis, la baisse des cotisations sociales et la hausse de la CSG, la baisse des impôts sur les sociétés, la réforme de l’impôt sur la fortune, la baisse des allocations logements de 5€/mois, la réduction des moyens dans les hôpitaux et EHPAD en crise, le gel des contrats aidés remplacés par des services civiques, la casse des services publics. Pas mal pour un début, c’est même une série de réformes que Sarkozy et Fillon auraient rêver de mener pour le compte du MEDEF. Cette réforme de l’assurance chômage n’est pas le point d’équilibre, la contrepartie de la flexibilité, c’est un des paramètres d’une stratégie néolibérale totale.
Et un mot salvateur vient, tout à coup, occuper tous les discours : COMPÉTENCE. Il n’y a plus de d’apprentissage dans le domaine de l’éducation et de la formation mais des compétences à acquérir. Il n’y a plus de savoir-faire dans un métier mais des compétences à valoriser. Une nouvelle fois, l’idéologie néolibérale entre en action. Elle finit de nous faire intégrer son nouvel imaginaire du monde du travail en dessinant l’archétype de l’actif de demain.
La première phase lancée depuis des années, c’est l’idée que toutes les sphères de nos vies sont à marchandiser. C’est la crise, tout est prétexte à faire de l’argent : covoiturer, louer son appart sur Airbnb, prendre son vélo pour livrer de la bouffe... Toutes les solidarités, sociabilités ont été passées au crible et rentabilisées. Plus, rien n’est gratuit, il te reste un truc au frigo, vends-le à pas cher ; le facteur passait voir les anciens pour savoir si tout allait bien, maintenant tu paies.
Mais ce n’est pas qu’une addition de situations et de comportements individuels, c’est peu à peu tout un tissu économique qui s’étend. Là aussi, depuis quelques années comme il n’y a pas de boulot, on nous fait l’éloge de l’AUTO-ENTREPRENARIAT : Uber, Deliveroo, Take it easy, multitudes de livreurs de colis auto-entrepreneur pour le compte de la Poste... C’est le rêve éveillé des patrons, le summum du néolibéralisme : il n’y a plus de contrat de travail mais encore des liens de subordination, les frais de fonctionnement sont à la charge des autoentrepreneurs, une couverture sociale réduite au maximum (pas d’assurance chômage, couverture santé désastreuse). Et le pompon, les patrons se font toujours une belle marge sur ton dos.
Voilà la stratégie néolibérale globale du gouvernement et des patrons en cours, faire de nous des individus isolés, les uns à côtés des autres et qui s’auto-exploitent. D’un côté, si ça foire tu peux t’en prendre qu’à toi même en tant qu’autoentrepreneur, et de l’autre si tu veux t’organiser collectivement contre ton patron, c’est pas possible t’as pas de collègues, vu que tu changes de boîte tout le temps pour faire des missions grâce à tes nouvelles ’compétences’.
Nous sommes de plus en plus réduit à être un capital économique à exploiter, une marchandise comme une autre et le projet de loi portant sur l’assurance chômage s’inscrit pleinement dans ce programme politique.
Décortiquons alors cette réforme qui voit le jour :
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